Une vie qui change

Mon enfance a été des plus choyées, mais en même temps, des plus complexes.
Je n'étais pas comme mes soeurs, dès l'âge où j'ai pu choisir ma voie, contrairement à mes soeurs, j'ai voulu me diriger vers la médecine comme mon père.
Mon choix de carrière n'était pas des plus facile pour une femme, je devais me confronter à des hommes voulant tous m'empêcher de mener à bien mon projet de vie.
Mes études furent dures à mener, car je devais faire face à des réactions attendues de la part de ma mère, surtout, qui faisait tout ce qu'elle pouvait pour essayer de me dissuader de continuer dans cette voie.
Je réalise maintenant qu'elle voulait me protéger, mais à l'époque, je me suis dit qu'elle était comme les autres et qu'elle ne souhaitait pas me voir réaliser mes rêves.
Mon seul soutien était mon père.
Il attendait quelqu'un pour prendre sa suite, il avait trouvé quelqu'un.
Je sais que ma relation avec mon père était privilégiée et qu'aucune de mes soeurs n'avait un tel lien avec lui.
Aussi, quand on le découvrit mort un matin, ma vie s'arrêta, et plutôt que de se soutenir l'une l'autre, ma mère et moi avons passé les jours suivants à nous déchirer.
Elle a osé me dire que je ne réussirai pas à avoir un cabinet de médecin et que je ne serai jamais reconnue en tant que telle un jour.
Il faut bien dire qu'elle avait raison.
J'ai bien sûr essayer de prendre la suite de mon père, mais aucun de ses patients ne vint me voir par la suite. J'attendais un signe du destin pour savoir que faire.

 

Je ne pouvais pas soupçonner que cela arriverait aussi vite, mais c'était bel et bien le cas.
Ma mère tenta de me dissuader à nouveau de continuer à vouloir exercer mon métier et elle s'y prit d'une manière très particulière.
Elle commença à convoquer des hommes que j'ai côtoyé avant la mort de mon père, en espérant que j'en choisisse un pour me marier avec lui.
Elle a même essayé de me dire de me marier avec le plus riche d'entre eux.
Elle m'a dit que l'amour n'avait aucune importance là-dedans que cela viendrait plus tard.
Mais je ne pouvais pas l'y résoudre. Plus les jours passaient, plus je me rendais compte que ma vie n'était pas à Boston.
Néanmoins, j'acceptai les rendez-vous que ma mère me concoctait.
Les hommes qui essayèrent de me séduire ne me correspondaient pas du tout !
Je me souviens de Harris, c'est celui qui prit le plus de mal à essayer de se marier avec moi.
Il est venu me voir tous les jours pendant plus d'un mois, m'emmenant dans mes endroits préférés de Boston.
Je ne compte plus le nombre de fleurs que j'ai reçu de la part de cet homme, mais son attention retomba immédiatement quand il comprit que je n'abandonnerai jamais mon métier.
Il aurait aimé que je devienne sa servante et que j'abandonne mon projet.
Alors que je songeais réellement à renoncer à mon rêve de devenir médecin, je vis une annonce dans un journal qui changea ma vie à jamais.
Une petite ville située dans le Colorado recherchait à un médecin, ils avaient besoin de moi. Je me rendis immédiatement au bureau du télégraphe pour proposer mes services.
Contrairement à ce que j'attendais, je reçu une réponse favorable et je me décida à partir pour cette ville.
Mais la réaction de ma mère aurait pu me persuader d'abandonner cette idée. Elle devait avoir peur pour moi, mais je ne le réalisais pas à ce moment-là.
Quand je lui annonçai ma décision de partir pour cette ville non civilisée - comme elle l'appelait - elle se montra déçue et me dit que j'allais forcément rencontré des difficultés en m'installant là-bas.
Pour la première fois de ma vie, je m'éloignais de ma ville de naissance, celle que j'avais toujours connu et j'en ressentai des sentiments mitigés.
Boston était une grande ville avec ce qu'il fallait à portée de mains, j'avais des servantes et des femmes de ménage qui faisaient tout à ma place et je réalisai que ce ne serait certainement pas le cas là-bas.
Rien ne m'aurait fait reculer.
Depuis que j'avais annoncé à Harris mon intention de partir, il verrait plus me voir. Je compris ainsi qu'il n'en avait rien à faire de moi.
Il ne comptait pas pour moi, je ne l'avais jamais embrassé et je n'avais jamais partagé avec lui les moments que j'ai connu avec David Lewis, mon fiancé était mort à la guerre.
Les adieux à ma mère furent très froid. Elle essaya encore de me dissuader de partir et je suis sûre qu'elle espérait que je revienne à Boston le plus tôt possible.
Pourtant, elle savait très bien que ce ne serait pas le cas que je ne renoncerai pas aussi facilement.
 
Le voyage pour aller dans cet endroit reculé de toute civilisation fut le plus éprouvant de ma vie, d'autant plus qu'il fallut terminer mon périple en diligence, mais j'avais l'espoir d'être accueillie comme une sauveteuse.
Ce ne fut évidemment pas le cas !"
Dès l'arrivée de la diligence, mon rergard erra dans ces rues désertes. En plus, la pluie récente avait de la terre battue de la boue, et il fallait absolument faire attention afin de ne pas glisser.
Je tomba dans la boue et un jeune homme m'aida à me relever. Son regard bleu comme l'océan et ses vêtements peu ordinaires attirèrent mon attention. Je n'avais pas vu un tel homme, pourtant son visage resta gravé en moi.
Je ne pouvais pas juger quelqu'un comme ça, par son apparence, ce n'était pas mon habitude, mais je souhaitai de tout mon coeur le revoir et parler avec lui. Il m'intriguait !
Je me présentai au Révérend et celui-ci, comprenant qu'une erreur était survenue dans le télégramme annonçant mon arrivée.
Il m'emmena au bureau du télégraphe pour vérifier et Horace confirma.
Le Révérend s'excusa de m'avoir fait déplacée en m'assurant que mes frais me seraient remboursés.
J'étais face à ce que je craignais le plus. Ces personnes-là ne voulaient pas plus d'une femme médecin que les habitants de Boston.
Je ne voulais pas renoncer et me dirigea - après qu'on m'en ait indiqué la direction - vers la pension de famille.
La veuve Cooper - comme elle était appelée - gérait cette pension et ainsi, essayait de gagner de l'argent afin de nourrir ses enfants.
Je devins vite amie avec elle parce que, comme elle le disait, une sage-femme et un docteur étaient faits pour s'entendre.
Sa vie n'avait pas été toute rose. Son mari avait fui avec l'argent de la famille les laissant seuls et sans argent.
L'aîné, Matthew, prenait beaucoup ses frère et soeur en charge et je ne pouvais pas soupçonner à quel point la désertion de son père acait affecté ce jeune homme si fragile.
 
Ce fut elle qui m'aida à m'installer correctement dans cette ville que je ne connaissais pas. Il fallait absolument trouver un endroit où je puisse exercer la médecine.
Elle m'accompagna, en me prenant sous son aile, pour aller voir les petites annonces dans le magason tenu par Monsieur Bray.
Il faut croire que dans la ville aucun logement n'était disponible, vu la taille de la ville, aussi je demanda à passer une petite annonce.
Pas de place pour une petite annonce non plus !
Il faut croire que personne d'autre que Charlotte ne voulait m'aider.
Sauf peut-être quelqu'un qui me surprit encore une fois en plantant son tomahawk, alors que je faisais part d'une opinion très peu appréciée sur la présence d'une pancarte indiqaunt "interdit aux Indiens et aux chiens."
Il était intervenu parce que j'avais besoin d'aide, mais sans dire un mot.
Je ne connaissais toujours pas son nom.
Charoltte me conduisit en dehors du magasin en me conseillant de ne pas trop m'impliquer dans des affaires qui ne me regardaient pas.
C'était bien sûr mal me connaître car je ne pouvais pas m'empêcher de défendre les plus fragiles.
Avant que je puisse quoi que ce soit, j'alla, accompagnée de ma nouvelle amie vers la forge pour essayer de trouver un cheval.
En découvrant qui tenait cette forge, j'avais un peu d'espoir. Peut-être que cet homme allait pouvoir comprendre ce que je traversais.
Je ne dirai pas que cet homme était noir, cela ne me ressemblerait pas, non, je dirai qu'il avait une couleur de peau différente.
De par cette différence, il saurait certainement m'apporter son soutien. Ce ne fut absolument pas le cas.
Comme tous les autres, il me montrait de l'hostilité et ne me vendit qu'un vieux cheval qui n'avait que très peu de temps à vivre.
Bref, mis à part le soutien de Charlotte, je n'en avais aucun. Je devais essayer de m'imposer d'une autre manière.
 
Mais avant cela, ce jeune homme qui me bouleversait déjà - sans que je n'ose me l'avouer - vint me trouver à la forge.
Il m'aida à monter sur le cheval que j'avais choisi en me tendant mon annonce. Sans le savoir, j'étais la première personne qui allais louer sa maison et il avait fait cela pour se rapprocher de moi.
Il me conduisit vers son habitation et me proposa un prix tellement raisonnable que je ne pus qu'accepter. C'était le seul moyen pour moi d'avoir un endroit où exercer mon métier.
Ce n'est pas cela qui arrangea ma situation. Comme me l'avait si bien dit Sully, je voulais apprendre à me débrouiller toute seule.
Encore heureux, mon amie Charlotte et ses enfants vinrent m'aider à nettoyer la maison pour la rendre habitable.
Il était évident qu'elle n'avait pas été occupée depuis plusieurs mois.
L'histoire que m'avait racontée Charlotte me revint à l'esprit à ce moment-là et loin de songer à la poussière des lieux, je pensais plutôt à la peine qu'avait éprouvée Sully.
Il avait tout laissé de son ancienne vie dans cette maison, des photos, des vêtements, des jouets, tous des souvenirs d'une vie brisée trop rapidement, je l'imaginais. Je réalise aujourd'hui que mon coeur fut bouleversé dès ce moment-là.
Je comprendais ce qu'il ressentait, je le comprenais si bien !
L'un comme l'autre, nous avions souffert.
Manier un balai, faire la cuisine pour me nourrir étaient des choses qui le semblaient impossibles. J'allai devoir y faire face !
Ma vie prenait un nouveau tournant. Pour la première fois de ma vie, je me retrouvai toute seule. Ce n'était pas forcément facile !
Le lieu isolé, ma solitude, tout aurait pu me faire reculer et rentrer chez moi, à Boston, mais j'avais choisi de ne pas baisser les bras comme ça, sans rien tenter pour essayer de m'intégrer dans cette ville.
C'est pour cela que je me rendis dans le salon de coiffure de Jake Slicker pour parler d'un mal de dent tenace qui n'existait pas, afin de me rendre compte jusqu'où pouvait aller les hommes.
 
Je ne savais pas que j'allais le regretter amèrement, surtout au niveaude la douleur. Je lui parla de mes dents et il prit la décision de m'en arracher une qui était saine sans rien me donner pour tenir pendant le processus.
Ce fut un très dur moment où j'évitais au maximum de crier afin de faire preuve de mon courage devant tous ces hommes présents ce jour-là. Je le remercia et retourna auprès de mon amie Charlotte.
Elle comprit rapidement ce que j'avais fait et pourquoi !
Ce qu'elle me dit ensuite était très fondé. J'aurai peut-être dû réfléchir un peu plus avant d'arriver à cette solution extrême.
Elle avait raison. En retour de ma souffrance, j'avais quand même réussi à m'occuper de la blessure du barbier, ce qui n'était pas si mal.
Ce qui me réconfortait un peu, c'est que, malgré des annonces répétées, la ville n'arrivait toujours pas à trouver un autre docteur.
Les habitants allaient peut-être venir me voir après tout.
Ce jour-là, je raconta ma vie à Charlotte et elle fit de même en retour. Je compris ce par quoi elle était passé et sa difficulté à trouver de l'argent pour nourrir ses enfants.
Cela nous unit en un espace très limité et je me réjouissais de cette proximité avec quelqu'un d'autre que mon père.
Je fis d'ailleurs l'expérience de ce que ce lien allait apporter à ma vie en l'aidant à accoucher Emily, une jeune femme qui avait des difficultés à donner naissance.
D'ailleurs, je dus pratiquer une césarienne, seule solution pour l'aider.
Cela consolida mes liens avec Charlotte.
Je mesurai à quel point, quand, pour une morsure de serpent, Matthew revint me chercher chez moi afin que je soigne sa mère.
J'étais face à une des situations les plus difficiles que j'ai rencontré dans ma vie. Je savais très bien, en tant que médecin, ce que pouvait entraîner une telle morsure, mais je fis de mon mieux pour essayer de la sauver car je trouvais sa mort trop cruelle.
 
J'allai d'ailleurs en faire la terrible expérience. Malgré le peu de chances qu'elle allait de combattre le poison, je préparais quand même la décoction sensée l'aider.
Mais mes efforts furent vains. Elle reprit conscience pour ses dernières volontés dit d'une petite voux faible que je l'entendis à peine.
J'étais la seule à qui elle pouvait demander cela, alors que je ne la connaissairs pas depuis longtemps. Elle voulait que quelqu'un de confiance et je ne me sentais pas apte à les recueillir.
Ce fut certainement une des plus dures décisions de ma vie, pourtant j'accepta ce défi car je lui devais bien ça.
Soulagée par cette acceptation de ma part, elle rendit son dernier souffle devant ses enfants qui s'effondrèrent dans mes bras.
Voici comment je me retrouvai mère de famille sans vraiment l'avoir voulu. Cependant, je ne pouvais pas laisser les enfants dans la rue, même si j'admettais que la cohabitation allait se réveler difficile.
Avant cela, il fallut organiser les funérailles de Charlotte avec le peu d'argent qu'elle avait laissé, après avoir dû laisser la pension de famille à la banque.
Matthew me manifesta beaucoup d'hostilités, mais il n'avait pas le choix que d'accepter de venir habiter chez moi.
Ce fut certainement aussi le cas de Colleen et de Brian, pourtant je fis de mon mieux pour que cela se passe mieux.
Je demandai même des conseils à ma mère mais celle-ci ne me répondit même pas, sans doute persuadée que ce j'avais fait était de la folie pure.
Peut-être avait-elle raison !
Une femme célibataire d'un certain âge, allait peut-être devoir faire face à des rumeurs la concernant, surtout en ce qui concernait les enfants.
Certains des habitants de Colorado Springs pensaient certainement que je n'avais pas les épaules pour devenir mère et la suite des évènements leur donna sans doute raison.
 
Un jour ou plutôt une nuit, Brian partit de la maison sans que je m'en aperçus.
Il souhaitait vivre comme son ami Sully. Je me rendis compte de sa figue le lendemain matin.
Désespérée par sa disparition, je me posai des centaines de questions concernant mon rôle de maman auprès de ces enfants qui n'étaient pas de moi.
Je les avais recueillis mais je n'avais pas les capacités de m'occuper d'eux. Je pris mon cheval et partit pour essayer de retrouver Brian.
Je ne connaissais pas encore assez les environs, je pouvais me perdre très facilement. Je ne savais certainement pas que les habitants de Colorado Springs allaient tenter de m'aider en faisant appel à l'Armée.
Si j'avais pu deviner, je pense que j'aurai ordonné à Matthew de ne rien dire à personne.
Je me retrouva encerclée par les Indiens sur le chemin, Sully m'expliqua que pour la réserve où je me trouvai face à Sully.
Alors que je me débattai dans les bras de l'un des Indiens, Sully m'expliqua que pour eux, je m'étais perdue et qu'il m'avait emmenée jusque là-bas parce qu'ils croyaient que je serais en sécurité.
Je songeais à la nuit qui arrivait, aux dangers de la forêt pour celui qui était devenu mon fils. Je souhaitai repartir immédiatement à sa recherche.
Mais Sully m'en empêcha en me convainquant d'attendre le lever du jour.
J'étais désespéree, mais je ne pouvais pas aller contre cette décision. Je me suis abritée sous le tipi que Sully partagea avec moi.
Je partageai un abri pour la première fois de ma vie avec un homme.
Sa présence à mes côtés me réconforta plus que je ne le pensais, même si je fis de mon mieux pour montrer ma détermination.
Il ne voulait pas que je vienne avec les Indiens le lendemain. Je lui prouva alors que je ne l'écouterai pas et que je m'enfuierai s'il le fallait !
Je me préoccupai aussi du sort de Colleen et de Matthew mais Sully me fit comprendre qu'ils savaient certainement s'occuper d'eux-mêmes.
Sully posa sa couverture sur mes épaules, laissant ses mains sur ces dernières probablement plus que nécessaire. Je ne me doutais pas que cette nuit-là resterait ancrée dans ma mémoire.
 
 
 
Il se coucha de son côté et moi du mien, je crois que son regard ne lâcha pas le mien une seule seconde. Je suis sûre qu'il vit mes larmes couler le long de mes joues.
Certainement gênée par ce regard, je me détourna pour être dos à lui et tomba dans un sommeil agité et pleins de cauchemars.
Si bien que le lendemain, j'ouvrais de petits yeux sur le monde qui m'entourait. Je fis encore preuve de mon entêtement en réussissant à convaincre Sully que je pouvais les accompagner à la recherche de Brian.
Je ne réalisais certainement pas les dangers que je faisais courir aux Cheyennes, pourtant, j'aurais dû savoir quels risques ils prenaient en m'aidant ainsi.
Mais, à ce moment-là, je ne le réalisais même pas.
Sully et moi partîmes ensemble pendant que les Cheyennes menaient leurs recherches de leur côté. Nous retrouvâmes Brian assez rapidement car il s'était blessé.
Mon coeur de mère se brisa quand je le vis en bas d'une falaise presque sûre de le perdre. Heureusement, Sully ne réfléchit pas et descendit pour aller le chercher et lui porter secours.
Je fis mon métier auprès de mon fils, et le soigna avec, la première fois avec la tendresse d'une mère pour son enfant. Quand il grimaça penfant que je lui remettais sa jambe, je fis en sorte que cela dure le moins longtemps possible.
Il fit preuve d'un courage exemplaire et sans réfléchir, je le pris ensuite dans mes bras. Je crois que c'est ce jour-là que se noua une relation entre Brian et moi qui allait durer un long moment.
Sully et moi nous dirigeâmes ensuite vers les Indiens afin de les préevnir de stopper leurs recherches. Mais ce que ni lui ni moi n'avait prévu allait se dérouler.
Le Général Sheridan avait été au courant de la sortie de la réserve des Cheyennes et venait les arrêter pour sortie interdite de la réserve.
Tout cela à cause de moi.
Sans réfléchir et sans sentir la main de Sully, qui essayait de me retenir, je me mis entre les Soldats et les Cheyennes pour les sauver d'une situation critique.
 
Je ne voulais aucun affrontement entre l'Armée et les Indiens par ma faute. Je fis preuve de courage, je crois.
Je pris la défense des Cheyennes en disant au Général en lui faisant comprendre que c'était de ma faute s'ils étaient sortis de leur réserve. A force de persuasion, il comprit ce que je disais et fit demi-tour.
J'avais réussi à les sauver pour cette fois.
Les Cheyennes me remercièrent par un seul regard et regagnèrent leur campement où ils seraient en sécurité.
Matthew arriva peu après et me demanda comment allait son frère et nous pûmes regagner la maison.
Sully nous accompagna, voulant certainement s'assurer que nous allions regagner notre maison en toute sécurité.
Je me réjouissai de l'avoir près de moi et pourquoi il veillait sur nous était un mystère pour moi. Je suppose qu'il voulait seulement se montrer présent.
Quand il partit, ce fut pour une longue période, et ne le revis que quand il eut besoin de moir pour soigner Aigle Noir, le chef des Cheyennes.
Sa blessure au cou était très grave et je savais que je devais garder ke secret sur sa venue à la maison pour leur sécurité et sur la notre.
Je m'occupais de toute sorte de patient et ce n'est pas leur origine qui aurait pu me reculer.
Je savais très bien que je venais de m'impliquer dans un milieu que je ne connaissais pas avant et que j'allais y rencontrer des personnes qui allaient bouleverser ma vie à jamais.
Je n'en avais pas encore conscience, même pas qaudn Aigle Noir me donna le nom Indien qui signifiait femme médecin.
Ce fut encore une fois une longue absence de Sully. Je ne sais pas pourquoi il s'absentait aussi souvent. Peut-être avait-il peur des sentiments qu'il éprouvait pour moi. Le décès de sa femme d'Abigail était certainement trop récent.
 
Je ne l'attendais plus, je me convainquis même qu'il m'avait oublié, que nous n'aurions aucun lien, même celui de l'amitié.
Je n'avais plus aucun ami, ma famille de Boston se fichait pas mal de ce que je devenais, j'étais seule. Rebecca m'écrivait de temps en temps et ma clientèle -si peu qu'elle existait - ne suffisait pas à me faire des amis.
J'étais désespérée de me retrouver seule. Heureusement, les enfants m'apportèrent le soutein dont j'avais terriblement besoin. La période de l'année qui approchait ne me réconfortait pas plus.
Les conseils que j'avais demandé à ma mère n'arrivaient pas. Peut-être m'en voulait-elle ? Tout ce que je sais, c'est qu'elle ne m'encourageait pas plus que dans le passé à devenir médecin.
Seul mon père aurait pu m'apporter son soutien ! Souvent, je pensais à lui si tristement, me demandant ce qu'il avait voulu que je fasse.
Je me convainquis, que les fêtes de Noël approchant, je devais faire comme ma famille avait l'habitude de faire. Alors, j'organisai les préparatifs de la fête avec les enfants.
Une fête en ville avait même été organisée. Je sais que Colleen en rêvait, mais il fut évident que nous ne pourrions pas aller à Colorado Springs à cause du temps qu'il faisait.
La neige rendait, le chemin impraticable et cela fit presque pleurer la jeune fille que je considérai comme ma fille.
J'aurai tout fait pour lui rendre le sourire. J'avais prévu de passer une soirée agréable avec eux au retour de la messe de Noël, j'allais le passer quand même. Puisqu'on ne pouvait pas se déplacer à cause de la tempête, il allait falloir faire avec.
C'est là que s'organisa notre dîner familial pour la première année.
Nous avons passé un bon moment ensemble et au moment où nous nous attendions le moins, quelqu'un frappa à la porte.
Je ne savais pas de qui il s'agissait, nous pensions, les enfants et moi, d'un rôdeur et qu'il ne fallait absolument pas lui ouvrir pour notre sécurité, mais quelque chose en moi me dicta à ouvrir finalement.
 
L'apparition devant moi me surprit. Je savais qu'il neigeait en abondance à l'extérieur mais je ne m'attendais pas à autant.
L'homme qui était en attente de pouvoir se réchauffer dans la maison était si recouvert de flocons qu'il était difficile de le reconnaître. Je compris au bout d'un moment qui me parut une éternité qu'il s'agissait de Sully.
Je le fais enfin entrer pour qu'il puisse se réchauffer pas loin du feu qui brûlait dans notre cheminée.
Abasourdie et sous le chox, je ne lâcha pas un mot pendant de longues minutes. Brian s'était précipité sur lui et je dus réagir pour qu'il le laisse respirer quelques instants. Le sourire de Sully me rassura sur le fait que cela ne le dérangeait pas.
Cachés sous son manteau, se trouvait des cadeaux pour chacun des enfants.
Brian reçût un bébé loup qui lui ravit les yeux.
Chacun eût un cadeau de la part du jeune homme.
Mais ce que je n'attendais pas arriva car j'eus aussi le droit à mon présent. Je ne connaissais pas encore, à ce moment-là, le talent de menuisier et de sculpteur de Sully, mais en voant la pancarte qu'il avait fait pour moi, je le compris.
C'était une vraie pancarte, surtout comparée à celle que j'avais mis sur la porte de la maison. C'était un énorme cadeau !
Je comprends aujourd'hui pourquoi cela m'a paru si particulier mais à ce moment-là, j'en étais bouche-bée et je n'étais même pas capable de le remercier. Il allait repartir et moi, je réagissais à peine.
Ce ne fut que quand il alla vers la porte que je le retins à dîner. Après tout, il avait réussi à apporter le soleil dans toute cette neige au dehors.
Colleen rajouta une assiette pour lui et il s'installa à côté de moi.
Ce dîner de Noël m'apparaissait comme quelque chose de magique. J'étais partie seule de chez moi, en m'aventurant dans un monde reculé, loin de toute civilisation, comme l'avait si bien dit ma mère et j'avais trouvé une famille.
Par la force des choses, j'avais du recueillir des enfants d'une autre, faire face à toute sorte de critiques et j'en étais arrivée là, entourée des enfants et d'un ami très cher pour qui j'avais des sentiments très forts.
 
Mais bien sûr, je n'aurai avoué cela à personne, d'autant que peu de temps, j'allais devoir faire face à une épidémie d'influenza.
Le premier cas se détecta très peu de temps après Noël, mais le pire fut que cette grippe se répandit aussi vite qu'un feu de poudre. De plus, la tante de Colleen et de Brian venait d'arriver en ville en me disant que je devais absolument lui laisser les enfants.
Je n'avais pas vraiment besoin de ça et je ne m'en préoccupais pas tant que cela, je devais tout d'abord trouver le moyen de mettre tous mes patients dans un endroit.
La maison que me louait Sully ne suffisait pas.
La pension de famille que possédait Charlotte n'avait pas encore été vendue.
Je savais que je faisais quelque chose de mal aux yeux de la Loi en utilisant des locaux que je ne possédais pas, mais je n'avais pas trop le choix.
Le pire là-dedans était que je devais laisser les enfants seuls sous la garde de Matthew pour éviter toute contagion.
Mais il était clair que seule, je n'allais pas y parvenir. Les planches fixées sur les fenêtres étaient impossibles à enlever. Heureusement que Sully, qui se trouvait dans les parages, m'aida à les enlever. Lui au moins comprenait pourquoi je faisais cela car je n'avais pas beaucoup d'ami, sauf peut-être Horace.
Plus les patients atteints de cette maladie s'accumulaient, plus je savais que je ne pourrais pas m'occuper de tous ces gens.
Ce fut à ce moment-là que Brian fut transporté en ville avec les symptômes de l'influenza. Les éloigner n'avait pas suffit à les protéger, alors que Colleen me proposa son aide et sa décision fut ferme malgré tous les arguments que j'avançais pour qu'elle renonce à celle-ci.
Olive Davis m'aida aussi, malgré son côté revêche, et le fait qu'elle voulait garder les enfants près d'elle passa au second plan dans ma tête.
Ce fut moi qui fut auprès de Brian et Colleen s'en occupa comme une infirmière et j'étais très fière d'elle.
Olive, elle m'assista du mieux possible et d'autres personnes se joignirent à nous. Je découvrai une solidarité et une entraide que je n'avais pas connu jusqu'alors.
Cela me donna le sentiment, pour la première fois, de vraiment appartenir à cette ville. Peut-être que les habitants n'avaient pas le choix.
 
Cette solidarité venait du fait que beaucoup de personnes perdaient à cause de l'influenza, et malgré tous mes efforts, leurs proches disparaissaient.
Ce n'était pas la première fois que je perdais des patients et je savais fatalement que ce ne serait pas la dernière, mais il y a toujours eu en moi un refus de cette fatalité.
Je ne pouvais pas le supporter, c'était comme ça, la nouvelle de l'épidémie se répandit très rapoidement, au-délà des frontières de la ville et mes provisions devenaient maigres.
J'avais besoin de digitaline pour faire baisser la fièvre de mes patients. Je travaillais d'arrache-pieds pour les soigner sans compter ma fatigue et ce fut certainement la raison pour laquelle j'attrapais la maladie.
Sully m'avait parlé d'un traitement Cheyenne ayant les mêmes effets mais je ne l'écoutais pas. Pourquoi étais-je si têtue ?
Brian se réveilla au bout de quelques jours et me soulagea en tant que maman. J'allais annoncer la nouvelle à Sully et à Matthew, mais quand j'arriva à mon but, tout devint noir.
Ce qui se passa ensuite dont je n'arrive pas à me souvenir, malgré tous mes efforts pour cela.
Il m'emmena dans une chambre pour que l'on s'occupe de moi, puis alla au campement des Cheyennes pour aller demander l'avis de Nuage Dansant.
L'Homme Médecine, comme il était appelé, lui dit d'aller me chercher au village pour m'emmener près de lui.
Sully n'hésita pas. Il m'a avoué plus tard qu'il m'avait vue nue pour la première fois cette fois-là, quand Olive s'occupait de moi et que parait-il, je lui ai demandé de s'occuper des enfants.
Il monta dans la chambre que j'occupais pour me soulever et se diriger avec moi dans ses bras à la réserve.
Il parait que Nuage Dansant lui a dit que ma guérison dépendait de lui et j'ai plutôt tendance à le croire aujourd'hui.
 
Suite à une cérémonie indienne, Sully me ramena en ville, emportant avec lui la tisane d'écorce de saule, pour en faire prendre à tous les malades et ne soucia pas des remarques qu'il pouvait entendre sur son passage.
Voilà comment me vint l'idée d'utiliser cette tisane plus régulièrement dans l'avenir façon d'être sûre de son efficacité.
Au bout de quelques jours, je repris connaissance, guérie mais totalement épuisée par la lutte que j'avais menée contre la maladie.
Les enfants vinrent me voir immédiatement, alors que je réagissais à peine, presqu'aussitôt pris en charge par Olive.
Sully sortit un moment avec eux, il avait été là dès mon réveil. Je ne savais pas qu'il m'avait veillée pendant des jours et des jours, espérant que je reprenne connaissance.
Brian lui murmura quelque chose à l'oreille que je ne compris pas à ce moment-là mais que j'ai appris récemment. Sully avait promis à Brian de tout faire pour m'aider à m'en sortir.
Après cette discussion que l'Homme des Montagnes eut avec mon fils, il revint dans ma chambre et me conseilla de me reposer.
Je fermais les yeux et je sentis sur mon front comme un baiser, mais je pris le parti de ne rien dire parce que je pensais que j'avais rêvé.
C'était comme après le dîner de Noël, et ce baiser qu'il avait laissé sur ma joue.
Je n'avais rêvé aucune de ces fois-là. Sully avait déposé un baiser sur mon front, certainement soulagé de me savoir sorti d'affaire.
Un lien s'était crée entre nous à ce moment-là mais je ne le prenais pas en considération.
Il me fallut un peu de temps pour retrouver mon énergie d'avant cette maladie. Par contre, je pris la décision de me servir des locaux que Charlotte utilisait pour sa pension, de famille pour continuer à recevoir mes patients.
Encore une fois je ne savais pas à quoi je m'exposais en prenant une telle décision.
 
Je n'avais pas le temps de me poser trop de questions. L'épidémie de grippe se finissait enfin et alors que mes derniers patients partaient pour chez eux, je n'aspirait qu'à une chose, rentrer chez moi et retrouver la tranquilité auprès de ma famille.
Une fois arrivée chez moi, je me sentis soulagée. Les enfants faisaient tout pour que je me repose au maximum.
La présence de Sully auprès de moi me réjouissait. Lui aussi veillait sur moi, même s'il faisait tout pour me le faire voir.
Matthew remarqua cette attention dont j'étais l'objet de la part de Sully, mais, bien sûr, il m'en parla bien plus tard.
Colleen et Brian étaient heureux de me voir de retour auprès d'eux. J'eus de nouveau le droit à un dîner digne de ce nom avec mes enfants.
Cela me rappelait celui que nous avions tous partagés à l'occasion des fêtes de Noël.
La visite surprise de Sully et les cadeaux qu'ils ramenaient avec lui, tout me revenait en tête.
Un détail auquel je n'avais pas pensé en commençant à écrire mes souvenirs me revint en mémoire.
Sully, lors de notre repas pris en commun à Noël, avait enchanté les enfants avec les récits de légendes Cheyennes, traduites en anglais pour l'occasion.
Il savait raconter des histoires et captiver les personnes ce qu'il racontait des histoires et je sais pourquoi je me souvenais de ces légendes à ce moment-là, après avoir combattu une maladie qui aurait pu m'être fatale.
En effet, après cette épidémie d'influenza, il raconta, après que Brian eut insisté une histoire qui me troubla.
Je compris, au travers de son récit, qu'il racontait sa vie d'errance, avant que de rencontrer Abigail et sa rencontre avec Nuage Dansant, qui lui avait sauvé la vie, même s'il ne rentra pas en détails sur sa vie de jeune marié avec la jeune femme décédée en couches.
 
Il y avait la blessure qui me cicatrisait pas aussi facilement et, qui, je le sais, resterait gravé dans son coeur d'homme.
Ainsi, il se dévoilait un peu plus à moi et je le devinais, commençait à essayer d'établir un lien avec moi.
Nous ne pouvions pas encore parler d'amour, mais, oui, à ce moment-là, nous devenions ami.
J'espérais que nos rencontres seraient plus fréquentes dans l'avenir, mais j'ignorais qu'une visite inattendue allait arriver dans les prochains jours suite à un télégramme envoyé à ma famille de Boston.
Tout cela, je l'ai appris dans les jours prochains.
Sully décida même de rester dans la maison avec eux pour la nuit. Sans en avoir parlé avec moi, il s'installa à côté de mon lit au sol.
Cette nuit-là fut très particulière à nos yeux, même si nous n'étions pas prêts à l'admettre encore.
Alors que le sommeil m'envahissait petit à petit, je sentis de nouveau comme des lèvres qui se posaient sur ma joue. Encore une fois, Sully avait succombé aux sentiments que j'éveillais en lui.
Mon sommeil fut peuplé de rêves le concernant, des rêves qui, je le pensais, à ce moment-là, ne se réaliserait même pas.
Quand je me réveilla le lendemain, Sully était toujours près de moi. Les enfants n'étaient pas encore levés, certainement épuisés par les derniers jours, mais Sully, lui, l'était.
Je n'avais pas besoin de lui demander s'il avait passé la nuit à me veiller. Je sus que c'était le cas rien qu'en le regardant.
Je ne connaissais pas le regard que je croisais ce jour-là, un regard rempli de tendresse et peut-être d'amour.
J'en fus bouleversée, mais je n'en dis rien. Je savais très bien qu'aucun de nous n'était prêt à partager quoi que ce soit.
Ca suffisait, à ce moment-là, de l'avoir auprès de moi et de l'inviter à partager le petit-déjeuner en compagnie des enfants et de moi-même. Mais notre relation avait fait un pas en avant.
 
Après une telle épreuve, nos rencontres en ville étaient plus fréquentes et notre amitié s'en trouvait renforcée.
Je pus en découvrir la force grâce à l'arrivée inattendue de ma mère. Elle arriva en même temps que les provisions que j'attendais pour la clinique.
Elle me vit dès sa sortie de la diligence. Quelle surprise se fut ! Elle avait réagi aux télégrammes qui me disaient en fin de vie.
Pour la première fois, elle réagissait face à mon malheur et elle était présente. Je devais affronter une épreuve. La banque venait de me menacer de reprendre la clinique si je ne lui donnais pas l'argent rapidement.
Je me gardais de parler de cela à ma mère, elle ne m'aurait pas soutenue pour le moins du monde.
Elle vint s'installaer dans la maison que me louait Sully. La banque ne m'autorisant pas à utiliser les locaux pour recevoir mes patients, je devais à nouveau les recevoir dans la maison.
Cela eut des conséquences au delà des moi et des enfants. RobertE se brûla à la forge et je dus le soigner.
Ma mère prit mon relais auprès de mon unique patient pendant la journée quand je devais essayer de plaider ma cause auprès de cet homme de Loi.
A ce moment-là, elle faisait tout pour m'aider sans que je le réalise vraiment. Elle fit même la connaissance de Sully qui passait nous voir régulièrement.
Je ne sais pas si elle a réalisé l'importance que cet homme, qu'elle considérait comme un sauvage avait pour moi.
J'imagine que non parce qu'elle ne m'imaginait pas certainement avec un homme comme lui.
A l'époque, je lui aurai sans doute donner raison. Mais l'amitié que j'avais pour lui et les sentiments confus que j'avais pour lui étaient des choses que je n'avais jamais ressenties.
 
Personne n'en avait conscience autour de nous, enfin je ne le pense pas.
Ma mère ne s'en rendait certainement pas compte. Sully était beaucoup présent lors des dîners que je passais avec ma famille.
L'importance de ses sentiments nouveaux étaient encore ancrés au fond de moi, je ne l'aurai avoué au fond de moi.
Maintenant que j'étais face aux difficultés que beaucoup d'habitants rencontraient, je comprenais mieux leur façon de réagir. Je n'étais pas du genre à se mêler à eux, pour toute manifestation que ce soit et je commençais à comprendre qu'il allait falloir que je m'implique un peu plus si je voulais m'intégrer totalement.
Pour cela, je le savais, il fallait que je trouve le moyen d'acheter la pension de famille et que je m'installe définitivement en tant que médecin.
Toute seule, sans aide extérieure, je savais que je n'avais pas l'argent de l'acheter mais ma mère l'avait.
Je décidai à lui en parler, afin d'essayer de la convaincre de me prêter la somme demandée tout en lui promettant de le lui rendre dès que possible.
Elle se montra peu désireuse de m'aider et je ne peux pas dire que je fus surprise par sa réaction. Je m'y attendais et je l'avais anticipé.
Comment allais-je pouvoir faire ?
Je ne le savais pas à ce moment-là, mais je n'insistais pas, à quoi cela aurait-il pu servir ? Peut-être que de fut autre chose qui la convainquis. Je ne le sais pas vraiment.
Durant son séjour auprès de nous, elle découvrit certainement une autre façon de vivre qu'elle ne connaissait pas.
Un soir, sous l'insistance de Brian, elle lui raconta une histoire et se rapprocha définitivement de lui, car, même si elle refusait de se faire appeler "grand-mère", elle fit preuve d'une immense tendresse avec lui, une tendresse que je n'avais jamais connue.
Elle était surprise de me voir survivre par mes propres moyens dans une ville aussi petite que Colorado Springs.
 
C'était une ville très différente de Boston. Apparemment, j'aurai su m'adapter à ce nouveau genre de vie.
Elle me parla et me demanda de revenir avec elle dans la ville de mon enfance, mais je refusai d'emblée car je n'avais pas fait tout ce chemein pour revenir en arrière.
Elle était prête à nous accueillir les enfants chez elle et à nous offrir le meilleur, mais ce n'était pas ce que je souhaitai.
Après mon refus, elle me parla longuement de ce qu'était devenue Boston depuis mon départ. En fait, pas grand-chose n'avait changé depuis que j'étais partie et les mentalités n'avaient pas évoluées.
D'ailleurs, ma mère doutait qu'elles puissent changer un jour en quelque endroit que ce soit.
Elle essayait encore une fois de me faire revenir sur ma décision et surtout sur la possibilité pour moi d'acheter la clinique.
A ce moment-là, je ne le comprenais pas, maintenant, j'en suis consciente, elle souhaitait juste me protéger. Elle ne voulait pas me voir souffrir.
Comment aurais-je pu le comprendre, alors que nos rapports étaient toujours aussi difficiles ? Comment aurais-je pu savoir qu'elle avait peur pour moi.
Il aurait fallu que je sois à sa place pour quelques minutes.
Aurais-je un jour une relation normale avec ma mère ? Pourrais-je lui montrer mon amour ?
Nous avons toujours été différentes sur tous les points. Elle n'avait pensé qu'à son avenir, un avenir un peu bourgeois en épousant mon père.
Toute sa vie, elle avait voulu la même chose pour ses filles.
Mais la plus jeune lui avait révélé son désir de devenir médecin, en ne suivant pas l'avenir qu'elle avait tracé pour elle.
Je voulais exister par moi-même, être indépendante, et non me marier au premier homme riche venu.
Je me couchai ce soir-là, avec l'impression qu'elle ne me comprendrait jamais.
 
Le lendemain, je ne la vis pas beaucoup car elle décida de se rendre en ville. Elle essayait d'établir des contacts avec les habitants de la ville pendant que je continuais à me battre contre le banquier.
Pourquoi réagissait-elle différemment qu'avec mes soeurs ?
Je me posai cette question qui restait sans réponse dans ma tête. Dans ma quête de liberté et d'indépendance, je n'avais toujours pas le soutien de ma mère.
Mais je ne m'attendais pas à ce que ma mère préparait dans mon dos.
Ce fut le jour de son départ que je compris qu'elle était aussi venue avec une autre chose que son inquiétude pour moi.
En fait, elle avait compris mon désir de rester pour toujours à Colorado Springs et avait décidé de me donner de l'argent.
Tout cela, je le comprsi à ce moment-là quand, montée dans la diligence, elle me tendit une enveloppe avec les billets nécessaires à l'achat de la clinique. Je la remercia de tout mon coeur.
Ce qui me toucha, plus que la confiance et l'amour qu'elle me témoignait, ce fut le fait qu'elle permit à Brian de l'appeler grand-mère.
Ce seul mot me fit comprendre qu'elle avait enfin compris que ces enfants étaient devenus les miens.
Sully fut aussi présent pour lui dire au revoir. Je ne le sus que plus tard, mais tous deux avaient eu de nombreuses discussions pendant la présence de ma mère en ville.
La diligence partit sous mes larmes. Ce n'était pas des larmes de tristesse mais de soulagement.
Après son départ, je me rendis tpit de suite auprès du banquier pour faire ce qu'il fallait pour obtenir la clinique immédiatement.
J'allais enfin avoir un endroit où exercer la médecine et où recevoir mes patients.
 
Son départ laissa un grand vide dans la maison. Durant ces quelques semaines, je m'étais habituée à sa présence et son geste m'avait touchée.
Mais à qui pouvais-je en parler ?
Je n'avais pas d'amis autre que Sully et après le départ de ma mère, il passait de moins en moins me voir.
Je gardais en moi le baiser qu'il m'avait fait le soir de Noël et celui qui avait déposé sur mon front après l'épidémie.
Je comprenais pourquoi il se faisait rare. Son deuil n'était pas terminée mais qu'aurai-je pu faire pour appaiser sa douleur ?
Il réapparut un soir pour proposer une ballade en forêt à Brian, qui était réellement fasciné par Sully et je ne lui demandai la raison de sa disparition même si j'en mourrais d'envie !
Cette promenade avec mon fils ramena un souci chez moi. En effet, ils avaient trouvé une biche blessée à la maison avec la conviction que je pourrais la soigner.
J'avais bien sûr pris un peu plus l'habitude de m'occuper un peu de certains animaux même si ce n'était pas ma spécialité.
J'acceptai de relever le défi afin de faire plaisir à Brian, mais celuii-ci crut que nous allions adopter la biche pour de bon alors que ce n'était pas du tout mon intention.
Afin de trouver une idée de nom à donner à l'animal, il demanda à Sully son prénom. Celui-ci eut beaucoup de mal à avouer son prénom parce qu'il ne l'aimait pas.
Brian insista tellement que Sully le lui donna et je fus surprise. Il s'appelait Byron.
C'est vrai que c'était particulier mais pas si hideux que cela. Brian appela la biche Baronne et tout content de lui, courut annoncer la nouvelle à Matthew et Colleen.
Sully me dit que les problèmes ne faisaient que commencer mais qui de nous deux avait apporté le souci avec lui ?
 
Je ne lui reprochai rien, rien du tout, mais c'était bien pour lui faire voir que je n'étais pas la seule à faire plaisir à Brian.
Le regard que me lança Sully quand il partit me fit comprendre que je n'avais peut-être pas totalement tort.
Je n'eus pas le temps de le retenir à dîner, alors que je l'aurai tellement souhaité. Il prenait ses distances avec moi et je ne savais pas pourquoi.
Les questions se soulevèrent dans ma tête. Et si j'avais fait quelque chose de mal ? J'avais beau chercher, je ne trouvais rien !
Il fallait laisserr passer du temps. Peut-être qu'un jour, je comprendrai pourquuoi. En attendanr, je devais me concentrer sur autre chose.
Je résolus de me consacrer sur la recherche d'un shérif pour la ville.
Un chasseur de primes reconnus venait d'arriver à Colorado Springs et voulait délivrer le prisonnier à l'homme de Loi. Quand il comprit qu'il n'y en avait pas, la municipalité décida de se réunir afin de passer une annonce.
Je fus invitée à participer au conseil municipal et ainsi donner mon avis sur les affaires de la ville.
Une fois la décision prise de passer une petite annonce dans les journaux des environs, je pus faire un peu plus la connaissance de ce chasseur de primes nommé Kid Cole.
C'était un homme vers qui je n'aurai pas été, car il avait tout de l'homme violent et une éducation, qui était à mille lieues de la mienne.
Justement, Kid Cole insista pour me parler et je découvris qu'il était bien différent de ce que je pensais de lui.
Je pense aussi qu'il voulait essayer de me séduire mais je n'en étais pas à ce stade-là. Devenir une de ses amis aurait pu m'intéresser mais pas devenir son épouse.
Il me sembla que c'était lui l'homme qui avait les capacités de devenir shérif, mais je ne savais pas quelle réaction il aurait si je lui en parlais ou même s'il serait vraiment intéressé car je ne savais pas s'il avait l'intention de rester en ville pour longtemps ou non.
 
Bref, cette idée que ce fameux Kid Cole puisse être shérif resta dans ma tête mais j'attendais sans savoir plus pour lui en faire part.
D'autres socuis me firent oublier cet aspect-là, quand j'appris que Yon, le frère d'Ingrid, une jeune refugiée, avait volé une vache, afin d'aider sa famille.
Les réfugiés avaient faim et ils ne possédaient pas l'argent de se payer la nourriture nécessaire à tous.
Olibe semblait très affectée par ceci, car elle lui avait offert un petit emploi pour l'aider.
Matthew ressentit le besoin de le soutenir et cela me causa du souci d'avoir fait cela.
Bien sûr, je m'opposai à une telle extrémité. Pouvait-on vraiment punir aussi cruellement quelqu'un qui n'avait cherché à nourrir sa famille ?
Le besoin d'avoir un shérif qui prenne ces décisions devenaient indispensable. Il ne fallait absolument pas faire justice soit-même. Alors, je me rappela de mon idée et en fit part aux autres membres du conseil municipal.
Personne ne possédait d'autres idées, donc Kid Cole fut élu shérif. Il dut mettre Yon en prison !
Je m'opposai de plus en plus à la pendaison de ce jeune garçon et cela amena des hommes chez moi qui tirèrent des coups de feu, qui effrayèrent les enfants et je fus blessée par les bris d'une vitre.
L'incident me fit entendre une révélation de la part de Matthew, qui m'avoua avoir aider Yon à voler cette vache.
Tout d'abord choquée, je ne m'étonnais pas tant que cela qu'il ait fait cela pour les aider.
Il voulait l'avouer à Olive et aux habitants de la ville mais je voulais qu'ils tuent mon fils.
Il fallait trouver une autre solution.
 
Mais Matthew voulait payer pour ce qu'il avait fait. J'essayai de le convaincre du contraire.
J'allai essayer de convaincre les membres du jury le lendemain de relâcher Yon.
Le monde du vol et de la faim était un monde que je n'avais jamais connu, je ne savais pas comment j'allai faire.
Je crois que je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit ce jour-là, car beaucoup de choses me passaient en tête.
Matthew se leva très tôt le lendemain matin et ce qu'il me dit pour se défendre me fit prendre conscience que j'aurai certainement fait la même chose à sa place.
Je n'eus pas la force de me mettre en colère contre lui.
Il dut comprendre mon point de vue sur la question et montra son affection pour moi pour la première fois depuis que je l'avais recueilli.
Il avait toujours en tête de se dénoncer et je lui dit que j'allais tenter de faire quelque chose pour sauver Yon.
Quand nous arrivâmes en ville, tous les habitants de la ville étaient déjà au saloon.
Jake, Horace et les autres savaient ce qu'ils voulaient faire pour le jeune homme, surtout Jake, devrais-je dire, mais je comptais mener à terme ma défense.
Mon argumentaire se basa sur ma propre expérience de la vie. J'avais eu la chance de pouvoir avoir de quoi manger tous les jours et pourtant, il existait vraiment des personnes qui n'avaient rien.
Yon, en volant cette vache pour en faire de la viande pour sa famille, n'avait fait qu'essayer de leur faire avoir une vie meilleure.
Ce fut Olive qui, touchée par mes proches, retira sa plainte. Elle faisait preuve d'humanité.
Je savais qu'elle possédait cette humanité-là, j'avais juste attendu qu'elle en fasse preuve.
 
Le compromis me parut très approprié. Matthew et Yon devaient travailler pour Olive afin de rembourser la vache volée.
Pas de mort par pendaison. Je fus heureuse de ce retournement de situation.
Je pus rentrer à la maison, mais il y avait autre chose que je devais régler avec Brian. Sully me prit à part pour m'en parler. Il souhaitait m'aider à convaincre mon fils de relâcher la biche.
Même si je ne savais pas pourquoi Sully voulait m'apporter son aide, je ne refusai pas qu'il le fasse. Il semblait que Brian écoutait beaucoup plus facilement l'Homme des Montagnes que moi-même.
Il me proposa de me raccompagner chez moi et j'acceptai car Colleen et Brian m'attendaient de pied ferme.
Matthew ne pouvait pas venir avec moi car il voulait faire plus connaissance avec la famille de Yon.
Sully et moi décidâmes de laisser passer le dîner et d'en parler à Brian seuls à seuls. Nos arguments circulaient dans nos têtes.
Ce fut Brian lui-même, et sans intervention de Sully ou de moi, qui comprit que la biche Baronne devait retourner à sa vie sauvage.
Bien sûr, j'imaginai ce qu'une telle décision allait avoir comme impact la tristesse de Brian et je me promis de l'entourer d'affection.
Ce fut le lendemain que la biche, avec l'aide de Sully, fut libérée et rendue à sa vie sauvage. Brian vint se réfugier dans mes bras quand ce fut fait.
Pour le distraire, Sully lui proposa de jouer aux échecs et mon fils accepta. Ce fut le moyen de faire changer d'idées à Brian et j'appréciai de plus en plus ce que le jeune homme faisait pour lui.
Peut-être essayait-il de se faire pardonner ces nombreuses absences auprès de nous. Pourtant, il n'avait aucun compte à nous rendre.
 
J'allais découvrir la compassion de Sully, pour les personnes qui avaient comptées pour lui, plus tard.
La relation qu'il entretenait avec Loren me surprenait beaucoup car le vieil homme ne voulait pas entendre parler de lui et semblait le rendre responsable du décès de sa fille.
Ils ne s'en rendaient compte ni l'un ni l'autre mais ils étaient tellement semblables. Pourquoi n'essayaient-ils pas de se rapprocher et de parler ensemble ?
Ils avaient vécu les mêmes choses, les mêmes douleurs. Tous les deux avaient perdu une femme et une fille. Sully faisait de son mieux pour essayer de communiquer avec son beau-père mais celui-ci restait sourd à toutes sortes de discussions avec le jeune homme.
C'est certainement ainsi que le commerçant décida de reprendre le terrain que sa femme avait donné à Abigail pour construire, car, à l'époque, Sully ne possédait rien.
Ce terrain était maintenant occupé par les enfants Cooper et pour moi mais Loren n'en tenait pas compte.
Cherchait-il à nous faire du mal ? J'en doutai car j'avais remarqué à quel point il tenait à Brian.
Pourquoi ne pouvait-il pas avoir des relations normales avec Sully ? Etait-ce sa seule façon de se comporter ? Je connaissais la réponse, alors je ne savais pas comment agir pour lui faire comprendre ?
J'ai pris l'habitude de me mêler de ce qui ne me regardait pas quand je pensais que c'était la seule façon de soutenir quelqu'un. Avais-je le droit de m'en mêler ?
Sully vint m'annoncer la décision de Loren avec la tristesse, mais je savais que ce n'était pas de sa faute.
Il était désolé de cela et voulait nous apporter son aide pour déménager dans les meilleures conditions. Il espérait encore pouvoir convaincre le commerçant de ne pas faire cela mais je ne savais pas s'il pourrait y parvenir.
 
Après avoir soulevé, un peu trop rapidement des marchandises pour les ranger dans son magasin, Loren s'était gravement fait mal.
Je l'avais examiné et lui avait conseillé de se faire opérer le plus rapidement possible. Il refusait l'opération car il croyait que j'essayais de me venger.
Ce n'était pas du tout le cas. Je n'aurai pas joué ainsi avec la vie d'un de mes patients pour une quelconque revanche.
Non, ce n'est pas nécessaire pour qu'il puisse mener une vie normale. Au lieu de m'écouter, il alla voir mon concurrent direct, qui était Jake, qui lui mit un corset autour de sa taille.
Je l'avais regardé partir de ma clinique avec tristesse. Sully l'avait vu aussi sans qu'il douta de ce qu'il était venu faire chez moi.
Je n'avais aucun droit d'en parler avec lui et pourtant je le fis.
Je ne vois pas pourquoi je l'ai fait !
Peut-être imaginai-je qu'il pourrait-être m'aider à le convaincre même si je ne voyais pas comment il allait faire, vu le conflit qui les opposait à ce moment-là.
Sully m'écouta du début à la fin. Il était vraiment très intéressé par l'état de santé de Loren. Je savais qu'il tenait à lui, un peu comme un fils tient à son père.
Loren le rejettait régulièrement dans ses tentatives de lui parler mais cela lui importait peu.
Il était prêt à tout pour m'aider à le convaincre. Loren ne voulait déjà plus lui parler. Il savait que leur relation ne pouvait plus être plus compliquée.
Il passa la porte de ma clinique et alla discuter avec lui.
Je le vis ressortir au bout de seulement cinq minutes. Il n'avait pas réussi et semblait même très en colère. Cela ne me regardait pas vraiment et pourtant je savais envie de savoir pourquoi.
 
C'est encore à ce moment-là que je réalisais combien je m'intéressais à Sully et à tout ce que le touchait de près ou de loin.
Cela ne le réjouissait pas de nous mettre dehors les enfants et moi. S'il le pouvait vraiment, il nous permettrait de vivre dans sa maison pour toujours.
J'avais appris à ce moment-là que j'étais la seule et la première à lui payer un loyer et qu'il ne l'avait jamais louée avant mon arrivée. Pourquoi m'avait-il proposé de la louer pour si peu d'argent ?
Je ne comprenais rien à tout cela ! Je ne me serai pas permise de lui poser la question. Cela me regardait-il vraiment ?
En quelque part, je pensais que oui !
Ces questions me hantèrent un petit moment jusqu'au jour où je surpris une dispute entre Loren et Sully au saloon.
Leurs affrontements recommençaient de plus belle, même si je voyais bien que Sully faisait tout pour les éviter.
Je les regardai faire sans intervenir mais je me rapprocha comme si je savais qu'il allait se passer quelque chose.
Et j'eus raison ! Loren, en s'énervant, eut un malaise. L'opération de son hernie devenait indispensable.
Loren ne pouvant plus me répondre, car il était inconscient, je demanda à sa soeur Olive son avis. C'était à elle de prendre la décision.
Elle accepta, comprenant qu'il s'agissait d'une question de vie ou de mort. Je savais qu'en opérant Loren, je mettais mon métier en danger ou j'allais peut-être prouver à tout le monde que j'étais un bon médecin.
Plutôt que de me concentrer sur ce que les habitants de la ville allaient penser de moi, je me concentra sur les chances de survie de mon patient.
Je ressortis quelques heures plus tard, tout en annonçant à Olive mon diagnostic, il était réservé. Sully était là aussi pour attendre des nouvelles et il me surprit quand il proposa quelque chose que je n'aurai pas cru possible.
 
Au cours de l'opération délicate, Loren avait perdu beaucoup de sang et avait besoin d'une transfusion de sang. Il avait repris connaissance mais était anémié.
Sully proposa de lui offrir son sang. Je savais quelle réaction allait avoir Loren quand Sully allait être allongé à côté de lui pour la transfusion.
Cependant, le jeune homme étant la seule solution du commerçant, je ne refusa pas cette proposition, même si je me demandai si cela allait le faire changer d'avis sur Sully.
Une fois que l'Homme des Montagnes fut allongé, je fis le nécessaire. J'étais face à deux hommes qui se disputaient sans cesse. Loren ne comprenait toujours pas pourquoi Sully faisait cela et ils n'arrêtaient pas de crier.
Je fis revenir le calme en leur faisant comprendre que la transfusion était la meilleure solution. En ma présence, indispensable pour mener à bien mon acte médical, ils se tinrent tranquilles et ne dirent plus un mot.
Après avoir donné son sang, Sully fut sur le point de s'enfuir immédiatement, mais je le retins. Il devait absolument se reposer. Je lui proposa de dormir dans un autre lit loin de Loren et il accepta de parler un peu avec lui.
Sully ne voulait pas que je sache pourquoi il avait fait cela pour son ex-beau-père mais je le compris quand même.
N'ayant plus de parents depuis sa plus tendre enfance, Sully considérait Loren comme un père et il ne voulait pas le voir mourrir, cela quelques soient les problèmes qui les opposaient.
Je ne sais pas pourquoi mais en voyant le visage de Sully qui ne m'avait rien dit suite à cet acte, je lui pris la main et en retour, il serra la mienne.
 
Un nouveau sentiment naissait en moi, un sentiment que je ne connaissais pas et que je n'arrivais pas à reconnaître.
Je me secoua, et me leva pour retourner auprès de Loren et exercer mon métier, tout en priant silencieusement pour qu'il guérisse.
Je ne voulais pas que mon ami se sente responsable du décès du viel homme, car je ne doutais pas qu'il se sentirait coupable à cause des disputes qui se succèdaient les unes aux autres.
Loren récupéra fort bien et, même s'il devait encore rester à la clinique pour quelques jours, retrouvait peu à peu ses forces et son caractère.
J'eus d'ailleurs une conversation avec lui, en essayant d'apprendre pourquoi il se comportait ainsi, mais en y allant avec douceur. Il comprit que j'étais inquiète de devoir déménager à la clinique maintenant que je me sentais chez moi.
Je crus qu'il n'allait pas tenir compte de mes paroles, ni de mes sentiments mais ce fut le contraire qui se passa. Il était moins têtu que je le croyais.
Sully vint le voir à ce moment-là et me demanda de les laisser seuls à seuls. Je pensais bien qu'il était temps qu'ils s'expliquent.
Je ne sus pas le contenu entier de leur conversation car je ne les ai pas observés ni espionnés, j'avais d'autres choses à m'occuper et cela ne me regardait pas vraiment.
Au soir, j'en sus un peu plus quand Sully vint à la maison pour m'annoncer que je pouvais garder la maison avec les enfants.
Loren avait changé d'avis et cela me soulageait, car je compris qu'en faisant ce geste, il voulait essayer de se racheter sur tout ce qu'il avait fait subir à Sully.
Ensuite, j'ai invité Sully à dîner avec nous et il a accepté. J'ai compris qu'il était soulagé de ne pas avoir à nous mettre à la porte et d'être arrivé à garder le terrain pour nous.
 
La relation entre Loren et Sully s'en trouvait renforcée et leurs disputes s'espacèrent un peu plus.
Mais néanmoins, je n'avais plus le temps de m'y intéresser un peu plus. Ayant appris, le décès de sa femme, Ethan Cooper, le père des enfants venaient à Colorado Springs pour les récupérer.
Il avait été absent pendant de nombreuses années, s'enfuyant en la laissant des dettes à Charlotte et voilà qu'il revenait avec les meilleures intentions du monde.
Je n'avais pas confiance en lui, pas plus que Matthew, qui refusait de passer du temps avec lui.
Durant les enfants, je m'efforçais de ne rien laisser paraître. Colleen et Brian étaient heureux de le voir et ne semblaient pas lui en vouloir. Je remarquais que Sully se montrait plus présent à ce moment-là comme s'il cherchait à nous protéger des possibles difficultés à venir.
Ethan essayait en effet de m'amadouer en se montrant très entreprenant avec moi mais je refusais ses avances.
Ce fut à ce moment-là que Sully essaya de surmonter sa peur des chevaux, qui, apparemment, remontait à son enfance.
Ethan Cooper vendait son cheval et Sully, grâce à Nuage Dansant arrivait à monter sur un cheval, alors il l'acheta.
Il ne se doutait pas de ce qu'il pourrait se passer par la suite. Après avoir repris confiance en lui, car c'est de cela que dépendanit ce progrès de sa part, il me proposa une ballade avec lui en forêt pendant que Colleen et Brian étaient avec Ethan.
C'était une des premières promenades que nous faisions ensemble et je le découvrais un peu plus intéressé par moi et mon passé.
Notre relation amicale évoluait et je ne m'en rendais pas compte à ce moment-là, car je n'étais pas encore prête à aller plus loin.
 
Je décidai de l'inviter à dîner à la maison, sans lui préciser que j'avais déjà invité le père de Colleen, de Brian et de Matthew mais il le savait car Brian lui avait dit.
Le soir-même, Sully arriva avec le gibier qui allait nous servir de repas. Il proposa de le couper à ce moment-là, mais ce fut finalement Ethan qui le fit car il voulait attirer l'attention sur lui.
Mais ce n'est pas cela qui me troubla le plus. Non, il annonça à ses enfants son intention de les laisser partir loin de moi avec leur père qui n'avait jamais manifesté la moindre affection pour eux et qui les emmenait avec lui sans chercher mon approbation.
Colleen et Brian voulaient découvrir la ville et ils pensaient qu'ils pourraient revenir à Colorado Springs et me retrouver.
Ce n'était évidemment pas le cas et ils ne l'avaient pas réalisé.
Je sentais que Matthew voulait s'opposer à cette décision mais je lui fit signe de ne rien dire pour l'instant.
Quand Ethan fut parti de la maison, malgré la joie de Colleen et de Brian de pouvoir voir leur père tant qu'ils pouvaient, je sentais la tristesse s'abattre sur mes épaules.
Je n'en fis rien voir mais j'avais envie d'en parler à quelqu'un. Sully dut le comprendre car il restait plus longtemps avec moi ce soir-là.
Je m'attendais à l'extérieur et m'écouta parler sans me poser de questions ni rien.
Tout sortit de moi, mon désarroi de voir cet homme revenir dans la ville, ma tristesse, de voir bientôt partir mes enfants loin et Sully me dit qu'Ethan s'était intéressé aux terrains à vendre dans la ville de résidence des enfants.
 
Que cherchait cet homme en réalité ? Pourquoi était-il au moment où je pensais avoir réussi à avoir une vraie relation avec les enfants ?
Je ne comprenais pas. Je devais attendre pour voir quelle serait la suite des évènements avec lui car je devinais que les ennuis ne faisaient que commencer.
Je m'efforça d'apprécier la compagnie d'Ethan pour découvrir ce qu'il cachait, ce qui exaspérait beaucoup Sully qui essayait de me mettre en garde contre cet homme-là.
Je ne pouvais pas lui dire que je jouait double-jeu avec Ethan à ce moment-là car j'aurai gâché toutes les chances de pouvoir savoir ce que cherchait monsieur Cooper.
Mais je n'arrivai pas à le savoir. Il était plus secret que je le pensais. Il faisait semblant de s'intéresser à moi mais je n'étais pas dupe.
Pourquoi faisait-il cela ?
J'allais forcément le découvrir un jour ou l'autre. J'attendais et cette attente me paraissait longue.
La réponse arriva avec le bal organisé par la ville pour récolter des dons censés améliorer la vie de la ville.
Sachant le souci qui pesait sur moi et qui mettait à mal ma joie d'être avec les miens, je savais qu'il me serait difficile de m'amiser.
Je ne devais pas le faire voir aux enfants et faire semblant avec un sourire de façade, commeme le disait Sully et il avait raison.
J'eus même l'audace de danser avec Ethan mais ce n'est pas cela qui m'aidait.
Sully et moi virent Ethan sortir de l'église avec l'argent récolté et nous prîmes tous les deux la même solution.
Sully partit à sa recherche avec un cheval appartenant à Hank car Ethan lui avait volé celui qu'il lui avait vendu.
 
Sans l'écouter, je pris mon cheval et alla les rejoindre. J'avais trop peur de ce que Sully pourrait faire au père de Matthew, Colleen et de Brian et des conséquences que cela allait emmener emmener.
Je dois bien avouer que j'avais été flattée par les avances d'Ethan mais quelque chose au plus profond de moi me disait de m'en méfier.
Je ne sais pas combien de temps j'ai chevauché, car j'avais bien trop de chose en tête pour y songer.
Je sais que j'arrivais très vote à l'endroit où Sully avait retrouvé Ethan et qu'isl se battaient tous les deux. Je savais que l'Homme des Montagnes en voulait à Ethan pour ce qu'il faisait subir aux enfants et moi aussi, je lui en voulais.
C'était d'ailleurs à eux que je pensais. Quelle image auraient-ils de leur père s'ils découvraient que c'était un voleur.
Je ne voulais pas y penser. Il avait pris l'argent qui devait revenir à la ville et je lui en voulais réelleement.
Sully avait réussi à reprendre le dessus sur lui et j'étais prête à abonder dans son sens, c'est-à-dire l'emmener en prison et prévenir un juge afin de le faire condamner.
Mais, après réflexion, je pris le fusil, vit que Sully avait récupéré l'argent et j'eus une idée qui allait à l'encontre de tout ce en quoi je croyais.
Pourquoi ne pas le laisser libre et faire croire aux enfants qu'il était parti du jour au lendemain ?
Je réussi à convaincre Sully et Ethan put repartir libre sans devoir faire face à ses bêtises.
Nous nous arrêtâmes avec Sully pour en parler. Finalement, il était de mon avis. J'avais pris la bonne décision .
Il prit un papier et écrivit une lettre. C'était son idée mais je ne l'empêchait pas pour autant.
Cela pouvait réconforter les enfants, cela me conveanit parfaitement. En fait, il veillait tout autant que moi sur leur bonheur.
Matthew fut le seul à se rendre compte de ce que Sully avait fait et ne le dit pas.
 
Ils avaient eu moins l'impression que leur père les avait abandonné car ils étaient bien assez tristes comme cela.
Du coup, pour le remercier de ce qu'il avait fait pour les enfants, j'ai invité Sully à dîner avec nous.
Ce fut un soir plus détendu qu'il aurait pu être s'ils avaient su la vérité.
Pour cela, je devais remercier Sully pour l'aide qu'il m'avait apportée en écrivant cette lettre pour les consoler.
Mais pas en leur présence ni en celle de Matthew.
Après le dîner, Sully resta et me vit pour la première fois dans mon rôle de maman et m'observa silencieusement.
Je ne sus ce qu'il avait pensé de moi mais ses yeux brillèrent quand je le rejoignis pour parler avec lui. Je lui demanda pourquoi il avait fait ça pour les enfants : il avait fait cela pour qu'ils n'aient pas une mauvaise opinion de leur père.
Il me confia alors que Matthew avait tout de suite deviné que c'était lui qui avait écrit la lettre et qu'il l'avait remercié, tout en lui disant que cela ne servirait peut-être pas à grand chose car Ethan finirait par les blesser un jour ou l'autre.
Ce n'était pas un secret pour moi que Matthew n'aimait pas mon père car je l'avais déjà compris.
Comment aurait-il pu se sentir autrement ? Il avait dû prendre soin de Colleen et de Brian avec Charlotte dès son départ.
C'était l'aîné et par ce rôle, il avait dû les consoler. Il en voulait à son père et je pouvais le comprendre.
Sully savait quelle était la relation entre Matthew et Ethan car il l'avait déjà vu avant avec Colleen et Brian.
Il m'expliqua tout cela durant notre conversation et je compris qu'il s'inquiétait lui aussi.
 
L'avenir me dirait si j'avais raison ou non.
L'eau devint trouble quelques jours plus tard et certains de mes patients commencèrent à perdre les cheveux.
L'eau de la ville était impotable et impropre et elle rendait malade cependant le propriétaire de la source ne voulait pas en entendre parler.
Ce n'était pas de sa faute, un point c'est tout !
Il fallait absolument que je me rende compte si mes soupçons étaient avérés mais personne ne voulait comprendre à Colorado Sprigns.
Aucun de ses Messieurs ne souhaitait aller faire les prélèvements à ma place, aucun sauf Sully.
Quand il m'avait entendu parler de la possibilité que j'y aille toute seule, il avait tout fait pour m'en dissuader.
Mais c'était mal me connaître car j'étais têtue et j'allais lui rpouver.
J'ai acheté toutes les fournitures nécessaires pour mon futur départ et même organisé la garde de Colleen et de Brian.
Ils allaient être pris en charge par Grace et RobertE.
Sully m'obligea de m'accompagner. Il ne voulait pas le laisser seul. Je ne sais pas pourquoi il a agi comme ça.
Pourtant, dès notre départ, je lui ai fait comprendre que je lui en voulait. J'étais capable de me débrouiller toute seule, un peu comme je le faisais depuis mon arrivée à Colorado Springs.
Il était aussi têtu que moi. Nous avions cela en commun !
Dès le premier soir passé ensemble, il se mit à pleuvoir, et Sully, faisait tout pour ne pas me rejoindre sous l'abri qu'il avait construit de ses mains.
Il tremblait et n'écoutait aucun de mes arguments.
Au bout d'un moment, il se glissa avec moi et nous avons dû partager la couverture. C'était une sensation inconnue que je n'avais jamais ressenti.
 
Le lendemain, il se leva sans même m'avoir prévenue et j'ai même cru qu'il allait partir sans moir.
Je lui avais pourtant demandé de la faire mais je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans sa tête.
Ce qui me soulageait était qu'il continue à accepter ma présence auprès de lui dans cette expédition soit-disant réservée aux hommes.
Il n'avait pas trop le choix, je l'avoue.
Nous recommençâmes à marcher pour essayer de trouver des preuves accablantes. D'ailleurs, nous avions deux versions complètement différentes sur la gestion de nos affaires personnelles.
Il voulait faire suivre le moins de choses possibles, car nous allions aborder un passage difficile. Je voulais absolument garder les miennes car j'en avais besoin pour effectuer les prélèvements nécessaires.
En tout cas, aucun de nous deux ne voulait entendre raison. Il y eut une sorte de montagne à escalader et je savais que cela n'allait pas être facile pour moi, car avec une seule main, j'avais moins de chance de pouvoir y parvenir.
Sully continuait de me supplier d'abandonner un peu de mes affaires pour que cela soit facilité.
Peut-être avait-il raison ?
Avait-il peur que je me blesse ?
En effet, il avait raison. Je fis une chute assez importante et me cassa le poignet. J'avais affreusement mal et Sully, qui me tendait la main quelques minutes auparavant, arriva près de moi en courant.
Je compris que ce qu'il redoutait était arrivé et qu'il s'en voulait personnellement. D'ailleurs, il me prit dans ses bras quelques minutes pour me réconforter.
 
Je savais que je devais me soigner mais avant que je réagisse et que je me mette debout pour avancer par moi-même, Sully me souleva dans ses bras et m'emmena dans un endroit plus en sécurité.
Je m'auscultais tout de suite et enroula mon bras dans le landau que Sully portait autour de ses cheveux.
La douleur était toujours présente en moi !
J'avais certainement un visage plein de boue et les cheveux dans tous les sens. Je fouilla dans mon sac pour y trouver un miroir pour me regarder.
C'était bien ce que je pensais. J'étais horrible ! Je devais faire quelque chose pour y remédier pendant que Sully rallumait le feu.
Il dut me voir batailler avec mes cheveux et soupirer car j'avais du mal à me recoiffer toute seule car il se rapprocha de moi et me prit la brosse des mains.
C'était la première fois que je laissais un homme me brosser les cheveux. Il commença par m'enlever les peignes que j'avais mis pour faire tenir mon chignon en place, puis peigna mes cheveux très tendrement.
J'avais des sentiments confus à ce moment-là.
Je pense que lui aussi était gêné de faire une telle chose à une autre femme que son épouse mais je compris qu'il voulait m'aider et me réconforter du mieux qu'il le pouvait.
D'ailleurs, il posa la main sur mes épaules en appuyant discrètement pour me communiquer son soutien.
J'ai apprécié ce geste et je sais qu'à sa manière, il l'avait apprécié aussi. Il se passa un long moment avant que nous nous décidions à parler à nouveau.
Nous sommes restés sur place pendant un moment car Sully savait que je souffrai mais que je n'en dirai rien.
Il l'avait tellement compris qu'il m'ordonna de m'allonger et de me reposer.
 
Au bout de quelques heures de repos, je décidai qu'il valait mieux continuer notre expédition et faire les prélèvements. Je n'étais pas du genre à abandonner aussi facilement.
Il fallait absolument vérifier s'il n'y avait pas de mercure dans l'eau pour cela, nous devions entrer dans la propriété privée, avec le risque de nous faire tirer dessus.
Sully avait décidé de m'apporter son aide coûte que coûte et avec un bras en moins, je devais accepter, je n'avais pas le choix.
Nous sommes allés à la source, en essayant de nous faire remarquer le moins possible, car nous pouvions nous faire poursuivre en justcie pour être entrés sur une propriété privée.
Sully me demanda comment il fallait procéder pour tester l'eau. J'avais deux tubes afin de voir quelle était la réaction de mon test. Il alla chercher l'eau à la source et le vida dans les tubes et attendit que je fasse ce que j'avais à faire.
Cela se révéla positif. Il fallait absolument que nous rentrions à Colorado Springs ou que nous rencontrions le propriétaire afin de lui faire comprendre qu'il fallait qu'il fasse quelque chose.
Mais il était trop tard pour nous enfuir sans qu'il nous voit car en quelques minutes, nous sommes devenus la cible de coups de feu.
Nous avons essayé de prendre le ruisseau et j'ai eu le temps de voir une dynamite tomber dedans, avant de me rendre compte que le corps de Sully flotter dans l'eau.
Je devais l'aider et je fis en sorte de l'entraîner avec moi avec toute la force que je pouvais mettre dans mon seul bras valide.
Il était hors de question pour moi de le laisser à son sort et je l'appelai qu'il reprenne conscience.
Il le fit au bout d'un moment qui me parut long.
 
Il allait bien et n'était pas blessé, c'est ce qui comptait mais nous n'étions pas sorti d'affaire pour autant.
Nous étions trempés jusqu'aux os, nous devions nous sécher mais il était impensable pour moi de me mettre nue devant Sully.
Pendant que nos vêtements séchaient, nous sommes donc restés loin l'un de l'autre, même si j'étais en sous-vêtements et que Sully avait noué une serviette autour de sa taille.
Silencieux et pensifs, rien n'a été dit pendant ce temps-là.
Heureusement, le soleil était de sortie et nos habits ont vite séchés alors nous nous sommes rhabillés.
Je n'eus pas trop de mal à enfiler ma robe mais pour mon chemisier, c'était tout autre chose.
Je réalisais qu'avec un bras hors-service, j'allais devoir demander l'aide de Sully, même si cela me gênait au plus haut point.
Il est venu et m'a regardé, avec ma main qui serrait mon chemisier des deux côtés, afin qu'il ne voit rien, et il sourit sans rien dire.
Il commença pour boutonner petit à petit tout en fixant mon regard, comme s'il cherchait à détecter le moindre sentiment qui passait sur mon visage.
J'essayait de demeurer impassible mais je ne sais pas si j'y suis parvenu, car, c'était la première fois que je laissai un homme me rhabiller.
Je ne sais pas s'il a pu s'empêcher de regarder mais il ne fit aucun commentaire.
Alors que nous essayions de nous enfuir, nous nous sommes faits arrêtés et faits emmenés par les employés.
Nous avons été enfermés dans une tente, dos l'un contre l'autre sortir de là, je comptais sur la chance que nous pouvions avoir mais je ne savais pas comment.
 
La nuit passa sans que ce fameux propriétaire daigne nous libérer. Je pensais aux enfants et je n'eus pas honte d'en parler à Sully car il ne m'en voudrait pas.
J'étais consciente qu'ils allaient forcément s'inquiéter pour nous et que je n'avais aucun moyen de les rassurer.
Quelle idée avais-je eu de partir sans même réfléchir aux conséquences quant à l'avenir des enfants ?
J'avais envie de pleurer mais je me suis dit que je n'avais pas le droit de le faire. J'étais censée être une femme forte, je ne devais pas me montrer faible.
Pourtant, Sully dut comprendre ce que je ressentais au fond de moi car, sans rien me dire, il posa sa main sur mon épaule et me rapprocha de lui.
Ce geste me fit craquer dans tous les sens du terme et je me mis à pleurer. Tout sortit de moi car c'était une accumulation. Je m'en voulais de me retrouver coincée ici sans avoir réfléchi auparavant. Et puis, je n'avais pas traversé tant d'épreuves depuis mon arrivée pour être retenue en otage si peu de temps après.
Je n'étais pas encore totalement acceptée par les habitants de Colorado Springs. Je n'avais pas abandonné Boston pour rien !
La nuit dans la tente en compagnie de Sully se passa par des moments tels que celui-ci, entre moments de désespoir et mots rassurants.
Au lendemain, ce que je n'attendais pas, le fils du propriétaire était malade et présente à ce moment-là, je proposa de le soigner avec les moyens du bord.
Pour me remercier, nous allions être libérés, Sully et moi et, de plus, le propriétaire avait compris et allait faire le nécessaire pour que l'eau ne soit pas polluée.
Ce fut à ce moment-là que Matthew arriva. Il s'était soucié de nous et venait nous secourir.
 
Ce qu'il me révéla me laissa honteuse. Ils s'inquiétaient pour nous tout au long de notre expédition.
Je me haïssais d'avoir causé du souci à Colleen et Brian, mais il était trop tard pour revenir en arrière.
D'ailleurs, Matthew ne m'en voulait pas car il m'a tout de suite poser des questions sur mon bras. Me voir blessée devait l'alarmer, je suppose.
Nous fîmes le chemin de retour grâce à son aide et au fait qu'il soit venu en chariot. Tout avait été donc prévu par Matthew pour que nous puissions revenir sains et saufs.
Sully aussi avait été soulagé de voir mon fils aîné car je pense qu'il s'inquiétait du retour, qui pourrait s'avérer difficile pour moi. Voilà que la solution était arrivée.
Les enfants furent heureux de nous retrouver et même si je me sentais endolorie par les conditions de vie peu habituelles, dans lesquelles j'avais vécu, je les ai serrés très fort dans mes bras.
Malgré leur inquiétude constante, ils avaient été très bien gardés par Grace et RobertE, ce dont je n'avais jamais douter, mais ils voulaient retourner à la maison immédiatement.
J'avais cette même envie de mon côté, alors nous sommes instantanément reparti vers la maison. J'ai même insisté pour que Sully vienne avec nous car il souhaitait nous laisser en famille.
Comment pouvais-je lui faire comprendre qu'il faisait partie de ma famille sans le choquer ?
Je ne lui ai rien dit et il a accepté de venir avec nous.
Tous fatigués, nous avons dîné en vitesse en parlant très peu et avons tous décidé d'aller nous coucher.
Sully semblait gêné par le fait de passer la nuit dans son ancienne maison mais j'ai tellement insisté qu'il n'avait pas eu le choix que de rester dormir dans la grange, selon son souhait.
 
Je ne pouvais pas reprendre mon travail de médecin immédiatement de ma blessure, mais je ne voulais pas laisser les habitants de Colorado Springs sans soin pendant plus longtemps.
Sully à mes talons, qui me disait d'attendre un peu avant de retravailler à la clinique, je suis donc retournée en ville.
La douleur devait se lire sur mon visage, car il décida de rester toute la journée avec moi et je n'ai rien pu faire pour l'en dissuader.
Sa présence auprès se moi me fit du bien. En fait, je sentais que nous nous étions rapprochés durant cette expédition.
Son aide me fut très précieuse pour le peu de patients que je reçus ce jour-là.
Et au soir, il me raccompagna chez moi avec les enfants.
Il resta près de nous tout au long de ma guérison, sans dire quoique ce soit de mal, si bien que quand il repartit, je me sentis seule, pourtant accompagnée des enfants.
Pourquoi en espérais-je plus de lui que ce qu'il offrait déjà ? Il me fallait être patiente, toujours patiente.
Heureusement que Matthew, Colleen et Brian étaient auprès de moi car je réalisais que j'avais terriblement besoin d'eux.
Les habitants de la ville aussi se rapprochait un peu plus de moi au fil du temps. J'avais gagné l'estime de quelques uns d'entre eux et j'espérais que rien n'arriverait pour mettre un terme à tout cela.
Mais je suppose que je rêvais encore une fois car je sentais l'imminence d'un évènement qui allait tout remettre en question. Ce pressentiment se révéla vrai quand quelqu'un arriva, un concurrent ...
 
C'est ce que je considérai comme une concurrence un peu déloyale. Il arriva en criant comme un marchand de linges ou d'autres choses pour vendre son elixir.
En entendant ce bruit, je sortis dans la rue, et je fus étonnée de voir le nombre de personnes regroupées devant ce docteur.
Il vendait son elixir, certainement à base d'alcool qui pouvait soi-disant calmer les douleurs.
Voilà qu'il venait essayer de voler ma clientèle en leur vendant du rêve certainement très cher.
Quel intérêt avait cet homme en leur vendant une telle potion ? Il voulait gagner de l'argent et je ne devais rien dire !
Cela n'aiderait en rien les personnes malades. J'étais contre ce type de choses et j'essayai de convaincre que c'était pas une bonne chose pour eux.
Sully me vit batailler et savait que cela ne servirait à rien que je dise quoique ce soit.
Il me prit à part pour me consoler et me convaincre de ne plus rien dire. Mais la menace que ce docteur Eli emmenait avec lui pesait sur mes épaules constamment.
Sully devait comprendre ce que cette bataille emmenait chez moi. Sur le coup, je regrettait d'être venue de si loin pour m'installer en tant que médecin à Colorado Springs et d'avoir fait un si long voyage.
J'avais l'impression que je ne parviendrai jamais à réaliser mon rêve en tant que médecin. Etre femme et médecin devait être incompatible.
Toutes mes années d'étude n'avaient servies à rien.
J'allai perdre le peu de clientèle que j'avais réussi à avoir depuis mon installation à cause d'un autre.
Pour la première fois de ma vie, je me sentais dépassée par les évènements et je n'avais plus envie de me battre.
 
Pourtant, sans le savoir et malgré mes réticences, j'eus besoin de cet homme pour une intervention délicate.
Il avait été chirurgien avant de se lancer dans le commerce de cet elixir, exclusivement composé d'alcool, je le supposais.
Myra, la jeune prostituée de chez Hank, souffrait d'une grosseur qui pouvait tout remettre en cause, en incluant le fait de pouvoir avoir un bébé.
Cette opération délicate, je le savais, serait difficile à réaliser par mes soins sans aide extérieure.
Je dus prendre sur moi et aller voir ce Docteur Eli pour lui demander de l'aide.
Il m'avoua que cela faisait plusieurs années qu'il n'avait pas pratiqué la chirurgie. Il ne me serait d'aucun secours.
J'ai essayé de le faire changer d'avis avec des arguments convaicants mais il ne voulait rien entendre.
J'avais besoin d'aide pour cette opération. Toute seule, je n'y parviendrai pas et je n'avais pas le temps de faire appel à un médecin de Denver.
Finalement, il accepta de venir.
Mais le jour de l'intervention, le Docteur Eli arriva dans un état lamentable, il s'était saoulé avant de venir.
Comment allais-je pouvoir faire ? J'avais vraiment besoin de lui !
Sully trouva la solution, il prit le docteur avec lui et lui plongea la tête dans l'eau afin de le désenivrer.
Il était plus sobre mais quand il saisit les instruments, ses mains tremblaient. Il était incapable de pratiquer l'opération, la seule penssée qu'on lui demande de le faire le faisait paniquer.
Je devais pratiquer l'intervention par moi-même mais je le convainquis de m'aider en me décrivant ce que je devais faire pas à pas.
 
Avec son aide, l'opération se déroulait normalement.
Myra était sortie d'affaire et elle pourrait avoir un bébé dans l'avenir.
Cela eut le don de soulager Horace qui attendait des nouvelles de celle qui faisait battre son coeur.
Sully fut aussi heureux de voir que j'avais su me débrouiller
Ainsi, une fois de plus, j'avais su prouver aux habitants de la ville que j'étais un bon médecin.
Les personnes en ville allaient me faire plus confiance dans l'avenir, en tout cas, je l'espérais.
Sully, présent dehors, affichait un sourire quand je le rejoignis. Il était avec les enfants.
Il me serra brièvement dans ses bras et je l'ai remercié silencieusement car, sans lui et son intervention, je n'aurai rien pu faire.
Je devais encore m'assurer que Myra se remette bien mais je n'en doutais pas car, entourée par Horace, elle allait pouvoir prendre soin d'elle, d'autant plus que Hank avait promis de la laisser bien se reposer avant de reprendre le travail.
Je devais néanmoins rester à la clinique pour être au plus proche de ma patiente et je ne savais pas comment annoncer cela aux enfants.
Mais ils prirent bien mon annonce - je pense que Sully les avait déjà préparés - et acceptèrent de rester avec moi.
Sully alla même chercher le dîner afin que nous puissions partager ce moment ensemble.
Il est même resté avec nous, sachant que j'aurai forcément insisté pour qu'il le fasse.
Ce fut à ce moment-là que je réalisais que je ne pourrai jamais me passer de l'amitié de cet homme, que j'avais besoin de lui près de moi.
Cependant, ni lui ni moi n'étions prêts à aller plus loin dans notre relation.
 
Quand je pus enfin rentrer chez moi, j'étais soulagée. Il se passa quelques jours tranquilles puis, un soir, j'ai trouvé un homme dans ma grange.
Dès que je suis entrée à l'intérieur, il m'a menacé. Ce fut à ce moment-là que j'ai entendu le pleur d'un bébé. Après leur avoir demandé ce qu'il voulait, j'ai pris la décision de l'aider avec son bébé. Il crait et avait besoin de mes soins.
L'homme comprit que je pourrais l'aider et rentra dans la maison avec moi.
Ce bébé emmena des sentiments inconnus en moi.
J'ai appris que le père s'appelait Red Mc Call et qu'il avait perdu son épouse quelques jours avant, et qu'il s'occupait de son fils tout seul depuis son décès.
Il cherchait une vie meilleure à lui offrir mais était incapable de trouver un travail.
Je lui ai offert l'hospitalité pour la nuit en lui promettant de l'aider à avoir un travail rapidement.
Mais le lendemain, il était parti sans son bébé. Il pensait, m'avait-il dit dans le mot qu'il avait laissé, que je pourrais mieux m'occuper d'un bébé que lui.
Il allait sans dire que je n'allais pas laisser un enfant dehors.
Je n'avais pas réalisé le travail que cela allait me demander avant de m'engager mais de toute façon, je n'avais pas le choix. Certains habitants devaient penser que j'étais folle de recueillir un autre enfant, surtout en tant que célibataire.
J'allais faire jaser autour de moi.
Ma réputation allait en prendre un certain coût.
Pendant ce temps-là, Colleen avait retrouvé des affaires ayant appartenues à Sully, et sans le lui demander, elle les avait prise et les avait lavées.
 
Je savais qu'il n'allait pas être content et j'ai réprimandé Colleen mais les arguments qu'elle m'opposa me convainquis.
Comme je le pensais, Sully, quand il le découvris, fut furieux.
Nous avons violé son ancienne intimité.
Sully me regarda et partit immédiatement.
Le lendemain, j'avais dû laisser la garde du bébé à Colleen pour essayer de lui trouver une famille, car les arguments des habitants de la ville m'avaient convaincue que je ne pouvais pas élever cet enfant, mais personne ne voulait le prendre chez eux.
J'en ai profité pour rendre visite à un patient pour lequel le Révérend s'inquiétait.
C'était un endroit reculé et seul Sully fut au courant de mon départ pour cet endroit-là car il était avec moi quand le Révérend en avait parlé.
Sully était même d'accord pour garder le bébé mais je compris qu'il essayait de se consoler en envisageant une telle idée.
Aussi, plutôt que de penser à ça, j'ai appelé mon patient en arrivant, en essayant de comprendre ce qui lui était arrivé.
Une cabane était devant moi et je supposa qu'il était à l'intérieur mais il était mort.
Je ne pouvais plus rien faire pour cet homme, mis à part l'enterrer et c'est ce que j'ai fait toute seule, même si j'ai eu beaucoup de mal à soulever son corps et à creuser la tombe.
D'ailleurs, j'ai même pensé à ma mère à ce moment-là et à ce qu'elle pourrait penser de moi en train de faire une telle tâche. C'est à ce moment-là que j'ai entendu le bruit d'un ours cherchant une proie.
C'est à cause de l'animal que l'homme était décédé et je ne pouvais me cacher qu'à l'intérieur de la cabane dans l'espoir que celui-ci parte chercher une autre proie ailleurs.
Mais il errait autour de mon refuge.
 
Je me suis dit que les enfants allaient s'inquiéter pour moi car je leur avais promis de rentrer avant la nuit et que je n'allais forcément pas tenir cette promesse.
Sully me chercherait ici, étant donné qu'il était au courant et il viendrait m'aider après la nuit passée.
En attendant, je n'avais qu'à essayer de dormir pour faire passer le temps plus vite et arriver jusqu'au lendemain matin.
J'ai mis beaucoup de temps à m'endormir si bien que le lendemain, j'ai entendu la voix de Sully qui m'appelait et que cela me réveilla.
Il ne savait pas qu'un ours était dans les alentours et qu'il pouvait l'attaquer à tout moment.
Alors, je l'ai prévenu en l'incitant à me rejoindre à l'abri et il a couru vers moi.
J'ai tout de suite fermer la porte.
Il a semblé s'inquiéter pour moi et m'a dit que les enfants avaient été rassurés de savoir qu'il allait venir à mon secours. Je lui ai dit que je n'avais trouvé aucun moyen de me sortir de là sans être attaquée par l'ours.
Il me rassura, il allait trouvé une solution car nous ne pouvions pas rester pendant des jours coincés dans cet endroit.
La seule solution était de courir jusqu'à ce que nous puissions rejoindre les chevaux qui s'étaient enfuis.
Nous ne savions pas s'ils étaient loin ou pas mais nous n'avions pas le choix.
Sully me prit par la main afin que nous restions ensemble jusqu'à ce que nous ayions atteint notre but.
Il me savait capable de courir vite et il n'hésita pas une seule seconde. Nous nous sommes donc élancés.
Malgré les cris de l'ours aux alentours, aucun de nous n'a paniqué et nous avons pu rejoindre les chevaux et j'ai pu rejoindre les enfants.
 
C'est là que ma décision de garder le bébé avec nous a refait surface en moi.
Sully, quant à lui, et au hasard, avait retrouvé Red Mc Call avec l'argnet qu'il avait volé à Loren avant de s'enfuir.
Même s'il condamnait ce genre de geste, il a parlé longuement avec le brigand.
Je ne connais pas la teneur de cette conversation mais j'imagine qu'il a dû parler de son expérience passée avec Abigail et a réussi à le convaincre en faisant appel à ses sentiments de père.
Toujours est-il que cette conversation lui fuit bénéfique car le soir-même, Red Mc Call vint rechercher son enfant.
Sully avait rendu l'argent à Loren en lui disant qu'il regrettait d'avoir agi comme cela, car c'était la seule solution qu'il avait envisagé auprès du bandit.
Red Mc Call s'est tout de suite excusé en me disant qu'il regrettait de m'avoir laissé son fils, car c'était, à son sens et à ce moment-là, la seule solution qu'il avait envisagé pour son avenir.
Il tenait à son fils et ne voulait pas l'abandonner.
Il envisageait de chercher un emploi, tout en essayant de trouver une personne fiable pour garder son enfant.
Sully lui proposa à ce moment-là de prendre tout ce dont il aurait besoin dans ses anciennes affaires. Lui qui s'était tant mis en colère quand il avait découvert que Colleen avait pris des affaires qui auraient dû lui appartenir, venait de faire un pas vers l'avant.
Je fus émue de le voir si généreux avec un homme qui n'avait pas grand chose pour commencer une nouvelle vie. Du coup, je les ai invités tous les deux à dîner et c'est là que Red Mc Call m'appris le prénom de son fils.
Il allait l'appeler Mike, pour me remercier de l'amour que je lui avais donné en son absence.
 
Sully avait accepté de rester près de nous toute la nuit, dans la grange, bien entendu.
Je me sentais rassurée par sa présence car je me suis rappelé de la matinée précédente, quand il cherchait une solution afin que nous puissions sortir sains et saufs de cette cabane, sans être attaqués par l'ours.
Comme je l'ai dit précédemment, il était soulagé de me savoir en vie, car il avait vu la tombe pas loin de mon refuge temporaire.
Nous nous sommes assis l'un contre l'autre et il m'a demandé ce qu'il s'était passé et comment j'avais dormi.
Je ne lui ai pas menti. Je n'avais pas bien dormi et je me suis réveillée que quand il m'avait appelée.
Il me rassura sur le sort des enfants, dont Matthew prenait grand soin.
Comment avait-il pu comprendre que j'étais inquiète pour eux ? C'était une chose que je ne comprenais pas.
Pourquoi son regard bleu me troublait-il à ce point ? Je ne le savias pas. Il fut d'ailleurs lui aussi troublé par cette proximité que nous avions.
Je sentis son souffle sur mon visage, alors que j'avais fermé les yeux devant l'intensité de son regard, et je pus deviner qu'il s'approchait de moi avec l'envie de m'embrasser sur la bouche.
Mais au dernier moment, alors que je désirais aussi que nous partagions un baiser, il avait fini par m'embrasser sur le front.
En réouvrant les yeux, j'ai eu la réponse à la question que je me posais. Il avait eu des souvenirs qu'il avait partagés avec sa défunte femme.
De mon plein gré, j'avais posé ma tête sur mon épaule et je me suis laissée bercer par sa tendresse. Cela n'avait peut-être durer que quelques minutes mais cela m'avait semblé être des heures, tellement j'étais bien.
Ce fut en pensant à cet instant-là que je fermais les yeux, troublés par ce que je commençais à comprendre.
 
D'ailleurs, j'en eus conscience quelques jours plus tard, quand Nuage Dansant m'emmena Sully dans un état pitoyable.
Il avait été battu à mort par un homme sans scrupules.
La cruauté des hommes était devant moi, mais j'allais devoir mettre ça de côté pour soigner Sully. Nuage Dansant me fit comprendre que Sully allait certainement être recherché par la Loi ou par un dénommé Rankin.
Il était donc de mon devoir de cacher sa présence dans ma maison, pour ne pas être mise en examen pour complicité.
Tout cela n'avait aucune importance et cela ne m'empêcherait pas de soigner Sully, qui était un véritable ami, et même peut-être plus que ça !
Je devais me montrer forte face à cette situation pour ne pas montrer mes sentiments, et pourtant, en découvrant peu à peu les nombreises blessures de Sully, je me sentais dépassée.
Je me suis isolée pour aller chercher le nécessaire pour m'occuper de lui et j'ai senti mes larmes couler le long de mes joues. Je savais qu'il n'avait pas beaucoup de chance de retrouver l'usage de ses jambes.
Je me secouai pour lui apporter les meilleurs soins possibles, car de moi dépendait sa guérison.
Colleen était allée chercher de l'eau pour le laver un peu tout en préservant son intimité.
Je m'en suis occupée avec beaucoup de tendresse, même si je me sentais toujours un peu triste devant la vue de son corps plein d'ecchymoses couché dans mon lit.
Sully, après avoir repris conscience, s'était excusé d'occuper mon lot et je lui avais dit que cela n'avait aucune importance, l'essentiel étant qu'il se rétablisse.
J'ai dû me rendre en ville pour m'apprivisionner en fourniture médicale, tout en me montrant discrète sur le devenir de Sully, car un homme le cherchait bel et bien.
 
Dès mon retour à la maison, j'en ai parlé à Sully, qui voulait absolument partir immédiatement pour que nous soyons en sécurité, les enfants et moi.
Mais il n'était pas assez en forme et je n'avais trouvé aucun moyen de soigner ses jambes.
La solution me vint de Nuage Dansant, qui apportait un baume à appliquer sur ses jambes. Même si je doutais de l'efficacité de ce remède Cheyenne, j'ai quand même accepté de l'utiliser. J'étais prête à tout pour l'aider !
Matthew m'a à son tour aidée en l'appliquant, tout en veillant à respecter l'intimité de Sully. Mais il fallut plusieurs jours pour que cela fasse effet.
Etant donné que mon patient occupait mon lit, je dormais à côté de Colleen. Cependant, durant tout le temps où il est resté chez moi, je me relevais toutes les nuits pour le veiller.
Je ne parvenais pas à dormir, alors plutôt que de rester au lit, et de bouger sans cesse, je restais près de lui.
L'inquiétude que je cachais devant les enfants et devant Sully, refaisait surface à ces moments-là. L'important pour moi était d'être auprès de lui.
Un jour, j'ai même déposé un baiser sur sa joue et je lui tenais la main toute la nuit. J'ai même déposé un baiser sur sa joue, sans vraiment savoir s'il l'avait senti ou non.
Je commençais vraiment à désespérer de pouvoir l'aider et le guérir un jour, et Sully en avait marre que je m'occupe sans cesse de lui, sans qu'aucun résultat ne vienne jamais.
Il ne voulait absolument pas devenir une charge pour qui que ce soit. Son indépendance en prenait un sacré coup !
Je ne voulais pas abandonner mais il s'énerva. Alors qu'il tentait encore une fois de me dissuader de continuer à faire des massages à ses jambes, je m'aperçus de quelque chose ...
 
Ce n'était qu'un petit mouvement, mais un si grand espoir pour la guérison de Sully.
Je lui ai dit que j'avais vu ses orteils bouger.
Sully n'y croyait plus, car cela faisait des jours qu'il espérait quelque chose qui ne venait jamais. Il ne voulait pas y croire, car les faux espoirs l'avaient tellement déçu.
Je le fis se concentrer et ses orteils remuèrent avec l'effort qu'il produisait. Le chemin serait encore long mais il était plein d'espoir.
Je pris la décision de hâter la guérison de Sully en l'emmenant à la source d'eau chaude, car cela allait faire du bien à ses jambes.
Matthew m'aida à le faire avec un très grand sourire.
Je savais que cela représentait beaucoup à leurs yeux, car il le considérait comme un grand ami, presque un peu comme un père, pour Brian.
Au retour, Sully insista pour commencer ses exercices de rééducation tout de suite, même s'il se sentait très fatigué.
J'ai bien spur essayé de l'en dissuader car cela pouvait vraiment nuire à sa santé, mais il ne m'écoutait pas, tant il était impatient de se débrouiller par lui-même.
Il devait être aussi impatient de retrouver sa solitude, car il devait se sentir trop entouré par nous ou peut-être qu'il voulait aller se venger de Rankin.
Mais je comprenais son impatience, alors je l'ai laissé faire. Je le surveillai de loin, c'était ma seule condition pour qu'il fasse ses exercices.
Matthew lui fit même réapprendre à se servir de son tomahawk. Après, j'ai obligé Sully à aller se reposer.
 
Pendant des jours et des jours, je me suis totalement consacrée à la rééducation de Sully et chaque jour, j'en faisais un peu plus. Je l'ai assisté quand il reprit la marche avec une canne et il insista pour continuer aussi longtemps qu'il lui était possible.
Je craignais qu'il en fasse trop, et surtout qu'il guérisse trop vit et que je doive le laisser partir.
Ce que je craignais arriva, il s'écroula de fatigue et je dus l'obliger à s'asseoir sur les marches de la maison.
Mais je savais que c'était un homme robuste et qu'il ferait tout pour guérir au plus vite, afin d'aller se venger.
J'aurais voulu pouvoir le dissuader de se lancer à la recherche de cet homme qui allait le tuer la prochaine fois. C'est ce qu'il risquait et il le savait mais il était prêt à tout.
Je voulais aussi le voir totalement rétabli avant de le laisser partir mais encore une fois, il n'en fit qu'à sa tête.
Il a pris son cheval et est monté dessus sans écouter mes arguments. Je lui ai même dit que je ne lui parlerai plus s'il tuait cet homme afin de l'en dissuader.
Rien n'aurait pu le faire changer d'avis, je l'avais compris !
Aussi, j'ai pris la décision, sans écouter Matthew, qui me disait qu'il fallait que je le laisse se débrouiller tout seul, de partir à la réserve pour voir si je pouvais parler avec Sully encore une fois.
J'ai été accueillie par Nuage Dansant immédiatement, comme s'il m'attendait, et après lui avoir dit que je voulais discuter avec Sully, celui-ci me dit qu'il était parti.
Selon lui, j'étais la seule personne capable de le raisonner et comme je disais que j'avais déjà essayé de le faire, Nuage Dansant insista en me faisant comprendre que je ne devais pas abandonner mon ami.
 
Je ne savais pas ce que mes paroles pourraient encore changer mais je me devais de jouer mon rôle de médecin car Sully allait peut-être trop s'épuiser.
Alors, j'ai galopé, je suis repartie à sa recherche en le cherchant un peu au hasard et je l'ai vu au bout d'une longue chevauchée.
Il était à cheval, mais il était épuisé, cela se comprenait rien qu'à sa conduite, alors je me suis rapprochée de son cheval autant que possible, sachant sa chute inévitable.
Même si à l'intérieur, je me disais que je ne l'aiderai pas s'il avait tué Rankin, je savais que j'en serai incapable.
D'ailleurs, quand je l'ai vu tomber, je me suis précipitée vers lui afin de lui porter assistance.
Je lui ai bien sûr demander s'il avait fait ce que je regrettais et bien sûr, j'étais soulagée qu'il ne l'ait pas fait.
Alors, je lui ai soulevé la tête et l'ai posée sur mes genoux afin de le réconforter tout en lui demandant ce qu'il s'était passé immédiatement.
Je ne croyais pas forcément aux légendes Indiennes mais j'étais plus que prête à adhérer à ces histoires.
J'aurai bien voulu tout entendre, afin d'aider Sully à se sortir de là où il s'était mis involontairement. Rankin avait tout de même fait appel à la Loi en le faisant passer pour un hors-la-loi, alors que ce n'était pas le cas.
Sully allongé sur mes genoux, cela me faisait un drôle d'effet, je ne savais pas quoi en penser. J'avais fait ce geste sans calculer et cela m'apportait une sorte de sérénité que je n'aurai pas espérer.
Heureusement, tout le monde en ville était contre les agissements de cet homme et personne n'aurait dénoncé Sully s'il l'avait su.
C'est en sachant cela que j'ai continué à le réconforter pendant qu'il me disait qu'un bison blanc était venu le sauver.
J'ai mis toute la tendresse que je pouvais rassembler dans le regard que j'ai adressé à Sully, afin qu'il se sente mieux. C'est tout ce dont j'étais capable à ce moment-là et cela me semblait nécessaire.
Apparemment, il ne voulait pas perdre mon amitié car cela était important à ses yeux et je réalisais que ça l'était aux miens !
 
Suite à cela, il a bien fallu que je laisse Sully repartir pour la réserve et j'ai dû reprendre mon quotidien en solitaire en compagnie des enfants.
Heureusement qu'ils étaient là pour faire changer d'idées car je n'aurai pas pu faire sans eux.
Ce jour-là, à peine un mois après le départ de Sully, j'avais décidé de faire du ménage en leur compagnie et tout le monde avait eu sa tâche à faire, malgré les protestations de Matthew.
Les enfants s'amusaient plutôt qu'ils ne travaillaient et j'appréciai cela. Leur jeu s'est fini dans une bataille d'eau, à laquelle je n'avais pas participé.
Après cela, j'ai décidé de me rendre à la boutique de Loren afin d'y faire des provisions et nous y avons rencontré les émigrés que je connaissais un peu.
Ils étaient, ou plutôt elles étaient, en compagnie d'Olive qui avait pour projet d'ouvrir une école de danses pour le bal qu'elle souhaitait organiser.
Cette femme m'étonnait au plus haut point. Elle avait réussi à changer d'avis sur les émigrés et voulait les aider à s'intégrer, dans une ville des plus hostiles à leurs installations.
Elle avait de la compassion pour son prochain, j'en étais sûre et j'espérais aussi qu'elle pourrait devenir mon amie.
Elle choisissait les tissus pour aider ces jeunes femmes à se faire belles pour le bal.
Matthew était clairement attiré par l'une d'entre elles, Ingrid, et Olive lui proposa de l'aider à monter la scène, ce qu'il a bien sûr tout de suite accepté.
Je me réjouissais pour Matthew, même si je dois avouer qu'en apparence, il n'en était rien !
J'aurai peut-être réagi autrement, mais ce que je vis par la suite me choqua.
 
Le général Custer et ses hommes arrivaient avec un prisonnier, qui, je le savais pertinemment, n'avait rien fait, puisqu'il s'agissait de Nuage Dansant.
Pour quelle raison, les soldats l'avaient mis en prison ?
Une autre préoccupation s'imposa à moi. Les blessés avaient été emmenés chez Jake.
Je me suis précipitée vers eux et j'ai ainsi pu voir que Nuage Dansant était blessé. Je voulais m'occuper de lui et le Général Custer, que je détestais déjà, voulait que je m'occuper de ses soldats d'abord.
Je devais accepter car cela serait un seul moyen de pouvoir m'occuper du Cheyenne.
Le Général Custer m'a observée tout le long de mes soins, comme s'il doutait de mes capacités à être un bon médecin.
J'écoutai tout ce que le Général disait à ses hommes, essayant de comprendre pourquoi mon ami Cheyenne avait été fait prisonnier.
Le Révérend m'avait suivi à l'intérieur de la clinique, mais il ne semblait pas préoccupé par le sort de l'Homme Médecine.
Je pensais qu'il aurait pu s'apitoyer un peu plus sur le sort de son prochain, même s'il était d'un autre race et d'un autre peuple.
J'ai pourtant essayé de parler de Nuage Dansant avec le Révérend mais il ne voulait pas entendre parler et il a même quitté les lieux.
Si même lui ne souhaitait pas m'aider, je ne voyais pas comment faire pour entrer en contact avec le Cheyenne.
Ce fut à ce moment-là qu'un des soldats entra avec une annonce des plus importantes.
Bison Noir souhaitait leur parler. Il avait un drapeau blanc, un signe qui disait qu'il voulait la paix. Je ne fus pas surprise en voyant que Sully était leur porte-parole et leur traducteur.
 
Ils voulaient libérer Nuage Dansant mais bien sûr, les soldats n'en avaient aucune intention.
J'étais inquiète pour Sully car ce combat lui était cher et je ne savais comment il réagirait si jamais le Général Custer décidait de faire pendre son meilleur ami.
Je cherchais un moyen de les aider tous les deux mais je n'en avais aucun pour l'instant.
C'est avec cette inquiétude que je suis entrée chez moi avec les enfants et que nous avons commencé à dîner.
Leur compagnie était essentielle pour moi car cela m'aidait à faire face aux difficultés.
Je pensais que cette soirée serait concentrée sur ma détente, mais il n'en fut rien car des soldats vinrent me chercher chez moi afin de me prévenir que Nuage Dansant avait été blessé.
Dès mon arrivée en ville, je fus rejointe par Sully, qui me fit comprendre qu'il fallait que je dise que j'avais besoin de lui pour la traduction.
J'ai bien spur tout de suite accepté car je savais qu'il voulait essayer de savoir pourquoi Nuage Dansant avait été emprisonné.
L'état de l'Indien, que je vis quand je suis rentrée dans l'étable me surprit. Les soldats s'étaient acharnés sur lui dans le but de découvrir quelque chose.
Je ne comprenais pas cette méchanceté gratuite, alors je fis de mon mieux pour le soigner.
Sully essaya encore de lui poser des questions sur sa conduite mais l'Homme Médecine ne dit rien.
Sully était en colère. Il ne comprenait pas pourquoi son ami se comportait ainsi et qu'il ne voulait rien lui dire.
D'ailleurs, il est parti pas longtemps après.
 
J'ai pris la peine de donner à boire Nuage Dansant, car il était assoiffé et qu'aucun de ses soldats ne lui avait donné à boire.
Ces mauvais traitements sur une personne ne pouvait pas durer. Je devais faire quelque chose et vite !
J'eus l'idée de faire une pétition contre ces mauvais traitements. Je rencontrai plusieurs habitants qui refusèrent de signer, seuls deux ou trois acceptèrent, dont RobertE.
Je suis ensuite dirigée, allez savoir pourquoi, vers le cimetière, où j'ai rencontré Loren.
Je suis allée vers lui. Pourquoi ? Je ne le savais pas mais j'avais besoin de lui parler. Je savais qu'il était encore triste de la récente disparition de sa femme.
Je l'ai écoutée me parler d'elle pendant quelques minutes.
Il avait aimé sa femme, je le comprenais et je ne sais pas pourquoi, je lui ai aussi raconté mon histoire avec David.
J'espérais en quelque part, que cela le réconforte mais il n'y avait pour l'instant une seule personne qui pouvait lui mettre du baume au coeur et cette personne était Brian.
Le lendemain, d'ailleurs, mon fils alla à la boutique pour chercher un harmonica. Il voulait jouer de la musique mais il ne savait pas jouer de l'harmonica.
Brian m'avait dit qu'il avait même demandé à Monsieur Bray de lui apprendre.
Puis, mon fils a vu que les soldats allaient tuer Nuage Dansant et a abandonné Loren pour venir le dire.
Tout le monde fut vite rassemblé sur la place, comme si c'était un tour de magie qu'il ne fallait absolument pas manqué. J'ai essayé de les empêcher.
Sully a encore tenté de parler avec son meilleur ami mais il ne voulait rien dire.
Ce n'était qu'une simple farce qui ne les faisaient rire qu'eux-mêmes.
 
Avec tous ces évènements, Olive voulait annuler son bal mais je l'en ai empêché. J'avais une idée en tête que je devais mettre en place et dont je devais parler avec Sully.
Je ne soupçonnais pas du tout qu'il avait la même idée que moi.
Alors, après lui avoir exposé mes projets qui rejoignaient les siens, nous nous sommes donnés rendez-vous pour le lendemain.
Après quoi, insoupçonnables, nous sommes rentrés chacun de notre côté.
J'en ai parlé à Olive et au Révérend aussi car j'allais avoir besoin de leur soutien.
Entre temps, Sully s'était débrouillé pour mettre RobertE dans la confidence car il nous fallait le double des clés des chaînes de Nuage Dansant.
Selon nos plans, il alla faire l'échange dans la grange pour prendre le bon trousseau et me le donner.
Le bal a ensuite commencé avec les personnes qui avaient acheté des tickets et tout le monde dansait.
Tout le monde, c'était vite dit car Ingrid ne dansait pas.
Je ne savais pas pourquoi Matthew la laissait seule mais je ne pouvais pas agir !
Je devais être discrète et me tenir prête pour mettre notre plan à exécution;
C'est ainsi que j'ai vu Brian aller voir Loren.
J'en ai ensuite profiter pour m'éclipser et aller délivrer Nuage Dansant le plus discrètement possible et j'ai fait semblant de m'en aller.
J'ai fait exprès d'oublier mon stéthoscope et de demander au soldat d'aller me le chercjer, pendant que je remettais les bonnes clés en place.
 
Nuage Dansant, maintenant libéré, se livra à une bataille pour réussir à étouffer le soldat.
Mais, hélas, nous ne pouvions pas faire libérer l'Homme Médecine sans que les gardes extérieurs s'en aperçoivent et bien sûr, ils sont arrivés.
Heureusement, Sully a choisi ce moment-là pour leur tomber dessus et les a assommé puis il m'a attachée afin que personne ne pense que j'étais impliquée.
Il avait à tout prix insister pour ne pas que je le sois mais je n'avaiis pas eu d'autres choix que d'accepter.
Ce fut ce moment-là que choisit Custer pour rentre dans l'écurie et pour intervenir.
J'ai crié afin de préveir Sullly arriva pour se battre afin de s'enfuir avec Nuage Dansant, tout en lançant son tomahawk dans sa main.
Le Général Custer était horrifié de ce qu'il se passait.
Il me délivra mais il comprit très vite que j'étais complice de cette évasion. Il n'avait aucune preuve et je me suis défendue en lui faisant comprendre que j'avais horreur des Indiens.
Bien sûr, il ne me crus pas mais il ne pouvait pas m'accuser sans preuves, et je lui ai soigné la main pour me dédouaner.
Après quoi, je me suis enfin sentie libérée et soulagée. En passant devant les chevaux de RobertE, Sully m'a appelée.
"Nuage Dansant est en sécurité et c'est grâce à vous. Il vous remercie."
Cela me semblait inutile de me remercier. La vie d'un homme ne pouvait pas être mise en danger aussi facilement.
Après ces quelques mots, Sully est parti, et je suis allée rejoindre les autres au bal et les ait regardés danser. J'ai même vu Loren jouer de l'harmonica et j'ai été heureuse de vour que Brian et Olive avaient réussi à le convaincre.
 
Avec tout ce qui s'était passé, j'en étais quand même arrivée à oublier que mon trente-cinquième anniversaire approchait. Pour m'en rappeler, il m'avait fallu recevoir un cadeau inattendu de la part de ma mère.
Elle m'avait envoyé une caisse contenant un service de vaisselle venu de Boston pour me permettre de pouvoir m'en servur.
Je n'en revenais pas et je ne sais pas pourquoi, cela me fit pleurer.
Les enfants, tous autour de moi à ce moment-là, furent tous surpris de me ressortir quelques minutes plus tard pour aller pleurer dans mon coin.
Seul Brian vint me rejoindre pour voir ce que j'avais et je lui ai dit que je m'étais sentie seule.
Il ne comprenait pas pourquoi j'éprouvais un tel sentiment de solitude alors que lui, son frère et sa soeur étaient auprès de moi.
Bien sûr, je les aimait de tout mon coeur, comme mes propres enfants, mais ma famille Bostonnienne me manquait.
Et surtout, il manquait quelque chose, quelque chose que je ne comprenais pas ...
J'avais 35 ans, je n'étais pas mariée et je n'avais pas d'enfants biologiques.
Aucun homme ne me faisait la cour, aucun ne s'intéressait à moi parce que je pratiquais un métier.
Voilà où j'en étais de ma vie. Je n'avais pas réussi ma vie de femme.
J'étais si loin de tout, de tout ce que j'avais connu.
Heureusement, les enfants firent de leur mieux pour que je pense à autre chose qu'à ma solitude, car sans eux, je serai peut-être retournée à Boston et bien sûr, je n'aurai pas suivi mon destin.
 
Le lendemain de ce jour, je me rendis à la clinique comme d'habitude et je dus m'occuper d'un patient bien particulier.
Jake, en le rasant, l'avait coupé en le rasant, et Monsieur Barton, mon malade, souffrant de scepticémie.
Je m'occupa en premier lieu de Monsieur Barton, qui nécessitait des soins constants de ma part.
Après avoir essayé d'enrayer l'empoisonnement du sang, je suis restée à son chevet car il pouvait très bien mourir.
Les enfants, qui ne savaient pas le contenu de la lettre de ma mère passèrent me voir après leurs occupations. Le premier à venir fut Matthew, alors que j'ignorais tout de ce que faisaient mes deux autres enfants, et j'en ai profité pour lui demander d'aller chercher le Révérend.
Monsieur Barton allait mourir et il avait le droit d'avoir une extrême onction.
Le Révérend écoutait les dernières volontés et confessions de mon patient, puis ce dernier rendit son dernier souffle.
Je suis donc allée voir Jake afin de luii dire qu'il était un assassin.
S'il avait nettoyé la lame de son rasoir, rien ne serait arrivé, Monsieur Barton aurait été coupé, certes, mais il ne serait pas mort.
Quand je suis revenue à la clinique, j'enrageais contre Jake, qui n'avait pas vraiment écouté mes recommandations d'hygiène (c'est ce que je croyais) pour l'utilisation de son rasoir.
Je préférais rentrer chez moi et être auprès des enfants afin de me détendre.
En tant que médecin, je ne pouvais pas me résoudre au décès de l'un de mes patients à cause du non-respect de l'hygiène d'un des ustensiles de travail d'un coiffeur.
J'espérais que Jake réfléchirait à ce qui je lui avait dit et que cela le ferait agir autrement pour la prochaine fois.
Cela a fait son effet, mais ce n'étais pas celui que j'attendais, mais plutôt celui que je détestais.
 
J'ai ensuite pu voir, dans les jours suivants, l'état de Jake, qui culpabilisait de son geste. Il s'était saoûlé pour expier sa faute.
Je n'approuvais pas sa tenue mais j'étais certainement mal placée pour lui en faire la remarque.
Nous nous sommes rendus à l'église où j'ai surpris des regards venant dans ma direction.
Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde parlait dans mons dos, mais j'ai préféré les ignorer.
Je me suis installée pour le pique-nique avec les enfants. Le Révérend est venu me proposer une promenade que j'ai acceptée car je savais que Sully, qui venait d'arriver, s'occuperait des enfants.
Notre ballade, avec le Révérend était plutôt agréable, mais ce qu'il me disait me faisait peur. Il allait bien trop vite en besogne ! Je le connaissais très peu et je n'avais aucune intention de suivre ses projets !
Je me sentais un peu comme une bête de foire que l'on vend au plus offrant car, je le réaliserai dans les jours suivants, je devenais la cible de toutes les offres des hommes célibataires de la ville.
Encore une fois, je me sentie soulagée de rentrer chez moi et de retrouver le calme.
Mais le lendemain, j'ai rencontré Sully qui sortait de chez Loren , où je ne savais pas ce qu'il avait été faire, et nous avons discuté un moment.
Il était le seul à ne pas me regarder comme une possible proie et je me sentais bien en sa présence. D'ailleurs, nous nous sommes aperçus que Jake n'avait pas ouvert sa boutique ce jour-là.
Nous nosu sommes dirigés vers le salon de coiffure et nous avons trouvé porte-close.
Sully a cassé un carreau pour pouvoir rentrer ...
 

Le même mauvais pressentiment que moi devait l'habiter pour qu'il agisse ainsi.

Et, en effet, nous l'avons trouvé sans connaissance. Au vu de l'odeur en fond qui régnait, il s'était certainement enivré.

De plus, il avait une bouteille en main. Ce fut à ce moment-là que je regrettais de m'en être prise aussi violemment à lui à propos de l'infection de son rasoir.

Sully m'a aidé à le transporter à la clinique afin que je puisse le soigner correctement.

J'ai dû lui retirer tout l'alcool qu'il avait dans le foie, si je voulais lui sauver la vie.

Je savais que les prochains jours seraient durs et j'ai eu l'aide très bénéfique de Loren et de Sully.

Heureusement qu'ils étaient là tous les deux, car une femme seule n'aurait pas pu faire cela toute seule. Un alcoolique en manque était bien plus fort que moi. Sans eux, rien n'aurait été possible ! Jake, à son réveil, fut assez violent et ils ne furent pas trop de deux pour le maîtriser.

J'ai ensuite demandé à Loren d'aller vider toutes les bouteilles d'alcool de chez Jake, car il arrivait à s'en sortir, il devrait se passer une bonne fois pour toutes de son addiction et ne pas en avoir la tentation.

Très vite, le coiffeur se sentit apte à rentrer chez lui mais je ne le voulais pas. Je l'ai donc enfermé dans une chambre.

Encore une fois, ce fut Sully qui me convainquis de le relâcher, que je ne pouvais pas décider de sa vie à sa place. J'ai donc laisser Jake repartir chez lui.

Peu de temps après, Hank s'est enfin décidé à venir le voir et Jake venait juste de partir.

Je lui ai parlé de son ami lors d'un déjeuner avec lui chez Grace. J'ai tout de suite été la cible des mauvais regards de la part des autres clients.

 

Cela aurait pu être un moment agréable avec lui mais il avait des manières qui me déplaisaient grandement.
Je lui ai demandé de ne plus servir d'alcool à Jake.
Bien sûr, il n'en était pas question pour lui, et du coup, il est parti du restaurant de Grace.
Quelques temps plus tard, j'ai trouvé le coiffeur en train de boire et j'ai tenté de l'en empêcher mais rien n'y a fait !
J'avais pourtant l'appui du Révérend mais Jake nous a pas plus écouté l'un que l'autre et il s'est enfui pour aller s'enfermer dans salon et boire autant qu'il le voudrait.
Enfermé dans son domaine, il se mettait à l'abri d'une possible intervention de l'un d'entre nous.
Je l'ai laissé se saouler comme il le souhaitait. Après tout, il s'agissait de sa vie et non de la mienne !
Je me suis à nouveau dirigée vers mon chariot et je me suis aperçue que j'étais la cible des ragots.
Tous les habitants parlaient dans mon dos et je détestais cela mais je ne pouvais rien y changer.
Je suis allée voir Jake quelques jours plus tard pour m'excuser. Ce fut une rencontre plus agréable que celle des jours précédents car nous nous sommes confiés l'un à l'autre.
Cela m'a apaisée et j'ai pu continuer à vivre avec le cœur un peu plus léger.
Mon anniversaire se déroula de manière imprévue. Je pensais être la seule à savoir la date exacte mais c'était sans compter sur la curiosité des enfants.
En cachette, ils m'avaient préparé tout un lot de surprises, dont la première fut un gâteau d'anniversaire et même un cadeau.
Quelle merveilleuse surprise ils m'avaient fait là ! Ils m'ont avoué avoir lu la lettre de ma mère …

 

Ils m'ont ensuite demandé de faire un vœu, j'ai soufflé mes bougies et j'ai ouvert mon cadeau.
Là encore, je fus saisie de stupeur. La porcelaine que ma mère m'avait envoyée de Boston (pour améliorer ma vie, m'avait-elle dit ! ) était recollée. Comment avaient-ils pu faire tout cela dans mon dos sans que je m'en rende compte ?
Je n'eus pas le temps de lui poser la question car Horace arriva à la maison paniqué pour venir me chercher.
Il y avait apparemment un problème en ville.
Le trajet entre ma maison et la ville me parut interminable tant je me posais de questions.
En effet, je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il se passait qui requiert ma présence urgente.
J'étais bien loin de me douter que les enfants avaient encore organiser une autre surprise dans mon dos.
Ce ne fut qu'en arrivant en ville que je compris. Tout le monde m'accueillit en me souhaitant un joyeux anniversaire.
Ainsi, ils étaient tous au courant !
J'avais enfin l'impression d'avoir réussi à m'installer dans leur ville et cette impression se renforça quand je découvris le cadeau qu'ils m'avaient fait.
Il s'agissait d'une magnifique enseigne qui avait été mise au-dessus de ma clinique avec mon nom et ma profession.
Voilà, j'avais enfin une place à Colorado Springs et ce geste de mes nouveaux amis prouvait à quel point ils avaient fait un pas en avant.
Je restais consciente que je ne ferai jamais l'unanimité dans la ville car certains conservateurs ne viendraient jamais me consulter mais j'étais néanmoins touchée par ce geste.
Je n'avais plus du tout l'intention de retourner à Boston car je faisais maintenant partie des habitants de Colorado Springs.

 

Je suis restée figée devant ce cadeau, incrédule, pendant que les autres se dirigeaient vers la fête organisée en mon honneur. J'avais besoin d'être seule pour absorber la signification de ce cadeau provenant d'une ville assez reculée.
J'en restais bouche-bée, pourtant je savais que je devrais les remercier d'une façon ou d'une autre mais je n'avais aucune idée de comment le faire.
Une voix bien connue d'une personne, que je n'avais pas pu voir jusqu'à maintenant, me fit revenir à la réalité.
J'avais espéré qu'il soit là tout le temps depuis que j'étais arrivée en ville. Si les autres habitants étaient au courant de mon anniversaire, alors pourquoi pas lui ?
Il s'agissait de Sully, qui me félicitait pour cette belle enseigne. Derrière ces simples mots, se cachait aussi une certaine fierté.
Lui aussi avait quelque chose à m'offrir.
C'était des sacoches à mettre sur mon cheval pour me permettre de pouvoir faire suivre mes ustensiles tout le temps.
Ce geste de sa part, ce cadeau inattendu, était quelque chose qui me comblait et qui m'émouvait. Je devais le remercier.
Je n'ai pas trouvé d'autre moyen que de l'embrasser sur la joue, tant j'étais bouleversée par ce présent, qui valait si cher à mes yeux.
Et puis, il y a eu ce baiser partagé. Il a pris l'initiative de me le donner sur la bouche, un baiser si doux et si léger. Ses lèvres d'homme se sont posées sur les miennes avec une douceur et une tendresse extrême. Cela n'a pas duré longtemps.
Et pourtant, ce simple baiser apparaissait comme une promesse plus que comme un simple baiser de souhait d'anniversaire.
A mes yeux, c'était quelque chose de magique et d'envoûtant, tant que j'en avais perdu l'usage de la parole !

 

Abasourdie, je restais sur place sans décider de ce que j'allais faire par la suite.
Mais je sentis aussi tôt une main se glisser dans la mienne pour m'emmener vers la fête.
Habillé ainsi, Sully était tellement séduisant. Le costume lui allait bien mais je ne pouvais m'empêcher de le préférer en peaux de daim.
Ce contact avec sa main était aussi envoûtant que le baiser que nous avions échangé. Je me sentais en sécurité avec cet homme qui avait tout fait pour me faire plaisir.
Il n'y avait pas d'autres mots pour qualifier ce sentiment qui m'assaillait dès qu'il m'avait pris par la main : la sécurité !
Je me laissais diriger par cet homme !
C'était la première fois que cela m'arrivait !
Le sourire qui naissait lentement sur mes lèvres était rêveur.
J'ai pu danser avec les hommes de la ville et je me suis bien amusée.
Ma vie était à Colorado Springs et pas ailleurs. Je n'en doutais plus !
Les enfants semblaient aussi heureux car je ne pouvais pas leur cacher que je resplendissais de joie.
Notre retour à la maison se passa dans les rires et les chants, accompagnés par la présence rassurante de Sully. Lui et moi avons continué de parler de tout et de rien, tout en évitant de parler de ce baiser échangé.
Puis, il est reparti tranquillement pour son campement en forêt.
Ma nuit fut peuplée de rêves idylliques et de baisers torrides donnés par Sully, qui ne se réaliseraient certainement jamais. Je me suis convaincue que je n'avais fait que rêver du baiser donné par Sully et qu'il n'avait pas vraiment exister, car nous pouvions pas avoir un avenir en commun ensemble.
Il n'avait rien dit suite à ce baiser. Pour lui, il ne devait s'agir que d'une façon de me souhaiter mon anniversaire, rien d'autre ! Mais à Boston, cela équivalait à des fiançailles !

 

Il fallait que j'arrête de penser aux traditions de Boston pour me concentrer sur la vie réelle à Colorado Springs. J'ignorais complètement que Matthew, derrière mon dos, jouait des jeux dangereux en compagnie d'Ingrid.
Je m'en suis aperçue quand je suis rentrée à la maison, et que je les ai entendu dans la grange. Je suis entrée à l'intérieur du bâtiment et j'ai été furieuse de le voir en compagnie de son amie.
Ils s'embrassaient et ils étaient certainement sur le point de faire l'amour. Je devais lui parler car ces choses-là devaient se passer après le mariage.
J'ai donc demandé à Ingrid de sortir mais celle-ci a été prise d'une crise d'asthme et je me suis occupée d'elle.
Avec l'aide de Matthew, j'ai conduit la jeune fille à l'extérieur. Je lui ai fait respirer du chloroforme et elle s'est sentie mieux aussitôt. Je souhaitai qu'elle reste pour se reposer mais elle ne pouvait pas elle avait peur que son frère s'inquiète.
Je dois avouer que j'ai été plutôt soulagée par le départ de la jeune fille car j'allais enfin pouvoir parler à Matthew quand il rentrerait. Il avait décidé de la raccompagner.
Cette décision de sa part ne m'empêcha pas de l'attendre pour entendre ses explications.
Quand il est arrivé, je lui ai demandé ce qu'il s'était passé dans l'étable et il m'avait certifié qu'il ne s'était rien passé et qu'il n'avait pas envie d'en parler.
Je ne le croyais pas du tout !
Je me suis mise au jardinage pour me calmer et Sully est arrivé à ce moment-là. Que venait-il faire là ?
Je lui ai parlé de mon inquiétude face à Matthew et Ingrid.
J'avais peur qu'il se passe quelque chose entre eux, et même si j'admettais qu'ils étaient sincèrement amoureux, il était bien trop tôt.
 
Le lendemain, après l'avoir cherché partout, je me suis rendue compte qu'il était parti.
Brian et Colleen étaient tristes qu'il soit parti et ils m'en voulaient, car j'étais responsable de son départ précipité. C'est sûr que j'étais responsable, alors j'aurai pu à sa recherche, mais je n'avais aucune idée d'où il était allé.
J'étais désespérée, désemparée !
Que pouvais-je faire ? Rien ! Alors, je me suis dirigée vers la ville et j'ai repris mon métier avec l'inquiétude au ventre.
Je suis arrivée à la clinique quand Ingrid parlait à Colleen et je lui ai demandé où était Matthew.
Elle n'en avait aucune idée alors que je pensais qu'elle savait. Peut-être l'avait-il retrouvé et qu'elle ne voulait pas me le dire ! Ce n'était pas le cas !
Aux yeux de la jeune fille, je ne l'aimais pas. Bien sûr que je l'aimais mais je les trouvait vraiment trop jeunes pour se marier. Était-ce à moi de décider de cela ou à eux ?
Ingrid a fait une nouvelle crise d'asthme et je l'ai soignée en essayant de la rassurer mais je savais d'avance que mes mots ne suffiraient pas.
Au soir, Matthew est rentré et comme une imbécile que je suis, je lui ai demandé des comptes et bien entendu, je me suis disputée avec lui.
De quel droit me mêlai-je de sa vie ? Je n'étais pas sa mère ! Pourtant son sort m'inquiétais et Matthew m'a enfin dit qu'il ne vivait plus ici depuis un moment.
Il faisait donc ce qu'il voulait sans qu'il ait besoin de rendre des comptes à qui que ce soit.
Il avait la vie devant lui. Je ne comprenais pas cette précipitation. Pouvais-je la comprendre ?
 
J'avais besoin d'en parler à quelqu'un. Son avenir me posait une certaine dose d'inquiétude.
Olive et moi en avons discuté mais la décision ne nous appartenait pas ! Matthew avait ce besoin d'indépendance que je ne pouvais pas comprendre. Il n'est pas rentré de la nuit.
J'ai ensuite été voir le Révérend. Lui non plus ne l'avait pas vu et je lui ai fait promettre de ne pas marier Matthew s'il le lui demandait.
Bien sûr, il ne pouvait pas refuser le mariage à deux êtres qui s'aimaient, alors il m'a dit non. C'était sa vocation et sa fonction que d'unir deux personnes qui s'aiment.
Mais il m'a aussi dit que ce mariage ne fonctionnerait pas sans mon consentement. Je n'étais pas prête à lui donner car Matthew n'était pas un homme à ses yeux.
Il devait me le prouver mais je n'imaginais pas la façon qu'il allait employer pour me le prouver.
Avant cela, il m'a accusée d'être la responsable de la volonté d'Ingrid de partir pour Denver. Je n'étais même pas au courant de la décision de la jeune fille.
Je lui ai bien sûr fait comprendre que si leurs sentiments étaient sincères et réciproques, ils se retrouveraient quand elle reviendrait mais il avait peur qu'elle ne revienne pas.
De toute façon, encore une fois, je n'avais pas le droit de lui dicter ses faits et gestes car je n'étais pas sa mère !
Il était malheureux du départ de son amie et en rejetait la faute sur moi, je le savais, mais j'avais du mal à le concevoir.
Il m'a même dit que je n'étais pas sa mère et cela m'a blessée.
Je pensais, depuis mon anniversaire, avoir réussi à avoir relation de maman auprès de lui, mais ce n'était pas le cas.
Tout avait été détruit par ma faute !
J'en étais malheureuse. Suite à cela, il est parti pour la réserve sans que je le sache et je me suis inquiétée pour lui. Il faisait ça pour prouver à tous qu'il était un homme.
 
Il ne s'était pas aperçu que Brian l'avait suivi et moi, je le cherchais quand un Indien vint me dire que Brian était à la réserve avec Matthew. Je voulais aller le chercher mais l'Indien m'a dit que c'était interdit.
J'étais morte d'inquiétude et j'ai tout de même décidé d'y aller. J'ai pris mon cheval et suis partie à sa recherche. Je voulais le retrouver à tout prix.
Seul le temps pouvait me faire rebrousser chemin. Je suis retournée chez moi car les éléments du dehors se déchaînaient.
A cause du temps, j'ai fait demi-tour car je n'y voyais plus rien. Colleen a essayé de me rassurer dès que je suis rentrée chez moi.
J'étais consciente du fait que c'était ma faute ce qu'il se passait. Oui, j'étais responsable de son départ, de sa fuite, et s'il était en danger et qu'il se blessait, je ne me le pardonnerai pas !
Ma nuit fut agitée de cauchemars concernant Matthew et Brian, les voyant dans toutes les situations possibles. Je suis donc repartie à leur recherche dès que le jour s'est levé.
J'ai pris le chemin du camp des Indiens et j'y ai retrouvé Brian. Il était heureux de me voir. Je voulais à tout prix savoir où était Matthew mais Sully refusa de me le dire.
Je ne comprenais plus rien à tout ce qu'il se passait autour de moi.
Sully m'a prise à part. Pour me faire comprendre pourquoi Matthew agissait ainsi, il m'a demandé si ma mère avait voulu que je devienne médecin.
Bien sûr, il n'en avait été rien. Elle s'était opposée à cela, comme elle avait été déçue d'apprendre mon départ pour Colorado Springs.
Je suis partie, faisant semblant d'avoir compris que Matthew devait subir cette épreuve, mais je n'ai vraiment été rassurée que quand je l'ai vu dans un cercle blanc.
 
Ainsi, j'ai pu rentrer chez moi et attendre que Matthew revienne. Il est revenu au bout de quatre jours, heureux de tout ce qu'il avait accompli pour prouver qu'il était un homme.
D'abord, il avait dû aller chercher un œuf dans un nid, et il avait dû s'y reprendre à deux fois pour y parvenir.
Puis, il avait dû faire face aux orages et avait pensé très fort à Colleen, à Brian et à moi.
Maintenant, il savait ce qu'il voulait et j'avais enfin compris que c'était à lui de mener sa propre vie.
Il souhaitait trouver du travail et se marier à Ingrid.
Ils avaient bien sûr le temps, car tous deux voulaient mettre de l'argent de côté.
J'ai enfin réalisé ! Je ne voulais pas que le bonheur de Matthew, et si celui-ci se trouvait aux côtés d'Ingrid, je ne pouvais pas l'en empêcher alors je me suis levée.
Je suis allée vers un meuble où j'avais caché un bijou très cher à mes yeux. J'ai pris l'étui et je suis revenue vers la table. Je l'ai donné à Matthew.
Il s'agissait de ma propre bague de fiançailles, que David m'avait donné lors de nos fiançailles.
Matthew a dû comprendre l'importance qu'un tel cadeau de ma part pouvait avoir à mes yeux. Je ne pouvais plus porter une telle bague, mais lui pouvait la donner à sa fiancée.
C'est ce qu'il a fait en la mettant au doigt d'Ingrid qui la trouva magnifique.
Pour moi, c'était un geste d'amour envers ce jeune homme qui voulait son indépendance.
Pour lui, c'était bien plus que cela !
Il m'a appelée maman ! Comme ce nom faisait fondre mon cœur ! Matthew m'avait enfin acceptée comme telle et je me suis permise de pleurer de joie face à ce comportement de sa part.Ainsi, j'ai pu rentrer chez moi et attendre que Matthew revienne. Il est revenu au bout de quatre jours, heureux de tout ce qu'il avait accompli pour prouver qu'il était un homme.
D'abord, il avait dû aller chercher un œuf dans un nid, et il avait dû s'y reprendre à deux fois pour y parvenir.
Puis, il avait dû faire face aux orages et avait pensé très fort à Colleen, à Brian et à moi.
Maintenant, il savait ce qu'il voulait et j'avais enfin compris que c'était à lui de mener sa propre vie.
Il souhaitait trouver du travail et se marier à Ingrid.
Ils avaient bien sûr le temps, car tous deux voulaient mettre de l'argent de côté.
J'ai enfin réalisé ! Je ne voulais pas que le bonheur de Matthew, et si celui-ci se trouvait aux côtés d'Ingrid, je ne pouvais pas l'en empêcher alors je me suis levée.
Je suis allée vers un meuble où j'avais caché un bijou très cher à mes yeux. J'ai pris l'étui et je suis revenue vers la table. Je l'ai donné à Matthew.
Il s'agissait de ma propre bague de fiançailles, que David m'avait donné lors de nos fiançailles.
Matthew a dû comprendre l'importance qu'un tel cadeau de ma part pouvait avoir à mes yeux. Je ne pouvais plus porter une telle bague, mais lui pouvait la donner à sa fiancée.
C'est ce qu'il a fait en la mettant au doigt d'Ingrid qui la trouva magnifique.
Pour moi, c'était un geste d'amour envers ce jeune homme qui voulait son indépendance.
Pour lui, c'était bien plus que cela !
Il m'a appelée maman ! Comme ce nom faisait fondre mon cœur ! Matthew m'avait enfin acceptée comme telle et je me suis permise de pleurer de joie face à ce comportement de sa part.
 
Sully, qui avait toujours le don d'être là quand il le fallait, est arrivé à ce moment-là.
Je lui ai dit que Colleen n'était pas rentrée et que je m'inquiétais pour elle.
Tous les deux, nous sommes partis à sa recherche. Ne sachant pas où elle avait bien se diriger, Sully fit sentir un linge appartenant à Colleen à son loup, Wolf, et celui-ci repéra sa trace et nous l'avons trouvée complètement frigorifiée, apeurée et épuisée.
Quand nous sommes revenus à la clinique, la plupart des habitants se trouvait là pour me proposer leur aide. J'étais émue de l'attention dont bénéficiait ma fille.
Je me suis occupée d'elle, et elle a renvoyé Sully, alors que c'était grâce à lui qu'elle avait été sauvée. Il s'est plié à sa décision, mais j'ai bien compris qu'il ne comprenait pas pourquoi elle réagissait comme cela. Je n'avais pas le temps de chercher à comprendre non plus, car l'essentiel pour moi était d'arriver à sauver ses mains.
J'ai essayé aussi de rassurer Brian et Colleen quand je leur ai donné des nouvelles, mais il a été difficile pour moi de le faire, car j'en doutais moi-même.
Je ne voulais pas abandonner, alors j'ai continué à soigner ses doigts, puis, je lui ai lu un passage de l'histoire dont elle était passionnée et j'ai compris.
Elle avait agi ainsi car, pour elle, son héros, qui était quelqu'un dont elle était tombée amoureuse, devait venir la sauver. Elle avait arrangé la fiction pour la mettre dans la réalité.
Ce fut à ce moment-là, alors que je réalisais l'ampleur d'une telle histoire sur ma fille, que Louis, le neveu de Horace, est passé à la clinique pour voir Colleen. Il m'a demandé où était Sully. Comme je n'en savais rien, il m'a confié une lettre qui devait lui revenir.
La lettre s'est ouverte quand elle est tombée par terre.
 
J'ai tout découvert ! Colleen était tombée amoureuse de Sully quand il l'avait sauvée du chariot venant dans sa direction.
J'ai demandé à Sully, revenu auprès de nous, de me suivre et je lui ai parlé de Colleen.
Apparemment, il ne s'était aperçu de rien et il n'avait pas de sentiments pour elle. Il ne comprenait pas pourquoi elle était tombée amoureuse de lui. Il m'a promis d'en parler et d'éclaircir la situation avec elle.
Au fond de moi, j'étais soulagée car cela voulait dire que Sully avait peut-être des sentiments pour moi.
Je n'étais pas au courant de ce qu'il se passait au restaurant de Grace pendant que je m'inquiétais pour Colleen. J'ai été mise au courant quelques jours plus tard. Hank avait accusé Grace de vouloir l'empoisonner avec sa nourriture.
Ne comprenant pas comment cela était possible, mon amie avait vu tous ses clients partir après sa dispute avec le barman.
Il l'avait attaquée plusieurs fois, même dans le magasin de Loren, et elle avait fait l'erreur de se mettre en colère.
En tant que femme de couleur, elle avait déjà eu beaucoup de mal à ouvrir son restaurant et à se faire accepter dans cette ville.
Elle y avait été aidée par Olive mais elle voyait son rêve s'écrouler sans que personne ne sache ou ne veuille savoir si elle était vraiment fautive.
Elle avait été aussi énervée contre RobertE, qui ne faisait rien pour la défendre. Ils avaient tenté de s'expliquer mais Grace n'avait pas voulu l'entendre de cette manière.
Il avait tout de même fait un geste en invitant les hommes au départ gratuitement chez Grace.
Cette idée lui avait permis de retrouver ses clients. Mais Hank l'avait à nouveau attaquée. Si j'avais été au courant ...
 
Néanmoins, Louis avait apporté un morceau de viande à analyser pour que Colleen puisse se distraire.
Ils y trouvèrent des bactéries nuisibles à sa santé. C'est à cause de cela que la nourriture avait rendu malade Hank. Grace n'était pas en cause.
Durant cette expérience, Colleen avait remué les doigts. Elle ne resterait pas paralysée suite au fait qu'elle ait été exposée au froid.
Deux bonnes nouvelles en valaient mieux qu'une.
Hank, après avoir découvert d'où venait sa maladie, eut la bonne idée de s'excuser auprès de Grace ce qui acheva de ramener les clients dans son restaurant plein-air.
Colleen avait enfin trouver un garçon de son âge à aimer, ce qui n'était pas pour me déplaire, car jamais je n'aurai osé lui dire réellement que j'étais amoureuse de Sully.
J'avais déjà assez de mal à me l'avouer à moi-même.
Colleen a enfin parlé de Sully avec moi mais je ne l'aurai dit pour rien au monde. Ce fut à ce moment-là que Sully est intervenu.
J'étais bouleversée par le fait qu'il prenne ma défense. Il a dit à Colleen qu'il l'aimait comme une amie.
Au fond de moi, j'étais soulagée qu'il lui dise cela. Ça me laissait une certaine chance.
Je n'avais pas oublié à quel point le baiser que nous avions partagé m'avait transportée, mais je n'aurai jamais osé en reparler avec lui.
Lui non plus n'aurait pas osé, je crois !
Elle comprit qu'elle s'était fait des illusions et nous avons pu nous rendre tranquillement au restaurant.
Grace rayonnait de bonheur d'avoir été mise hors de cause et Colleen rejoignit Louis à sa table.
Elle était enfin redevenue elle-même.
 
J'avais laissé le soin de Brian à Sully pour quelques heures le matin. Brian se fascinait pour le jeune homme métis qui considérait les Cheyennes comme ses amis.
Je pensais que mon fils serait à l'abri avec Sully, en qui j'avais toute confiance. J'étais loin de penser à ce qu'il pourrait arriver.
La municipalité discutait du projet de construction de l'école et Brian n'avait qu'un seul souhait : voir un jour cette école construite et y aller ! Sully lui avait raconté une histoire et avait détourné les yeux de Brian.
Mon fils avait grimpé à l'arbre pour approcher d'un aigle niché en haut. Il a sauté de l'arbre malgré les cris de Sully et Brian est tombé sur le crâne et a perdu connaissance.
Sully m'a ensuite apporté Brian à la clinique et il m'a expliqué ce qu'il s'était passé. Je lui ai posé tout un tas de questions auxquelles il était incapable de répondre, car il était sous le choc.
Brian, ayant repris connaissance, voulait se lever et continuer à jouer. Je l'ai obligé à se reposer.
Pendant ce temps-là, les habitants discutaient de l'école. J'y ai assisté après mis mon fils au lit.
Seuls deux personnes se proposaient comme contremaître : Loren et Jake. Matthew a eu la mauvaise idée de dire que RobertE serait plus compétent. Tous les habitants refusèrent car le forgeron n'était pas là et de tout de façon, il était hors de question pour certains de confier cette construction à un homme de couleur.
J'étais indignée et Matthew aussi. Au vu des disputes, cette école ne serait jamais construite.
Loren et Jake se crêpaient le chignon à propos des plans de construction.
Les enfants et moi sommes arrivés en ville à ce moment-là ce jour-là.
Colleen et moi avons été faire des courses ...
 
Brian, très passionné par ce projet, alla rejoindre Loren pour l'aider. Pendant ce temps-là, je prenais du tissu pour les bandages. Étant donné la pauvreté de certaines personnes, je ne savais pas comment fixer le montant de mes honoraires, quand je vis arriver l'épicier, qui portait Brian dans ses bras.
Il l'a posé sur la table de consultation et m'a expliqué que la vue de mon fils s'était troublée, sans savoir pourquoi ni comment.
Tous les habitants étaient inquiets et s'étaient amassés devant ma clinique pour savoir comment allait Brian. J'étais morte d'inquiétude. Mon cœur de mère était brisée et je devais agir en tant que docteur.
J'ai essayé tant bien que mal de me mettre en mode médecin pour savoir de quoi souffrait mon fils. J'ai passé une flamme devant ses yeux et je me suis aperçue qu'il ne voyait rien.
Il était aveugle, mais pour ne pas qu'il s'en rende compte, quand il m'a demandé si c'était la nuit, je lui ai répondu oui.
Il avait mal un peu partout alors je lui ai caché l'inquiétude que je ressentais au plus profond de moi.
Je ne savais pas de quoi souffrait Brian ou j'en avais une idée mais cela me faisait peur. En tant que mère, je ne savais pas comment agir !
En tant que médecin, j'ai été voir Horace et je lui ai demandé d'envoyer un télégramme à un ancien collègue de mon père, spécialiste des yeux.
Mon devoir maintenant était aussi de prévenir Matthew. Colleen, sérieusement affectée, m'a prise dans ses bras et, est partie immédiatement.
Ils arrivèrent quelques minutes plus tard ensemble.
Je n'ai pas pu cacher mes larmes et je devais absolument dire la vérité à Brian sur son état.
Je le lui ai révélée quand il s'est réveillé et qu'il voulait de la lumière. Mon petit garçon fit preuve de beaucoup de courage. Devant lui, je me suis montrée convaincue que son état n'était que temporaire, mais je cachais tout à l'intérieur de moi.
 
Matthew a quitté la clinique pour aller chercher Sully, qui avait le droit d'être au courant de ce qu'il se passait.
Les visites amicales se sont accumulées et enchaînées. Olive est venue prendre des nouvelles. Myra, elle, m'a assurée que Horace ne quitterait pas son poste tant qu'il n'y aurait pas de réponse à mon télégramme. J'étais très bien entourée et pourtant, j'avais besoin d'un autre soutien.
Heureusement, le soutien amicale de Olive me permettait de tenir le coup.
Colleen n'a pas lâché le chevet son frère, en essayant de le rassurer.
Dans la nuit, Horace est venu me porter la réponse à mon télégramme et j'ai voulu l'annoncer à Brian. Il ne s'est pas réveillé et j'ai ainsi découvert qu'il était dans le coma.
Je n'avais aucune solution immédiate, et pourtant, j'étais désespérée.
Le lendemain, nous étions tous au chevet de Brian, lorsque Sully est arrivé. Je lui en voulais de n'avoir pas été présent depuis le début. La seule réponse qu'il me donna est qu'il n'était pas au courant. De plus, alors que je voulais vraiment m'épancher sur son épaule, je l'ai accusée de ne pas avoir assez surveillé Brian et de ne plus lui raconter ses histoires.
Olive a essayé de me remettre dans le droit chemin et Colleen a pleuré dans les bras de Matthew.
Le Révérend est intervenu aussi en me faisant comprendre que personne n'était responsable et que nous devions toujours restés soudés autour de Brian, et nous montrer unis plutôt que de nous déchirer.
Mes pleurs sont sortis de moi et je me suis réfugiée à l'extérieur de la chambre. Sully m'avait suivie.
J'avais peur pour Brian. Je ne savais pas quoi faire pour l'aider. Je ne pensais pas qu'il tiendrait jusqu'à l'arrivée du spécialiste.
Sully m'a pris dans ses bras.
 
Là, dans ses bras, je sentais le réconfort d'un homme, un réconfort dont j'avais besoin. À ce moment-là, il se comportait plus que comme un ami. J'étais bien et pourtant, j'étais effrayée à l'idée de ce qu'il pourrait arriver à Brian.
J'ai décidé de me pencher sur mes livres et d'étudier le cerveau, sachant très bien que Matthew et Colleen veillaient sur leur frère.
Matthew avait écouté Colleen et rassembler les habitants afin de faire le plaisir à Brian.
Loren et Jake ne semblaient pas prêts à reprendre les plans.
Pendant que j'essayai de trouver un moyen de sauver Brian et de le sortir de son état comateux, Sully et RobertE ont repris la construction de l'école.
Leurs intentions n'étaient que de faire un cadeau à Brian, malgré le fait que les enfants de couleur et indiens n'y seraient probablement jamais acceptés, et cela les freina.
Une mauvaise nouvelle arriva peu après. Horace est venu pour m'annoncer que le médecin ne viendrait pas car la route était bloquée. Je ne pouvais pas attendre ! La vie de Brian en dépendait.
Malgré mes doutes et mes mauvaises connaissances sur le cerveau (du moins, je le croyais ), je devais opérer par moi-même.
Colleen, comme toujours, voulait m'assister dans l'opération mais je ne voulais aucun membre de la famille auprès de moi à ce moment-là.
Jake se proposa, ainsi que Grace et le Révérend, ainsi que Sully, mais je refusais que ce dernier y participe, car il faisait partie de la famille.
Pendant que j'essayai de toutes mes forces de me mettre en mode « médecin », j'ai tenté d'expliquer à mes trois assistants leur rôle.
Le Révérend a applique le chloroforme sur la bouche et le nez de Brian, Jake a rasé le côté gauche de la tête de Brian.
J'ai commencé cette intervention pendant que les hommes se regroupaient pour construire l'école mais je l'ai su bien plus tard.
J'ai enlevé le sang qui faisait pression sur le cerveau de mon fils ...
 

Et j'ai estimé que l'opération s'était bien passée.

Quand je suis sortie, il n'y avait plus personne dehors et c'est à ce moment-là que j'ai entendu des coups de marteaux, et je suis allée vers le chantier.

Je savais qu'ils s'étaient tous mis au travail pour Brian, et qu'ils seraient tous intéressés par son sort. Je leur ai donc dit que tout s'était bien passé et qu'il fallait maintenant attendre son réveil pour voir comment il se sentait.

Ils se sont tous remis au boulot, soulagés.

J'étais épuisée, mais une seule personne s'était aperçue de mon état, c'était Sully. Il m'a raccompagnée jusqu'à la clinique afin que je me repose.

Sully, plus tard, ainsi que les frère et sœur de Brian et moi nous sommes installés autour de lui afin d'attendre son réveil, qui tardait à arriver.

Les constructions ont repris et tous les habitants s'y sont remis, alors que j'étais toujours morte d'inquiétude pour lui.

Colleen et moi ne nous alimentions plus, n'ayant plus aucun espoir pour mon fils. Heureusement, nous pouvions compter sur le soutien de nos amies, qui veillaient autant sur nous que sur obligés et nous nourrir.

Il a fallu deux jours pour que Brian reprenne connaissance. Tous épuisés, Sully, Colleen, Matthew et moi nous étions tous endormis au chevet de mon fils. Quand je me suis réveillée, le lendemain, il n'y avait plus personne dans le lit vide de Brian.

Je me suis inquiétée et j'ai couru partout à sa recherche. J'ai été sans savoir pourquoi vers le pré de l'église. Il était là devant moi.

Il était vivant et conscient.

Comment était-ce possible ? Je me suis accroupie vers lui et je l'ai regardé.

 

Brian était enfin guéri. Il allait avoir besoin de repos dans les jours prochains mais il était sorti d'affaire.
Je l'ai soulevé de terre et je l'ai pris dans mes bras, soulagée par le fait qu'il ne soit pas aveugle.
Ce fut à ce moment-là que Sully arriva. Il avait dû lui aussi se demander où ils étaient passés.
Enfin, il était apparemment soulagé lui aussi.
Quand il nous a vu de loin, il est apparu souriant et il a couru vers nous pour nous serrer dans ses bras. Il avait besoin de cela, et besoin aussi de se rassurer.
« Mon métis » nous serrait dans ses bras. Je me suis posée la question de pourquoi je l'appelais « mon métis ».
Je savais qu'il était issu d'un milieu comme le mien, mais à mes yeux, « métis » représentait le joli bronzage qui le mettait si bien en valeur.
Le fait de vivre en pleine nature faisait de lui un homme unique aux valeurs uniques. Hank avait une mauvaise opinion de lui et à ses yeux « métis » était un vilain mot. Mais pas aux miens !
Dans le secret de mon cœur, il était un mot qui correspondait parfaitement à son caractère individuel et aussi à son mode de vie. Il défendait toujours les plus faibles, surtout les Indiens. Ce peuple était sa famille ! Alors, oui, « mon métis » avait un cœur d'or et, je l'avais vu à plusieurs reprises, il savait rendre service. « Métis » pour moi représentait toutes les qualités qu'il avait.
J'avais eu tort de le rejeter quand il avait été au courant de l'état de Brian, je venais de le comprendre.
Ensemble, nous nous sommes ensuite dirigé vers l'école. Brian tenait à la visiter tout de suite. J'avais beau essayer de lui faire comprendre qu'il devait se reposer, il ne voulait pas m'écouter.
Sully m'a convaincue de le laisser faire et il nous a accompagné. Nous avons prévenu. Matthew et Colleen ensuite et Brian leur a fait un étalage précis de ce qu'il pensait de l'école.
Matthew et Colleen ont été heureux de le revoir en pleine forme et nous avons fêté cela ensemble quelques jours plus tard.

 

Une semaine après l'opération de Brian, Sully et moi nous sommes rendus à la réserve. Je devais y soigner les Indiens.
Chose rare quand il m'accompagnait, je conduisais le chariot et Sully m'a conseillé de laisser les chevaux aller à leur guise. J'ai fait en sorte de l'écouter.
J'étais la seule à m'occuper des Indiens, et Sully m'en remerciait. Je lui ai demandé s'il était d'accord pour que j'aille chez Ruby Johnson, une patiente, car je m'inquiétais pour elle.
Il a bien sûr accepté. Nous sommes arrivés chez elle et nous l'avons vue étendue au sol. Elle était morte.
Mon devoir était de trouver une robe pour l'habiller pour la dernière fois et en cherchant dans un placard, je suis tombée sur un petit garçon effrayé. Je ne savais pas depuis combien de temps il était là. J'ai essayé de le rassurer.
Sully et moi ne pouvions pas le laisser seul ici, alors je l'ai convaincu de nous suivre en ville. Nous en apprendrions certainement plus. A la clinique, j'ai ausculté le garçon tout en lui expliquant ce que je faisais et je lui ai fait écouter les battements de son cœur avec mon stéthoscope.
Il était en bonne santé physique. J'en ai parlé avec Sully. Le petit garçon ne parlait pas et je me demandais comment j'allais l'aider.
Brian, lui, ne se posait pas ce genre de questions et il s'est même réfugié vers lui lorsque RobertE est venu nous annoncer que le cercueil était prêt.
Nous sommes allés vers le cimetière en compagnie de mon petit malade. Tout le monde le regardait d'un mauvais œil. Il n'était pas accepté par les habitats. L'enterrement a eu lieu dans cette ambiance.
En me dirigeant, en compagnie de Sully, vers Loren, Olive, Jake, Hank, Horace et le Révérend, j'ai alors appris qu'il s'appelait Zack, et qu'il n'avait aucun lien de parenté avec Madame Johnson.
 
La mère de Zack travaillait au saloon. Cet enfant n'était pas normal aux yeux des habitants mais pas aux miens.
Sully, Matthew et Brian ont vidé la maison de Madame Johnson et m'ont ramené certaines affaires, pour que j'y jette un coup d'oeil.
Sully m'a dit que Brian était inquiet pour Zack qui n'avait pas pleuré à l'enterrement de sa mère. Mon « fils » ne comprenait pas, car lui, il avait pleuré à celui de Charlotte, sa vraie mère. Il était triste, mon Brian.
J'ai compris que quel que soit le contenu entier de la discussion qu'avait eue Sully avec Brian, cela lui avait fait du bien et, encore une fois, je me suis aperçue que « mon métis » était un bon ami.
Pendant ce temps-là, Colleen avait fini de préparer le repas, et nous avons pu passer à table que nous sommes rentrés de chez Madame Jonhson, sans Sully.
Zack ne savait pas couper sa viande et je me suis levée pour l'aider. Mais quelqu'un frappa à la porte et cela l'effraya. Il a même été se cacher. Je suis restée près de lui pour le rassurer.
Il s'agissait de Sully que j'avais invité pour le repas. Complètement remis, Zack est retourné à table et a commencé à manger avec ses doigts. Nous l'avons laissé faire. Il semblait affamé, nous ne pouvions pas l'empêcher de manger. Il avait besoin de forces.
Je ne savais pas comment faire avec ce petit garçon. Je ne pouvais pas le mettre à l'école car il refusait toujours de parler, et je savais que ce handicap serait source de moqueries dans le cour.
Le lendemain, je l'ai donc emmené avec moi à la clinique, en même temps que j'ai déposé Colleen et Brian à l'école.
Puis, je suis revenu sur ma décision, je suis allée chez Loren pour lui acheter des fournitures scolaires, afin qu'il aille à l'école, comme les autres enfants.
Il devait s'approcher des autres et se faire des amis.
 
J'ai ensuite emmené Zack chez Jake pour le faire coiffer. A mon arrivée, le coiffeur avait déjà un client dans la boutique et il refusait de couper les cheveux au jeune garçon.
Cela ne m'étonnait pas qu'il agisse ainsi mais ce fut Hank qui m'étonna. Il céda sa place à Zack.
Hank n'était pas du style à laisser sa place à qui que ce soit et pour la première fois depuis que je le connaissais.
Jake n'avait pas eu d'autre choix que de coiffer le jeune garçon à l'école. Brian et Colleen l'ont tout de suite pris en charge mais les autres enfants, Colleen et Brian et les habitants sont partis à sa recherche.
Plusieurs petits groupes de recherche ont été organisés et Hank, aussi, est parti.
Il ne voulait pas l'avouer, mais je savais qu'il partait à la recherche de Zack. Ce sont finalement Sully et Brian qui l'ont retrouvé dans son ancienne maison. Brian a discuté avec lui un moment avant de revenir ensemble chez moi.
Peu de temps après, épuisée, je m'étais endormie sur des livres, quand Colleen est venue me réveiller pour me faire voir les dessins faits par Brian.
Je ne le savais pas, mais, apparemment, mon « fils » avait un talent artistique. Il allait peut-être falloir que je me renseigne sur les écoles spécialisées dans le dessin.
Quelqu'un a frappé à la porte. C'était Myra, elle avait une proposition à faire de la part de Hank : il pourrait travailler au saloon en passant le balai.
J'ai vu la réaction de Zack et j'ai accepté car cela lui faisait plaisir mais je me demandais bien ce que cela cachait.
 
Hank n'était pas du genre à proposer ce genre de choses gratuitement ou alors il le faisait que s'il connaissait la personne et qu'il l'aimait bien. Je commençais à croire que Hank en savait bien plus qu'il ne voulait le dire sur ce petit garçon.
J'étais soulagée que Myra veillerait à ce que Zack ne voit rien d'autre d'indécent car un petit garçon de cet âge pouvait en être choqué.
Sachant Zack pris en charge par Myra, j'en ai profité pour envoyer des télégrammes à Saint-Louis pour voir s'il avait de la famille pour le recueillir et l'élever.
En revenant à la clinique, j'ai vu que Zack se plaisait bien en compagnie de Hank.
Je ne cessai de me demander ce que Hank voulait en s'occupant du petit garçon aussi bien. Il était tellement rare de voir le barman en compagnie d'enfants que cela était louche.
Il a même défendu Zack lorsque deux hommes l'ont pris au piège. Il s'est battu avec les agresseurs du petit garçon et Sully est même intervenu.
J'ai soigné le nez ensanglanté du barman et nous avons discuté.
J'ai appris que Hank était le père de Zack.
Il n'avait pas pu le garder avec lui au saloon, alors il avait demandé à Madame Johnson de s'en occuper. Il la payait pour cela.
Les habitants de Colorado Springs ne voulaient pas que Zack reste dans cette ville.
Brian nous a alors avoué que le dessin n'était pas de lui, mais de Zack. Personne ne le voyait. Pour moi, comme pour les autres, il cherchait juste à défendre Zack.
Les habitants se sont donc approchés du saloon et Hank a avoué à tout le monde que Zack était son fils et qu'il était décidé de ce qu'il fallait faire pour lui.
J'ai compris le lendemain que Brian ne m'avait pas menti sur le dessin que Hank est venu me faire voir un autre dessin de Zack.
 
Zack avait dessiné le portrait de sa mère. C'est ainsi que j'ai su qu'il avait un réel talent pour l'art. Avec sa position et son métier, il ne se sentait pas de taille à élever son fils. Il voulait le meilleur pour lui et ce n'est pas en le gardant au saloon qu'il serait pleinement heureux.
Je lui ai donc parlé de l'école d'art de Saint-Louis où Zack pourrait développer son don.
Ce serait la meilleure solution pour Zack, qui n'arriverait probablement jamais à s'intégrer dans une école normale s'il continuait à ne pas vouloir parler.
Hank avait réfléchi assez rapidement et avait bien entendu accepté d'envoyer son fils dans cette école de dessin de Saint-Louis.
Il lui a fallu quelques jours pour mettre en plan en action. Zack a pris la diligence quelques jours en compagnie de Hank, qui l'accompagnait à Saint-Louis.
La révélation du barman avait permis aux autres habitants réticents d'arriver enfin à faire une place à Zack parmi les citoyens de Colorado Springs.
Nous nous sommes donc retrouvés à son départ et lui avons tous fait des adieux chaleureux.
Le plus touché par le départ de Zack était Brian, car durant ces quelques jours, ils avaient réussi à devenir bons amis tous les deux.
Ils en ont même venus à s'embrasser amicalement.
Je venais de comprendre quelque chose de remarquable dans le caractère de Hank et qui changeait mon opinion sur lui. Il était différent en présence de son enfant.
Il avait peut-être une profession que je le qualifierai d'obscène, mais il avait un grand cœur et était prêt à tout pour sauver quelqu'un.

Je ne savais pas encore qu'il allait me sauver la vie un jour ...

 
Mon quotidien reprit ses droits.
Je me posais toujours des questions sur mes sentiments de Sully et sur les siens. J'avais besoin de faire le point.
J'ignorais la venue d'un célèbre photographe dans notre ville mais ce fut grâce à Sully que je fis sa connaissance. Il avait essayé de faire une photographie des Indiens mais ceux-ci prenaient l'objectif pour un danger et ils lui avaient lancé des cailloux.
Je l'ai soigné mais je souhaitai le voir rester en ville pour veiller sur lui. J'ai compris qu'il était fasciné par mon métier et il m'a demandé s'il pouvait me suivre dans mon quotidien pour faire des photos. Flattée, j'ai accepté mais j'ai pu comprendre que Sully n'était pas pour. Je me suis passée de son avis et j'en ai fait à ma guise.
Le photographe m'a suivie au club de couture.
Émilie nous a annoncé son futur départ pour Denver et elle voulait avoir un souvenir imagé de toute la ville car elle regrettait un peu de quitter la ville.
Elle avait trouvé là une excellente idée mais le photographe devait pour ça monter un échafaudage pour pouvoir prendre tout le monde.
Il y allait y avoir un problème quant aux personnes pouvant y participer.
Au sortir d'une photographie, j'ai vu qu'il avait mal au pied et je souhaitai l'examiner pour l'aider.
Je ne voulais pas que je le fasse. Je ne comprenais pas pourquoi il agissait ainsi. En attendant qu'il accepte, j'ai vu qu'il avait monté une galerie avec les photos de tout ce qu'il avait pris.
J'étais curieuse et je suis allée la visiter par curiosité pour voir ce qu'il y avait.
 
Le sujet de la photo de la ville est revenue à ce moment-là. Comme bonne citoyenne de Colorado Springs, je souhaitai que tout le monde soit là et est une place dans la photo.
Loren et Olive ne voulaient pas attendre le retour de RobertE dans huit jours. J'ai compris que ce que je craignais était en train de se produire. Tout le monde ne serait pas sur la photo.
En attendant de trouver une solution pour que tous puisse y être, j'ai dû m'occuper de la mère de Horace qui venait de faire un malaise. Elle avait un cœur très faible. Son fils faisait tout pour lui cacher l'existence de Myra.
Quand je suis sorti de la clinique, j'ai vu le photographe, qui était ivre, qui trempait son pied dans l'abreuvoir pour chevaux. J'ai enfin pu l'examiner et lui ait appris qu'il était diabétique et qu'il allait devenir aveugle dans peu de temps.
Il voulait continuer à prendre des photos pour garder en souvenir quelque chose de plus joyeux que la guerre. Plutôt que de se reposer, il souhaitait prendre le maximum de photos.
La mère de Horace avait quant à elle beaucoup de mal à accepter Myra dans la famille, mais le télégraphiste n'avait pas honte de ses sentiments. Il voulait l'épouser !
Matthew se confronta à Jake et Loren car il souhaitait que les Cheyennes et les immigrés soient sur la photo. Je ne savais pas quoi faire pour faire comprendre que tous pouvaient y être.
Émilie, avant son départ, s'est mariée, prise en photo par le professionnel et quand elle est partie, elle a lancé son bouquet dans les airs. Je l'ai reçu dans les mains. A mes côtés, il y avait Sully et nous nous sommes regardés dans les yeux.
Je ne savais pas encore qu'il s'agissait d'un heureux présage qui allait m'unir avec cet homme si particulier et unique. Même si je l'avais su ...
 

Je n'ai pas eu le temps de réfléchir car j'ai dû soigner le photographe tout en essayant de le convaincre de se reposer. Mais il refusait toujours et tenait à prendre tout le monde en photo individuellement et collectivement.

Sully avait décidé de l'aider à faire ce qu'il souhaitait et il est venu discuter avec moi pour parler enfin de nous deux.

Les confessions sont allées bon train à ce moment-là, car nous avions beaucoup de choses à nous dire.

Le baiser que nous avions échangé à mon anniversaire nous avait laissé un souvenir impérissable.

Sully ne voulait pas que j'y vois là une déclaration d'amour car il ne sentait pas prêt à aimer quelqu'un d'autre.

Je lui ai avoué que je ne me sentais pas prête moi non plus mais je ne savais pas si je le pensais !

Tout ce que je savais était que nous avions besoin de temps pour réfléchir à notre relation mais je n'envisageais pas de le laisser tomber en temps qu'ami.

Je souhaitai conserver nos relations amicales et c'était son souhait aussi.

Après cette explication plus que nécessaire à mes yeux, Sully a été rejoindre le photographe.

Juste à ce moment-là, il y a eu une confrontation entre les immigrants et les habitants, créant une panique chez les chevaux portant la roulotte, dans laquelle « mon métis » venait de monter pour aller chercher des objectifs.

Le feu s'est déclaré en un instant, et là, une peur effroyable m'a assaillie car Sully était à l'intérieur et que ne savait pas s'il aurait le temps de s'en sortir.

Tout s'était passé en un quart de secondes, pourtant cela avait semblé duré des heures à mes yeux, tellement j'avais été effrayée.

Ce fut au moment où je craignais le pire pour « mon métis » que je l'ai vu sortir sain et sauf avec l'objectif dans les mains. Même si ma conduite contrastait avec mes mots, je me suis précipitée vers lui ...

 

Le soulagement avait fait le pas sur mes mots d'avant. J'avais besoin de me rassurer et malgré notre discussion, j'avais ce besoin de me serrer dans ses bras.
Bien sûr, je ne l'ai pas fait mais j'ai lu ce dont j'avais besoin dans ce regard hypnotique.
J'ai dû revenir à la réalité, et lui aussi, car les habitants nous observaient et que j'étais bien trop timide pour l'exposer aux yeux des autres.
Le photographe était désespéré de voir son matériel détruit par l'accident mais il n'y avait pas de blessé grave et c'était déjà pas mal.
Il rangeait ses affaires car il n'avait plus aucun moyen de faire des photos, alors j'en ai profité pour l'inviter à dîner.
Il faut dire qu'il m'avait tout de même donner une photo de la guerre avec David, sans savoir quoi lui dire pour le remercier. Cette photo était une image du passé à mes yeux. Ce présent représentait beaucoup pour moi.
Brian m'avait informée auparavant de l'état de Madame Bing, qui avait réussi à accepter Myra dans la famille.
Elle faisait preuve d'ouverture d'esprit, ce qui manquait terriblement à certains habitants de la ville. Ils auraient eu besoin de leçons de la part de cette dame.
Mais elle n'eut pas le temps de le faire, car elle est décédée tout de suite après.
Le photographe me confia, durant le dîner que nous partageâmes son regret de ne pas pouvoir finir son projet.
Nous avons passé la suite de la soirée à regarder des photos. Nous avions toujours l'intention de faire cette photo regroupée de la ville.
Sachant son matériel hors-service, il avait besoin de reconstruire son appareil.

 

Enfin, tout le monde a pu faire cette photo ! Tout le monde avait été le bienvenue !
Même Sully s'était placé à mes côtés pour celle-ci. C'était un symbole à mes yeux. Ce moment de regroupement de tous les habitants de la ville avait été très important.
Et surtout, j'avais enfin l'impression de faire partie intégrante de la ville, d'avoir enfin réussi à avoir une clientèle.
J'avais rencontré des personnes différentes à celles que j'avais côtoyées tout au long de mon enfance à Boston.
Il y avait aussi un homme qui faisait battre mon cœur mais il était bien trop tôt pour me l'avouer et pour l'avouer à quiconque.
Après la discussion sincère (?) que j'avais eue avec Sully, il semblait bien impossible de revenir en arrière.
Je devais faire confiance en l'avenir et au destin pour avoir une réponse aux questions que je me posais tout au long des longues nuits passées sans dormir. Mes rêves deviendraient-ils réalité un jour ?
J'avais 35 ans, et tout ce que j'avais vécu, jusqu'à maintenant, me laissais penser que j'allais finir ma vie en tant que vieille fille, à donner des soins à des gens dans la nécessité.
Étai-je sur le chemin de l'amour, un amour que j'avais toujours souhaité plus que tout ?
Si j'y été, il était bien long et tortueux. L'amour est certainement un sentiment qu'il fallait mérité. Le méritai-je vraiment ?
Je ne savais pas de quoi serait fait mon avenir à ce moment-là, mais, même si je l'avais su, je n'aurai pas vécu différemment.
Je ne me doutais pas non plus de toutes les difficultés auxquelles j'allais devoir faire face avant de me retrouver pour de bon sur le chemin de l'amour.
Pourquoi avais-je pris la plume pour écrire tout cela ?
Peut-être que j'espérais que « mon métis » tombe dessus et puisse comprendre mes réactions un peu mieux ?
FIN