Chapitre 49 : Conditions de vie

Matthew se demandait tout de même si Michaëla allait bien réagir face à ses propos. Colleen lui avait dit qu'il valait mieux qu'elle n'en sache rien.
De toute façon, ils exigeaient de savoir la vérité et il ne pouvait rien leur cacher.
« Ethan les a emmené jusqu'à une cabane lui appartenant. Il faisait en sorte de se cacher le plus possible, donc Colleen et Brian devaient se cacher eux aussi. »
Il n'y avait là rien de surprenant. Se sachant recherché, Ethan ne pouvait pas s'exposer aux regards.
« Brian essayait de le convaincre de les ramener auprès de vous mais il n'écoutait pas. »
Cela ne les surprenait pas non plus. Michaëla se demandait si Matthew ne faisait pas attention à ses paroles en raison de sa présence.
Et tel était bien le cas !
« Vous savez comme il aime jouer au poker. Un de ses amis l'a appelé pour lui proposer une partie. Il pensait avoir besoin d'argent pour pouvoir s'enfuir plus loin. »
Pour que les Sully ne puissent pas les retrouver, il avait eu l'intention de partir à l'autre bout du monde.
« Heureusement, il n'a pas gagné la partie, mais cela ne l'a pas arrêté. Il avait des dettes suite à cette partie. »
« Il n'a pas pu s'arrêter à temps ? » Demanda Sully.
« Non. Mais l'un de ses adversaires voulait l'argent au plus vite. »
« Comment a-t-il fait ? »
« Il a eu une idée. Il a fait embaucher Colleen pour qu'elle fasse du ménage...

… C'est là que je l'ai retrouvée et que je l'ai suivie jusqu'à la cabane. Ethan se faisait arrêter par la police à ce moment-là et il m'a demandé de nous ramener les enfants. »
« Tu connais le nom de son adversaire ? »
« Non. Mais c'est forcément un de ses amis. J'en ai informé Daniel. Il va essayer de se renseigner et savoir de qui il s'agit. »
« Je comprends mieux pourquoi Colleen ne voulait rien me dire au téléphone », remarqua Michaëla.
« Elle ne voulait pas que je vous le dise. Mais je préfère vous en informer tous les deux. »
« Tant que l'on ne sait pas qui était l'adversaire d'Ethan, on ne sait pas s'il ne pourrait pas retrouver les enfants. » Dit Sully.
« Exactement. Il faut que vous vous méfiez. »
Michaëla se demandait comment elle pouvait faire pour mettre Colleen et Brian à l'abri.
Elle n'avait pas de solution immédiate. Surtout que sa mère était à Colorado Springs.
Rien n'était fini, comme ils l'avaient pensé.
Matthew se sentit vite de trop. Il avait bien remarqué l'inquiétude de Michaëla.
Il ne pouvait pas se faire et leur faire que tout était terminé. Il avait bien fait d'en parler. Il savait aussi qu'il valait mieux qu'elle soit au courant.
De toute façon, Sully n'aurait pas pu lui cacher une chose pareille.
C'est d'ailleurs la réflexion qu'il se fit, quand Matthew décida de partir pour les laisser seuls.
Ils avaient besoin d'un moment en amoureux.
Michaëla se leva et alla de nouveau à la fenêtre.

Elle était angoissée par le fait que tout n'était pas fini.
Elle aussi avait un pressentiment et ce qu'avait dit Matthew le confirmait.
« Nous ne pouvons pas vivre dans l'inquiétude permanente. » Lui dit Sully.
« Je ne pourrai pas m'en empêcher. Savoir que cet homme est là en quelque part et qu'il peut s'en prendre aux enfants à tout moment. Si seulement ma mère était toujours à Boston. »
« Mais elle n'y est plus. Nous devons faire avec. »
« Oui. Tu as raison. Que pouvons-nous faire, Sully ? »
« Je ne sais pas, Michaëla. Nous ne savons même pas si nous connaissons cet homme ou pas. Il peut vivre dans cette ville. »
« Alors, il faut rester caché. »
« Combien de jours ? Un jour ? Deux jours ? Une semaine ? On ne sait pas quand il va se décider à se montrer. »
« Il faut faire comme si cette menace n'était pas sur nous ? C'est ça que tu proposes ? »
« Peut-être, Michaëla. Il veut nous obliger à nous cacher mais le meilleur moyen de l'embêter, c'est de se montrer. »
« Il peut agir à tout moment et rien ne l'en empêchera. »
« Peut-être as-tu raison ? Nous ne pouvons pas demander à Colleen et Brian de ne plus aller à l'école ou de ne plus sortir avec leurs amis. »
« Il vaut mieux vivre normalement. »
Sully la serra contre lui. Il savait qu'il n'arriverait pas totalement à la rassurer.
Que pouvait-il faire de plus ?
Il ne savait pas que c'était lui la cible. S'il l'avait su !
Il entraîna sa femme dans leur chambre commune. Elle devait aussi se reposer.

Elle ne pouvait pas passer son temps sans dormir.
Il fallait qu'elle pense au bébé.
Il l'obligea à s'allonger et eut l'idée de lui proposer une solution pour voir quelle réaction elle allait avoir.
« Ta mère a toujours une maison à Boston, non ? »
« Oui. Et elle veut la garder pour ses vacances. »
« Tu pourrais y aller avec Colleen et Brian. »
« Et te laisser seul ici ? »
« Oui. »
« Je ne partirai pas sans toi. Comme tu le disais, nous ne savons pas combien de temps cela va durer. Je ne veux pas rester séparée de toi trop longtemps. »
« Ce serait pourtant la meilleure des sensations. »
« C'est hors de question. On part ensemble ou on ne part pas ! Et je te rappelle que j'ai du travail qui m'attends. »
« Nuage Dansant comprendrait que tu t'absentes. »
« Nous ne partons pas, point final. Nous pourrions fuir, qu'il finirait par nous retrouver de toute façon. Nous ne pouvons pas vivre dans la peur. »
« C'est moi qui l'ai dit, je me le rappelle. »
« Alors, nous allons rester ici et vivre normalement et ensemble. »
Sully la prit dans ses bras.
« Je ne peux rien te refuser, mais je pense que tu es en train de faire une folie en restant ici ! »
« Ce n'est pas une folie. Je ne veux pas être séparée du père de l'enfant que je porte. J'ai le droit, non ? »
« Comment puis-je te convaincre de partir ? » Demanda-t-il en l'embrassant sur le front.
« Tu ne le peux pas ? » Répondit-elle en lui souriant.
Elle savait qu'elle obtenait ce qu'elle voulait de lui. Il était impensable qu'elle se sépare de Sully.