Retour à la sérénité

ls n’avaient pas espéré qu’un tel jour puisse arriver. Ils l’avaient voulu mais n’avaient pas pensé pouvoir le réaliser, pourtant il était là et bien là.
Sur le chemin du retour vers leur maison, Sully se rappelait que trop de ce qu’il s’était passé ces derniers mois.
La fatigue se lisait sur le visage de sa Michaëla et elle ne pouvait pas la cacher maintenant qu’elle avait accompli ce qu’elle voulait plus que tout.
Elle ne lâchait jamais rien et elle n’avait pas pu lâcher ce combat qui consistait à obtenir la grâce de son mari. Maintenant, il allait falloir qu’il trouve un moyen de lui rendre la même chose.
Et la première à faire était de faire en sorte qu’elle se repose.
Il s’était arrêté en vue de sa maison, celle dont il connaissait chaque coin parce que c’était lui qui l’avait construite. Il jeta un coup d’oeil à sa petite fille assise sagement sur les genoux de Michaëla avec le sourire aux lèvres. Il partageait ce sourire avec elle.
Qui aurait pu prédire cela il y a quelques jours encore alors que lui et Michaëla se trouvaient au campement de Lune Noire ?
Les choses s’arrangeaient peut-être trop vite.
Cette pensée traversa Sully en un éclair et comme si son pressentiment était bon, il vit arriver un nuage de poussières au loin et put reconnaître son frère Cheyenne Nuage Dansant.
Vu son visage inquiet, il ne fallait pas être devin pour comprendre que tout ne se passait pas comme prévu.
Il s’arrêta à leur hauteur pour leur annoncer ce qu’ils redoutaient tous, surtout Michaëla.

Sully avait galopé jusqu’au campement des Renégats, pour les convaincre de suivre un autre trajet que celui qu’ils avaient prévu mais ils voulaient se battre. Son cœur battait à tout allure, craignant que l’armée ne vienne tout troubler là-dedans.
Et les soldats arrivèrent, dirigés par le signataire du pacte de liberté pour les Renégats, pour les arrêter et ils étaient prêts à tout pour cela, même à tuer Sully et Matthew qui les accompagnait.
Heureusement, même si Michaëla menait le chariot à vive allure, Welland Smith arriva avant elle pour couper court à cette situation.
« Vous avez signé un traité qui permettait aux indiens de regagner les terres du nord. Vous devez vous y soumettre, Général. »
Le soldat fit grise mine. Que faisait encore là cet envoyé du président Grant lui-même. Sûr qu’il allait devoir lui obéir et pour de bon cette fois-ci.
Sully et Michaëla furent soulagés par la tournure des évènements. Welland Smith avait mis en avant sa position auprès du président Grant encore une fois. Il se proposait d’accompagner les Indiens jusqu’aux Territoires du Nord.
Michaëla décida sans consulter son mari.
« Nous allons vous accompagner. »
« J’apprécie votre aide. »
Sully secoua la tête.
Ce qu’il craignait arrivait et il sut qu’il n’aurait rien à dire pour l’en dissuader. Matthew lui fit un clin d’œil vers l’arrière du chariot.
Un sourire éclaira brièvement son visage. Il allait attacher son cheval avec celui de Michaëla à l’avant du chariot. Ils avaient un peu de temps devant elle avant de partir.

Le sergent Mac Kay avait été libéré pour mettre le général Morisson aux arrêts et il fallait qu’ils s’organisent pour le mettre en prison.
Sans demander l’avis de sa femme, Sully la souleva dans ses bras et l’emmena vers l’arrière pour l’allonger sur le lit improvisé par Matthew.
Leur « fils » avait fait les choses en grand pour le confort de sa mère. Il avait mis un matelas et des couvertures, ainsi que des provisions de nourriture. Comme il s’y attendit, elle protesta :
« Sully, qu’est-ce que tu fais ? »
« Tu as pris la décision de nous accompagner sans même me demander mon avis et je sais que je ne parviendrai pas à te convaincre de rentrer à la maison. Mais il y a une condition que tu vas devoir accepter, celle de rester allongée à l’arrière. »
« Je suppose que ce n’est pas la peine que j’essaie de bouger ? »
« Tu as bien compris ? »
Il posa un baiser sur son front, se retenant de peu de l’embrasser sur la bouche et la poussa pour l’obliger à s’allonger.
Michaëla avait bien vu l’inquiétude traverser son regard quand elle avait proposé à Welland Smith de l’accompagner.
Elle ne voulait plus se séparer de lui et se demander sans cesse s’il était en sécurité ou pas.
Certes, Andrew ne lui aurait pas conseillé de faire ce voyage et si elle était honnête avec elle-même, elle ne l’aurait conseillé à aucune femme enceinte.
Mais l’envie de rester avec son mari pour l’aider à accompagner les indiens en Territoires du Nord et les voir libres.
Il n’y avait aucun moyen de faire autrement. Tout le monde admirait le courage de cette femme prête à tout pour la liberté des Indiens.

« Elle a bien fait de venir me chercher. Elle va bien ? »
« Elle se repose pour l’instant. Nous allons attendre quelques jours pour reprendre la route. »
Sully réalisa qu’il avait pris cette décision sans consulter sa femme auparavant et il se demanda quelle réaction elle aurait à son réveil.
« Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je vais rester un peu aussi. »
« Pas de souci, monsieur Smith, mon peuple se rend compte de ce que vous avez fait pour eux et vous en est redevable. » Intervint Nuage Dansant qui était resté près d’eux pendant toute leur conversation.
Welland Smith hocha la tête, heureux de l’accueil des indiens et les laissa à nouveau seuls.
« Je pense que devrais rejoindre Michaëla. Elle a besoin de toi. »
Sully acquiesça et se dirigea vers le tipi où son épouse se reposait.
Elle commençait à se réveiller quand il entra et elle semblait rechercher sa présence.
Elle ouvrit les yeux et le vit auprès d’elle.
« Nous sommes arrivés ? »
« Oui. Tu as dormi depuis notre dernier arrêt. »
Elle bâilla et s’étira, cherchant à s’asseoir mais Sully l’en empêcha.
« Sully ? »
« Reste allongée. Tu as encore besoin de repos. »
« Je ne vais pas pouvoir rester trop longtemps allongée. La nature m’appelle et le bébé bouge. »
« Oui, il a l’air assez énervé. Peut-être qu’il souhaite que tu arrêtes de bouger. » Dit Sully en caressant son ventre.
« Hum, ça fait du bien. » Roucoula Michaëla, savourant les petites attentions de son homme.
Sully l’embrassa délicatement sur le front.

« Tu t’es bien reposée ? »
« Oui, ça va. »
« Tu n’aurais jamais dû prendre la décision de nous suivre jusqu’ici, c’était trop dangereux. »
« Tu t’inquiètes trop, je me sens bien. »
« Il a fallu que je te force à t’allonger à l’arrière du chariot pour que tu te reposes. »
« Sully ! »
« Tu sais que c’est dangereux pour toi. Tu n’es pas raisonnable. »
« Je ne voulais pas que tu sois à nouveau séparé de moi. Je ne pouvais pas le supporter et je savais que tu voulais les suivre. »
Elle disait la vérité. Son mari aurait voulu accompagner les Indiens jusqu’aux Territoires du Nord quoi qu’il en coûte. Qu’aurait-il choisi si elle n’avait pas décidé de le suivre ? La question ne se posait pas. »
« Tu voudrais partager le repas avec les Indiens ? »
« Bien sûr. »
« Tu en es sûre ? Tu es encore fatiguée. Ils comprendraient si tu n’avais pas la possibilité de nous rejoindre. »
« Non. »
Elle décida de s’asseoir pour savoir quel effet cela aurait sur son était car elle se sentait effectivement étrange suite à son repos.
Sully devait avoir raison sur sa santé. Elle avait commis une imprudence en venant ici. Néanmoins, elle fit l’effort d’essayer de se mettre sur pied et Sully la vit pâlir aussitôt.
Il la soutint.
« Tu es sûre que tu es capable de pouvoir manger avec les Indiens. »
« Oui. » Dit-elle peu convaincue.

Elle fit un pas soutenue par son mari pour se rendre auprès des Indiens. Sully sut avant même qu’elle s’évanouisse qui n’allait pas être capable d’aller jusqu’au bout.
Il la reçut dans ses bras aussitôt.
Il l’allongea à nouveau dans le tipi et l’embrassa délicatement. L’inquiétude se lisait sur son visage. Il sortit et alla chercher Nuage Dansant. Lui seul pourrait la soigner s’il y avait la possibilité de le faire.
Nuage Dansant avait probablement eu un don de sixième sens quand il avait dit que Michaëla allait avoir besoin de lui. Sully le trouva juste devant le tipi.
« Tu as besoin de moi ! » C’était une affirmation, pas une question. Sully hocha la tête.
Nuage Dansant entra et alla auprès de Michaëla qui reprenait conscience.
« Mon amie, vous avez préjugé de vos forces. »
Elle ne répondit rien.
« Vous saviez que vous étiez fatiguée, n’est-ce pas ? »
« Andrew lui a dit de prendre soin d’elle et elle ne l’a pas assez écouté. »
« Ne parlez pas de moi comme si je n’étais pas là. » Répondit Michaëla d’une voix faible.
« Est-ce que vous perdez du sang ? »
« Non. »
« Vous avez mal ? »
« Un peu. »
« Vous devez rester allongée le plus possible dans les prochains jours. Vous risquez de faire naître votre bébé avant l’heure. »
Elle acquiesça.