Chapitre 7 : Retour à la vie

Après avoir vécu pendant une semaine enfermée dans l'asile psychiatrique, Michaëla retrouvait avec plaisir l'air de l'extérieur.
Il lui restait à confirmer ce que Sully avait dit aux policiers pour s'assurer que celui-ci allait vraiment finir en prison.
Les policiers voulaient s'assurer que Sully se remette correctement de sa blessure, mais celui-ci affirmait que tout irait bien.
Michaëla avait insisté pour s'en occuper elle-même car elle lui devait au moins cela à ses yeux.
Sully n'était pas du même avis.
Les enquêteurs devaient être convaincus par Michaëla finalement et les avait laissé partir.
N'ayant pas de véhicules à sa portée, car elle n'en avait pas encore acheté un, Sully avait proposé à Michaëla de la raccompagner.
Ce fut à ce moment-là que sa situation critique d'avant son internement lui revint à l'esprit.
Elle n'avait nulle part où aller. Nuage Dansant avait prévu de lui donner un logement de fonction mais elle ne savait pas si c'était d'actualité ou non.
« Je ne sais pas où aller, Sully. Tout à l'heure devant les policiers, vous leur avez donné votre adresse pour qu'ils puissent me contacter. Il est hors de question que vous m'offriez l'hospitalité. »
« Dans ce cas-là, nous sommes parfaitement d'accord. Vous avez rendez-vous avec Nuage Dansant dans une semaine pour qu'il vous explique ce que vous aurez à faire. En attendant, il m'a demandé de vous aider à emménager dans le logement de fonction qu'il vous attribue. Il se trouve que ce logement est dans le même immeuble que le mien. Vous pouvez penser que c'est fait exprès. »
« Je ne sais pas si j'ai envie de me retrouver seule une nouvelle fois. »

« Je vous invite à dîner. Après, je vous raccompagne chez vous. C'est un meublé et le ménage a été fait il n'y a pas longtemps. Mon appartement est juste à côté du vôtre. »
Michaëla essaya tant bien que mal de cacher son état d'épuisement.
Les nuits dans sa chambre d'asile avaient souvent été interrompues. Elle n'osait pas faire voir sa fatigue à Sully et ne voulait pas contrarier ses plans.
Et puis, elle devait bien avouer qu'elle avait besoin de compagnie. Elle ne savait tout simplement pas comment elle allait pouvait résister.
Mais Sully était plus observateur qu'elle ne le croyait. Il avait de lui-même arrêté de lui parler pour la laisser se remettre doucement ces derniers jours.
Il conduisait prudemment et lentement. Il aimait admirer le paysage tout en conduisant.
Il arriva enfin à destination et alla ouvrir la portière du côté de Michaëla. Elle était apparemment incapable de mettre un pied devant l'autre.
Ce n'était pas quelque chose de fréquent chez lui mais il la souleva dans ses bras pour l'emmener dans son appartement.
Michaëla se sentait une fois encore très bien dans les bras de cet homme. Elle avait une totale confiance en lui.
Néanmoins, elle avait besoin de savoir s'il avait une femme dans sa vie. Sully ouvrit la porte et aller poser son fardeau sur le canapé.
Elle ne semblait pas prête à s'endormir. Elle avait juste besoin de se détendre.
Sully eut l'idée de lui préparer un bain.
« Allez prendre un bain ici dans ma salle de bain. »
« Cela ne vous dérange pas ? C'est vous qui allez payer l'eau ! »
« Non. Ça ne me dérange pas. Vous avez certainement besoin de vous détendre et de vous laver votre séjour. »
« Vous avez raison. »
« Vous avez tout ce dont vous avez besoin dans cette pièce. N'hésitez pas à vous servir. »
« Merci Sully. »
Michaëla se sentit incroyablement bien en sa présence mais elle avait du mal à croire qu'il ait d'autre sentiment que la pitié pour elle.
Elle se relaxa autant que possible pour se mettre en condition pour affronter le dîner en compagnie de Sully.
Elle devait faire bonne figure.
Elle se rappela soudain qu'il l'avait déjà vu en train de pleurer quand elle lui avait raconté ce qu'elle avait vécu avec David.
Elle sortit du bain et prit un peignoir à sa disposition que Sully lui avait laissé.
Elle s'y glissa dedans. Elle avait l'ait d'y nager un peu mais c'était toujours mieux que de remettre ses vêtements sales des derniers jours.
Elle se regarda dans la glace et sortit enfin de la salle de bain.
En arrivant dans la cuisine de son hôte, elle sentit une agréable odeur qui lui donna envie de manger.
Il semblait être un véritable cordon bleu.
Comparé à la cuisine sommaire à l'asile, elle allait certainement apprécier ce repas servi par un homme qui savait faire la cuisine.
« Asseyez-vous autour de la table, c'est bientôt prêt. Faites comme chez vous ! »
« Merci. » Ne put-elle que dire.
Le silence s'installa jusqu'à ce que les plats soient prêts. Michaëla voulait lui donner l'autorisation de la tutoyer.
S'ils devaient être voisins dans les prochains mois, il allait adopter le tutoiement pour des raisons pratiques.
Sully la mit à l'aise tout de suite quand il apporta l'entrée.
« Sers-toi. » Dit-il naturellement.
« Pardonnes-moi de te tutoyer, mais c'est plus pratique ! »
« Je voulais justement te le proposer. »
« Mais tu n'osais pas, n'est-ce pas ? Michaëla, tu n'as pas besoin de te sentir mal à l'aise en ma présence car tu peux me considérer comme ton ami. »
« Comment peux-tu me proposer ton amitié ? Tu ne me connais pas assez ! »
« Si je te connais assez ! »
« Peut-être pas ! Il y a d'autres choses que tu ne sais pas. »
« Mais tu n'as pas besoin de m'en parler. Tu as eu assez de malheurs comme ça. Tu n'as pas besoin te les rappeler inutilement. »
Michaëla mit un morceau de roast-beef dans sa bouche car elle ne savait plus quoi lui dire.
Il faisait preuve d'une telle gentillesse envers elle. Elle lui devait la totale vérité, mais elle ne s'en sentait pas la force de lui en parler maintenant.
Peut-être un jour ?
Elle avait aussi besoin de dévoiler ce grand malheur qu'elle avait vécu et dont elle ne se remettait pas.
Sully la fixa des yeux tout au long du repas et s'attarda sur la couleur si particulière de ses yeux.
L'un était vert et l'autre marron. Il n'en avait jamais vu de si différents. Cela faisait tout le charme de Michaëla même s'il y avait plus que cela qui l'attirait.
Depuis Abigail, il n'avait pas beaucoup accordé d'importance aux femmes. Et voilà qu'il se mettait à rêver à un avenir possible avec Michaëla.
Après le repas, il vit bien que la fatigue de la jeune femme refaisait surface.
Devait-il l'accompagner maintenant à son appartement et la laisser seule toute la nuit ?
Elle aurait peut-être besoin de lui dans la nuit. Il devait faire quelque chose pour la rassurer.