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Traduction de « The Ties That Bind » de Pam H et disponible en version originale à cette adresse : http://web.archive.org/web/20060524063355/http://geocities.com/pamhfic/theties.htm

Michaela, suivie de Grace et Dorothy, marchait vivement vers l'écurie. Une jeune fille l'attendait, debout à côté d'une vieille mule avec laquelle elle était, visiblement, venue en ville. Elle était une enfant d'une beauté frappante qui, à première vue, semblait avoir huit ou neuf ans. Après un examen approfondi, il était évident qu'elle avait environ treize ans, de petite taille, la peau sombre, des longs cheveux noirs brillants et de surprenants yeux bleus foncés. Elle était vêtue d'un curieux mélange de calicot et de peaux de daim, et son visage, ses bras, ses jambes et ses pieds nus, étaient sales et éraflés. Michaela se tourna vers Katie qui était dans les bras de Grace et l'embrassa pour lui dire au revoir. « Si vous voyez Sully, » dit-elle laconiquement à Grace et Dorothy, « s'il vous plaît, dites-lui que je suis partie voir un patient … je ne sais pas combien de temps ça prendra. »
Grace et Dorothy échangèrent des regards, sachant toutes les deux que les choses n'allaient pas très bien entre Michaela et Sully pour le moment. Ça avait été comme ça pendant des semaines mais Michaela ne voulait pas en parler. Grace et Dorothy connaissaient toutes deux la base du problème et que quelque chose devait être fait, que soit Sully, soit Michaela devait faire un effort pour remettre les choses à leurs places – quelque chose qu'aucun d'eux ne semblait prêt à faire pour le moment.
Michaela se tourna pour monter Éclair et fut surprise de voir Sully dans l'ombre près de la forge de Robert E – Sully venait rarement en ville ces jours-ci. Il la regardait, surpris de voir qu'elle était sur le point de partir quelque part. La jeune fille était montée sur la mule et évidemment, elle était impatiente de partir. Michaela continua de se percher sur la selle et rassembla les rênes pour s'en aller.
« Michaela, où vas-tu ? » demanda Sully avant qu'elle ne puisse partir.

« Mara, qui est ici, dit que sa mère est malade. Je vais aller la voir, » répondit Michaela, évitant ses yeux. « Grace et Dorothy s'occupent de Katie. »
Sully se tourna vers Mara. « Dans quelle direction te diriges-tu ? » demanda-t-il.
« Là-haut, dans la Cody's Pass, » expliqua Mara, pointant les montagnes vers le nord ouest.
« Tu as fait tout ce chemin sur cette mule, Mara ? Ça a dû prendre un certain temps, » dit Sully, un rare sourire éclairant son visage.
« Ouais. Je suis partie la nuit dernière avant le souper. Maman allait de plus en plus mal hier toute la journée. »
Michaela regarda Mara avec stupéfaction. Premièrement, elle n'avait pas réalisé de quelle distance la jeune fille était venue et deuxièmement, elle n'arrivait pas à croire qu'une si jeune et fragile enfant puisse avoir voyagé toute la nuit et qu'elle fut maintenant anxieuse de repartir aussi vite.
« Je pense que je ferai mieux de venir avec vous deux. C'est un pays sauvage, là-haut et c'est un long voyage », déclara Sully, dans une voix qui n'admettait aucune contradiction. « Robert E, nous avons besoin de sacs de couchage. Je vais aller chez Loren et nous acheter quelques fournitures. »
Michaela regarda en silence, alors que Sully se dirigeait vers le magasin. Il avait raison, bien sûr. Si ce devait être un voyage de nuit, ils auraient besoin de fournitures auxquelles elle n'avait pas penser, mais elle lui en voulait encore d'avoir tout pris en charge. Elle savait qu'elle ne devait pas se sentir de cette façon, mais dernièrement …

Sully revint du magasin avec les fournitures et les divisa entre ses sacoches et son pack. Il embrassa aussi Katie pour lui dire au revoir, puis monta sur son cheval, jeta un regard rassurant vers Michaela et Mara, et ils sortirent de la ville
Ce fut un voyage tendu de plus d'une manière.
Le terrain devenait de plus en plus difficile au fur et à mesure qu'ils avançaient dans le pays fortement boisé. L'air se refroidissait progressivement et la seule piste était vraiment pâle, le feuillage dense empêchant souvent la lumière d'atteindre le sol de la forêt. Plus d'une fois, Michaela regarda Mara et se demanda pourquoi une famille aurait choisi de vivre ici si loin de tout et de tous. En chemin, ils apprirent que le frère cadet de Mara, Jimmy Patrick, s'occupait de leur mère et que leur père était parti chasser et qu'il devait revenir le lendemain.
Mara ne tarda pas à succomber à l'épuisement, ayant des difficultés à parler de façon cohérente et se balançant parfois sur le dos de la mule. Après un incident où elle eut de la peine à s'accrocher à ses rênes pour ne pas tomber, Michaela attira l'attention de Sully sur l'état de Mara. Sully leur fit immédiatement faire une halte et prit Mara sur son cheval devant lui et donna les rênes de la mule à Michaela. Le voyage continua avec Sully qui devait constamment cajoler Mara pour la garder éveillée, elle était, après tout, la seule personne à connaître l'emplacement de la cabane de sa famille.
Occasionnellement, pendant le difficile trajet, Sully jetait des coups d’œil à Michaela et se demanda ce qui n'allait pas. Ils avaient eu des problèmes avant, mais pas comme celui-ci. Il n'était pas un homme violent et pourtant, quelque fois il voulait juste la secouer, la mettre en colère, tout pour la faire sortir de ce monde dans lequel elle s'était retirée. Il savait que le problème avait deux aspects, mais avant que Michaela ne lui fasse savoir, il ne pouvait pas exprimer le sien. Il l'aimait plus que la vie elle-même, mais pour la première fois, commençait à se demander si c'était suffisant.

Le soleil était très bas dans le ciel quand ils arrivèrent finalement à la cabane de la famille de Mara, si on peut appeler ça comme ça. C'était une cabane de bois brut et boueux coupé à la main dans une petite clairière au fond des bois. Alors qu'ils s'approchèrent Mara se secoua pour se réveiller, glissa au sol et se précipita dans la cabane. Michaela descendit rapidement, décrocha son sac médical et suivit Mara à l'intérieur. L'intérieur de la cabane était aussi rude que l'extérieur même si elle était propre et ordonnée. La cabane entière n'était pas plus large que la superficie de la cuisine de la maison des Sully, à une extrémité, il y avait la salle à manger avec la cheminée en pierre, une table, des chaises et des étagères rugueuses. À l'autre il y avait les dortoirs constitués du lit où la mère de Mara était allongée et deux paillasses au sol pour les enfants. À côté du lit de la femme, il y avait un petit enfant d'environ neuf ans agenouillé. Lui aussi avait la peau sombre, les cheveux noirs et les yeux bleus. Michaela alla rapidement aux côtés de la femme et comprit immédiatement pourquoi les enfants avaient cette couleur inhabituelle. Leur mère était indienne, minuscule comme ses enfants et étonnamment belle malgré sa maladie. Elle était recroquevillée sur le côté, sa peau rougit par la fièvre, et à peine consciente.
Incertaine de la raison de la fièvre de la femme, Michaela commença à interroger les enfants. Elle apprit que le nom de la femme était Petit Moineau et qu'elle était malade depuis plus de deux jours. Sully les suivit dans la cabane et regarda silencieusement sa femme dans ses efforts pour découvrir les raisons de la maladie de la femme. Elle secoua doucement la femme pour obtenir une sorte de réponse mais en obtint peu. Les enfants expliquèrent que pas longtemps avant qu'elle ne tombe malade, Petit Oiseau s'était plaint d'une jambe et qu'elle boitait. Sachant qu'elle aurait besoin d'enlever les couvertures, Michaela se tourna vers Sully debout dans l'embrasure de la porte et suggéra, « Sully, peut-être que tu pourrais aller dehors, je t'appellerai si j'ai besoin de toi. » Sully acquiesça et se tourna pour partir avant de basculer en arrière quand Michaela laissa échapper un soupir choqué.
Quand Sully vit la femme découvertes sur le lit, il réalisa qu'il y avait deux possibles raisons à la réaction de Michaela qui auraient pu lui faire avoir ce soupir. La première, et la plus probable, étant donné l'état d'esprit actuel de Michaela, était que Petit Moineau était enceinte d'au moins six mois, elle était couchée sur le côté, les mains enroulées autour de son ventre comme pour protéger son enfant à naître. La seconde était que sa jambe droite était incroyablement gonflée et portait une horrible plaie sur le bas du mollet.
Michaela jeta un regard d'angoisse à Sully, puis enleva son déséquilibre initial et reprit son rôle de docteur, « Sully, j'ai besoin que tu fasses du feu. Puis, j'ai besoin d'eau froide pour la rafraîchir et d'eau chaude pour nettoyer la plaie. Quand ça sera fait, j'aurai besoin de ton couteau chauffé dans les braises – cette plaie doit être cautérisée. »
Sully fit rapidement ce qu'on lui avait demandé et Michaela soigna doucement et cautérisa la plaie. Sully savait que l'infection qui était déjà dans le corps de Petit Moineau pouvait la tuer et que sa fièvre devait baisser. Sur les instructions de Michaela, il prépara du thé à l'écorce de saule qu'elle essaya de donner à Petit Moineau. Puis, il regarda silencieusement depuis la porte alors que Michaela enlevait la chemise de nuit trempée de sueur de la femme et commença à la laver avec de l'eau fraîche. Il admira sa douceur et fut ému de la voir frotter le tissu sur le ventre gonflé de la femme, ses mains transmettant ce que son cœur ressentait. Il était heureux de ne pas pouvoir voir son visage.
Réalisant que la lumière baissait et qu'il devenait difficile pour Michaela de voir, Sully entra dans la cabane et commença à allumer les lampes. Alors qu'il mettait une allumette sur la dernière, il fut surpris par le bruit des sabots de chevaux, puis par la bruit sourd de pas franchissant le seuil. Il leva les yeux pour voir le canon d'un fusil pointé sur l'épaule gauche de Michaela. La main de Sully alla instinctivement à son tomahawk à sa hanche.
« Qu'est-ce que vous pensez faire à ma femme, laissez-la, » demanda un voix profonde avec un trace d'accent qui ramena la mémoire de Sully dans le passé. Sur le seuil se tenait un homme énorme avec une chevelure rouge flamboyante et une longue barbe. Michaela s'éloigna doucement de sa femme et du géant qui était devant elle. « Votre femme est très malade, monsieur. Mara est venu me chercher à Colorado Springs. Je suis le docteur Quinn. S'il vous plaît, poser ce fusil avant que quelqu'un ne soit blessé. »
Sully était constamment étonné du courage de Michaela en cas de crise. Qu'il s'agisse du ton de la voix de la voix de Michaela ou la réalisation que sa femme était en effet malade, l'homme baissa son fusil et effleura en passant Michaela pour se mettre à genoux et prit la main de sa femme.
Il se tourna vers Michaela et demanda anxieusement, « est-ce que c'est le bébé … nous ne pouvons pas traverser cela à nouveau … nous en avons déjà perdu deux. »
« Non, ce n'est pas le bébé pour le moment. Même si nous ne saurons pas si l'infection a affecté le bébé plus tard. Elle a eu une forte fièvre Monsieur … ? »
« Oh, désolé … oh … c'est Flanigan, Patrick Flanigan. Je ne peux pas croix que Mara ait fait tout ce chemin pour vous chercher. Je ne savais pas même pas qu'il y avait un médecin dans les Springs, » dit-il avec étonnement, « et je ne m'attendais certainement pas à voir un docteur ici ! »
Michaela s'occupa de Petit Moineau pendant la nuit pendant que Sully et Patrick étaient assis sur le seuil, les regardant, tournant parfois leur dos à la pièce pour regarder dans la nuit. Les enfants étaient tous deux tombés dans un sommeil épuisé pas longtemps après que la nuit ne soit tombée.
Après avoir réalisé que Michaela et Sully avait les meilleurs intérêts au cœur, Patrick commença à parler. Leur histoire avec Petit Moineau sortit de lui – de leur voyage de l'Irlande vers le territoire du Colorado pour la ruée vers l'or (d'où la reconnaissance de l'accent de la part de Sully – il l'avait entendu tant de fois quand il était un garçon sur les quais de la côte est), de sa rencontre avec Petit Moineau et son rejet pour sa tribu à elle, de l'opposition des habitants de la ville face à leur mariage, de leur décision d'être ensemble ici plutôt que seuls et des difficultés de la vie de sa famille dans le désert. Cela faisait certainement un long moment que Patrick n'avait pas eu d'autre personne que sa famille à qui parler et Sully, comme toujours, était un bon auditeur. Pendant tout ce temps, Michaela refroidissait le corps de Petit Moineau et lui administrait du thé à l'écorce de saule pour la douleur et la fièvre. Pendant qu'elle le faisait, elle écoutait à moitié l'histoire de Patrick, ses émotions dans la tourmente comme si elle absorbait les conséquences de ce qu'il disait.
D'un ton feutré pour qui correspondait au sien, Sully expliqua, « si c'était la seule façon d'être avec la femme que j'aime. Ils ne sont pas seuls Michaela. Ils ont chacun d'entre eux. Ils n'ont pas eu le choix quand ils sont venus ici. Ils ne pouvaient pas vivre avec les Arapaho … prendre un homme qui n'est pas de sa tribu n'allait pas … et ils ne pouvaient certainement pas vivre en ville. C'était il y a environ quinze ans ! Peux-tu imaginer ce que les habitants de Colorado Springs auraient réagi si j'avais voulu me marier avec une Cheyenne et puis après vivre en ville. Ils peuvent à peine supporter mon amitié avec les Cheyennes et Nuage Dansant maintenant et ils ont mis un certain à s'habituer à cela. Le choix de Patrick et de Petit Moineau était d'être ensemble et ils ont du trouver un moyen que cela arrive. »
« Mais ils ont tellement souffert de ce choix, » chuchota-t-elle dans le feu.
« Ce n'est pas que la souffrance, Michaela. Ils sont ensemble. Ils ont deux beaux enfants. Ce sont des survivants. Ils savent que rien ne pourrait les faire sortir d'ici, mais la chose la plus importante pour eux est d'être ensemble. »
Il y eut un long silence au point que Sully se demandait si Michaela s'était endormie mais une main timide se place sur celle de Sully, qui reposait sur son bras.
« Sully … tu m'as dit une fois que si j'étais Arapaho et que tu étais Cheyenne, nous n'aurions pas pu nous mariés … que tu aurais dû m'enlever en pleine nuit ... »
« Mmm ... »
« Est-ce … est-ce que tu le ferais toujours ? » demanda-t-elle avec hésitation.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Est-ce que tu veux toujours être avec moi peu importe ce qu'il se passe … je veux dire que j'ai été si … si … affreuse avec toi dernièrement ... »
« Peu importe ce qu'il se passe, » déclara-t-il avec conviction. « Michaela … Je peux attendre que tu règles ces choses. Quand tu es vraiment triste à propos de quelque chose c'est comme Nuage Dansant le dit … quelque chose te fait perdre l'équilibre … tu rentres à l'intérieur de toi-même jusqu'à ce que tu retrouves ton équilibre … Je t'ai déjà vu le faire avant comme après Washita. »
Encore une fois, il y eut un long silence. Puis, Michaela roula lentement vers Sully, tournant son dos au feu pour regarder dans ses yeux qui réflétaient la lumière du feu. Ses yeux étaient remplis de larmes contenues.
« Sully ... », elle se mordit la lèvre, « perdre le bébé fait tellement mal ... »
Les larmes débordèrent et coulèrent le long de ses joues. « Tu ne savais même pas que j'étais enceinte ou tu n'étais pas là quand …, je ne savais pas si ce serait un garçon ou une fille … nous aurions pu avoir un garçon … je ne savais pas si nous aurions une autre chance ou non. Quelque fois c'est si dur de faire bonne figure devant tout le monde … alors que tout ce que je voudrais c'est m'enfuir. »
Les yeux de Sully se remplirent aussi de larmes. « Tu n'as pas besoin de me cacher quelque chose … Je me sens tellement mal de ne pas avoir été là pour toi quand c'est arrivé. N'aies jamais l'impression que tu ne peux pas me dire ce que tu ressens. Sois en colère, peu importe, mais ne me rejette pas. Je ne peux pas le supporter … je veux … j'ai besoin … de tout partager avec toi. »
Les yeux de Michaela se fermèrent et elle prit une profonde respiration, « Je suis tellement désolée, Sully. Je t'aime tellement mais je me suis sentie si seule ... »
Sully tendit la main et avec son doigt essuya une larme qui coula silencieusement le long de son visage. Il traça tendrement ses traits – son front, ses joues, sa bouche, son menton – et dit calmement à travers ses larmes, « tu n'as pas besoin d'être désolée … c'est moi qui devrait l'être. Peut-être que je n'ai pas bien regarder les choses ces derniers mois. Je suppose que de me respecter moi-même n'est pas aussi facile que cela … nous respecter nous est aussi important. »
Il y eut un long silence tendu, puis la libération de Michaela vint, des sanglots profonds qui arrachaient le cœur de Sully. Michaela roula vers lui, enroulant ses bras autour de ses épaules, s'accrochant à lui, libérant toute le chagrin, la douleur et la colère qui s'étaient accumulés au fil des semaines. Sully la tint tendrement et la berça dans ses bras comme un parent réconforte un enfant qui a été blessé, voulant absorber la douleur de l'enfant ; sauf que dans ce cas, ils étaient les parents partageant la même douleur d'avoir perdu un enfant et Sully pleura avec elle. Alors que Michaela se cramponnait à lui, sa main fit son chemin dans sa chemise pour reposer sur son cœur comme pour se rassurer elle-même qu'il lui appartenait toujours. Et quand finalement les pleurs s'apaisèrent, elle tomba dans un profond sommeil, sa tête reposant sur sa poitrine, sa respiration profonde et régulière et Sully, la tenant amoureusement dans ses bras, leva les yeux pour remercier le ciel avant de succomber à l'épuisement.
La fièvre de Petit Moineau s'atténua en milieu de matinée et elle sombra enfin dans un sommeil réparateur. Après les révélations de leur nuit blanche, Sully et Michaela eurent du mal à effectuer les taches, même les plus ingrates, surtout Michaela qui n'était pas habituée à révéler ses sentiments comme elle l'avait fait. Chacun d'eux était conscient de l'autre et de tout ce qui avait été dit et savaient que certaines choses qui avaient été laissées en non-dits.
Michaela décida qu'ils devaient attendre un peu avant de retourner à Colorado Springs donc elle pourrait vérifier l'état de Petit Moineau quand elle se réveillerait. Finalement, en début d'après-midi, satisfaits que leur patient était sur le chemin de la guérison, Michaela et Sully partirent vers la main, mais seulement après que Patrick ait insisté pour qu'ils acceptent quelques peaux d'animal de sa part pour leur remercier de leurs attentions envers sa femme et ses enfants.
Encore une fois, le voyage fut lourd de tension, même si cette tension était différente – une prise de conscience, un besoin – pas un silence prudent.
Le soleil se couchait, peignant des rayures vives de couleur rouge, orange et violet dans le ciel, alors qu'ils étaient assis contre un arbre, les genoux relevés, côte à côte, regardant l'eau de la rivière qui ondulait à côté de laquelle ils venaient de passer la nuit.
Excepté pour le tintement de l'eau qui se déplaçait lentement sur les rochers dans le lit du ruisseau, le monde autour d'eau était devenu silencieux, comme il le faisait lorsque le temps passait de jour à nuit.
Puis Sully, qui avait été perdu dans ses pensées, parla doucement et avec incertitude, « je crois que nous avons perdu notre chemin pendant quelque temps, hein ? »
Michaela le regarda et sut qu'il ne parlait pas de ce voyage si particulier pour revenir chez eux. « Mmmm, » mumura-t-elle, ne sachant pas quoi dire.
« Peut-être que quand tu partages l'amour et la vie avec quelqu'un la route n'est pas toujours droite … il y a toujours des tournants et des virages sur le chemin ... » songea-t-il.
Michaela glissa sa main dans les siennes, serrées entre ses genoux. Elle dit doucement, « Je suppose que oui … à partir de maintenant, nous ferions mieux de prendre des tournants et ses virages ensemble, hmmm ? ».
Sully ferma les yeux et leva sa main, la portant à ses lèvres, la tenant serrée contre ses lèvres et puis sa joue barbue. « Est-ce que tu peux me pardonner, Michaela, de ne pas avoir été là pour toi … quand tu en avais le plus besoin … et … pour … pour ne pas avoir bien raisonner … ? »
Michaela posa sa tête sur son épaule et puis lui répondit, « il n'y avait pas que toi qui ne raisonnait pas bien … tu ne savais pas que j'étais enceinte … il y avait certaines choses que tu devais faire … si tu peux me pardonner … je peux aussi te pardonner … et je promets de ne plus garder les choses pour moi quand le prochain virage ou tournant arrivera. »
Sully se tourna pour regarder dans ses yeux, y cherchant le réconfort qu'il avait besoin de voir, affirmant sa compréhension sur ce qu'elle venait de dire. Ils restèrent un long moment assis dans le silence, conscient qu'il y avait beaucoup de choses qui étaient sorties et que l'électricité restait encore entre eux, compensée par le ciel bleu et vif au-dessus d'eux.
Michaela, réalisant qu'elle devait faire le premier pas, se rapprocha de Sully, qui tenait toujours fermement sa main. Elle murmura d'une voix qui pouvait à peine être entendue au-dessus du bruit de l'eau, « Sully … Je pense que j'ai besoin d'un câlin, maintenant. »
Sully poussa un soupir sincère, porta à nouveau sa main à ses lèvre et puis se mit sur ses pieds, faisant se lever Michaela et la rapprocha de lui. Il la saisit par la taille et la souleva pour la mettre sur le tronc, contre lequel ils s'étaient appuyés, pour que leurs yeux et leurs bouches soient à la même hauteur. Elle enroula ses bras autour de son cou et de ses épaules et il regarda au fond de ses yeux, la chaleur entre eux s'intensifiant. En souriant, il pris soudain son visage dans ses mains et saisi avidement sa bouche avec la sienne. Le baiser et ceux qui suivirent ne furent pas doux. Cette façon d'être ensemble n'avait pas la tendresse qu'il y avait eu tant de fois dans le passé. Cette passion fut conduite par une urgence, un désir, un besoin qui ne pouvait être rassasié que par un engament total et intense dans le présent, sans penser au passé ou au futur – le male et la femelle demandant une réponse électrique de l'autre. Les baisers suivirent les baisers, les vêtements furent jetés rapidement et négligemment et les désirs satisfaits et conquis, du moins pour le moment.
Lorsque leur passion se refroidit un peu il y avait toujours un désir de rester proche, de se bercer l'un l'autre dans un mélange de tendre de réconfort et de caresses amoureuses, il n'y avait pas besoin de parler plus que cela, leur corps communiquaient ce que leurs cœurs disaient. Enfin, chacun d'eux tomba dans un sommeil sans rêve, seulement réveillé pour le désir encore une fois durant la nuit, de s'unir à nouveau, le corps et l'esprit, dans une communication intemporelle d'amour et de besoin de l'autre.
« Grace … Dorothy … ils sont de retour, emmenez Katie, » appela Robert E, alors qu'il regardait Sully et Michaela descendre la rue vers l'écurie. Grace souleva rapidement Katie de sur la couverture sur laquelle elle jouait et avec Dorothy arriva aux côtés de Robert E en même temps que Michaela et Sully. Les habitants ne savaient pas à quoi s'attendre. Ils regardèrent le couple descendre et se tourner ensemble pour prendre Katie dans leurs bras et tous les trois eurent du mal à cacher leur surprise.
Michaela et Sully n'était partis que depuis qu'un peu plus de deux jours et pourtant ils étaient comme s'ils étaient partis des mois et qu'ils avaient entrepris un voyage très long et traître. Tous deux avaient des cernes sous les yeux et avaient l'air d'avoir besoin d'un bain chaud et d'un sommeil d'une semaine. Mais ce fut leur comportement qui surpris le plus Dorothy, Grace et Robert E. Ils virent Sully avec son bras autour de la taille de Michaela, son visage proche du sien, la rejoignant dans les oh et les ah de leurs filles chéries ; ils regardèrent Michaela se rapprocher de lui, se tournant fréquemment pour le regarder dans les yeux – il était évident que leur récente tension et froideur s'étaient dissipées.
Comme elles l'avaient il y a deux jours, Grace et Dorothy échangèrent des regards, mais cette fois de soulagement venant du fond du cœur. Quoi que Michaela et Sully aient vécu ces deux derniers jours, cela avait apporté un changement dramatique. Connaissant leurs amis, ils ne sauraient certainement jamais l'histoire complète mais aucun d'eux ne s'en souciait, ils étaient juste heureux que le couple aient appris à s'aimer et leur admiration était de retour.
Alors que les Sully entamaient leur dernière étape de leur voyage de retour chez eux, chacun d'eux étaient que même s'il ça prendrait quelque temps pour se remettre complètement des troubles de ces dernières semaines, ils avaient sûrement fait un long chemin depuis qu'ils étaient partis de Colorado Springs – cela ne faisait-il que deux jours ?
…Et dans leurs deux esprits, il y avait les images d'un couple improbable dans une cabane isolée et rugueuse, installé dans le désert de la montagne qui leur en avait inconsciemment appris beaucoup pour faire face aux tournants et aux virages de la vie ensemble …
FIN