Chapitre 6 : Faire face

Son histoire était sortie d'elle sans crier gare. Elle n'en revenait pas. Elle ne revenait pas non plus du fait que Sully l'ait écoutée sans l'interrompre.
Elle savait, en lui racontant cela, elle rompait le pacte de silence qu'elle avait été obligée de conclure avec David.
Elle espérait que rien ne viendrait troubler sa décision de parler. Elle espérait que David allait enfin payer toutes les horreurs qu'il lui avait fait subir.
Sully était bouleversé par ses confessions. Il avait compris dès leur rencontre qu'elle avait vécu quelque chose de difficile avant son arrivée à Colorado Springs.
Il ne se doutait pas à quel point elle avait souffert.
Et elle n'avait pas raconté en détails tout ce qu'il lui avait fait subir. Il ne désirait pas vraiment connaître les détails. Si un jour, elle voulait vraiment lui raconter, elle le ferait.
Mais avant, elle devait retrouver confiance en elle-même, et dans les autres.
Cela ne serait pas facile de le faire.
Il faudrait du temps et beaucoup de patience.
Michaëla s'était mise à pleurer après avoir évoqué les moments de sa vie. Naturellement, Sully avait pris sa main dans la sienne et l'avait prise dans ses bras.
La façon dont il l'avait serrée contre lui et consolée l'avait fait sentir plus forte.
Elle s'était sentie incroyablement bien et savait qu'il allait être une personne essentielle pour sa reconstruction.
Après le départ de Sully, elle savait exactement comment se comporter avec David.
Sully lui avait promis de passer la voir quand il en aurait l'occasion.

Il la tiendrait au courant de l'avancée de l'enquête sur David.
Il le ferait. C'était un homme de parole !
Elle avait compris beaucoup de choses de lui en l'espace de quelques instants passés ensemble mais il était bien trop tôt pour en conclure autre chose. Elle n'était pas prête non plus.
Elle passa une semaine entière sans voir David.
C'était à croire que ce dernier se cachait afin de rencontrer quand on l'aurait oublié.
La police ne comptait pas abandonner aussi vite, d'autant plus maintenant que Michaëla avait l'appui du Docteur Bernard, qui avait de très bonnes relations avec un des enquêteurs.
Michaëla parlait à Sully de son incapacité de se sentir en sécurité tant que David ne serait pas enfermé.
Quand il arrivait dans la chambre, elle n'était pas bien et triste, mais quand il repartait, elle était plus confiante et avait retrouvé de l'optimisme.
Sully aurait voulu rester avec elle tout le temps pour qu'elle se sente bien en permanence mais elle n'aurait pas compris qu'il se comporte ainsi avec elle.
Il était parti depuis cinq minutes ce jour-là quand David vint la voir et il entra sans frapper et sans même la saluer.
« Es-tu devenue plus raisonnable ? Il en va de ta liberté ! »
Michaëla bénissait à ce moment-là Sully et son idée de lui laisser un micro-émetteur quand il n'était pas avec elle.
Elle l'avait glissé sous son oreiller en toute discrétion et lui permettait d'être à l'abri car elle avait l'assurance que la police s'en servait pour piéger David.
« Oui, j'ai réfléchi. Je suis d'accord pour te donner une autre chance. Ce que nous avons vécu était quelque chose de spécial qui mérite une autre chance. »
Sully était en compagnie des enquêteurs qui l'avaient prévenus que David se dirigeait vers la chambre de Michaëla.
Il serrait les poings pour se retenir d'aller sauver Michaëla immédiatement.
Il fallait un flagrant délit pour que la police puisse vraiment mettre David dans une prison et ce n'était pas à lui de remettre en cause. Il se sentait un peu inutile dans cette partie et de trop parmi les policiers. Il voulait partir de là et les laisser faire leur travail.
Mais ils avaient besoin de lui.
Sully avait pris la liberté de contacter la famille de Michaëla pour les prévenir de ce qu'il se passait en téléphonant à sa mère.
Il avait dû beaucoup insisté auprès du Docteur Bernard pour avoir ce numéro.
Madame Quinn l'avait remercié de prendre soin de sa fille – il s'était présenté comme son infirmier – et lui avait demandé de la tenir au courant. Sully pensait que Michaëla allait peut-être parvenir à sa réconcilier avec sa mère.
Elle avait bien besoin de soutien !
Lui venait l'idée que peut-être elle repartirait à Boston et le laisserait seul ici.
Il n'était rien pour elle comme elle n'était rien pour lui.
Entendre les paroles que David disait à Michaëla lui faisait même un drôle d'effet.
Un des policiers s'approcha de lui et posa la main sur son épaule comme s'il avait pu comprendre en un seul regard ce qu'il éprouvait. Il avait besoin de parler à Nuage Dansant, mais avant cela, il avait besoin de voir la jeune femme s'en sortir saine et sauve.
« Il n'y a plus aucune raison de te laisser enfermée ici. Viens, nous partons. » Dit David en rentrant dans la cellule.
Michaëla se laissa entraîner sous la menace du fusil de son ex-mari.
Il l'avait sortie au dernier moment dans la peur de se faire attaquer en sortant et il n'avait pas eu tort.
Les policiers étaient là à l'attendre, accompagné d'un homme qu'il ne connaissait pas, mais qui regardait Michaëla trop fixement.
Ce fut certainement le tout combiné qui lui fit avoir cette réaction agressive.
Il encercla le cou de Michaëla avec son bras et mit le fusil sur sa tempe ;
« Laissez-moi m'en aller avec elle, car elle est à moi. »
Sully eut une idée de génie qui allait le mettre en danger.
Il se mit derrière David et lui prit le fusil pour essayer de le détourner de Michaëla.
La jeune femme en profita pour se mettre à l'abri tout en craignant pour la vie de Sully.
Il se battait contre lui et essayait de garder l'avantage sur David. Mais ce dernier avait une force de diable. Les policiers tirèrent en direction de David.
Le coup de fusil fut tiré en même temps que celui de l'agresseur. Le premier blessa David à la jambe et le fit s'écrouler de douleur. Le deuxième atterrit dans le bras droit de Sully.
David fut vite maîtrisé et emmené.
Michaëla se remettrait lentement de ce qu'il s'était passé, tout en réalisant que son sauveur d'une fois se révélait être son protecteur naturel. Il venait encore de la sauver. Il avait été présent pour l'aider dans cette épreuve.
Cet homme était un homme exceptionnel.
Peu de personnes aurait fait un tel geste envers un étranger. Elle se pencha auprès de lui et s'assura qu'il allait bien.
Mis à part sa blessure au bras, il n'avait rien d'autre.
Elle allait s'occuper de lui personnellement.