Trouver l'équilibre

Chapitre 1 : Entre joie et peine

Le jour s'était levé depuis un bon moment. La famille Sully se trouvait dans le salon. Brian et Collen étaient occupés à faire la vaisselle, pendant que Michaëla admirait « le reflet de leur amour » à elle et à Sully.

Depuis qu'elle s'était levée, elle faisait tout pour retarder le moment où elle avait enfin se décider à aller à la clinique.

Ce n'était pas le fait de retourner au travail qui la dérangeait, elle aimait son métier et s'était battue pendant des années pour avoir une position confortable en tant que médecin et elle aimait cela.

Non, ce qui la peinait, c'était de devoir laisser Katie, ne serait-ce même, que seulement quelques heures, en la seule compagnie de Colleen et Brian. Bien sûr, ses enfants étaient heureux de s'occuper de leur petite soeur, accueillie comme il se devait au sein de leur famille et elle avait pleinement confiance en eux. Mais, devoir laisser son bébé pour la première fois depuis sa naissance l'attristait un peu.

Pendant un mois et demi, elle s'était occupé de sa fille jour et nuit, et s'était délecté de chaque instant passé en sa compagnie. Ils avaient tellement espéré qu'un enfant vienne agrandir leur famille et maintenant, elle l'était et leur rêve était devenu réalité.

Elle aimait Katie de tout son coeur et celle-ci lui rendait bien en lui adressant des petits sourires.

Mais voilà, elle avait décidé de retourner à la clinique aujourd'hui et elle se devait de le faire. Elle ne voulait pas admettre, surtout devant Sully, qu'elle aurait bien souhaité encore profiter de leur bébé.

Pourtant, elle avait dit il y a une semaine de ça le contraire à son mari et ne voulait pas revenir sur sa décision. Perdue dans ses pensées, elle n'entendit pas son époux s'approcher d'elles.

« Tout va bien, Michaëla ? » Lui demanda-t-il quand il vit qu'elle avait les larmes aux yeux.

« Oui ! Elle est tellement belle. »

« Oui, tu as raison, elle est belle. Elle ressemble à sa maman. »

Sully ne savait pas comment tourner sa phrase pour faire comprendre à sa femme qu'il avait deviné son état d'esprit.

Il la regarda dans les yeux en s'accroupissant à sa hauteur.

« Je l'ai dit combien de fois aujourd'hui ? »

« C'est la cinquième fois, mais tu as raison. Michaëla, je sais ce que tu ressens. Tu étais impatiente de retourner travailler et maintenant que c'est le jour, tu es un peu anxieuse pour Katie. C'est tout à fait compréhensible. »

Elle n'en revenait pas, Sully avait compris ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même. Elle l'embrassa pour le remercier et décida de se lever du fauteuil où elle était assise. Elle confia Katie à ses enfants avec regret en attendant que Sully prépare Éclair et son cheval. Avant cela, il avait embrasser sa fille. Michaëla gardait son bébé dans ses bras en la câlinant longuement.

« Tu vas me manquer ma chérie mais tu vas venir me rejoindre dans la matinée avec sa grande soeur. »

« Elle est entre de bonnes mains et puis, vous la verrez bientôt. »

C'est sur cette phrase que Sully ouvrit la porte et surpris un regard de nostalgie chez sa femme.

« Les chevaux sont prêts. »

Il aurait voulu rajouter qu'elle allait être en retard à la clinique mais il ne le fit pas. Michaëla confia Katie à Colleen et mit son manteau. La jeune fille prit la main du bébé dans la sienne et lui fit faire un petit coucou d'au revoir à sa maman.

Michaëla craqua et embrassa sa fille une dernière fois. Puis, elle se décida à sortir rejoindre son mari qui l'attendait dehors. Elle monta sur Éclair et capta le regard de Sully.

« Ça faisait longtemps que tu n'étais pas montée à cheval. »

Michaëla eut une lueur d'amusement dans les yeux qui remplaça celle de mélancolie. Elle tapa des pieds contre le cheval et le fit mettre au galop sous les yeux surpris de Sully, qui s'était laissé distancer par sa femme mais qui la rattrapa rapidement. Ils furent au même niveau au bout d'un moment mais elle décida de passer par un raccourci afin d'être sûre d'arriver en tête.

Chapitre 2 : Retour au métier

Michaëla et Sully approchaient au galop de la ville. La jeune femme s'arrêta avant lui en riant.

« J'ai gagné ! »

« Tu as triché ! »

« Non, pas du tout ! » Dit-elle pour le taquiner.

Matthew sortit à ce moment-là de son bureau de shérif. Il avait été surpris d'entendre des galops de chevaux en ville alors que c'était interdit !
Il fut plus étonné encore de découvrir qu'il s'agissait de ses parents.

« Je devrais vous arrêter, le galop est interdit en ville ! »

« Mais tu ne le feras pas, n'est-ce pas ? » S'amusa Michaëla.

Il acquiesça.

« Sully, j'aurai besoin de ton aide à la maison pour couper du bois. »

« Ça sera avec plaisir, Matthew. Il vaut mieux que je t'accompagne car je risque au sinon d'être sur le dos de ta mère. »

« Dans ce cas ... » Dit Matthew.

« Sully ! Sully ! » Cria Horace, en courant dans sa direction. J'ai reçu un télégramme pour vous, il vient de Wooden.

Il donna aussitôt le bout de papier à Sully qui s'empressa de le lire et Michaëla put déceler sur son visage un air de satisfaction.

« Il faut que je sois à la gare de Denver demain pour rencontrer le général et ça concerne Nuage Dansant. C'est tout ce qui est écrit. »

« Tu crois qu'ils ont décidé de le remettre en liberté ? »

« Je ne sais mais je verrai bien. »

Matthew se retint de rappeler à Sully qu'il devait venir l'aider à la maison. En quelque part, il savait que Sully s'en rappelait.
Il regarda ses parents et les vit s'embrasser.

« N'en fais pas trop aujourd'hui. Tu me le promets ? »

Elle acquiesça et les regarda partir ensemble.

De son côté, elle se dirigea vers la clinique au pas cette fois-ci. Elle descendit doucement devant son cabinet et fut aussitôt accueillie par son amie Dorothy.

« C'est le grand jour Michaëla ? »

Elle hocha la tête positivement.

« Ne vous inquiétez pas, tout se passera bien. Personne en ville n'osera l'admettre mais vous nous avez manqué. »

« Merci Dorothy. »

La journaliste s'éloigna en direction de la Gazette et le jeune maman rentra dans son cabinet. Son accueil fut différent de celui qu'elle attendait. Elle pensait trouver Andrew assis à son bureau mais ce qu'elle vit la choqua.
Loren était allongé sur la table d'auscultation avec un parapluie dans le ventre et la chemise maculée de sang. Un instant, elle s'alarma.

« Que s'est-il passé ? Comment est-ce possible ? »

« Alors qu'il ne pleut même pas ! S'esclaffa Loren en se relevant d'un bond. Bon retour à vous, docteur Mike. »

Elle le remercia nerveusement et le laissa sortir de la clinique, suivi de près par Jake. Andrew alla aux devants d'elle et elle le suivit machinalement jusqu'au bureau en attendant qu'il lui fasse un rapport détaillé sur les patients qu'il avait reçu en son absence.

Il rougit quand il se rendit compte qu'il lui avait pris sa place et la laissa s'asseoir après quoi, il lui donna toutes les informations nécessaires à son retour.

Puis, la matinée fut occupée à recevoir les patients.

Colleen arriva pour emmener Katie pour sa tétée et naturellement, Andrew prit la suite des consultations pendant qu'elle allaitait son bébé.

La jeune maman alla ensuite déjeuner avec Dorothy et retrouva l'amitié de ses amies et la complicité qu'elles partageaient avant son congé maternité.
Sully arriva en plein milieu du repas et s'installa avec elles et savoura ce repas pris en commun avec sa femme, sa fille, qui était dans le berceau, et Grace et Dorothy.
Puis, il arriva à convaincre Michaëla de rentrer chez eux afin de passer un peu de temps ensemble avant qu'il doive partir.

Chapitre 3 : Avant le départ

La maison était calme, peut-être même trop calme. Katie était endormie dans son berceau et Sully contemplait ses moindres mouvements, il ne s'en lassait pas.

Michaëla, de son côté, était plongée dans ses propres pensées. Bien sûr, elle se réjouissait du fait que Sully fasse quelque chose pour libérer Nuage Dansant et elle le connaissait assez pour savoir qu'il ne rentrerait pas sans son frère Cheyenne.

Mais, depuis qu'elle avait appris cette nouvelle, une boule s'était formée dans sa gorge et une sorte d'angoisse lui nouait l'estomac. Elle avait comme le pressentiment que quelque chose allait se passer durant ce court voyage.

Elle était peut-être un peu triste que Sully la quitte un mois et demi après la naissance, mais elle savait, depuis que Nuage Dansant avait été emmené par les soldats, que Sully partirait au moment où il aurait des nouvelles.

Ce n'était pas dû au fait qu'il allait la quitter qu'elle avait peur.

Non, c'était autre chose qu'elle n'arrivait pas à identifier. Sully remarqua que sa femme était silencieuse. Il alla vers elle, qui était debout près de la clinique.

Il l'entoura de ses bras et l'embrassa sur le derrière de ses cheveux. Elle se tourna vers lui et le regarda dans les yeux.

« Que se passe-t-il, Michaëla ? Quelque chose ne va pas ? »

Comment pouvait-il deviner qu'elle était inquiète ? Et surtout, comment pouvait-elle lui avouer qu'elle avait peur que quelque chose arrive ? Non, elle ne pouvait pas avouer cela à son mari, mais peut-être avait-il deviné ? Sully l'obligea à lever la tête pour qu'elle le regarde dans les yeux.

« Michaëla, que ses passe-t-il ? Dis-moi, s'il te plait ! Tu ne veux pas que je parte ? »

« Si, je veux que tu ailles aider Nuage Dansant, mais ... »

« Mais quoi ? »

« Je ne sais pas ! »

« Si tu le sais ! »

« Tu seras prudent, n'est-ce pas ? »

« Bien sûr ! Pourquoi cette question ? »

Un silence s'installa durant lequel Sully comprit qu'elle avait. Il fallait qu'il la rassure.

« Tout se passe bien. Rien ne va m'arriver, j'en suis sûr ! »

Michaëla se demanda pendant un moment comment il avait pu deviner ce qui la tracassait mais elle le comprit en tenant compte du lien qui les unissait.

« Je ne peux pas m'empêcher d'être inquiète, Sully. J'ai un mauvais pressentiment ! »

Elle se demanda pendant un instant si sa récente maternité ne jouait pas sur ses nerfs et que ce sentiment n'était pas que le fruit de son imagination ?

Sully connaissait son extrême sensibilité et essaya de la réconforter pour la convaincre que ce qu'elle pensait était faux. Il vint dans son esprit que peut-être elle n'avait pas tort et que quelque chose allait arriver car lui aussi sentait un danger.

Il avait envie de rester près de sa femme pour la dorloter et l'aider comme elle en avait tant besoin en ce moment mais ce n'était pas possible. Il fallait qu'il aille aider Nuage Dansant.

C'était une promesse qu'il s'était faite à lui-même. Les Cheyennes, surtout Nuage Dansant, l'avaient sauvé d'une mort certaine. Grâce à son frère Cheyenne, il avait compris le lien qui l'unissait à Michaëla et l'avait accepté.

Pour mener à bien sa mission, celle de ramener Nuage Dansant à Palmer Creek ou dans une autre réserve, il devait quitter sa femme et sa fille, mais c'était pour une bonne cause.

Michaëla l'avait soutenue pour faire cela, alors il ne pouvait plus reculer et devait y aller et essayer de faire un traité avec Hazen. Il resserra sa femme contre lui, et elle mit ses mains autour de son cou pour se rassurer. Sully avait raison, rien n'allait arriver. Elle balaya définitivement ce mauvais pressentiment et lui sourit.

Il la reconnaissait enfin. Elle retrouvait sa force quand elle était dans ses bras.

« Viens, allons voir notre bébé ! »

Elle l'entraîna avec elle vers le berceau de Katie et s'assit avec elle, se laissant bercer dans la contemplation de leur fille qui dormait profondément. Comment avaient-ils pu créer un si beau bébé, qui était le parfait reflet de leur amour et qui était le rassemblement de tous les deux ?

 

 

Chapitre 4 : Dernière nuit ?

Après un repas partagé en famille, Michaëla et Sully étaient dans leur chambre. La jeune maman venait d'allaitetr Katie, qui s'était ensuite endormie à poings fermés. Le silence régnait dans la chambre mais aucun d'eux ne réussissait à dormir.

Leur séparation prochaine leur peait mais il était difficile de l'avouer à l'autre. Sully se rapprocha de sa femme et la serra contre lui en l'embrassant tendrement sur le dessus de la tête.

« Tu sais, j'aurai aimé moi aussi ne pas me séparer de toi aussi vite mais je n'ai pas le choix. Ce sera le jour le plus long de toute ma vie. »

Elle se demanda pendant un moment pourquoi il lui disait cela, mais elle le comprit, il souhaitait juste lui dire qu'elle lui manquerait autant qu'il lui manquerait à elle.

C'est vrai que Sully avait du mal à se dire que le lendemain, il allait quitter sa femme et sa fille et qu'il allait les laisser en la seule compagnie des enfants. Il passa ses mains le long des cuisses de son épouse, en soulevant légèrement les bords de sa chemise de nuit.

Michaëla, de son côté, s'aventura à caresser le torse nu de son mari. Elle le laissa agir à sa guise, ayant elle aussi envie de lui. Il caressa ensuite son ventre plat, et souleva sa chemise de nuit pour découvrir petit à petit les seins arondis et gonflés de sa femme.

La maternité lui allait à merveille et la rendait plus désirable encore aux yeux de son mari. Il lui enleva complètement son vêtement de nuit.

Cette fois, elle était entièrement nue sous son regard, nullement gênée par le désir qu'elle lisait dans ses yeux. A son tour, elle toucha son corps de haut en bas, lui donnant encore plus l'envie de lui faire l'amour.

Elle se souvenait de la première fois qu'ils avaient fait l'amour après la naissance de Katie, il avait été si doux, si patient et si entreprenant.

Elle avait retrouvé sa confiance en elle. Elle savait que son mari la désirait toujours, que la naissance de leur fille et sa récente grossesse n'avait rien changé à cet état de fait. Elle avait même l'impression que leurs sentiments avaient grandi gräce à cela et elle s'en réjouissait.

 

Alors qu'il continuait à caresser le corps de Michaëla, il se rendit compte qu'elle semblait perdue dans ses pensées.

« A quoi tu penses ? »

« A notre première fois après la naissance de Katie. »

« C'était exceptionnel n'est-ce pas ? »

« Oui, on peut le dire. Je me souviens de ta patience et de ta douceur , j'ai aimé cela. »

« Content de savoir que ma petite femme a apprécié. »

Elle l'embrassa langoureusement, retrouvant les gestes intimes, sachant quel effet cela ferait sur Sully. Il descendit sa bouche jusque sur son ventre plat qu'il chatouilla avec sa langue.

« Tu sais, tu es très belle comme ça ! »

Il savait qu'elle se sentait mal à cause des rondeurs qu'elle avait gagné au niveau de sa poitrine. Mais, en un mois, elle avait quasiment retrouvé sa ligne. Elle attira sa tête vers la sienne et lui donna une petite tape sur sa joue.

« Tu dis des bêtises. J'aimerai revenir au même poids qu'avant. »

« Non, ton ventre est de nouveau plat comme avant. Quant à ta poitrine, je l'aime comme elle est. Tu allaites Katie, n'oublie pas ! »

« Tu dis cela pour me rassurer mais tu ne le penses pas ! »

« Oh si, je le pense, je vais te le prouver. »

Il recommença à explorer le long de son corps avec des caresses tentatrices. Michaëla lui offrit, elle, un massage envoûtant.

Cela eut le don de réveiller son désir pour de bon. Il joignit son corps au sien et commença ses vas et viens doux et irrésistibles. Peu après, la chambre silencieuse fut troublée par des soupirs de plaisirs et des murmures de contentement.

Après quoi, ils reposèrent dans les bras l'un de l'autre, attendant que leur respiration revienne à la normale. Sully invita Michaëla à poser sa tête sur son torse, ce qu'elle fit immédiatement. Ils s'endormirent paisiblement, tous deux bercés par leur amour inexplicable mais si merveilleux.

Chapitre 5 : Le départ de Sully

Michaëla et Sully s'étaient réveillés l'un contre l'autre, tous deux comblés par l'intimité de la veille. Mais il avait fallu partir après le petit déjeuner partagé en famille, car le train de Sully disait partir par le premier train.

Après un baiser ou un câlin à chacun de ses grands enfants – qui étaient partis chacun de leur côté, Colleen à la clinique, Brian à l'école et Matthew à son bureau de shérif – Sully, accompagné de Michaëla, était parti à la gare tous les deux, la jeune femme avec leur bébé dans les bras.

Le train était en avance de quelques minutes, aussi Sully en profita pour prendre Katie dans ses bras, afin de savourer chaque moment passé avec elles et s'en imprégner pour son prochain départ. Il cajola son bébé et s'amusa avec ses petits doigts qui se renfermaient sur les siens.

« Tu prendras soin de ta maman en mon absence. »

« Sully, tu ne t'en vas que pour un jour. »

« Je sais, mais vous allez me manquer tous les deux. »

Il déposa un baiser sur le front de Katie et la redonna à sa maman. Le bébé pleura un peu en changeant de bras.

« Oh ! » Murmura Sully.

Mais la petite fille se calma instantanément dans les bras de sa maman. Le train siffla, ce qui annonçait son départ imminent.

« Tu devrais monter dans le train, au sinon, il risque de partir sans toi. »

« C'est dur de vous quitter ! » Avoua-t-il en embrassant longuement sa femme.

Il monta à l'intérieur quand le train commençait à s'ébranler. Il fit des signes d'au revoir jusqu'à ce que l'engin disparaisse dans la distance avec Sully à son bord. Michaëla resserra son étreinte sur son enfant.

« Ne t'inquiètes pas, papa sera bientôt de retour près de nous. »

Elle se dirigea vers la clinique, où Colleen, en son absence, avait tout dit à Andrew. Elle ouvrit la porte et posa Katie dans le berceau qu'ils avaient installé pour elle par son père dans la salle de consultation.

Andrew remarqua ses yeux tristes mais ne lui en parla pas et préféra la laisser reprendre ses esprits à son rythme.

Le train continuait de rouler en direction de Denver. Sully était impatient. Pourtant, il y avait toujours cette tristesse au fond de son cœur, qui correspondait parfaitement à celle qu'il avait lue dans le regard de Michaëla.

Et il restait aussi, en quelque part, ce pressentiment qu'il n'arrivait ni à expliquer, ni à comprendre. Il se remémora les paroles de sa femme qui lui faisait part de ses craintes quant à son départ.

Avait-elle raison ? Arriverait-il quelque chose en si peu de temps ?

Il ferma les yeux un instant, revoyant l'image de sa chère et tendre épouse qu'il aimait tant. Que faisait-elle en ce moment ? Elle était sûrement à la clinique en compagnie de Colleen et Andrew. Elle lui manquait déjà et cela ne faisait que quelques heures qu'il l'avait quittée.

C'était leur première séparation depuis la naissance de leur fille. Pourquoi était-ce si difficile ? Le train commença à ralentir, ce qui le fit réagir et sursauter.

Il fallait qu'il se concentre sur sa mission, arriver à libérer Nuage Dansant. De son côté, après une matinée calme à la clinique, Michaëla était rentrée chez elle avec Katie.

Elle n'avait pas le cœur au travail et à ses patients, ce qui était inhabituel chez elle. Elle avait dit à ses enfants de passer une après-midi agréable et avait autorisé Brian à aller à la pêche avec un ami, Colleen à rester avec Andrew, et Matthew, lui, avait beaucoup de choses à faire en ville.

lle avait enfin trouver un moyen d'être seule pour penser à son mari. Elle avait compris que le docteur Cook avait deviné et il avait fait de son mieux pour l'épauler sans parler?

Mais une personne avait compris qu'elle ne devait absolument pas rester seule et cette personne, c'était Dorothy.

La journaliste arriva devant la maison silencieuse et frappa à la porte. Elle attendit un moment et la porte s'ouvrit enfin sur Michaëla.

« Dorothy, que faites-vous ici ? »

« Je suis venue vous voir. Je crois que vous avez besoin de compagnie. »

« Non, tout va bien, Dorothy, je devais venir me reposer, c'est tout. »

« Non, quelque chose vous tracasse. Vous arrivez à le cacher à vos enfants, mais vous n'y arriverez pas avec moi, je vous connais très bien. Puis-je entrer ? »

Michaëla acquiesça, tout en se demandant ce que cette visite allait lui apporter. Elle ne voulait pas discuter, surtout avec Dorothy.

Mais il semblait que la journaliste en avait décidé autrement. Michaëla la connaissait assez bien, pour savoir qu'elle n'abandonnerait pas comme ça.

Chapitre 6 : Confessions

Michaëla et Dorothy étaient maintenant assises autour de la table de la clinique. Dorothy ne savait pas par où commencer, elle savait que sa meilleure amie avait toujours eu du mal à se confier à quelqu'un.

Elle voulait lui faire dévoiler ce qui la rendait mélancolique et ce, depuis qu'elle avait appris que Sully devait aller à Denver.

« Vous ne travaillez pas cette après-midi ? »

La journaliste connaissait la réponse à cette question mais elle ne savait pas comment en venir au fait.

« Non. »

« Les enfants sont restés en ville, je les ais vus. Vous vouliez être seule, n'est-ce pas ? »

« Non, je voulais juste qu'ils profitent un peu de leur temps de libre. »

« Vous ne me ferez pas croire cela à moi, Michaëla, et vous le savez. Pourquoi ne me parlez-vous pas de Sully ? »

« Il est parti pour Denver tout à l'heure, n'est-ce pas ? »

« Oui, il doit y rencontre le général Wooden à propos de Nuage Dansant. J'ai confiance en lui, il va réussir à le libérer. »

« Oh, mais je n'en doute pas, Michaëla. »

« Il fallait qu'il y aille ! »

Elle avait dit cette phrase comme si elle essayait de s'en convaincre elle-même.

« Que se passe-t-il ? Vous pouvez me le dire, vous savez que personne ne sera au courant. »

« Rien ! Il ne se passe rien ! »

« Michaëla, je dois insister. Vous n'êtes pas le genre de personne à être triste pour rien. »

« Dorothy, s'il vous plait ! »

« Michaëla, vous devez en parler à quelqu'un et je vous ai déjà dit que vous pouvez compter sur ma discrétion. Avez-vous peur qu'il lui arrive quelque chose ? Vous savez, Sully est toujours prudent. Que voulez-vous qu'il se passe en si peu de temps ? »

En regardant le visage de son amie à l'entente de sa dernière question, la journaliste comprit qu'elle avait enfin trouver la réponse. Oui, Michaëla était inquiète pour son mari. Oui, elle avait peur qu'il soit en danger et ce, malgré le fait que Sully ait essayé de dire le contraire.

« Il ne se passera rien de grave, Michaëla. »

« J'aimerai en être aussi sûre que vous ! » Rajouta la jeune maman sans réfléchir, puis elle mit sa main devant sa bouche quand elle se rendit compte de ce qu'elle avait dévoilé à son amie.

« Je suis sûre que Sully vous l'a déjà dit mais il n'y aura aucun danger pour lui. »

« C'est ce que j'essaie de me dire depuis son départ. Mais il y a toujours ce pressentiment au fond de mon coeur dont je n'arrive pas à me défaire. »

Dorothy posa une main affectueuse sur l'épaule de Michaëla pour la soutenir. Que pouvait-elle dire de plus pour redonner le moral à sa meilleure amie ? Elle ne pouvait que rester auprès d'elle et choisir un autre sujet de conversation afin de la distraire.

« Vous avez eu beaucoup de patients ce matin ? »

« Non, pas trop. Andrew a veillé à ce que je n'en fasse pas trop. J'ai eu l'impression que Sully lui a dit de me surveiller ! »

« Je ne vois pas comment il aurait pu faire ! Je pense surtout que le docteur Cook a fait cela de lui-même. Vous avez eu besoin de repos. Il n'est pas facile pour une maman de reprendre le travail avec un bébé à s'occuper. »

« Ce n'est pas si dur que cela. Colleen est d'une très grande aide et Katie reste auprès de moi quand elle est à la clinique. »

Dorothy savait que son amie lui cachait encore quelque chose mais elle ne pouvait pas lui parler. La journaliste osa quand même lui poser la question.

« Et avec Sully, sur le plan intime, tout se passe bien ? »

« Oui, très bien même. »

« Vous en êtes sûre ? »

« Avec Katie que j'allaite, il est difficile d'accorder du temps à mon mari mais jusqu'à maintenant, nous y sommes arrivés. Il est très patient avec moi. »

« Vous avez de la chance, Michaëla, d'avoir un mari si attentionné. »

Michaëla savait ce que voulait dire Dorothy et lui adressa un sourire de remerciement. Sa présence auprès d'elle jusqu'à ce que les enfants reviennent auprès d'elle avait réussi à rassurer la jeune maman, qui avait enfin réussi à oublier son mauvais pressentiment.

Chapitre 7 : Rencontre et négociation

Le train était à Denver. Sully se trouvait maintenant à la gare, attendant que le général Wooden manifeste sa présence.

Dans son télégramme, ce dernier n'avait pas donné à Sully d'indication sur l'heure exacte de leur rencontre. Il s'assit donc calmement et ferma les yeux un instant pour penser à sa femme. Il la vit assise à son bureau à la clinique, les yeux rouges et sut qu'il s'agissait d'une image du passé.

Il espérait que les enfants ne la laisseraient pas seule trop souvent. Elle avait besoin d'être entourée et non seule. Peut-être que quelqu'un de la ville lui aura rendu visite dans l'après-midi.

L'image de sa chère petite Katie lui revint aussi à l'esprit. En même temps qu'elle la réconfortait, elle le troublait aussi.

C'était la première fois qu'il était aussi loin d'elle. C'était difficile pour lui de la quitter, il devait se l'avouer mais il n'avait pas d'autres choix.

Perdu dans ses pensées, il ne vit pas le général Wooden le chercher parmi la foule amassée à la gare. Mais le général le vit et se dirigea vers lui.

« Monsieur Sully ! »

Le jeune homme sursauta et tendit automatiquement sa main vers le commandant de l'armée.

« Monsieur Wooden ! »

« Monsieur le Président Grant me harcèle à votre sujet depuis un mois, alors j'ai un marché à vous proposer. »

« Lequel ? »

« Vous me promettez de ne plus faire parler de vous jusqu'à Washington et en contrepartie, je vous donne la liberté de votre ami Nuage Dansant et O'connor partira dans une autre région. Votre ami devra vivre à Spencer Lake et vous n'aurez plus le droit d'entrer dans cette réserve. Quelle est votre décision ? »

« J'accepte ! »

« C'est ce que je pensais. Vous retrouverez votre ami demain à la gare de Denver. »

L'affaire fut conclue par une poignée de main. Sully ne pensait pas que ce serait aussi facile d'arriver à ce marché avec Wooden. L'essentiel était que Nuage Dansant allait pouvoir revenir vivre dans une réserve. Il trouverait un moyen de continuer à voir son frère Cheyenne.

Cela durerait un peu plus longtemps que prévu heureusement, il y avait fait suivre un peu d'argent et avait de quoi payer une nuit d'hôtel. Il décida de se rendre au bureau du télégraphe afin de prévenir Michaëla du prolongement de son séjour. Il ne voulait en aucun cas qu'elle s'inquiète pour lui.

Une fois ceci fait, il se dirigea vers l'hôtel, et y réserva une chambre, puis décida de faire un petit tour en ville. Denver était une ville beaucoup plus grande que Colorado Springs et plus développée.

Des magasins de toute sorte y étaient présents. Il entra par curiosité dans une boutique de jouets pour enfants et vit un cheval à bascule qu'il aurait pu offrir à sa fille s'il en avait eu les moyens.

Mais le prix était bien trop élevé pour lui. Ce n'était pas grave, il trouverait le temps de lui en fabriquer un. Il se mit à penser au cheval à bascule qu'il avait fait pour Michaëla, qu'en avait-elle fait ?

Il ne lui avait jamais demandé et ne savait pas s'il lui demanderait un jour ou pas. Il rentra à l'hôtel. Marcher dans cette ville avait réveillée en lui des souvenirs et il avait envie d'être seul dans sa chambre pour pouvoir s'en rappeler comme il le souhaitait.

C'était il y a plus d'un an mais pour lui, c'était comme si c'était la veille. Il ne s'attendait certainement pas à un tel cadeau de la part de sa belle-mère. Cependant, elle l'avait quand même surpris en leur annonçant qu'ils allaient passer leur lune de miel à Denver.

Quelle surprise cela avait été pour tous les deux ?

Élisabeth avait-elle compris qu'en tant que jeunes mariés, ils avaient besoin d'être seuls et qu'en présence d'adolescents cela ne serait pas facile ?

Aujourd'hui encore, il se posait cette question mais n'avait jamais trouvé la réponse. En tout cas, cette lune de miel avait été merveilleuse pour Michaëla et pour lui, leur laissant le temps d'apprendre à mieux se connaître - même si leurs longues fiançailles les avaient aidés pour cela – et surtout le temps de s'aimer.

Sully avait su dès le début de leur relation que c'était la première fois pour Michaëla et il ne s'attendait à ce qu'ils fassent l'amour dans un train pour la première fois, pourtant, c'est ce qu'il s'était passé et cela avait été merveilleux. Il se secoua, s'il commençait dans ses délicieux souvenirs, il ne pourrait pas se nourrir et descendit dans le salon pour souper.

Chapitre 8 : Retrouvailles entre frères

Cela faisait une demie-heure que Sully attendait à la gare que Nuage Dansant arrive. Il se demandait si Wooden ne lui avait pas menti sur son accord. Il alla prendre deux billets de train, en espérant que Nuage Dansant serait arrivé au départ du train, dans dix minutes.

« Monsieur Sully ! » Entendit-il dans son dos.

« Oui ! »

Les soldats se dirigèrent vers lui.

« Par ordre du Général Wooden, nous venons vous donner cet homme. Tâchez de lui faire comprendre que nous ne voulons plus entendre citer son nom, ni le vôtre d'ailleurs, et qu'il se tienne tranquille à la réserve. S'il crée encore des ennuis, nous l'emprisonnerons pour toujours et dans un endroit où vous ne pourrez pas le retrouver. Est-ce bien compris ? »

« Il créera pas de problèmes, je m'en porte garant. »

« Vous devez signer ce papier. »

Sully s'exécuta et les fers furent enlevés autour des poignets du Cheyenne. Et les soldats qui l'accompagnaient partirent dans l'autre sens. Sully se jeta dans les bras de l'homme médecine.

« Tu m'as manqué, mon frère. »

« Toi aussi, répondit Sully. Depuis ta disparition, Michaëla et moi ne faisons que penser à toi. »

« Comment va-t-elle ? »

« Elle va bien et Katie aussi. Je pense que tu vas avoir du mal à reconnaître notre fille. »

« Le bonheur se lit dans tes yeux, je suis content pour toi, tu le méritais. »

Sully le remercia en hochant la tête et entraîna son frère vers le train. S'ils ne se dépêchaient pas un peu, il allait partir sans eux et Michaëla serait inquiète. Il lui avait dit qu'il serait de retour aujourd'hui et il tiendrait parole.

Ils s'installèrent sur des fauteuils en attendant que l'engin démarre. Mais le surveillant passa dans l'allée afin de ramasser les billets et remarqua la présence indésirable d'un indien parmi les passagers.

« Pas d'indiens ici ! »

 

« Je lui ai payé un billet, il a le droit d'être là ! »

« Je suis désolé mais je n'ai pas le droit de l'accepter. C'est le règlement du Chemin de fer. »

« Écoutez, il y a certainement un moyen de s'arranger. J'ai payé ces billets et je compte aller à Colorado Springs avec cet indien comme vous le dites. Alors, vous nous laissez monter dans le compartiment à bagages et on en parle plus, d'accord ? De cette façon, le Chemin de fer ne perdra pas d'argent. »

Le contrôleur accepta et ils se dirigèrent ensemble vers le compartiment à bagages. Nuage Dansnar savait que Sully se sacrifiait pour lui, mais au fond de lui, il lui en était reconnaissant. Et le train partit en direction de Colorado Springs.

« Comment tu as fait pour obtenir ma libération ? »

« J'ai envoyé plusieurs lettres au Président Grant et puis, quand j'ai rencontré Wooden, j'ai dû promettre de ne plus me mêler des affaires indiennes dans tout le territoire. »

« Wooden m'a libéré pour se libérer de toi en fait. »

« On peut dire ça comme ça – Il changea de sujet – Michaëla est impatiente de te retrouver et moi aussi. Je voudrai que tu m'expliques comment ils t'ont attrapé dans la grange. »

« Michaëla et toi étiez en ville à ce moment-là. O'connor a profité de votre absence pour m'emmener de force. »

« Il ne le fera plus. O’connor va partir ailleurs et tu vas intégrer la réserve de Spencer Lake. »

« Ce sera toujours mieux qu’à Fort Collins, c’est là que les soldats m’ont enfermé. Et maintenant, c’est moi qui viendrai te voir ! »

Sully allait répliquer et lui dire que c’était peut-être un peu dangereux mais il n’en eut pas le temps. Trois hommes entrèrent à ce moment-là dans le compartiment.

« L’argent est à nous ! »

Sully et Nuage Dansant ne comprenaient pas de quoi ils parlaient.

« Ne bougez pas ! »

Deux hommes sortirent des armes à feu et un d’eux les ligota. C’était sans compter l’intelligence de Sully qui avait remarqué le couteau de son frère Cheyenne.

Il allait s’en servir mais il fallait pour cela que les trois hommes relâchent leur attention. Une myriade d’images l’envahit à ce moment-là, des images concernant Michaela et leur fille, des images qui allaient le réconforter.

 

Chapitre 9 : Organisation du travail

Michaëla était une nouvelle fois à la clinique d'Andrew. Elle était arrivée il y avait quelques minutes et l'avait trouvé à son bureau à l'attendre. Elle pensait qu'il voulait lui parler et elle attendait qu'il se lance. Andrew lui semblait timide et impressionné par elle. La dernière chose qu'elle voulait était de le voir mal à l'aise. Il se décida enfin à parler.

« Michaëla, maintenant que vous avez repris le travail, j'aimerai vous parler. J'ai pensé qu'avec la naissance encore récente de votre fille, vous auriez peut-être encore besoin de mon aide pendant quelque temps encore ? Cela vous permettrait de prendre du temps pour vous, d'avoir un matin de libre, ou une après-midi que vous pourriez passer avec votre merveilleux bébé. Qu'en pensez-vous ? »

« Je vous remercie de cette proposition et j'accepte. D'ailleurs, aujourd'hui, je voudrai partir plus tôt, Sully rentre à la maison. »

« D'accord. »

C'était aussi facile que cela, pensa-t-elle, peut-être même trop facile ? Pourquoi accepter de l'aide était-il aussi difficile ? Elle avait eu tellement de mal à se faire accepter en tant que femme médecin qu'elle craignait certainement qu'il lui prenne sa place.

Pourtant, la majorité des habitants s'étaient habitués à elle, et préférait venir la voir à la place du docteur Cook mais en deux ou trois jours, pouvait-elle vraiment se persuader qu'ils la préféraient elle.

Malgré l'aide du docteur Cook, Michaëla se sentait inquiète et son pressentiment était de plus en plus fort. Elle essaya de se concentrer sur ses patients et cela l'aida à passer quelques heures sans trop penser à Sully.

A midi, Dorothy vint la chercher pour manger avec elle. Elle accepta car cela lui permettait de surveiller leur amie Grace, maintenant enceinte de six mois.

 

La jeune femme restauratrice semblait se fatiguer plus vite qu'habituellement même si elle ne l'admettrait pour rien au monde. Michaëla voulait juste la mettre en garde pour la santé de son enfant à venir. Elle lui demanda de s'asseoir avec elle et Dorothy, ce qu'elle fit après s'être assurée que tout le monde soit servi.

« Vous vous sentez bien, Grace ? »

« Mais oui, bien sûr. »

« Permettez-moi d'insister et de vous donner des conseils, Grace. Vous êtes fatiguée, cela se voit et vous n'avez pas besoin d'essayer de le cacher. Ne commettez pas l'erreur que j'ai commise quand j'étais enceinte. Vous avez tellement désiré ce bébé, alors ne vous mettez pas en danger ni lui non plus. S'il vous plait, demandez à votre assistante de travailler plus souvent. »

« Docteur Mike, je vais très bien. La fatigue que je ressens est normale et je peux continuer à travailler. J'ai vu le docteur Cook et il m'a dit que tout allait bien. » « Ça fait combien de temps ? »

« Trois semaines. »

« Ça a pu changer depuis. Je ne dis pas que votre bébé est en danger pour l'instant mais vous êtes à un stade où votre grossesse vous fatigue encore plus. Vous devez vous faire plus aidée par votre assistante. »

« J'ai lutté autant pour construire ce restaurant et le faire tenir que vous pour vous établir en tant que femme médecin. Je ne veux pas perdre mes clients ! »

« Je sais ce que vous ressentez, Grace, je sais. »

Dorothy comprit enfin l'autre raison du désespoir de sa meilleure amie. Par le biais de cette conversation, elle avait perçu ce mystère-là. Michaëla ne savait plus quoi dire pour essayer de convaincre la restauratrice de se reposer.

Elle savait ce que Grace ressentait, parce qu'elle avait les mêmes sentiments en ce moment. Mais, elle ne pouvait pas confier cela à personne, Sully ne pourrait pas comprendre, Dorothy non plus. Pourquoi Michaëla se sentait-elle aussi désespérée ?

Elle avait l'impression que quelque chose se passait en ce moment-même pour son mari, qu'il était en danger en quelque part. Cette impression était-elle vrai ou non ?

Chapitre 10 : Danger imminent.

Une fois deux des trois hommes sortis de l'enclos à marchandises, Sully se servit du couteau laissé par son frère Cheyenne près de lui pour défaire ses liens le plus rapidement possible tout en essayant de ne pas se faire remarquer par le troisième homme.

Ses liens étaient défaits, il se jeta par surprise sur le brigand resté sur place pour les surveiller et se battit avec lui jusqu'à ce qu'il soit assommé. Après, il coupa la corde retenant les pieds et les mains de Nuage Dansant et se dirigea vers le wagon où se trouvait le conducteur. À ce moment-là, il sentit que le train changeait de voie.

En plus d'être attaqué, le chemin de fer était aussi détourné. De plus, le train ne ralentissait pas, il fallait agir vite. Une fois près des machines, Sully vit les deux hommes en question qui se battaient avec le conducteur et il en vit un qui sauta par-dessus bord et le conducteur fut tué par une balle d'un des hommes.

Il fallait qu'il intervienne. Il sauta avec agilité et se battit un moment avant d'arriver à prendre l'avantage et à entraîner sa chute par-dessus bord. Maintenant, il avait la lourde tâche d'essayer d'arrêter le train et il ne savait pas où se trouvait le frein.

Il tenta de tirer une manette et se brûla la main mais il eut de la chance, c'était la bonne, seulement, il était un peu tard, il voyait devant lui la fin de la voie. Dans sa tête, défila des images de sa femme et de sa fille.

Que se passerait-il s'il n'arrivait pas à arrêter le train à temps ?

Il ne voulait pas que sa vie s'arrête comme ça sans qu'il puisse les revoir et les serrer dans ses bras.

Il refusait de mourir comme ça !

Jusqu'au bout, il se battrait !

Il entendit le crissement de freins sur les rails mais le train sortait de la voie ferrée et le précipice n'était pas loin. Il ferma les yeux en continuant de donner toutes ses forces pour essayer d'arrêter l'engin.

Il fallait qu'il y parvienne. Des cris lui parvenaient de l'intérieur des wagons réservés aux passagers. La peur les envahissaient tous un par un.

Les images que Sully essayaient d'oublier lui revinrent soudainement. Il tenta de se secouer pour se concentrer sur sa mission : sauver les passagers de ce train et se sauver lui-même mais ce fut peine perdue. A ce moment-là, il pensait vraiment que sa vie allait s'arrêter. Son passé défilait devant ses yeux. Il se souvenait très bien du jour où il avait avoué son amour à Michaëla.

Il avait décidé de faire le voyage jusqu'à Boston même s'il avait fallu qu'il reparte vers Colorado Springs pour lui faire part de ses sentiments, mais elle était revenue auprès de lui, c'était la meilleure des preuves d'amour. Il se rappelait du jour où, dans une suerie, il lui avait fait sa demande en mariage et qu'elle avait dit oui. Et leurs longues fiançailles, ainsi que leur magnifique mariage. Ce merveilleux jour où leur amour avait été béni par le révérend était inscrit dans sa mémoire et il s'en rappelait chaque détail avec une clarté étonnante.

En devenant son épouse, elle avait fait le choix d'une vie simple à Colorado Springs, contraire à ce qu'elle aurait peut-être vécu à Boston et ce choix, elle l'avait fait par amour pour lui. Qu'elle était belle et magnifique ce jour-là : il la revoyait marcher vers lui avec son voile de mariée devant son visage. Elle avait su réveiller cette flamme de désir qui sommeillait en lui depuis qu'ils s'étaient avoué leur amour et qu'ils avaient décider de s'unir.

Elle lui avait donné ce qu'elle avait de plus cher à lui offrir, qu'elle ne pouvait offrir qu'à un seul homme et il ne l'en aimait que d'avantage.

Même s'il avait été entreprenant dès leur entrée dans leur wagon réservé pour eux, elle avait répondu à ses attentes et avait été plus sensuelle qu'il s'y attendait !

Depuis ce jour où enfin leur amour était béni, ils n'avaient cessé d'espérer qu'un enfant viendrait prouver leur amour au monde, et maintenant, ils avaient Katie !

Chapitre 11 : Attente et décision

Michaëla attendait patiemment que le train arrivant de Denver s'arrête. Mais aucun nuage de fumée n'était visible dans la distance. Cela inquiétait de plus en plus la jeune femme. Elle avait demandé à Horace si le train serait à l'heure et il lui avait répondu que oui.

Elle commençait à douter de la sincérité du télégraphiste parce qu'elle avait remarqué qu'il semblait dans un autre monde depuis plusieurs jours, en fait depuis le départ de Myra pour Saint-Louis. Elle retourna vers lui et décida de lui apporter son soutien.

« Horace ? »

« Docteur Mike, je suppose que vous voulez savoir si j'ai des nouvelles du train ? Je suis désolé, je n'en ai pas ! »

« Je me fais du souci pour vous, Horace. »

« Pas vous, je vous en prie, Docteur Mike. J'ai bien vu que les habitants étaient gentils avec moi et qu'ils avaient pitié mais vous croyez que je n'ai pas compris que Myra ne reviendra jamais. »

« Je suis désolée, Horace, mais je sais ce que vous ressentez. Vous vous demandez à quoi sert votre vie. »

« Vous savez ? Quand avez-vous ressenti ce sentiment ? »

« A la mort de mon père. Je me sentais désespérée et je n'avais personne à qui parler, pas même à ma mère. C'est pour cela que je suis venue jusqu'ici. Après la tristesse, j'ai laissé la place à la sérénité, c'est la seule solution. Si vous voulez en parler, je suis disponible. »

« C'est vrai, j'aimerai beaucoup ! »

L'attention du télégraphiste revint vers le télégraphe d'où provenait des sons. Il écouta attentivement pour arriver à décrypter le message.

« Un train a déraillé ! »

« C'est celui de Sully ? »

Il lui fit signe de se taire pour qu'il puisse comprendre si c'était ça ou non.

« J'en ai bien peur ! » Dit-il.

« Oh mon Dieu ! » S'exclama Michaëla.

Elle courut dans la direction de la clinique après avoir remercié Horace, qui lui avait fait part de sa compassion. Elle avait pris une décision durant sa course, et elle allait en avertir Andrew. Elle entra dans le cabinet médical et commença à réunir tout ce dont elle aurait besoin là-bas potentiellement, observée par Andrew, qui ne savait pas comment lui demander ce qu'il se passait.

Ce fut finalement elle qui annonça la nouvelle.

« Le train venant de Denver a déraillé. Nous devons aller sur place pour voir si nous pouvons apporter des secours. »

« Vous savez s'il y a des blessés ? » Demanda Colleen, qui avait entendu les paroles de sa mère, en descendant après avoir été cherché Katie.

« Non, mais je pense qu'il doit y en avoir. »

Mis au courant par Horace, Matthew entra sans frapper.

« J'ai demandé à RobertE de préparer des chevaux pour partir dès que vous serez prêts. »

« Des chevaux ? » Demanda le Dr Cook avec appréhension.

« Non. Matthew, demande à Robert E de préparer aussi un chariot, nous pourrons transporter plus de choses. Vous et Colleen viendrez comme ça ! »

« Jake est prêt aussi à partir ! »

« Son aide sera bienvenue. Colleen, tu demanderas à Grace de venir avec Katie. »

« D'accord, maman. »

Une fois ses affaires vraiment prêtes, elle sortit et trouva Jake déjà à cheval. Matthew était parti pour Denver pour essayer de trouver de l'aide supplémentaire. Jake et Michaëla partirent enfin en direction de la région accidentée dont ils ne savaient pas le lieu exact.

Michaëla se surprit à penser, pendant le trajet, à Sully. Etait-il encore vivant ? Etait-il blessé gravement ?

Quelque chose lui disait au fond de son coeur qu'il était vivant. Si c'était le cas, elle savait qu'il ferait tout pour aider les blessés et se mettrait en danger pour cela mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, c'est quelque chose qu'ils avaient en commun ! Quand elle avait appris que le train avait déraillé, avait-elle hésité avant de se lancer à leur secours ?

 

Chapitre 12 : Doutes

Plus elle avançait, plus elle doutait de trouver le train. Seulement, cela faisait déjà deux heures qu'ils chevauchaient sans savoir où se diriger exactement. Ils étaient partis sans réfléchir et sans demander plus de détails. La seule information qu'ils avaient eu était que le train avait déraillé quelque part entre Denver et Colorado Springs.

Jake et Michaëla commençaient à regretter d'être partis sans plus de détails. Le docteur Mike d'autant plus parce qu'elle ne savait pas ce qu'il l'attendait exactement. Juste au moment où elle perdait espoir, elle eut l'idée de suivre les rails.

Jake la suivit sans comprendre pourquoi elle agissait ainsi mais il n'osait pas poser des questions ayant peur de la peiner. Lui aussi savait que Sully était dans ce train, Dorothy avait pris soin de lui dire et il doutait pour le jeune homme.

Pourvu qu'il ne soit pas mort dans cet accident. Il était seul avec le docteur Mike et ne savait pas comment il pourrait la soutenir dans cette situation. Elle était étrangement silencieuse, comme si elle pensait la même chose que lui. Tout à coup, elle vit de la fumée et sentit son espoir renaître.

Pourtant, plus elle s'approchait, plus la fumée et la vue qui l'attendait la troublait au plus haut point.

Combien de personnes allaient mourir, si ce n'était pas déjà le cas, par la faute de plusieurs hommes en colère ou voulant récupérer de l'argent ?

Combien d'enfants étaient concernés ?

« Mon Dieu, faites qu'il n'y ait pas d'enfants ! »

En approchant, elle vit beaucoup de corps au sol ? Était-ce des morts ou des blessés ? Sully en faisait-il parti ?

Beaucoup trop de questions sans réponses claires ! Elle poussa son cheval plus en avant du lieu de la catastrophe. Tout fut enfin sous ses yeux mais pour quel prix ! Les cris des survivants, des pleurs et la senteur de la fumée la glacèrent d'effroi ? Mais, elle n'hésita pas un seul hésitant et descendit du cheval pour porter secours aux plus blessés.

Restait maintenant à déterminer quelles personnes il fallait traiter en priorité, elle l'expliqua à Jake. Mais, elle était occupée plus qu'à rechercher les urgences, elle cherchait quelqu'un des yeux et ne le voyait pas. Pourtant, un personne avait transportée tous ses blessés en dehors du train ? Elle avait besoin de voir ce visage qu'elle aimait tant pour enfin avoir confirmation de sa survie. Soudain, elle le vit, mais elle crut que c'était son esprit qui lui jouait des tours. Elle ferma les yeux et les rouvrit et il était toujours pas loin d'elle.

« Sully ! Sully ! »

Il se dirigea en titubant un peu dans la direction de cette voix tant aimée. Alors qu'il courait vers elle, elle vit que son bras était retenu dans son bandana bleu. Il avait été blessé mais il était vivant, c'était l'essentiel !

Elle se jeta dans ses bras, oubliant les personnes qui pouvaient les voir s'enlacer. Elle n'avait pas pu s'en empêcher, elle avait tellement eu peur pour lui. Sully, en retour, et lui aussi soulagé d'être à nouveau avec elle, lui caressa les cheveux tendrement et l'embrassa ensuite sur la bouche.

« Tu es blessé ? »

« Mon bras est juste douloureux, je ne sais pas si c'est cassé ou pas mais ça peut attendre. Il y a plus grave que moi ! »

« Et Nuage Dansant ? »

Sully se retourna, cherchant son frère Cheyenne, parmi la foule et fit un signe dans sa direction pour l'attirer vers eux.

Nuage Dansant était lui aussi soulagé de voir Michaëla, lui qui avait tant craint de ne pas pouvoir être à nouveau libre. Elle le serra contre elle, heureuse de le revoir en vie même s'il boitait un peu.

Apparemment, pendant son emprisonnement, il avait subi des mauvais traitements, mais le connaissant, il ne saurait jamais la vérité.

Nuage Dansant avait certainement trop peur des représailles qui pouvaient apporter ses révélations sur ses conditions de détention.

Chapitre 13 : Soins médicaux

Après le soulagement de savoir son mari et son ami en vie, Michaëla avait dû se secouer pour revenir à toutes les autres personnes.

Elle aurait voulu rester à leurs côtés jusqu'à la fin de la journée, et se réjouir avec eux d'être tous réunis mais ce n'était pas possible. Elle alla en direction d'un groupe, puis d'un autre, essayant de déterminer quelles étaient les urgences. Alors qu'elle se remettait en mode médecin et soignait les plus blessés, elle entendit un chariot arriver dans leur direction.

Elle espérait que c'était Colleen et Andrew, parce qu'elle connaissait à se sentir dépassée et avait réellement besoin d'aide. Elle souffla intérieurement et alla vers eux.

« Enfin, vous voilà ! »

Andrew alla vers elle immédiatement afin de l'aider au mieux. Elle lui expliqua qu'il fallait s'occuper des urgences en premier et lui annonça que Jake et Colleen soigneraient les petites blessures. Le docteur Cook fut surpris par cette annonce.

« Mais il est coiffeur, il n'est pas médecin ! »

« Oui, mais il sait recoudre des plaies, nous ne pouvons pas nous permettre de nous passer de ses services. »

Elle était agenouillée auprès d'un homme qui, selon elle, avait besoin d'elle après cet incident où elle avait fait comprendre à Andrew qu'elle se passerait de ses commentaires.

Mais cet homme, qu'elle regardait de près, était déjà mort. Juste au moment où elle se relevait, elle entendit la voix de Sully qui l'appelait. Elle se demanda ce qu'il se passait, si Sully l'appelait de cette manière, c'est que c'était réellement important.

« Que se passe-t-il ? » Lui demanda-t-elle quand elle fut auprès de lui.

« Cet homme a mal au ventre, je pense qu'il doit avoir besoin de tes soins. »

 

« Merci », dit-elle.

Elle ausculta le patient, en essayant de déterminer les raisons des ses douleurs.

« Un poêle m'est tombé sur le ventre. J'ai très mal. Où est le docteur ? »

« Je suis docteur », dit Michaëla.

« Je veux le docteur », répéta le blessé encore une fois, comme s'il n'avait pas entendu les dernières paroles du docteur Mike.

« Elle est médecin », dit Andrew pour la rassurer.

Michaëla examina enfin son patient pour déterminer l'origine de ses douleurs. Puis, elle dit d'un ton d'urgence.

« Il va falloir opérer ! Je pense que la rat a éclatée sous le choc. »

« Quoi ! S'écria le docteur Cook. Vous n'êtes pas sûre que ce soit le cas ! Il peut très bien s'agir de ses côtes. »

« Je sais ce que je fais ! »

« Vous ne pouvez pas opérer dans ces conditions ! »

« Il faut prévoir le pire et il faut opérer ! J'en ai déjà pratiquer plusieurs dans les mêmes conditions ! Alors, soit vous m'aidez, soit vous allez chercher Colleen pour qu'elle m'assiste et vous vous occuperez des petites blessures avec Jake ! »

Il arrêta de lui faire part de ses réserves et accepta de l'aider. Sully se leva aussitôt après avoir observé cet échange entre les deux. Après quoi, l'opération eut enfin lieu et ce fut la théorie de Michaëla qui s'avéra être vraie. Encore une fois, elle avait bien fait de prévoir le pire.

Andrew reconnut son professionnalisme et s'excusa auprès d'elle de son comportement. Sully vint auprès d'eux quand il sut que c'était fini et que Colleen fut à leurs côtés aussi.

« Tout s'est bien passé ? » Demanda Sully.

« Oui et ton bras, je n'ai pas encore eut le temps de te soigner. »

« Ne t'inquiètes pas, tout va bien, Colleen s'en est occupé. Il n'y a rien de cassé. Et Katie ? »

Chapitre 14 : Apaisement

« Katie est avec Grace. »

« Elle doit avoir ! » Remarqua Michaëla.

Enfin, elle souffla après avoir été sur les nerfs tout au long des soins qu'elle avait dispensé à ceux qui en avaient besoin. Retrouver sa fille semblait être la chose qui la calmerait et la remettrait de toutes ses émotions.

Elle n'avait pas cessé de penser à Katie tout au long de son travail, et elle était enfin soulagée de pouvoir aller la retrouver. De plus, son mari était aussi là pour profiter de ce moment après cette attaque. Main dans la main, ils se dirigèrent ensemble vers Grace, qui tenait leur fille dans ses bras.

Katie semblait calme mais elle était éveillée. Michaëla la prit dans ses bras et alla s'installer avec Sully, un peu plus loin, afin d'être plus tranquille pour veiller sur leur bébé.

Ainsi, Michaëla se cachait au mieux possible des regards des personnes qui avaient pris ce train.

Elle allaitait Katie, seulement observée amoureusement par son mari. Il se passa un long moment où ils étaient complètement absorbés dans la contemplation de leur fille.

Puis, une fois la tétée prise, Michaëla s'arrangea pour se rhabiller correctement et garda sa fille dans ses bras. Sully posa sa main sur le bébé et la caressa tendrement.

Ces gestes simples et affectueux envers sa fille, lui avaient manqué durant cette courte période durant laquelle ils avaient été séparés. Mais, étant donné la situation, cela faisait comme si c'était des mois qui s'étaient passés à la place de deux jours. Alors qu'ils étaient tous les deux plongés dans l'observation de leur bébé, Nuage Dansant s'approcha d'eux pour partager un peu de leur bonheur.

« Tout va bien ? » Demanda-t-il.

« Oui. Tu veux la prendre dans tes bras ? »

Le Cheyenne acquiesça et le docteur Mike lui confia Katie.

« Tu avais raison, mon frère, elle a grandi pendant mon absence. Je crois qu'elle a tes yeux et qu'elle a le nez de Michaëla. »

La jeune femme lui sourit en guise de remerciement. Enfin, ils étaient tous réunis et pouvaient passer un moment ensemble sans avoir besoin de faire autre chose. Ils savaient que ce n'était qu'un moment de court répit.

Il fallait attendre qu'un train prenne en charge les nombreux blessés pour aller à l'hôpital de Denver. Et Nuage Dansant profitait de cet instant passé avec ses amis parce qu'il ne savait pas s'il pourrait venir les voir aussi souvent qu'ils le souhaitaient.

Sully éprouvait le même sentiment que son frère Cheyenne. Il ne savait s'il pourrait tenir son engagement de rester à distance des affaires indiennes, surtout si Nuage Dansant était la cible des soldats de la nouvelle réserve.

Michaëla se posait cette même question, tout en ne sachant pas la totalité de l'accord passé entre Hazen et son mari.

Qu'adviendrait-il si jamais quelque chose de grave arrivait à Spencer Lake ? Son mari, soucieux de l'avenir du peuple qui l'avait sauvé d'une mort certaine, ferait tout pour l'aider, elle le savait et elle l'accpetait. Mais ils devaient maintenant penser à leur fille !

Sans compter qu'elle essayait toujours de trouver l'équilibre entre son métier et sa famille.

Elle aimait faire les deux : s'occuper de sa fille et de ses patients.

Comment pouvait-elle concilier les deux sans en négliger pour autant quelqu'un ? Et elle s'inquiétait pour Sully ?

Elle était consciente du fait qu'elle le négligeait un peu en ce moment, surtout depuis la naissance de Katie. Il était content d'avoir un bébé et elle s'en était rendue compte dans la manière dont il s'occupait d'elle mais elle avait vu ce regard de nostalgie dans son regard.

Chapitre 15 : Retour

Enfin, les secours de Denver étaient arrivés et le train avaient pris tous les passagers. Michaëla, Sully et les autres pouvaient enfin rentre en ville.

Cependant, la jeune femme fut surprise de constater que Sully n'avait décidé d'emmener Nuage Dansant à Spencer Lake que le lendemain. Elle pensait que pour la sécurité de tous, il était mieux de le conduire immédiatement vers son nouveau refuge et lieu de vie.

Aussi, elle prit quelques minutes pour parler à Sully en tête à tête après avoir laissé Katie sous la bonne garde de Grace.

« Que se passe-t-il ? » Lui demanda-t-il.

« Ne crois-tu pas que tu devrais accompagner Nuage Dansanr à la nouvelle réserve aujourd'hui ? »

« Pourquoi ? Les soldats doivent être au courant de l'accident et ils s'attendent à ne le voir arriver que demain. Tu pourrais peut-être dire aussi que son état a nécessité des soins particuliers dans ta clinique ? » La supplia-t-il. Michaëla réfléchit à sa demande pendant un moment et abonda dans son sens.

Elle savait que le sort de Nuage Dansant, surtout vis à vis de ce qui l'attendait à la nouvelle réserve inquiétait son mari au plus haut point.

Elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour rassurer son époux afin de l'aider à mieux vivre cette situation difficile. Comprenant que Michaëla savait pourquoi il agissait de la sorte, Sully la prit dans ses bras dans une étreinte de remerciement.

Il rêvait de pouvoir l'embrasser pour lui communiquer son amour sans concession mais il ne pouvait pas le faire devant autant de personnes. Plus tard, il serait là pour elle était là pour lui, il se le promit. Enfin, il se détacha d'elle, étant observé de loin sans le savoir par Nuage Dansant. Le Cheyenne que le couple avait besoin de se retrouver seul après cette épreuve terrible qu'ils venaient de traverser.

Il souhaitait aller à Spencer Lake tout de suite mais il savait que Sully ne serait pas d'accord alors il se taisait et le laissait agir à sa guise. Il se demandait si le message qu'il avait reçu des Esprits se révèleraient vrai.

Bien sûr, il n'avait pas vu cet accident dans lequel lui et Sully seraient pris. Il avait juste eu quelque chose de pas très grave à ce propos. Mais il y avait autre chose qui faisait faire du souci à Nuage Dansant. Une autre vision lui était venu au moment où il tenait Katie dans ses bras et cette vision concernait Michaëla. Une épreuve l'attendait mais le Cheyenne ne savait pas de quoi il s'agissait. Donc, il ne parlerait pas à qui que ce soit de cette épreuve parce qu'il n'avait pas plus d'éléments sur ça.

Michaëla et Sully se rapprochaient enfin du groupe et il les rejoignit. Le Dr Mike prit sa fille dans ses bras et Nuage Dansant, en l'observant attentivement, put déceler des larmes prêtes à couler dans les yeux de la jeune femme. Sully ne semblait pas avoir remarqué.

Mais quoi de plus normal ! Les larmes de Michaëla pouvaient s'expliquer par la peur qu'elle avait ressenti de perdre son mari dans cet accident mais il y avait autre chose.

« Tout va bien ? » Demanda l'Homme médecine.

« Oui, tout va bien. » Dit Sully.

Le Cheyenne fit comprendre à son frère blanc que ce n'était pas à lui qu'il posait des questions et le jeune papa tourna le regard en direction de sa femme et s'aperçut enfin de sa détresse.

Elle ne pleurait pas mais ses yeux étaient remplis de larmes contenues. Ce n'était pas l'endroit pour la consoler pourtant, il aurait aimé le faire. Il envoya un regard inquiet vers Nuage Dansant.

« Nous ferions mieux de rentrer, décida Sully. »

Il conduisit sa femme vers le chariot, en passant sa main derrière sa taille et en la tenant proche, comme pour lui communiquer son amour mais elle ne réagit même pas à son approche.

Chapitre 16 : A la clinique

Le trajet de retour en ville s'était passé dans un silence religieux. Ils étaient tous installés dans la clinique. Sully était allé chercher de quoi manger chez Grace, qui, un peu fatiguée par le voyage et sa grossesse, avait quand même trouvé le courage de préparer quelque chose.

Sully avait d'ailleurs fait part de l'état un peu inquiétant de la jeune restauratrice aux deux docteurs présents à la clinique. Si Andrew avait réagi immédiatement, en disant qu'il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour examiner la future maman, Michaëla, elle n'avait pas réagi et cela était contraire à ses habitudes.

Sully ne savait pas comment engager la conversation avec elle pour qu'elle arrive à se confier à lui chose pas facile pour elle.
Il se demandait si le fait de s'installer à sur son lieu de travail pour la nuit était la bonne solution pour cela. Pour qu'elle lui avoue ce qui l'inquiétait, il fallait qu'ils soient seuls tous les deux à la maison, pas dans la clinique, avec Nuage Dansant et Andrew dans les parages.

Le repas s'était donc déroulé dans le plus grand silence aussi.
Les trois hommes, Sully, Andrew et Nuage Dansant, se regardèrent à tout de rôle, même le docteur Cook avait compris que Michaëla n'était pas dans son état normal.

Après cette épreuve et cette vision, qui le serait ? Lui aussi avait été choqué par ces blessés et ces morts mais c'était un homme et il n'avait pas eu peur de perdre quelqu'un de cher à son cœur, quoique ?

C'était difficile d'imaginer ce qu'elle ressentait. Elle-même ne le savait pas vraiment.
Elle voyait bien des regards inquiets de ses compagnons de repas (Matthew, Colleen et Brian étaient à la maison), mais elle ne pouvait pas leur donner d'explication pour l'instant.

Une fois leur repas fini, Sully garda les assiettes qu'il se promit de rapporter à Grace le lendemain.
Michaëla monta dans une chambre pour rejoindre Katie en s'excusant auprès des hommes en leur disant qu'elle était fatiguée.
Sully voulut la rejoindre mais il ne savait pas comment réagirait les autres.

Nuage Dansant décida aussitôt de monter se reposer et fit un signe de tête à Sully pour lui faire comprendre qu'il devait aller avec Michaëla.
Andrew aussi décida d'aller dans sa chambre.
Donc, le jeune papa put enfin aller avec sa femme à son grand soulagement.
Il entra dans la chambre où elle se trouvait et alla auprès d'elle immédiatement.
Michaëla était assise dans le lit en chemise de nuit avec Katie dans ses bras. Elle l'avait certainement allaitée parce que les boutons de son vêtement étaient bien fermés et que Katie dormait profondément.
Elle semblait perdue dans ses pensées. Sully alla s'asseoir à ses côtés et prit discrètement Katie dans ses bras pour la reposer dans son berceau improvisé.
Michaëla sursauta et regarda son mari sans dire quoi que ce soit.
Une fois leur bébé posée dans le berceau, Sully se mit au lit avec elle et la prit dans ses bras pour lui faire savoir une fois de plus qu'il était à ses côtés.

« Dis-moi ce qui ne va pas ! »

« Je suis heureuse que tu sois de nouveau avec moi. »

« Ce n'est pas ce que je te demande. Je sais que tu es bouleversée par ce qu'il s'est passé aujourd'hui et tu devrais m'en parler. »

« Il n'y a rien à dire ! Tu es auprès de moi maintenant. »

« Michaëla, dis-moi ce qui ne va pas ! » Insista-t-il.

Elle le regarda dans les yeux et il put y voir des larmes prêtes à couler sur les joues.

Elle enroula ses bras autour de ses épaules, se serrant contre lui, tout en cherchant du réconfort. Puis, il sentit ses larmes sur sa chemise et lui caressa tendrement les cheveux.

Devant tout le monde, Michaëla pouvait paraître froid et très forte mais il connaissait, lui, sa face cachée. Cette fragilité qu'elle cachait au plus profond d'elle-même ressurgissait.

« Je suis là, avec toi, maintenant. Nous ne serons jamais séparés, je te promets. »
Pourrait-il tenir cette promesse ? Pourrait-il ne jamais se séparer d'elle et rester toujours à ses côtés ?

Chapitre 17 : Nouvelle vie

Le lendemain, pourtant, Sully devait absolument accompagner Nuage Dansant à Spencer Lake. Les enfants étaient venus les rejoindre au petit matin à la clinique et eurent ainsi l'occasion de passer du temps avec l'homme médecine.

Puis, ce fut le temps des au-revoirs, et ils se mirent en route pour la réserve. Michaëla avait embrassé Nuage Dansant chaudement avant son départ et lui avait chuchoté à l'oreille son espoir de le revoir bientôt. Sully avait cette même espérance.

Il ne savait pas comment il allait pouvoir supporter le fait de ne pas pouvoir voir son frère aussi souvent qu'il le souhaitait. Qu'est ce qui attendait à Nuage Dansant là-bas ?

Sully ne connaissait pas les nouveaux soldats qui s'étaient installés. Sur la route, ces pensées hantaient les deux hommes sans que l'un d'eux n'ose dévoiler à l'autre son inquiétude.

Sully se souvenait de leur rencontre comme si c'était hier ! Pourtant, ils ne s'étaient pas rencontrés la veille, et tant de choses s'étaient passées depuis.

Les souvenirs du jeune papa refluaient. Après avoir enterré Hannah et Abigail, il avait erré comme un mort vivant sur les routes, sans savoir où il se dirigeait.

Il n'avait qu'une seule envie, attendre que la mort vienne à lui, mais celle-ci ne se décider pas à venir ! Jusqu'où avait-il marché ?

Il ne s'en souvenait plus ! Il s'était certainement perdu !

De toute façon, les habitants de la ville ne se soucieraient pas de lui. Loren le détestait d'avoir causé le décès d'Abigail et il n'avait pas vraiment eu beaucoup d'amis. Il ne se souvenait pas non plus pourquoi il n'avait pas senti les premiers flocons de neige lui tomber dessus.

Non, ce dont il se rappelait, c'est de cette solitude pesante qui s'était abattue sur lui à ce moment-là et c'est pour cette raison qu'il s'était laissé tomber dans la neige. Il avait regardé le ciel mais celui-ci était voilà et ne laissait pas filtrer un seul nuage. Tout semblait se passer sans que lui ne réagisse.

Nuage Dansant lui avait ensuite raconté ce qu'il s'était passé par la suite parce que lui n'en gardait aucun souvenir.

Le Cheyenne l'avait trouvé dans la neige mal en point et l'avait transporté à la réserve indienne pour le soigner. Il s'était occupé de lui nuit et jour afin qu'il recouvre la santé et il l'avait recouverte au fil du temps. Cependant, dans son cœur, il y avait toujours, à ce moment-là, cette douleur.

Quand Sully avait enfin confiance en l'homme médecine, il lui avait raconté ses malheurs, lui apprenant en même temps la langue anglaise et Sully en apprenant le Cheyenne. Sully avait vécu un long moment auprès de la tribu, dont le chef Bison blanc, l'avait accueilli à bras ouverts. Il s'était senti de leur peuple !

A cette époque-là, il ne savait pas encore comment il pourrait les remercier de l'avoir remis sur le chemin de la vie, ce n'est que maintenant qu'il comprenait.

Les cheveux longs et les vêtements en peau de daim sur lui, il avait commencé ce qu'il appelait encore aujourd'hui sa nouvelle vie. Il se secoua, il ne devait pas penser aux jours sombres qui avaient emmenées à la rencontre avec Nuage Dansant, il devait juste continuer à œuvrer pour ce peuple.

Après la disparition d'une partie de la tribu lors du massacre de Washita quelque chose avait disparu chez lui.

Toute une partie morte par la faute d'un homme ! Nuage Dansant avait ensuite eu une phase de rébellion où il avait décidé de rejoindre les Renégats mais cela n'avait pas duré longtemps avant qu'il ne s'aperçoive qu'il avait fait un mauvais choix.

Enfin revenu au moment présent, Sully s'aperçut qu'ils arrivaient vers la nouvelle réserve et qu'il était peut-être temps pour lui de s'arrêter. Il n'avait pas le droit d'entrer.

« Je te laisse là ! » Dit-il sans en rajouter plus.

« C'est moi qui viendrais te voir, je te le promets. »

Il serra la main de son frère de manière chaleureuse et fit son chemin vers son nouvel endroit de vie sans se retourner. Sully le regarda et se dit que plus rien ne serait comme avant.

Chapitre 18 : L'amour des proches

Les larmes aux yeux, Sully avait fait faire demi-tour à son cheval et avait repris le chemin de la maison. Non, il ne voulait pas donner libre cours à son chagrin.

Que penserait Michaëla si elle le voyait dans cet état ? Peut-être le prendrait-elle dans ses bras et le consolerait-elle ?

Il fit accélérer les chevaux pour arriver au plus vite chez lui. Michaëla ne travaillait pas ce jour-là et elle avait dû rentrer à la maison pour attendre son retour et il se l'avouait, il avait besoin de la voir et de la serrer dans ses bras. Plus il approchait, plus la fumée de la cheminée venait lui titiller les narines.

Il y avait bien quelqu'un à l'intérieur et il devait s'agir de Michaëla. Il arrêta le chariot et vit Matthew sortir de la maison.

« Je n'en ai pas pour longtemps, docteur Mike. »

« Prends ton temps, Mathhew. » Lui cria-t-elle en fermant la porte derrière lui.

« Sully, tu es déjà revenu ? » Demanda le jeune shérif à l'ancien agent indien.

« Oui, je voulais être auprès de ta mère le plus vite possible et toi ? »

« J'ai senti qu'elle ne devait pas être seule, alors je suis resté avec elle. Je dois aller en ville chercher des choses chez Loren. »

« Vas-y, je vais m'occuper d'elle ! »

« Elle va être contente de te voir déjà de retour. Je crois qu'elle s'inquiétait pour toi. »

« Je vais aller la rassurer. Tu peux partir tranquille. »

Matthew acquiesça et partit en direction de la ville.

Sully entra dans la maison et chercha Michaëla du regard. Elle n'était pas dans la cuisine car elle l'aurait certainement vu en train de parler avec le shérif.

Peut-être était-elle à l'étage ? Il opta pour cette solution et alla dans leur chambre.

Effectivement, elle était là en train de coucher Katie pour sa sieste. Elle lui parlait et n'avait en rien remarqué la présence de son mari. Il faut dire qu'il se faisait discret et souhaitait l'observer à son insu afin de savoir ce qui la tracassait.

« Tu sais, Katie, je suis sûre que tu auras l'occasion de connaître Nuage Dansant. Ton papa fer tout pour les aider, je le sais. J'aimerai tellement que tout le monde s'aperçoive que Nuage Dansant n'est pas dangereux et qu'il ne fera de mal à personne. Pourtant, l'armée l'a cru et en a fait un exemple. »

Elle embrassa sa fille et continua son monologue.

« Ton papa te racontera des histoires de ce peuple si cher à nos yeux. »

Sully, attendri par la vue de sa femme qui parlait à sa fille, n'osait pas faire connaître sa présence. Il entra quand même dans la chambre et posa sa main sur l'épaule de Michaëla ?

Il ne voulait pas qu'elle se rende compte qu'il la surveillait. Pourtant, quand elle se retourna vers lui, elle vit immédiatement qu'il avait entendu ce qu'elle disait à Katie. Pas besoin de s'expliquer, ils s'étaient compris en un seul regard.

« Elle dort ? »

« Oui, elle vient de s'endormir. Ça s'est bien passé ? »

« Oui. Il doit être installé à cette heure-ci. Comme tu le disais, nous aurons l'occasion de le revoir et que Katie le connaisse réellement. »

« Tu as vu Matthew ? » Demanda-t-elle.

« Oui, il allait en ville. Je crois qu'il a été rassuré de voir que je revenais. Il m'a dit que tu avais besoin de compagnie et que tu étais inquiète. »

« Je suis rassurée, maintenant que tu es revenu. »

Sully se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras pour la réconforter. Il y avait encore quelque chose dans son attitude qui le troublait.

Elle ne voulait pas lui dire qu'elle était inquiète et qu'elle était triste mais il le sentait. Ce n'était pas par manque de confiance en lui qu'elle agissait ainsi mais à cause d'autre chose.

Il la conduisit jusqu'au lit et s'allongea avec elle tout en la prenant dans ses bras à nouveau dans ses bras et en l'embrassant sur le front. Que pouvait-il faire ou dire pour l'aider ?

Chapitre 19 : Éloignement

Dans les jours qui suivirent, Sully sentit Michaëla s'éloigner de lui petit à petit. Bien sûr, il y avait toujours des baisers échangés entre eux, mais ce n'était pas comme avant le déraillement du train.

Plus Sully essayait de parler à sa femme, plus elle se renfermait sur elle-même. Elle passait son temps à réconforter Katie et à la cajoler sans accorder cette même attention à Sully.

Depuis quelques jours, elle pleurait aussi pour un rien. Dorothy, sa meilleure amie, l'avait trouvée en larmes à la clinique, alors qu'elles avaient prévu de se rejoindre pour le déjeuner.

Quand la journaliste avait essayé de recueillir ses confessions, Michaëla avait détourné les yeux pour se concentrer sur Katie. Dorothy en avait d'ailleurs parlé avec Sully et ainsi, il avait eu la preuve que Michaëla agissait de la même sorte avec tout le monde.

Il y avait eu des jours où il avait juste envie de la secouer et de la faire réagir mais ce n'était pas sa façon d'agir habituelle. Pour l'instant, il la laissait agir à sa guise sans rien dire en attendant qu'elle se rende compte de son attitude envers lui, ce qui n'était pas encore le cas.

Ce jour-là, ce fut Andrew qui s'inquiéta de son état.

« Il y a quelque chose qui ne va pas ? Vous voulez m'en parler ? »

« Non, je vous assure que tout va bien, Andrew, je suis juste un peu fatiguée. »

« Vous en êtes sûre ? »

« Oui, bien sûr. »

« Dans ce cas-là, vous pouvez rentrer chez vous. Je m'occuperai de vos patients. » « Non, ce n'est pas la peine, Andrew. »

« Si, j'insiste, rentrez chez vous et reposez-vous bien ! »

Juste au moment où il prononçait cette phrase, Sully entra dans la clinique et se demanda ce qu'il se passait pour qu'Andrew dise cela.

« Que se passe-t-il ici ? »

« Je disais à Michaëla que je la trouvais fatiguée et qu'il valait mieux qu'elle rentre à la maison. »

« Ça fait quelques jours qu'elle est fatiguée, vous pensez que c'est normal ? »

Michaëla posa sa main sur sa bouche en réalisant que Sully se faisait du souci pour elle. En quelque part, elle le comprenait, elle-même n'arrivait pas à comprendre ce qu'il lui arrivait. Pourquoi pleurait-elle pour un rien ?

« Tu viens, lui dit-il en essayant de la faire réagir, Andrew a raison, tu as besoin de repos. Katie est ici ? »

« Non, elle est avec Colleen ? Tu peux aller la chercher ? »

« Oui, bien sûr. Pendant ce temps-là, tu restes assise ici. Vous voulez bien vous en assurer ? » Demanda le docteur Cook.

« Oui. »

Une chance pour lui, Colleen arrivait justement dans la direction de la clinique avec Katie dans le landau. Elle ouvrit la porte au moment où Sully sortit pour aller la chercher. Il lui sourit.

« Ta promenade s'est bien passé ? »

« Oui. Et vous, que faites-vous ici ? »

« Je suis venu chercher ta mère pour rentrer à la maison. Nous attendions ton retour. Je m'occuperai de Katie cette après-midi. »

« Si vous voulez, je peux la garder. »

« Non, ce n'est pas la peine. »

Ils entrèrent enfin et Michaëla sourit en remarquant que Colleen poussait le landau dans sa direction. La tristesse et la fatigue partirent de chez elle pour laisser place à l'amour. Sully remarqua cette métamorphose et en fut heureux mais jaloux en même temps.

Il ne s'expliquait cette jalousie vis-à-vis de sa fille qu'il aimait pourtant de tout son coeur. Il essayerait peut-être de regagner l'attention de sa femme mais il ne savait pas encore comment.

Chapitre 20 : Repos

Chez eux, Sully avait obligé Michaëla à aller se mettre au lit, tout en lui promettant de mettre Katie dans son berceau pour que le bébé puisse faire sa sieste. La jeune maman avait accepté et Sully en avait été heureux.

Maintenant, ils étaient tous les deux dans leur chambre à observer leur fille s'abandonner petit à petit au sommeil.

Michaëla bailla en contemplant sa fille et s'allongea dans le lit quand le bébé fut endormie. Elle se déshabilla et se glissa sous les couvertures. Sully la couvrit et l'embrassa sur le front.

« Essaie de dormir un peu ! »

« Tu restes avec moi ? » S'enquit-elle.

Sully se demanda si c'était une bonne idée parce qu'elle lui manquait sous tous les points et elle s'en apercevrait si elle était proche de lui.

« Allez, viens », insista-t-elle.

Il se coucha à ses côtés tout en l'attirant dans ses bras de façon à ce qu'elle ne sente rien de son désir pour elle. Elle le regarda dans les yeux et savait qu'il essayait de garder ses émotions sous contrôle.

« Que se passe-t-il ? » Lui demanda-t-elle.

« Rien. Ferme les yeux et détends-toi. »

« Je sais que je ne suis pas très présente pour toi, Sully. Mais, je n'arrive pas à trouver un moment. »

« Tu as Katie à t'occuper, c'est normal que tu disposes de moins de temps. Tu sais, si tu as besoin d'aide, tu peux nous demander aux enfants et à moi. Nous serons heureux de t'apporter cette aide. »

« Je le sais mais vous êtes déjà beaucoup là pour moi ! Je ne peux pas en demander plus ! »

« C'est toi qui ne veux pas ! »

« Sully, je te remercie de te soucier de moi, mais tout va bien. »

« Non, tu ne l'avoueras pas parce que tu te rends compte mais il y a quelque chose qui ne va pas. »

Elle le regarda dans les yeux, sachant qu'il avait touché le point sensible.

« Tu le sais que j'ai raison ! »

Il caressa ses longs cheveux avec ses doigts. Il ne voulait pas lui dire ce qu'il souhaitait plus que tout au monde. Ce n'était pas le moment de lui faire part de lui.

« Je t'aime », lui dit-il.

« Je t'aime aussi. »

Elle approcha sa bouche de la sienne en attente d'un baiser qu'il lui offrit bien volontiers. Il posa la tête de sa femme sur son torse et la massa amoureusement. Son massage dura quelques instants avant qu'il se rende compte qu'elle s'était endormie.

« Tu n'étais pas fatiguée ? » Se dit-il en l'observant amoureusement.

Il ne pouvait pas bouger de sa place de peur de la réveiller, et pourtant, il devait essayer de le faire afin d'être en bas si l'un des enfants se décidait à rentrer plus tôt que prévu.

Ce fut le cas, Matthew passa leur apporter des fournitures qu'ils avaient commandé chez Loren. Le jeune shérif aimait leur rendre ce genre de service car il avait besoin de compagnie malgré la présence d'Emma à ses côtés, il se sentait bien seul. Il entra dans la maison et vit Sully, qui était assis autour de la table en train de lire un livre.

« Bonjour ! » Dit-il.

« Bonjour Matthew ! »

« Je vous ai emmené des fournitures que vous aviez commandé chez Loren. » « Merci à toi mais je les aurai prises demain. »

« Non, ça m'occupe et ça me permet de prendre un peu soin de maman. Vous avez réussi à la convaincre de se reposer. »

« Je l'ai obligé à le faire ! »

Matthew se sentit heureux de cela. Lui aussi avait remarqué la fatigue de sa mère et voulait tout mettre en œuvre pour l'aider.

Chapitre 21 : Conseils d'ami

Le lendemain, Sully se trouvait à la forge avec son ami RobertE, qui avait besoin de son aide. Depuis le début de la matinée, RobertE avait remarqué que son ami semblait perdu dans ses pensées. Il aurait aimé qu'il se confie mais il connaissait assez Sully pour savoir qu'il fallait attendre que ça vienne de lui.

Sully n'était pas quelqu'un qui savait se confier, peut-être cela venait-il de sa personnalité et de son passé ?

Le forgeron ne savait pas quoi dire pour essayer de la faire réagir. Aborder le sujet de Grace et de sa grossesse était peut-être la bonne solution.

« Grace se sent de plus en plus fatiguée, ces derniers temps et j'ai du mal à lui faire comprendre qu'elle doit prendre plus de repos. »

« Tu devrais la conseiller d'aller voir Michaëla, elle lui dirait certainement la même chose que toi et ça la calmerait. »

« Nous avons déjà été voir le docteur Mike et elle lui a donné ces conseils-là mais Grace ne veut rien écouter. »

« Les femmes peuvent être têtues, surtout quand elles sont enceintes. »

« Tu en sais quelque chose ? Et comment va le Dr Mike ? »

Ça y est, se dit Sully, je savais bien qu'il en parlerait, mais que puis-je lui dire ?

« Elle va bien ! »

« Elle semble fatiguée ces derniers jours. Tu as dû t'en apercevoir. »

« Oui, elle est épuisée mais je ne sais pas comment la faire écouter aussi. »

« Nous avons ça en commun, à ce que je vois ! »

« Quand elle était enceinte, j'arrivais, des fois, à la faire entendre ce que je disais en lui disant que c'était pour le bien du bébé. Ce n'est pas pareil, maintenant. »

« Tu as une magnifique petite fille. »

« Oh oui, elle est magnifique, elle ressemble tellement à sa maman. »

« Alors, tu as tout pour être heureux. »

« Je le suis, crois-moi. »

« Mais ? » Demanda le forgeron.

« Je ne sais pas comment faire pour que Michaëla se rende compte qu'elle peut me parler. Je la sens triste et plus j'essaie de la faire parler, plus elle s'enfonce. »

« Tu devrais lui laisser le temps, peut-être qu'elle se décidera à t'en parler. »

« Ca fait déjà quelques jours que j'attends qu'elle le fasse. »

« Tout vient à point à qui sait attendre ! »

Sully garda ce conseil dans sa tête et décida d'orienter plus la conversation vers Grace.

« Tu me disais que ta femme ne voulait pas se reposer. »

« Oui. »

« Tu devrais essayer de l'empêcher de travailler en demandant à son assistante de la remplacer plus souvent. Je sais, par expérience, qu'elle sera certainement fâchée sur le coup, mais quand tu lui parleras et lui diras que tu t'inquiètes pour elle, elle comprendra pourquoi tu as pris cette décision. »

« Je n'ai pas beaucoup le choix, je crois. Je ne peux pas regarder Grace s'épuiser sans rien faire pour l'empêcher. »

Le forgeron se dit que Sully devait savoir de quoi il parlait. Après tout, il avait été à sa place il n'y avait pas longtemps.

Mais il se dit aussi que son ami avait du mal à faire écouter le docteur Mikeet il se demandait s'il arriverait, lui, à quelque chose. Sully s'éloigna de la forge sans un mot de plus et alla dans la direction de la clinique de sa femme. Il frappa et entra à l'intérieur.

« Sully ? Que faites-vous ici ? » Demanda Andrew

. « Je venais chercher Michaëla. Elle est à l'étage ? »

« Oui, elle est allongée dans un lit. »

« Pourquoi cela ? »

Sully regarda le docteur Cook en se posant la question de savoir ce qui arrivait à sa femme.

Chapitre 22 : Inquiétude

Sully attendait la réponse d'Andrew, qui avait l'air de ne pas savoir comment dire ce qu'il s'était passé au principal intéressé.

« Que s'est-il passé, Andrew ? »

« J'étais à l'étage ce matin et quand je suis descendu, je l'ai trouvée endormie sur le bureau. »

« Je savais que ça arriverait un jour, elle est tellement fatiguée en ce moment mais elle n'écoute rien. Je suis justement venu pour l'obliger à rentrer à la maison et je serai resté avec elle jusqu'à ce que je sois sûr qu'elle dorme. »

« Je savais que vous me diriez cela. Quand je l'ai vu la tête posée sur le bureau et endormie, j'ai dû la réveiller et je l'ai obligée à aller s'allonger dans une des chambres de l'étage et je l'ai conduite pour qu'elle obéisse. Je viens d'aller voir de nouveau dans cette chambre et elle s'est endormie. Vous devriez la ramener chez vous, comme vous en aviez l'intention. »

« C'est ce que je vais faire. »

Il décida de monter à l'étage et chercha ma chambre où se trouvait Michaëla. Il entra dedans et la vit allongée et endormie.

Il se rapprocha d'elle, se demandant comment il fallait qu'il agisse. La réveiller pour pouvoir rentrer plus facilement à la maison ou la porter dans ses bras ?

Mais dans ce cas-là, une fois éveillée, lui en voudrait-elle ? Le dilemme n'avait pas de réponse et il préféra la porter dans ses bras.

Il réussit à le faire sans la réveiller et alla la poser doucement à l'arrière du chariot puis il prévint Andrew de leur départ.

Le voyage pour la maison se passa dans le silence complet car même les secousses du chemin ne réveillèrent pas Michaëla. Sully savait que Katie était dans les mains de Colleen et que la jeune fille prendrait soin d'elle parfaitement.

Mais il savait aussi que Katie aurait besoin d'être nourrie à un moment ou à un autre.

Il ne savait pas comment il allait s'organiser, en quelque part, il espérait certainement qu'Andrew en fasse part à Colleen.

Il arriva enfin en direction de la maison et alla mettre Michaëla au lit. Au même moment, Colleen arriva à la clinique, après avoir été promené Katie dans son berceau.

« Où est maman ? » Demanda-t-elle au Docteur Cook.

« Elle est rentrée chez vous avec Sully. Vous devriez aller les rejoindre avec Katie. »

« Que se passe-t-il ? »

« Votre mère était fatiguée, elle avait besoin de repos. »

« Il n'y a rien d'autre, vous en êtes sûr ? »

« Oui, ne vous inquiétez pas, elle va bien. »

« Je vais rentrer alors avec Katie, et voir ce que je peux faire pour les aider. Est-ce que vous avez besoin de moi ici ? »

« Non, je me débrouillerai. »

« Merci à vous ! »

Puis, elle ressortit de la clinique et alla au bureau du shérif pour que Matthew l'aide à rentrer. Il accepta et l'emmena avec le chariot chez Michaëla et Sully. Pendant ce temps-là, Sully était auprès de Michaëla à la regarder calmement dormir dans leur lit quand il entendit le chariot s'arrêter devant chez lui. Il décida de descendre de la chambre afin d'éviter le bruit.

« Matthew, Colleen !» S'exclama-t-il en sortant de la maison.

« J'ai pensé que vous pourriez avoir besoin de moi », dit Colleen.

Il prit Katie dans ses bras et l'embrassa sur le font et invita ses enfants à rentra à l'intérieur avec lui.

« Comment va maman ? » Demanda Colleen.

« Elle se repose dans notre chambre. »

Elle avait envie de lui demander aussi comment ils allaient pouvoir faire pour aider le docteur Mike et lui faire comprendre qu'elle devait absolument se reposer.

Chapitre 23 : L'amour de retour

Au fil des jours, Michaëla essaya de prêter plus d'attention à son mari mais il était quand même en attente du moment où elle le laisserait faire l'amour. Mais ce moment mettait du temps à arriver à ses yeux. Il essaya même de prendre les devants un soir.

Il se leva alors qu'elle dormait presque et se contempla dans la glace, il se parfuma avec l'eau de Cologne qu'elle lui avait offert et qu'elle adorait. Il était décidé à refaire sa conquête. Il se remit au lit et commença à l'embrasser doucement et tendrement.

Quand il vit qu'elle ne se réveillait pas, il posa ses lèvres sur les siennes et réclama un baiser plus langoureux et profond. Elle répondit enfin à sa demande et apprécia les avances de son mari.

« Tu sens bon. » Lui dit-elle.

Il sourit et commença à la titiller dans le cou avec des baisers doux et chatouilleux. De son côté, elle posa sa main dans ses cheveux pour finir par lui masser le cou en lui murmurant des mots d'amour à l'oreille.

Elle aussi voulait désespérément retrouver son intimité avec son mari et elle était prête à poursuivre leur passion mais c'est ce moment-là que choisit Katie pour pleurer et demander à manger.

« Oh non, je l'ai nourrie il y a une heure. »

« Laisse-la faire, elle va se rendormir. »

Mais les pleurs s'aggravèrent au lieu de diminuer et la jeune maman n'eut pas d'autre choix que d'aller la nourrir.

Sully se roula en boule de son côté en sentant l'odeur déposée par sa femme sur l'oreiller afin de se calmer. Elle leva les yeux vers lui et vit de la déception dans les siens.

Elle comprenait qu'il réagisse de cette manière mais elle ne savait pas comment s'organiser pour retrouver son mari parce qu'il lui manquait à elle aussi.

« Je suis désolée », lui dit-elle.

Il soupira et pour éviter son regard, elle se concentra sur leur bébé. Il se leva et alla l'embrasser sur la joue pour lui faire comprendre qu'il ne lui en voulait pas et les contempla toutes les deux pendant que Katie finissait son repas.

Michaëla évitait toujours le regard de Sully, se sentant honteuse de la situation et le jeune papa ,e savait pas comment lui parler pour la rassurer. Lorsque Katie eut fini la tétée, elle reboutonna sa chemise de nuit.

« Michaëla ?

» Elle ne répondit pas et posa leur fille dans le berceau. Pour échapper à toute discussion avec son mari, elle essaya de sortir de la chambre.

« Je dois aller vérifier quelque chose en bas. »

Cela semblait douteux aux oreilles de Sully. Sa ténacité voulait lui dire que ce n'était pas de sa faute et qu'elle devait se le pardonner. Il la retint par le bras.

« J'ai tout vérifié avant de monter te rejoindre, tu n'as pas besoin d'y aller. Que se passe-t-il ? »

« Rien. »

« Oh, non, tu ne me feras pas croire cela ! Tu t'es excusée deux fois, pendant que tu allaitais Katie se réveillerait aussi rapidement ! »

« Tu dois penser que je m'occupe plus de Katie que de toi ! »

« Mais elle a besoin de toi. Il n'y a que toit qui puisse l'allaiter ! »

« Avant d'avoir un bébé, nous n'avons pas pris en compte la suite ! »

« Non, peut-être pas. Mais quand je la regarde, je ne regrette pas son arrivée parmi nous, elle est tellement belle. Elle te ressemble en fait. »

« Non, je ne crois pas qu'elle me ressemble, elle a tes yeux à toi. Ne vas pas croire que je regrette sa naissance mais je ne sais trop m'organiser. »

Il l'embrassa sur le front et l'obligea à venir s'allonger dans le lit avec lui et il la prit dans ses bras pour la rassurer.

 

Chapitre 24 : Sérieuse question

Michaëla s'était endormie dans les bras de Sully, peu après leur discussion. Le lendemain, elle se trouvait de nouveau à la clinique. Andrew avait décidé de l'aider toute la journée encore une fois, en essayant de rester en retrait et se promettait d'agir si besoin était.

La matinée était plutôt calme, Katie était même installée dans le berceau de la salle de consultation, jusqu'à ce qu'une mère se présente afin de faire examiner sa fille. Michaëla le fit entrer et demanda la fillette de s'installer sur la table.

Pendant ce temps-là, la mère observait la petite et jolie Katie avec émerveillement.

« C'est votre fille ? Elle est magnifique. »

Michaëla lui sourit pour lui répondre « oui » et examina la fillette et trouva immédiatement sa maladie.

« Est-ce qu'elle a déjà eu la varicelle ? »

« Non. »

« Eh bien, maintenant, elle l'a ! » Elle avait dit cette phrase de manière détachée, puis elle réalisa ce que cela impliquait pour sa fille, qu'elle trouvait encore trop jeune pour attraper la maladie.

« Oh mon Dieu », murmura-t-elle, en allant chercher sa fille dans le berceau pour aller la mettre à l'abri le plus vite possible

« Andrew, vous voulez vous en occuper, s'il vous plait ? »

Il acquiesça, sachant de quoi elle avait peur et la regarder s'engouffrer à l'étage puis il se dirigea vers la petite patiente. Une fois ceci fait, elles sortirent et remercièrent le médecin. Andrew s'empressa de monter voir Michaëla pour la rassurer.

Après tout, il n'y avait pas eu de contacts longs et il n'était pas sûr que le bébé l'attrape maintenant.

Il entrebâilla la porte de la chambre pour observer sa femme silencieusement et à son insu. Il entendit même les paroles qu'elle disait à leur fille.

« Je suis désolée, mon ange, tu n'aurais pas dû te trouver ici. Je m'en voudrai si tu tombais malade par ma faute. Il va falloir que je trouve le moyen de te mettre un peu plus en sécurité. »

« Hé », lança Sully.

« Sully, tu es déjà là ?! »

« Je venais te chercher pour rentrer à la maison, comme prévu. Andrew m'a dit ce qu'il s'était passé et tu n'as pas à t'inquiéter pour Katie. »

« Je n'ai pas envie d'en parler, Sully, je veux juste rentrer à la maison, s'il te plait. » « Bien sûr que nous allons rentrer à la maison ! »

Il l'aida à se relever et prit Katie dans ses bras. Elle semblait bien éveillée.

« Crois-tu qu'elle pourra attendre d'être à la maison pour être nourrie ? »

« Je pense que oui ou nous nous arrêterons en chemin. »

Il acquiesça, comprenant qu'elle voulait partir au plus vite de la clinique. Le voyage fut fait dans le silence et Katie attendit d'être à la maison pour réclamer à manger, ce qui fut un soulagement pour elle.

Chapitre 25 : Comment s'organiser ?

A la maison, Michaëla, juste après avoir allaité Katie, marchait sans s'arrêter dans le salon en tournant autour de Sully. Le jeune homme s'était demandé si elle allait ou non se mettre en colère contre elle-même et ça ne l'étonnait pas qu'elle réagisse comme ça, cela le rassurait presque, même s'il voulait que la rassurer.

« Comment j'ai pu faire cela ?! Mettre notre fille en danger ! »

« Calme-toi, elle aura la varicelle un jour ou l'autre ! »

« Elle est encore trop petite ! »

« Elle n'a pas été en contact avec la maladie très longtemps, elle n'a peut-être rien attraper ! »

« Ce ne sont que des suppositions, il va falloir attendre des jours et des jours avant d'en être certains. »

« Ça ne changera rien si tu passes ton temps à t'inquiéter. »

« Tu as certainement raison sur ce point-là ! Je voudrai seulement trouver un moyen de mettre notre fille à l'abri et je n'ai pas la solution ! »

« Je l'ai peut-être ! Demain, j'emménagerai une chambre de la clinique en nurserie et ainsi, Katie sera un peu plus protégée ! »

« Tu ferais cela ? »

« Bien sûr, si ça peut te rassurer. »

Elle le regarda avec soulagement et il lui fit signe de venir un peu plus vers lui, puis il la fit asseoir sur ses genoux.

« Tout a une solution, Michaëla, il suffit d'y réfléchir un peu plus. »

« Je ne sais pas quels vont être les cas que je vais traiter dans la journée et ça me semble bien d'aménager une pièce pour Katie. »

Il l'embrassa sur la joue, heureux d'avoir pu trouver un moyen de la rassurer mais si cela n'effaçait pas les cernes sous ses yeux. Il réfléchissait à une manière de la faire redevenir elle-même.

Il aurait peut-être besoin de conseils de quelqu'un mais il savait à qui demander.

Michaëla se retourna pour le regarder dans les yeux et vit qu'il semblait perdu dans ses pensées.

À sa place, elle aurait fait comme lui. Il s'inquiétait pour elle, elle en était consciente, mais il ne savait toujours pas quoi faire pour qu'il cesse de se soucier d'elle. L'incident d'aujourd'hui à la clinique et sa propre réaction l'avait un peu surprise.

Bien sûr, elle voulait prendre soin de ses patients et aussi de sa fille, mais elle avait du mal à concilier les deux tout en essayant de consacrer du temps à son mari. Sully vit que les yeux fatigués de sa femme l'étudiaient. Peut-être elle avait juste besoin de son soutien.

Il allait lui apporter ! Il posa ses lèvres sur les siennes et l'embrassa longuement. Elle enroula ses bras autour de son cou, approfondissant le baiser tout en réalisant qu'elle en voulait plus.

Sully souhaitait plus que tout que ce début de tendresse finisse comme tous les deux le souhaitaient, mais en levant le regard vers l'horloge, il se rendit compte que ce n'était peut-être pas le bon moment d'approfondir cet instant. Michaëla le sentit se détacher d'elle petit à petit et ne comprit pas sa réaction.

« Les enfants vont bientôt rentrer », lui fit-il remarquer.

« Allons dans notre chambre. »

« Colleen sait que tu es ici et Brian voudra peut-être te voir. »

« Allons dans notre chambre, nous fermerons à clé et nous expliquerons que nous faisions une sieste. »

« Ils vont comprendre. »

Michaëla le regarda avec regret, voulant retrouver son intimité avec son mari mais cette fois, c'était lui qui y mettait un frein de peur d'être interrompu. Ce fut ce moment-là que choisit Matthew pour venir à la maison.

Michaëla sut alors que Sully avait peut-être eu raison. Mais ils étaient pas au bout de leur surprise car cette visite allait les surprendre vraiment et tous les deux.

Chapitre 26 : Moment intime

Le jeune shérif à la porte après être descendu de cheval. Il s'attendait à faire demi-tour si personne ne lui répondait. Il allait rendre service à ses parents.

Il était passé à la clinique, où Andrew lui avait raconté ce qu'il était arrivé et avait décidé de prendre soin de son frère et de sa sœur pour eux. Andrew lui avait dit que le docteur Mike avait besoin du soutien de Sully.

Il fallait donc qu'ils soient seuls. Enfin, la porte s'ouvrit sur Sully, qui regarda Matthew d'un drôle d'air.

« Matthew ? Que se passe-t-il ? »

« Je venais juste vous prévenir que Colleen et Brian dorment chez moi ce soir. »

« Pourquoi cela ? » Demanda Michaëla.

« J'ai pensé que vous voudriez vous retrouver un peu seuls tous les deux. »

Tu n'aurais pas parlé au docteur Andrew Cook , eut envie de lui demander Michaëla. Mais elle ne lui posa pas cette question, contente au plus profond d'elle-même de pouvoir enfin avoir de l'intimité avec Sully.

Ce dernier la regarda, sachant à quoi elle pensait. Il serra ensuite la main de son « fils » et le remercia de son geste. Matthew put lire le soulagement dans ses yeux et repartit vers la ville.

« On dirait que quelqu'un a parlé pour nous, je me demande de qui il peut s'agir ? »

« J'en ai une petite idée. »

« En y réfléchissant , je crois que je sais de qui vient cette idée. Quand tu le verras demain, tu le remercieras. »

Michaëla secoua la tête. Andrew Cook avait-il compris qu'ils avaient besoin d'intimité tous les deux ?

Quelqu'un lui avait-il soufflé ? Comment avait-il fait pour prévenir Matthew ?

En tout cas, elle se savait maintenant seule avec son mari pour un long moment, Katie dormait et elle avait envie de reprendre ses caresses.

Qu'est-ce qui l'en empêchait maintenant ? Matthew avait fait en sorte de leur offrir ce moment alors elle allait en profiter.

Elle se rapprocha de Sully, penché sur le berceau de leur fille à la regarder dormir. Il semblait perdu dans ses pensées. Elle s'approcha de lui.

« A quoi penses-tu ? » Lui demanda-t-elle.

« A rien. »

« Tu réfléchissais à l'instant et j'aimerai bien savoir ce qu'il se passe dans ta tête. »

« Je suis surpris c'est tout. Je ne connais pas bien Andrew mais j'ai l'impression que lui nous connaît ! »

« Ce n'est pas si mal de se retrouver tous les deux, n'est-ce pas ? »

« J'adore n'être qu'avec ma femme et je ne vais pas me plaindre de passer du temps avec elle. »

« Alors, tu viens à l'étage avec moi ? »

« Et Katie ? »

« Je vais la transporter dans son lit en haut, comme cela, on l'entendra si elle se réveille. »

Il la suivit docilement et l'observa amoureusement. Il semblait qu'elle était prête à partager ce moment d'amour avec lui. Elle revint vers lui et commença à lui défaire les boutons de sa chemise avec séduction. Elle prenait les devants.

Il la laissa agir à sa guise bien trop content de voir de quelle manière ça tournait, et se sentant transporté par la vision de sa femme si séduisante et désirable. À son tour, il la déshabilla lentement sans hâte et appréciait ses caresses.

Quand elle fut nue et lui aussi, il la souleva et la posa tendrement sur le lit et s'allongea à ses côtés. Tout de suite, leurs caresses reprirent et cela les mena à ce que tous les deux attendaient.

Quelques minutes plus tard, la chambre fut envahie par des soupirs des plaisirs et de contentement. Ils reposèrent tous les deux dans les bras l'un de l'autre mais Michaëla se défit de son emprise sans s'en rendre compte.

Chapitre 27 : L'aide d'une amie

Sully avait laissé Michaëla reprendre son attitude éloignée comme elle le souhaitait. Il avait beau essayer de la rassurer et d'être à ses côtés, elle ne se rendait pas compte qu'elle le délaissait.

Pour lui, leur acte d'amour avait représenté, sur le moment, un nouveau départ, mais ce n'était apparemment pas le cas pour elle. Il lui offrait beaucoup d'attention et d'amour et elle ne s'apercevait même pas.

Ce jour-là, elle était partie seule en ville. Il s'occupait de la réparation de la barrière de la grange et ne voulait pas aller en ville. Alors qu'il était occupé à enfoncer un clou dans le morceau de bois, il entendit un chariot approcher.

De qui pouvait-il s'agir ?

Toute la famille et même la ville savait qu'il était occupé chez lui. Il leva les yeux et reconnut Dorothy.

Que venait faire la meilleure amie de Michaëla ici ?

Il s'avança vers elle et l'aida machinalement à descendre.

« Bonjour ! » Lui dit-elle.

« Bonjour, si vous cherchez Michaëla, elle est à la clinique aujourd'hui. » Répondit-il dans l'espoir qu'elle comprendrait qu'il ne voulait pas parler de ses soucis conjugaux avec elle.

C'était mal connaître Dorothy, qui ne les laissait pas berner aussi facilement. Elle avait deviné que Michaëla n'était pas la même que d'habitude et tout ce qu'elle pouvait faire était de conseiller Sully.

« Je voulais vous parler à vous, Sully, et pas à Michaëla. »

« Je vous écoute ! »

« Tout va bien dans votre couple ? »

« Oui, bien sûr, même si Michaëla est un peu plus fatiguée en ce moment. »

« C'est normal, avec un bébé à s'occuper. Et vous, vous allez bien ? »

« Oui pour moi ce n'est pas pareil. Je fais de mon mieux pour aider Michaëla avec Katie mais je ne peux pas la nourrir à sa place. »

« Sully, je ne parlais pas de votre fatigue, mais plutôt de vous, comment vous sentez-vous par rapport à Michaëla ? Vous vous sentez délaissé, n'est-ce pas ? »

Il ne dit rien et la laissa continuer à parler pour voir si ce qu'elle allait lui dire serait intéressant ou non.

« Vous savez, vous n'êtes pas le seul à ressentir de la jalousie. »

Il baissa les yeux et se sentit embarrassé par sa remarque.

« Michaëla a une grande responsabilité, maintenant. Son attention s'est tournée vers Katie. Ça ne veut pas dire qu'elle ne vous aime pas, mais elle ne se rend pas compte que vous voulez être avec elle. »

« Je ne voulais pas lui dire ! »

« Je comprends ! Peut-être que vous devriez recommencer à lui faire la cour. Cela peut vous sembler ridicule. »

« Non, non, pas du tout. En fait, ça fait déjà quelques jours que je fais attention à elle. »

« Offrez-lui des cadeaux, une femme apprécie ces attentions-là. »

Dorothy pensait justement à ces gestes de la part d'un homme qu'elle n'avait jamais eu avec Marcus. Elle aurait tout donné pour avoir au moins la moitié du bonheur de Michaëla et Sully.

Elle les admirait mais ne se sentait pas jalouse pour autant. Elle connaissait elle aussi un homme attentionné mais elle n'était pas amoureuse de lui.

Sully, trop perdu dans ses pensées, ne se rendit pas compte que Dorothy semblait avoir perdu la parole. Elle se secoua et reprit.

« Des fleurs peuvent faire des merveilles. Offrez-lui un bouquet de roses ou de ses fleurs préférées. »

Il acquiesça. Il allait faire plus que cela. Demain, il irait chez Loren pour trouver le parfum de Michaëla. En attendant, il avait encore une idée en tête et allait la mettre en pratique ce soir-même.

Chapitre 28 : Les patients ou la famille ?

Sully avait décidé d'appliquer les conseils de Dorothy et avait trouvé un moyen de faire appel à Nuage Dansant pour l'aider à fabriquer le présent qu'il voulait donner à sa femme. Il arriva donc tard à la maison ce jour-là.

Il pensait à Michaëla allait lui poser tout un tas de question quant à son retard et il espérait que ses enfants ne s'inquiétaient pas pour lui.

Il entra dans la maison en s'attendant à ce que Michaëla vienne immédiatement vers lui pour savoir ce qui l'avait retenu si longtemps mais ce fut pas le cas et cela l'étonna. Il embrassa ses enfants.

« Où est ta mère ? »

« Elle s'occupe de Katie », lui répondit Colleen.

Il alla dans la direction indiquée par un signe de la main de sa fille. Il découvrit la raison pour laquelle il n'avait pas eu les questions qu'il avait presque redoutées. Elle dormait avec Katie dans ses bras.

Il posa une main sur son bras en se demandant si c'était une bonne chose de la réveiller. Elle était fatiguée et avait besoin de repos, après tout, n'est-ce pas ?

« Michaëla ? »

« Oh, Sully, c'est toi. »

« Je suis désolé d'être en retard mais je voulais fabriquer ça. J'avais besoin des conseils de Nuage Dansant. Ne t'inquiète pas, je n'ai rien fait d'imprudent. »

« Comment tu as fait ? »

« J'ai fait appel à lui en imitant le chant du coucou. »

« Qu'est-ce que tu as fabriqué ? »

« Ça. C'est un porte-bébé indien que les mères s utilisent pour porter leur enfant. Ça leur permet d'avoir les mains libres et le bébé est calme et en sécurité. »

« Merci, dit-elle en acceptant son aide pour mettre l'objet autour de son cou. Voyons si elle aime ça ! »

Sully posa Katie dans le porte-bébé et celle-ci continua de dormir.

Sully sourit à sa femme et l'embrassa brièvement.

« Le dîner est prêt », dit-il.

Elle se leva et alla avec lui vers la table. Elle s'assit et regarda Sully en souriant.

« Je vais enfin pouvoir manger avec mes deux mains ! »

Ce moment fut interrompu par un coup à la porte. Sully alla ouvrir.

« Excusez-moi de vous déranger, mon fils vient de tomber du toit. »

Michaëla confia Katie à Brian et prit son sa médical sans demander plus de précisions. La situation semblait urgente.

« Je serai de retour avant la prochaine tétée de Katie. »

Et elle ferma la porte derrière elle. Quand elle arriva à destination, elle se rendit compte qu'il faudrait certainement plus de temps que prévu pour soigner son petit patient mais elle n'avait pas d'autre choix que de l'aider.

Elle eut un pincement au coeur en pensant à sa fille.

Elle espérait qu'elle n'aurait pas faim avant son retour. De leur côté, Sully et Brian observaient la petite Katie, bien éveillée, qui leur faisaient des sourires. Mais le répit fut de courte durée. Elle commença à réclamer son dîner d'abord calmement, comme un test, puis en pleurant.

Sully la prit dans ses bras en lui assurant que sa maman n'allait pas tarder. Brian eut mal pour elle, cependant aucun d'eux ne pouvait faire quoi que ce soit pour la calmer ou la contenter.

C'était dans ce cas-là, que Sully regrettait un peu que sa femme ait repris si c'est le travail, même s'il savait au fond de lui que la médecine faisait partie de sa vie et qu'il ne l'aimerait pas autant si elle ne pratiquait pas ce métier-là.

Il faisait partie d'elle.

Michaëla arriva enfin et entra immédiatement dans la maison et mit sa fille au sein en lançant un regard d'excuse.

« Je suis désolée, mon ange, je suis désolée. »

Chapitre 29 : Le dilemme

Le lendemain, et sans savoir ce qu'il s'était passé pour sa collègue la veille, Andrew lui posa des articles sur les aliments pour nourrisson devant son nez.

Elle avait été étonnée par cette réaction.

« Andrew ? »

« J'ai pensé que ces quelques articles vous intéresserait. Ils parlent des aliments pour nourrisson. »

« Mon père m'a toujours dit que l'allaitement maternel était la meilleure des solutions pour nourrir un bébé. »

« Prenez et lisez-le pour au moins la science de s'instruire. »

« D'accord. »

« Vous savez, vous devriez y réfléchir dans votre intérêt et dans le sien. »

« Je vous promets de m'y pencher dessus. »

Il acquiesça et fit demi-tour, content d'avoir au moins suscité la curiosité de sa collègue. La matinée s'était passée dans le calme.

Au soir, elle décida de vraiment étudier ses articles. Sully venait de coucher Katie et de lire une histoire à Brian quand il descendit pour la rejoindre .

Depuis la veille, et l'incident avec Katie, il n'avait pas beaucoup approché Michaëla, sachant où elle se sentait coupable de ce qu'il s'était passé, mais peut-être cette attitude n'avait pas été la meilleure à adopter.

Il devait lui montrer qu'il ne voulait pas et qu'elle n'avait pas à s'en vouloir non plus. Il s'assit près d'elle.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

« Je lis des articles sur les aliments pour les nourrissons. »

« Qu'est-ce qu'ils disent ? »

« Celui-ci que la mère devrait toujours allaiter son bébé quand elle en a la possibilité. Et celui-là dit que le lait de vache ajouté à de la potasse peut faire un excellent repas de nourrisson. »

« Et toi, qu'est-ce que tu en penses ? »

« Je ne sais pas. Une partie de moi ait d'accord avec cette théorie mais une autre ne l'ait pas. »

« Comment veux-tu faire ? »

« Il y a un article qui dit que la fatigue a une influence sur la qualité du lait de la mère. Je suis certainement très fatiguée. »

« Pourquoi tu devrais choisir ? Pourquoi ne pas essayer un peu des deux au début et voir si ça marche. Ne crois-tu pas que ça vaille la peine de tenter ? »

« Si, tu as raison, et ainsi, si ça marche, Katie serait assurée d'être nourrie même quand je ne suis pas là ! »

« Tu n'as pas à t'en vouloir, tu sais, ce n'est pas de ta faute. »

« Mais si, ce qu'il s'est passé hier soir ne se serait pas produit si j'avais été là pour l'allaiter. »

« Il ne lui ait rien arrivé de mal, Michaëla. Elle a juste pleuré un peu. Tu es arrivée peu après. »

« Non, ça n'aurait pas dû se produire quoi que tu en penses. J'aurai dû la prendre avec moi ou même peut-être réfléchir un peu plus avant de prendre la décision de revenir à la clinique. Elle a encore besoin de moi et personne ne peut me remplacer . »

« C'est là que l'idée des biberons rentre en jeu ! »

« Oui, tu comprends pourquoi j'y réfléchis. Andrew m'a confié ces articles ce matin pour que je les étudie sérieusement. Je pense qu'il a dû comprendre combien j'étais fatiguée. »

« Eh bien, tu peux déjà faire un essai et voir ce que ça donne. Tu viens te coucher maintenant, tu as besoin de repos. »

Elle acquiesça et il souffla sur la lampe.

Il l'entraîna avec lui à l'étage, soulagé d'avoir eu cette discussion avec sa femme. Il était content de lui avoir fait comprendre qu'il ne lui en voulait pas pour ce qu'il s'était passé la veille.

Un poids avait été enlevé de sur ses épaules.

Chapitre 30 : Une séparation possible

Depuis quelques jours, Colleen cherchait un moyen de parler à ses parents pour leur annoncer la nouvelle de son probable départ à la fin de la semaine. Elle ne savait pas comment leur dire.

Mais elle devait se lancer et voir ce qu'ils en pensaient et s'ils étaient d'accord car ils financeraient ses études. En secret, elle avait demandé de l'aide d'Élisabeth et celle-ci lui avait accordé.

Elle vit Michaëla dans le salon et alla vers elle.

« Maman, je peux vous parler ? »

« Bien sûr, que se passe-t-il ? » Demanda le docteur Mike quand elle comprit que sa fille était anxieuse de lui parler.

« J'ai reçu une réponse d'une des facultés de médecine. »

« Quand ça ? »

« Il n'y a pas longtemps. J'ai attendu pour vous en parler mais ils veulent que j'y sois pour le début de la semaine prochaine et je ne me sens pas prête. »

« Mais pourquoi cela ? Tu as toutes les qualités pour y entrer et cette réponse le prouve. »

« Je ne sais pas si je pourrais être prête pour ce jour-là. Je me sens coupable de vous quitter si tôt après la naissance de Katie. »

« Tu n'as pas à t'en faire pour nous ou même pour moi. Tu dois penser à toi et à ton envie de devenir médecin. Je sais que tu en es capable. Tu veux exercer cette profession depuis si longtemps. »

Sully arriva à la maison et avait entendu la fin de la conversation. Il se demanda ce qu'il se passait pour que sa femme prononce ces mots-là. Il entra et alla les embrasser toutes les deux pour faire connaître sa présence.

Colleen comprit qu'il devait être au courant et lui annonça.

« Je viens de recevoir cette lettre. Je suis acceptée dans la faculté de médecine de Denver. »

« C'est une très bonne nouvelle. »

Colleen s'attendait à une réaction comme celle-ci de la part de Sully.

« Je dois partir bientôt. »

« Et alors quel est le problème ? Nous allons t'aider à te préparer. »

« C'est ce que je lui disais, Sully, mais elle ne m'a pas écouté. Elle pense qu'elle ne devrait pas partir si tôt après la naissance de Katie. »

Sully les étudia l'une après l'autre, sachant ce qu'il devait répondre pour toutes les deux.

« Tu dois penser à toi, Colleen, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour t'aider à te préparer. »

Michaëla le remercia.

« J'ai écris à grand-mère et elle m'a envoyé de l'argent pour payer des robes pour Denver. »

« Elle a fait ça ! » S'exclama Michaëla.

« C'est généreux de sa part », rajouta Sully.

« Elle n'avait pas à faire cela, Sully. »

« Mais elle a juste voulu faire un cadeau à Colleen et nous ne pouvons pas lui renvoyer l'argent lui disant que nous n'en voulons pas. Imagine comment elle réagirait. »

Elle acquiesça. Voyant que la suite de la conversation ne la regardait pas, Colleen décida de monter à l'étage afin de les laisser seuls tous les deux.

« Tout s'est bien passé en mon absence ? Tu as essayé le biberon pour Katie ? »

« Non ! »

« Non ? »

« J'étais là avec elle alors je ne voyais pas l'utilité de le faire. »

« Si tu n'essaies pas un jour comme ça, tu ne saurais jamais si ça marche ou pas. Alors, il faut que tu tentes demain. »

« Je le ferai. »

« Bon, j'espère que cette petite conversation avec Colleen lui aura comprendre qu'elle doit suivre ses envies. »

Elle hocha la tête. Bien que le futur départ de Colleen la troublait, elle se devait de l'accepter. Elle le devait pour le bien de sa fille.

Chapitre 31 : Essai raté et aveu

Après l'insistance toute la soirée, pour qu'elle tente le lait au biberon pour Katie,

Michaëla avait l'intention de se lancer dans cet essai.

Elle avait été cherché le nécessaire chez Loren, qui lui avait offert, même si elle avait insisté pour le payer.

Ensuite, Andrew lui avait assuré qu'il serait là pour prendre en charge les patients, insistant pour qu'elle rentre chez elle et qu'elle se repose.

C'est ce qu'elle avait fait. Elle aurait aimé que Sully soit près d'elle mais il était occupé ailleurs et elle n'a pas voulu le contrarier dans ses projets.

Donc, elle allait se débrouiller seule et pour la première fois, elle ne le redoutait pas.

Elle avait pris les choses les unes après les autres, en prenant le temps se préparer à manger, et en faisant la vaisselle avant de s'occuper de Katie.

La petite fille avait d'ailleurs été très sage et câline pendant ce laps de temps, mais elle n'allait pas tarder à vouloir se nourrir.

Michaëla avait donc préparé et s'apprêtait à lui, quand Katie se manifesta.

Elle la prit dans ses bras et mit le biberon dans sa bouche, mais le bébé trouva ça différent du lait habituel et rejeta la tétine dès le début.

Michaëla insista un peu et réussit à lui faire avaler deux ou trois gorgées, mais peu de temps après, Katie recracha le tout en pleurant toutes les larmes de son corps.

La jeune maman la berça dans ses bras pour la calmer et y arriva au bout d'un temps qui lui parut long.

Elle venait de coucher Katie quand elle entendit le cheval de Sully arriver. Elle fut soulagée de le voir arriver, ayant envie de pleurer dans ses bras pour relâcher la peine qui lui avait fait sa fille quand elle avait sangloté.

Elle se jeta dans ses bras.

« Oh, Sully ! Je suis heureuse que tu sois là ! »

« Que se passe-t-il ? » Demanda-t-il en la sentant trembler.

« Je viens d'essayer de donner le biberon à Katie. Elle n'en a pas voulu, elle a tout rejeté. »

« Elle est malade ? »

« Non, non, je ne crois pas, mais j'ai mis beaucoup de temps pour la calmer. »

« Le principal, c'est qu'elle se soit calmée, maintenant. »

« Je vais l'allaiter dans pas longtemps. »

« En attendant, viens t'asseoir. »

Il la guida jusqu'à la table, en s'asseyant en face d'elle.

« J'aurai dû réfléchir, avant de le faire, Sully. Katie est habituée à mon lait. Mais, elle ne peut pas se passer de l'un à l'autre sans en être bouleversée, c'est obligé, Michaëla. »

« Oui, sûrement que tu as raison mais je ne suis pas sûre de vouloir réessayer maintenant. Katie est encore petite. »

« A quoi tu penses ? »

« Je ne sais pas, mais peut-être que j'aurai dû prendre un peu plus de temps pour elle. »

« Qu'est-ce que tu envisages ? J'ai l'impression que tu as pris une décision. »

« Voilà, je songe à remettre ma clientèle à Andrew. »

« Tu devrais réfléchir un peu plus avant de prendre cette décision extrême. Michaëla, tu t'es battue pour avoir une place à toi en tant que médecin. Tu as dû faire face à beaucoup d'opinions défavorables au début. Personne ne voulait te faire confiance, seule Charlotte voulait t'accorder cette confiance-là. Ta mère t'a donné de l'argent pour t'acheter cette clinique, tu ne peux pas tout abandonner du jour au lendemain surtout maintenant, que tu as réussi à ta faire une place. »

« Je sais ce que tu veux dire, Sully, seulement je ne sais pas trop comment faire pour Katie, qui souffre de mon absence. »

« Avant de prendre la décision de tout arrêter, pourquoi ne pas essayer de partager ton temps entre les deux. Il n'y a pas de solution idéale. »

Elle acquiesça, consciente que son mari avait raison, qu'elle devait un peu plus tenter les deux choses avant de se décider.

Elle était contente ce que lui avait dit Sully, qui lui prouvait qu'il souhaitait qu'elle continue à travailler dans la médecine.

Chapitre 32 : Preuve d'amour

Sully la regarda alors qu'elle semblait prendre ses dernières paroles en compte. Elle voulait lui parler d'autre chose.

« Comme tu dis, je me suis battue pour être reconnue comme un médecin, mais je ne peux pas continuer à laisser ma famille de côté. Les enfants en souffrent, Katie en souffre, même toi, tu en souffres. »

« Ne t'occupes pas de moi. »

« Si, tu as ton importance. Je ne te le dis pas assez souvent mais je t'aime de tout mon cœur. »

« Tu n'as pas besoin de me le rappeler, je le sais. »

« J'ai besoin de te le dire. Et je veux passer plus de temps avec toi. Mais, entre Katie à m'occuper, la clinique, je rentre fatiguée, tous les soirs. Je me suis rendue compte que tu te sentais rejeté et ne me dis pas le contraire. Alors, je voudrai trouver un moyen d'être plus avec toi, et si cela implique de devoir la laisser la clinique entre les mains d'Andrew, je le ferai. »

« Mais, je ne veux pas que tu abandonnes la médecine, elle fait partie de toi. Tu ne serais pas la même sans ça. »

Elle baissa les yeux, les larmes voulant couler sur ses joues, touchée par les mots de Sully.

« Tu ne m'aurais pas épousée si je n'avais pas été médecin ? »

La réponse à cette question n'était pas évidente, que répondre ? S'il disait non, il allait la blesser, s'il répondait oui, il se contredirait lui-même.

« La question ne se poser pas, tu l'es. Ce que je veux dire, c'est que tu ne peux pas tout abandonner. Ton père s'est battu pour que tu puisses faire tes études. Il a voulu que tu travailles avec lui pour prendre sa succession, mais il faut croire que les habitants de Boston étaient stupides car ils n'ont pas reconnu ton talent. »

Elle se rappela les jours pénibles qu'elle avait vécu suite au décès de son père quand tous les habitants l'avaient abandonnée.

Sully avait raison, elle avait tout fait pour devenir médecin, car les femmes de sa famille et même de sa ville, n'avaient pas le choix de pratiquer un métier. Elle avait eu l'appui de son père, qui voulait que quelqu'un lui succède, c'est même lui qui avait insisté pour qu'elle soit prise dans un collègue enseignant la médecine.

Non, elle ne pouvait pas tout laisser de côté sur un coup de tête.

Voyant qu'il touchait à son but, Sully continua.

« Tu n'as pas fait tout ce chemin pour tout laisser parce que tu n'as pas réussi à trouver un autre moyen pour Katie. Que penserait Colleen si tu le faisais ? »

« Oui, tu as raison. Seulement, je ne vois toujours pas comment je peux m'en sortir entre la clinique et sa famille. »

« Pourquoi tu n'essaierais pas de lever encore un peu plus le pied, au moins, jusqu'à ce que Katie soit plus grande, et que nous puissions nous occuper d'elle. »

Elle acquiesça, tout cela était tellement difficile et demandait tant de réflexion qu'elle ne pouvait pas prendre une décision à la légère.

Sully avait raison, elle se rapprocha de lui, et l'embrassa sur la bouche pour le remercier de son soutien.

S'il n'était pas à ses côtés, tout se passerait différemment et elle le savait.

Sully se leva et lui prit la main.

« Allez, viens, les enfants, attendant qu'elle en fasse autant, mais elle ne le fit pas. Elle voulait redescendre pour accueillir ses enfants et rassurer Colleen, qui avait vraiment besoin de soutien.

Il la tira par la main et la décida à entrer.

« Allonges-toi quelques minutes, tu as besoin de te reposer. »

« Je ne peux pas ! J'ai promis à Colleen de l'aider à trier ses affaires pour savoir ce qu'elle allait emporter avec elle à Denver.

Il soupira comment allait-il pouvoir la convaincre de se reposer ?

Chapitre 33 : Partage équitable

Enfin, après le retour des enfants à la maison, et une longue discussion entre Michaëla et Colleen, Sully eut gain de cause. La jeune maman accepta enfin de monter se reposer avec Katie. Il en fut soulagé. Du coup, il l'avait laissée dormir jusqu'à ce que ce soit l'heure du dîner préparé par Colleen. Il monta dans la chambre et réveilla sa femme. Elle se secoua et lui demanda l'heure.

« Quoi ? Tu m'as laissée dormir tout ce temps ? »

« Tu as besoin de te reposer. Colleen a voulu s'occuper du dîner et elle a insisté pour que je te laisse dormir. Elle souhaitait que tu profites des derniers jours où elle était là. Je lui ai promis de prendre soin de toi tant qu'elle ne serait pas là. C'est une promesse que je compte tenir dès maintenant. »

« Colleen se préoccupe plus de moi que d'elle. Je l'ai aidée à préparer ses valises et elle n'arrêtait pas de me dire que nous allions lui manquer. Je n'arrive pas à lui faire comprendre qu'elle doit se concentrer sur elle-même. »

« Je sais, et c'est ce que je lui ai dit quand elle préparait à manger. Que pouvons-nous faire de plus que d'être à ses côtés ? »

« Je ne sais pas, Sully. Mais, je ne me le pardonnerai pas si elle s'oubliait. »

« Peut-être que nous devrions nous demander à Matthew de lui parler. »

« Que dirait-il de plus que nous ? »

« C'est son frère, il saurait trouver les mots. »

« Vous parliez de moi », dit Matthew après avoir tapé à la porte et les avoir interrompu dans leur discussion.

« Tu es déjà là, Matthew ? » Demanda Michaëla.

« Oui, Sully voulait que je l'aide à quelque chose, il ne m'a pas dit quoi ! »

« Je souhaitai juste te parler, Matthew, rien de plus. »

« A propos de Colleen, c'est ça ? »

« Oui, mais comment tu as deviné ? »

« Je suis désolé, j'ai entendu la fin de votre conversation, je suis moi-même très inquiet pour elle, alors si je peux faire quelque chose. »

« Colleen t'a-t-elle dit qu'elle allait rentre à la faculté de médecine en début de semaine prochaine ? » Demanda Sully.

« Oui, elle m'en a parlé brièvement. »

« Ta mère et moi avons essayé de la rassurer parce qu'elle s'inquiète pour nous en son absence. »

« Elle me l'a dit aussi. Elle semblait se faire du souci pour le docteur Mike. Elle a peur que vous en fassiez trop. Elle veut que vous vous reposiez. »

« Je veux qu'elle arrête de s'inquiéter pour moi mais je n'arrive pas à lui faire comprendre qu'il y a d'autres personnes qui prendront soin de moi quand elle sera absente. »

« Mais les écouterez-vous ? Excusez-moi de vous poser cette question mais Colleen, Brian et moi souhaitons en être sûrs ! Depuis que vous avez de travailler à la clinique après la naissance de Katie, vous être très fatiguée. »

« Je ferai en sorte qu'elle les écoute, Matthew. En fait, ta mère en a parlé, elle songeait remettre sa clientèle à Andrew. »

« Quoi ! » S'exclama Matthew.

« Oui, j'ai eu la même réaction mais elle trouve qu'elle ne passe pas assez de temps avec nous. »

Michaëla ne sut pas quoi dire pour se défendre. Sully venait de dire les doutes qu'elle avait en ce moment alors qu'elle n'avait rien décidé et qu'il l'avait presque convaincue de ne pas prendre cette décision-là.

« Vous ne pouvez pas faire ça, docteur Mike. Vous vous êtes tellement battue pour pouvoir être médecin. »

« Je n'ai pas dit que je le ferai. En fait, Sully m'a convaincue que ce n'était pas la meilleure solution. »

« Les malades ont besoin de vois. Ils seront habitués à vous. »

Elle le savait. Même Matthew ne voulait pas qu'elle abandonne son métier. Ils avaient tous les deux raison.

Mais elle ne savait toujours pas comment se débrouiller pour avoir plus de temps pour sa famille.

Chapitre 34 : Moment de tendresse

Michaëla regardait Sully et Matthew, tous deux installés autour de la table, alors qu'elle amenait les plats sur la table.

Heureusement, ils étaient tous entendus pour ne rien dire à Colleen et Brian.

Mais cela n'avait pas empêché Colleen d'étudier attentivement sa mère et de demander à Sully si elle allait bien ou non.

Il avait répondu que tout allait s'arranger et qu'elle n'avait pas à se poser des questions. Michaëla s'assit enfin avec sa famille. Elle était contente de voir tout le monde réuni. Sully, assis en face d'elle, la regarda tout le long du repas en essayant de lui faire comprendre par son seul regard qu'il l'aimait et qu'il ferait tout pour la rendre heureuse à nouveau.

Elle lui sourit en retour et baissa les yeux en attendant que les enfants finissent.

Quand ce fut le cas, elle se dirigea sans mot dire vers l'évier et commença à faire la vaisselle.

Sully se leva après un regard appuyé de la part de Matthew, qui proposa une partie d'échec à Brian et Colleen, elle, alla se coucher. Sully alla rejoindre Michaëla.

« Tout va bien ? »

« Oui. »

Il la prit dans ses bras et l'embrassa sur le front car elle refusait de se tourner vers lui. Il aurait aimé pouvoir la regarder en face pour lui communiquer par son seul regard son amour inconditionnel.

« Michaëla ? Tu es sûre que tout va bien ? »

« Je viens de te dire que oui ! Nous sommes réunis ce soir ensemble et nous avons partagé un bon moment. »

« Pourtant, je suis certain qu'il y a quelque chose. »

« Que veux-tu qu'il y ait ? »

« Tu t'inquiètes du départ de Colleen. »

« Non ! Non ! Pas du tout ! »

Il la tourna de force vers lui afin de pouvoir lire dans ses yeux

« Michaëla, personne ne peut nous entendre. Colleen est allée se coucher et Matthew a tout fait que nous soyons seuls. Tu peux m'en parler. »

« C'est difficile, Sully. Une parti de moi veut qu'elle parte et qu'elle profite de cette expérience qui s'offre à elle. »

« Et l'autre partie ? »

« L'autre partie voudrait qu'elle reste un peu plus et a pour qu'elle ne soit pas prête. Je sais au fond de moi qu'elle est faite pour ça, mais je ne peux pas m'empêcher de ressentir cette tristesse. »

« Tu as peur qu'elle ne revienne pas ? »

« C'est une possibilité. Denver est une grande ville, plus grande que Colorado Springs. Il peut y avoir là-bas quelque chose qui l'attire. »

« Ce que tu oublies, c'est qu'ici, elle a une famille qui l'aime et qu'elle aime de tout son coeur. Je pense sincèrement qu'elle reviendra. Tu as bien vu comment elle a réagi à son prochain départ, elle est triste, elle s'inquiète pour toi. »

« Oui, mais là-bas, il y a tellement de choses à découvrir. »

« Peut-être, mais je crois qu'elle ne sortira pas beaucoup, elle sera trop concentrée sur ses études. »

Elle acquiesça.

« Je suis très fier de toi, tu sais. »

Cet aveu de la part de son mari la laissa sans voix, elle ne s'attendait pas à ce qu'il dise cela.

« Pourquoi ? »

« Parce que tu es une bonne mère. Charlotte a bien fait de te choisir pour recueillir Matthew, Colleen et Brian, je suis sûr qu'elle est contente de te voir aussi impliquée. »

« Tu m'as beaucoup aidée ! »

« Non ! Tu as tout appris par toi-même. Et je suis très fier de toi. »

Il se pencha et l'embrassa tendrement pour éviter une nouvelle protestation de sa part. Il voulait lui prouver qu'il l'aimait et qu'elle pouvait se satisfaire de ce qu'elle avait fait jusque-là.

Chapitre 35 : Le départ de Colleen

Après plusieurs recommandations et discussions entre elles, Colleen avait pris la décision pour son avenir, elle partait pour Denver pour devenir médecin.

Toute sa famille, ainsi que certains habitants de la ville, l'avaient accompagnéé à la gare, chacun lui donnant ses meilleurs jours de réussite.

Horace lui avait même offert la gratuité des télégrammes en direction de Colorado Springs, en lui assurant qu'il paierait à sa place.

Michaëla et Sully ne pouvaient qu'accepter parce qu'il s'agissait là d'un geste d'amitié de la part d'un homme seul et désespéré du retour de sa femme et de sa fille.

Après les embrassades des quelques habitants de la ville présents, Colleen se rapprocha enfin de son petit frère.

Il pleurait.

« Je ne l'abandonne pas, tu sais. Je penserai à toi tous les jours et je t'écrirai souvent, je te le promets. »

Il acquiesça et sécha ses larmes, la reconnaissant assez bien pour savoir que ce n'était pas des paroles en l'air.

Elle alla vers Matthew.

« Si tu as le moindre problème, il te suffit de m'envoyer un télégramme et je viendrai tout de suite », lui dit-il.

« Merci, Matthew. Puis, elle lui chuchota à l'oreille. Prends soin de maman. »

Elle se rapprocha ensuite de Sully, qui l'embrassa sur la joue

« Je suis sûr que tout se passera bien pour toi et je te promets de veiller sur la famille. »

Elle acquiesça et se réfugia dans les bras de Michaëla, qui portait Katie.

« Vous allez me manquer. »

« Tu ne verras pas le temps passer, tu seras très occupée. »

« Katie grandit tellement vite », murmura Colleen avec désespoir.

« Dès que je pourrai, je t'enverrai une photo de nous tous réunis. »

« Pas besoin de photos, maman, vous serez tout le temps près de moi, dans mon coeur. »

« Et tu seras toujours avec nous. » Lui répondit Michaëla.

Elle embrassa sa fille et la laissa monter dans le train, qui n'allait pas tarder à partir.

Une fois installée et assise, le train siffla et partit lentement.

Colleen leur fit des signes d'au-revoir, laissant ses larmes couler sur ses joues. De son côté, Michaëla fit pareil.

Les années avaient passées tellement vite.

Charlotte lui avait demandé de prendre soin de ses enfants il y a des années ou seulement la veille ?

Elle revoyait la jeune femme sur son lit de mort, lui demandant de prendre soin d'eux. Sur le coup, elle avait été embarrassée par cette demande plus qu'inattendue, mais elle devait admettre qu'elle avait pris la meilleure des solutions pour eux et pour elle.

Tant de choses s'étaient passées, ces enfants étaient maintenant comme les siens.

Elle attrapa un mouchoir dans sa poche et l'entourait de ses bras pour la serrer contre lui et la consoler. Et il n'était pas le seul.

Même Loren fut surpris de la voir verser des larmes.

Elle n'était pas si forte qu'elle voulait la laisser paraître mais peu de gens la voyaient dans cet état-là.

Il n'y a qu'avec lui qu'elle était vraiment elle-même et qu'elle laissait sa carapace s'effacer.

Pourquoi essayait-elle toujours de garder le contrôle alors que les gens appréciaient certaines fois de voir les sentiments des autres ?

Cela venait-il de éducation stricte ? Ou cela venait-il de sa mère ?

Il n'en savait rien mais il serait là à ses côtés pour prouver au monde entier que sa femme, celle qu'il aimait le plus au monde, n'était pas froide comme tout le monde l'aurait pensé mais qu'elle était bien normale.

Loren s'approcha d'elle, puis fit demi-tour avant de lui dire quoi que ce soit, ne sachant pas vraiment quoi dire.

Chapitre 36 : Intimité

Le départ de Colleen avait laissé un vide lors du dîner partagé en famille. Matthew avait été invité mais il y avait quand même une place de libre à table.

Michaëla s'était consolée de sa tristesse et Sully lui avait tenu la main tout le long du repas. Il lui avait fait comprendre que tout allait bien et qu'il fallait laisser Colleen mener sa vie.

Elle avait regardé dans les yeux et au fur et à mesure, elle avait commencé à ressentir du désir pour son mari. Enfin, elle se sentait revivre et ce n'était pas forcément les paroles de son mari qui l'aidaient, mais aussi son regard rempli d'amour.

Elle allait lui consacrer plus de temps. Cette sensation, elle le savait, ne s'arrêterait que quand elle se retrouverait seule avec Sully. Elle se leva de table, et alla chercher Katie dans ce berceau.

Elle le réalisait maintenant, elle n'était pas la seule à avoir ressenti cette tristesse. Sully aussi l'avait ressenti.

Il l'aimait plus que tout au monde, alors il était normal qu'il se soucie de ça. C'est vrai, elle avait beaucoup confié ses sentiments avec Sully mais lui ne l'avait jamais fait.

Que savait-elle de sa vie d'avant ? Qu'il avait été marié avec Abiagail Bray et qu'elle était morte en couches. Et quoi d'autres ? Il lui avait résumé son enfance mais que savait-elle en détails ?

Même lorsqu'elle lui faisait comprendre qu'elle souhaitait en savoir plus, il lui disait qu'il ne voulait pas en parler.

Des larmes apparurent dans ses yeux, et elle se détourna pour que personne ne se rende compte de sa tristesse et monta à l'étage pour cacher sa détresse. Tant de sentiments contradictoires passaient par son esprit qu'elle ne savait plus pourquoi elle pleurait.

Sully la regarda se diriger vers leur chambre, ne sachant comment agir avec elle. Matthew décida de partir pour cher lui et Brian monta se coucher.

Cela laissa l'opportunité à Sully de retrouver sa femme. Il entra à son tour dans leur sanctuaire et l'observa à son insu. Elle était penchée au-dessus du berceau de Katie et elle lui parlait calmement.

« Tu sais, je t'aime, mon ange, mais tu dois m'aider. Je veux retourner ton père, lui prouver que je l'aime, alors je veux que tu sois calme. Cela ne veut pas dire que tu ne comptes pas, non. Laisse-moi juste lui prouver que je tiens à lui. »

Elle allait continuer ses paroles mais elle entendit les pas de quelqu'un qui s'approchait et elle décida de s'allonger dans le lit.

« Hé, qu'est-ce que tu faisais ? » Lui demanda-t-il.

« Rien. »

« Je t'ai entendue parler. »

Elle ne dit rien, voulant rester secrète sur ce sujte et défit le bouton de son pantalon quand ils entendirent Katie pleurer un peu.

Sully allait se relever quand elle le retint.

« J'ai dit à Katie que je voulais te retrouver et c'est ce que je compte faire. »

Elle l'entraîna sous les couvertures pour un long moment de tendresse et d'amour retrouvé et apprécié pour elle et pour son mari. Il l'embrassa ensuite sur le front, heureux de ce retour d'intimité entre eux.

Chapitre 37 : Des mois d'attente récompensées

Quelques mois plus tard, après que Michaëla ait enfin trouver l'équilibre entre son métier et sa famille, ce fut le moment pour Grace de devoir accueillir son enfant.

Les contractions s'étaient déclenchées alors que tout le monde était à l'église et la jeune restauratrice avait été transportée jusqu'à la clinique.

Michaëla ne s'était pas posé de questions, elle n'avait pas hésité une seule seconde non plus, elle avait suivi Grace depuis le début de sa grossesse et allait rester avec elle, jusqu'à ce que le bébé soit né.

Le traditionnel pique-nique du dimanche s'était maintenu, mais pour une seule raison, s'informer de toutes les informations concernant la future maman et son bébé.

Ce couple si particulier et différent, qui avait tant de mal à s'installer dans leur nouvelle maison, était maintenant béni de Dieu.

Malgré les moqueries et les insultes qu'ils avaient subi, ils faisaient partis de la ville. De plus, ils avaient récemment recueilli Anthony.

Alors, les habitants ne voulaient pas montrer qu'ils s'inquiétaient, mais ils ne restaient pas loin.

Sully sourit en voyant Loren, Jake et Hank réunis le plus proche de la clinique. De son côté, Grace se trouvait dans une des chambres de repos, la main fermement accrochée à celle de Michaëla.

Grace ne savait pas comment se passait un accouchement et ne s'était pas préparée à de telles douleurs, alors elle appréciait le fait que son amie médecin reste près d'elle pour la distraire.

Toutes les questions qu'elle voulait poser sortirent au moment où elle devait subir les contractions de plus en plus fortes.

« Il y en a encore pour longtemps ? » Demanda-t-elle après une contraction plus forte que les précédentes.

« Toutes les femmes sont différentes mais je dirai que ça ne va pas tarder. Ne vous inquiétez pas, tout se passera bien », la rassura Michaëla.

Ces paroles auraient pu être rassurantes pour la jeune restauratrice, mais elle ne le furent pas. Pourtant, elle savait que son amie était passée par là il n'y avait pas longtemps et qu'en plus, c'était un excellent médecin.

Les doutes qu'elle avait depuis plusieurs jours revenaient en force. Elle gémit quand elle sentit une nouvelle douleur.

« C'est ça, Grace, respirez maintenant. »

Colleen se fit voir dans l'embrasure de la porte.

« Tout se passe bien, maman ? »

« Oui. »

Quelques heures s'écoulèrent avant que ce soit le moment pour la restauratrice de mettre son enfant au monde, un moment qu'elle passa à se faire raconter des anecdotes sur Boston par Michaëla pour penser à autre chose qu'à ses contractions.

Finalement, le grand moment arriva.

Colleen prit des linges et les utilisa pour rafraîchir son visage alors qu'elle s'engageait dans les dernières étapes de l'accouchement.

« Oh, Docteur Mike », gémit Grace.

« Allez-y, Grace, poussez de toute votre force. »

La jeune femme obéit et elle fit de son mieux pour pouvoir donner naissance à son enfant le plus rapidement possible.

Après des heures et des heures d'attente, les hommes qui attendaient à l'intérieur entendirent enfin les premiers cris du nouveau-né provenant de l'étage.

Robert E tourna la tête vers Sully, assis à côté sur lui sur le banc. Combien de fois le futur père s'était levé pour arpenter le sol en attendant ce moment joyeux et en s'inquiétant pour sa femme ? Ils ne le savaient fait au moins dix fois.

Il attendait maintenant avec impatience que le docteur Mike apparaisse à la porte et qu'elle lui dise que tout allait bien pour Grace et leur bébé.

Il était papa, enfin, il avait fallu attendre des années pour que cela se produise mais c'était enfn le cas.

Chapitre 38 : Réjouissances

Sully resta les yeux fixés sur la porte avec son ami. Lui aussi était impatient de voir sa femme franchir cette porte pour leur annoncer cette nouvelle naissance. Il voulait aussi la remercier d'avoir été présente en ce jour pour ce couple si particulier à leurs yeux.

Sully était heureux pour son ami RobertE, finalement, l'attente en valait la peine. La porte s'ouvrit enfin révélant une Michaëla souriante.

« Félicitations, dit-elle, vous avez une magnifique petite fille qui père presque six livres. »

« Et Grace ? »

« Elle va bien. Entrez, vous pouvez aller les voir. »

« Merci, docteur Mike. »

« Pensez surtout à remercier Grace », lui conseilla-t-elle, avant qu'il ne disparaisse à l'étage.

« Tout s'est bien passé, Michaëla ? » Demanda Sully.

« Absolument ! Il faut que je retourne auprès d'elle. »

Dorothy. arriva à ce moment-là avec Katie dans ses bras, inquiète elle aussi, elle avait pris soin de la petite fille jusque-là.

« Tout s'est bien passé ? »

« Toi, Dorothy, si vous voulez, vous pouvez vous installer dans le nurserie que Sully a fait pour Katie. »

« Merci, Michaëla. » Dit Dorothy, qui appréciait cette proposition de la part de son amie.

Le docteur Mike se rendit à son tour vers la chambre où était installée Grace et son bébé. Colleen avait conduit le jeune papa vers sa famille, dont Andrew s'occupait. Michaëla entra.

Elle repéra RobertE, installé à côté de sa femme, en extase devant leur petite merveille.

« Alors, comment allez-vous l'appeler ? » Demanda-t-elle.

« Ellen. » Répondit Grace, après avoir échangé un regard avec son mari pour avoir son accord.

« C'est un beau prénom. »

Grace hocha la tête pour la remercier. Ensuite, Michaëla lui montra et l'aida à nourrir son bébé pour la première fois.

Puis, elle demanda :

« Vous êtes prête à présenter votre bébé à certains de vos amis ? »

« Bien sûr », répondit Grace avec beaucoup de fierté.

Michaëla alla chercher Sully et Dorothy. Elle les guida vers la chambre et resta à l'entrée pour les observer à leur insu. Sully rentra et posa son regard sur le bébé à la peau brune.

« Je vous présente Ellen. »

« Elle vous ressemble, Grace », dit Sully.

« Vous voulez la prendre dans vos bras ? »

Sully n'osait pas dire oui à cette question, même s'il en mourrait d'envie. Alors, elle lui tendit le bébé sans dire une mot de plus.

Il se délecta d'avoir ce petit ange dans ses bras, heureux pour eux. RobertE l'observa, connaissant son amour des enfants et l'ayant vu plusieurs fois avec Katie dans les bras.

Michaëla, de son côté, essayait de cacher ses larmes face à cette scène si attendrissante et émouvante. Son mari semblait être très proche des bébés. Il avait tellement espéré avoir des enfants, et maintenant, à tous les deux, ils en avaient quatre.

Katie devait été leur don du ciel, le « reflet de leur amour ».

Elle avait enfin trouver l'équilibre entre sa vie de mère de famille et celle de médecin en partageant son temps entre les deux. Après toutes les épreuves qu'ils avaient traversé enfin le bonheur qu'il méritait.

Ils ne savaient pas combien de temps ils pourraient en profiter.

Avec Sully, qui avait perdu son travail d'argent indien à la réserve et elle qui réduisait ses heures, il était difficile de trouver l'argent. Heureusement, ils pouvaient compter sur la solidarité des amis.

FIN