Retrouver sa maison

Installés dans le train les ramenant chez eux depuis de nombreuses heures, Michaëla et Sully se demandaient combien de temps allait encore durer ce voyage.

La future maman se sentait très fatiguée et pourtant, ils n'avaient pas encore commencé la partie la plus difficile de leur périple.

Elle était allongée sur le siège depuis presque deux heures mais ne parvenait pas à dormir, malgré toutes les tentatives que Sully faisait pour essayer de l'aider à se reposer.

Les enfants dormaient. Seuls Matthew était éveillé et les observait sans arrêt.

Les secousses du trajet l'empêchaient de dormir et elle savait que ce n'était que le commencement.

Sully, assis à côté de sa tête, passait son temps à lui caresser les cheveux.

Il eut alors l'idée de soulever sa tête pour la poser sur ses genoux, car il savait que cela ne choquerait pas les enfants.

Il se pencha pour l'embrasser sur le front.

Michaëla se mit bien à l'aise sur les genoux de son mari et ouvrit les yeux pour le regarder.

Sa main rejoignit celle de sa femme qui était posée sur son ventre.

« Tu devrais essayer de dormir un peu avant que nous arrivions à Denver et que nous prenions la diligence. Si tu es trop épuisée, nous resterons une nuit à Denver pour que tu te reposes. »

« Non, Sully, je veux rentrer le plus tôt possible à Colorado Springs. J'attendrai simplement plusieurs jours avant de reprendre le travail. »

Elle bailla longuement.

Sully se pencha à nouveau, comprenant qu'elle allait enfin trouver le sommeil, elle en avait tellement besoin.

S'il avait compris plus tôt que c'était ce qu'il lui fallait.

Colleen et Brian se reposaient aussi. Matthew avait observé cette scène avec beaucoup d'envie.

 

 

Il se passa une heure avant que tout le monde réagisse.

En effet, le pire moment du voyage allait commencer.

C'était celui que Sully redoutait, non pas pou lui mais pour Michaëla. Elle avait peur de cette partie, elle aussi, mais elle essayait de faire bonne figure devant Sully et les enfants.

Heureusement, ils étaient les seuls passagers de la diligence, s'ils avaient besoin de s'arrêter, ils ne dérangeraient personne.

Sully aida Michaëla à s'installer dans la diligence, il était même prêt à faire le voyage à l'extérieur pour lui assurer un confort supplémentaire mais elle voulait l'avoir auprès d'elle et des enfants.

Il accepta finalement et se mit à côté, afin de pouvoir l'observer et savoir instantanément et le cocher se mit en route.

Les cahots du chemin étaient pires que ce que Michaëla avait prévu. Elle avait le mouchoir à la main qu'elle tamponnait sur sa bouche de temps en temps.

Elle avait peur d'être malade.

Son autre main avait abandonné celle de Sully pour se poser sur son ventre.

« Ça va ? » Lui demanda-t-il.

« Tu veux qu'on s'arrête ? »

« Non, ça va pour l'instant et ça ne fait pas très longtemps que nous sommes en route. »

Au moment où elle disait ça, elle sentit un début de nausée arrivait, et elle fit de son mieux pour le cacher aux autres.

Sully ne fut pas dupe néanmoins et il demanda à s'arrêter. Michaëla n'en revenait pas ! Il n'avait fait qu'une heure du trajet et elle allait être malade.

Si seulement, elle connaissait le remède à ses nausées pour que cela ne se reproduise pas trop souvent !

Il l'aida à descendre et la regarda pendant qu'elle vidait le contenu de son estomac. Si les suites du voyage se déroulait ainsi, elle allait arriver très fatiguée à Colorado Springs.

La suite s'avéra très compliquée. Le voyage dura plus que prévu avec les arrêts fréquents pour Michaëla.

Sully fut soulagé quand le cocher leur annonça qu'ils arrivaient bientôt à destination. Il ne cessait pas d'observer sa femme, qui était aussi blanche qu'un linge.

Il la serrait contre lui et la soutenait du mieux possible. Comment allait-elle pouvoir faire face aux retrouvailles avec les habitants de la ville ?

Il avait prévenu Horace de leur retour et il ne doutait pas que celui-ci en avait certainement averti les autres.

Nombreuses seraient donc les personnes qui les accueillaient à leur descente de diligence. Elle ne serait pas en mesure d'y faire face et il en était conscient. Il sentit sa tête se poser lourdement contre lui et se retourna pour voir si elle s'était évanouie ou pire.

Elle était consciente mais elle semblait vraiment au bout du rouleau. Il ne restait plus que quelques minutes avant d'arriver.

Heureusement, Sully avait réussi à convaincre Dorothy de rentrer en ville avant eux, car elle aussi aurait été inquiète pour Michaëla.

La diligence s'arrêta enfin devant la boutique de Loren. Sully descendit en premier et fit en sorte d'aider Michaëla au mieux tout en la soutenant.

Dorothy, qui les voyait descendre, avait tout de suite vu que sa meilleure amie n'allait pas bien. Les habitants qui assistaient à cette arrivée ne pouvait pas avoir manqué sa main posée sur son ventre et son teint blafard.

Sully laissa d'ailleurs le soin au cocher de descendre les bagages afin de rester proche de sa femme et de la soutenir.

RobertE, qui voulait détourner l'attention des curieux, posa la question qui les distraya pendant quelques minutes.

« Votre voyage s'est bien passé ? »

Sully le regarda et hocha la tête tout en lui faisant comprendre que la dernière partie de celui-ci s'était mal déroulé.

Hank les avait observé d'habitude sans rien dire.

Apparemment, Michaëla, d'habitude si enjouée et en forme, semblait prête à s'écrouler à tout instant.

Il s'approcha du couple pour les aider.

« Sully ? Tu as besoin d'aide ? »

Sully le regarda dans les yeux et hocha la tête imperceptiblement. Hank prit les bagages et les posa dans le chariot préparé par les soins de RobertE.

Michaëla ne réagissait même plus aux marques d'affection et aux embrassades de ses amies.

Grace et Dorothy l'avaient d'ailleurs compris. Elles avaient remarqué l'inquiétude dans les yeux de Sully.

Les enfants, installés à l'arrière du chariot dans une rapidité étonnante. À bout de bras et sans vraiment réfléchir, Sully souleva sa femme pour l'installer sur le siège confortablement.

Il claqua les rênes, remerciant les personnes qui étaient venues les accueillir d'un signe de tête, et se dirigea vers la maison.

Bien sûr, la nouvelle maison n'était pas encore habitable en l'état, même le lit qu'il avait fabriqué pour Michaëla n'était pas totalement fini. C'est pour cela qu'il se dirigea vers l'ancienne maison.

Il ignorait que RobertE, qui était le seul de la ville à avoir eu en sa possession les clés de la nouvelle bâtisse, avait tout fini durant le laps de temps qu'ils avaient passé à Boston.

Hank, derrière son attitude de rustre, et d'ennemi juré de Sully, lui avait porté main forte pendant qu'il était lui-même à Boston avec ses amis.

Ce fut ce dernier qui arrêta Sully et lui demanda de se diriger vers la nouvelle maison.

Sully ne comprenait pas ce qu'il se passait mais il suivit les instructions de Hank, il devait avoir des raisons de se conduire de cette façon.

Il ne savait pas comment cela avait été possible mais des chariots concernant les affaires les attendaient pour les placer comme ils voulaient à l'intérieur.

Il comprit quand il vit RobertE et Matthew, accompagnés par Loren et d'autres volontaires qui les attendait.

Michaëla n'était même pas capable de les remercier. A leur regard, Sully comprit qu'ils étaient au courant de ce qu'il s'était passé pendant leur voyage en diligence.

RobertE conseilla à Sully de monter dans la chambre afin de mettre sa femme au lit.

Le jeune homme s'éxécuta et l'embrassa sur le front avant de descendre aider ses amis qui lui prêtaient main forte. Cette pruve d'amitié lui faisait voir qu'il avait eu raison de rester dans cette ville et d'épouser cette femme qu'il aimait plus que tout au monde. Il plaça les meubles comme il le souhaitait, espérant que cela conviendrait à Michaëla.

Colleen, elle, fit de son mieux pour ranger la vaisselle.

Le déménagement de leurs affaires fut rapide.

Aussi, les habitants venus aider rentrèrent tous en ville.

Quand le dernier disparut dans la distance, Sully monta à l'étage voir comment allait Michaëla.

Il la trouva encore endormie et vue sa position, elle n'avait pas bougé depuis qu'il l'avait mise au lit.

Il déposa un baiser sur sa joue. Il l'entendit marmonner dans son sommeil et hésita sur la marche à suivre.

Devait-il la laisser dormir ou la réveiller pour qu'elle mange ?

Il savait par avance qu'elle n'aurait pas faim mais elle devait se nourrir, donc il la réveilla tendrement.

« Quelle heure est-il ? »

« L'heure du déjeuner. »

« Je ne veux pas manger ! »

Elle a peur d'être malade, pensa-t-il.

Il insista en essayant de trouver quelque chose qui pourrait lui faire plaisir et lui donner envie de se nourrir.

« Il y a une tarte aux pommes qui attend. »

Cela eut le don de réveiller ses papilles et de lui rendre quelques couleurs. Sully se souvenait qu'elle aimait déjà beaucoup cela avant de tomber enceinte et Grace avait eu la bonne idée d'en faire une pour eux, donc c'était parfait.

Michaëla se redressa calmement et lentement dans le lit et se leva.

Tout d'un coup, elle avait faim, et si elle ne se trompait pas, elle allait pouvoir garder ce qu'elle allait manger.

Elle descendit plus rapidement qu'il ne l'aurait pensé, et il ne la rejoignit que quand elle fut en bas.

La surprise fut grande quand elle vit comment étaient installées leurs affaires.

Tout était comme elle l'avait imaginé dans sa tête. Elle regarda son mari avec questionnement.

« Tous les habitants m'ont aidé à installer tout ceci. J'ai essayé de me rappeler comment tu voulais que ce soit disposé, mais si tu veux changer quelque chose de place, je le ferai. »

« Non, c'est très bien comme cela, dit-elle avec un grand sourire, en fait, c'est comme cela que je voulais que ce soit. C'est parfait, merci! »

Elle se rapprocha de lui et lui donna un baiser devant les enfants.

Il l'attrapa par la taille et la conduisit vers la table et elle la mangea entièrement devant les yeux moqueurs des enfants et ceux soulagés de Sully.

Après ce repas improvisé, elle posa la main sur son ventre, ravie d'avoir dégusté ce dessert si délicieux.

Il faudrait qu'elle essaye de manger quelque chose de plus consistant plus tard, elle le savait.

Sully alla faire la vaisselle, même s'il mourrait d'envie de rester près de sa femme.

Il était fou d'elle, il le réalisait maintenant. Elle était tellement belle. Colleen lui avait volé la place en moins de temps qu'il en faut pour le dire. Il se dirigea vers Michaêla.

« Ça va mieux ? »

Elle savait qu'il posait cette question parce qu'il s'était fait du souci pour elle durant les dernières heures du voyage.

« Oui, je me sens mieux. »

« Matthew est en ville avec Ingrid, je lui ai dit de parler de ton état à ton remplaçant. »

« Ce n'était pas nécessaire, Sully, je vais bien vraiment. C'est le voyage qui m'a mis dans cet état, c'est dû aux secousses de la diligence. »

« Je le pense aussi, mais je veux être sûr que ma femme et mon bébé vont bien. Tu y vois un inconvénient. »

Elle ne répondit pas, sachant qu'il valait mieux ne pas le contrarier.

« Si cela peut te rassurer, je n'irai pas au travail demain. »

« Ça me rassure un peu mais pas totalement, car je te connais ... »

Elle posa un doigt sur sa bouche pour le faire arrêter de parler.

« Pour une fois, Sully, crois-moi. Je sais comment je suis mais je vais faire un effort, crois-moi vraiment ! »

« Je te crois », lui dit-il en l'embrassant légèrement sur les lèvres.

En assistant à cette scène, Colleen incita Brian à sortir dehors pour laisser un petit peu d'intimité à leurs parents.

Sully en profita pour embrasser longuement sa femme.

Mais ils furent à nouveau interrompus par la visite du remplaçant de Michaëla, guidé par Matthew.

Il s'agissait de Jason Williams, qui ni l'un ni l'autre ne connaissait, enfin, c'est ce qu'ils croyaient.

Ce jeune médecin était de l'âge de Michaëla. Il était plutôt séduisant et célibataire. Durant son remplacement à Colorado Springs, il avait essayé de conquérir quelques jeunes femmes par là mais aucune n'avait succombé à ses charmes.

Il descendit du chariot et entra dans la maison des Sully, dont il avait entendu parlé depuis son arrivée.

« Bonjour », l'accueillit Michaëla.

Il souleva son chapeau et fit le baise-main à la jeune femme magnifique en face de lui.

Il jeta un coup d'œil à l'homme à côté qui était son mari et qui était négligé face à elle.

Ils n'allaient pas ensemble, mais pouvait-il leur dire maintenant ? Bien sûr que non !

Il attendait avec impatience de pouvoir travailler avec cette femme pour essayer de la détourner de son époux.

« Des amis à vous m'ont dit que vous étiez de retour aujourd'hui. Votre voyage s'est bien passé ? »

Sully, qui n'avait pas manqué le regard d'admiration du docteur, se hâta de répondre afin de faire comprendre la situation à cet homme contre qui il se sentait jaloux inexplicablement.

« Le voyage en diligence s'est très mal passé. Ma femme n'a pas arrêté d'être malade. Elle est enceinte, c'est certainement dû à ça. »

« D'accord ! D'accord ! Où puis-je vous examiner ? »

La jeune femme se leva, passa son bras sous celui de Sully, afin de faire comprendre leurs sentiments étaient réciproques et se dirigea vers leur chambre.

Elle s'allongea et enleva sa robe de chambre et se laissa examiner. Sully lui tint la main en silence durant tout ce temps, refusant de se retirer pour laisser la place à ce médecin.

Il avait compris que ce respecté docteur allait essayer de lui faire de l'ombre dans l'avenir.

Sully fut soulagé quand le médecin fut parti. Il se sentait en dessous d'un type comme lui.

Michaëla put le lire dans ses yeux et ressentit le besoin de le rassurer. Elle se serra dans ses bras et lui donna un baiser.

« Je t'aime, Sully. »

« Pourquoi tu dis ça ? »

« J'ai vu ton regard quand il m'a fait le baise-main. Tu es jaloux. »

Il baissa la tête, se sentant pris en faute. Comment pouvait-il ne pas se sentir en danger face à un homme aussi éduqué.

Elle put le lire le doute dans ses yeux et essaya de le rassurer pleinement, ne sachant pas si ses mots auraient un impact positif sur lui.

« Ne doute pas, Sully, il n'y a qu'un seul homme dans ma vie, un seul homme important pour moi. Il m'a tout donné et m'a fait comprendre dès notre rencontre que je devais me débrouiller seule. »

Il plongea son regard dans le sien, essayant de croire à ce qu'il disait mais incapable d'y croire totalement.

« Cet homme n'est peut-être pas celui qui n'aurait attiré dans les rues de Boston, il était tellement différent des autres. Mais il a quelque chose que personne d'autre ne possède : l'honnêteté et l'amour. »

« Tu vas devoir travailler avec lui au quotidien avec lui et il va de nouveau essayer de te séduire. Peut-être que tu te sentiras flattée par ses avances. »

« Non, certainement car je ne porte pas son enfant. Tu as fait bien plus que lui dans ma vie ! Je ne suis pas venue à Colorado Springs dans l'espoir de me marier ni d'avoir une famille et pourtant, j'ai eu tout cela. Tu m'apportes le bonheur tous les jours, un bonheur que je ne croyais pas possible et que personne d'autre ne pourrait m'offrir. »

Il la serra contre lui, un peu plus rassuré mais pas totalement. Il allait surveiller ce médecin et lui faire comprendre qu'il ne la lui laisserait pas.

Les jours du repos de Michaëla passèrent très vite et parvinrent même à faire oublier son incertitude à Sully.

Aussi, quand elle reprit le travail, Sully ne se méfia pas de cette menace. Amoureux comme au premier jour, il l'accompagna en ville et lui promit de déjeuner avec elle.

Pour Michaëla, la matinée se passa très calmement car son remplaçant la ménagea le plus possible.

Elle commençait à comprendre pourquoi son mari était jaloux car elle se sentait embarrassée par ses attentions.

Elle fut soulagée quand elle vit qu'il était l'heure de retrouver Sully pour déjeuner chez Grace.

Il entra sans frapper et se dirigea vers le bureau de sa femme, oubliant délibérément la présence du remplaçant de sa femme.

Il l'embrassa et la prit par la main pour la faire se lever.

Michaëla, par pure provocation, il l'embrassa sur la bouche et sans dire Loren, quitta la clinique avec Sully.

« Que se passe-t-il avec lui ? »

« Rien, il m'énerve et m'empêche de faire mon travail correctement. »

Il la guida vers une table du restaurant plein-air et lui tira la chaise pour l'aider.

Il s'assit en face d'elle et fit un signe de salut à Grace.

« Raconte-moi ta matinée. »

« Je suis restée pour la plupart du temps assise à mon bureau à remplir mes dossiers médicaux. Je ne pouvais pas faire un pas sans qu'il me fasse asseoir de nouveau. Je pense que je vais essayer d'avoir une conversation avec lui et partager notre temps de travail. »

« Tu veux vraiment faire comme ça. Je ne veux pas que tu te rendes malheureuse en abandonnant ton travail. »

« Non, je dois me ménager dans les prochains mois pour le bébé et pour moi. »

Il posa la main sur la sienne afin de la protéger.

Le déjeuner entre les deux amoureux se passa entre mots tendres et rassurants.

Après quoi, elle demanda à son mari de la ramener à la maison car elle savait que le docteur la remplacerait car il n'avait pas arrêté de lui faire comprendre.

Sully accepta d'emblée parce qu'il avait bien vu les cernes sous les yeux.

Une fois arrivés chez eux, il la souleva dans ses bras pour la porter dans la maison afin d'éviter qu'elle se fatigue inutilement.

Elle fut heureuse de cette attention si particulière dont il témoignait et dont elle était contente de bénéficier.

Durant le temps qu'il passait à s'occuper des chevaux, elle en profita pour se reposer dans son fauteuil et l'attendre sagement comme il l'avait souhaité silencieusement.

Elle posa la main sur son ventre et sentit comme une petite bulle qui bougeait dans son ventre.

Les larmes aux yeux, elle comprit que c'était le premier mouvement du bébé.

Elle attendit que Sully rentre pour lui dire et qu'ils se réjouissent ensemble. Son air rêveur et réjoui surprit Sully quand il entra dans la maison.

« Qu'est-ce qu'il se passe et qui te fait sourire comme ça ? »

« Je viens de sentir le bébé bouger. »

« C'est vrai ? »

« Oui ! »

Sully, plus ému qu'il ne voulait le laisser paraître, se pencha vers elle pour l'embrasser. Il posa la main sur son ventre et parla au bébé.

« Ta maman et moi sommes très contents que tu manifestes ta présence. Ça veut dire que tu vas bien. Tu sais, je me fiche que tu sois un garçon ou une fille, je veux juste que tu sois en bonne santé. »

Michaëla réalisa qu'en disant ces paroles, Sully parlait de son passé avec Abigail.

Dans sa voix, elle entendait la peur qu'il ressentait face à ce nouveau bébé qui arrivait, parce qu'il ne pouvait pas savoir s'il irait bien ou pas.

Elle se leva et se serra dans ses bras, car elle ne savait pas quoi lui dire pour qu'il pense à autre chose.

Sully se secoua. Il ne fallait pas qu'il se laisse envahir par ses sentiments !

Il la souleva et la porta dans sa chambre.

Surprise par ce changement d'attitude, elle se demanda ce qui se passait dans la tête de son mari.

« Sully, qu'est-ce que tu fais ? »

« Je te porte au lit pour que tu te reposes ! »

« A la seule condition que tu m'accompagnes ! »

« Si tu veux ! »

Il l'aida à enlever ses vêtements et à s'allonger sur le lit. Puis, il fit mine de partir pour voir quelle réaction elle allait avoir.

« Sully, appela-t-elle, tu avais dit que tu resterais avec moi ? »

« Tu as besoin de te reposer ! »

« J'ai besoin de ta présence près de moi. »

« Tu es si contrariée que ça ! »

« Ton remplaçant s'est mal comporté avec toi ? »

« Il s'est comporté comme toi. Il s'est pris pour toi pour tout te dire. S'il continue comme ça, je pense que je vais essayer de trouver quelqu'un d'autre. »

« C'est à ce point-là ? »

« Oui, il m'énerve ! »

« Oui, mais maintenant, tu peux l'oublier car il n'est pas là. »

Michaëla voulait bien se concentrer sur le moment présent avec Sully, elle ne demandait que cela.

Elle décida de convaincre Sully, afin qu'il vienne au lit avec elle.

« Tu peux t'allonger à côté de moi ? »

« Michaëla ! » Tenta-t-il de protester alors qu'il mourrait d'envie de la prendre dans ses bras>.

« Viens. » Dit-elle simplement.

Il céda à leurs envies et se glissa dans le lit. Il l'embrassa sur le front et la serra dans ses bras.

Il ne fallut que quelques minutes pour qu'elle s'endorme, ce qui lui prouvait qu'il n'avait pas eu tort de la pousser à aller se reposer.

Cela allait devoir se dérouler de plus en plus souvent dans les mois à venir.

Sa grossesse avançant, elle allait être de plus en plus fatiguée. Sully se demanda si elle ne serait pas trop épuisée pour arriver à terme.

Il la connaissait assez pour savoir qu'elle ferait tout pour leur bébé.

Il fut surpris dans ses méditations par l'arrivée d'un chariot dans sa cour.

Il descendit les escaliers pour voir de qui il s'agissait. Il fut soulagé quand il vit que c'était Dorothy.

Elle venait certainement prendre des nouvelles de sa meilleure amie. Il la fit entrer dans le salon et attendit qu'elle se décide à parler pour voir ce qu'elle voulait savoir.

« Sully, Michaëla est là ? »

« Elle se repose dans notre chambre. Même si ça fait quelques jours que nous sommes revenus, je pense qu'elle est encore fatiguée à cause de tout ce que nous avons vécu à Boston. Mais qu'est-ce que vous venez réellement faire ici, Dorothy ? »

« C'est à propos du remplaçant de Michaëla ? »

« Que se passe-t-il avec lui? »

« Il n'a pas que de bonnes intentions. »

« Que voulez-vous dire par là ? »

« Je suis passée à la clinique ce matin pour voir comment Michaëla allait et je l'ai vu avec elle. »

« Qu'avez-vous vu ? »

« Il était auprès d'elle et la regardait longuement dans les yeux. Alors, j'ai pris la décision de rentrer. Ils étaient tous les deux mal à l'aise pour la même raison. »

« Elle m'a dit qu'il l'avait énervée. J'ai essayé d'en savoir un peu plus mais vous connaissez Michaëla. »

« Oui. D'ailleurs, avec moi dans la clinique, elle a fait comme si de rien était. Il était évident qu'elle était embarrassée. Elle ne m'a rien dit et je n'ai pas insisté. J'ai juste pensé que je devais vous prévenir. »

« Il essaie de la séduire et il imagine qu'il va y arriver. »

« J'ai vu comment il s'est comporté avec elle quand il est venu pour la première fois à la maison. »

Michaëla, qui, en haut de l'escalier, avait entendu l'essentiel de la conversation, savait maintenant que Sully savait maintenant tout ce qui s'était passé ce matin.

Même si c'était une bonne chose, elle en voulait à sa meilleure amie d'être venue en parler immédiatement à son mari.

Elle descendit afin de faire connaître sa présence.

L'accueil qu'elle fit à Dorothy fut des plus glaciales et contraire à l'habitude.

« Que venez-vous faire ici ?

« Il a fallu que vous veniez vous mêler de ma vie privée. »

« Michaëla, il me semblait important de prévenir Sully, il fallait qu'il soit au courant de cela. Vous n'avez pas pu lui en parler.

« Je ne voulais pas l'inquiéter pour rien. »

« Il ne doit pas s'agir de rien, Michaëla, intervint Sully, car tu ne serais pas aussi secouée par la visite de Dorothy. »

« Je ne suis pas secouée. »

« Et c'est pour ça que tu es en colère contre ta meilleure amie ! »

« Elle n'a pas le droit de se mêler de notre vie privée ! »

« Tu aurais dû me parler de ça avant même que Dorothy vienne ici. Cet homme n'a pas le droit d'être aussi direct avec toi. Si ça continue comme ça, je vais aller lui dire de partir de la ville et je trouverai un autre remplaçant.

« Tu n'as pas besoin de le faire, Sully, je suis assez grande. »

Comprenant que le couple atteignait une impasse, Dorothy pris la décision d'intervenir.

« Nous sommes inquiets pour votre sécurité, Michaëla. »

« Cela ne vous donne pas le droit de prendre des décision à ma place ! »

« Ne vous mettez pas en colère. Nous voulons juste nous assurer que vous êtes en sécurité. »

« Je parlerai au Docteur Williams demain et j'essaierai de lui faire comprendre que ses attentions ne m'intéressent pas. »

« Ce ne sera peut-être pas suffisant. Je vais demander à Colleen de te suivre demain matin. »

« C'était prévu comme cela, Sully. »

Dorothy parut satisfaite de la tournure que prenait la conversation. Ses amis avaient réussi à trouver un terrain d'entente.

« Je vais vous laisser entre vous. Mais avant, je voudrai m'excuser de ma démarche. »

« Ne vous excusez pas, Dorothy, vous avez agi en tant qu'amie. J'aurai fait la même chose à votre place. »

« Je n'en doute pas, Michaëla. A demain ! »

Dorothy s'en alla, les laissant tous les deux en amoureux.

Sully se rapprocha de Michaëla, afin de se réconcilier avec elle après la petite dispute qu'ils avaient eu.

« Je suis désolé, Michaëla. »

« Je suis désolée, aussi, Sully. Je n'aurai pas dû réagir comme ça. Je sais que tu ne cherches qu'à me protéger. »

Elle se glissa dans ses bras pour se consoler avec son mari car elle n'aimait pas quand elle se disputait avec lui.

« Je suis content de savoir ce qu'il se passe avec cet homme. »

« Je suis contente que tu saches. »

Il la conduisit jusqu'à un fauteuil pour qu'elle se repose.

« Sully, que fais-tu ? »

« Tu devrais encore être en train de dormir dans notre chambre. Tu as besoin de te reposer. »

« Je n'arrivai pas à dormir sans toi. J'ai senti que tu n'étais pas avec moi. Je voulais que tu te restes avec moi. J'ai besoin de toi et de toi seul. Tu comptes vraiment pour moi. »

« Je le sais, Michaëla, je n'ai pas besoin que tu me le dises. »

Elle se tut et profita de l'occasion pour prendre son stéthoscope dans sa trousse afin d'écouter le cœur du bébé battre.

Elle adorait s'organiser des petits moments à faire cela depuis qu'elle avait découvert que c'était possible.

Sully la regarda faire sans rien dire car il aimait l'observer et détecter la moindre de ses expressions.

Elle écouta le cœur du bébé battre pendant de longues minutes et donna son stéthoscope à Sully, afin qu'il puisse un peu participer à ce merveilleux processus qui consistait à avoir un enfant.

Il ne résistait pas trop longtemps à une telle invitation. Ce moment tendre aurait pu s'éterniser dans la durée si les enfants n'étaient pas rentrés à ce moment-là dans la maison.

La porte claque et fit sursauter Michaëla et Sully.

Colleen fut la seule à se rendre compte du moment qu'ils avaient brisé.

Elle fit d'ailleurs de son mieux pour les mettre à l'aise.

Après tout, ils avaient le droit de s'organiser des moments en amoureux.

Le dîner en compagnie des enfants se déroula dans la joie la plus intense.

Cela changea définitivement les idées à Michaëla, qui en avait bien besoin.

Leur conversation et leurs histoires sur la journée qu'ils avaient passés avec leurs amis étaient très drôles. Michaëla aimait les entendre en parler car elle les sentait très épanouis.

Elle savait que leur séjour à Boston les avait éloignés très longtemps de telles complicités. Ils étaient heureux de les retrouver tout ce qu'ils avaient vécu.

Maintenant qu'ils étaient sûrs de pouvoir passer la vie avec Michaëla et Sully, ils profitaient de chaque instant passé avec eux.

Colleen, malgré sa joie de retrouver Becky, voulait absolument aider sa mère à la clinique.

Elle n'avait en aucun cas envie d'abandonner son projet de devenir médecin.

Elle avait encore plus envie de suivre cette ambition.

Sully le remarqua et en parla avec Michaëla durant le repas et cela l'arrangeait pour la demande qu'il avait à lui faire.

« Colleen, cela te dérangerait-il de rester avec ta mère demain matin à la clinique pour l'aider ? »

« Non, pas du tout ! C'était déjà prévu. J'en ai même déjà parlé à Becky. »

« Merci, Colleen, ton aide me sera précieuse. »

« Je le sais et je serai présente dans les mois à venir. »

« Je veux que tu continues à penser à toi. »

« Ne vous inquiétez pas, maman, je le fais avec plaisir. »

Michaëla fut soulagée par cette décision de la part de sa fille. Maintenant, elle allait pouvoir en parler au docteur Williams et aménager de nouveaux horaires de travail. »

Avec l'aide de sa fille, il comprendrait certainement.

Il n'avait pas besoin d'être toujours avec elle.

Après ce repas si satisfaisant pour tout le monde, Colleen proposa de faire la vaisselle.

Sully fit asseoir sa femme dans le fauteuil afin qu'elle se repose un peu plus.

Elle ne savait pas trop comment elle allait affronter son remplaçant le lendemain pour lui faire comprendre comment elle voulait fonctionner. Elle savait que ce ne serait pas assez facile que ça. Elle avait presque envie de demander à Sully de venir avec elle afin de l'aider.

Elle ne se doutait pas qu'il avait la même chose en tête et qu'il n'osait pas lui en parler de peur de la froisser.

Après la vaisselle, ils montèrent à l'étage pour la nuit.

Michaëla se déshabillait lentement tout en cherchant une manière de parler à Sully de ce qu'elle voulait.

Il l'observait à lui parler très timidement comme si elle avait peur de sa réaction.

« Sully, je voudrai te demander quelque chose. »

« Je t'écoute. » Lui dit-il, soupçonnant ce qu'elle allait dire.

« Je voudrai que tu viennes avec moi à la clinique demain. Tu pourrais m'aider à convaincre mon remplaçant de suivre les horaires que je vais lui proposer. »

« Je voulais justement lui proposer et je ne savais pas comment tu devais réagir. »

« Il ne fallait pas douter que j'aurai besoin de ton soutien. »

Il la serra contre lui, sachant très bien pourquoi elle réagissait ainsi. Ce qu'elle avait vécu en présence de cet home ce jour-là avait dû suffisamment la marquer pour qu'elle en vienne là.

Il la souleva dans ses bras et la posa dans le lit avec amour, puis il vint à ses côtés pour qu'elle se serre dans ses bras.

Quand elle sentit qu'il était près d'elle, elle chercha à le séduire. Cela faisait maintenant un bon bout de temps qu'ils n’avaient pas ensemble.

Depuis leur retour, Michaëla avait dû se reposer à cause de ce que le voyage avait provoqué sur son état.

Ils n'avaient pas fait l'amour depuis qu'ils étaient revenus de Boston et Michaëla se sentait très attirée par son mari ce soir-là.

Elle se leva et enleva la chemise de nuit, que Sully avait pris la peine de lui mettre, sans aucune gêne.

Sully comprit clairement ses intentions et voulut essayer de la convaincre qu'elle ferait mieux de se reposer.

« Demain, tu dois travailler. »

« Tu dois te reposer pour être en forme. »

« Tu veux prouver à mon mari que je l'aime. »

« Michaëla ! Tu n'es pas raisonnable! »

« Oh si, je le suis ! Je t'aime tellement ! »

« Je sais que tu m'aimes. »

Il l'embrassa gentiment et sagement sur la bouche, essayant pour de bon de la repousser. Mais il connaissait sa femme et savait qu'elle n'abandonnerait pas aussi facilement.

D'ailleurs, elle s'accrocha à ses bras et passa son pied sensuellement sur sa jambe.

Il tenta de résister le plus possible à ses avances.

Mais il se sentait en train de tomber sous son charme.

Il donna libre cours à leurs envies et lui fit l'amour avec la tendresse qu'il possédait.

Après quoi, chacun d'eux eut le sourire aux lèvres.

« Que penserait ma mère si elle nous voyait en ce moment ? »

« Elle serait heureuse pour nous. N'oublie pas qu’elle a bien changée depuis que nous sommes allés vivre chez elle et elle m'apprécie maintenant. »

« Oui, elle sait que je t'aime et que je ne peux pas vivre sans toi. »

« C'est la même chose pour moi. Tu m'offres un tel cadeau en attendant cet enfant. On ne pensait certainement pas qu'il arriverait si tôt. »

« Non, j'étais loin de penser que j'attendrai un bébé juste après notre première fois ensemble. J'étais même loin de penser que je me marierai un jour. »

« Ça s'est pourtant produit. »

« Et je ne le regrette pas car j'ai tout ce que j'ai toujours attendu de la vie. T'avoir toi et les enfants est le plus beau des cadeaux que Dieu pouvait nous faire. »

« Je ne pensais pas connaître un si grand bonheur en te rencontrant. »

« Moi non plus. »

Dans leur tête restait le danger que cachait la présence du docteur dans la ville. Ils s'endormirent dans les bras l'un de l'autre paisiblement sans penser au lendemain.

La nuit fut paisible pour tous les deux.

Michaëla se leva une heure avant le lever du jour le lendemain. Sully dormait encore quand elle s'était habillée.

Elle était trop inquiète pour rester allongée au lit sans dormir.

Sully se leva quand il se réveilla et s'aperçut que son épouse n'était pas avec lui.

Il savait exactement ce qu'elle avait en tête pour se mettre au travail aussi tôt. Il fallait absolument qu'il la calme, alors il descendit pour la rejoindre.

« Quelque chose t'a réveillé ? »

« Non. J'avais faim ! »

« Et qu'as-tu mangé ? Il n'y a rien qui attend d'être lavé. »

Elle baissa la tête pour éviter son regard car elle savait qu'elle ne s'en sortirait pas comme ça.

« Tu es inquiète pour ce qu'il va se passer aujourd'hui, c'est ça ? Je suis sûr qu'il finira par comprendre. »

« Je n'en suis pas aussi sûre que toi. »

« Tu dois être forte et ne pas lui montrer que tu as peur de lui. »

« Que crois-tu que j'essaie de faire ? Pourquoi me suis-je levée plus tôt à ton avis ? » Dit-elle, énervée.

Elle regretta immédiatement de s'être emportée aussi facilement. Il comprit instantanément ce qu'elle ressentait et la prit dans ses bras.

« Je sais que tu as peur de l'affronter. »

« Je suis désolée de m'être mise en colère contre toi. »

« Ne t'excuses pas, ma chérie. »

Il la guida vers la table afin qu'ils puissent prendre un petit-déjeuner. Les enfants ne tardèrent pas à arriver et à les rejoindre.

Michaëla eut du mal à manger car elle se sentait trop inquiète pour ce qu'il allait se passer.

Inquiets, Colleen et Brian se turent pour ne pas la perturber. Colleen fut soulagée quand elle entendit que Sully allait rester avec sa mère tout le long de la journée.

Elle avait un poids qui avait enlevé de sur ses épaules. Ils décidèrent de partir pour la clinique.

Dès qu'ils arrivèrent, le docteur Williams les accueillit. Il fit tout de suite attention à Michaëla et la fit asseoir à son bureau.

Il fut visiblement déçu quand Sully lui annonça qu'il restait avec eux tout au long de la matinée mais il ne dit rien.

« Nous aimerions vous parler de l'organisation des horaires de la clinique maintenant que ma femme a repris le travail. Vous ne pouvez pas toujours être deux à travailler à la clinique tout le temps. »

« Sans me mêler de ce qui ne me regarde pas, votre femme ne devrait même pas continuer à exercer son métier maintenant qu'elle est enceinte. »

« Mais vous vous occupez de ce qui ne vous regarde pas. »

« Cette femme ne vous appartient pas, monsieur Sully. »

Il sortit une arme de sa veste et les menaça.

Heureusement pour eux, il avait été convenu que Colleen reste à l'étage le temps qu'ils accueillaient le médecin et lui parlaient. Elle était leur seule chance.

Les avait-elle entendus ?

Sully espérait que oui. Il se sentait un peu soulagé car il se trouvait avec sa femme. Il pourrait peut-être la protéger.

Michaëla avait cette même pensée en tête. Elle attendait son premier patient dans quelques minutes. Il s'agissait de Dorothy.

Elle lui en avait voulu d'intervenir auprès de Sully la veille mais maintenant, elle se sentait soulagée car il était près d'elle.

Elle aussi savait que Colleen se trouvait à l'étage.

Pourrait-elle sortir sans que Williams la voit ? Elle espérait que oui. Cet homme avait bien caché ses intentions aux habitants.

Sully se rapprocha encore plus de sa femme. Déjà, il avait été à ses côtés dès le début et Jason ne pouvait pas l'éloigner d'elle.

Enfin, c'est ce qu'il croyait.

C'était sans compter sur les intentions de cet homme.

Essayant de distraire ses projets, Sully lui posa des questions tout en tentant de rentrer dans son jeu.

Il espérait juste que Michaëla comprendrait où il voulait en venir. D'ailleurs, avant de commencer, il la regarda dans les yeux pour communiquer avec elle.

« Je comprend pourquoi vous voulez qu'elle soit amoureuse de vous. Depuis quand vous connaissez-vous? »

« Je l'admirais quand elle étudiait la médecine. »

« Vous la connaissiez déjà à ce moment-là? »

« Oui. Mais elle, elle ne me connaissait pas. Je restais dans l'ombre avant de me déclarer. »

« Pourquoi aujourd'hui ? »

« Parce que je sais que c'est le bon moment. Quand j'ai lu l'annonce recherchant un médecin ici, je me suis décidé. Je savais qu'elle vivait ici et même qu'elle s'était fiancée avec vous. »

« Mais je ne savais pas que vous étiez mariés. Je l'ai appris en restant. »

« J’attends un bébé. » Intervint Michaëla.

« Je ne le savais pas. Je l'ai appris le jour où je suis venu vous voir chez vous. »

Afin de couvrir le bruit que Colleen faisait en ouvrant la porte, Michaëla parla un peu plus fort mais ne fut pas dupe. Il comprit que le couple essayait de l'avoir.

Mais Colleen avait réussi à sortir et à se diriger vers le saloon pour prévenir Hank.

Elle passa la porte.

Heureusement, aucun client n'était présent et elle n'eut pas le droit à des remarques trop directes.

D'ailleurs, Hank comprit immédiatement qu'il se passait quelque chose.

« Qu'est-ce qu'il y a, Colleen? »

Elle ne l'avait jamais vu aussi gentil que ce jour-là.

« Maman et Sully sont retenus en otage à la clinique ? S'il vous plaît, ils ont besoin d'aide ! »

« Ne t'inquiète pas. Colleen, Matthew est en ville? »

« Je ne sais pas. J'ai eu peur qu'il n'y soit pas. J'ai préféré venir vous voir. »

« Où est ton frère ? »

« A l'école. »

« Bon. Tu vas rester avec Grace et je vais organiser de l'aide pour eux le plus vite possible. »

Jason, de son côté, avait vu la jeune fille rentrer au saloon. Il devenait de plus en plus menaçant avec Michaëla.

Sully était prêt à tout pour sa femme, même se sacrifier.

« Vous avez essayer de m'avoir mais vous allez me le payer. »

Il reprit son arme et menaça Michaëla.

Elle ne savait plus quoi lui dire pour le faire revenir à la raison et ce fut ce moment que choisit Dorothy pour sonner la cloche.

Elle ne savait pas ce qu'il se passait à l'intérieur et heureusement, Hank alla la prévenir immédiatement.

« Michaëla ne vous ouvrira pas. Ils sont retenus en otage. »

« C'est le docteur Williams. Il n'était pas clair cet homme. J'ai appris qu'il s'en prenait à des femmes qu'il avait connues dans sa jeunesse. »

« Merci de l'information. Je viens d'aller voir Jake qui réunit les autres et je suis venu voir ce qu'il se passait entre temps. Est-ce que vous savez où est Matthew? »

« Oui, je l'ai vu avec RobertE tout à l'heure. »

« Merci. »

Dorothy comprit qu'il valait mieux qu'elle s'en aille pour les laisser aider Michaëla et Sully au plus vite.

Justement, Sully s'était mis devant Michaëla afin de la protéger du possible coup de feu de Jason.

Il les avait fait asseoir sur le lit que Sully avait fabriqué pour elle dans le coin de la salle de consultation, et le jeune homme avait eu la bonne idée de se mettre devant sa femme.

Jason avait essayé de le pousser mais le futur papa avait refusé. Le docteur se méfiait des habitants de la ville et de ce qu'ils pourraient faire pour l'arrêter.

Il vit l'homme aux longs cheveux qui travaillait au saloon en face qui le surveillait derrière la fenêtre.

Apparemment, la personne qui était avec le couple avait réussi à avertir les habitants. Voilà qu'il était maintenant sous surveillance.

Sully continuait de l'empêcher de s'en prendre à Michaëla.

« Très bien, si c'était comme ça qu'il voulait que ça se passe. Pendant ce temps-là, les hommes volontaires étaient tous réunis et cachés derrière Hank. »

Ils étaient prêts à intervenir.

Jason tira un coup de feu au hasard et s'enfuit par la porte arrière et se retrouva aussitôt pris en charge par les hommes qui montaient la garde.

Le coup de feu ne fut pas perdu pour tout le monde.

En effet, cela avait touché légèrement Sully.

Il n'avait pas perdu connaissance. La balle n'avait fait qu'effleurer son bras. Mais Michaëla paniqua quand elle vit sa blessure.

Tout de suite, elle se leva et alla chercher sa trousse pour le soigner immédiatement.

Elle était bouleversée par la prise d'otage à la clinique et ne voulait l'admettre devant personne.

Après s'être assuré que Jason était aux mains de Hank, qui allait s'assurer qu'il aille en prison, Matthew entra dans la clinique pour vérifier comment allaient ses parents.

Sully se sentait dépassé par sa femme qui n'arrêtaient pas de s'agiter dans tous les sens du terme.

Elle le soigna calmement sans dire un mot et sans se rendre compte que Matthew était entré.

Sully regarda le jeune homme en lui faisant comprendre qu'il ne devait rien dire car il valait mieux la laisser faire ce qu'elle voulait.

Après qu'elle eut fini de le soigner, elle se mit à ses côtés très calmement.

C'est à ce moment qu'elle s'aperçut que Matthew était avec eux.

« Ne vous inquiétez pas, il est en prison maintenant. »

Elle ne lui répondit pas, ne voulant pas le savoir.

Colleen entra peu après dans la clinique, voulant s'assurer que ses parents allaient bien.

Elle se réfugia immédiatement dans les bras de sa mère.

Sully en profita pour se lever.

Bientôt, il allait falloir que Michaëla témoigne sur ce qu'il s'était passé afin de se mettre cet homme en prison.

Mais elle ne semblait pas prête à affronter les possibles questions d'un juge. Il fit signe à Matthew pour qu'il prenne en charge Colleen. Il fallait absolument qu'il parle à Michaëla.

Ce n'était pas en leur présence que cela pourrait se faire.

Le jeune homme comprit et sortit en compagnie de Colleen.

Sully commença à mettre le panneau « fermé » sur la porte du cabinet et entraîna sa femme à l'étage avec lui.

Elle le suivit sans réfléchir et sans parler.

Il la regardait et se demandait comment il allait pouvoir briser la glace qui la séparait de lui.

Il la fit asseoir sur le lit.

« Ca va? » Lui demanda-t-il.

Elle acquiesça.

« Tu en es sûre ? Tu n'as pas dit un mot depuis. »

Elle hocha la tête, ne lui laissant pas croire qu'elle allait lui parler.

Assis à côté d'elle, il la serra dans ses bras, tout en l'embrassant sur le front.

« Je sais que tu es bouleversée mais ça aurait pu être beaucoup plus grave. »

« Ça l'est bien assez. »

Elle avait chuchoté ces quelques mots si bas qu'il avait eu du mal à l'entendre.

Il l'attira encore plus contre lui, et l'obligea à poser sa tête contre son torse. Il était convaincu qu'elle avait besoin de son réconfort.

Elle ne dit pas plus de mots qu'avant mais il est vrai qu'elle se détendit dans ses bras.

Sachant qu'il était trop tôt pour la brusquer, Sully décida de rentrer à la maison. Il la laissa donc seule pendant quelques minutes afin de demander à RobertE de préparer les chevaux.

Il sortit de la clinique et découvrit que c'était déjà fait.

Il fut soulagé et remonta immédiatement à l'étage.

Il souleva Michaëla dans les bras et l'allongea à l'arrière du chariot. Elle rentra seule dans la maison et se dirigea sans bruit vers leur chambre.

Heureusement, Colleen et Brian étaient en ville car ils auraient été bien tristes de voir leur mère dans un tel état.

Sully la chercha partout quand il entra dans la maison après s'être occupé des chevaux, puis il réalisa.

Il fallait absolument qu'il trouve un moyen de lui parler mais il avait déjà essayé et il n'y était pas parvenu.

L'arrivée de son frère Cheyenne Nuage Dansant le sauva.

Il ne venait jamais leur rendre visite en plein jour sans les avoir prévenu avant et s'il le faisait, c'est ce qu'il se passait quelque chose, vu qu'il avait reçu un message des Esprits.

C'était la deuxième solution à laquelle Sully pensait.

« Qu'est-ce qui t'amène ici ? »

« Michaëla est bouleversée. » Dit-il sans préambule.

« Tu peux l'aider ? »

« Peut-être. Explique-moi ce qu'il s'est passé aujourd'hui. »

« Son remplaçant nous a pris en otage et il m'a blessée légèrement. Je ne sais plus comment agir avec elle. »

« Où est-elle ? »

« Dans notre chambre. Mais je ne suis pas sûr qu'elle veuille te parler. »

« Viens avec moi. »

Sully le suivit tout en sachant quelle réaction Michaëla aurait en les voyant.

Sully ouvrit la porte et entra en compagnie de l'Homme Médecine et Michaëla ne s'aperçut même pas de leur présence. Elle semblait perdue dans ses pensées.

« Michaëla. » Appela Nuage Dansant.

Elle ne se tourna pas dans leur direction.

Nuage Dansant posa la main sur son épaule pour la forcer à réagir.

« Je suis au courant de ce qu'il s'est passé et je suis venu vous aider et en parler. »

« Il n'y a rien à dire. »

« Oh si, mais vous refusez de le faire. »

Michaëla ne savait pas comment faire pour affronter ce qu'il s'était passé.

Bien sûr, elle avait conscience qu'elle devait réagir et que cela aurait pu être beaucoup plus grave que ça.

Non, ce qui l'effrayait, c'est que son mari aurait pu être blessé ou même tué …

« Michaëla, dites-moi ce que vous ressentez vraiment. »

« Que voulez-vous que je vous dise ? Que j'ai eu peur que mon mari meure ? Bien sûr que ça a été le cas. Nous n'aurions jamais dû partir pour Boston et le laisser prendre ma place. »

« Nous devions y aller. Ça nous a permis de nous marier. »

« Je sais, Sully, mais qui sait ce qui aurait pu se passer avec les enfants. Nous avons la chance d'avoir des amis ici et qu'ils nous aient secourus à temps. »

« Ça n'est pas arrivé, Michaëla. Et ça n'arrivera plus ! Il va être jugé et condamné. Il ne reviendra pas prêt de nous. »

« Qui sait ? »

« Chut ! Ne pense pas à ça ! Ça ne sert à rien d'y penser ! »

« Mais à qui vais-je bien pouvoir faire confiance pour venir m'aider. »

« Je sais que tu ne l'aimes pas beaucoup mais tu pourrais peut-être faire appel à Cassidy. »

« Ou à son collègue. Il est très compétent. »

« D'accord ! »

Nuage Dansant les regardait sans intervenir, comprenant qu'ils avaient enfin pu établir une conversation.

C'était tout ce qu'il espérait pour eux.

Michaëla n'en était pas pour autant remise de ce qu'elle avait vécu mais elle arrivait à mieux mettre des mots sur ce qu'elle ressentait.

Nuage Dansant repartit au soir après avoir passé l’après-midi, soulagé de la tournure de la situation.

Les Esprits avaient bien fait de lui faire comprendre qu'il devait se rendre chez Michaëla et Sully.

Cette intervention de la part de Nuage Dansant avait réussi à apporter une peu de sérénité à Michaëla, qui pu les accueillir les enfants avec le sourire.

Ils parurent soulagés de la voir dans un tel état car ils étaient maintenant tous au courant de ce qu'il s'était passé avec la clinique.

Les enfants se couchèrent détendus mais ce ne fut pas le cas de Sully et de Michaëla.

Le jeune marié connaissait assez de Michaëla pour savoir qu'elle cachait tout à ses enfants afin de ne pas les inquiéter.

Cependant, il ne pouvait pas la brusquer mais il se promit de la surveiller pour voir comment la nuit se passait avec elle.

Avait-il deviné ?

Elle s'endormit tranquillement et il en fut soulagé.

Mais cela ne dura pas car elle fit plusieurs cauchemars et il se montra présent durant la nuit pour la réconforter.

Le lendemain, elle fit comme si de rien était.

Elle se leva avant Sully.

Habitué à se réveiller avant sa femme, celui-ci fut surpris de ne pas la voir à côté de lui comme d'habitude.

Il se demandait quand Michaëla retrouvait sa joie d'avant.

Ce fut à ce moment-là qu'il se rappela les paroles de Dorothy à Boston. Elle lui avait proposé de l'aider à organiser une surprise à sa femme.

C'était le moment où jamais de passer du temps avec elle.

Justement, quand il descendit, il vit que la journaliste était déjà avec elle et qu'elle discutait avec elle.

Il ne se ft pas voir tout de suite afin d'espionner Michaëla.

« Horace a envoyé un télégramme du docteur Bernard de Denver pour qu'il vienne le plus vite possible. Vous avez besoin de repos pendant quelques temps. »

« Vous n'aviez pas besoin de le faire à ma place. Je suis assez grande pour m'occuper de moi-même. »

« Vous ne pouvez pas continuer à faire comme s'il ne s'était rien passé hier. Vous devez vous retrouver avec Sully pendant un moment. Je suis sûre qu'il sera heureux de savoir que vous allez être ensemble et qu'il souhaite plus que tout retrouver la femme qu'il a épousée. »

« Je ne suis pas la même femme. Il faut qu'il réalise. »

Sully décida qu'il était temps pour lui d'intervenir. »

« Tu seras toujours la même pour moi et Dorothy a raison, je souhaite vraiment passer du temps avec toi. »

« Il s'est passé des choses pendant votre voyage à Boston que nous ne soupçonnez même pas ...

… Figurez-vous que nous avons trouvé un moyen de parler tous les deux. »

« Et qu'avez-vous décidé sans même que je sois au courant ? »

Ne se laissant pas monter sur les pieds par une intervention aussi directe, Dorothy rentra dans son jeu.

« J'ai pensé que vous deviez être ensemble un moment. Vous en avez besoin. »

Sully la regarda pour voir quelle réaction elle allait avoir face à cette proposition. Comme il s'y attendait, elle ne semblait pas vouloir être avec lui.

Il ne comprenait pas pourquoi elle réagissait comme ça.

Il fit un signe de tête à Dorothy et souleva sa femme dans ses bras.

Ce fut ce moment-là qu'il vit les enfants qui descendaient pour les rejoindre.

« Sully, qu'est-ce que tu fais ? »

Il ne répondit pas et partit sans faire attention à ses protestations. Elle était surprise par ce qu'il faisait.

Il l'enlevait pour pouvoir passer du temps avec elle.

Il n'avait pas trouvé un autre moyen pour être avec elle.

En secret, Matthew, mis au courant par Dorothy avait préparé le chariot. Quand elle arriva, toujours dans les bras de son mari, elle s'aperçut du nombre important de provisions qu'il y avait à l'arrière.

Tout avait été prévu, des ouvertures et un matelas confortable pour Michaëla.

Sully voulait certainement passer plusieurs heures en sa compagnie.

Même si elle ne savait pas quel effet ferait sur son état, elle se réjouissait de pouvoir passer du temps avec lui.

Elle l'aimait et il était peut-être de lui prouver un peu plus.

Une fois installée dans le chariot, toujours aidée par son mari, elle se tourna vers lui et lui sourit largement.

C'était une première depuis la veille.

Sully fut soulagé de la voir aussi souriante.

C'était la Michaëla qu'il aimait et qu'il voulait retrouver.

Elle se rappela à ce moment-là qu'ils n'avaient pas encore pu avoir une lune de miel tous les deux et que c'était certainement l'occasion d'en avoir une.

Elle se tut et ne dit plus rien pour voir jusqu'où Sully était capable d'aller.

Il s'arrêta devant une grotte.

Il la souleva et l'emmena à l'intérieur puis alla chercher leurs provisions dans le chariot. Il avait pensé à tout, même à faire suivre son arc pour aller chercher du gibier.

Mais avant tout, il voulait rester près d'elle.

Elle le regarda revenir auprès d'elle. Sa chemise bleue comme ses yeux, ses pantalons en peaux de daim, son regard plein d'amour surtout, la mettait dans tous ses états.

Il se dégageait de lui un tel amour pour les autres quels qu'ils soient.

Tout avait été si difficile entre eux dès le début de leur relation, et pourtant, ils s'aimaient très fort.

Elle tendit la main vers lui.

Elle comprenait enfin pourquoi elle était mal à l'aise face aux avances du Docteur Williams.

C'était parce qu'il n'y avait pas de place pour un autre homme dans sa vie.

Sully l'observait pendant qu'il s'installait à ses côtés et qui la prenait dans ses bras, comme elle en faisait la demande silencieusement.

Elle se tourna vers lui et l'embrassa langoureusement sur les lèvres. Depuis leur retour de Boston, elle avait eu très peur de fois une telle attitude à ses yeux.

Il ne la trouvait que plus touchante quand elle réagissait comme ça. Il se recula de lui-même au bout d'un moment pour pouvoir plonger son regard dans le sien.

A ce moment-là, les mots n'avaient plus leur importance. Ils se comprenaient sans même se parler.

Quand elle n'avait pas de soucis à se faire pour la clinique ou les enfants, elle était tellement amoureuse de lui.

La première nuit qu'ils avaient passé ensemble, en tant que mari et femme, avait été magique, aussi magique leur première fois qu'ils avaient fait l'amour.

Mais il y avait eu au fond de leur tête cette inquiétude pour les enfants. Et là, il avait réussi à lui faire oublier ce qu'ils avaient vécu la veille avec le docteur Williams.

Les éléments du temps se déchaînaient à l'extérieur. Le vent s'était levé et la pluie commençait à tomber.

Heureusement, Sully avait pensé à faire suivre du bois sec. Il pouvait donc allumer un feu car il savait que l'orage n'allait pas tarder à se calmer dans quelques minutes.

Quand elle entendit le tonnerre gronder, Michaëla se réfugia un peu plus dans les bras de son mari.

Mais elle se sentait plus en sécurité dans la grotte à ce moment-là que la veille dans la clinique.

Elle avait presque envie de ne plus retourner travailler.

Sully dut deviner ce qu'elle avait en tête car il lui dit :

« Tu ne dois pas abandonner ton métier à cause de ça. Tu as tellement traversé d'épreuves pour y arriver. »

« Je me rappelle avoir douter de moi juste avant de partir à Boston. »

« Et tu te rappelles ce que je t'ai dit ? Que tu n'allais pas perdre ta clientèle en partant ! Tu n'as pas pu encore le vérifier. »

« Si j'ai pu et je t'avoue que tu avais raison. »

« Alors, tu vois, il n'y aucune raison de douter de toi. Être médecin, c'est ce que tu es, pas seulement ce que tu fais. Et c'est pour cela que je t'aime, pour ce que tu es : une femme forte qui a su s'imposer dans un milieu réservé aux hommes. »

« Tu as raison, je le sais. »

« Ne doute pas de toi et de tes capacités car tu es bien plus compétente que certains de ces Messieurs soi-disant respectables. »

Elle baissa un peu la tête, toujours un peu gênée quand Sully lui parlait avec autant d'amour.

Elle finit par se lever et faire semblant de fouiller dans leur sac pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur.

Sully s'était rendu compte de son émoi car il savait qu'elle était bouleversée. Il ne voulait pas la voir abandonner son métier aussi facilement.

Il avait eu besoin de lui dire tout ça.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

« Je cherche quelque chose. »

« Ce ne serait pas ça que tu cherches. » Dit-il, en brandissant devant ses yeux sa brosse à cheveux. « Je l'avais cachée dans mes sacoches pour pas que tu me la prennes. »

Il la conduisit devant le feu pour le voir mieux, la fit asseoir, alors qu'il s'installait à ses côtés.

Il replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille tendrement.

« J'adore ta chevelure. J'aimerai effectuer cela tous les jours. » Dit-il en commençant à brosser tendrement. « Ils sont si doux et ils sentent si bon. Tes cheveux sont magnifiques autant que toi. »

Elle était un peu gênée par ses paroles, mais en même temps, elle se sentit bénie de Dieu de l'avoir auprès d'elle.

Elle était sûre d'être aussi rouge qu'une pivoine.

Elle était tellement timide par moments.

Il laissa la brosse de côté et déposa un baiser sur sa joue et commença à descendre dans son cou.

Il la chatouilla délicatement.

Elle appréciait ses attentions et en profitait au maximum.

« Je t'aime. » Lui dit-elle.

« Je t'aime aussi. »

Il l'embrassa encore plus profondément et en profita pour la coucher sur le matelas qu'il avait déposé là, se laissant emporter par sa passion pour sa femme.

« Tu as faim ? » Lui demanda-t-il, reprenant pied dans la réalité.

« Peut-être. »

Elle roula des yeux pour lui faire comprendre qu'elle avait peut-être faim de nourriture ou peut-être d'autres choses.

Il alla chercher un petit bout de tarte aux pommes que Colleen avait préparé pour eux.

Comme d'habitude, elle se laissa séduire par ce dessert si savoureux. Sully la regarda se régaler.

Il avait volontairement interrompu leur moment coquin car il s'était convaincu qu'il avait tout son temps pour l'aimer.

Mais elle, elle regrettait que Sully n'ait pas un peu plus poussé son jeu de la séduction.

Elle réalisait qu'elle avait besoin de vivre un moment tel que celui-ci avec son mari.

Après les attentions peu appropriées de cet homme qui l'avait harcelé, l'amour de son époux et sa tendresse étaient tout ce dont elle avait envie.

Elle en avait véritablement besoin. C'était même presque vital.

Alors, ce fut à son tour de le séduire.

Elle releva ses cheveux et l'embrassa dans le cou.

Il appréciait ce contact et en était heureux. Mais il doutait toujours.

Était-ce le bon moment ?

Peut-être.

Pourquoi n'avait-il pas pu plus prouver à sa femme son amour ? Leur mariage s'était fait dans l'urgence.

Leur lune de miel avait été écourtée parce qu'ils devaient se préoccuper de Colleen. Heureusement, il avait trouvé le moyen d'être avec elle.

Il se laissa charmer par son épouse et lui fit l'amour tendrement.

Enlacés, ils attendaient que leur respiration redevienne normale .

« Qu'avons-nous fait ? » Demanda-t-il.

« Rien de mal, Sully. »

« J'aurai dû te résister. »

« Oh non, alors. Je t'aime et j'en avais autant envie que toi. »

« Tu n'es pas raisonnable ! »

« Si, je le suis. Je ne veux plus que mon mari se sentit inférieur aux autres hommes. Tu es différent et c'est pour ça que je t'aime si fort. »

Ce fut à son tour de baisser les yeux et de se sentir embarrassé.

C'était quelque chose qu'il n'avait pas assez entendu.

Son enfance avait été malheureuse, son adolescence, il l'avait passée en errance à la recherche d'une solution pour vivre par lui-même.

Et son début de vie d'adulte avait été marqué par la perte de sa première femme et de sa fille.

Tout ce qu'il avait vécu aurait pu décourager n'importe quel autre homme de fonder une famille.

Ça avait été son cas ! Mais Michaëla avait tout chamboulé dans sa vie à Colorado Springs.

Leur rencontre lui avait tellement apporté de choses !

Il avait fallu qu'il traverse beaucoup d'épreuves pour en arriver là et il espérait que le bébé qu'attendait Michaëla allait lui apporter le bonheur qu'il souhaitait plus que tout au monde et auquel il avait droit.

Revenu au présent, il se tourna vers sa femme et l'embrassa tendrement, comme pour la remercier d'exister.

Elle savait à quoi il avait pensé mais elle ne pouvait engager la conversation sur ce sujet-là car elle savait qu'il ne pouvait pas en parler.

Elle le fit revenir au présent en prenant sa main pour la poser délicatement sur son ventre.

Elle aussi était heureuse de l'avoir rencontré car il avait tout chamboulé dans sa vie.

Le bébé bougeait dans son ventre à ce moment-là.

C'était une bénédiction de porter la vie.

Elle ne savait pas si lui pouvait le sentir remuer de l'extérieur mais elle savait qu'il serait content de connaître le moindre mouvement de leur bébé.

Il l'embrassa sur la joue pour lui faire comprendre qu'il était heureux qu'elle le fasse participer.

« Que dirais-tu d'une petite promenade en amoureux ? J'aimerai te montrer un endroit. »

Ce devait être quelque chose qui lui tenait à cœur et qu'il avait gardé secret jusqu'à aujourd'hui.

Elle avait tout compris.

C'était important pour lui faire découvrir maintenant.

Elle se laissa conduire par son mari sans dire un mot.

Le moment était trop unique pour dire quelque chose.

Ce n'était pas loin mais si bien gardé !

Le paysage n'avait pas été touché par l'Homme, cela se voyait. Les herbes montaient haut et la vue qui s'offrait à eux était sublime. Les montagnes au loin semblaient se fondre au soleil.

Et il y avait une cascade qui s'écoulait le long des rochers pour retomber dans une rivière aux eaux claires.

Michaëla n'avait pas envie de s'approcher pour voir de plus près car elle se croyait dans un rêve.

Comment Sully avait-il connu cet endroit ? Il n'était pas difficile de le deviner !

Il entraîna sa femme avec lui, comprenant qu'elle était subjuguée par la beauté de ce lieu.

Il la fit asseoir au bord de l'eau et la laissa reprendre conscience de la réalité.

Ce partage avait beaucoup d'importance à ses yeux.

« Pourquoi aujourd'hui ? » Demanda Michaëla.

« Je ne sais pas. J'en avais besoin, je crois. »

« Moi aussi. Nous n'avons pas été ensemble souvent depuis notre retour. »

« Je savais que tu aurais moins de temps à me consacrer en revenant ici, je l'ai toujours accepté et je ne changerai ça pour rien au monde. »

Il commença à se déshabiller devant elle et se mit nu pour prendre un bain dans la rivière.

« Qu'est-ce que tu fais ? L'eau doit être encore froide ! »

« Mais non, elle est bonne et relaxante. »

Elle enleva ses bottines pour tester la température de l'eau.

« C'est vrai qu'elle est excellente. »

« Alors, viens me rejoindre ou je te jette à l'eau toute habillée ! »

Amusée par le défi de son mari, elle eut vite fait de se mettre en sous-vêtements.

Elle le voyait nager, complètement à l'aise dans sa nudité et elle l'enviait pour cette facilité qu'il avait à être aussi libre. Elle, elle avait toujours du mal à se mettre nue devant lui, et pourtant, elle se surprenait elle-même de son manque de retenue par moments.

Sully connaissait la lutte qu'elle menait. Si seulement ses mots avaient un impact sur elle et que cela changeait son point de vue !

Il n'y avait qu'une seule solution. Il sortit de la rivière et se rapprocha d'elle.

Il l'attira contre sa peau et lui enleva ses sous-vêtements en attendant sa réaction.

Cette dernière ne se fit pas attendre. Elle rougit immédiatement.

« C'est moi, Michaëla. »

Cette phrase était tout ce dont elle avait besoin pour se sentir mieux. Elle se glissa à son tour dans l'eau, se sentant bien.

Sully savait que leur temps ensemble touchait à sa fin car lui-même avait aussi des obligations à respecter et il devait absolument être à la réserve le lendemain pour essayer de calmer le général Custer.

Michaëla aussi en était consciente mais elle savourait cet instant.

Elle pressentait un moment douloureux à venir pour l'avenir des Indiens.

Mais elle préférait oublier ce qu'elle ressentait à ce moment-là pour se concentrer sur son mari.

Justement, elle le voyait nager autour d'elle en l'éclaboussant au passage.

Au troisième éclaboussement, elle réussit à le retenir par les épaules et plonger sa tête dans l'eau. Puis, elle se mit à suivre son jeu et à nager avec lui.

Ce jeu amoureux facilita les caresses et les baisers entre eux deux.

Complètement sous le charme l'un de l'autre, ils finirent par s'unir pour une danse de l'amour très unique.

Après ce moment intime et réjouissant, ils sortirent tous les deux pour se sécher.

« Combien de temps allons-nous pouvoir profiter d'un instant comme ça tous les deux ? »

« Pourquoi tu dis ça, Michaëla ? »

« Je suis enceinte, je te le rappelle. Je vais bientôt devenir aussi grosse qu'un éléphant ! »

« Je vois ce que tu veux dire. Mais tu ne seras jamais grosse, juste enceinte. Il risque de devenir difficile pour toi de te déplacer, c'est tout. Mais nous pouvons toujours nous organiser des petits moments en amoureux à la maison. »

« Oh non, tu n'en auras pas envie. »

« Si, j'en aurais toujours envie. »

Elle fit la moue, pas convaincue par les paroles de son mari.

Enveloppée dans sa couverture, elle s'éloigna d'elle-même, ne voulant pas montrer sa déception.

Mais il n'était pas déçu !

« Tu seras toujours la même à mes yeux, n'en doute pas. »

Il alla vers elle et la tourna vers lui pour pouvoir plonger son regard dans le sien.

« C'est la vérité. »

« Ne te moque pas de moi. »

« Je ne me moque pas. Que faut-il que je fasse pour que tu me crois ? J'ai toujours trouvé les femmes enceintes très séduisantes et ce sera ton cas à toi aussi. »

« Je ne sais pas si tu le penses vraiment mais c'est très gentil à toi d'essayer de me rassurer. »

Il comprit pourquoi et que quoi qu'il dise, il ne parviendrait pas à lui faire comprendre qu'elle resterait éternellement une femme belle. Alors, il préféra se taire et laisser le temps de lui montrer que ses paroles n'avaient pas été vaines.

Il l'obligea à se lever et l'entraîna vers le chariot.

Il était temps de rentrer à la maison pour retrouver les enfants. Cependant, Sully avait un autre idée en tête.

« J'aimerai que tu m'accompagnes à la réserve demain ? »

« Pourquoi ? Quelqu'un est malade ? »

« Non. Mais je pense que Oiseau Blanc serait heureuse d'avoir ta compagnie. »

« Qu'essaies-tu encore de faire, Sully ? »

« Rien. Je suppose que la ville peut se passer de toi un jour de plus. Je préviendrais Matthew demain. »

« D'accord. »

Michaëla se réjouissait de voir sa meilleure amie Cheyenne le lendemain. Depuis son retour, elle n'avait pas pu rendre visite à ses amis Indiens, ni discuté avec eux.

Elle voulait savoir ce qu'il s'était passé pour eux durant leur longue absence.

Sully avait réussi à s'absenter sans que Hazen ni Custer ne lui demande de compte, mais il s'était quand même inquiéter de leur sort.

Michaëla comprenait son besoin de partager avec eux leur bonheur de bientôt devenir parent. Elle en ressentait elle-même le besoin.

C'était une très bonne idée de leur rendre visite le lendemain. Elle se rhabilla en pensant au bon moment qu'ils allaient passer.

Sully l'observa, content d'avoir trouvé le moyen de passer du temps avec elle.

Il l'aida à monter sur le chariot pour se diriger vers la maison et retrouver leurs enfants.

Michaëla se sentait heureuse de les revoir, comme si cela faisait une éternité qu'elle ne les avait pas vus.

Ils étaient tous là, entourés de Dorothy, et ils se réjouirent de voir le sourire qui affichait Michaëla en arrivant.

Ils avaient été convaincus dès le début que c'était ce qu'il fallait à leur mère et ils ne s'étaient pas trompés.

Michaëla les embrassa l'un après l'autre, se sentant différente de quand elle était partie le matin-même.

Tous savaient comment elle avait été marquée par ce qu'il s'était passé avec le Docteur Williams. Alors, la voir se remettre était une bénédiction.

Elle rentra avec eux et invita même sa meilleure amie journaliste à partager le dîner avec elle.

Michaëla se sentait renaître avec un tel instant et se dit que le lendemain allait l'aider à se sentir encore mieux.

Dorothy était heureuse d'avoir eu cette idée de proposer son aide à Sully pour lui offrir une telle complicité.

Elle la remercierait plus tard.

Pour une fois, grâce à la présence de Dorothy, Sully avait pu s'asseoir près de sa femme et poser sa main autour d'elle pour la rapprocher de lui.

La journaliste partit juste après ce tendre moment passé, plus que soulagée !

Sullly prit Matthew à part afin de lui parler de leur visite du lendemain à la réserve.

« Tu préviendras les potentiels patients du Docteur Mike. Nous allons à la réserve et ta mère s'inquiétait pour eux. »

« Ne t'inquiète pas, Sully. Horace a déjà contacté le Docteur Bernard, il ne va pas tarder à arriver pour aider maman. »

« Merci. » Dit Sully, ému en entendant Matthew appeler Michaëla « maman », car cela n'arrivait que très rarement.

Il lui serra la main et s'éloigna pour rejoindre son épouse.

Elle lui sourit dès qu'il fut près d'elle. Elle semblait enfin être redevenue elle-même.

Il se demandait se cela n'était que temporaire ou si cela allait durer.

Il essaya de balayer ce doute.

Il voulait plus que tout se consacrer à son épouse et être auprès d'elle afin de lui prouver son amour.

Il avait besoin d'être auprès d'elle.

Il avait tellement envie de continuer à faire des promenades avec elle, comme ils l'avaient fait à Boston.

Il s'était couché avec ce besoin et le lendemain, il se leva de bonne heure pour lui apporter le petit-déjeuner au lit.

Il avait réussi à se lever discrètement sans que Michaëla s'en rende compte. Il poussa la porte et la vit encore endormie. Elle était tellement belle quand elle dormait.

Il avait croisé les enfants en descendant. Ceux-ci avaient compris qu'il ne fallait pas faire bruit.

Sully n'était pas pressé de partir à la réserve.

Ce qui était bien avec son travail, c'était qu'il n'avait pas d'horaires fixes à respecter.

Aussi, quand il vit qu'elle dormait encore, il prit la décision de la laisser encore un peu pour voir si elle se réveillait toute seule. Mais il n'eut pas besoin d'attendre, car elle ouvrit les yeux d'elle-même.

« Sully, quelle heure est-il ? » Demanda-t-elle d'un ton groggy.

« Vers neuf heures. »

« Si tard ! Pourquoi tu ne m'as pas réveillée ? »

« Tu avais besoin de dormir et tu en auras encore plus besoin dans les mois à venir. »

Elle hocha la tête, incapable de le contrarier.

Elle s'habilla et déjeuna en compagnie de Sully.

Puis, ils descendirent et elle eut même le temps de saluer les enfants qui s'étaient tous attardés pour l'embrasser.

Malgré son inquiétude concernant leur retard à l'école, elle était heureuse de les avoir auprès d'elle.

Elle les regarda partir et se sentie bénie de Dieu.

Sully la regarda réagir avec attention.

Il prépara le chariot et l'aida à s'installer pour son confort.

La réserve leur parut très accueillante dès leur arrivée. Oiseau Blanc et Nuage Dansant vinrent les embrasser tout de suite. Cela faisait un moment que les quatre amis n'avaient pas été réunis.

Michaëla se souvenait de ce qu'avait dû subir Oiseau Blanc et Nuage Dansant par le passé et elle les enviait pour avoir réussi à s'en sortir aussi soudés que ça.

Sans savoir pourquoi, Michaëla posa la main sur son ventre avec l'envie de partager leur bonheur de bientôt devenir parents.

Elle voulait les voir proches de leur bébé dans l'avenir.

Pourrait-elle les voir jouer ce rôle auprès de son enfant à venir ?

Elle l'espérait mais elle savait aussi que leur avenir était incertain. Elle balaya cette question en se laissant entraîner par Oiseau Blanc dans le tipi qu'elle partageait avec Nuage Dansant.

« Alors, Michaëla, comment allez-vous ? »

« Très bien. Comme vous pouvez le voir, j'attends un bébé ! »

« Nuage Dansant m'en a informée. »

Les hommes entrèrent à ce moment-là dans le tipi et s'approchèrent de leur femme respective.

Sully passa sa main autour des épaules de son épouse alors que Nuage Dansant se rapprochait de la sienne.

« Même si tu m'avais prévenu, Sully, votre visite nous fait plaisir ! »

« Tu l'avais prévenu ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? En fait, tu t'es débrouillé pour que je te réponde oui. »

« Tu m'en veux ? »

« Non, je ne t'en veux pas. Tu as juste voulu passer plus de temps près de moi, je crois. »

Sully baissa un peu la tête face à cette déclaration.

Nuage Dansant et Oiseau Blanc les observaient.

Les avoir près d'eux ce jour-là, pouvoir passer du temps avec eux, les admirer pour le lien qu'ils avaient entre eux leur faisait du bien.

Nuage Dansant avait bien remarqué que Custer préparait quelque chose mais il n'en parlerait pas encore à Sully, car avant cela, il devait vraiment savoir de quoi il s'agissait.

En attendant, il laissa ses amis se confier sur leur voyage à Boston. Michaëla semblait contente d'avoir enfin pu retrouver sa mère.

Et Sully appréciait les moments partagés avec Michaëla, malgré les circonstances dans lesquelles s'étaient déroulées ce voyage.

Nuage Dansant pensait que leur séjour à Boston avait été bénéfique au couple et que cela les avait soudés.

Il entraîna Oiseau Blanc à l'extérieur pour les laisser seuls dans le tipi.

« Tu vas me dire que tu avais aussi prévu cela ? »

« Peut-être. » Dit Sully, se sentant pris au piège.

« Tu m'as vraiment emmenée ici pour passer plus de temps avec moi. »

« Tu y vois un inconvénient ? »

« Non, c'était juste une remarque. Dois-je m'attendre à d'autres surprises comme celle-ci ? »

« C'est possible. »

« Pas d'enfants. Pas de clinique. Pas de patients. C'est ce que tu voulais, n'est-ce pas ? »

« Tu commences à bien me connaître ? »

« Je n'aurais pas d'excuses. »

« Non. Tu n'aurais pas d'excuses. »

Il se rapprocha d'elle. Être dans l'intimité du tipi leur permettrait de s'embrasser comme ils le voulaient, se caresser comme ils le souhaitaient et profiter l'un de l'autre.

Michaëla plongea sa main dans les cheveux de Sully et profita de son amour.

Elle avait besoin de lui.

Ce petit moment d'intimité fut brisé par l'arrivée de Custer. Il cria en arrivant.

« Où est l'agent Sully ? »

Sully sortit du tipi, accompagné par son épouse.

Il affichait un air contrarié et Michaëla sentit la tension qu'il avait.

Elle se serra contre lui, au lieu de s'éloigner pour lui faire comprendre qu'il ne devait pas trop se mettre en colère.

« J'aurai dû me douter que vous seriez enfermés dans ce tipi avec votre fiancée plutôt que de surveiller les Indiens. Oh, mais je vois que vous êtes enceinte. Vous vous isolez pour faire un bébé à votre fiancée avant votre mariage. »

« Nous sommes mariés ! » Intervint Michaëla.

« Peu importe. Votre mari a d'autres choses à faire que de passer du bon temps ici, alors qu'il est sensé travailler ! »

« Je vous rappelle que c'est mon jour de congé, dit Sully. Et j'ai le droit de faire ce que je veux, où je veux, avec qui je veux ! Et ce n'est pas vous qui m'en empêcherez ! D'ailleurs, que faites-vous ici et que me vouliez-vous ? »

« Je venais vérifier ! »

« Vous n'avez rien à faire ici, alors ! »

« Je reviendrai demain. »

Sully fut soulagé de se débarrasser de Custer, même s'il pressentait qu'il créerait forcément d'autres problèmes.

Michaëla sentait encore la tension qui émanait du corps de son mari et le laisser se calmer tout seul. Il le fit rapidement, afin de rassurer sa femme, qui semblait avoir compris son état d'esprit même si elle ne disait rien.

Il était important pour lui faire rejaillir sa colère sur elle. Elle n'avait pas besoin de ça.

Il la serra contre lui.

Elle en profita pour l'entourer de ses bras, afin de lui apporter le réconfort qu'il demandait silencieusement.

C'était souvent lui qui jouait ce rôle-là.

Sully se reprit et prit un visage impassible devant sa femme, mais il était trop tard.

Nuage Dansant arriva après les avoir observés silencieusement.

« Tout va bien? »

« Oui. »

Sully avait balayé la question de son frère Cheyenne aussi vit qu'elle avait été posée.

Apparemment, il voulait oublier l'apparition de Custer et ses possibles conséquences.

Michaëla ne savait plus comment agir avec son mari.

Nuage Dansant les laissa à nouveau seul en regardant Sully fixement.

Il redevint lui-même enfin et entraîna à nouveau sa femme dans le tipi.

Il la rapprocha de lui et recommença à l'embrasser sans avoir l'envie de pousser plus loin.

Michaëla s'allongea sur la couverture disposée par les soins des Indiens. Elle prit la main de Sully et la posa sur son ventre.

Irrésistiblement, il s'allongea à ses côtés.

Son autre main vint lui caresser le visage.

« Je suis désolé, Michaëla. »

« Pourquoi ? »

« De mettre mis en colère contre Custer. C'est ce qu'il cherche, et, à chaque fois, je rentre dans son jeu. »

« Cet homme ne devrait plus être dans l'armée depuis quelques mois. Oublies-le, Sully ! »

« Tu as raison. »

A nouveau, il profita de l'avoir auprès de lui. Sa main posée sur le ventre de sa femme se faisait plus caressante.

Il l'observait tout en continuant son manège amoureux qui pouvait conduire à d'autres confidences plus coquines.

Elle attrapa sa tête et lui donna un long baiser langoureux. Ses courbes féminines le fascinaient sans même qu'elle se soit mise nue devant lui.

« Je t'aime. » Lui dit-elle.

« Moi aussi. »

Elle commença à se déshabiller mais il l'arrêta.

« Non, Michaëla ! »

« Pourquoi ? Je veux faire l'amour avec toi, Sully. »

« Et moi, je ne veux pas. Tu attends un bébé, il faut faire attention ! »

« Sully, le médecin te dit que nous pouvons encore faire l'amour et que cela ne fait aucun mal à notre bébé.

Elle chercha sa trousse et prit son stéthoscope pour faire écouter le cœur de l'enfant à Sully.

« Tu vois, il ou elle va bien. »

« Michaëla, tu n'es pas raisonnable. J'aimerai tellement être sûr qu'un remplaçant va venir t'aider. »

« Sully, je sais que le docteur Williams n'était pas sérieux mais j'ai quelque chose à te dire à son sujet. »

« Nous n'avons pas besoin d'en parler ! Cet homme-là ne compte pas dans nos vies. »

« C'est ce que tu crois ! »

« Que veux-tu dire ? »

« Je m'en suis rappelée hier seulement mais je l'ai connu dans le passé ...

… Je l'ai rencontré à Boston grâce à ma mère. »

« C'était juste un ami ? »

« Non. En tout cas, pas à ses yeux. Et moi, j'étais flattée par ses avances et par son soutien. C'était le seul homme qui s'intéressait à moi après David et j'essayai de me remettre de sa disparition. »

« Tu as accepté de passer du temps avec lui, de dîner avec lui mais rien de plus ! »

« Non, rien de plus. Mais lui, il a commencé à me harceler pour que je réponde à ses avances. »

« Et il t'a cherchée pendant toutes ces années avant de te retrouver ici. Tu crois qu'il t'a reconnue ? »

« Je suppose que oui, mais il n'a pas voulu que tu le saches. »

« Ne te tracasse pas pour lui, Michaëla. »

« Je voulais simplement que tu apprends la vérité. J'aurai dû te le dire bien avant. Toujours ma fierté ! Je pense toujours que je peux m'en sortir par moi-même ! »

« Ce n'est pas grave. Cet homme va finir ses jours en prison. Le reste n'a pas d'importance. »

Toujours nue devant son mari, Michaëla était soulagée d'avoir enfin réussi à leur ouvrir son cœur. Tous ces souvenirs, elle avait voulu les garder enfouis en mémoire.

Sully ne pouvait pas lui en vouloir car il avait aussi caché des choses pendant longtemps.

Il posa une couverture sur sa femme qui était en train de s'endormir afin qu'elle n'ait pas froid.

Sully sortit à nouveau du tipi, aussitôt rejoint par Nuage Dansant.

« Elle t'a parlé ? »

« Oui, comment sais-tu ? »

« Les Esprits. Il y avait un nuage au-dessus de sa tête et il est en train de s'éloigner grâce à toi. »

« Comment ça s'est passé ici pendant notre absence ? » Demanda Sully.
« Plutôt bien. J'ai même réussi à obtenir la permission de venir à Boston. »
« Ne me mens pas, Nuage Dansant. »
« D'accord. Custer a essayé de prévenir Hazen pour te licencier mais il n'a pas réussi car tu as disposé d'une bonne aide. »
« Je ne sais pas s'il ne réussira pas un jour et, dans ce cas-là, celui qui me remplacera ne sera pas aussi ami avec vous. »
« Je prie les Esprits pour que tu puisses continuer à nous aider aussi longtemps que possible. Où est Michaëla ? Elle semblait inquiète pour toi tout à l'heure, quand Custer est arrivé. »
« Elle s'est endormie. Tu me dis qu'elle était inquiète ? Je suppose qu'elle a eu peur que ça dégénère entre vous. »
« Je sais qu'elle a compris que j'étais en colère et prêt à me battre avec lui car elle m'a fait comprendre que ça n'en valait pas la peine. Mais je ne pensais pas que c'était à ce point-là. J'ai pourtant essayé de lui cacher. »
« Tu ne peux pas cacher de telles choses à ta femme parce qu'elle te connaît bien. »
« Oui,tu as raison. Où est Oiseau Blanc ? »
« Elle discute avec une autre femme. Je crois que tu ferais bien de rejoindre la tienne. »
« Merci de m'avoir tenu au courant ! »
Nuage Dansant avait bien fait de lui dire de rejoindre Michaëla parce que celle-ci ouvrait les yeux et le cherchait partout.
Elle était d'ailleurs sur le point de l'appeler quand il est entré dans le tipi.
« Je n'étais pas loin, Michaëla. Je discutai avec Nuage Dansant pour savoir comment ça s'est passé pendant mon absence. »
« Custer a fait des bêtises ? »
« Il aurait pu mais je pense que le Président Grant est intervenu en ma faveur. »

 

« Je préfère cela. »
« Michaëla, je sais que tu as peur que je fasse quelque chose de mal et que je finisse par aller en prison mais je ne ferai rien d'illégal car, je suis comme toi, je ne peux pas être séparé de toi maintenant que je t'ai trouvée. »
Elle fut rassurée par ses paroles mais elle savait très bien qu'il ne pourrait pas rester sans rien faire pendant que ceux qui l'avaient recueilli se faisaient tuer.
Il déposa un baiser sur sa joue et sur son front, avec l'envie, comme toujours, de la protéger et de la garder dans ses bras pour l'éternité.
Mais une fois de plus, ils furent interrompus par Nuage Dansant qui venait les chercher pour les inviter à partager leur repas.
Sully savait que Michaëla avait du mal à accepter de le faire car elle connaissait les difficultés des Cheyennes pour se nourrir.
« Nous aimerions que vous partagiez notre repas. »
« Nuage Dansant, nous ne pouvons pas accepter de manger avec vous. Nous ne voulons pas vous priver de nourriture pour les jours à venir. »
« Nous avons obtenu le droit de chasser du gibier, de sorte que nous pouvons vous offrir de partager avec nous. »
Nuage Dansant avait su d'emblée qu'elle n'accepterait que dans cette condition-là.
De plus, il ne lui avait pas menti.
Sully fut heureux de voir que Nuage Dansant avait trouvé de quoi encourager sa femme à accepter car il était bien placé pour savoir combien elle était têtue.
Une sorte de table avait été dressée à même le sol.
Michaëla s'assit au sol avant que Sully ne la convainque de s'asseoir un tronc de bois.

 

Il ne lui avait rien dit quand il l'avait vue faire mais il s'était promis de l'aider à se relever plus tard.

La convivialité des Cheyennes fut ce qui surpris le plus Michaëla, même si elle devait admettre que ce n'était pas la première fois qu'elle s'en apercevait.

Les sourires des personnes formant le peuple réunies autour d'eux leur laissaient penser qu'ils n'avaient aucun souci avec l'Armée, alors que ce n'était pas le cas.

Sully semblait se réjouir de pouvoir partager un tel repas avec ceux qui l'avaient recueilli.

Michaëla savait quels sentiments cela emmenait chez Sully.

Le repas se termina dans la même ambiance qui avait commencé et Sully proposa ensuite à sa femme de rentrer à la maison.

Elle accepta et monta dans le chariot sans aide car elle avait déjà trouvée suffisante son aide pour se relever après le déjeuner.

Il claqua les rênes et fit avancer les chevaux sur le chemin, en espérant se faire pardonner.

Pourquoi n'acceptait-elle jamais de se faire aider ?

Des fois, elle l'énervait au plus haut point quand elle voulait absolument se débrouiller toute seule.

En voyant l'air contrarié de sa femme, il tira sur les rênes et s'arrêta en plein milieu du chemin du retour.

Il était déçu que leur temps ensemble se finisse dans ce silence boudeur qui ne leur ressemblait ni à l'un ni à l'autre.

« Sully, qu'est-ce que tu fais ? »

« Il faut que nous parlions ! »

« Ne pouvons-nous pas finir de rentrer à la maison avant cela ? »

« Non. C'est maintenant qu'il faut parler ! Tu es fâchée depuis que je t'ai aidée à te relever. Tu ne trouves pas normal que je m'inquiète pour toi ? »

 

 

« Si bien sûr que si. Mais tu sais comment je suis. J'aime me débrouiller par moi-même et cela ne m'a pas plu. »

« Je suis désolé, Michaëla, mais je tiens à toi et il m'est impossible de ne pas veiller sur toi parce que je t'aime et que je veux que tu ailles bien. »

« Pourquoi j'oublie toujours que tu t'inquiètes pour moi ? »

« Tu n'oublies pas, Michaëla. »

« Des fois, j'ai l'impression de ne penser qu'à moi sans réaliser que cela peut avoir un impact sur toi. »

« Mais non, ma chérie. Je sais à quel point ton métier et tes patients ont de l'importance pour toi et il n'a jamais été question que je te détourne de ça. »

« Seulement, il est temps que je pense aussi à notre bébé. Alors, je vais faire en sorte de me reposer un peu plus et de te consacrer plus de temps. »

Il plaça sa main sur son ventre après l'avoir encouragée à s'asseoir entre ses jambes.

« Notre bébé, Michaëla. »

« Notre bébé », répéta-t-elle.

Sully avait enfin compris que Michaëla tiendrait sa promesse de réduire ses heures de travail et ils reprirent le chemin de la maison. Le reste du trajet se passa dans le silence complet car ils n'avaient plus besoin de se parler pour se comprendre.

Les enfants furent à nouveau heureux de les revoir, d'autant plus que Colleen avait préparé leurs tartes favorites pour le dîner.

En sentant cette odeur délicieuse, Michaëla eut tout de suite l'eau à la bouche.

Sully comprit en la regardant qu'elle était en train de développer par les mêmes goûts que lui pour les tartes et cela n'était pas pour lui déplaire.

 

Elle était en train de se diriger vers la cuisine quand Colleen l'arrêta en insistant pour continuer à s'occuper toute seule du repas.
Cela leur laissait un aperçu de la grossesse de Michaëla. Les enfants feraient tout pour qu'elle se repose.
Encore une chose qui n'était pas pour déplaire à Sully !
Michaëla le regarda quand elle s'installa autour de la table et elle put apercevoir une lueur de satisfaction dans ses yeux.
Elle lui sourit pour essayer de cacher sa contrariété mais il ne fut pas dupe.
Le soir se passa ainsi.
Matthew fut aussi heureux de leur annoncer l'arrivée du Docteur Bernard le lendemain.
Michaëla fut un peu anxieuse de le rencontrer car elle se rappelait quel désastre avait emmené le Docteur Williams.
Ne connaissait-elle pas assez le Docteur Bernard pour ne pas penser à ça ?
Sully était à deux doigts d'intervenir pour la rassurer.
D'ailleurs, quand il vit que Colleen s'occupait de la vaisselle, il entraîna sa femme, après leur avoir fait dire au-revoir aux enfants.
Quand ils atteignirent la chambre, il la fit entrer et referma la porte derrière lui.
« Sully... »
« Je ne veux pas que tu recommences à t'inquiéter à cause d'un docteur. Tu le connais, il ne te fera aucun mal. »
« Ce n'est pas ce qui m'inquiète, Sully. Je doute simplement qu'il veuille travailler avec une femme. Horace n'avait aucune raison de cacher ton prénom. »
Michaëla ne fut pas convaincue mais ne lui en fit pas part car elle savait ce qu'il dirait.
 
Le lendemain, ils se rendirent à la clinique ensemble.
Michaëla fut accueillie par ses amis qui l'attendaient avec impatience, comme s'ils s'étaient tous du souci pour elle.
Elle en fut bouleversée même si elle essayait de le cacher.
Le Docteur Bernard venait d'arriver par le train qui avait de l'avance et il fut surpris de voir que sa consœur comptait autant d'amis dans cette petite ville.
Il en avait entendu parler par son associé, le Docteur Cassidy, qui n'avait pas une bonne opinion des femmes médecins.
Son associé lui avait fait part de la pauvre clientèle de Michaëla, en ajoutant qu’elle avait très peu d'amis en ville.
Il avait tout simplement menti car il ne supportait pas qu'une femme médecin soit meilleure que lui.
« Bonjour, Docteur Quinn. »
« Docteur Bernard. Nous étions en retard ce matin, je vous prie de m'excuser. »
« Non, mon train avait de l'avance. Ne vous excusez pas. Puis-je entrer avec vous dans la clinique ? »
« Si vous le permettez, j'aimerai rentrer avec vous et parler avec vous. »
« Vous êtes son mari, je suppose ? Alors, vous êtes le bienvenu. »
Sully sourit face à l'attitude peu habituelle du médecin qui contrastait réellement avec le précédent remplaçant de sa femme.
Avec celui-là, il savait avec certitude que tout se passerait bien.
Asseyez-vous pour que nous parlions un peu de vos horaires pour les mois à venir. » Proposa-t-il à Michaëla.
Elle le remercia en hochant la tête.
« J'aimerai travailler que le matin. »
« D'accord, cela me va parfaitement. Étant un spécialiste des femmes, j'aimerai beaucoup m'occuper de votre cas. »
 
« Nous serions plus que rassurés si vous le faisiez. Je suis rassuré de savoir comment vont mon enfant et ma femme. »
« Je le sais, Sully. Si jamais vous avez besoin d'aide pour la matinée, je ne serai jamais loin. »
« Merci, docteur. »
« Ce matin, par exemple, j'aimerai vous observer, qu'en pensez-vous ? »
« D'accord. »
Sully se sentit de trop et décida de se rendre à la forge, car il voulait rester près de sa femme, et déjeune avec elle.
RobertE l'accueillit avec plaisir.
« Comment ça va ? »
« Ça peut aller. Michaëla a repris le travail aujourd'hui en compagnie du Docteur Bernard. »
« Elle va bien? »
« Aussi bien que possible ! J'avoue être rassuré que ce docteur soit plus gentil que l'autre ! S'il voit qu'elle est fatiguée, il va la faire arrêter de travailler. »
« C'est bien. Elle n'est pas trop choquée ? »
« Elle l'a été mais j'ai trouvé un moyen pour lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas tout abandonner à cause d'un imbécile. »
« Je vois que tu as réussi à la convaincre. Et toi, comment tu as réagi face à ce médecin ? »
« Moi ? »
« Oui, toi ! Tu as bien ressenti quelque chose face à cette agression ? »
« L'essentiel est que Michaëla s'en soit remise, même si je pensais que ce serait difficile de la sortir de ces pensées-là. »
« Ce n'est pas ce que je te demande, Sully. Je te demande ce que toi, tu as ressenti. »
« J'ai été déçu de voir que les hommes n'avaient pas changé d'avis sur les femmes médecins, et qu'un homme que Michaëla a toujours détesté puisse croire qu'il peut la séduire, rien qu'en lui accordant de l'attention. »
 
« Tu as toujours eu peu de ne pas être à la hauteur de ta femme, de ne pas avoir quoique ce soit d'autre que ton amour à lui offrir. Quand cesseras-tu de penser à ça ? Ta femme t'aime pour ce que tu es. Ça se voit dans son regard. »
« Tu as raison. »
Le reste de la matinée se passa dans le silence, comme si les deux hommes étaient tous les perdus dans leurs pensées.
Michaëla fut heureuse de retrouver son mari pour un déjeuner en amoureux avec lui, car il lui avait manqué durant la matinée.
Sully put s'en apercevoir quand elle l'accueillit en se jetant dans ses bras.
Il déposa un baiser discret sur son front, un peu surpris qu'elle se comporte ainsi en public, car il était clair que les habitants les avaient vus.
Sur le moment, cela n'avait aucune importance aux yeux de Michaëla.
Mais, quand elle se rendit compte de ce qu'elle avait fait, elle se mordit la lèvre d'embarras.
Sully la fit asseoir à la table qu'il avait choisi, un peu à l'écart des autres et fit immédiatement signe à Grace, afin qu'elle vienne prendre leur commande.
« Bonjour. Le plat du jour ? » Dit-elle tout sourire.
« Oui, Grace. Merci. » Lui répondit Sully.
Michaëla n'était pas intervenue, encore embarrassée de s'être comportée ainsi avec son mari.
En voyant l'air un peu contrariée de son amie, Grace prit sur elle de s'asseoir à côté d'elle et de lui prendre la main afin de la rassurer.
 
« Vous ne devez pas avoir honte de ce que vous avez ainsi. C'est beau de voir un couple se comporter ainsi. La plupart de vos amis est heureuse de voir que vous êtes si bien entourée ! »
« Je n'ai pas été élevée comme cela. »
« Pour une fois, docteur Mike, oubliez-la car vous êtes beaucoup plus libérée sans. »
Grace osait dire tout haut ce que Sully pensait tout bas.
Il avait eu presque envie de le dire à sa femme et il se sentait soulagé que quelqu'un d'autre le lui dise.
« Elle a raison, Michaëla. Je sais que tu n'aimes pas t'exposer mais personne ne peut t'en vouloir de te conduire de cette façon. Quand tu es arrivée ici, tu ne pensais même pas à te marier. Certains ne pensaient même pas que tu allais rester et te battre pour être reconnue en tant que médecin. »
Michaëla baissa la tête, toujours honteuse de son comportement. Rien ne pourrait la changer d'avis.
Grace les laissa pour aller s'occuper des autres clients.
Ce fut au tout de Dorothy de venir s'installer avec eux.
Volontairement, elle s'était installée proche d'eux et avait espionné la conversation entre Grace et eux.
Si elle pouvait faire comprendre à sa meilleure amie qu'elle devait être elle-même et qu'elle ne devait pas se soucier de l’opinion des autres.
Comme il s'y avait eu un accord entre eux, Loren fit immédiatement signe à Sully.
Le jeune homme se leva et alla rejoindre celui qu'il considérait comme son père.
« Grace a raison, Michaëla. »
« Vous avez tout entendu. »
« Oui. Je sais que j'ai un peu trop le don de m'occuper de ce qui ne me regarde pas, mais il faut que je vous le dise ...
 
… Sully est triste de vous voir réagir comme ça dès que vous vous sentez coupable de vous montrer amoureux. Pourquoi ne pas lui montrer que vous êtes très amoureuse de lui ? »
« Je l'ai déjà fait en passant ces derniers jours avec lui. »
« Cela ne suffit pas, Michaëla et vous le savez ! Regardez-le ! »
Michaëla posa son regard assis à côté de Loren, sans discuter avec lui et occupé à l'observer.
Dans le regard qu'il lui adressait, elle pouvait clairement lire son manque et son envie de la voir se libérer.
« Ma mère ne serait pas contente de me voir agir comme cela. »
« Oubliez votre mère, elle n'est pas là pour vous surveiller en permanence. Et puis, je me rappelle, elle était heureuse de vous voir si épanouie avec Sully. Elle souhaite votre bonheur, ne l'oubliez pas ! »
« Il est vrai qu'elle n'a pas fait de remarques sur Sully quand il me prenait dans ses bras. »
« Vous voyez, j'ai raison. »
« Oui. Mais cela ne m'empêche pas de me sentir honteuse quand je me comporte ainsi avec mon mari. »
Dorothy secoua la tête.
« Non. Vous n'en avez aucune raison. Tous les habitants savent que vous êtes enceinte et que ce bébé ne s'est pas fait en vous regardant l'un l'autre dans le blanc des yeux. »
« Dorothy ! »
« Ne soyez pas choquée ! Tout le monde sait comment on fait un enfant et cela depuis la nuit des temps ! »
Sully regardait encore Michaëla et vit que son visage était rouge, peut-être un peu honteuse de ce que sa meilleure amie lui avait dit.
Sully voulait retrouver sa femme et l'emmener à la maison, et ainsi l'embrasser comme tous les deux le souhaitaient.
 

Mais Loren retint encore Sully.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu es toujours en train de regarder ton épouse. »

Sully ne répondit pas. Il ne voulait pas que Loren croit qu'il surveillait les moindres faits et gestes de sa femme. Mais celui-ci avait tout compris.

« Arrête de t'inquiéter tout le temps ! Ce que tu as vécu une fois ne se reproduira pas ! »

« Pourquoi vous ?! »

Loren abordait un sujet dont Sully ne voulait et ne croyait pas qu'il lui parle de ça. Lui aussi avait souffert du décès d'Abigail. Justement, Loren pensait être le mieux placé pour lui en faire part et surtout pour le rassurer.

Par le passé, il avait assez accablé de reproches, alors qu'il n'avait aucune raison de le faire.

Aujourd'hui, il devait lui faire comprendre qu'il n'était en rien responsable de cela.

« Sully, tu ne dois pas penser au passé. »

« Et c'est vous qui me dites ça ? »

« Oui, je sais. Je l'ai fait moi aussi ! Mais je me suis aperçu que ça ne servait à rien. Vivre dans le passé ou avoir peur que certaines choses se reproduisent n'est pas une bonne solution. Tourne-toi vers le futur et l'avenir qui t'es offert avec le Docteur Mike. Elle t'aime et elle veut ton bonheur. »

Sully baissa les yeux devant son ex-beau-père qui comprenait si bien ce qu'il pouvait ressentir.

N'était-il pas temps qu'il dévoile un peu de ses craintes à sa femme ? Mais fallait-il vraiment qu'il lui dise ?

Il devait bien se l'avouer.

Il avait peur de lui dire, mais, en même temps, il devait bien reconnaître qu'il ressentait des sentiments qu'il n'avait jamais eu pour Michaëla.

 

Loren avait raison. Il n'avait pas à comparer Michaëla à Abigail car elles étaient tout simplement incomparables. D'ailleurs, c'est pour bien pour cela qu'il était tombé amoureux d'elle.
Il la vit se lever de table et il la rattrapa avant qu'elle ait l'idée de retourner travailler.
Elle accéléra le pas comme si elle ne voulait pas qu'il la rattrape.
« Michaëla ! » Appela-t-il.
Il courut pour la rejoindre.
Il la retint finalement par le bras et la retourna pour la regarder dans les yeux.
« Tu me fuis ? »
« Non, Sully. »
« Pourquoi tu as accéléré quand tu m'as entendu derrière toi ? »
« Je m'en veux ! »
« Pourquoi ça ? Il n'y a aucune raison pour toi de douter. »
Il s'approcha d'elle pour la prendre contre lui.
Pour une fois, elle ne lui refusa pas de le faire en public. Dorothy avait dû lui dire des choses qui l'avaient changé d'avis.
« Que dirais-tu de rentrer à la maison avec ton mari? »
« Je ne serai pas contre. »
Il la souleva pour l'aider à s'asseoir sur le chariot et monta à ses côtés.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent chez eux et se rendirent compte que ni l'un ni l'autre n'avait parlé durant le voyage.
Ils étaient tous les deux perdus dans leurs pensées, se remémorant leurs conversations avec leurs amis.
Sully pensait qu'il était peut-être temps qu'il dise à Michaëla les sentiments qu'elle lui inspirait.

 

Il la souleva pour rentrer dans la maison.
Après s'être occupé des chevaux, bien que sachant qu'elle était certainement fatiguée, il se décida à s'installer en face d'elle afin de lui parler à cœur ouvert.
« Loren m'a fait comprendre et prendre conscience d'une chose importante qu'il faut que je te dise. »
« Que se passe-t-il ? »
« Je veux que tu saches que je tiens à toi d'une façon particulière. Je n'ai jamais eu les sentiments que j'ai pour toi pour Abigail. »
Michaëla ouvrit la bouche, prête à intervenir, mais Sully l'en empêcha.
« Je n'ai pas fini. Je ne veux pas vivre dans le passé mais regarder vers l'avenir. »
« Tu ne l'as pas fait depuis que nous sommes mariés. »
« Je l'ai fait mais tu ne le savais pas. Quand nous sommes rentrés de Boston, il y a quelques jours, j'ai tout revécu. Le fait que tu sois malade pendant notre voyage de retour m'y a fait penser. »
« Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? »
« Je ne voulais pas que tu le saches. Tu aurais pu penser que j'avais peur pour toi, ce qui était vrai ! »
« Il ne m'arrivera rien, Sully. »
« Nous ne pouvons pas en être sûrs ! »
« Mais nous ne pouvons pas vivre cette grossesse avec la peur que quelque chose arrive. »
« Non, tu as raison. »
« Sully, je ferai le nécessaire pour que tout se passe bien et je me reposerai dès que je me sentirai fatiguée. »
Il acquiesça, sachant d'emblée qu'il faudrait qu'il lui rappelle qu'elle avait fait cette promesse. Elle se leva de son fauteuil et vint s'asseoir sur ses genoux.

 

« Je t'aime, Sully. »
« Moi aussi. »
Elle posa la main de son mari sur son ventre.
« Notre bébé va bien. »
« Comment tu le sais ? »
« J'ai demandé au Docteur Bernard de m'examiner pour te rassurer. Si tu ne me crois pas, tu pourras lui demander s'il m'a examiné ou non. »
« Ça ne sera pas nécessaire, je te crois sur paroles. »
« Et si nous allions dans notre chambre ? » Proposa-t-elle.
« Qu'avez-vous en tête, madame Sully ? »
« Rien. Je veux juste un petit moment en amoureux avec mon mari. »
Il la fit lever de ses genoux, puis la souleva pour aller à l'étage.
Dès que la porte de leur chambre fut fermée, Michaëla se montra entreprenante avec lui.
C'était rarement elle qui prenait les choses en main.
Quand cela lui arrivait, Sully la laissait agir à sa guise.
Une fois à terre, elle commença à déshabiller son mari d'une manière sensuelle en faisant courir ses mains sur son torse.
Rien ne la retenait. Elle devenait cette femme sensuelle qu'il attendait.
« Crois-tu que ce soit sage ? »
Sachant à quoi il faisait allusion, elle le rassura rapidement.
« Oui. Tout va bien, rappelle-toi. »
Elle garda ses yeux plongés dans ceux de son mari et continua de le caresser de bas en haut et de haut en bas en s'approchant délicieusement de son pantalon.
D'une main experte, elle l'ouvrit.
Sully acheva sa tâche en l'enlevant complètement.
Ce fut à ce moment-là qu'il entra dans la ronde de l'amour.

 

Il défit peu à peu les boutons de son chemisier et copia ses derniers faits et gestes.
Elle se retrouva nue à son tour, complètement tournée vers l'amour que lui donnait Sully.
Elle en oublia tout.
Peu lui importait ce qu'elle avait appris, que l'homme devait choisir et non la femme !
Tout cela n'avait aucune importance.
Les paroles de Dorothy portaient le fruit et Michaëla savait à ce moment-là qu'elle avait raison.
Plus aucun doute ne l'assaillait. Elle voulait être la femme de Sully et rien d'autre.
Elle se coucha sur le lit et attendit avec impatience que Sully vienne la rejoindre.
S'en suivit un long moment d'amour plein de désir.
Après avoir fait l'amour avec lui, Michaëla regarda son mari lui souriait largement.
« Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Rien. Je t'aime. »
Pouvait-il vraiment lui dire qu'il avait apprécié qu'elle prenne les devants et qu'il aimerait que ça recommence bientôt.
Mais leurs confidences coquines furent interrompues brusquement par l'arrivée de Matthew.
Il savait que Sully avait ramené le Docteur Mike chez eux. Mais Horace lui avait fait part d'une chose qui ne lui plaisait pas et dont il devait absolument informer ses parents immédiatement.
Il frappa à la porte, conscient qu'il allait les déranger.
Sully lui ouvrit peu de temps après, jetant un regard à sa femme.
Tous deux étaient rhabillés en vitesse et se demandaient ce que Matthew emmenait comme mauvaise nouvelle.

 

« Horace m'a donné un télégramme d'Ethan. »
« Que veut-il ? » Demanda Sully.
« Il ne dit rien de concret, juste qu'il souhaite voir les enfants pendant son séjour ici. »
« Nous ne pouvons pas empêcher Ethan de les voir. » Intervint Michaëla.
« Je me demande bien ce que ça cache. » Dit Matthew.
« Quand arrive-t-il ? »
« Dans quinze jours. »
« Alors, nous lui rappellerons qu'il nous a accordé la garde des enfants. » Dit Sully.
« Je ne suis pas sûr que cela suffira. »
« Il ne se passera rien, Matthew. »
Michaëla s'assit sur la chaise très rapidement, elle aussi choquée par l'arrivée prochaine d'Ethan.
Pourquoi revenait-il maintenant qu'il leur avait enfin accordé la garde des enfants ? Qu'avait-il en tête ?
Il les avait déjà obligés à fuir à Boston et à vivre des moments douloureux et pleins de doute, et elle savait qu'elle serait incapable d'en vivre d'autres.
Après avoir essayé de rassurer Matthew, Sully devait tenter de le faire avec Michaëla.
Matthew comprit ce que sa mère ressentait et se rapprocha d'elle en même temps que Sully.
Il était prêt à tout pour l'aider.
Sully s'agenouilla devant sa femme.
« Michaëla, Ethan n'est plus en position de force comme quand nous sommes partis à Boston. Cette fois-ci, nous avons la Loi derrière nous et nous saurons y faire appel si besoin est. »
« Je ne veux surtout pas qu'il blesse les enfants ! »
« Maman, dit Matthew, je serai là pour l'empêcher de leur faire du mal ! »

 

Michaëla hocha la tête. Elle le savait.
Mais justement, Matthew avait endossé ce rôle pendant des années et elle ne voulait pas qu'il recommence.
Encore une fois, il la rassura.
« Vous savez ce que cela ne me dérange pas de le faire et je ne veux pas que vous soyez fatiguée. »
« Oui, il a raison, Michaëla. Dans les prochains jours et les prochains mois, il est important pour toi de te détendre. »
Elle lui lança un regard qui voulait dire qu'elle en serait incapable.
L'important pour lui était encore de passer du bon temps avec elle, en envisageant de partir en lune de miel mais il savait aussi qu'elle ne voudrait pas partir.
Matthew décida de rester avec lui.
Michaëla semblait vraiment peinée par cette prochaine arrivée, et elle ne réussit pas à cacher son inquiétude à ses enfants.
Colleen et Brian se sentirent un peu bouleversés. La jeune fille ne voulait plus revoir son père et Brian ne souhaitait pas être à nouveau séparé de ses parents.
Sully les rassura comme il put.
Il semblait que cette prochaine arrivée troublait tout le monde. Ils avaient tous raison.
Que cherchait encore Ethan ?
Sully fit son maximum pour passer le plus de temps possible avec ses enfants et avec sa femme.
Étant donné le beau temps, ils pouvaient faire des ballades en forêt.
Chacun appréciait ces doux moments à sa manière.
Le dernier jour …

 

Le dernier jour, pendant que les enfants se baignaient, Sully en profitait pour embrasser sa femme et lui caresser le ventre car durant ces deux semaines, elle avait pris beaucoup de poids.
« Ça va ? » Lui demanda-t-il.
« Oui. »
« Tu es sûre ? »
« Il bouge. » Dit-elle en parlant du bébé.
« Je le sens, lui répondit-il. Mais il y a quelque chose qui te préoccupe encore. »
« Comment avait-il encore fait pour comprendre cela ? »
« Je me demande ce qu'Ethan va faire quand il se rendra compte que j'attends un bébé. Cela pourrait lui donner un motif supplémentaire de nous reprendre les enfants. »
« Cela ne suffira peut-être pas. »
Et voilà, elle en était encore là ! Que pouvait-elle faire pour qu'elle comprenne qu'ils ne risquaient rien.
Comment pouvait-il la convaincre alors que lui-même doutait ? Il se pencha pour embrasser sa femme.
Encore une fois, ils furent interrompus par les enfants.
Brian arriva vers eux pour leur projeter de l'eau sur leurs vêtements.
Sully râla pour la forme. Un peu plus tard, il décida qu'il était peut-être temps de rentrer à la maison.
Même s'il regrettait un peu de prendre cette décision, il savait que Michaëla avait besoin d'une nuit dans son lit.
Elle ne dormirait peut-être pas beaucoup mais elle serait au moins allongée confortablement.
Michaëla en conçut de la déception. Qui sait quant ils auraient à nouveau l'occasion d'être seuls avec les enfants ?
Cette question était dans l'esprit dans chacun d'entre eux.
 
La nuit fut agitée et lendemain, ils eurent du mal à se lever, tellement qu'ils durent se dépêcher pour arriver à l'heure pour le train d'Ethan avait aussi demandé de l'accueillir à la gare.
Michaëla était très impatiente de voir le train, car, elle en était sûre, Ethan leur cachait quelque chose.
Sully la vit descendre en premier et ne put s'empêcher de lui lancer un regard assassin.
Ethan sut tout de suite que Sully ne le laisserait pas faire comme il le voudrait.
Mais il avait un plan en tête.
L'essentiel pour Cooper était de se soumettre aux exigences des Sully. Mais viendrait l'heure de sa vengeance ! Il se le jura.
Il ne risquait pas de dévoiler ses projets tout de suite.
Il embrassa ses enfants et demanda à Sully où il pouvait loger. Michaëla se sentit un peu obligée de le diriger vers la pension de famille car elle connaissait la personne qui la tenait.
Il accepta, bien content de la tournure de la situation.
Pour mener à bien son plan, qui devait lui faire avoir droit à de l'argent, il devait y aller pas à pas.
Il ne pouvait pas arriver aujourd'hui à Colorado Springs et enlever les enfants pour les emmener avec lui le lendemain.
Non, avant cela, il devait essayer de regagner la confiance du couple Sully, et il avait son idée.
Tout d'abord, il devait passer du temps avec Sully.
Lui demander de lui faire visiter la région et pourquoi pas entrer dans la réserve indienne en faisant semblant d'avoir pitié d'eux était peut-être une bonne solution.
Oui, c'était ce qu'il fallait faire et surtout avoir un ennui qui pourrait le faire juger.
Ce n'était pas le moment.
 
Il en rêvait à l'avance mais c'était sans compter sur la méfiance de Sully qui avait tout prévu.
Après l'avoir aidé à installer ses affaires, ils se dirigèrent tous chez Grace où les Sully comptaient bon nombre d'amis.
Ethan fut regardé en chien de fusil et il sut d'emblée qu'il allait devoir jouer serré pour arriver à quelque chose.
Cela ne l'empêcha pas de noter l'état de Michaëla.
Elle était enceinte !
Elle était donc fragile et il allait s'en servir.
Sully observait gentiment et amoureusement sa femme.
Son remplaçant voulait être plus présent et tenait à assurer à la jeune doctoresse son soutien.
La clinique serait entre de bonnes mains si Michaëla devait s'absenter et cela soulageait Sully.
Il avait une terrible envie de menacer Ethan et d'arriver à lui faire dire ce qu'il comptait leur faire.
Ce n'était pas le bon moment !
Dès la fin du repas, Ethan fit mine de regagner la pension de famille.
Sully, lui, dut repartir à la réserve et avant, il s'assura que Matthew resterait avec Michaëla pendant ce temps-là. Cela ne posait aucun problème à Matthew.
Donc, Sully se sentit rassuré. Il embrassa sa femme et partit.
Au loin, quelqu'un le suivit pour l'observer.
Sully le savait mais il fit comme d'habitude afin de faire tomber Ethan dans un piège.
Certains Indiens, dont Nuage Dansant, étaient prêts à intervenir en sa faveur, et il bénéficiait d'un appui inattendu d'un homme de la ville. Bref, Sully ne risquait pas grand chose mais il devait faire comme si de rien était.
 
Lilian les avait prévenu des mauvaises intentions de son mari car il l'avait lâchement abandonnée pour venir à Colorado Springs.
Il ne se doutait pas qu'en les prévenant en avance, ils avaient eu le temps de prévoir le plan d'attaque.
Sully fit son travail normalement et rentra chez lui au soir afin de retrouver Michaëla pour la rassurer.
Il lui avait bien dit d'aller au lit sans attendre son retour mais il se doutait bien qu'elle ne l'avait pas écouté. Il savait qu'Ethan était rentré à la pension et qu'il ne le suivrait pas jusque chez eux, alors il se mit à galoper pour aller plus vite.
En effet, Michaëla tournait en rond dans la maison.
Matthew avait bien essayé de la convaincre d'aller au lit avant que Sully ne revienne mais il n'avait pas réussi à la faire écouter. Seul l'Homme des Montagnes était capable de la faire céder et encore, c'était très rare.
A peine Matthew avait-il réussi à lui ordonner d'aller faire une sieste cette après-midi !
Sully se sentit soulagé quand il arriva enfin dans la grange.
Il se dépêcha de s'occuper de son cheval et rentra retrouver sa femme, qui tomba dans ses bras dès qu'il eut passé la porte.
Il ferma la porte et la conduisit jusqu'à un fauteuil pour qu'il puisse l'avoir sur ses genoux.
« Tout va bien. » Lui dit-il. « Tout va bien ! »
« J'ai eu tellement peur ! »
« Il n'y avait aucune raison pour cela. »
« Ethan t'a suivi ? »
« Oui. Mais il n'a rien tenté aujourd'hui. Je pense qu'il va attendre un peu pour faire quelque chose. »
« Tu ne te rends pas compte qu'il cherche à te faire accuser de quelque chose de mal ? »
 
« Bien sûr que si, mais tu sais bien qu'il y aura assez de monde pour nous protéger. »
« On ne sait jamais ! »
Il posa son doigt sur sa bouche pour la faire arrêter de parler.
« Arrête de douter. Pense au bébé. »
« Mais tout va bien pour lui, Sully. »
« Pourtant, il bouge beaucoup. J'ai plutôt l'impression qu'il réagit à ton inquiétude. »
Elle baissa les yeux, ne pouvant pas le contrarier sur ce point-là.
« Ce petit être a besoin de ton calme, mon amour. N'oublie pas que c'est un cadeau du ciel. »
« Je ne l'oublie pas, Sully, et je t'assure que je fais tout ce que je peux et tout ce qu'il faut pour le bébé. »
« Que dirais-tu d'aller au lit ? Il est tard et tu dois te reposer ! »
« Pas tout de suite. Je veux encore savourer le fait que tu me tiennes dans tes bras. »
« Je peux te tenir dans mes bras dans notre lit ! »
Avant qu'elle ne puisse trouver encore une raison de protester, il la fit lever de ses genoux et la porta jusqu'au lit. Le sanctuaire qu'il partageait avec Michaëla lui semblait comme un abri de fortune dans la tempête qu'emmenait Ethan avec lui.
Même s'il avait tout prévu, il se sentait tout de même en danger. Et surtout, il voulait faire en sorte que Michaëla ne sache rien de son inquiétude. Elle n'avait pas besoin de cela en plus.
Mais il la connaissait assez bien pour savoir qu'elle comprendrait immédiatement qu'il ne pourrait pas lui cacher.
Il ne pouvait pas faire semblant !
Il avait été prévoyant et verrait ce qu'il se passerait dans les jours suivants.
 
Elle n'était pas dupe et se lova dans ses bras pour le rassurer.
« Tout va bien, Michaëla ! » Répéta-t-il.
Elle lui fit la grimace, comme pour lui faire comprendre qu'elle n’avait pas besoin qu'il lui dise ça.
Il la souleva à nouveau et après, il la posa sur le lit et la recouvrit avec une couverture.
Elle était en chemise de nuit et cela n'était pas gênant de la coucher comme ça.
Adossée à l'oreiller, elle l'observa à faire ses rituels du soir.
Il se mit nu, comme tous les soirs, et la rejoignit dans le lit.
Il la prit dans ses bras et enfouit son visage dans ses cheveux soyeux.
Elle le connaissait par cœur et elle savait qu'il n'agissait pas comme ça habituellement.
« Pourquoi agis-tu ainsi, Sully ? De quoi as-tu peur ? »
« Rien. J'ai juste besoin de te serrer contre moi. »
« Ne me mens pas, Sully. Dis-moi ce que tu crains. »
« Je veux que tu sois forte, Michaëla. »
« Pourquoi cela ? »
« Il se peut qu'Ethan arrive à me faire condamner et que mon plan d'attaque ne fonctionne pas. »
« Ça n'arrivera pas ! »
« Tais-toi et écoute-moi. Si jamais cela arrivait, je ne veux pas que tu cherches à me faire libérer mais que tu te consacres entièrement au bébé. »
« Tu sais bien que cela sera impossible. Je ne pourrai pas vivre sans toi. Bien sûr, je prendrai soin du bébé et de moi. »
« Tu ne comprends pas ce que je veux dire. »
« Oh si, je comprends. Tu as l'appui de Hank et de Jake. Avec l'aide de ma mère, si jamais tu étais jugé sur un acte que tu n'as pas commis, je pourrai avoir un avocat qui sera avec nous et il y a aussi Matthew qui nous apportera son aide. »
 
« On ne sait pas ce qui peut se passer. »
« Tais-toi, Sully. Rien n'arrivera car nous avons tout prévu. »
Il caressa ses cheveux.
« Je ne veux pas que tu en souffres. »
« Je n'en souffrirai pas, Sully. Rien n'arrivera et notre bébé va bien. »
Les rôles étaient inversés et cela fit presque sourire Sully.
Elle semblait tellement forte à ce moment-là.
Elle lui redonnait confiance en l'avenir. En effet, ils avaient le soutien de bon nombre d'habitants.
Cependant, rien n'était gagné pour eux.
Sully ne se doutait pas que les Cheyennes allaient aussi jouer un grand rôle.
Il embrassa le front de sa femme.
Il ne fallut pas longtemps à Michaëla pour se rendormir d'un sommeil paisible.
Les jours suivants furent peuplés de bons moments et de moments de doute aussi.
Mais Ethan semblait attendre avant d'agir. Sully et ses amis ne relâchaient pas la vigilance de leur surveillance. Mais le père biologique de Colleen et Brian les surprit en proposant une père aux enfants.
Michaëla et Sully décidèrent de le laisser agir à sa guise, et Matthew, qui avait refusé de se joindre à eux, partit à leur suite pour surveiller son père.
Ethan leur donna une canne à pêche et ils passèrent la moitié de leur temps à pêcher des poissons.
« Tout se passe bien depuis que vous habitez chez les Sully ? »Demanda Ethan.
« Oui. C'est merveilleux, papa. Ils sont très gentils avec nous. » Souligna Colleen.
 
Elle se doutait qu'il cherchait à obtenir des informations.
« C'est vrai. Tout se passe bien ! » Renchérit Brian.
« Bien. Je suis content car je ne voulais pas vous laisser sous la garde de n'importe qui. »
« Maman avait très bien choisi la personne qui prendrait soin de nous en nous confiant au Docteur Mike. »
« Je n'en doute pas Colleen. Cela vous ferait-il plaisir si je venais m'installer ici avec Lilian et que l'on puisse se voir plus souvent ? »
Il n'avait trouvé que ce moyen-là pour essayer de s'assurer les faveurs de ses enfants, car il avait compris dans leurs paroles qu'il n'arriverait pas à les monter contre les Sully.
Il ne les laissait pas répondre à sa question, presque sûr qu'elle serait positive à mesure que le temps allait passer.
« Bien. »
Dans sa tête, il savait comment il allait s'y prendre pour obtenir un terrain dans les environs et il savait même comment il allait gagner de l'argent pour l'acheter.
Le teneur du saloon était venu le voir à la pension de famille pour lui proposer une partie de poker.
Cela l'intéressait. Il était très doué pour ce jeu-là.
Il gagnerait ! Il en était sûr !
Matthew essayait de comprendre à quoi pensait Ethan afin de prévenir Sully. Il se douta que Hank devait être au courant. Le jeune homme était dans la confidence car le barman l'avait pris à part pour lui dire qu'Ethan acceptait de jouer au poker.
L'aîné des Cooper sourit.
Ethan ne changeait pas et cela allait dans leur sens.
Colleen et Brian furent soulagés quand leur père leur dit qu'il était temps de rentrer à la maison.
 
Ils étaient mal à l'aise en sa présence et ils avaient hâte de retrouver le Docteur Mike et Sully.
Michaëla, justement, était allongée sur la table d'auscultation de sa propre clinique.
La matinée avait pourtant bien commencée, même si la jeune femme se sentait anormalement fatiguée.
En arrivant chez elle en compagnie de Sully, elle avait vu qu'elle perdait du sang et avait été obligé de le lui dire.
Bien qu'inquiet pour elle, il avait tout fait pour la calmer et l'avait tout de suite ramenée en ville pour la faire examiner par le Docetur Bernard.
Heureusement, Colleen et Brian seraient pris en charge par Matthew, qui saurait exactement le moment où ils reviendraient à la maison, étant donné qu'il les avait suivis.
Ce souci était enlevé de dessus ses épaules.
Il était à côté de sa femme, qui avait refusé qu'il sorte pendant l'examen.
Elle avait besoin de son soutien.
Ils étaient tous les deux suspendus aux paroles qu'allaient prononcer le remplaçant de Michaëla.
La jeune femme était en larmes. Elle s'en voulait de ne pas avoir écouté son corps et elle craignait de perdre le bébé qu'elle et Sully désiraient plus que tout au monde.
Quand il vit les larmes de son épouse qui coulaient, Sully se pencha et l'embrassa sur le front.
« Chut ! Ce n'est pas de ta faute ! »
Elle lui retourna un regard coupable et il sut d'emblée que ses mots ne seraient pas suffisants.
Il n'y avait qu'une seule personne qui pouvait la déculpabiliser, et cette personne était le Docteur Bernard.
 
Il releva la tête et les regarda l'un après l'autre.
« Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. »
« Mais je perdais du sang ! Ce n'est pas sensé arriver ! »
« Votre bébé va bien. Votre corps vous a juste dit de ralentir. Êtes-vous soumise à du stress en ce moment ? »
« Vous pouvez le dire, docteur. » Intervint Sully.
« Il va falloir que vous vous reposiez chez vous dans les jours à venir. »
« Combien de jours ? »
« Cinq pour commencer. Je connais votre femme et elle voudra à tout prix recommencer à travailler très bientôt. Il faudrait veiller à ce qu'elle écoute un peu plus son corps. »
Michaëla se sentait un peu exclue. »
« Dois-je vous rappeler que je suis là et que je vous entends parler ? »
« Non. Bien sûr que non, Michaëla ! Il faut juste que tu te reposes et que tu écoutes ce que le Docteur te dit. De plus, tu sais très bien que tes patients seront bien soignés. »
« Il est hors de question que je prenne votre place en tant que médecin de cette ville, Docteur Mike. Vous avez fait appel à moi pour que je vous aide le temps de votre grossesse et je suis là pour ça. » La rassura le Docteur Bernard.
« D'accord. Concéda Michaëla. S'il en va de la santé du bébé, je vous écouterai. »
« Alors, rentrez chez vous et reposez-vous. J'informerai vos patients et je passerai vous voir demain dans la journée. »
« Merci, Docteur. »
Michaëla se leva lentement de la table d'examen et serra la main de son confrère.
Puis, sans attendre plus longtemps, Sully la souleva dans ses bras et l'allongea à l'arrière du chariot.
Finalement, ils arrivèrent à la maison en même temps que les enfants.
 
Ces derniers furent inquiets de la voir dans cet état-là.
Elle les rassura rapidement en leur disant qu'elle avait tout simplement besoin de repos.
Ethan ne se préoccupa tant que ça de l'état du Docteur Mike. Il laissa les enfants en compagnie des Sully et repartit pour la pension de famille.
Matthew se sentait encore plus responsable de son frère et de sa sœur après avoir appris que sa mère avait besoin de repos.
Sully le rassura et en profita pour lui parler après avoir mis sa femme au lit.
Elle tombait de fatigue et n'avait pas du tout compris que son mari avait bien d'autres choses en tête.
Matthew s'assit autour de la table et Sully s'assit en face de lui.
« Que s'est-il passé, aujourd'hui ? » Demanda le futur papa.
« Ethan les a emmenés pêcher et il a essayé de récolter des informations sur votre façon de les élever. »
« Il cherche à avoir des éléments pour nous faire un procès. »
« Je le sais et je crois qu'il a aussi l'intention de s'installer dans les environs de Colorado Springs avec Lilian. »
« Peut-être veut-il se rapprocher vraiment des enfants ? »
« J'en doute, Sully. Hank m'a dit qu'il avait accepté de jouer au poker. Il veut gagner de l'argent. »
« Pour en faire quoi ? »
« Pour s'installer ici ou pour encore faire souffrir Colleen et Brian. »
« D'ici demain, je saurai s'il a vraiment l'intention de se rapprocher ou non des enfants. »
« Comment peux-tu le savoir, Sully ? »
« S'il cherche un terrain ou bâtir une maison, il devra s'adresser à moi. »
« Qu'est-ce que tu cherches ? »
 
« A savoir ce qu'il cherche à obtenir une bonne fois pour toutes. Je ne peux pas continuer à ne rien faire. Ta mère ne va pas bien à cause de lui parce qu'elle se réfugie dans le travail. Elle a peur que Colleen et Brian nous soient enlevés. »
« Dans ce cas-là, l'aide de Hank va t'être précieuse. »
Sully acquiesça.
« Le problème, c'est que je ne sais pas comment faire demain. Je dois être à la réserve mais je dois aussi prendre soin de ta mère. Si jamais je ne suis pas là, elle va retourner travailler sans écouter le Docteur Bernard. Et tu dois continuer à surveiller Ethan. »
« Ne t'inquiète pas, Sully. Ethan ne passe que l'après-midi avec Colleen et Brian. J'aurai le temps d'aller prévenir Dorothy de passer du temps avec maman. »
« Bien, c'est parfait ! Et le matin, Loren m'accompagne à la réserve. »
« Tu ferais mieux de monter rejoindre le Docteur Mike et d'aller la rassurer. »
« Ne lui dis rien sur Ethan. »
« Pourquoi ça ? Elle a le droit de savoir ! »
« Le Docteur Bernard a dit que nous devions éviter toutes les situations de stress pour elle et pour le bébé. »
« Tu t'inquiètes pour elle toi aussi. C'est pour ça que tu tiens à ce qu'elle ait de la compagnie demain. »
« Oui. Elle serait bien capable de me suivre à la réserve si elle était au courant et je ne veux pas qu'elle court le moindre risque. »
« D'accord, Sully, c'est comme tu voudras. Mais je ne suis pas sûr qu'elle apprécie quand elle apprendra tout cela. »
« Je m'en occuperai. »
« Je te souhaite bien du courage. »
Sully sourit, sachant qu'il avait raison. Il ne se doutait pas qu'elle allait quand même être soumise au stress.
 
Le lendemain, après un baiser passionné et interminable partagé avec sa femme, Sully partit vers la réserve le cœur gros.
Il s'en voulait de garder secret ce qu'il avait prévu mais il ne pouvait se résoudre à le dire à Michaëla.
Il n'arriva pas aussi détendu qu'il l'aurait voulu à la réserve. Et s'il se passait quelque chose ?
Michaëla lui en voudrait si c'était le cas.
Il n'avait pas le choix et devait s'exposer à la violence d'Ethan. Celui-ci se cachait dans un buisson avec une arme à la main.
Ethan était encore un peu sous l'influence de l'alcool et il voyait trouble. Mais il avait bien l'intention de mener à bien la tâche qu'il s'était imposée.
Loren arriva dans son champ de vision à ce moment-là avec de la marchandise.
Cela déplaisait à Ethan.
Sully avait encore réussi à se faire un ami en la présence du commerçant et avait même réussi à le convaincre de faire des affaires avec les Indiens.
Ethan épaula son fusil et essaya de tirer au hasard. Il voulait effrayer les Cheyennes, rien d'autre.
La balle sortit et alla se loger dans le bras de Sully.
Ce dernier, surpris, se retrouva au sol et se tint immédiatement le bras.
Si seulement la balle n'avait fait que l'effleurer, mais elle avait fait plus de dégâts que cela ! Elle n'était pas ressortie. Il fallait l'emmener en ville avec urgence pour le soigner et aussi prévenir le Docteur Mike.
Nuage Dansant fut soulagé de voir que Sully était toujours conscient et aida Loren à transporter Sully jusqu'à la ville.
Ce fut un choc pour Matthew de voir arriver « son père » blessé.
 
Le jeune homme s'en voulait car il avait écouté son « père » qui voulait protéger Michaëla mais il s'était oublié lui-même.
La seule chose que Matthew pouvait faire, était d'aller à la maison pour prévenir sa mère et l'emmener jusqu'à la clinique.
Sully l'attrapa par la main pour l'arrêter.
« Ne dis rien à ta mère. Elle va s'inquiéter. »
Matthew acquiesça, tout en sachant qu'il ne l'écouterait pas.
Il avait largement le temps d'aller à la maison pendant que le Docteur Bernard prenait soin de Sully.
D'ailleurs, le médecin lui demanda carrément d'aller chercher la future maman, comme s'il savait par avance qu'elle viendrait immédiatement quand elle saurait.
Donc, Matthew prit la route de la maison.
Il fut surpris de voir Michaëla et Dorothy, qui discutaient tranquillement, pourtant cela n'avait rien de surprenant !
Par la fenêtre, il les observa pendant cinq minutes avant d'entrer, et les vit rire ensemble.
Il allait briser ce moment de détente et de joie mais il n'avait pas le choix.
Il entra par la porte avec sur le visage un tel air que Michaëla comprit qu'il se passait quelque chose, et son rire et son sourire s'effacèrent.
« Matthew ? Il se passa quelque chose ? »
Elle le regarda encore plus attentivement et comprit.
« C'est Sully ? Il est blessé ? »
Matthew acquiesça.
« Que s'est-il passé ? Où est-il ? »
« Il a reçu une balle perdue. Loren l'a transporté à la clinique avec l'aide de Nuage Dansant. »
« Loren ! Que faisait-il à la réserve aujourd'hui ? Je n'étais pas au courant. »
« Sully essaie de comprendre ce que veut Ethan, maman. »
« Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ? »
 
Elle posa la main sur son ventre, plus qu'inquiète pour son mari. Dorothy tenta de la calmer.
« Rien ne dit qu'il soit gravement blessé, Michaëla. Nous ferions mieux de nous rendre à la clinique. Car je vous accompagne. »
Matthew remercia Dorothy silencieusement.
Michaëla aurait besoin du soutien de sa meilleure amie, surtout si c'était grave.
La future maman descendit seule du chariot et entra dans la clinique sans frapper. Sully s'était endormi sur la table de consultation et le Docteur Bernard lui avait enlevé la balle.
« Comment va-t-il ? »
« Il va bien, ne vous inquiétez pas. Je vais le garder à la clinique cette nuit et vous pourrez rentrer tous les deux chez vous demain. »
« Tout va bien, alors ? »
« Je viens de vous le dire. »
Il sortit par la porte entrouverte et demanda à Matthew de l'aider à transporter Sully jusqu'à la chambre.
Il s'exécuta.
Dorothy les suivit et accompagna sa meilleure amie anxieuse jusqu'à la chambre où allait être mis Sully.
Le Docteur Bernard indiqua à la jeune femme enceinte une chaise pour qu'elle reste près de son mari et il lui conseilla même de s'allonger à côté de Sully.
Elle ne voulait pas se reposer. Elle voulait juste être présente quand Sully se réveillerait.
Elle s'assurerait par elle-même de la santé de son mari et le veillerait coûte que coûte.
Elle découvrait ce qu'il avait tenu à faire en étant à la réserve avec Loren aujourd'hui.
Bien sûr, elle réalisait qu'il l'avait fait que la protéger.
 
Et elle comprenait pourquoi Sully avait agi ainsi. Son malaise de la veille y avait contribué.
Une balle perdue était venue se loger dans le bras de son mari.
Elle soupçonnait Ethan d'un tel acte mais bien sûr, elle ne pouvait pas le prouver !
Sully commença à se réveiller au bout de vingt minutes et chercha à se repérer.
La douleur à son bras se réveilla aussitôt.
Il fit la grimace et regarda attentivement la chambre dans laquelle il se trouvait.
Il n'était pas dans son lit, et pourtant, l'endroit lui était étrangement familier.
Puis, il tourna la tête sur sa droite et vit Michaëla assise sur une chaise endormie. Et ce fut à ce moment-là qu'il se rappela ce qu'il s'était passé.
Il avait dit à Matthew de ne pas prévenir Michaëla, et pourtant, il était heureux de de l'avoir à ses côtés.
Il s'en voulait d'avoir agi ainsi dans son dos ! Lui pardonnerait-elle ?
Elle s'était assise toute proche du lit, de sorte qu'il put attraper la main de sa femme.
Il la serra fort et elle se secoua et s'éveilla en sursaut.
« Je vais bien, Michaëla. » Lui répéta-t-il. « Mais toi, qu'est-ce que tu fais ici ? »
« Je devais voir comment tu allais et tu me dois des explications. »
« Je veux t'expliquer, mais avant, rejoins-moi dans ce lit. »
« Ce n'est pas raisonnable. »
« Michaëla, nous sommes en plein jour, mais personne ne viendra nous rendre visite. D'ailleurs, où sont les enfants ? »
 
« Dorothy prend soin d'eux chez nous. »
« Alors, tu peux me rejoindre. Tu as besoin de repos. »
Elle céda, ne pouvant refuser de se retrouver dans ses bras, même si elle s'en voulait de s'être endormie, alors qu'elle s'était promis de le surveiller.
Elle enleva sa robe et se coucha près de lui.
« Tu devrais te réchauffer. Tu es toute froide. »
« Sully, ne tente pas de te défiler ! Que faisait Loren à la réserve aujourd'hui ? »
« Il voulait proposer du commerce aux Indiens. »
« Il ne s'agissait que de ça ? En es-tu sûr ? »
« Il voulait aussi m'aider à contrer Ethan. »
« Il était vraiment le seul à nous aider ? »
« Non. Hank a même organisé une partie de poker pour avoir Ethan. Matthew m'avait dit qu'il y avait participé. »
Elle se retira de ses bras et se retourna de l'autre côté.
« Tu aurais pu me le dire avant ! »
Il se rapprocha d'elle par derrière et la serra contre lui.
« Je voulais juste le piéger à son tour et avoir un témoin pour sa cupidité. »
Elle ne fit aucun geste.
Il lui caressa le ventre et essaya de plaider en sa faveur.
« Je n'ai rien fait de mal, Michaëla, je voulais juste m'assurer que tu ailles bien. Est-ce normal pour un mari de se faire du souci pour sa femme ? Surtout après ton malaise d'hier ! Tu ne crois pas que je peux m'inquiéter. »
« Dois-je te rappeler qu'à cette heure-ci, tu devrais toujours être chez nous à te reposer ? »
« Non. Ce n'est pas la peine ! »
« Alors, tu peux me pardonner. Allez, Michaëla. Je t'aime. »
Il réussit à la tourner vers lui et à l'embrasser sur le front.
 
Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle aurait fait pareil à sa place.
Alors, elle se serra dans ses bras.
« Je t'aime, Sully. Je ne pouvais pas le supporter s'il t'arrivait quelque chose à cause de cet Ethan. Qui sait ce qui peut se passer ? Sois prudent avec cet homme. »
« Qu'est-ce que tu crois que je fais ? »
« Et c'est pour ça que tu t'es fait tirer dessus, n'est-ce pas ? »
« C'est simplement un accident, Michaëla. »
Elle fit la moue.
« Essaie de dormir, mon ange. Tu n'as plus besoin de t'inquiéter pour moi. Je suis là et je te serre dans mes bras. » Lui rappela-t-il.
Elle posa sa tête sur son torse, ayant d'autant plus besoin de sa tendresse.
« Je t'aime », lui dit-elle à son tour.
Un coup discret à la porte les tira de leur cocon intime dans lequel ils s'étaient réfugiés.
C'était le Docteur Bernard qui ne fit aucun commentaire quand il les vit dans les bras l'un de l'autre.
« Comment vont mes patients ? » Demanda-t-il pour plaisanter.
« Assez bien. » Répondit Sully.
« Je suis heureux de vous avoir tous les deux à portée de main. Je peux veiller et sur l'un et sur l'autre ici. »
« Je vous avoue que je suis plutôt soulagé d'être avec ma femme ici. Elle est venue sans attendre votre avis. »
Michaëla baissa la tête, consciente d'avoir pris des risques comme l'avait fait son mari avant elle.
Elle ne pouvait pas lui en vouloir.
« Puis-je vous examiner, Docteur Mike ? »
« Je ne veux pas être séparée de mon mari ! »
« Qui vous parle de vous séparer de votre mari ? »
 
« Personne. »
« Avez-vous des contractions comme hier. »
« Non. Je n'en ai plus aucune ! »
Il sortit son stéthoscope et le posa sur le ventre de sa patiente.
« Il va bien. »
« Je l'avais remarqué ! Il n'arrête pas de bouger ! »
« Votre état a été soumis à rude épreuve par ce qu'il s'est passé. Je veux que vous preniez soin de vous. Et vous Sully, je veux aussi que vous vous reposiez. »
« Qu'entendez-vous par là, docteur ? » Lui demanda Sully.
« Je dirai à tout le monde, ainsi qu'au Général Custer, que vous ne pouvez pas travailler. Et ainsi, vous resterez chez vous pendant une semaine tous les deux. »
« Je ne pourrai pas rester une semaine sans aller à la réserve. Il y a Loren Bray qui compte sur moi pour le commerce. »
« C'est un ordre, Sully. »
« Monsieur Bray comprendra que vous reportiez d'une semaine. »
« Je suppose qu'il le fera ! »
« Je sais ce que vous avez essayé de faire à la réserve, Sully et je sais aussi comment votre femme se sent par rapport à tout cela. »
« Vous êtes en train de me dire que je dois prendre soin de ma femme. »
« En quelque sorte. »
Michaëla, jusque-là silencieuse, intervint à son tour.
« Dois-je vous rappeler que je suis là ? »
« Non. Nul besoin, Docteur Mike. Dit le médecin. Ce que je dis est essentiel pour votre santé et celle de votre bébé. Sully pourrait reprendre son travail rapidement, mais je préférerais qu'il reste près de vous pendant quelques jours. Je sais que Monsieur Cooper cherche à vous blesser et je ne veux pas lui donner d'autres occasions. »
« Dans ce cas-là, je suis d'accord. »
 
Le Docteur eut tôt fait de repartir.
Michaëla se tourna vers son mari.
« Sully, pourquoi as-tu accepté ? »
« Cela peut faire croire à Ethan que nous avons relâché la garde. Matthew continuera de le surveiller et Ethan en arrivera peut-être à se trahir. »
« Oui, tu as raison. A nous de le tromper ! »
« Tout à fait, ma chérie ! Cela va aussi me permettre de profiter de ma femme. Que demander de plus ? »
« Je ne sais pas quoi penser de cette proposition, Sully. »
« Ça te permettra de te reposer ! Tu arrives à un moment où tu dois prendre soin de toi, Michaëla. »
« Je ne suis enceinte que de six mois, Sully et certaines femmes continuent à travailler jusqu'au bout. »
« Mais ce ne sera pas ton cas ! Tu as besoin de repos et le bébé aussi. Tu peux continuer à exercer la médecine mais réduire tes heures. »
« C'est prévu, Sully. Le Docteur Bernard sera là jusqu'à la naissance du bébé. Il m'a déjà proposé de prendre en charges mes patients quand je le souhaiterai. »
« Il est vraiment bien, ce médecin. »
« Parce qu'il a trouvé un moyen pour que tu sois avec moi pendant une semaine ? »
« Oui. Exactement. Nous pourrions peut-être en profiter pour avoir une lune de miel. »
« Je ne veux pas partir loin. »
« Qui te parle de partir loin ? Nous pouvons très bien le faire chez nous en nous confiant, Colleen et Brian à Matthew. En plus, ça servirait aussi à piéger Ethan en lui faisant croire que nous les laissons de côté. »
« Ce qui serait un peu vrai, tu ne crois pas ? »
« Non. Nous sommes encore de jeunes mariés et nous avons droit d'être ensemble mais ça ne veut pas dire que nous les laissons tomber. »
 
« Si tu crois que c'est la meilleure solution. »
« Ne t'inquiète pas comme ça. Beaucoup de personnes sont capables de plaider en votre faveur si besoin est. »
« Et Ethan a déjà signé des papiers. Peut-être devrions-nous écrire à ma mère ? »
« Pour quoi faire ? »
« Elle pourrait nous aider si nécessaire. »
« Elle a déjà beaucoup fait pour nous. »
« Je le sais. Mais elle m'écrit sans arrêt en me disant que, si j'ai besoin d'aide, elle peut m'aider. Ma mère veut nous épauler. »
« Tu t'es rapprochée d'elle et c'est une très bonne chose, Michaëla. Elle ne veut que ton bonheur, comme c'est mon cas. Alors, si tu crois que c'est la meilleure solution, dis-lui de venir nous rejoindre. »
« Elle aussi pourrait prendre soin des enfants pendant notre lune de miel, tant que je peux me déplacer. »
« Pas de raison de se déplacer. Nous ferons la lune de miel ici. Je t’emmènerai dans la forêt. »
« Tu crois que ce sera possible dans mon état ? »
« Oui. Ne t'inquiète pas ! Je ferai tout pour que tu sois installée confortablement. »
Elle bailla et se relaxa dans ses bras pour finalement s'endormir dans ses bras.
Sully lui embrassa le front et l'observa un long moment.
Le poids qu'il avait sur les épaules avait enfin disparu.
Il était soulagé et se détendit à son tour.
Le temps passa très rapidement pour arriver à l'heure du dîner qu'il devait passer en famille.
Colleen et Brian les rejoignirent dans la chambre de la clinique. Voir leurs parents tous les deux ensemble dans un lit leur fit une impression étrange.
Mais ils furent heureux de les retrouver quand même.
 
Quand Sully leur annonça qu'ils allaient passer quelques jours chez Matthew, ils furent satisfaits.
Colleen savait que c'était ce qu'il fallait au Dr Mike car elle avait compris que son père biologique était derrière la blessure de Sully et elle ne lui pardonnerait pas.
Ethan n'allait pas s'en sortir aussi facilement aux yeux des enfants. Colleen avait bien l'intention de ne pas aller avec son père la prochaine fois.
Matthew, lui, voulait qu'ils continuent à faire comme si de rien était avec Ethan et il le ferait comprendre à Colleen.
L'heure n'était pas à ça.
Aucun besoin pour eux de s'inquiéter le Docteur Mike et Sully ?
Ils avaient besoin d'être tranquilles.
Il emmena son frère et sa sœur immédiatement chez lui.
Sully soupira. Il avait compris que Colleen en voulait à Ethan.
Il devrait peut-être lui parler. Mais il savait d'avance qu'il n'arriverait pas à la convaincre.
Ils avaient trop souffert à cause de cet homme et rien de ce qu'il pouvait leur dire ne changerait rien à la situation.
Michaëla regarda ses enfants partir.
Sully et elle devaient rester à la clinique pour la nuit.
Grace passa les voir pour constater par elle-même comment ils allaient et les rassurer à propos des enfants.
RobertE passerait le voir le lendemain chez Matthew pour voir si tout allait bien.
Michaëla en fut soulagée et se lova à nouveau dans les bras de son mari. Il l'embrassa sur le front.
« As-tu vu la réaction de Colleen ? »
« Oh non. Tu ne vas recommencer à t'inquiéter. »
« Sully, je parle sérieusement. Colleen pense qu'Ethan est responsable de ce qu'il t'est arrivé. »
 
« Chut. Je ne veux plus rien entendre. »
Il posa ses lèvres sur les siennes pour la faire taire.
Le lendemain matin, Sully se réveilla avant sa femme et alla de lui-même chercher le petit-déjeuner au restaurant de Grace.
Le Docteur Bernard lui en avait donné l'autorisation.
Il revint et trouva Michaëla dans la même position que quand il l'avait quittée.
Il répugnait à la réveiller. Elle avait tellement besoin de repos. Il la regarda silencieusement et commença à l'embrasser dans le cou.
Elle était tellement attirante qu'il n'avait pas pu s'empêcher et c'était aussi une manière pour lui de se faire pardonner tout le souci qu'il lui avait causé la veille.
Elle ouvrit les yeux, encore alourdis de sommeil, et lui sourit délicieusement.
Elle le trouvait si séduisant quand il agissait ainsi.
« Tu as faim ? » Lui demanda-t-il.
Se sentant prise en faute, car elle se souvenait qu'elle n'avait pas beaucoup mangé la veille, elle baissa la tête en acquiesçant.
Il l'obligea à le regarder dans les yeux et lui dit :
« Je suis heureux que ce soit le cas ! N'oublie pas que tu dois nourrir deux personnes ! »
Elle lui sourit devant autant de prévenance et dégusta son petit-déjeuner en compagnie de son mari.
Si la semaine qu'ils allaient passer ensemble se déroulait ainsi, cela lui allait à merveille et elle savait que Sully ferait tout pour que ce soit le cas.
En fait, en prenant une telle décision, le Docteur Bernard leur avait fait une fleur, car, après toutes les épreuves qu'ils avaient traversées, ils avaient besoin de cela.
Et Sully n'avait pas fini d'être prévenant !
 
Il alla chercher le chariot chez RobertE et fit le nécessaire pour s'assurer que Michaëla soit installée confortablement.
Il n'avait rien oublié.
Il alla ensuite chercher sa femme et la souleva dans ses bras pour la soulever jusqu'au chariot.
Après l'avoir installée, il engagea les chevaux vers chez eux. Il se permettait de se retourner de temps en temps pour regarder sa femme. Elle ne le voyait même pas faire !
Elle se sentait bien !
Arrivés chez eux, elle le laissa encore une fois agir à sa guise. Cela lui faisait du bien !
Il la porta au lit. Il passa le moins de temps possible dans l'étable et revint vers son épouse.
Elle était étendue de son côté du lit et l'attendait apparemment. Il se glissa à ses côtés.
Ils savaient tous les deux qu'ils pouvaient être tranquilles et prendre du temps ensemble.
Sully embrassa Michaëla avec passion. Encore une fois, il éprouvait le besoin de se faire pardonner. Pourtant, elle ne lui en voulait plus du tout.
Elle n'avait pas souhaité que son mari soit blessé mais elle appréciait de se retrouver avec lui à la maison.
Elle posa la main sur son ventre, puis elle s'assit en cherchant quelque chose des yeux.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » Lui demanda Sully.
« Où est ma trousse ? »
« Qu'est-ce que tu veux faire ? »
« S'il te plaît, je ne me fatiguerai pas inutilement. »
« Puisque tu insistes ... »
Il se leva et lui apporta sa trousse. Il se doutait un peu de ce qu'elle voulait faire.
 
Elle prit son stéthoscope et attendit que Sully s'asseye à nouveau à côté d'elle.
Elle le mit à ses oreilles, en écoutant un court moment, puis, quand elle eut enfin trouvé ce qu'elle voulait, elle le donna à son mari.
Celui-ci savait ce que sa femme voulait lui faire écouter. Cependant, il se prêta au jeu.
Ce qu'il entendit le bouleversa plus qu'il n'aurait su le mettre en mots. Elle lui avait déjà fait partager ce moment mais il éprouvait la même joie en faisant cela.
Il enleva le stéthoscope de ses oreilles et alla reposer sa trousse sur la table de chevet.
« Dors, maintenant. Je vais aller couper du bois dehors pendant ce temps-là. »
« Non, reste là, près de moi. Tu as été blessé, je te rappelle. Tu ne dois pas fournir d'efforts. »
« Qui me parle ? Ma femme ou le médecin ? »
« Dans le doute, tu devrais m'écouter. »
« D'accord. S'il n'y a que ce moyen pour que tu te reposes. »
Elle lui sourit, pleinement heureuse qu'il l'ait écoutée si facilement. Pendant ce temps-là, Loren faisait en sorte de piéger Ethan.
Faisant semblant d'avoir des informations à lui révéler, il alla la voir à sa pension de famille.
« Que voulez-vous, monsieur Bray ? »
« J'ai quelque chose à vous dire. »
« Je vous écoute. »
« Allons plutôt au restaurant de Grace. »
Il s'assit à une table, puis il attendit que RobertE s'asseye discrètement dos à Ethan, et se mit à parler.
« Les Sully sont partis en lune de miel en laissant les enfants tous seuls. »
« Tous seuls ?! »
 
« Oui. Comme je vous le dis ! Ils n'ont même pas demandé à Matthew de prendre soin d'eux ! »
« Ils sont avec qui ? Il y a bien quelqu'un qui les garde chez eux ! »
« Non ! Je vous dis que non ! »
Ethan partit comme une flèche pour aller vérifier que les informations étaient véridiques.
Loren se tourna vers RobertE, le sourire aux lèvres.
Ethan ne se doutait pas qu'il venait de tomber dans un piège mis en place par RobertE, Loren, et une troisième personne dont il ne soupçonnait même pas la présence.
Sur le chemin, il vit bien Colleen et Brian seuls en train de pêcher.
Le plan du forgeron et du commerçant devait le conduire chez Matthew, afin de demander des comptes et savoir où étaient partis Michaëla et Sully.
Bien entendu, en voyant que les paroles de Loren étaient vraies, il se rendit chez son fils aîné.
Il frappa à la porte.
Son aîné, au courant de la machination de Loren, fit semblant de mettre du temps à arriver à la porte.
Il fit aussi semblant d'être en colère, alors qu'au fond de lui, il était excité par la tournure de la situation et que ce matin-même, il avait accueilli une personne qui pouvait les aider.
« Qu'est-ce que tu fais là ? »
« Où sont le Docteur Quinn et Sully ? »
« J'en sais rien, moi ! Ils ne m'ont rien dit ! »
« Ne me mens pas ! Monsieur Bray m'a dit qu'ils étaient partis et qu'ils avaient laissé Colleen et Brian seuls. Ils sont inconscients ou quoi ? »
« Non, ils ne sont pas inconscients. Ils avaient bien le droit de partir tous les deux en amoureux. »
« Non, ils n'en avaient pas le droit et ils vont me le payer très cher ! »
« Vous ne ferez rien, Monsieur Cooper ! » Venait d'intervenir la personne accueillie par Matthew le matin-même.
 
« Je vous ai donné de l'argent il y a quelque temps, et je vous rappelle que vous avez signé un document en faveur de ma fille et de mon gendre. »
« Madame Quinn, que faites-vous ici ? »
Prévenue par Matthew, qui lui avait télégraphié, et au courant de la situation grâce à une lettre de Michaëla, Élisabeth était arrivée à la veille en toute discrétion pour aider sa fille. Celle-ci savait même que sa mère à Colorado Springs.
« Je suis venue pour veiller sur mes petits-enfants pour ma fille à sa demande. »
« Monsieur Bray m'a dit qu'ils étaient livrés à eux-mêmes. »
« Ma fille ne se serait pas permis de les laisser sans surveillance, quoi que vous en pensiez, Monsieur Cooper. »
« Mais elle s'est pourtant mariée à un homme qui n'est pas de son monde, et de plus, elle attend son bébé. Comment pouvez-vous ne pas lui en vouloir ? »
« Ma fille est heureuse avec lui. Il lui offre une vie qu'elle n'aurait pas eu avec un homme de Boston. »
« Vous approuvez son mariage ? »
« Bien entendu. Et vous n'avez aucune raison d'en douter ! »
« Tu n'as pas le droit de t'opposer à tout cela, Ethan. Tu n'as jamais été présent aux côtés de maman. »
« Je suis parti pour gagner de l'argent ! »
« Tu l'as abandonnée ! »
« J'avais d'autres choses à faire ! »
« Monsieur Cooper, vous n'avez pas d'éducations à faire à ma fille ! »
Ethan ferma sa bouche.
Il se sentit intimidé par la présence de cette femme.
Avec elle dans les parages, il n'allait pas pouvoir faire ce qu'il voulait faire.
 
De leur côté, Michaëla et Sully savouraient leur moment ensemble.
Pour une fois, ce qui était rare, Michaëla acceptait de rester au lit sans rechigner.
Sully se disait qu'elle devait avoir peur pour réagir comme ça. C'était si rare de la voir docile, que cela l'inquiétait.
Il ne s'en montrait que plus prévenant envers elle.
Assis à table à ce moment-là, il vit la lettre que quelqu'un avait déposé. Il vit qu'elle venait de Boston. Il hésita longtemps, puis finit par l'ouvrir pour en prendre connaissance.
Michaëla le lui pardonnerait, surtout s'il s'agissait de quelque chose d'urgent.
Chère Michaëla, j'ai bien reçu ta lettre dans laquelle tu me parles du retour d'Ethan Cooper à Colorado Springs.
Je viendrai vous rendre visite dans deux semaines afin de vous aider à faire comprendre à cet homme qu'il n'a plus aucun droit sur ses enfants.
Prends soin de toi et écoutes un peu plus ton mari, qui est un homme très bien.
La lettre continuait sur des recommandations qu'elle donnait à sa fille. Il n'y avait pas grand chose de très important dans cette lettre.
Il s'en voulait de l'avoir lue mais il pensait à quelque chose de plus pressé. Il s'était apparemment trompé.
Il expliquerai à Michaëla pourquoi il avait agi ainsi.
Il décida d'aller la rejoindre dans leur chambre pour voir comment elle allait.
Il s'approcha de la chambre et entendit sa femme qui parlait à leur bébé d'une manière tout à fait émouvante.
 
« Je suis désolée, mon ange. Je n'ai pas assez pris soin de toi hier, mais je devais absolument voir comment ton papa allait. »
Sully entrouvrit la porte pour l'espionner en toute discrétion. Cette discussion clandestine avec leur bébé était une façon pour lui de savoir ce que Michaëla ressentait au plus profond d'elle.
« Quand je pense que je me trouvai avec Dorothy à parler de tout et de rien, et qu'au fond de moi, j'avais un mauvais pressentiment. Je ne l'ai pas écouté ! »
Sully sentit les larmes lui monter aux yeux. Il était fautif ! C'était de sa faute si Michaëla avait de telles pensées.
Il aurait dû lui dire où il allait, et avec qui il était, mais il était bien trop tard pour revenir en arrière.
Il se glissa à l'intérieur de la chambre.
« Tout va bien, ma chérie ? »
« Oui. »
« Je t'ai entendu parler à notre bébé. Tu as raison quand tu lui dis que tu n'aurais pas dû venir à la clinique mais tu ne serais jamais venue si je n'avais pas été blessé. »
« Tu n'y es pour rien, Sully. »
« Si je le sais et, si je pouvais revenir en arrière, je ne le referai pas. »
Il alla s'appuyer contre le bord de la fenêtre.
Michaëla comprit que son mari était triste de l'avoir entraînée avec lui, et surtout, d'être la cause de son état plus que préoccupant.
Michaëla se leva du lit et alla rejoindre son mari. Son envie de se blottir dans les bras de son mari était plus forte que tout.
Il sentit plutôt qu'il ne vit sa femme glisser ses bras autour de sa taille.
« Que fais-tu là ? Tu devrais rester au lit, surtout après ce que tu as dit à notre bébé. »
« Je me sens bien, Sully. »
« Je ne crois pas que c'était le cas ! »
 
Il n'eut pas le temps de répondre ou de poursuivre cette conversation qui pouvait devenir houleuse à l'usure, car le Docteur Bernard arrivait chez eux pour vérifier l'était de sa patiente.
Il frappa à la porte d'entrée et fut accueilli sans attendre par Sully. Il semblait contrarié mais il accueillit tout de même le médecin par respect.
« Bonjour, Sully. »
« Bonjour, Michaëla est dans notre chambre. Je vais vous y conduire. »
Le médecin acquiesça.
« Le Docteur Mike, comment vous sentez-vous ? »
Elle avait eu le temps de se remettre au lit pour éviter un nouvel affrontement avec son mari.
« Docteur Quinn, vous écoutez mes conseils à ce que je vois ! »
Le regard que Sully adressa à Michaëla donna tort au médecin. Il semblait en colère et le médecin sut immédiatement qu'il tombait sur une scène de ménage.
Il procéda à un examen méticuleux en se gardant de faire des remarques. Mais il dut se résoudre à poser quelques questions à sa patiente.
« Avez-vous des contractions aujourd'hui ? »
Michaëla regarda Sully et baissa la tête, ne sachant pas comment répondre à son collègue.
Si elle répondait correctement, Sully se mettrait en colère.
Mais elle se devait d'être sincère pour sa santé et celle de son bébé.
« Oui. » Admit-elle faiblement.
Sully, jusque-là debout assez loin d'elle, se rapprocha et vint s'asseoir à côté d'elle.
Toute colère s'était évaporée pour laisser place à l'inquiétude et à l'amour qu'il ressentait pour sa femme.
« Ces contractions sont-elles fréquentes ? »
« Non. »
« Alors, je n'aurai qu'un seul mot d'ordre : le repos. »
 
« Il y a un risque pour le bébé, docteur ? » Demanda Sully.
« Non, si elle suit mes recommandations à la lettre, il n'y a pas de raison. »
Michaëla se sentait encore plus coupable. Si elle ne s'était pas levée, peut-être …
Le Docteur Bernard la rassura.
« C'est bénin. Ce genre de contractions et de saignements arrivent à la plupart des femmes attendant un bébé. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Même si vous ne vous étiez pas levée de la journée, ce serait pareil. »
« Merci, Docteur, de la rassurer car elle en a besoin. »
« Je n'en doute pas, Sully. Si vous n'avez plus besoin de moi, je vais retourner en ville et m'occuper de vos patients. »
Michaëla acquiesça.
Sully accompagna le médecin jusqu'à la porte.
Puis, il remonta pour la rejoindre afin de se réconcilier finalement avec elle.
Il avait eu tort de s'emporter car elle n'avait voulu que le rassurer. Il se rapprocha du lit, s'allongea à ses côtés, et la prit dans ses bras.
« Je suis désolée, Sully. » Dit-elle en sanglots.
Il releva le visage de sa femme pour la regarder dans ses yeux.
« Je ne sais pas pourquoi tu es désolée, car tu n'as rien à te reprocher. L'essentiel est que tu ailles bien et le bébé aussi. Tu devrais plutôt t'en prendre à moi. J'ai ouvert la lettre de ta mère car je croyais qu'il y aurait quelque chose d'important. »
« Ce n'est pas grave, Sully. »
« C'est ce que tu dis. Mais ta mère ne pensait certainement pas que je l'ouvrirai à ta place. »
Elle posa ses doigts sur sa bouche pour le faire taire.
« Chut. Tu n'as rien à dire. »
 
Complètement fasciné par sa beauté, et ayant plus qu'envie que Michaëla oublie sa culpabilité, il l'embrassa sur la bouche.
Le baiser qu'il voulait lui donner n'était au début qu'un baiser de tendresse et de réconfort.
Au vu de la réaction de sa femme, il devenait ardent et plein d'amour, car elle s'accrochait à lui.
Sully aurait pu se laisser emporté par ce baiser, mais il décida de revenir sur terre. Il n'était pas sage pour elle et pour le bébé, de continuer sur ce chemin dangereux.
Cela ne l'empêchait pas de l'entourer de tendresse. Avec ses doigts, il fit le tour de son visage lentement.
« Je t'aime, Sully. » Murmura-t-elle.
« Moi aussi. »
Il posa la tête de son épouse contre son épaule, où elle aimait se blottir et fit en sorte de la faire s'endormir. Il la contempla longuement en espérant que ses amis faisaient en sorte de les aider à se débarrasser d'Ethan.
Il ne se doutait pas que sa belle-mère essayait de faire comprendre à Ethan qu'il n'avait aucun droit sur les enfants à ce moment-là. Il ne savait pas qu'elle avait envoyé un télégramme à Matthew pour venir à Colorado Springs sans avertir sa fille.
Élisabeth était au courant de l'état assez préoccupant de sa fille. Elle savait aussi que Sully avait été blessé par accident, en tout cas, c'est ce qu'avait dit Matthew.
Sully pensait justement à sa belle-mère. Elle s'était comportée avec lui d'une manière de plus en plus compréhensive.
Il était vrai qu'elle avait finalement accepté leur mariage car c'était un homme très prévenant avec elle.
Sully était soulagé qu'elle ait enfin compris ce qu'il souhaitait plus que tout au monde : rendre Michaëla heureuse.
 
« Elle ne peut pas me donner d'enfants. Elle est bonne à rien. »
Ethan avait, comme toujours, une mauvaise opinion de sa femme.
« Vous n'avez que cette raison pour la laisser de côté. »
« Non, Grand-mère, ce n'est pas la seule raison. Il y a aussi le fait qu'à cause de sa stérilité, il ne peut pas avoir accès à l'héritage de l'oncle de Lilian. »
« Toujours à cours d'argent ! Et quand on vous donne, il ne vous suffit pas. » Remarqua Élisabeth.
Ethan avait trouvé à qui parler, et en plus, cette personne ne se laissait pas démonter par ses remarques très personnelles sur Sully. Pourtant, s'il avait pu récupérer la jolie doctoresse, il n'aurait pas été contre.
Mais ce n'est pas envisageable !
De toute façon, il ne pourrait pas convaincre d'abonder dans son sens.
« Revenons à des discussion plus sérieuses, Monsieur Cooper. Nous parlions de la garde des enfants, que vous avez confiée à Michaëla et à Sully. » Dit Élisabeth.
« J'aimerai revenir sur ma décision. »
« Tu n'as aucune parole. » Lui reprocha Matthew.
« Vous n'obtiendrez rien de Sully et de Michaëla. Ils n'ont jamais laissé Colleen et Brian livrés à eux-mêmes. Mais mon plan a marché à merveille car vous êtes là. »
« Je vais rentrer à San Francisco et rejoindre Lilian. Je crois que je n'arriverai pas à récupérer mes enfants. »
Élisabeth et Matthew n'en croyaient pas une miette. Ethan préparait quelque chose dans leur dos, encore une fois.
Matthew ne laisserait pas la garde et il était peut-être temps que Nuage Dansant entre en scène.
C'était prévu de longue date, mais comme d'habitude, chaque chose se faisait en son temps
 
De leur côté, Michaëla et Sully étaient loin de penser que Matthew allait enfin trouver un moyen de mettre Ethan hors de nuire.
Ils étaient au rez-de-chaussée et Sully préparait amoureusement un dîner des plus succulents …
Michaëla était assise et l'admirait en silence.
Elle bénissait Dieu de lui avoir permis de rencontrer un homme aussi beau et aussi prévenant.
Le bébé bougeait dans son ventre et elle entra en communication avec lui.
« Ton papa est vraiment très beau quand il travaille et qu'il cherche à me faire plaisir. Tu auras le meilleur papa que je connaisse. »
Sully se retourna vers sa femme après avoir rajouté un petit peu de sel à son ragoût.
Il se concentra sur son épouse et l'admira en silence, bien conscient qu'elle en avait fait de même il y a quelques secondes. Elle avait la main sur son ventre arrondi et le caressait.
Ses yeux étaient fermés, mais elle ne dormait pas.
Elle semblait plutôt concentrée à parler ou à penser à autre chose. Il devina ce qu'elle devait être en train de faire.
Cela avait beau ne pas être la première fois qu'il la surprenait à faire ça, il continuait de trouver cette manière de parler à leur bébé très attendrissante.
Il la ramena malgré lui dans le présent en s'approchant plus près d'elle.
En voyant une ombre devant elle, Michaëla sursauta et rouvrit les yeux.
« Sully, tu ne devrais pas plutôt surveiller ta préparation à laquelle, je te répète, je n'ai pas eu le droit de participer. »
« Ma femme devrait être au lit en train de se reposer. Il a fallu que je la porte ici parce qu'elle voulait être près de moi …
 
… Je suis plutôt heureux d'être près de toi, moi aussi. Que faisais-tu à l'instant ? »
« Rien. »
« Si tu es fatiguée, je peux te ramener au lit. »
« Non. »
« Je sais que tu veux rester près de moi. Alors, peut-être pourrais-tu me dire ce que tu racontais à notre bébé. »
« Rien. »
« Michaëla, tu ne sais pas mentir. »
« D'accord, je lui disais quel papa formidable tu serais avec lui. »
« Tu aurais dû lui dire comment sa maman était magnifique. »
« Comment peux-tu me trouver magnifique ? Je suis grosse comme une barrique ! »
« Tu n'es pas grosse. Tu attends un bébé, je te rappelle. Je te l'ai déjà dit. Tu resteras toujours belle à mes yeux. »
« Tu ne sais pas mentir toi non plus. »
« Mais je ne mens pas. »
Elle se leva pour échapper à son regard perçant si sincère et amoureux. Elle ne se sentait plus aussi désirable que le jour de leur mariage.
Ce ventre arrondi n'était pas ce qui la gênait le plus. C'était la promesse de la vie.
Non ! Ce qu'elle craignait le plus était de perdre l'amour de son mari en prenant des rondeurs.
Pourtant, elle connaissait assez son mari pour savoir qu'il ne l'abandonnerait pas comme ça.
Ne venait-il pas de lui dire qu'il la trouvait belle ?
Sully se rapprocha d'elle par-derrière, ne voulant pas qu'elle se mette à déprimer de son état, alors qu'ils allaient bientôt agrandir leur famille.
« Je t'aime et tu es belle, aussi belle que le jour de notre mariage. »
 
Il la tourna vers lui et lui souleva le visage pour la regarder dans les yeux.
« C'est la vérité. Tu es et tu resteras toujours la plus belle du monde à mes yeux. »
Il l'embrassa tendrement sur la bouche, pour qu'elle ne réponde pas, puis il la souleva pour la ramener sur la chaise où elle était assise auparavant.
Elle caressa son ventre et rentra à nouveau en communication avec son bébé.
« Quand je te disais que ton papa était merveilleux. Il serait même capable de me faire croire que je ne suis pas grosse. »
Ce qu'il vit danser dans les yeux de sa femme à ce même moment le fit sourire, mais il décida de ne pas intervenir.
Il continua de se concentrer sur la cuisine et la laissa se réfugier à l'intérieur d'elle-même.
Quand le déjeuner fut prêt, Sully alla vers la table et mit le couvert. Michaëla revint aussitôt au présent, avec un sourire très séduisant dirigé vers son mari.
« Qu'y-a-t-il, Michaëla ? »
« Rien. Je t'aime. »
Finalement, elle avait réussi à se convaincre que Sully l'aimait plus que tout au monde.
Elle eût une pensée pour sa mère. Elle allait peut-être lui dire de venir pour la voir. Elle ne savait pas pourquoi mais elle avait envie d'avoir sa mère près d'elle.
Elle se posait des questions sur la relation qu'entretiendrait sa mère avec Sully.
A Boston, tout avait fini par s'arranger, mais en serait-il de même à Colorado Springs ?
D'après les lettres qu'elle lui avait envoyées, sa mère semblait enfin avoir compris à quel point elle tenait à Sully.
 
Elle chassa cette pensée et se concentra sur son époux qui lui parlait et dont elle n'avait pas entendu le traître mot.
« Michaëla ? »
« Qu'est-ce que tu dis ? »
« Je te demandai si tu voulais un nouveau morceau de tarte en dessert. »
Elle se lécha les lèvres et répondit positivement.
Il savait qu'elle s'inquiétait à propos d’Élisabeth.
Il n'avait aucun moyen de la distraire de ses idées, alors il la laissa tranquille et le dîner qu'ils partagèrent fut silencieux.
Michaëla le laissa faire la vaisselle et alla s'asseoir dans un fauteuil d'elle-même.
Elle prit un livre et essaya de se concentrer dessus.
Elle ne parvint pas à le faire.
Sully ne pouvait pas la laisser comme ça alors qu'ils étaient censés être ensemble et vivre une sorte de lune de miel.
« Ne t'inquiète pas à propos de ta mère. Elle a compris que je tenais à toi et que je voulais que tu sois heureuse. Tout se passera bien avec elle ! »
Elle voulait s'en convaincre, vraiment. Elle devait bien reconnaître que sa mère avait bien changé.
Elle sourit à Sully et lui fit confiance.
Il s'agenouilla face à elle et lui prit la main. Il l'embrassa tendrement. Il avait bien une idée en tête, mais il ne savait pas s'il pouvait la mettre en pratique tant qu'il n'aurait pas d'avis médical favorable.
Le Docteur Bernard vint leur rendre visite pour examiner sa patiente.
« Que faites-vous au rez-de-chaussée ? N'êtes-vous pas censée vous reposer au lit ? »
« Je ne voulais pas rester au lit toute seule à l'étage, pendant que mon mari préparait à manger. »
« Vous n'avez fait aucun effort ? »
« Non. Ne vous inquiétez pas. Je l'ai portée à chaque fois. »
 
« Très bien, Sully, cela me rassure. »
Il se concentra sur son examen.
« Me permettez-vous d'emmener ma femme en ballade en forêt demain ? »
« Bien sûr. En prenant soin d'elle ! »
« J'ai déjà tout prévu. Je ferai suivre des couvertures pour l'installer confortablement. »
Michaëla ouvrit la bouche, prête à intervenir, mais Sully ne lui en laissa pas l'occasion.
« Je suppose que ma femme n'est pas très heureuse de m'entendre dire ça, mais ce que je veux, c'est prendre soin d'elle. Vous êtes d'accord, Docteur ? »
« Absolument, Sully. Si vous voulez aller en forêt tous les deux, c'est la seule solution. »
« Merci. »
Sully fut heureux de l'appui du médecin. Cela décida Michaëla à se plier à leur décision commune. S'ils étaient d'accord pour mettre un plan en action sans qu'elle donne son avis, elle n'avait qu'à s'y plier sans rien dire.
Sully accompagna le médecin jusqu'à la porte en lui serrant la main, puis il se tourna vers sa femme.
Elle était toujours dans son fauteuil pour ne pas attirer les foudres de son mari, mais elle semblait encore contrariée.
« Tu as besoin qu'on s'éloigne un peu de la maison. Nous ne serons pas loin d'ici. »
« Si tu le dis. Tu as juste pris la décision sans me consulter, mon cher mari. »
« Tu refuserais de passer du temps avec moi ? En serais-tu capable ? »
Il la mettait face à une question qui allait de soi.
« Bien sûr que non ! Je veux passer du temps avec mon mari. »
« Content de te l'entendre dire car je peux t'annoncer d'ors et déjà que s'il avait fallu, je t'aurai enlevée. »
 
« Tu oserais faire ça à ta femme, celle qui porte ton enfant ? » Plaisanta-t-elle.
« Non. Je savais que je trouverai un moyen de te convaincre. »
« Tu savais ça ? »
« Et comment si cela n'est pas trop indiscret ? »
« Tu n'as jamais pu me dire non ! Même le jour où je t'ai demandé en mariage ! »
« Tu crois ? »
« Oh oui. J'en suis même sûr. Comment as-tu pu me dire oui ? »
« Je t'aimais déjà et je ne m'imaginais pas mariée à un autre homme. »
« Ah oui ? »
« Oui. En douterais-tu ? »
« Non, pas du tout ! »
« Tu te rappelles de comment tu m'as demandée en mariage ? Et te souviens-tu comment tu m'as embrassée ? »
« Je t'ai embrassée ? Je croyais que c'était toi qui m'avait embrassé ? »
« Tu te souviens ? »
« Bien entendu ! »
Elle se rapprocha de sa bouche pour lui faire voir qu'elle n'avait pas oublié. Le baiser qu'ils partagèrent fut très prometteur et aurait pu finir dans un instant coquin au lit.
Mais Sully ne comptait pas faire l'amour à sa femme à ce moment-là. Bien sûr, il n'y avait plus aucun risque pour le bébé.
Mais il voulait un moment plus romantique.
Il arrêta le baiser et la souleva dans ses bras pour la porter dans leur chambre.
Michaëla se sentit déçue.
Après la discussion qu'ils venaient d'avoir, elle avait du désir pour son mari, mais, encore une fois, Sully avait arrêté de lui-même cet instant romantique.
 
Elle soupira et se laissa aller dans ses bras.
Peut-être qu'elle arriverait à ses fins en forêt ?
Il avait entendu son soupir et il sourit pour lui-même. Son plan marchait.
Ainsi, elle serait plus détendue pour leur escapade du lendemain. Il la posa sur le lit.
« Madame Sully, il est temps pour vous de dormir. Je veux que tu sois en forme pour demain. »
« Monsieur Sully, que prévoyez-vous avec votre femme demain ? » Osa-t-elle demander.
« Rien ! Qu'elle se repose et qu'elle profite. Cela te va-t-il comme programme ? »
« Mon mari est bien mystérieux. Si tu crois que je n'ai pas vu ton sourire tout à l'heure .. »
« Quel sourire ? Aller. Tu dois dormir ! »
« Seulement après que tu m'aies rejointe. »
« Tu es impossible ! » Dit-il en souriant.
Il se retourna afin de cacher son nouveau sourire, qui apparaissait sur son visage.
Le fait qu'elle veuille être près de lui n'était pas pour lui déplaire et lui prouvait bien qu'il avait raison de prévoir un moment amoureux en sa compagnie.
Il enleva ses vêtements et se coucha à ses côtés.
L'attitude coquine de Michaëla refit surface. Elle se pelotonna contre lui et passa ensuite sa jambe par-dessus la sienne et commença à le caresser d'une manière sensuelle.
Elle n'avait pas abandonner son envie de faire l'amour avec son mari.
« Sois sage ! » Murmura-t-il à son oreille.
Elle ne l'écouta pas et lui grignota l'oreille. Puis, elle embrassa son cou et passa ses mains sur la surface de son torse.
 
Elle était bien décidée à la torturer pour obtenir satisfaction. Elle voulait lui donner du plaisir et en recevoir à son tour et elle savait qu'elle y parviendrait.
« Michaëla ... » Tenta-t-il de résister.
« Tais-toi. »
Elle se releva deux minutes pour enlever sa chemise de nuit. Il était tellement content de la voir si entreprenante que Sully se releva pour aller la rechercher.
S'il devait lui faire l'amour, ce serait avec toute sa tendresse et pas autrement !
Il commença à l'embrasser tendrement en petits baisers déposés sur son visage.
Il descendit petit à petit vers sa poitrine. Il l'embrassa ensuite ses seins après l'autre et lécha son nombril.
Elle plongea ses mains dans les cheveux et laissa échapper un gémissement de désir.
Sully se leva sur ses coudes pour l'observer attentivement.
Puis, il mit leurs parties intimes en contact.
« Sully ... »
Il entra en elle avec une infinie douceur et commença une danse d'amour douce, qui les entraîna dans un monde où ils étaient seuls tous les deux.
Les gémissements et les cris de plaisir résonnèrent dans la chambre pendant un moment avant de laisser place à des respirations saccadées de tous les deux.
Sully se mit sur le côté, puis il posa la tête de sa femme sur son épaule.
Elle s'endormit quelques minutes plus tard, en sécurité dans les bras de son mari.
Sully, quant à lui, la veilla et fut heureux de constater que le sourire qui avait apparu sur son visage ne s'effaçait pas.
 
De son côté, Ethan était parti de chez Matthew en lui promettant de partir le plus tôt possible.
Matthew savait qu'il ne tiendrait pas parole.
Il le suivit de loin à nouveau.
Il vit son père se diriger vers la réserve. Qu'allait-il y faire ?
C'est là qu'il se rappela que c'était certainement à cause de lui que Sully avait été blessé. Ce qu'il allait entendre allait le convaincre de cela totalement.
Ethan se dirigea vers Nuage Dansant sans savoir si celui-ci avait de réelles relations amicales avec Sully.
Heureusement, ce dernier avait eu le temps de mettre son frère Cheyenne dans la confidence. Ce dernier jouerait son rôle à merveille.
« Bonjour. Je vous ai vu il y a quelques jours en compagnie de Sully, l'agent Indien. Vous le connaissez bien ? »
« Un peu, il nous met en relation avec les habitants de Colorado Springs afin que nous fassions du commerce avec eux. »
« Il est très serviable avec vous, mais n'est-il pas absent depuis quelques jours. »
« Nous ne l'avons pas vu depuis deux jours, ce qui est contraire à ses habitudes. Peut-être est-il malade ? »
« Non. Il n'est pas malade ! Il est parti en lune de miel avec sa femme ! »
« Je ne le savais pas ! »
« Vous l'aimez beaucoup ? »
« Non, pas vraiment. Je ne le connais pas bien personnellement. »
« Alors, je vous ai rendu service en le mettant hors-service pour quelques jours. »
A ce moment-là, Matthew, qui avait eu le temps d'aller chercher des témoins pour témoigner contre Ethan, fut choqué d'entendre cela de la part de son père.
 
Pendant que Matthew racontait les dernières nouvelles à Loren, Hank invitait secrètement Ethan à jouer au poker.
Élisabeth, quant à elle, avait été accueillir Lilian à la gare.
La jeune femme venait d'arriver en ville sur la demande de Madame Quinn et elle était bien décidée à l'aider et à ramener son mari à la raison une bonne fois pour toutes.
Elle allait aussi lui prouver qu'elle n'était pas aussi idiote qu'il voulait le croire.
« Bonjour. Je vous remercie d'être venue. »
« De rien. C'est avec plaisir que je rends service à Michaëla et Sully. Ils ont été très gentils avec moi. Je leur dois bien cela. »
Élisabeth prit le temps de lui expliquer ce qu'elles allaient faire dans le saloon de Hank.
Lilian fut plus que heureuse de participer à ce piège contre son propre mari, car elle commençait à en avoir assez de le laisser faire ce qu'il voulait.
Après avoir fait entrer en toute discrétion Lilian, Élisabeth, Loren, Jake et le Révérend, Hank se dirigea vers la table occupée par Ethan.
Il s'assit en face de lui et commença à distribuer les cartes de jeu.
« Merci d'avoir accepté d'organiser une autre partie de poker, car j'ai bien besoin d'argent. »
« J'en gagne moi aussi avec le nombre de verre que boivent le ou les joueurs. »
« Je suis bien heureux de pouvoir vous aider à développer votre commerce. »
« Mais que faites-vous de l'argent que vous gagnez ici ? »
« Je cherche un endroit où m'installer pour rester près de mes enfants. Ils me manquent quand je suis à San Francisco. »
 
« Je peux comprendre ce que vous ressentez. J'ai aussi un fils qui fait des études de dessin de Denver. Mais, je préfère le savoir heureux à quelques kilomètres de moi que malheureux en ma compagnie. »
« Je vois ce que vous voulez dire. Je suis comme vous, je ne veux que le bonheur de mes enfants, mais je ne suis pas convaincu qu'il soit avec le Docteur Mike et Sully. »
« Pourquoi ? Ils sont très bien avec vos enfants ! »
« Vous croyez qu'ils sont très bien quand ils partent en laissant mes enfants sous la garde d'une personne âgée. »
Hank ne fit aucun commentaire.
Élisabeth commençait à s'agacer de ne pas répondre à cet énergumène, qui se permettait de la juger sans la connaître.
Lilian mourrait d'envie de le voir perdre une partie de poker et de le voir se désoler parce qu'il n'avait plus d'argent et qu'il devait travailler pour en gagner.
Matthew attendait le moment où il pourrait intervenir pour obliger Ethan à laisser tomber ses plans machiavéliques.
Et il savourait aussi le moment où il en informerait le Docteur Mike et Sully.
Mais pour l'instant, il devait laisser agir Hank comme il le voulait. Ethan attendait que son adversaire distribue les cartes.
La partie se déroula comme prévu.
Hank finit par gagner en laissant Ethan sans rien.
Cooper partit au saloon déçu, mais bien décidé à mettre son plan à exécution.
Ce fut enfin le moment où Matthew put intervenir.
« Que faisais-tu chez Hank ? »
« En quoi cela te regarde-t-il ? »
« Je m'informe juste de ce que tu fais et je viens de te voir sortir du saloon. »
 
 « J'ai été boire un verre d'alcool. C'est interdit ? »
« Nous savons ce que tu as été faire ! » Intervint Lilian.
« Que fais-tu ici ? »
« Quel accueil ! Je pensais que tu serai heureux de voir que je t'ai rejoint ou alors tu n'es pas content parce que tu viens de perdre. »
« Comment tu le sais ? Tu me surveilles maintenant ? »
« Je te surveille quand tu te mêles de ce qui ne me regarde pas comme, par exemple, de la vie de Monsieur et Madame Sully. »
« Je voulais voir comment allaient les seuls enfants que j'aurai. »
« Oh, comme c'est délicat de ta part de me rappeler que je ne peux pas avoir d'enfants. Mon père est au courant de ton trafic. Il a fait en sorte de changer son testament. Même si tu emmenais tes enfants, tu n'aurais pas un sou. »
« Je suppose que je vous le dois, Madame Quinn. »
« Vous n'avez pas respecté votre part du marché, Monsieur Cooper, en blessant volontairement mon gendre. Il était donc normal que je prévienne votre beau-père. »
« Je suis très déçue par ton attitude, Ethan. Je croyais que tu avais enfin compris que tes enfants étaient mieux avec les Sully qu'avec toi. »
« Il a toujours été comme ça avec lui, Lilian. Il a toujours réussi à nous décevoir, jusqu'à se servir des Indiens pour se débarrasser de Sully. Dit Matthew. La personne sur laquelle tu es tombée n'était autre que Nuage Dansant, le meilleur ami de Sully. Maintenant, tu as deux choix devant toi : soit tu repars d'où tu viens sans demander ton reste, soit tu restes ici. Si tu restes ici, tu choisi la mauvaise solution, car je préviendrai un juge pour te faire condamner pour ce que tu as fait depuis que tu es ici. »
Ethan se sentit trahi. Il avait encore réussi à se faire avoir. Pourtant, il avait pensé que Sully devait bien avoir quelques ennemis en ville.
 
Mais il s'était fourvoyé.
Et maintenant, il allait devoir repartir avec Lilian à San Francisco et il allait s'ennuyer comme un rat mort.
Mis à part s'il contactait un ami qui lui avait proposé une affaire plus que que juteuse, après avoir fait semblant de s'intéresser un peu à sa femme.
C'était la meilleure solution !
« Je suis désolé, de m'être comporté ainsi. J'avais juste besoin d'être rassuré sur le sort de mes enfants. J'avais envie de vous voir, Matthew. »
« Tu ne me feras pas croire ça à moi. Je te connais trop bien. Tu ne t'es jamais préoccupé de nous, sans que cela te rapporte de l'argent. As-tu connu les moments de difficultés de maman ? Comment a-t-elle fait sans l'argent que tu lui avais pris ? »
« Je suis désolé, Matthew. »
« Tu peux t'excuser. Cela ne changera jamais ce que tu as fait à Colleen et à Brian. Je serai à ta place, je partirai immédiatement pour San Francisco sans chercher à me trouver des excuses ! »
« Ne t'énerves pas, fils. Je peux quand même dire au revoir à Colleeen et à Brian. »
Élisabeth l'emmena vers le restaurant pour qu'il prenne le temps d'embrasser les enfants avant de se retirer pour de bon de leur vie.
Il pouvait toujours venir les voir plus tard, quand il le voudrait.
Lilian prit le parti pour lui annoncer une autre décision qu'elle venait de prendre afin de bien lui faire réaliser l'ampleur de ses erreurs.
« Je reste à Colorado Springs. Tu rentres tout seul à San Francisco. »
« Je croyais que tu rentrerais avec moi. »
« Non. J'ai l'intention de parler au Docteur Mike et Sully et de leur assurer que tu ne viendras plus essayer de leur reprendre leurs enfants. »
« Matthew pouvait s'en charger pour nous. »
 
« Non. Je le ferai moi-même. »
Elle n'allait pas changer d'avis aussi facilement.
Il n'avait plus que le choix de s'isoler et de rentrer chez lui par la diligence du lendemain.
Autour de lui, sans qu'il s'en aperçoive, tous les amis de Michaëla et Sully furent soulagés.
Lilian échangea un sourire avec Élisabeth.
Matthew n'attendait plus qu'une chose : pouvoir annoncer la bonne nouvelle à ses parents.
Il savait qu'il en aurait l'opportunité dans pas longtemps.
Sully avait réservé une surprise à sa femme le lendemain et il était de la partie avec Élisabeth et avec Lilian.
Il attendait avec impatience ce moment car il avait hâte de voir le visage de sa mère face à ce cadeau de la part de Sully.
Il sourit et rêva à un avenir similaire avec Ingrid.
Élisabeth pensait aussi au lendemain et à Sully.
Comment avait-elle réussi à organiser un tel cadeau à Michaëla alors qu'il s'était blessé il y a quelques jours ?
La réponse était simple. Il s'était mis d'accord avec Matthew peu de temps leur retour à Boston et avait confiance à tous ses amis pour l'y aider.
Même Nuage Dansant et Oiseau Blanc avaient répondu présent.
Il devait y avoir aussi le Révérend pour une partie bien spécifique de la surprise.
Élisabeth savait par avance que sa fille serait très émue par ce présent de la part de son mari, et la vieille dame allait y rajouter autre chose à laquelle Sully ne pensait pas.
Elle souriait et en rêvait aussi.
Ce n'était plus à son âge qu'elle pouvait vivre quelque chose comme ça !
 
Il se contenta de monter à l'avant et de faire avancer les chevaux à petite allure sur le chemin qu'il avait décidé de prendre.
Michaëla ferma les yeux mais elle fut bien incapable de fermer les yeux car elle était bien trop curieuse de savoir où il l'emmenait et ce qu'il lui réservait.
Il s'arrêta à la réserve et alla chercher sa femme pour l'aider à descendre. Elle ouvrit les yeux de surprise en voyant une sorte d'autel d'église reconstituée dans le camp Indien.
Qu'envisageait encore Sully ?
Elle n'eut pas le temps de lui poser ouvertement car elle vit sa mère se diriger vers elle.
Les questions fusèrent dans son esprit quant à sa présence à Colorado Springs.
Comment se faisait-il qu'elle soit là sans même l'avoir avertie de son arrivée ?
Il y avait beaucoup de choses qu'elle ne comprenait et dont elle avait besoin de parler avec Sully, mais il avait disparu de sa vue.
« Que se passe-t-il ? » Demanda-t-elle à sa mère.
« Ne cherches pas à comprendre tout de suite, Michaëla. »
« Comment se fait-il que vous soyez là , »
« Tu n'es pas heureuse de me voir ? Je suis venue vous aider toi et Sully à faire comprendre à Ethan qu'il fallait qu'il retourne à San Francisco et j'y ai réussi. »
« Vous avez réussi ? »
« Oui, et j'ai eu une idée très précieuse avec Lilian qu'est venue elle aussi. »
« Depuis quand êtes-vous ici ? Vous auriez au moins pu me le dire ! »
« Non. Tu avais besoin d'être avec ton mari. »
Michaëla posa la main sur son ventre. Elle ne comprenait pas ce que cela voulait dire.
 
Puis, elle se souvint que Sully avait ouvert la dernière lettre de sa mère.
Peut-être y avait-il découvert la prochaine arrivée de sa mère et la lui avait cachée ?
Il n'y avait que cela de possible à ses yeux !
Il y avait peut-être un peu de vrai là-dedans.
Mais il n'était pas le seul …
Sully avait pu compter sur l'appui de ses amis pour l'aider à organiser cette surprise. Mais quand en avait-il eu le temps ?
Élisabeth entraîna sa fille vers la tente montée pour elle. Elle devait essayer de rassurer Michaëla, car si elle ne le faisait pas, elle n'allait pas pouvoir apprécier pleinement ce qui l'attendait.
« Sully n'était pas au courant de mon arrivée. Il n'y avait que Matthew qui était au courant ! »
« Matthew ! »
« Oui, il avait bien besoin de mon aider pour arriver à faire comprendre à Monsieur Cooper qu'il ne devait plus vous embêter toi et Sully. »
Michaëla s'assit sur la chaise qui se trouvait là, car elle se sentait dépassée par toute cette histoire.
« Comment avez-vous su pour aujourd'hui ? »
« Matthew. Sully lui en avait parlé. »
« Que prépare-t-il, mère ? »
« Je ne te le dirais pas mais tu vas apprécier. Maintenant, est-ce que je peux prendre ma fille dans mes bras ? »
Michaëla acquiesça et elle apprécia ce contact qu'elles avaient rarement.
Élisabeth en profita pour examiner attentivement sa fille et posa sa main sur son ventre.
« Ce bébé aura un père formidable. »
« Je le sais et c'est pour cela que je l'aime si fort. »
 
« Alors, fais-lui confiance. Tu vas voir, cela en vaut la peine. »
« Il ne devrait pas faire cela maintenant. Il a été blessé récemment et je ne veux pas qu'il fasse trop d'efforts. »
« Ton mari va bien, Michaëla. Je crois savoir que c'est plutôt toi qui avais besoin de repos. Ne sois pas si inquiète pour lui ! »
« Je ne peux pas m'en empêcher. Je l'aime, mère. »
« Alors, c'est le moment de le lui prouver. »
« Comment ? »
« N'essaies pas de le savoir ! Contentes-toi de te faire belle et de mettre la robe qu'il a choisie pour toi et tu verras ce qu'il se passera par la suite. »
Michaëla jeta un coup d’œil à la robe pendue.
Il s'agissait de sa robe de mariée.
Comment allait-elle pouvoir rentrer dans sa robe avec sa grossesse avancée ? Comment Sully avait-il pu choisir cette robe tout en sachant le nombre de kilos qu'elle avait pris ?
Enfin, elle n'avait pas d'autre choix que de se soumettre à la volonté de son mari.
Elle ne souhaitait que cela : lui faire plaisir autant qu'il lui faisait plaisir et elle était prête à tout pour cela !
Sa mère l'aida à revêtir ce vêtement si symbolique à ses yeux. Michaëla fut surprise de voir que celui-ci lui allait à merveille.
C'était encore une chose qu'elle ne comprenait pas.
« Qu'a encore fait ton papa ? » Demanda-t-elle à son bébé quand elle le sentit bouger.
Elle décida d'arrêter de se poser des questions.
Cela ne l'avancerait en rien pour essayer de comprendre son mari plus que mystérieux.
Mais où était passé Sully ?
Elle avait une folle envie de le voir et de le remercier en l'embrassant.
Elle avait envie d'être près de lui.
 
Sully l'attendait au pied de l'autel improvisé en se demandant quelle allait être sa réaction. Il avait prévu tout cela très en avance.
Il avait ensuite demandé à Colleen de prendre une de ses robes de grossesse, afin que les couturières de la ville adaptent sa robe de mariée à son état. Et il n'avait pas eu tort car, même de loin, s'il ne se trompait pas, elle avait l'air merveilleuse, comme une apparition blanche dans toute sa splendeur.
Cette surprise, il l'avait préparée dans tous les détails avec l'aide précieuse et indispensable de Dorothy.
Elle avait tout choisi en fonction des goûts de Michaëla et Grace avait fait de son mieux pour faire un repas copieux où les Cheyennes pourraient participer.
C'était la nouveauté de ce deuxième mariage improvisé.
Tout le monde pourrait participer à ce moment de joie. Même si Nuage Dansant avait pu participer à leur premier mariage, le fait qu'il puisse être auprès de sa femme et de son peuple pour assister à cet instant unique était une bénédiction.
Sully était plus qu'heureux de pouvoir être avec ses amis. Cela était une des raisons qui l'avait poussé à organiser ce second mariage.
Et il avait aussi eu raison d'adapter la robe de mariée à la grossesse de Michaëla. Elle lui allait à merveille.
Pouvait-elle paraître encore plus belle que le jour de leur première union ? Ou était-ce une impression ?
Il savait une chose pour sûre : il aimait Michaëla de plus en plus chaque jour.
C'était un sentiment très fort d'appartenance et d'amour qu'il n'avait jamais ressenti dans toute sa vie.
Élisabeth semblait tenir tendrement la main de sa fille, comme si elle avait ressenti le trouble qui l'habitait à ce moment-là.
Il pouvait voir ce trouble, même à la distance d'où il était.
Elle semblait tellement heureuse et en même temps enchantée qu'un sourire lui échappa.
 
Il résista à l'incroyable envie de courir et de la rejoindre sur le champ et de la soulever pour l'emmener jusqu'à l'autel.
Elle ne fut pas très longue à l'atteindre et il ne put, cette fois-ci, résister à l'envie de lui prendre la main.
Ça semblait dérisoire par rapport à ce qu'il avait pensé avant mais cela lui permettait de lui faire comprendre dans quel état d'esprit il se trouvait.
Michaëla avait du mal à réaliser qu'elle était bien en face de son mari et qu'ils étaient bel et bien en train de se remarier devant tous leurs amis.
Et pourtant, c'était bien la réalité.
« Nous sommes réunis en ce jour, pour célébrer à nouveau l'union entre ces deux êtres. Cette union a été voulue par Sully en cet endroit afin que toute sa famille et tous ses amis voient à quel point il est attaché à sa femme. »
Le Révérend s'arrêta de parler et fit un signe discret à Sully afin de lui donner la parole.
« Je voulais pouvoir avoir l'occasion de tous vous réunir. Je veux que vous sachiez que j'ai trouvé la femme la plus aimante et belle que la Terre n'est jamais portée. Elle m'offre la joie au quotidien et grâce à elle, je vais bientôt devenir papa. »
Il avala les larmes qui voulaient sortir de sa gorge, afin de ne pas se donner en spectacle.
« Je l'aime de tout mon cœur et de toute mon âme. Nous ne faisons qu'un ensemble. Michaëla, j'ai fit cette demande au Révérend afin que tu saches combien je suis heureux avec toi et je sais que ça durera jusqu'à ce que la mort nous sépare. »
« Pour quelqu'un qui n'aime pas beaucoup parler ! »
Le commentaire de Hank était plus une sorte de respect qu'une remarque acerbe.
 
Michaëla avait les joues et les yeux inondés de larmes, et, pour une fois, ne suit plus quoi dire.
Mais, afin de faire comprendre à son mari que sa déclaration d'amour lui avait plu, elle serra ses doigts plus fort dans ceux de son mari.
Il comprit le message et fit signe au Révérend de continuer la cérémonie.
« Qui donne cette femme en mariage ? »
« C'est moi, Révérend. » Dit Élisabeth avec fierté.
« Si quelqu'un s'oppose à cette union, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais. »
Pendant ces minutes de silence imposées, pas un seul murmure ni une seule respiration ne fut entendus.
C'était comme si le monde avait arrêté de respirer en attendant la suite des événements.
« Byron Sully, acceptez-vous de prendre Michaëla Quinn pour épouse, pour l'aimer dans la santé, comme dans la maladie, jusqu'à ce que la mort vous sépare ? »
« Oui, je le veux. »
« Michaëla Quinn, acceptez-vous de prendre Byron Sully pour époux, pour l'aimer dans la santé, comme dans la maladie, jusqu'à ce que la mort vous sépare ? »
« Oui, je le veux. »
« L'union de cœur et d'esprit a été célébrée en ce jour en permettant à Michaëla et à Sully de s'unir à nouveau sous nos yeux. Ils ont su nous prouver qu'ils étaient unis pour le meilleur et pour le pire. Alors, nous pouvons nous réjouir de pouvoir assister à l'aveu de la force de leurs sentiments. »
Le Révérend fit signe à Nuage Dansant, qui se mit à chanter immédiatement.
Sully traduisait les paroles de cette chanson à sa femme.
Elle parlait d'une créature créée par le Grand Esprit qui avait quatre bras et quatre jambes et que l'on avait séparé en deux. Depuis, l'homme et la femme cherchaient toujours à la reconstituer.
 
Sully confia à son épouse que c'était ce qu'ils étaient l'un pour l'autre. La messe basse dut cesser entre nos deux amoureux.
Quand le Révérend leur donna la permission de s'embrasser, Sully releva le voile qui cachait le visage de son épouse, et baisa longuement les lèvres de sa femme.
Tous les invités applaudirent, en attendant que les amoureux en aient finis de s'embrasser et qu'ils puissent passer à la suite des réjouissances.
Sully revint sur Terre et se sépara avec regret des lèvres de sa femme pour la prendre par la main et l'emmener jusqu'à la table disposée là.
Michaëla n'y avait pas trop prêté attention en arrivant à la réserve, mais elle était déjà là.
Encore une idée de Sully pour lui faire plaisir.
Elle ne savait plus à quoi s'attendre avec lui.
Mais elle se laissa entraîner par son mari. Sa mère lui avait dit que cela en valait la peine et elle la croyait sur paroles.
Quelle ne fut pas sa surprise quand elle vit l'intégralité du menu !
Elle s'en lécha les lèvres d'anticipation et passa la main sur son ventre. Elle était sûre de faire plaisir au bébé en mangeant toutes les choses dont elle avait envie.
« Je crois qu'il va falloir que nous nous mettions à table, avant que tu ne laisses une marque de naissance à notre bébé. » Lui dit Sully à l'oreille.
Elle lui retourna un regard coupable et baissa la tête.
« Je plaisantais », crut-il bon d'ajouter.
Il tira la chaise et l'aida à s'asseoir.
Heureusement, personne n'avait entendu ce que Sully avait dit à sa femme.
Grace se sentit heureuse de voir les attitudes des mariés, car elle avait choisi le menu en fonction de leurs plats préférés.
Et elle n'avait pas manqué leur petite discussion.
 
Les Cheyennes avaient, de plus, le droit de participer à ce repas de noces.
Ce repas frugal et appétissant leur donnaient l'impression de faire partis des habitants de la ville.
Nuage Dansant eut le droit d'implorer les Esprits avant le repas. Il était heureux de pouvoir assister à l'union de son frère blanc avec son grand amour.
Le repas était convivial, chaque participant, ayant, pour un moment fait une trêve dans les conflits, qui naissaient parfois entre eux.
Michaëla ne pouvait pas s'empêcher de tenir la main de Sully. Elle était transportée dans un autre lieu et dans un autre monde.
Quel serait la suite des événements en ce lieu si unique et particulier ?
La musique commença à retentir et Sully l'entraîna vers la piste de danse.
Elle était heureuse et fière de pouvoir monter son bonheur aux autres habitants et à sa famille.
Malheureusement, à ses yeux, la danse ne dura pas assez longtemps, et elle dut s'extraire des bras de son mari, pour danser avec quelqu'un d'autre.
Elle aurait voulu passer le reste du temps avec Sully, mais elle devait sacrifier à la tradition et permettre à un autre homme de prendre sa place.
Mais de loi, alors qu'il dansait avec sa mère, elle le voyait bien en train de l'observer comme un amoureux transis.
Elle lui sourit et se força à se concentrer sur sa danse avec Loren. Le vieil homme n'avait pas besoin d'explications sur l'état de sa cavalière. Il ne pouvait pas être plus heureux que de pouvoir assister à l'union renouvelée entre les deux personnes dont l'amour s'était épanoui sous ses yeux, et les voir se remarier ensemble.
Si seulement Maude avait pu assister à cela !
 
 
Elle y assistait à travers lui, il devait se convaincre de cela.
Il se secoua et dit :
« Vous pourrez retourner auprès de Sully après cette danse. »
« Pourquoi vous me dites cela, Loren ? »
« Je sais que vous en mourrez d'envie. »
« Est-ce si évident que cela ? » Osa-t-elle demander.
« Non. Rassurez-vous. Il n'y a qu'Elisabeth et moi qui l'avons compris. Vous avez épousé un homme qui vous aime. Profitez-en ! »
Michaëla pensait que Loren avait l'âme nostalgique.
Elle n'avait pas besoin qu'il lui dise pour qu'elle comprenne que Loren pensait à sa propre femme.
Elle essaya de lui faire penser à autre chose.
« Loren, cela vous ferait-il plaisir de venir dîner chez nous un de ces soirs ? »
« Un grand plaisir. Mais avant cela, je veux que vous et Sully ayez le temps de profiter l'un de l'autre. Je ne suis pas sûr qu'il ne soit pas jaloux de me voir danser avec vous. »
« Cela ne risque pas d'arriver. »
« Si vous le dites ! Mais j'ai quand même l'impression que Sully ne va pas s'arrêter à ce simple mariage. »
« Ça m'est suffisant, vous savez. Vous êtes au courant de ce qui m'attends par la suite ? »
« Même si je le savais, je ne vous le dirai pas ! J'ai toujours pensé qu'il fallait vous apprendre à patienter. »
« Oh ! » Ne put-elle que dire.
La danse se finissait et elle n'eut pas le temps de poser d'autre question à Loren.
Sully vint à elle.
« Qu'essayais-tu de savoir avec Loren ? »
« Rien ! Rien du tout ! »
 
 « Michaëla Quinn, tu ne sais pas mentir. Mais je te préviens, tu n'arriveras à rien avec moi non plus. »
« Même si je t'embrassai ? »
« Oh oui, tu vas devoir attendre ! »
« On dirait que ça te réjouit ? »
« Oui, plus que tu ne le penses. Il faut que tu apprennes à attendre. »
« Tu me répètes ce que tu m'as déjà dit ton ami Loren. »
« Peut-être est-il dans la confidence ou peut-être ne l'est-il pas ? »
« Je n'en saurai pas plus. »
« Tu as tout compris. »
Elle n'eut, une fois de plus, pas le temps de lui poser d'autre question, car Colleen était venue les chercher pour les emmener vers le gâteau préparé en leur honneur.
Michaëla commençait à en avoir marre d'être interrompue à chaque fois qu'elle posait des questions à Sully.
Cela aussi faisait partie du plan de son mari ?
Tout était possible avec lui ! Il lui faudrait aussi attendre. Mais pourquoi l'attente lui paraissait-elle aussi longue ?
Elle savoura la part du gâteau. Sully était content de lui.
Enfin, vint le moment où le chariot décoré en leur honneur. RobertE l'emmenait auprès d'eux. Encore une surprise de Sully !
Il la conduisit vers le chariot et la souleva pour la mettre sur le siège.
Il fit partir les chevaux à petite allure, laissant le temps à Michaëla de faire des signes d'au-revoir à la famille.
Elle essaya encore une fois de savoir où il la conduisait.
« Où va-t'on ? »
« Tu verras bien. C'est une idée de ta mère. »
« Mère ? »
« Oui. »
Elle ne comprenait pas comment sa mère avait pu organiser cela pour elle.
 
 
« Non. Tu es toujours aussi belle. La grossesse te va à merveille. »
« Ne me mens pas ! »
« Je ne mens pas ! Tu te rappelles ce que je t'ai dit à ce propos à Boston ? »
Michaëla ne répondit pas, alors Sully le fit pour elle.
« Je t'ai dit que quoi qu'il arrive, je te trouverai toujours aussi belle. »
« Comment peux-tu le penser ? »
« Parce que j'ai épousé la meilleure femme du monde. »
Et sans autre discours ou parole, Sully la souleva pour la porter dans leur lit et essayer grâce à des caresses et des baisers de lui prouver son amour.
Sully l'embrassa dans le cou mais Michaëla se recula pour le faire râler.
Elle le connaissait assez pour savoir qu'il avait réellement pensé ce qu'il lui avait dit.
Et elle se sentait rassurée par ses mots.
Le sourire aux lèvres, elle jouait avec lui.
Sully savait qu'elle faisait semblant. Il savait aussi qu'elle souriait dans son coin. Elle paraissait avoir envie de voir jusqu'où il allait pouvoir tenir.
Il la caressa à des endroits stratégiques, avant de poser la main sur le ventre de sa femme.
Il fut récompensé par un mouvement inopiné du bébé qui les surprit à tel point qu'ils se mirent à rire ensemble.
Michaëla, couchée sur le côté jusque-là, se mit sur le dos.
« Tu as réussi à réveiller le bébé. »
« Il bougeait bien avant que je te touche. »
Elle lui sourit pour lui faire comprendre qu'elle plaisantait.
Elle pensa alors à remercier Sully car, grâce à ses cachotteries, elle était pleinement heureuse. Elle le caressa à son tour.
Pour commencer, elle passa ses mains sur toute la surface de son torse, avant de descendre de plus en plus bas.
 
« Je me suis examinée hier pendant que tu t'occupais des chevaux et tout va bien. »
« C'est cela, oui ! » Fit Sully sans y croire. « Après les émotions d'aujourd'hui, je t'ordonne le repos. »
« Le repos, quel repos ? » Dit-elle en se mettant à califourchon sur Sully.
S'il n'y avait que ce moyen de le faire plier à ses exigences, elle allait l'employer et plus vite que cela.
« Tes forces semblent te manquer, mon cher mari. »
« Non, je ne veux pas que tu te fatigues. » Dit-il en l'attrapant pour la mettre sur le dos avec toute la douceur du monde.
Il resta appuyé sur ses coudes pour la contempler de haut en bas et de bas en haut. Il la dévorait des yeux. Elle avait voulu jouer avec lui, elle allait voir de quoi elle était capable.
Pour commencer, il la chatouilla gentiment sur les côtés avec des baisers légers et tendres.
Il remonta tout aussi lentement vers le creux situé entre son cou et son oreille.
Il avait décidé de la taquiner et elle était plus qu'heureuse qu'il ait pris les choses en main.
Il embrassa tendrement son ventre rebondi avant de remonter lentement vers ses seins.
Il se délecta de l'odeur de sa corps.
Michaëla en profita pour passer ses mains sur la surface de son dos, pour lui procurer un message des plus envoûtant.
Elle descendit vers ses fesses.
Il en profita pour mettre leurs parties intimes en contact.
Cette caresse sensuelle la fit gémir.
Sous son corps, elle se positionna en faisant en sorte de lui faire comprendre qu'elle voulait qu'ils ne fassent qu'un.
Il la pénétra immédiatement et commença de doux va-et-vient.
 
Ce fut un moment très tendre.
Suite à cela, ils restèrent serrés l'un contre l'autre, à savourer leur complicité et leur amour.
Michaëla fut la première à briser le silence qui s'était installé entre eux.
« Tu vois, il n'y avait aucune raison d'avoir peur. »
« Je n'avais pas peur. »
« Tu ne me feras pas croire cela. »
Sully ne fit aucun commentaire et se contenta de la serrer plus fort dans ses bras.
Michaëla se sentit partir dans le sommeil pendant que son mari continuait de la serrer contre lui.
Sully sut qu'elle s'était endormie en la regardant plus longuement. Cela lui prouvait qu'elle avait été bien fatiguée par la journée de surprise qu'il lui avait réservée.
Il se rappela à quel point cette femme avait changé sa vie.
Il lui devait beaucoup.
Il organisa mentalement la suite de leur séjour à Denver. L'essentiel pour lui était de continuer à faire plaisir à Michaëla et à la rendre heureuse.
Le mariage prévu en son honneur avait été à la hauteur de ses attentes et de celles de sa femme.
Il embrassa le front de son épouse et se leva le plus doucement possible du lit, afin de ne pas la déranger.
Il avait besoin de réfléchir à sa situation et à voir ce que son mariage lui avait apporté.
Tout était si différent que quand il était marié avec Abigail. Il n'avait jamais ressenti ce genre de sentiment pour une femme.
Michaëla ouvrit les yeux au bout d'un quart d'heures et se rendit compte de l'absence de son mari auprès d'elle.
 
Elle l'avait vu ouvrir la fenêtre et se mettre sur le balcon pour observer le ciel et les passants.
Même de dos, elle pouvait voir par son attitude qu'il semblait mélancolique et que c'était lui qui avait besoin de sa tendresse à elle. Elle lui devait bien la lui rendre car c'était très souvent le contraire qui se produisait.
Elle glissa ses bras autour de sa taille pour le réconforter. Elle appuya sa tête contre ses épaules, en espérant qu'il allait se retourner pour pouvoir la regarder.
Il ne fit aucun geste sur le moment, se contentant de serrer les mains dans les siennes.
« A quoi penses-tu ? » Lui demanda-t-elle.
« A ma femme, qui devrait être au lit à continuer à dormir. »
« Il n'y a plus que cela. »
S'il ne voulait pas être face à elle, c'est elle qui allait prendre les devants. Elle sortit complètement sur le balcon.
Cela ne lui avait pas suffit à empêcher son mari de continuer à regarder au loin.
Elle était bien plus petite que lui.
« Sully, regardes-moi. »
Il baissa les yeux au niveau des siens.
« Il n'y a aucune raison pour toi de s'inquiéter ! » Dit-il avec sa tendresse habituelle.
« Mon mari est mélancolique et il n'y a aucune raison pour moi de m'inquiéter. »
« Je vais bien, Michaëla. »
Pour essayer de couper court à toute intervention de la part de sa femme, il donna un baiser à ses lèvres.
C'était mal la connaître.
Quand elle vit qu'il se défilait aussi facilement, elle se recula et lui refusa sa bouche.
 
Elle l'avait vu ouvrir la fenêtre et se mettre sur le balcon pour observer le ciel et les passants.
Même de dos, elle pouvait voir par son attitude qu'il semblait mélancolique et que c'était lui qui avait besoin de sa tendresse à elle. Elle lui devait bien la lui rendre car c'était très souvent le contraire qui se produisait.
Elle glissa ses bras autour de sa taille pour le réconforter. Elle appuya sa tête contre ses épaules, en espérant qu'il allait se retourner pour pouvoir la regarder.
Il ne fit aucun geste sur le moment, se contentant de serrer les mains dans les siennes.
« A quoi penses-tu ? » Lui demanda-t-elle.
« A ma femme, qui devrait être au lit à continuer à dormir. »
« Il n'y a plus que cela. »
S'il ne voulait pas être face à elle, c'est elle qui allait prendre les devants. Elle sortit complètement sur le balcon.
Cela ne lui avait pas suffit à empêcher son mari de continuer à regarder au loin.
Elle était bien plus petite que lui.
« Sully, regardes-moi. »
Il baissa les yeux au niveau des siens.
« Il n'y a aucune raison pour toi de s'inquiéter ! » Dit-il avec sa tendresse habituelle.
« Mon mari est mélancolique et il n'y a aucune raison pour moi de m'inquiéter. »
« Je vais bien, Michaëla. »
Pour essayer de couper court à toute intervention de la part de sa femme, il donna un baiser à ses lèvres.
C'était mal la connaître.
Quand elle vit qu'il se défilait aussi facilement, elle se recula et lui refusa sa bouche.
 
« Michaëla ! »
« Non. Avant, tu vas me dire à quoi tu pensais. »
« C'est du passé. »
« Tu pensais à Abigail et à Hannah ? »
« Je suis désolé. Je ne devrais pas y penser mais je ne peux pas m'en empêcher. »
« Tu as tous les droits d'y penser et de m'en parler. Avec notre bébé qui arrive, je peux comprendre que tu y penses ! »
« C'est vrai, tu comprends et tu ne m'en veux pas ? »
« Pourquoi je t'en voudrai ? Il est normal d'y penser. Mais moi, je vais bien et je t'assure que c'est aussi le cas du bébé ! »
Elle se rapprocha d'elle-même pour lui donner ce baiser qu'il demandait avant.
Sully sentit un peu mieux dans les bras de sa femme.
Elle lui redonnait confiance en l'avenir !
Il s'en voulait toujours d'avoir aborder ce sujet avec elle. Son intention n'avait jamais été de la voir triste face à ces révélations.
Elle s'était montrée si compréhensive. Il posa sa main sur son ventre et essaya de croire à ce qu'elle lui avait dit.
Il avait pourtant besoin de savoir pour sûr si elle avait raison ou tort, mais ici, il n'y avait pas de docteur Bernard à proximité.
Michaëla tenta de lire ses pensées dans ses yeux.
Elle ne connaissait pas le moyen d'alléger son inquiétude, sauf en restant avec lui.
« Viens. Rentrons à l'intérieur. Il ne faut pas que tu attrapes froid. » Lui dit-il.
Elle n'avait pas pensé une seule seconde à cela quand elle avait rejoint bien reconnaître qu'il avait raison.
Elle acceptait volontiers de se remettre au lit si Sully s'y mettait aussi.
 
Lui aussi avait besoin de repos, non ?
Il comprit par son seul regard qu'il allait falloir qu'il soit à ses côtés s'il voulait qu'elle se rendorme.
Il l'attira vers le lit et l'obligea à se rallonger. Il prit sa place à ses côtés en attendant qu'elle se mette à dormir, en essayant de résister à sa propre fatigue.
Il eut beau lutter de toutes ses forces pour ne pas s'endormir, le sommeil eut quand même raison de lui !
Une clarté l'éblouit dans son repos. Un loup courait vers lui, avec les crocs luisants.
L'animal semblait sourire.
Inconsciemment, il le suivit et s'approcha d'une femme au ventre rond et au sourire aussi enjôleur que celui du loup.
Une autre image succéda à cette image du bonheur.
La même femme portait un bébé dans ses bras. Elle avait toujours un sourire aussi ébloui. Cette fois-ci, il put mieux distinguer son visage et il reconnut Michaëla. Il la prit dans ses bras, les larmes de joie coulant librement sur ses joues.
Elle lui donna le bébé dans ses bras.
Il était magnifique et ouvrait de grands yeux sur le monde.
Il eut juste le temps de contempler ce magnifique petit-être que Michaëla arrivait avec un autre dans les bras.
A ne pas s'y tromper, il avait le même âge que celui qu'il contemplait si amoureusement et paternellement.
Il leva les yeux du premier bébé pour observer le visage de sa femme.
Elle était resplendissante. Et surtout, elle était pleinement heureuse.
Tout près, se trouvait les enfants Cooper qui souriaient eux aussi
.
 
Un loup hurlant sa joie accompagnait ce joyeux groupe. Il n'y avait pas de doute. C'était une famille heureuse !
Il s'éveilla avec le sourire et revint aux temps présents.
Son épouse était à côté de lui, bien enceinte, et elle dormait profondément.
Il la serra contre lui et se trouva stupide.
Maintenant, il avait la certitude que ce rêve était un message des Esprits pour le rassurer.
Il se rendit soudain compte que le jour se levait au dehors.
Apparemment, son rêve de bonheur avait duré toute la nuit.
Il se sentit vraiment rassuré par cette prémonition.
Cependant, il ne pouvait cesser de se demander la raison pour laquelle il avait vu deux bébés à la place d'un.
Cela voulait-il dire que Michaëla attendait des jumeaux ?
Cette supposition semblait impossible à ses yeux, car Michaëla n'avait jamais évoqué l'hypothèse d'attendre des jumeaux. Elle l'aurait senti, non ?
Pour la première fois, il était possible qu'ils aient un autre enfant. Peut-être ce rêve voulait dire qu'ils en auraient un autre dans le futur ?
Il se posait aussi des questions sur l'accouchement de Michaëla.
Il se souvenait trop bien de celui d'Abigail.
Il ne savait pas s'il aurait la force et le courage d'attendre derrière la porte que le bébé soit né. L'idée germa dans son esprit : il voulait être auprès de sa femme au moment de la naissance de leur bébé.
Quelle serait la réaction de Michaëla si jamais il lui avouait cela ? Arriverait-elle à comprendre et à admettre son envie d'être auprès d'elle ?
 
Michaëla se réveilla et trouva, une fois de plus, son mari perdu dans ses pensées.
Elle était rassurée car il n'avait pas le même air mélancolique que la veille.
Non, il réfléchissait !
Elle avait l'impression que cela concernait la naissance du bébé.
Depuis quelques jours, elle y réfléchissait, et avait envie que son mari soit auprès de d'elle à ce moment-là.
Leurs idées se rejoignaient et ils n'osaient pas se l'avouer l'un à l'autre.
Michaëla se serra contre son mari pour lui montrer sa présence, ce qui le fit sursauter.
Il fut cependant très vite de retour au présent.
« Ne devrais-tu pas dormir encore ? »
« Tu sais comme il m'est difficile de dormir quand tu n'es pas avec moi dans le lit. »
Il savait qu'il n'obtiendrait que cette réponse-là.
Il changea subitement de sujet.
« Tu serais d'attaque pour que nous allions faire un tour en ville ? »
« Oui, mais pas avant que nous parlions de quelque chose ensemble. »
« Tu m'as l'air bien sérieuse, tout d'un seul coup ! »
« Parce que ce dont je veux te parler est un peu délicat et que tu vas certainement me prendre pour une folle de l'envisager. »
« Je ne pourrai pas te prendre pour une folle. Tu es la femme que j'aime et je peux tout entendre venant de toi. »
« C'est pourtant idiot et ça ne se fait pas normalement. »
« Où veux-tu en venir ? »
« J'aimerai que tu sois avec moi quand je donnerai naissance au bébé. »
Elle avait dit cette phrase très vite, car elle avait peur de sa réaction.
 
« Tu peux répéter ce que tu as dit ? »
Elle n'osait pas se soumettre à lui redire ceci, car elle pensait qu'il allait forcément refuser.
Mais ce fut une toute autre réaction que celle qu'elle attendait. »
« Oui, je veux être avec toi pour ton accouchement. En fait, ta demande rejoint la mienne. Pour Abigail, j'ai dû attendre derrière la porte et tu sais comment ça s'est fini. Pour toi, je serai là du début à la fin. »
« C'est vrai ? »
« Oui, je ne pourrai pas t'écouter crier et souffrir sans pouvoir savoir si tu vas bien ou pas. »
« Comment allons-nous faire comprendre cela à nos amis et notre famille ? »
« Ta mère comprendra, je pense. Nous ne leur laisserons pas le choix. »
Michaëla était sceptique, mais elle était tout de même contente qu'il soit d'accord avec elle sur ce point-là.
Sully se leva une bonne fois pour toutes du lit et alla s'habiller pour la sortie qu'il avait prévue pour elle.
Denver était une ville intéressante et il comptait l'emmener dans un endroit très particulier pour acheter des cadeaux pour les enfants.
Michaëla se laissa guider par son mari après s'être également habillée.
Elle ne savait pas du tout où il la faisait aller, mais elle avait une telle confiance en lui, qu'elle l'aurait suivi jusqu'au bout du monde.
Encore une surprise l'attendait.
Elle le découvrit quand il s'arrêta devant un magasin de jouets pour enfants.
Qu'avait-il encore en tête ?
« Tu viens ? » Dit-il quand il vit qu'elle restait immobile devant la vitrine.
 
Elle acquiesça et ils entrèrent dans la boutique.
Michaëla était émerveillée par le nombre de jouets qu'il y avait dans celle-ci.
Il y aurait forcément de quoi plaire à Brian et à Colleen.
Pour Matthew, il faudrait certainement trouver autre chose, mais il semblait avoir une idée en tête.
Michaëla se demandait encore si Sully avait d'autres surprises à lui réserver.
Il ne lui disait rien encore si elle lui demandait.
Elle préféra continuer à le suivre et le suivit quand il se dirigea vers les poupées.
« Elles sont belles, n'est-ce pas ? » Lui dit-il quand il capta son regard admiratif.
« Oui », ne put-elle que répondre.
Elle se demandait pourquoi Sully était allé tout droit vers les poupées, alors qu'ils n'avaient aucun moyen de savoir de quel sexe serait leur enfant.
« Ne t'inquiète pas. Cela ne veut pas dire que je veux une fille. Je serai heureux quoiqu'il arrive. »
Elle hocha la main sur son ventre, comme si, par ce seul geste, elle arriverait à savoir si elle attendait une fille ou un garçon.
Elle laissa Sully agir comme il le souhaitait une fois de plus.
Après la discussion qu'ils venaient d'avoir dans leur chambre, elle était persuadée qu'il n'agissait pas ainsi pour la blesser.
Il avait peut-être une sorte de sixième sens.
Il prit la poupée et se dirigea ensuite vers un train en bois.
Pourquoi était-il encore attiré par ceci ? Elle pensa à Brian et le laissa le prendre.
Ils sortirent peu de temps après avec les deux jouets.
« Sully, pourquoi la poupée ? »
 
« J'ai pensé que cela te ferait plaisir. »
Elle fit la moue et ne dit plus un seul mot jusqu'à ce qu'ils arrivent à leur hôtel.
J'ai réussi à la contrarier, pensa Sully.
Ce n'était pourant pas son intention.
Il pensait vraiment leur faire plaisir en lui montrant qu'il ne voulait pas forcément un garçon.
Perpétuer son nom n'était pas du tout dans ses ambitions, car il ne l'aimait pas.
Mais comment expliquer cela à Michaëla.
Elle savait qu'il n'aimait pas son prénom. Quel besoin d'aller en rajouter ?
Il préféra lui aussi se taire et ils montèrent les marches menant à leur chambre dans un silence embarrassant.
Sully avait besoin de la faire revenir au présent.
Il ne voulait pas qu'elle s'inquiète indéfiniment.
Il ouvrit la porte et posa leurs achats loin des yeux inquiets de sa femme.
« Michaëla, regarde-moi. » Dit-il en s'agenouillant devant elle.
Elle s'exécuta.
« Je te l'ai dit, mais je crois qu'il faut que je te le répète. Tu m'offres un véritable cadeau en attendant ce bébé. »
Elle allait ouvrir la bouche pour protester, mais il l'en empêcha.
« Fille ou garçon, ça n'a pas d'importance à mes yeux. Ce petit être est un mélange entre toi et moi. Te rends-tu compte que les Esprits ont bénis notre union en nous offrant cet enfant rapidement. »
Les larmes apparurent dans les yeux de Michaëla. Bien sûr, elle réalisait que toutes les femmes ne tombaient pas enceintes aussi facilement.
Oui, elle avait une chance inouïe que cela lui soit arrivé !
 
Elle aurait presque eu besoin qu'on la pince pour qu'elle y crois !
Matthew avait eu l'occasion de les prendre à part pour leur annoncer le départ d'Ethan.
Michaëla se demandait si ce dernier n'aurait pas été mieux en prison plutôt qu'en liberté. Qui savait exactement ce qu'il préparait ?
Et voilà que cette simple idée revenait la hanter.
Sully savait encore ce que sa femme pensait à toute autre chose qu'à lui.
Elle avait passé toute sa grossesse à s'inquiéter de ce que le père biologique de Colleen et de Brian pourraient faire et voilà qu'elle continuait !
Il était peut-être de prendre soin d'elle et de lui annoncer ce qu'Elisabeth lui avait révélé.
En effet, cette dernière, pour s'assurer de l'avenir de sa fille, avait pris les devants.
« Michaëla, tu penses à ce qu'Ethan pourrait faire. »
Elle n'en crut pas ses oreilles.
« Ta mère m'a dit qu'elle avait contacté les shérifs des villes environnantes afin de les prévenir. Elle a même écrit au Président Grant pour appuyer encore plus sa demande. S'il fait une bêtise, il fait un aller simple en prison. »
« Tu crois que cela suffira ? »
« Je ne sais pas. Peut-être. Il n'a jamais voulu aller en prison. Et Lilian est bien décidée à le laisser seul pendant quelques temps. Ta mère m'a dit qu'elle réfléchissait à l'éventualité de demander le divorce. »
« Elle irait jusque-là ? »
« C'est peut-être la meilleure chose à faire pour elle. Un tel homme ne la rendra jamais heureuse. »
« Toutes les femmes ne tombent pas sur un homme tel que toi ! »
Sully la remercia en l'embrassant sur la joue pour ce qu'elle venait de dire.
Ce qu'il lui avait dit à propos d'Ethan était pour la rassurer.
Mais il doutait. C'était étrange qu'il disparaisse ainsi sans chercher à en faire plus.
Il se secoua. Si lui aussi commençait à s'inquiéter, alors il ne parviendrait jamais à la rassurer complètement.
Ils étaient à Denver, loin d'Ethan et de ses possibles attaques.
Il voulait que le reste de leur séjour se déroulent le mieux possible. Pas besoin de penser à quelqu'un qui n'avait pas d'importance.
La suite fut plus idyllique et uniquement concentré sur leur bien et leur plaisir conjoint.
Toute inquiétude fut vite oubliée.
Les semaines passèrent trop vite à leur goût. Ils aimaient leurs moments seuls, et pourtant, ils aimaient aussi leurs enfants et partager des instants privilégiés avec eux.
Le dernier soir, Michaëla était blottie dans les bras de Sully.
Elle se sentait bien malgré son ventre arrondi.
« Pourquoi c'est déjà fini ? »
« Je croyais que tu avais hâte de rentrer à la maison ? »
« Oui, retrouver notre famille, notre confort. Bien sûr, j'aimerai avoir tout ça. Comme je te l'ai déjà dit à Boston, je veux que notre enfant naisse à Colorado Springs. »
« Nous avons tout le temps pour cela. Le bébé n'est pas encore prêt d'arriver. »
« Sauf s'il arrive plus tôt que prévu. »
« Pourquoi tu dis ça ? Tu ne te sens pas bien ? Tu as des contractions ? »
« Non. Je veux juste envisager toutes les possibilités. »
Sully ne sut pas quoi lui dire. Avait-elle un sixième sens ?
 
Quand ils reprirent la diligence le jour suivant, Sully ne savait toujours pas pourquoi Michaëla avait eu cette pensée ?
« Et si l'on reparlait de ce que tu m'as dit hier soir ? »
« Et alors, quel est le rapport , »
« A mon âge ... »
« Quel âge ? Tu n'es pas vieille non plus ! »
« Sully, écoutes-moi, s'il te plaît ! Il y a une possibilité réelle pour que le bébé arrive en avance et ... »
« Non, toi, écoutes-moi ! Il n'arrivera rien à notre bébé car tout se passera bien ! Je serai là pour veiller sur toi. »
« Je préfère te prévenir de ce qu'il peut se passer. »
« Il ne passera rien, car tu vas tout faire pour arriver à la fin de ta grossesse. Je vais aussi bien faire en sorte que le Docteur Bernard t'examine et te rassure sur ton état. »
Michaëla acquiesça. Bien sûr, elle se sentait prête à tout faire pour leur bébé.
Sully ne savait pas à quel point elle était capable de tout abandonner et il ne savait pas s'il pouvait y croire.
Michaëla, laisser sa clinique entre les mains, certes capables, du Docteur Bernard et ne plus se préoccuper de ses patients et de sa clinique. Non, ce n'était pas possible.
Et il ne pouvait pas lui demander cela.
Pour la rassurer et lui éviter d'être malade pendant leur voyage en diligence, il l'obligea à poser sa tête sur ses genoux et à fermer les yeux.
Elle avait besoin de se reposer. De cela, Sully était sûr.
Il déposa un doux baiser sur le front de sa femme quand elle leva les yeux vers lui.
Démontrer sa présence auprès d'elle, lui faire voir qu'il l'aimait et qu'il était là était ce dont il avait besoin.
 
« Pour une fois, les rôles sont inversés. Qu'est-ce qui ne va pas ? »
« Rien. Nous allons bientôt arriver chez nous. »
« Ton inquiétude a quelque chose à voir avec cela ? »
« Mais pas du tout ! Où vas-tu chercher ça ? »
« Tu ne sais pas mentir toi aussi. »
Elle voulut lever la tête de ses genoux, pour pouvoir le regarder dans les yeux pleinement. Mais il l'en empêcha.
« Non. Ne bouges pas ! Tu es bien ici ! »
Michaëla fut persuadée que Sully l'inquiétait par rapport à l'accueil qui leur serait réservé et l'effet que cela aurait sur elle.
« Je vais bien. Je me suis bien reposée grâce à toi. »
« Je le sais et je ne sais pas pourquoi tu me dis ça ? »
« Oh, si, tu le sais très bien. Arrête de faire comme si tout allait bien et que tu ne te tracassais pas à mon sujet ! »
Elle avait touché le point sensible.
« Je ne veux simplement pas que tu te fatigues. »
« Mais je ne me fatigue pas. Et tu sais pourquoi ? »
« Non. Mais je suppose que tu vas me le dire. »
« Parce que mon mari veillera tellement sur moi que je ne pourrai pas me fatiguer. »
« Il y aura plus que ton mari, tu ne crois pas ? »
« Ma mère aussi, je suppose. Quand arrivons-nous ? »
« Dans pas longtemps. »
« Alors, je ferai bien de m'asseoir et de vérifier ma coiffure, tu ne crois pas ? »
« J'aurai aimé te répondre non, mais je ne peux pas. »
Elle se redressa et lui lança un regard inquisiteur.
« Je crois que je ferai bien de défaire ton chignon. »
« Petit malin ! Tu as fait exprès de m'obliger à m'allonger sur tes genoux pour que je lâche mes cheveux après. »
 
« Je ne l'ai pas fait exprès ! »
« Tu as besoin de repos. »
« C'est cela, oui ! »
« Tu sais que je ne mens pas. » Dit-il en la saisissant par la taille pour la rapprocher de lui.
Elle essayait tant bien que mal de mettre de l'ordre dans ses cheveux. Il passa sa main dans sa longue chevelure, qu'elle avait finalement réussi à détacher et l'attira vers lui pour un long baiser d'amour.
« J'adore tes cheveux ! »
Pour des raisons pratiques, elle avait choisi de les porter en chignon, même si l'envie de faire plaisir à Sully ne lui déplaisait pas. Si elle pouvait lui faire plaisir ainsi, elle le faisait volontiers.
La diligence s'arrêta peu de temps après la fin de leur baiser.
Sully était quand même heureux d'être à destination et de retrouver son chez lui.
Il fut, bien entendu, le premier à descendre de la diligence.
Il tendit la main à Michaëla pour l'aider tout en se demandant où était passé le comité d'accueil.
Elle fut étonnée que lui quand elle vit que personne ne les attendait.
Où étaient passés les habitants ? N'avaient-ils pas été prévenus par télégramme ?
Que se passait-il ?
Sully fut heureux de voir Matthew arriver dans leur direction.
« Où sont tes frère et sœur ? » Demanda Sully immédiatement.
« Vous verrez ! » Fut la réponse du jeune homme.
« Qu'est-ce que c'est que ces cachotteries ? » Demanda Michaëla.
« Suivez-moi et vous saurez ! »
Matthew se révélait aussi mystérieux que Sully.
D'ailleurs, Michaëla eut une idée qui lui traversa l'esprit. Et si Sully était encore derrière cette nouvelle surprise.
 
« Ne le dites surtout pas à Sully. Il s'inquiète bien assez, il n'a fait que ça durant tout notre séjour. »
« Je crois, au contraire, qu'il a besoin de le savoir car il est le seul à pouvoir te freiner sans que tu râles. »
« Mère, que voulez-vous me dire ? Que je dois arrêter de travailler ? »
« Non. Je sais à quel point ton métier est important pour toi. Mais tu devrais peut-être plus écouter ton mari. »
Michaëla acquiesça.
Sully ne put se retenir de lancer un regard en arrière pour voir comment Michaëla réagissait face aux paroles de sa mère.
Elle semblait le chercher des yeux pour voir ce qu'il pensait de ce que sa mère lui soumettait.
Élisabeth s'aperçut que sa fille avait le regard ailleurs.
Et elle espérait que Michaëla avait compris le message.
Élisabeth voulait que sa fille comprenne à quel point son mari s'inquiétait pour elle. En tant que mère, elle souhaitait que Michaëla prenne soin d'elle pour arriver au meilleur de sa forme au terme de sa grossesse.
Elle la prit par la main et la reconduisit vers le restaurant, la laissant en compagnie de Sully.
« Je vais réduire mes heures, c'est promis. »
« Quelle est la raison pour laquelle tu me dis ça ? »
« Je ne veux pas que tu t'inquiètes. Ma mère sait que c'est le cas et moi aussi. »
« Bien sûr que c'est le cas. Mais je crois que c'est normal pour un futur père de se tracasser. »
« Tu as raison. »
Elle se lova un court instant dans ses bras, avant de rejoindre enfin leurs amis qui les attendaient.
Tous savaient à quel point ces deux-là s'aimaient.
 
Ce déjeuner fut des plus enthousiaste et des plus convivial qu'ils n'avaient jamais connu.
Le Docteur Bernard en profita pour propose ses services à la jeune femme médecin, en lui proposant un emploi du temps plus léger que celui offert il y avait quelques mois.
Michaëla ne travaillerait que le matin et Sully pourrait la convaincre de se reposer l'après-midi.
Tout se déroulait comme l'aurait voulu Sully.
Michaëla était touchée par tant d'attentions de la part de ce médecin. Cela contrastait réellement avec l'attitude machiste de certains autres.
Ils purent enfin prendre le chemin du retour, au plus grand soulagement de Michaëla.
Elle se sentait vraiment fatiguée par son voyage de retour.
Il ne fallut d'ailleurs pas longtemps à Sully pour le comprendre.
Elle qui voulait toujours paraître le mieux possible devant sa famille, ne pouvait s'empêcher de bailler.
Dorothy avait eu la bonne idée de les obliger à accepter qu'elle garde les enfants avec elle.
Elle faisait bien sûr partie des personnes qui s'étaient aperçus de l'épuisement de Michaëla.
Sully la bénissait pour autant de prévenance car cela lui permettait de prendre vraiment soin de sa femme.
Tout de suite arrivés à la maison, il la porta vers la chambre et l'installa pour une sieste bienvenue.
Ce fut une routine qu'il prit l'habitude de faire dans le mois et demi qui suivit.
Plus Michaëla avançait dans sa grossesse, plus elle avait besoin de repos et elle refusait toujours d'abandonner son travail jusqu'à la naissance.
 
Sully la voyait s'épuiser de plus en plus sans arriver à trouver un moyen d'y remédier.
Un bon matin, il eut l'idée de l'emmener en forêt avec lui pour s'éloigner de la furie de la ville.
Elle ne pouvait pas avoir l'envie d'aller voir ses patients.
Sully pensait que ce serait la dernière occasion pour eux de passer du temps ensemble.
Même si elle était un peu en colère que Sully ait pris cette décision sans lui en parler, Michaëla ne pouvait que se réjouir de passer de tels instants privilégiés avec lui.
Et pourtant, elle savait que les jours prochains, elle ferait mieux de se reposer plus.
Quand Sully l'avait enlevée ce matin, elle n'avait pas osé lui dire qu'elle se sentait lourde.
Elle voulait tellement lui faire plaisir une fois de plus.
Elle avait d'ailleurs oublier les douleurs et les gênes liées à sa grossesse avancée.
Sully s'arrêta pas loin d'une grotte. Il avait espéré que le beau temps des derniers jours allait perdurer maintenant qu'il avait enfin eu le courage d'enlever sa femme.
Mais, comme d'habitude, le temps n'en faisait qu'à sa tête.
Les nuages noirs s'amoncelaient au-dessus de leurs têtes.
Michaëla n'avait pas remarqué le changement de temps subit, car elle ne pensait qu'à son mari et au plaisir de partager une journée avec lui.
Sully l'aida à descendre et la conduisit à l'intérieur de la grotte pour qu'elle soit à l'abri, car il commençait à pleuvoir.
D'ailleurs, le temps qu'ils aillent chercher leurs affaires et l'indispensable trousse médicale de sa femme, il était trempé.
En le regardant, Michaëla ne put s'empêcher de se mettre à rire.
Il s'approcha d'elle pour lui donner de léger baiser, mais Michaëla se recula
 
« Tu es tout mouillé ! »
Il sortit une serviette de son sac en peaux de daim et s'essuya rapidement.
« Tu crois que ça va suffire ? » Lui dit-elle d'un air moqueur.
« Ne te pas moque pas de moi. Et toi, tu n'as pas froid ? »
« Non. Je vais bien. » Dit-elle.
Elle se frotta le ventre.
« Tu en es sûre ? Le bébé te fait mal ? »
« Non, c'est tout à fait normal. Il bouge, c'est tout. »
Sully ne fut pas convaincu, mais il ne lui dit pas de peur qu'elle se fâche pour de bon.
Il changea rapidement de sujet et se concentra sur son bien-être.
« Tu as faim ? » Demanda-t-il en enlevant son pantalon pour se sécher et en fouillant dans son sac à provision.
Il se mit une couverture autour de sa taille et se rapprocha avec un morceau de viande sèche.
Durant ce court laps de temps, Michaëla avait tout de même eut le temps de plonger dans ses pensées. Elle se caressa le ventre.
« Que se passe-t-il, Michaëla ? Tu as mal ? »
« Non, Sully, je me sens bien. C'est le temps orageux qui ne me convient pas. »
« Je te proposerai bien de rentrer à la maison, mais avec la pluie qui tombe, ce ne serait pas prudent. »
« Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Je regrette un peu ma façon de me comporter envers toi ces dernières semaines. J'ai passé mon temps à te remettre en place, alors que tu avais raison. »
« En quoi avais-je raison ? »
« J'aurai dû plus penser au bébé et à moi ! »
« Je sais à quel point tu aimes exercer la médecine et je ne ferai rien pour t'obliger à t'arrêter. »
 
Même s'il ne se sentait pas l'âme d'une sage-femme, il ferait tout pour aider sa femme à accoucher de leur enfant.
« Pourquoi aujourd'hui ? Il est en avance de deux semaines ?! »
« C'est de ma faute. Je n'aurai jamais dû t'emmener en forêt aujourd'hui ! »
Michaëla secoua la tête, tout en luttant contre la douleur de la prochaine contraction qui s'annonçait.
« Tu ne pouvais pas prévoir … et moi non plus ! »
Il se rapprocha d'elle.
« Tu as froid ? J'ai tout ce qu'il faut pour allumer un feu. »
« Non, ce n'est pas la peine ! »
« Pas de discussions ! »
Après avoir remis des bûches de bois dans le feu, il revint vers elle. Elle souffrait à nouveau d'une contraction douloureuse.
« Sullyyyyyyy !!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »
« Tout va bien se passer. Calmes-toi ! »
En un seul regard, il avait compris qu'elle attendait qu'il lui dise cela.
En se plongeant dans ses yeux, elle se sentit mieux immédiatement et la douleur sembla s'évanouir peu à peu.
En se concentrant sur lui et sur ses paroles de réconfort, les cinq prochaines contractions furent moins fortes.
Mais la sixième lui fit l'effet d'une bombe.
« J'ai trop mal !!!!!!!!!!!!!!!! »
A nouveau, Sully fut obligé de la calmer, et il se rendait compte que sa présence était en effet indispensable pour cela.
Quelques heures passèrent ainsi, entre moments de doute et de douleur toujours calmés par Sully.
Plus le moment approchait, plus Michaëla se sentait au bout du rouleau et se demandait comment elle allait tenir.
 
La force et l'amour de Sully étaient tout ce dont elle avait besoin.
« Sully,nous avions besoin d'un linge pour mettre le bébé. »
« C'est bientôt le moment, alors ? » Demanda Sully, le cœur battant à toute allure.
« Je crois … Je ne sais … Sors aussi le ciseau … Dans ma trousse. »
« Pour quoi faire ? »
« Couper le cordon … Tu vas devoir le faire … »
Sully se sentit tout à coup paniqué par la tournure des événements.
Et s'il s'y prenait mal quand ça serait le moment.
Il supposa que Michaëla l'avait compris.
« Tout va très bien se passer … Nous allons y arriver … ensemble. »
Il hocha la tête et balaya ses soucis aussi vite qu'ils étaient apparus de son mieux pour éviter de crier afin de ne pas l'effrayer d'avantage.
Elle sentait pourtant le moment fatidique arriver à grand pas.
« Ooooooooooooooooo !!!!!!!!!!!!!!!!!!! »
Elle se concentra ensuite sur sa mission, celle d'apporter une nouvelle vie. Elle poussa la plus fort possible sans avoir vraiment l'impression que cela fasse quelque chose.
Elle s'obligea à respirer et à recommencer, même si la douleur était immense.
Sully l'admirait, elle faisait preuve d'une telle force.
Elle laissa échapper un cri qui aurait pu faire peur à des animaux sauvages.
« Je vois la tête. » Dit Sully. « Pousse ! Le bébé n'est plus loin ! »
Elle savait qu'il lui disait cela pour l'encourager et elle suivit son conseil en se concentrant encore plus sur son regard pénétrant.
Cela lui donna encore plus de force et elle poussa plus longtemps et plus fort.
Sully comprit, sans qu'elle ait le besoin de lui expliquer, ce qu'il lui restait à faire.
 
C'était instinctif. Il ne fit pas un seul faux pas et réussit à faire passer les épaules du bébé et à le sortir.
Il savait que ce moment resterait gravé dans sa mémoire pour toujours.
Des larmes de joie coulèrent de ses yeux, alors que le bébé pleurait.
« Enfin, il est là ! » S'exclama Michaëla, soulagée.
« C'est une fille ! »
Sully coupa le cordon ombilical en suivant les instructions de sa femme. Il enveloppa le bébé dans un linge en le donnant à sa femme.
« Elle est belle. Par contre, elle n'a pas de cheveux. » Dit Sully.
Il se rapprocha d'elle, pour lui poser un baiser sur son front humidifié.
« Merci. » Dit-il.
Elle aurait voulu accepter volontiers un bisou sur la bouche si elle n'avait pas senti à nouveau une douleur fulgurante.
Elle sentait une tête qui s'apprêtait à sortir d'entre ses jambes et elle prévint Sully.
« Ce n'est pas fini ! Il y en a un deuxième ! »
Sully prit le nouveau-né des bras de sa mère pour le poser sur une couverture.
Elle cria un peu, mais elle se calma sous le regard du loup de son papa.
Sully reprit son rôle de sage-femme pour aider Michaëla.
Elle poussait de son mieux encore une fois et cela eut un effet immédiat car le bébé sortit d'un seul coup.
A nouveau, Sully pleura de joie en tenant le deuxième bébé dans ses bras.
« Qu'est-ce que c'est ? » Demanda Michaëla quand il coupa le cordon.
Il ne lui dit rien, mais lui donna le deuxième enfant.
Michaëla souleva immédiatement le linge pour voir qu'est-ce que c'était.
Heureusement, Sully avait trouvé un autre linge dans la trousse de son épouse.
 
« C'est un garçon. » Dit-elle, n'y croyant pas.
Elle pleura d'éblouissement.
Elle avait réussi à mettre au monde deux enfants en bonne santé et de sexes différents. Sully avait eu raison : ils étaient bénis, leur amour était béni !
Il était rare qu'une femme tombe enceinte aussi facilement, la première fois qu'elle faisait l'amour et qui plus est, de jumeaux.
Sully prit sa fille dans ses bras. Il fallait maintenant leur trouver un prénom.
Heureusement, ne sachant pas ce que Michaëla portait en elle, ils avaient eu le temps de prévoir un prénom de fille et un de garçon. Il ne leur qu'à les utiliser.
« Et si nous leur révélions leur prénom ? »
« Oui. Tu as raison. Bienvenue ma petite Catherine. » Dit Sully, au bébé dans ses bras qui avait le nez de sa mère et qui n'avait presque pas de cheveux.
« Bienvenue mon petit Joseph. » Dit Michaëla, au petit garçon qu'elle portait et qui était tout le portrait de son père.
« Katie et Joe. Qu'ils sont beaux ! » S'exclama Sully.
« Oui, ils sont beaux ! »
Elle essaya de dissimuler sa fatigue, car elle savait qu'elle devrait donner la première tétée à ses enfants.
« Tout va bien ? » Lui demanda Sully.
« Oui, ne t'inquiète pas. »
La première tétée partagée dans l'intimité avec Sully lui arracha des larmes de joie encore une fois.
Ils passèrent bientôt reprendre le chemin de la maison et présenter leurs bébés aux enfants Cooper.
Bien sûr, les jumeaux furent très bien accueillis dans la maison. Brian se réjouissait de ne plus être le petit dernier. Élisabeth, elle, était plus émue qu'elle ne voulait le faire voir.
Michaëla et Sully avaient enfin retrouver leur maison, leur famille et ils avaient fait grandir en y ajoutant deux nouveaux membres. Ils ne pouvaient pas être plus heureux.
FIN.