Chapitre 60 : Dans l'attente

Oiseau Blanc tentait de maîtriser les nerfs de Michaëla, qui n'arrivait pas à arrêter de sangloter. Elle n'eut plus d'autre choix, pourtant cela ne lui plaisait pas, que de lui administrer un calmant.
Après que Michaëla se soit endormie sous l'effet de la piqûre faite par son amie, elle sortit de la chambre pour essayer de contacter de Nuage Dansant.
Il fallait qu'elle sache si son mari avait réussi à rattraper Sully pour l'empêcher de commettre une bêtise et aussi qu'elle le tienne informé de l'état de Michaëla.
Son état était préoccupant et fragile. Il fallait absolument trouver un moyen de l'aider psychologiquement et elle avait une idée pour l'aider.
Si Michaëla réagissait ainsi, ce n'était pas pour rien. Elle devait avoir des souvenirs remontant à sa jeunesse.
Bien sûr, Oiseau Blanc ne savait pas à quoi elle avait dû faire face Michaëla mais elle espérait qu’avec l'aide de Nuage Dansant et de Sully, elle allait s'en remettre.
Elle pensait à une sorte de tente sauna où Michaëla et Sully seraient réunis pour faire la paix avec leur passé respectif. Cela les aiderait certainement.
Elle soupira et attendit que Nuage Dansant veuille bien répondre avant de se rendre compte que son appel était inutile quand elle vit Sully qui arrivait.
Il transpirait abondamment. Cela se voyait sur lui qu'il avait couru pour revenir vers sa femme. Il vint à sa rencontre et elle sut qu'elle serait incapable de lui mentir.
Peut-être que finalement elle n'aurait pas besoin d'utiliser la méthode de la tente sauna.

« Je suis désolé d'être parti comme ça. Comment va-t-elle ? »
« Elle a fait une crise de nerf. J'ai dû lui donner un calmant. Elle s'est endormie paisiblement. »
« Oh mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait ? »
« Elle a besoin de toi, Sully et tu as besoin d'elle. Il va falloir que tu lui expliques pourquoi tu es parti comme ça. »
« On va se disputer certainement. »
« Certainement, mais tu dois absolument rester près d'elle. Même si elle te rejette et te dise de partir, il faut que tu restes, c'est très important. »
« Je serai près d'elle, ne t'inquiètes pas. »
« Nous comptons sur toi, Sully. »
Il hocha la tête, remit ses cheveux en place d'un geste nerveux et se dirigea vers la chambre qu'occupait Michaëla.
Devant la porte, il hésita. Oiseau Blanc avait certainement raison, Michaëla allait le rejeter alors il ne sut pas comment il allait s'expliquer.
Son cœur se serra, il soupira un grand coup et ouvrit enfin la porte.
La première chose qu'il vit fut le dos de sa femme tourné vers la fenêtre. Il s'approcha pour avoir une meilleure vue et vit ses larmes séchées sur ses joues.
Il s'assit sur la chaise du côté de la fenêtre et tendit les mains pour lui toucher le visage. Il avait besoin de la toucher et de la consoler. Ses pouces effacèrent et essuyèrent les larmes sur ses joues. Il se pencha un peu pour déposer un baiser sur son front.
« Je suis désolé, mon cœur. Je suis désolé. » Murmura-t-il.
Il caressa ses cheveux. Il avait besoin d'un contact physique avec elle.
Le calmant eut un effet durant environ trente minutes, puis Michaëla finit par ouvrir les yeux au moment où Sully l'embrassait tendrement sur la joue.

« Tu es de retour ? » Lui demanda-t-elle.
« Je me suis rendu compte de mon erreur. Excuses-moi d'être parti comme ça. »
Son visage était encore proche de celui de son mari et il pouvait voir son regard blessé. Que pouvait-il dire pour se faire pardonner ?
« Quand je me suis aperçue que tu étais parti, j'ai pensé à tout ce que tu avais subi. J'ai compris ce que tu voulais faire et je voulais t'en empêcher. »
« J'ai fait une erreur. Je sais que j'aurai dû y réfléchir avant d'y aller. »
« Oui, tu aurais dû. Je ne savais pas dans quoi tu allais te lancer et quel danger tu courrais. Heureusement, il ne t'est rien arrivé mais je ne le savais pas. »
« Je sais que tu étais inquiète et que Oiseau Blanc a dû te donner un calmant. J'en suis désolé. Mais je pensais que c'était la seule solution pour te protéger. Je veux qu'il soit arrêté et que tu ne sois pas exposée à la violence de cet homme. Il t'a tiré dessus. »
« Si tu m'avais dit que c'était pour cela que tu voulais le piéger, peut-être que j'aurai pu le comprendre. »
« Que dois-je faire pour que tu me pardonnes ? »
« Je ne sais pas, Sully, je ne sais pas. »
« J'ai peur qu'il finisse par venir jusqu'ici et qu'il s'en prenne à toi. S'il te tuait, je ne survivrais pas, ça serait impossible. J'ai besoin de toi et de ton amour. Je peux comprendre ce que tu ressens mais il est temps aussi que tu saches à quel point j'ai eu peur. »
Cette dernière phrase la toucha et elle attendit de voir si Sully allait en dire plus ou pas.
Elle réalisait qu'elle avait besoin de savoir ce que Sully avait ressenti même si elle en avait une idée.

« Je t'aime, Michaëla, plus que tout au monde. Je déteste d'avoir été à l’origine de ta blessure. O'Connor a tiré sur toi parce que tu es ma femme. Il a tiré sur la personne qui compte le plus pour moi. Il n'a pas fait cela au hasard. Tu ne sais pas combien j'ai souffert quand j'ai ramassé dans mes bras. J'ai cru que j'allais te perdre pour de bon. Mon cœur s'est brisé. J'ai appelé Nuage Dansant, je n'avais que ça à faire. »
Il passa sa main dans ses cheveux nerveusement et baissa les yeux incapable de soutenir son regard évidemment touché par ses mots.
« Il a été incapable de me repousser. Il fallait que je reste près de toi, même si j'étais aveugle à tout ce qu'il se passait autour de moi. Après l'opération, Nuage Dansant m'a assuré que tu allais t'en sortir mais j'attendais ton réveil pour en être sûr. »
Les larmes coulaient silencieusement sur les joues de Michaëla et elle fut incapable d'en vouloir plus longtemps à Sully. Sa main libre se dirigea vers ses cheveux pour les caresser.
Le jeune homme releva son regard tourmenté vers elle et redit.
« Je suis désolé, je suis désolé. »
« Je ne peux pas t'en vouloir, Sully. Je comprends ce que tu as ressenti et pourquoi tu as ressenti le besoin de trouver un moyen d'arrêter O'Connor. Je te pardonne. »
« Quoi ? »
« Je te pardonne. Je ne peux pas vivre sans toi non plus. Tu as réagi sans réfléchir mais peut-être que j'aurai fait pareil pour toi. »
Elle ne mentait pas, Sully le savait.
Quand sa main lâcha son emprise et se posa tout naturellement sur son bras, Sully la prit et entremêla ses doigts au sien.
Il porta sa main à ses lèvres et l'embrassa, puis il se rapprocha sans trop savoir à quoi s'attendre.
Quand elle vit qu'il hésitait, ce fut elle qui posa ses lèvres sur les siennes pour un long baiser.