Installés dans le train les ramenant chez eux depuis de nombreuses heures, Michaëla et Sully se demandaient combien de temps allait encore durer ce voyage.
La future maman se sentait très fatiguée et pourtant, ils n'avaient pas encore commencé la partie la plus difficile de leur périple.
Elle était allongée sur le siège depuis presque deux heures mais ne parvenait pas à dormir, malgré toutes les tentatives que Sully faisait pour essayer de l'aider à se reposer.
Les enfants dormaient. Seuls Matthew était éveillé et les observait sans arrêt.
Les secousses du trajet l'empêchaient de dormir et elle savait que ce n'était que le commencement.
Sully, assis à côté de sa tête, passait son temps à lui caresser les cheveux.
Il eut alors l'idée de soulever sa tête pour la poser sur ses genoux, car il savait que cela ne choquerait pas les enfants.
Il se pencha pour l'embrasser sur le front.
Michaëla se mit bien à l'aise sur les genoux de son mari et ouvrit les yeux pour le regarder.
Sa main rejoignit celle de sa femme qui était posée sur son ventre.
« Tu devrais essayer de dormir un peu avant que nous arrivions à Denver et que nous prenions la diligence. Si tu es trop épuisée, nous resterons une nuit à Denver pour que tu te reposes. »
« Non, Sully, je veux rentrer le plus tôt possible à Colorado Springs. J'attendrai simplement plusieurs jours avant de reprendre le travail. »
Elle bailla longuement.
Sully se pencha à nouveau, comprenant qu'elle allait enfin trouver le sommeil, elle en avait tellement besoin.
S'il avait compris plus tôt que c'était ce qu'il lui fallait.
Colleen et Brian se reposaient aussi. Matthew avait observé cette scène avec beaucoup d'envie.
Il se passa une heure avant que tout le monde réagisse.
En effet, le pire moment du voyage allait commencer.
C'était celui que Sully redoutait, non pas pou lui mais pour Michaëla. Elle avait peur de cette partie, elle aussi, mais elle essayait de faire bonne figure devant Sully et les enfants.
Heureusement, ils étaient les seuls passagers de la diligence, s'ils avaient besoin de s'arrêter, ils ne dérangeraient personne.
Sully aida Michaëla à s'installer dans la diligence, il était même prêt à faire le voyage à l'extérieur pour lui assurer un confort supplémentaire mais elle voulait l'avoir auprès d'elle et des enfants.
Il accepta finalement et se mit à côté, afin de pouvoir l'observer et savoir instantanément et le cocher se mit en route.
Les cahots du chemin étaient pires que ce que Michaëla avait prévu. Elle avait le mouchoir à la main qu'elle tamponnait sur sa bouche de temps en temps.
Elle avait peur d'être malade.
Son autre main avait abandonné celle de Sully pour se poser sur son ventre.
« Ça va ? » Lui demanda-t-il.
« Tu veux qu'on s'arrête ? »
« Non, ça va pour l'instant et ça ne fait pas très longtemps que nous sommes en route. »
Au moment où elle disait ça, elle sentit un début de nausée arrivait, et elle fit de son mieux pour le cacher aux autres.
Sully ne fut pas dupe néanmoins et il demanda à s'arrêter. Michaëla n'en revenait pas ! Il n'avait fait qu'une heure du trajet et elle allait être malade.
Si seulement, elle connaissait le remède à ses nausées pour que cela ne se reproduise pas trop souvent !
Il l'aida à descendre et la regarda pendant qu'elle vidait le contenu de son estomac. Si les suites du voyage se déroulait ainsi, elle allait arriver très fatiguée à Colorado Springs.
La suite s'avéra très compliquée. Le voyage dura plus que prévu avec les arrêts fréquents pour Michaëla.
Sully fut soulagé quand le cocher leur annonça qu'ils arrivaient bientôt à destination. Il ne cessait pas d'observer sa femme, qui était aussi blanche qu'un linge.
Il la serrait contre lui et la soutenait du mieux possible. Comment allait-elle pouvoir faire face aux retrouvailles avec les habitants de la ville ?
Il avait prévenu Horace de leur retour et il ne doutait pas que celui-ci en avait certainement averti les autres.
Nombreuses seraient donc les personnes qui les accueillaient à leur descente de diligence. Elle ne serait pas en mesure d'y faire face et il en était conscient. Il sentit sa tête se poser lourdement contre lui et se retourna pour voir si elle s'était évanouie ou pire.
Elle était consciente mais elle semblait vraiment au bout du rouleau. Il ne restait plus que quelques minutes avant d'arriver.
Heureusement, Sully avait réussi à convaincre Dorothy de rentrer en ville avant eux, car elle aussi aurait été inquiète pour Michaëla.
La diligence s'arrêta enfin devant la boutique de Loren. Sully descendit en premier et fit en sorte d'aider Michaëla au mieux tout en la soutenant.
Dorothy, qui les voyait descendre, avait tout de suite vu que sa meilleure amie n'allait pas bien. Les habitants qui assistaient à cette arrivée ne pouvait pas avoir manqué sa main posée sur son ventre et son teint blafard.
Sully laissa d'ailleurs le soin au cocher de descendre les bagages afin de rester proche de sa femme et de la soutenir.
RobertE, qui voulait détourner l'attention des curieux, posa la question qui les distraya pendant quelques minutes.
« Votre voyage s'est bien passé ? »
Sully le regarda et hocha la tête tout en lui faisant comprendre que la dernière partie de celui-ci s'était mal déroulé.
Hank les avait observé d'habitude sans rien dire.
Apparemment, Michaëla, d'habitude si enjouée et en forme, semblait prête à s'écrouler à tout instant.
Il s'approcha du couple pour les aider.
« Sully ? Tu as besoin d'aide ? »
Sully le regarda dans les yeux et hocha la tête imperceptiblement. Hank prit les bagages et les posa dans le chariot préparé par les soins de RobertE.
Michaëla ne réagissait même plus aux marques d'affection et aux embrassades de ses amies.
Grace et Dorothy l'avaient d'ailleurs compris. Elles avaient remarqué l'inquiétude dans les yeux de Sully.
Les enfants, installés à l'arrière du chariot dans une rapidité étonnante. À bout de bras et sans vraiment réfléchir, Sully souleva sa femme pour l'installer sur le siège confortablement.
Il claqua les rênes, remerciant les personnes qui étaient venues les accueillir d'un signe de tête, et se dirigea vers la maison.
Bien sûr, la nouvelle maison n'était pas encore habitable en l'état, même le lit qu'il avait fabriqué pour Michaëla n'était pas totalement fini. C'est pour cela qu'il se dirigea vers l'ancienne maison.
Il ignorait que RobertE, qui était le seul de la ville à avoir eu en sa possession les clés de la nouvelle bâtisse, avait tout fini durant le laps de temps qu'ils avaient passé à Boston.
Hank, derrière son attitude de rustre, et d'ennemi juré de Sully, lui avait porté main forte pendant qu'il était lui-même à Boston avec ses amis.
Ce fut ce dernier qui arrêta Sully et lui demanda de se diriger vers la nouvelle maison.
Sully ne comprenait pas ce qu'il se passait mais il suivit les instructions de Hank, il devait avoir des raisons de se conduire de cette façon.
Il ne savait pas comment cela avait été possible mais des chariots concernant les affaires les attendaient pour les placer comme ils voulaient à l'intérieur.
Il comprit quand il vit RobertE et Matthew, accompagnés par Loren et d'autres volontaires qui les attendait.
Michaëla n'était même pas capable de les remercier. A leur regard, Sully comprit qu'ils étaient au courant de ce qu'il s'était passé pendant leur voyage en diligence.
RobertE conseilla à Sully de monter dans la chambre afin de mettre sa femme au lit.
Le jeune homme s'éxécuta et l'embrassa sur le front avant de descendre aider ses amis qui lui prêtaient main forte. Cette pruve d'amitié lui faisait voir qu'il avait eu raison de rester dans cette ville et d'épouser cette femme qu'il aimait plus que tout au monde. Il plaça les meubles comme il le souhaitait, espérant que cela conviendrait à Michaëla.
Colleen, elle, fit de son mieux pour ranger la vaisselle.
Le déménagement de leurs affaires fut rapide.
Aussi, les habitants venus aider rentrèrent tous en ville.
Quand le dernier disparut dans la distance, Sully monta à l'étage voir comment allait Michaëla.
Il la trouva encore endormie et vue sa position, elle n'avait pas bougé depuis qu'il l'avait mise au lit.
Il déposa un baiser sur sa joue. Il l'entendit marmonner dans son sommeil et hésita sur la marche à suivre.
Devait-il la laisser dormir ou la réveiller pour qu'elle mange ?
Il savait par avance qu'elle n'aurait pas faim mais elle devait se nourrir, donc il la réveilla tendrement.
« Quelle heure est-il ? »
« L'heure du déjeuner. »
« Je ne veux pas manger ! »
Elle a peur d'être malade, pensa-t-il.
Il insista en essayant de trouver quelque chose qui pourrait lui faire plaisir et lui donner envie de se nourrir.
« Il y a une tarte aux pommes qui attend. »
Cela eut le don de réveiller ses papilles et de lui rendre quelques couleurs. Sully se souvenait qu'elle aimait déjà beaucoup cela avant de tomber enceinte et Grace avait eu la bonne idée d'en faire une pour eux, donc c'était parfait.
Michaëla se redressa calmement et lentement dans le lit et se leva.
Tout d'un coup, elle avait faim, et si elle ne se trompait pas, elle allait pouvoir garder ce qu'elle allait manger.
Elle descendit plus rapidement qu'il ne l'aurait pensé, et il ne la rejoignit que quand elle fut en bas.
La surprise fut grande quand elle vit comment étaient installées leurs affaires.
Tout était comme elle l'avait imaginé dans sa tête. Elle regarda son mari avec questionnement.
« Tous les habitants m'ont aidé à installer tout ceci. J'ai essayé de me rappeler comment tu voulais que ce soit disposé, mais si tu veux changer quelque chose de place, je le ferai. »
« Non, c'est très bien comme cela, dit-elle avec un grand sourire, en fait, c'est comme cela que je voulais que ce soit. C'est parfait, merci! »
Elle se rapprocha de lui et lui donna un baiser devant les enfants.
Il l'attrapa par la taille et la conduisit vers la table et elle la mangea entièrement devant les yeux moqueurs des enfants et ceux soulagés de Sully.
Après ce repas improvisé, elle posa la main sur son ventre, ravie d'avoir dégusté ce dessert si délicieux.
Il faudrait qu'elle essaye de manger quelque chose de plus consistant plus tard, elle le savait.
Sully alla faire la vaisselle, même s'il mourrait d'envie de rester près de sa femme.
Il était fou d'elle, il le réalisait maintenant. Elle était tellement belle. Colleen lui avait volé la place en moins de temps qu'il en faut pour le dire. Il se dirigea vers Michaêla.
« Ça va mieux ? »
Elle savait qu'il posait cette question parce qu'il s'était fait du souci pour elle durant les dernières heures du voyage.
« Oui, je me sens mieux. »
« Matthew est en ville avec Ingrid, je lui ai dit de parler de ton état à ton remplaçant. »
« Ce n'était pas nécessaire, Sully, je vais bien vraiment. C'est le voyage qui m'a mis dans cet état, c'est dû aux secousses de la diligence. »
« Je le pense aussi, mais je veux être sûr que ma femme et mon bébé vont bien. Tu y vois un inconvénient. »
Elle ne répondit pas, sachant qu'il valait mieux ne pas le contrarier.
« Si cela peut te rassurer, je n'irai pas au travail demain. »
« Ça me rassure un peu mais pas totalement, car je te connais ... »
Elle posa un doigt sur sa bouche pour le faire arrêter de parler.
« Pour une fois, Sully, crois-moi. Je sais comment je suis mais je vais faire un effort, crois-moi vraiment ! »
« Je te crois », lui dit-il en l'embrassant légèrement sur les lèvres.
En assistant à cette scène, Colleen incita Brian à sortir dehors pour laisser un petit peu d'intimité à leurs parents.
Sully en profita pour embrasser longuement sa femme.
Mais ils furent à nouveau interrompus par la visite du remplaçant de Michaëla, guidé par Matthew.
Il s'agissait de Jason Williams, qui ni l'un ni l'autre ne connaissait, enfin, c'est ce qu'ils croyaient.
Ce jeune médecin était de l'âge de Michaëla. Il était plutôt séduisant et célibataire. Durant son remplacement à Colorado Springs, il avait essayé de conquérir quelques jeunes femmes par là mais aucune n'avait succombé à ses charmes.
Il descendit du chariot et entra dans la maison des Sully, dont il avait entendu parlé depuis son arrivée.
« Bonjour », l'accueillit Michaëla.
Il souleva son chapeau et fit le baise-main à la jeune femme magnifique en face de lui.
Il jeta un coup d'œil à l'homme à côté qui était son mari et qui était négligé face à elle.
Ils n'allaient pas ensemble, mais pouvait-il leur dire maintenant ? Bien sûr que non !
Il attendait avec impatience de pouvoir travailler avec cette femme pour essayer de la détourner de son époux.
« Des amis à vous m'ont dit que vous étiez de retour aujourd'hui. Votre voyage s'est bien passé ? »
Sully, qui n'avait pas manqué le regard d'admiration du docteur, se hâta de répondre afin de faire comprendre la situation à cet homme contre qui il se sentait jaloux inexplicablement.
« Le voyage en diligence s'est très mal passé. Ma femme n'a pas arrêté d'être malade. Elle est enceinte, c'est certainement dû à ça. »
« D'accord ! D'accord ! Où puis-je vous examiner ? »
La jeune femme se leva, passa son bras sous celui de Sully, afin de faire comprendre leurs sentiments étaient réciproques et se dirigea vers leur chambre.
Elle s'allongea et enleva sa robe de chambre et se laissa examiner. Sully lui tint la main en silence durant tout ce temps, refusant de se retirer pour laisser la place à ce médecin.
Il avait compris que ce respecté docteur allait essayer de lui faire de l'ombre dans l'avenir.
Sully fut soulagé quand le médecin fut parti. Il se sentait en dessous d'un type comme lui.
Michaëla put le lire dans ses yeux et ressentit le besoin de le rassurer. Elle se serra dans ses bras et lui donna un baiser.
« Je t'aime, Sully. »
« Pourquoi tu dis ça ? »
« J'ai vu ton regard quand il m'a fait le baise-main. Tu es jaloux. »
Il baissa la tête, se sentant pris en faute. Comment pouvait-il ne pas se sentir en danger face à un homme aussi éduqué.
Elle put le lire le doute dans ses yeux et essaya de le rassurer pleinement, ne sachant pas si ses mots auraient un impact positif sur lui.
« Ne doute pas, Sully, il n'y a qu'un seul homme dans ma vie, un seul homme important pour moi. Il m'a tout donné et m'a fait comprendre dès notre rencontre que je devais me débrouiller seule. »
Il plongea son regard dans le sien, essayant de croire à ce qu'il disait mais incapable d'y croire totalement.
« Cet homme n'est peut-être pas celui qui n'aurait attiré dans les rues de Boston, il était tellement différent des autres. Mais il a quelque chose que personne d'autre ne possède : l'honnêteté et l'amour. »
« Tu vas devoir travailler avec lui au quotidien avec lui et il va de nouveau essayer de te séduire. Peut-être que tu te sentiras flattée par ses avances. »
« Non, certainement car je ne porte pas son enfant. Tu as fait bien plus que lui dans ma vie ! Je ne suis pas venue à Colorado Springs dans l'espoir de me marier ni d'avoir une famille et pourtant, j'ai eu tout cela. Tu m'apportes le bonheur tous les jours, un bonheur que je ne croyais pas possible et que personne d'autre ne pourrait m'offrir. »
Il la serra contre lui, un peu plus rassuré mais pas totalement. Il allait surveiller ce médecin et lui faire comprendre qu'il ne la lui laisserait pas.
Les jours du repos de Michaëla passèrent très vite et parvinrent même à faire oublier son incertitude à Sully.
Aussi, quand elle reprit le travail, Sully ne se méfia pas de cette menace. Amoureux comme au premier jour, il l'accompagna en ville et lui promit de déjeuner avec elle.
Pour Michaëla, la matinée se passa très calmement car son remplaçant la ménagea le plus possible.
Elle commençait à comprendre pourquoi son mari était jaloux car elle se sentait embarrassée par ses attentions.
Elle fut soulagée quand elle vit qu'il était l'heure de retrouver Sully pour déjeuner chez Grace.
Il entra sans frapper et se dirigea vers le bureau de sa femme, oubliant délibérément la présence du remplaçant de sa femme.
Il l'embrassa et la prit par la main pour la faire se lever.
Michaëla, par pure provocation, il l'embrassa sur la bouche et sans dire Loren, quitta la clinique avec Sully.
« Que se passe-t-il avec lui ? »
« Rien, il m'énerve et m'empêche de faire mon travail correctement. »
Il la guida vers une table du restaurant plein-air et lui tira la chaise pour l'aider.
Il s'assit en face d'elle et fit un signe de salut à Grace.
« Raconte-moi ta matinée. »
« Je suis restée pour la plupart du temps assise à mon bureau à remplir mes dossiers médicaux. Je ne pouvais pas faire un pas sans qu'il me fasse asseoir de nouveau. Je pense que je vais essayer d'avoir une conversation avec lui et partager notre temps de travail. »
« Tu veux vraiment faire comme ça. Je ne veux pas que tu te rendes malheureuse en abandonnant ton travail. »
« Non, je dois me ménager dans les prochains mois pour le bébé et pour moi. »
Il posa la main sur la sienne afin de la protéger.
Le déjeuner entre les deux amoureux se passa entre mots tendres et rassurants.
Après quoi, elle demanda à son mari de la ramener à la maison car elle savait que le docteur la remplacerait car il n'avait pas arrêté de lui faire comprendre.
Sully accepta d'emblée parce qu'il avait bien vu les cernes sous les yeux.
Une fois arrivés chez eux, il la souleva dans ses bras pour la porter dans la maison afin d'éviter qu'elle se fatigue inutilement.
Elle fut heureuse de cette attention si particulière dont il témoignait et dont elle était contente de bénéficier.
Durant le temps qu'il passait à s'occuper des chevaux, elle en profita pour se reposer dans son fauteuil et l'attendre sagement comme il l'avait souhaité silencieusement.
Elle posa la main sur son ventre et sentit comme une petite bulle qui bougeait dans son ventre.
Les larmes aux yeux, elle comprit que c'était le premier mouvement du bébé.
Elle attendit que Sully rentre pour lui dire et qu'ils se réjouissent ensemble. Son air rêveur et réjoui surprit Sully quand il entra dans la maison.
« Qu'est-ce qu'il se passe et qui te fait sourire comme ça ? »
« Je viens de sentir le bébé bouger. »
« C'est vrai ? »
« Oui ! »
Sully, plus ému qu'il ne voulait le laisser paraître, se pencha vers elle pour l'embrasser. Il posa la main sur son ventre et parla au bébé.
« Ta maman et moi sommes très contents que tu manifestes ta présence. Ça veut dire que tu vas bien. Tu sais, je me fiche que tu sois un garçon ou une fille, je veux juste que tu sois en bonne santé. »
Michaëla réalisa qu'en disant ces paroles, Sully parlait de son passé avec Abigail.
Dans sa voix, elle entendait la peur qu'il ressentait face à ce nouveau bébé qui arrivait, parce qu'il ne pouvait pas savoir s'il irait bien ou pas.
Elle se leva et se serra dans ses bras, car elle ne savait pas quoi lui dire pour qu'il pense à autre chose.
Sully se secoua. Il ne fallait pas qu'il se laisse envahir par ses sentiments !
Il la souleva et la porta dans sa chambre.
Surprise par ce changement d'attitude, elle se demanda ce qui se passait dans la tête de son mari.
« Sully, qu'est-ce que tu fais ? »
« Je te porte au lit pour que tu te reposes ! »
« A la seule condition que tu m'accompagnes ! »
« Si tu veux ! »
Il l'aida à enlever ses vêtements et à s'allonger sur le lit. Puis, il fit mine de partir pour voir quelle réaction elle allait avoir.
« Sully, appela-t-elle, tu avais dit que tu resterais avec moi ? »
« Tu as besoin de te reposer ! »
« J'ai besoin de ta présence près de moi. »
« Tu es si contrariée que ça ! »
« Ton remplaçant s'est mal comporté avec toi ? »
« Il s'est comporté comme toi. Il s'est pris pour toi pour tout te dire. S'il continue comme ça, je pense que je vais essayer de trouver quelqu'un d'autre. »
« C'est à ce point-là ? »
« Oui, il m'énerve ! »
« Oui, mais maintenant, tu peux l'oublier car il n'est pas là. »
Michaëla voulait bien se concentrer sur le moment présent avec Sully, elle ne demandait que cela.
Elle décida de convaincre Sully, afin qu'il vienne au lit avec elle.
« Tu peux t'allonger à côté de moi ? »
« Michaëla ! » Tenta-t-il de protester alors qu'il mourrait d'envie de la prendre dans ses bras>.
« Viens. » Dit-elle simplement.
Il céda à leurs envies et se glissa dans le lit. Il l'embrassa sur le front et la serra dans ses bras.
Il ne fallut que quelques minutes pour qu'elle s'endorme, ce qui lui prouvait qu'il n'avait pas eu tort de la pousser à aller se reposer.
Cela allait devoir se dérouler de plus en plus souvent dans les mois à venir.
Sa grossesse avançant, elle allait être de plus en plus fatiguée. Sully se demanda si elle ne serait pas trop épuisée pour arriver à terme.
Il la connaissait assez pour savoir qu'elle ferait tout pour leur bébé.
Il fut surpris dans ses méditations par l'arrivée d'un chariot dans sa cour.
Il descendit les escaliers pour voir de qui il s'agissait. Il fut soulagé quand il vit que c'était Dorothy.
Elle venait certainement prendre des nouvelles de sa meilleure amie. Il la fit entrer dans le salon et attendit qu'elle se décide à parler pour voir ce qu'elle voulait savoir.
« Sully, Michaëla est là ? »
« Elle se repose dans notre chambre. Même si ça fait quelques jours que nous sommes revenus, je pense qu'elle est encore fatiguée à cause de tout ce que nous avons vécu à Boston. Mais qu'est-ce que vous venez réellement faire ici, Dorothy ? »
« C'est à propos du remplaçant de Michaëla ? »
« Que se passe-t-il avec lui? »
« Il n'a pas que de bonnes intentions. »
« Que voulez-vous dire par là ? »
« Je suis passée à la clinique ce matin pour voir comment Michaëla allait et je l'ai vu avec elle. »
« Qu'avez-vous vu ? »
« Il était auprès d'elle et la regardait longuement dans les yeux. Alors, j'ai pris la décision de rentrer. Ils étaient tous les deux mal à l'aise pour la même raison. »
« Elle m'a dit qu'il l'avait énervée. J'ai essayé d'en savoir un peu plus mais vous connaissez Michaëla. »
« Oui. D'ailleurs, avec moi dans la clinique, elle a fait comme si de rien était. Il était évident qu'elle était embarrassée. Elle ne m'a rien dit et je n'ai pas insisté. J'ai juste pensé que je devais vous prévenir. »
« Il essaie de la séduire et il imagine qu'il va y arriver. »
« J'ai vu comment il s'est comporté avec elle quand il est venu pour la première fois à la maison. »
Michaëla, qui, en haut de l'escalier, avait entendu l'essentiel de la conversation, savait maintenant que Sully savait maintenant tout ce qui s'était passé ce matin.
Même si c'était une bonne chose, elle en voulait à sa meilleure amie d'être venue en parler immédiatement à son mari.
Elle descendit afin de faire connaître sa présence.
L'accueil qu'elle fit à Dorothy fut des plus glaciales et contraire à l'habitude.
« Que venez-vous faire ici ?
« Il a fallu que vous veniez vous mêler de ma vie privée. »
« Michaëla, il me semblait important de prévenir Sully, il fallait qu'il soit au courant de cela. Vous n'avez pas pu lui en parler.
« Je ne voulais pas l'inquiéter pour rien. »
« Il ne doit pas s'agir de rien, Michaëla, intervint Sully, car tu ne serais pas aussi secouée par la visite de Dorothy. »
« Je ne suis pas secouée. »
« Et c'est pour ça que tu es en colère contre ta meilleure amie ! »
« Elle n'a pas le droit de se mêler de notre vie privée ! »
« Tu aurais dû me parler de ça avant même que Dorothy vienne ici. Cet homme n'a pas le droit d'être aussi direct avec toi. Si ça continue comme ça, je vais aller lui dire de partir de la ville et je trouverai un autre remplaçant.
« Tu n'as pas besoin de le faire, Sully, je suis assez grande. »
Comprenant que le couple atteignait une impasse, Dorothy pris la décision d'intervenir.
« Nous sommes inquiets pour votre sécurité, Michaëla. »
« Cela ne vous donne pas le droit de prendre des décision à ma place ! »
« Ne vous mettez pas en colère. Nous voulons juste nous assurer que vous êtes en sécurité. »
« Je parlerai au Docteur Williams demain et j'essaierai de lui faire comprendre que ses attentions ne m'intéressent pas. »
« Ce ne sera peut-être pas suffisant. Je vais demander à Colleen de te suivre demain matin. »
« C'était prévu comme cela, Sully. »
Dorothy parut satisfaite de la tournure que prenait la conversation. Ses amis avaient réussi à trouver un terrain d'entente.
« Je vais vous laisser entre vous. Mais avant, je voudrai m'excuser de ma démarche. »
« Ne vous excusez pas, Dorothy, vous avez agi en tant qu'amie. J'aurai fait la même chose à votre place. »
« Je n'en doute pas, Michaëla. A demain ! »
Dorothy s'en alla, les laissant tous les deux en amoureux.
Sully se rapprocha de Michaëla, afin de se réconcilier avec elle après la petite dispute qu'ils avaient eu.
« Je suis désolé, Michaëla. »
« Je suis désolée, aussi, Sully. Je n'aurai pas dû réagir comme ça. Je sais que tu ne cherches qu'à me protéger. »
Elle se glissa dans ses bras pour se consoler avec son mari car elle n'aimait pas quand elle se disputait avec lui.
« Je suis content de savoir ce qu'il se passe avec cet homme. »
« Je suis contente que tu saches. »
Il la conduisit jusqu'à un fauteuil pour qu'elle se repose.
« Sully, que fais-tu ? »
« Tu devrais encore être en train de dormir dans notre chambre. Tu as besoin de te reposer. »
« Je n'arrivai pas à dormir sans toi. J'ai senti que tu n'étais pas avec moi. Je voulais que tu te restes avec moi. J'ai besoin de toi et de toi seul. Tu comptes vraiment pour moi. »
« Je le sais, Michaëla, je n'ai pas besoin que tu me le dises. »
Elle se tut et profita de l'occasion pour prendre son stéthoscope dans sa trousse afin d'écouter le cœur du bébé battre.
Elle adorait s'organiser des petits moments à faire cela depuis qu'elle avait découvert que c'était possible.
Sully la regarda faire sans rien dire car il aimait l'observer et détecter la moindre de ses expressions.
Elle écouta le cœur du bébé battre pendant de longues minutes et donna son stéthoscope à Sully, afin qu'il puisse un peu participer à ce merveilleux processus qui consistait à avoir un enfant.
Il ne résistait pas trop longtemps à une telle invitation. Ce moment tendre aurait pu s'éterniser dans la durée si les enfants n'étaient pas rentrés à ce moment-là dans la maison.
La porte claque et fit sursauter Michaëla et Sully.
Colleen fut la seule à se rendre compte du moment qu'ils avaient brisé.
Elle fit d'ailleurs de son mieux pour les mettre à l'aise.
Après tout, ils avaient le droit de s'organiser des moments en amoureux.
Le dîner en compagnie des enfants se déroula dans la joie la plus intense.
Cela changea définitivement les idées à Michaëla, qui en avait bien besoin.
Leur conversation et leurs histoires sur la journée qu'ils avaient passés avec leurs amis étaient très drôles. Michaëla aimait les entendre en parler car elle les sentait très épanouis.
Elle savait que leur séjour à Boston les avait éloignés très longtemps de telles complicités. Ils étaient heureux de les retrouver tout ce qu'ils avaient vécu.
Maintenant qu'ils étaient sûrs de pouvoir passer la vie avec Michaëla et Sully, ils profitaient de chaque instant passé avec eux.
Colleen, malgré sa joie de retrouver Becky, voulait absolument aider sa mère à la clinique.
Elle n'avait en aucun cas envie d'abandonner son projet de devenir médecin.
Elle avait encore plus envie de suivre cette ambition.
Sully le remarqua et en parla avec Michaëla durant le repas et cela l'arrangeait pour la demande qu'il avait à lui faire.
« Colleen, cela te dérangerait-il de rester avec ta mère demain matin à la clinique pour l'aider ? »
« Non, pas du tout ! C'était déjà prévu. J'en ai même déjà parlé à Becky. »
« Merci, Colleen, ton aide me sera précieuse. »
« Je le sais et je serai présente dans les mois à venir. »
« Je veux que tu continues à penser à toi. »
« Ne vous inquiétez pas, maman, je le fais avec plaisir. »
Michaëla fut soulagée par cette décision de la part de sa fille. Maintenant, elle allait pouvoir en parler au docteur Williams et aménager de nouveaux horaires de travail. »
Avec l'aide de sa fille, il comprendrait certainement.
Il n'avait pas besoin d'être toujours avec elle.
Après ce repas si satisfaisant pour tout le monde, Colleen proposa de faire la vaisselle.
Sully fit asseoir sa femme dans le fauteuil afin qu'elle se repose un peu plus.
Elle ne savait pas trop comment elle allait affronter son remplaçant le lendemain pour lui faire comprendre comment elle voulait fonctionner. Elle savait que ce ne serait pas assez facile que ça. Elle avait presque envie de demander à Sully de venir avec elle afin de l'aider.
Elle ne se doutait pas qu'il avait la même chose en tête et qu'il n'osait pas lui en parler de peur de la froisser.
Après la vaisselle, ils montèrent à l'étage pour la nuit.
Michaëla se déshabillait lentement tout en cherchant une manière de parler à Sully de ce qu'elle voulait.
Il l'observait à lui parler très timidement comme si elle avait peur de sa réaction.
« Sully, je voudrai te demander quelque chose. »
« Je t'écoute. » Lui dit-il, soupçonnant ce qu'elle allait dire.
« Je voudrai que tu viennes avec moi à la clinique demain. Tu pourrais m'aider à convaincre mon remplaçant de suivre les horaires que je vais lui proposer. »
« Je voulais justement lui proposer et je ne savais pas comment tu devais réagir. »
« Il ne fallait pas douter que j'aurai besoin de ton soutien. »
Il la serra contre lui, sachant très bien pourquoi elle réagissait ainsi. Ce qu'elle avait vécu en présence de cet home ce jour-là avait dû suffisamment la marquer pour qu'elle en vienne là.
Il la souleva dans ses bras et la posa dans le lit avec amour, puis il vint à ses côtés pour qu'elle se serre dans ses bras.
Quand elle sentit qu'il était près d'elle, elle chercha à le séduire. Cela faisait maintenant un bon bout de temps qu'ils n’avaient pas ensemble.
Depuis leur retour, Michaëla avait dû se reposer à cause de ce que le voyage avait provoqué sur son état.
Ils n'avaient pas fait l'amour depuis qu'ils étaient revenus de Boston et Michaëla se sentait très attirée par son mari ce soir-là.
Elle se leva et enleva la chemise de nuit, que Sully avait pris la peine de lui mettre, sans aucune gêne.
Sully comprit clairement ses intentions et voulut essayer de la convaincre qu'elle ferait mieux de se reposer.
« Demain, tu dois travailler. »
« Tu dois te reposer pour être en forme. »
« Tu veux prouver à mon mari que je l'aime. »
« Michaëla ! Tu n'es pas raisonnable! »
« Oh si, je le suis ! Je t'aime tellement ! »
« Je sais que tu m'aimes. »
Il l'embrassa gentiment et sagement sur la bouche, essayant pour de bon de la repousser. Mais il connaissait sa femme et savait qu'elle n'abandonnerait pas aussi facilement.
D'ailleurs, elle s'accrocha à ses bras et passa son pied sensuellement sur sa jambe.
Il tenta de résister le plus possible à ses avances.
Mais il se sentait en train de tomber sous son charme.
Il donna libre cours à leurs envies et lui fit l'amour avec la tendresse qu'il possédait.
Après quoi, chacun d'eux eut le sourire aux lèvres.
« Que penserait ma mère si elle nous voyait en ce moment ? »
« Elle serait heureuse pour nous. N'oublie pas qu’elle a bien changée depuis que nous sommes allés vivre chez elle et elle m'apprécie maintenant. »
« Oui, elle sait que je t'aime et que je ne peux pas vivre sans toi. »
« C'est la même chose pour moi. Tu m'offres un tel cadeau en attendant cet enfant. On ne pensait certainement pas qu'il arriverait si tôt. »
« Non, j'étais loin de penser que j'attendrai un bébé juste après notre première fois ensemble. J'étais même loin de penser que je me marierai un jour. »
« Ça s'est pourtant produit. »
« Et je ne le regrette pas car j'ai tout ce que j'ai toujours attendu de la vie. T'avoir toi et les enfants est le plus beau des cadeaux que Dieu pouvait nous faire. »
« Je ne pensais pas connaître un si grand bonheur en te rencontrant. »
« Moi non plus. »
Dans leur tête restait le danger que cachait la présence du docteur dans la ville. Ils s'endormirent dans les bras l'un de l'autre paisiblement sans penser au lendemain.
La nuit fut paisible pour tous les deux.
Michaëla se leva une heure avant le lever du jour le lendemain. Sully dormait encore quand elle s'était habillée.
Elle était trop inquiète pour rester allongée au lit sans dormir.
Sully se leva quand il se réveilla et s'aperçut que son épouse n'était pas avec lui.
Il savait exactement ce qu'elle avait en tête pour se mettre au travail aussi tôt. Il fallait absolument qu'il la calme, alors il descendit pour la rejoindre.
« Quelque chose t'a réveillé ? »
« Non. J'avais faim ! »
« Et qu'as-tu mangé ? Il n'y a rien qui attend d'être lavé. »
Elle baissa la tête pour éviter son regard car elle savait qu'elle ne s'en sortirait pas comme ça.
« Tu es inquiète pour ce qu'il va se passer aujourd'hui, c'est ça ? Je suis sûr qu'il finira par comprendre. »
« Je n'en suis pas aussi sûre que toi. »
« Tu dois être forte et ne pas lui montrer que tu as peur de lui. »
« Que crois-tu que j'essaie de faire ? Pourquoi me suis-je levée plus tôt à ton avis ? » Dit-elle, énervée.
Elle regretta immédiatement de s'être emportée aussi facilement. Il comprit instantanément ce qu'elle ressentait et la prit dans ses bras.
« Je sais que tu as peur de l'affronter. »
« Je suis désolée de m'être mise en colère contre toi. »
« Ne t'excuses pas, ma chérie. »
Il la guida vers la table afin qu'ils puissent prendre un petit-déjeuner. Les enfants ne tardèrent pas à arriver et à les rejoindre.
Michaëla eut du mal à manger car elle se sentait trop inquiète pour ce qu'il allait se passer.
Inquiets, Colleen et Brian se turent pour ne pas la perturber. Colleen fut soulagée quand elle entendit que Sully allait rester avec sa mère tout le long de la journée.
Elle avait un poids qui avait enlevé de sur ses épaules. Ils décidèrent de partir pour la clinique.
Dès qu'ils arrivèrent, le docteur Williams les accueillit. Il fit tout de suite attention à Michaëla et la fit asseoir à son bureau.
Il fut visiblement déçu quand Sully lui annonça qu'il restait avec eux tout au long de la matinée mais il ne dit rien.
« Nous aimerions vous parler de l'organisation des horaires de la clinique maintenant que ma femme a repris le travail. Vous ne pouvez pas toujours être deux à travailler à la clinique tout le temps. »
« Sans me mêler de ce qui ne me regarde pas, votre femme ne devrait même pas continuer à exercer son métier maintenant qu'elle est enceinte. »
« Mais vous vous occupez de ce qui ne vous regarde pas. »
« Cette femme ne vous appartient pas, monsieur Sully. »
Il sortit une arme de sa veste et les menaça.
Heureusement pour eux, il avait été convenu que Colleen reste à l'étage le temps qu'ils accueillaient le médecin et lui parlaient. Elle était leur seule chance.
Les avait-elle entendus ?
Sully espérait que oui. Il se sentait un peu soulagé car il se trouvait avec sa femme. Il pourrait peut-être la protéger.
Michaëla avait cette même pensée en tête. Elle attendait son premier patient dans quelques minutes. Il s'agissait de Dorothy.
Elle lui en avait voulu d'intervenir auprès de Sully la veille mais maintenant, elle se sentait soulagée car il était près d'elle.
Elle aussi savait que Colleen se trouvait à l'étage.
Pourrait-elle sortir sans que Williams la voit ? Elle espérait que oui. Cet homme avait bien caché ses intentions aux habitants.
Sully se rapprocha encore plus de sa femme. Déjà, il avait été à ses côtés dès le début et Jason ne pouvait pas l'éloigner d'elle.
Enfin, c'est ce qu'il croyait.
C'était sans compter sur les intentions de cet homme.
Essayant de distraire ses projets, Sully lui posa des questions tout en tentant de rentrer dans son jeu.
Il espérait juste que Michaëla comprendrait où il voulait en venir. D'ailleurs, avant de commencer, il la regarda dans les yeux pour communiquer avec elle.
« Je comprend pourquoi vous voulez qu'elle soit amoureuse de vous. Depuis quand vous connaissez-vous? »
« Je l'admirais quand elle étudiait la médecine. »
« Vous la connaissiez déjà à ce moment-là? »
« Oui. Mais elle, elle ne me connaissait pas. Je restais dans l'ombre avant de me déclarer. »
« Pourquoi aujourd'hui ? »
« Parce que je sais que c'est le bon moment. Quand j'ai lu l'annonce recherchant un médecin ici, je me suis décidé. Je savais qu'elle vivait ici et même qu'elle s'était fiancée avec vous. »
« Mais je ne savais pas que vous étiez mariés. Je l'ai appris en restant. »
« J’attends un bébé. » Intervint Michaëla.
« Je ne le savais pas. Je l'ai appris le jour où je suis venu vous voir chez vous. »
Afin de couvrir le bruit que Colleen faisait en ouvrant la porte, Michaëla parla un peu plus fort mais ne fut pas dupe. Il comprit que le couple essayait de l'avoir.
Mais Colleen avait réussi à sortir et à se diriger vers le saloon pour prévenir Hank.
Elle passa la porte.
Heureusement, aucun client n'était présent et elle n'eut pas le droit à des remarques trop directes.
D'ailleurs, Hank comprit immédiatement qu'il se passait quelque chose.
« Qu'est-ce qu'il y a, Colleen? »
Elle ne l'avait jamais vu aussi gentil que ce jour-là.
« Maman et Sully sont retenus en otage à la clinique ? S'il vous plaît, ils ont besoin d'aide ! »
« Ne t'inquiète pas. Colleen, Matthew est en ville? »
« Je ne sais pas. J'ai eu peur qu'il n'y soit pas. J'ai préféré venir vous voir. »
« Où est ton frère ? »
« A l'école. »
« Bon. Tu vas rester avec Grace et je vais organiser de l'aide pour eux le plus vite possible. »
Jason, de son côté, avait vu la jeune fille rentrer au saloon. Il devenait de plus en plus menaçant avec Michaëla.
Sully était prêt à tout pour sa femme, même se sacrifier.
« Vous avez essayer de m'avoir mais vous allez me le payer. »
Il reprit son arme et menaça Michaëla.
Elle ne savait plus quoi lui dire pour le faire revenir à la raison et ce fut ce moment que choisit Dorothy pour sonner la cloche.
Elle ne savait pas ce qu'il se passait à l'intérieur et heureusement, Hank alla la prévenir immédiatement.
« Michaëla ne vous ouvrira pas. Ils sont retenus en otage. »
« C'est le docteur Williams. Il n'était pas clair cet homme. J'ai appris qu'il s'en prenait à des femmes qu'il avait connues dans sa jeunesse. »
« Merci de l'information. Je viens d'aller voir Jake qui réunit les autres et je suis venu voir ce qu'il se passait entre temps. Est-ce que vous savez où est Matthew? »
« Oui, je l'ai vu avec RobertE tout à l'heure. »
« Merci. »
Dorothy comprit qu'il valait mieux qu'elle s'en aille pour les laisser aider Michaëla et Sully au plus vite.
Justement, Sully s'était mis devant Michaëla afin de la protéger du possible coup de feu de Jason.
Il les avait fait asseoir sur le lit que Sully avait fabriqué pour elle dans le coin de la salle de consultation, et le jeune homme avait eu la bonne idée de se mettre devant sa femme.
Jason avait essayé de le pousser mais le futur papa avait refusé. Le docteur se méfiait des habitants de la ville et de ce qu'ils pourraient faire pour l'arrêter.
Il vit l'homme aux longs cheveux qui travaillait au saloon en face qui le surveillait derrière la fenêtre.
Apparemment, la personne qui était avec le couple avait réussi à avertir les habitants. Voilà qu'il était maintenant sous surveillance.
Sully continuait de l'empêcher de s'en prendre à Michaëla.
« Très bien, si c'était comme ça qu'il voulait que ça se passe. Pendant ce temps-là, les hommes volontaires étaient tous réunis et cachés derrière Hank. »
Ils étaient prêts à intervenir.
Jason tira un coup de feu au hasard et s'enfuit par la porte arrière et se retrouva aussitôt pris en charge par les hommes qui montaient la garde.
Le coup de feu ne fut pas perdu pour tout le monde.
En effet, cela avait touché légèrement Sully.
Il n'avait pas perdu connaissance. La balle n'avait fait qu'effleurer son bras. Mais Michaëla paniqua quand elle vit sa blessure.
Tout de suite, elle se leva et alla chercher sa trousse pour le soigner immédiatement.
Elle était bouleversée par la prise d'otage à la clinique et ne voulait l'admettre devant personne.
Après s'être assuré que Jason était aux mains de Hank, qui allait s'assurer qu'il aille en prison, Matthew entra dans la clinique pour vérifier comment allaient ses parents.
Sully se sentait dépassé par sa femme qui n'arrêtaient pas de s'agiter dans tous les sens du terme.
Elle le soigna calmement sans dire un mot et sans se rendre compte que Matthew était entré.
Sully regarda le jeune homme en lui faisant comprendre qu'il ne devait rien dire car il valait mieux la laisser faire ce qu'elle voulait.
Après qu'elle eut fini de le soigner, elle se mit à ses côtés très calmement.
C'est à ce moment qu'elle s'aperçut que Matthew était avec eux.
« Ne vous inquiétez pas, il est en prison maintenant. »
Elle ne lui répondit pas, ne voulant pas le savoir.
Colleen entra peu après dans la clinique, voulant s'assurer que ses parents allaient bien.
Elle se réfugia immédiatement dans les bras de sa mère.
Sully en profita pour se lever.
Bientôt, il allait falloir que Michaëla témoigne sur ce qu'il s'était passé afin de se mettre cet homme en prison.
Mais elle ne semblait pas prête à affronter les possibles questions d'un juge. Il fit signe à Matthew pour qu'il prenne en charge Colleen. Il fallait absolument qu'il parle à Michaëla.
Ce n'était pas en leur présence que cela pourrait se faire.
Le jeune homme comprit et sortit en compagnie de Colleen.
Sully commença à mettre le panneau « fermé » sur la porte du cabinet et entraîna sa femme à l'étage avec lui.
Elle le suivit sans réfléchir et sans parler.
Il la regardait et se demandait comment il allait pouvoir briser la glace qui la séparait de lui.
Il la fit asseoir sur le lit.
« Ca va? » Lui demanda-t-il.
Elle acquiesça.
« Tu en es sûre ? Tu n'as pas dit un mot depuis. »
Elle hocha la tête, ne lui laissant pas croire qu'elle allait lui parler.
Assis à côté d'elle, il la serra dans ses bras, tout en l'embrassant sur le front.
« Je sais que tu es bouleversée mais ça aurait pu être beaucoup plus grave. »
« Ça l'est bien assez. »
Elle avait chuchoté ces quelques mots si bas qu'il avait eu du mal à l'entendre.
Il l'attira encore plus contre lui, et l'obligea à poser sa tête contre son torse. Il était convaincu qu'elle avait besoin de son réconfort.
Elle ne dit pas plus de mots qu'avant mais il est vrai qu'elle se détendit dans ses bras.
Sachant qu'il était trop tôt pour la brusquer, Sully décida de rentrer à la maison. Il la laissa donc seule pendant quelques minutes afin de demander à RobertE de préparer les chevaux.
Il sortit de la clinique et découvrit que c'était déjà fait.
Il fut soulagé et remonta immédiatement à l'étage.
Il souleva Michaëla dans les bras et l'allongea à l'arrière du chariot. Elle rentra seule dans la maison et se dirigea sans bruit vers leur chambre.
Heureusement, Colleen et Brian étaient en ville car ils auraient été bien tristes de voir leur mère dans un tel état.
Sully la chercha partout quand il entra dans la maison après s'être occupé des chevaux, puis il réalisa.
Il fallait absolument qu'il trouve un moyen de lui parler mais il avait déjà essayé et il n'y était pas parvenu.
L'arrivée de son frère Cheyenne Nuage Dansant le sauva.
Il ne venait jamais leur rendre visite en plein jour sans les avoir prévenu avant et s'il le faisait, c'est ce qu'il se passait quelque chose, vu qu'il avait reçu un message des Esprits.
C'était la deuxième solution à laquelle Sully pensait.
« Qu'est-ce qui t'amène ici ? »
« Michaëla est bouleversée. » Dit-il sans préambule.
« Tu peux l'aider ? »
« Peut-être. Explique-moi ce qu'il s'est passé aujourd'hui. »
« Son remplaçant nous a pris en otage et il m'a blessée légèrement. Je ne sais plus comment agir avec elle. »
« Où est-elle ? »
« Dans notre chambre. Mais je ne suis pas sûr qu'elle veuille te parler. »
« Viens avec moi. »
Sully le suivit tout en sachant quelle réaction Michaëla aurait en les voyant.
Sully ouvrit la porte et entra en compagnie de l'Homme Médecine et Michaëla ne s'aperçut même pas de leur présence. Elle semblait perdue dans ses pensées.
« Michaëla. » Appela Nuage Dansant.
Elle ne se tourna pas dans leur direction.
Nuage Dansant posa la main sur son épaule pour la forcer à réagir.
« Je suis au courant de ce qu'il s'est passé et je suis venu vous aider et en parler. »
« Il n'y a rien à dire. »
« Oh si, mais vous refusez de le faire. »
Michaëla ne savait pas comment faire pour affronter ce qu'il s'était passé.
Bien sûr, elle avait conscience qu'elle devait réagir et que cela aurait pu être beaucoup plus grave que ça.
Non, ce qui l'effrayait, c'est que son mari aurait pu être blessé ou même tué …
« Michaëla, dites-moi ce que vous ressentez vraiment. »
« Que voulez-vous que je vous dise ? Que j'ai eu peur que mon mari meure ? Bien sûr que ça a été le cas. Nous n'aurions jamais dû partir pour Boston et le laisser prendre ma place. »
« Nous devions y aller. Ça nous a permis de nous marier. »
« Je sais, Sully, mais qui sait ce qui aurait pu se passer avec les enfants. Nous avons la chance d'avoir des amis ici et qu'ils nous aient secourus à temps. »
« Ça n'est pas arrivé, Michaëla. Et ça n'arrivera plus ! Il va être jugé et condamné. Il ne reviendra pas prêt de nous. »
« Qui sait ? »
« Chut ! Ne pense pas à ça ! Ça ne sert à rien d'y penser ! »
« Mais à qui vais-je bien pouvoir faire confiance pour venir m'aider. »
« Je sais que tu ne l'aimes pas beaucoup mais tu pourrais peut-être faire appel à Cassidy. »
« Ou à son collègue. Il est très compétent. »
« D'accord ! »
Nuage Dansant les regardait sans intervenir, comprenant qu'ils avaient enfin pu établir une conversation.
C'était tout ce qu'il espérait pour eux.
Michaëla n'en était pas pour autant remise de ce qu'elle avait vécu mais elle arrivait à mieux mettre des mots sur ce qu'elle ressentait.
Nuage Dansant repartit au soir après avoir passé l’après-midi, soulagé de la tournure de la situation.
Les Esprits avaient bien fait de lui faire comprendre qu'il devait se rendre chez Michaëla et Sully.
Cette intervention de la part de Nuage Dansant avait réussi à apporter une peu de sérénité à Michaëla, qui pu les accueillir les enfants avec le sourire.
Ils parurent soulagés de la voir dans un tel état car ils étaient maintenant tous au courant de ce qu'il s'était passé avec la clinique.
Les enfants se couchèrent détendus mais ce ne fut pas le cas de Sully et de Michaëla.
Le jeune marié connaissait assez de Michaëla pour savoir qu'elle cachait tout à ses enfants afin de ne pas les inquiéter.
Cependant, il ne pouvait pas la brusquer mais il se promit de la surveiller pour voir comment la nuit se passait avec elle.
Avait-il deviné ?
Elle s'endormit tranquillement et il en fut soulagé.
Mais cela ne dura pas car elle fit plusieurs cauchemars et il se montra présent durant la nuit pour la réconforter.
Le lendemain, elle fit comme si de rien était.
Elle se leva avant Sully.
Habitué à se réveiller avant sa femme, celui-ci fut surpris de ne pas la voir à côté de lui comme d'habitude.
Il se demandait quand Michaëla retrouvait sa joie d'avant.
Ce fut à ce moment-là qu'il se rappela les paroles de Dorothy à Boston. Elle lui avait proposé de l'aider à organiser une surprise à sa femme.
C'était le moment où jamais de passer du temps avec elle.
Justement, quand il descendit, il vit que la journaliste était déjà avec elle et qu'elle discutait avec elle.
Il ne se ft pas voir tout de suite afin d'espionner Michaëla.
« Horace a envoyé un télégramme du docteur Bernard de Denver pour qu'il vienne le plus vite possible. Vous avez besoin de repos pendant quelques temps. »
« Vous n'aviez pas besoin de le faire à ma place. Je suis assez grande pour m'occuper de moi-même. »
« Vous ne pouvez pas continuer à faire comme s'il ne s'était rien passé hier. Vous devez vous retrouver avec Sully pendant un moment. Je suis sûre qu'il sera heureux de savoir que vous allez être ensemble et qu'il souhaite plus que tout retrouver la femme qu'il a épousée. »
« Je ne suis pas la même femme. Il faut qu'il réalise. »
Sully décida qu'il était temps pour lui d'intervenir. »
« Tu seras toujours la même pour moi et Dorothy a raison, je souhaite vraiment passer du temps avec toi. »
« Il s'est passé des choses pendant votre voyage à Boston que nous ne soupçonnez même pas ...
… Figurez-vous que nous avons trouvé un moyen de parler tous les deux. »
« Et qu'avez-vous décidé sans même que je sois au courant ? »
Ne se laissant pas monter sur les pieds par une intervention aussi directe, Dorothy rentra dans son jeu.
« J'ai pensé que vous deviez être ensemble un moment. Vous en avez besoin. »
Sully la regarda pour voir quelle réaction elle allait avoir face à cette proposition. Comme il s'y attendait, elle ne semblait pas vouloir être avec lui.
Il ne comprenait pas pourquoi elle réagissait comme ça.
Il fit un signe de tête à Dorothy et souleva sa femme dans ses bras.
Ce fut ce moment-là qu'il vit les enfants qui descendaient pour les rejoindre.
« Sully, qu'est-ce que tu fais ? »
Il ne répondit pas et partit sans faire attention à ses protestations. Elle était surprise par ce qu'il faisait.
Il l'enlevait pour pouvoir passer du temps avec elle.
Il n'avait pas trouvé un autre moyen pour être avec elle.
En secret, Matthew, mis au courant par Dorothy avait préparé le chariot. Quand elle arriva, toujours dans les bras de son mari, elle s'aperçut du nombre important de provisions qu'il y avait à l'arrière.
Tout avait été prévu, des ouvertures et un matelas confortable pour Michaëla.
Sully voulait certainement passer plusieurs heures en sa compagnie.
Même si elle ne savait pas quel effet ferait sur son état, elle se réjouissait de pouvoir passer du temps avec lui.
Elle l'aimait et il était peut-être de lui prouver un peu plus.
Une fois installée dans le chariot, toujours aidée par son mari, elle se tourna vers lui et lui sourit largement.
C'était une première depuis la veille.
Sully fut soulagé de la voir aussi souriante.
C'était la Michaëla qu'il aimait et qu'il voulait retrouver.
Elle se rappela à ce moment-là qu'ils n'avaient pas encore pu avoir une lune de miel tous les deux et que c'était certainement l'occasion d'en avoir une.
Elle se tut et ne dit plus rien pour voir jusqu'où Sully était capable d'aller.
Il s'arrêta devant une grotte.
Il la souleva et l'emmena à l'intérieur puis alla chercher leurs provisions dans le chariot. Il avait pensé à tout, même à faire suivre son arc pour aller chercher du gibier.
Mais avant tout, il voulait rester près d'elle.
Elle le regarda revenir auprès d'elle. Sa chemise bleue comme ses yeux, ses pantalons en peaux de daim, son regard plein d'amour surtout, la mettait dans tous ses états.
Il se dégageait de lui un tel amour pour les autres quels qu'ils soient.
Tout avait été si difficile entre eux dès le début de leur relation, et pourtant, ils s'aimaient très fort.
Elle tendit la main vers lui.
Elle comprenait enfin pourquoi elle était mal à l'aise face aux avances du Docteur Williams.
C'était parce qu'il n'y avait pas de place pour un autre homme dans sa vie.
Sully l'observait pendant qu'il s'installait à ses côtés et qui la prenait dans ses bras, comme elle en faisait la demande silencieusement.
Elle se tourna vers lui et l'embrassa langoureusement sur les lèvres. Depuis leur retour de Boston, elle avait eu très peur de fois une telle attitude à ses yeux.
Il ne la trouvait que plus touchante quand elle réagissait comme ça. Il se recula de lui-même au bout d'un moment pour pouvoir plonger son regard dans le sien.
A ce moment-là, les mots n'avaient plus leur importance. Ils se comprenaient sans même se parler.
Quand elle n'avait pas de soucis à se faire pour la clinique ou les enfants, elle était tellement amoureuse de lui.
La première nuit qu'ils avaient passé ensemble, en tant que mari et femme, avait été magique, aussi magique leur première fois qu'ils avaient fait l'amour.
Mais il y avait eu au fond de leur tête cette inquiétude pour les enfants. Et là, il avait réussi à lui faire oublier ce qu'ils avaient vécu la veille avec le docteur Williams.
Les éléments du temps se déchaînaient à l'extérieur. Le vent s'était levé et la pluie commençait à tomber.
Heureusement, Sully avait pensé à faire suivre du bois sec. Il pouvait donc allumer un feu car il savait que l'orage n'allait pas tarder à se calmer dans quelques minutes.
Quand elle entendit le tonnerre gronder, Michaëla se réfugia un peu plus dans les bras de son mari.
Mais elle se sentait plus en sécurité dans la grotte à ce moment-là que la veille dans la clinique.
Elle avait presque envie de ne plus retourner travailler.
Sully dut deviner ce qu'elle avait en tête car il lui dit :
« Tu ne dois pas abandonner ton métier à cause de ça. Tu as tellement traversé d'épreuves pour y arriver. »
« Je me rappelle avoir douter de moi juste avant de partir à Boston. »
« Et tu te rappelles ce que je t'ai dit ? Que tu n'allais pas perdre ta clientèle en partant ! Tu n'as pas pu encore le vérifier. »
« Si j'ai pu et je t'avoue que tu avais raison. »
« Alors, tu vois, il n'y aucune raison de douter de toi. Être médecin, c'est ce que tu es, pas seulement ce que tu fais. Et c'est pour cela que je t'aime, pour ce que tu es : une femme forte qui a su s'imposer dans un milieu réservé aux hommes. »
« Tu as raison, je le sais. »
« Ne doute pas de toi et de tes capacités car tu es bien plus compétente que certains de ces Messieurs soi-disant respectables. »
Elle baissa un peu la tête, toujours un peu gênée quand Sully lui parlait avec autant d'amour.
Elle finit par se lever et faire semblant de fouiller dans leur sac pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur.
Sully s'était rendu compte de son émoi car il savait qu'elle était bouleversée. Il ne voulait pas la voir abandonner son métier aussi facilement.
Il avait eu besoin de lui dire tout ça.
« Qu'est-ce que tu fais ? »
« Je cherche quelque chose. »
« Ce ne serait pas ça que tu cherches. » Dit-il, en brandissant devant ses yeux sa brosse à cheveux. « Je l'avais cachée dans mes sacoches pour pas que tu me la prennes. »
Il la conduisit devant le feu pour le voir mieux, la fit asseoir, alors qu'il s'installait à ses côtés.
Il replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille tendrement.
« J'adore ta chevelure. J'aimerai effectuer cela tous les jours. » Dit-il en commençant à brosser tendrement. « Ils sont si doux et ils sentent si bon. Tes cheveux sont magnifiques autant que toi. »
Elle était un peu gênée par ses paroles, mais en même temps, elle se sentit bénie de Dieu de l'avoir auprès d'elle.
Elle était sûre d'être aussi rouge qu'une pivoine.
Elle était tellement timide par moments.
Il laissa la brosse de côté et déposa un baiser sur sa joue et commença à descendre dans son cou.
Il la chatouilla délicatement.
Elle appréciait ses attentions et en profitait au maximum.
« Je t'aime. » Lui dit-elle.
« Je t'aime aussi. »
Il l'embrassa encore plus profondément et en profita pour la coucher sur le matelas qu'il avait déposé là, se laissant emporter par sa passion pour sa femme.
« Tu as faim ? » Lui demanda-t-il, reprenant pied dans la réalité.
« Peut-être. »
Elle roula des yeux pour lui faire comprendre qu'elle avait peut-être faim de nourriture ou peut-être d'autres choses.
Il alla chercher un petit bout de tarte aux pommes que Colleen avait préparé pour eux.
Comme d'habitude, elle se laissa séduire par ce dessert si savoureux. Sully la regarda se régaler.
Il avait volontairement interrompu leur moment coquin car il s'était convaincu qu'il avait tout son temps pour l'aimer.
Mais elle, elle regrettait que Sully n'ait pas un peu plus poussé son jeu de la séduction.
Elle réalisait qu'elle avait besoin de vivre un moment tel que celui-ci avec son mari.
Après les attentions peu appropriées de cet homme qui l'avait harcelé, l'amour de son époux et sa tendresse étaient tout ce dont elle avait envie.
Elle en avait véritablement besoin. C'était même presque vital.
Alors, ce fut à son tour de le séduire.
Elle releva ses cheveux et l'embrassa dans le cou.
Il appréciait ce contact et en était heureux. Mais il doutait toujours.
Était-ce le bon moment ?
Peut-être.
Pourquoi n'avait-il pas pu plus prouver à sa femme son amour ? Leur mariage s'était fait dans l'urgence.
Leur lune de miel avait été écourtée parce qu'ils devaient se préoccuper de Colleen. Heureusement, il avait trouvé le moyen d'être avec elle.
Il se laissa charmer par son épouse et lui fit l'amour tendrement.
Enlacés, ils attendaient que leur respiration redevienne normale .
« Qu'avons-nous fait ? » Demanda-t-il.
« Rien de mal, Sully. »
« J'aurai dû te résister. »
« Oh non, alors. Je t'aime et j'en avais autant envie que toi. »
« Tu n'es pas raisonnable ! »
« Si, je le suis. Je ne veux plus que mon mari se sentit inférieur aux autres hommes. Tu es différent et c'est pour ça que je t'aime si fort. »
Ce fut à son tour de baisser les yeux et de se sentir embarrassé.
C'était quelque chose qu'il n'avait pas assez entendu.
Son enfance avait été malheureuse, son adolescence, il l'avait passée en errance à la recherche d'une solution pour vivre par lui-même.
Et son début de vie d'adulte avait été marqué par la perte de sa première femme et de sa fille.
Tout ce qu'il avait vécu aurait pu décourager n'importe quel autre homme de fonder une famille.
Ça avait été son cas ! Mais Michaëla avait tout chamboulé dans sa vie à Colorado Springs.
Leur rencontre lui avait tellement apporté de choses !
Il avait fallu qu'il traverse beaucoup d'épreuves pour en arriver là et il espérait que le bébé qu'attendait Michaëla allait lui apporter le bonheur qu'il souhaitait plus que tout au monde et auquel il avait droit.
Revenu au présent, il se tourna vers sa femme et l'embrassa tendrement, comme pour la remercier d'exister.
Elle savait à quoi il avait pensé mais elle ne pouvait engager la conversation sur ce sujet-là car elle savait qu'il ne pouvait pas en parler.
Elle le fit revenir au présent en prenant sa main pour la poser délicatement sur son ventre.
Elle aussi était heureuse de l'avoir rencontré car il avait tout chamboulé dans sa vie.
Le bébé bougeait dans son ventre à ce moment-là.
C'était une bénédiction de porter la vie.
Elle ne savait pas si lui pouvait le sentir remuer de l'extérieur mais elle savait qu'il serait content de connaître le moindre mouvement de leur bébé.
Il l'embrassa sur la joue pour lui faire comprendre qu'il était heureux qu'elle le fasse participer.
« Que dirais-tu d'une petite promenade en amoureux ? J'aimerai te montrer un endroit. »
Ce devait être quelque chose qui lui tenait à cœur et qu'il avait gardé secret jusqu'à aujourd'hui.
Elle avait tout compris.
C'était important pour lui faire découvrir maintenant.
Elle se laissa conduire par son mari sans dire un mot.
Le moment était trop unique pour dire quelque chose.
Ce n'était pas loin mais si bien gardé !
Le paysage n'avait pas été touché par l'Homme, cela se voyait. Les herbes montaient haut et la vue qui s'offrait à eux était sublime. Les montagnes au loin semblaient se fondre au soleil.
Et il y avait une cascade qui s'écoulait le long des rochers pour retomber dans une rivière aux eaux claires.
Michaëla n'avait pas envie de s'approcher pour voir de plus près car elle se croyait dans un rêve.
Comment Sully avait-il connu cet endroit ? Il n'était pas difficile de le deviner !
Il entraîna sa femme avec lui, comprenant qu'elle était subjuguée par la beauté de ce lieu.
Il la fit asseoir au bord de l'eau et la laissa reprendre conscience de la réalité.
Ce partage avait beaucoup d'importance à ses yeux.
« Pourquoi aujourd'hui ? » Demanda Michaëla.
« Je ne sais pas. J'en avais besoin, je crois. »
« Moi aussi. Nous n'avons pas été ensemble souvent depuis notre retour. »
« Je savais que tu aurais moins de temps à me consacrer en revenant ici, je l'ai toujours accepté et je ne changerai ça pour rien au monde. »
Il commença à se déshabiller devant elle et se mit nu pour prendre un bain dans la rivière.
« Qu'est-ce que tu fais ? L'eau doit être encore froide ! »
« Mais non, elle est bonne et relaxante. »
Elle enleva ses bottines pour tester la température de l'eau.
« C'est vrai qu'elle est excellente. »
« Alors, viens me rejoindre ou je te jette à l'eau toute habillée ! »
Amusée par le défi de son mari, elle eut vite fait de se mettre en sous-vêtements.
Elle le voyait nager, complètement à l'aise dans sa nudité et elle l'enviait pour cette facilité qu'il avait à être aussi libre. Elle, elle avait toujours du mal à se mettre nue devant lui, et pourtant, elle se surprenait elle-même de son manque de retenue par moments.
Sully connaissait la lutte qu'elle menait. Si seulement ses mots avaient un impact sur elle et que cela changeait son point de vue !
Il n'y avait qu'une seule solution. Il sortit de la rivière et se rapprocha d'elle.
Il l'attira contre sa peau et lui enleva ses sous-vêtements en attendant sa réaction.
Cette dernière ne se fit pas attendre. Elle rougit immédiatement.
« C'est moi, Michaëla. »
Cette phrase était tout ce dont elle avait besoin pour se sentir mieux. Elle se glissa à son tour dans l'eau, se sentant bien.
Sully savait que leur temps ensemble touchait à sa fin car lui-même avait aussi des obligations à respecter et il devait absolument être à la réserve le lendemain pour essayer de calmer le général Custer.
Michaëla aussi en était consciente mais elle savourait cet instant.
Elle pressentait un moment douloureux à venir pour l'avenir des Indiens.
Mais elle préférait oublier ce qu'elle ressentait à ce moment-là pour se concentrer sur son mari.
Justement, elle le voyait nager autour d'elle en l'éclaboussant au passage.
Au troisième éclaboussement, elle réussit à le retenir par les épaules et plonger sa tête dans l'eau. Puis, elle se mit à suivre son jeu et à nager avec lui.
Ce jeu amoureux facilita les caresses et les baisers entre eux deux.
Complètement sous le charme l'un de l'autre, ils finirent par s'unir pour une danse de l'amour très unique.
Après ce moment intime et réjouissant, ils sortirent tous les deux pour se sécher.
« Combien de temps allons-nous pouvoir profiter d'un instant comme ça tous les deux ? »
« Pourquoi tu dis ça, Michaëla ? »
« Je suis enceinte, je te le rappelle. Je vais bientôt devenir aussi grosse qu'un éléphant ! »
« Je vois ce que tu veux dire. Mais tu ne seras jamais grosse, juste enceinte. Il risque de devenir difficile pour toi de te déplacer, c'est tout. Mais nous pouvons toujours nous organiser des petits moments en amoureux à la maison. »
« Oh non, tu n'en auras pas envie. »
« Si, j'en aurais toujours envie. »
Elle fit la moue, pas convaincue par les paroles de son mari.
Enveloppée dans sa couverture, elle s'éloigna d'elle-même, ne voulant pas montrer sa déception.
Mais il n'était pas déçu !
« Tu seras toujours la même à mes yeux, n'en doute pas. »
Il alla vers elle et la tourna vers lui pour pouvoir plonger son regard dans le sien.
« C'est la vérité. »
« Ne te moque pas de moi. »
« Je ne me moque pas. Que faut-il que je fasse pour que tu me crois ? J'ai toujours trouvé les femmes enceintes très séduisantes et ce sera ton cas à toi aussi. »
« Je ne sais pas si tu le penses vraiment mais c'est très gentil à toi d'essayer de me rassurer. »
Il comprit pourquoi et que quoi qu'il dise, il ne parviendrait pas à lui faire comprendre qu'elle resterait éternellement une femme belle. Alors, il préféra se taire et laisser le temps de lui montrer que ses paroles n'avaient pas été vaines.
Il l'obligea à se lever et l'entraîna vers le chariot.
Il était temps de rentrer à la maison pour retrouver les enfants. Cependant, Sully avait un autre idée en tête.
« J'aimerai que tu m'accompagnes à la réserve demain ? »
« Pourquoi ? Quelqu'un est malade ? »
« Non. Mais je pense que Oiseau Blanc serait heureuse d'avoir ta compagnie. »
« Qu'essaies-tu encore de faire, Sully ? »
« Rien. Je suppose que la ville peut se passer de toi un jour de plus. Je préviendrais Matthew demain. »
« D'accord. »
Michaëla se réjouissait de voir sa meilleure amie Cheyenne le lendemain. Depuis son retour, elle n'avait pas pu rendre visite à ses amis Indiens, ni discuté avec eux.
Elle voulait savoir ce qu'il s'était passé pour eux durant leur longue absence.
Sully avait réussi à s'absenter sans que Hazen ni Custer ne lui demande de compte, mais il s'était quand même inquiéter de leur sort.
Michaëla comprenait son besoin de partager avec eux leur bonheur de bientôt devenir parent. Elle en ressentait elle-même le besoin.
C'était une très bonne idée de leur rendre visite le lendemain. Elle se rhabilla en pensant au bon moment qu'ils allaient passer.
Sully l'observa, content d'avoir trouvé le moyen de passer du temps avec elle.
Il l'aida à monter sur le chariot pour se diriger vers la maison et retrouver leurs enfants.
Michaëla se sentait heureuse de les revoir, comme si cela faisait une éternité qu'elle ne les avait pas vus.
Ils étaient tous là, entourés de Dorothy, et ils se réjouirent de voir le sourire qui affichait Michaëla en arrivant.
Ils avaient été convaincus dès le début que c'était ce qu'il fallait à leur mère et ils ne s'étaient pas trompés.
Michaëla les embrassa l'un après l'autre, se sentant différente de quand elle était partie le matin-même.
Tous savaient comment elle avait été marquée par ce qu'il s'était passé avec le Docteur Williams. Alors, la voir se remettre était une bénédiction.
Elle rentra avec eux et invita même sa meilleure amie journaliste à partager le dîner avec elle.
Michaëla se sentait renaître avec un tel instant et se dit que le lendemain allait l'aider à se sentir encore mieux.
Dorothy était heureuse d'avoir eu cette idée de proposer son aide à Sully pour lui offrir une telle complicité.
Elle la remercierait plus tard.
Pour une fois, grâce à la présence de Dorothy, Sully avait pu s'asseoir près de sa femme et poser sa main autour d'elle pour la rapprocher de lui.
La journaliste partit juste après ce tendre moment passé, plus que soulagée !
Sullly prit Matthew à part afin de lui parler de leur visite du lendemain à la réserve.
« Tu préviendras les potentiels patients du Docteur Mike. Nous allons à la réserve et ta mère s'inquiétait pour eux. »
« Ne t'inquiète pas, Sully. Horace a déjà contacté le Docteur Bernard, il ne va pas tarder à arriver pour aider maman. »
« Merci. » Dit Sully, ému en entendant Matthew appeler Michaëla « maman », car cela n'arrivait que très rarement.
Il lui serra la main et s'éloigna pour rejoindre son épouse.
Elle lui sourit dès qu'il fut près d'elle. Elle semblait enfin être redevenue elle-même.
Il se demandait se cela n'était que temporaire ou si cela allait durer.
Il essaya de balayer ce doute.
Il voulait plus que tout se consacrer à son épouse et être auprès d'elle afin de lui prouver son amour.
Il avait besoin d'être auprès d'elle.
Il avait tellement envie de continuer à faire des promenades avec elle, comme ils l'avaient fait à Boston.
Il s'était couché avec ce besoin et le lendemain, il se leva de bonne heure pour lui apporter le petit-déjeuner au lit.
Il avait réussi à se lever discrètement sans que Michaëla s'en rende compte. Il poussa la porte et la vit encore endormie. Elle était tellement belle quand elle dormait.
Il avait croisé les enfants en descendant. Ceux-ci avaient compris qu'il ne fallait pas faire bruit.
Sully n'était pas pressé de partir à la réserve.
Ce qui était bien avec son travail, c'était qu'il n'avait pas d'horaires fixes à respecter.
Aussi, quand il vit qu'elle dormait encore, il prit la décision de la laisser encore un peu pour voir si elle se réveillait toute seule. Mais il n'eut pas besoin d'attendre, car elle ouvrit les yeux d'elle-même.
« Sully, quelle heure est-il ? » Demanda-t-elle d'un ton groggy.
« Vers neuf heures. »
« Si tard ! Pourquoi tu ne m'as pas réveillée ? »
« Tu avais besoin de dormir et tu en auras encore plus besoin dans les mois à venir. »
Elle hocha la tête, incapable de le contrarier.
Elle s'habilla et déjeuna en compagnie de Sully.
Puis, ils descendirent et elle eut même le temps de saluer les enfants qui s'étaient tous attardés pour l'embrasser.
Malgré son inquiétude concernant leur retard à l'école, elle était heureuse de les avoir auprès d'elle.
Elle les regarda partir et se sentie bénie de Dieu.
Sully la regarda réagir avec attention.
Il prépara le chariot et l'aida à s'installer pour son confort.
La réserve leur parut très accueillante dès leur arrivée. Oiseau Blanc et Nuage Dansant vinrent les embrasser tout de suite. Cela faisait un moment que les quatre amis n'avaient pas été réunis.
Michaëla se souvenait de ce qu'avait dû subir Oiseau Blanc et Nuage Dansant par le passé et elle les enviait pour avoir réussi à s'en sortir aussi soudés que ça.
Sans savoir pourquoi, Michaëla posa la main sur son ventre avec l'envie de partager leur bonheur de bientôt devenir parents.
Elle voulait les voir proches de leur bébé dans l'avenir.
Pourrait-elle les voir jouer ce rôle auprès de son enfant à venir ?
Elle l'espérait mais elle savait aussi que leur avenir était incertain. Elle balaya cette question en se laissant entraîner par Oiseau Blanc dans le tipi qu'elle partageait avec Nuage Dansant.
« Alors, Michaëla, comment allez-vous ? »
« Très bien. Comme vous pouvez le voir, j'attends un bébé ! »
« Nuage Dansant m'en a informée. »
Les hommes entrèrent à ce moment-là dans le tipi et s'approchèrent de leur femme respective.
Sully passa sa main autour des épaules de son épouse alors que Nuage Dansant se rapprochait de la sienne.
« Même si tu m'avais prévenu, Sully, votre visite nous fait plaisir ! »
« Tu l'avais prévenu ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? En fait, tu t'es débrouillé pour que je te réponde oui. »
« Tu m'en veux ? »
« Non, je ne t'en veux pas. Tu as juste voulu passer plus de temps près de moi, je crois. »
Sully baissa un peu la tête face à cette déclaration.
Nuage Dansant et Oiseau Blanc les observaient.
Les avoir près d'eux ce jour-là, pouvoir passer du temps avec eux, les admirer pour le lien qu'ils avaient entre eux leur faisait du bien.
Nuage Dansant avait bien remarqué que Custer préparait quelque chose mais il n'en parlerait pas encore à Sully, car avant cela, il devait vraiment savoir de quoi il s'agissait.
En attendant, il laissa ses amis se confier sur leur voyage à Boston. Michaëla semblait contente d'avoir enfin pu retrouver sa mère.
Et Sully appréciait les moments partagés avec Michaëla, malgré les circonstances dans lesquelles s'étaient déroulées ce voyage.
Nuage Dansant pensait que leur séjour à Boston avait été bénéfique au couple et que cela les avait soudés.
Il entraîna Oiseau Blanc à l'extérieur pour les laisser seuls dans le tipi.
« Tu vas me dire que tu avais aussi prévu cela ? »
« Peut-être. » Dit Sully, se sentant pris au piège.
« Tu m'as vraiment emmenée ici pour passer plus de temps avec moi. »
« Tu y vois un inconvénient ? »
« Non, c'était juste une remarque. Dois-je m'attendre à d'autres surprises comme celle-ci ? »
« C'est possible. »
« Pas d'enfants. Pas de clinique. Pas de patients. C'est ce que tu voulais, n'est-ce pas ? »
« Tu commences à bien me connaître ? »
« Je n'aurais pas d'excuses. »
« Non. Tu n'aurais pas d'excuses. »
Il se rapprocha d'elle. Être dans l'intimité du tipi leur permettrait de s'embrasser comme ils le voulaient, se caresser comme ils le souhaitaient et profiter l'un de l'autre.
Michaëla plongea sa main dans les cheveux de Sully et profita de son amour.
Elle avait besoin de lui.
Ce petit moment d'intimité fut brisé par l'arrivée de Custer. Il cria en arrivant.
« Où est l'agent Sully ? »
Sully sortit du tipi, accompagné par son épouse.
Il affichait un air contrarié et Michaëla sentit la tension qu'il avait.
Elle se serra contre lui, au lieu de s'éloigner pour lui faire comprendre qu'il ne devait pas trop se mettre en colère.
« J'aurai dû me douter que vous seriez enfermés dans ce tipi avec votre fiancée plutôt que de surveiller les Indiens. Oh, mais je vois que vous êtes enceinte. Vous vous isolez pour faire un bébé à votre fiancée avant votre mariage. »
« Nous sommes mariés ! » Intervint Michaëla.
« Peu importe. Votre mari a d'autres choses à faire que de passer du bon temps ici, alors qu'il est sensé travailler ! »
« Je vous rappelle que c'est mon jour de congé, dit Sully. Et j'ai le droit de faire ce que je veux, où je veux, avec qui je veux ! Et ce n'est pas vous qui m'en empêcherez ! D'ailleurs, que faites-vous ici et que me vouliez-vous ? »
« Je venais vérifier ! »
« Vous n'avez rien à faire ici, alors ! »
« Je reviendrai demain. »
Sully fut soulagé de se débarrasser de Custer, même s'il pressentait qu'il créerait forcément d'autres problèmes.
Michaëla sentait encore la tension qui émanait du corps de son mari et le laisser se calmer tout seul. Il le fit rapidement, afin de rassurer sa femme, qui semblait avoir compris son état d'esprit même si elle ne disait rien.
Il était important pour lui faire rejaillir sa colère sur elle. Elle n'avait pas besoin de ça.
Il la serra contre lui.
Elle en profita pour l'entourer de ses bras, afin de lui apporter le réconfort qu'il demandait silencieusement.
C'était souvent lui qui jouait ce rôle-là.
Sully se reprit et prit un visage impassible devant sa femme, mais il était trop tard.
Nuage Dansant arriva après les avoir observés silencieusement.
« Tout va bien? »
« Oui. »
Sully avait balayé la question de son frère Cheyenne aussi vit qu'elle avait été posée.
Apparemment, il voulait oublier l'apparition de Custer et ses possibles conséquences.
Michaëla ne savait plus comment agir avec son mari.
Nuage Dansant les laissa à nouveau seul en regardant Sully fixement.
Il redevint lui-même enfin et entraîna à nouveau sa femme dans le tipi.
Il la rapprocha de lui et recommença à l'embrasser sans avoir l'envie de pousser plus loin.
Michaëla s'allongea sur la couverture disposée par les soins des Indiens. Elle prit la main de Sully et la posa sur son ventre.
Irrésistiblement, il s'allongea à ses côtés.
Son autre main vint lui caresser le visage.
« Je suis désolé, Michaëla. »
« Pourquoi ? »
« De mettre mis en colère contre Custer. C'est ce qu'il cherche, et, à chaque fois, je rentre dans son jeu. »
« Cet homme ne devrait plus être dans l'armée depuis quelques mois. Oublies-le, Sully ! »
« Tu as raison. »
A nouveau, il profita de l'avoir auprès de lui. Sa main posée sur le ventre de sa femme se faisait plus caressante.
Il l'observait tout en continuant son manège amoureux qui pouvait conduire à d'autres confidences plus coquines.
Elle attrapa sa tête et lui donna un long baiser langoureux. Ses courbes féminines le fascinaient sans même qu'elle se soit mise nue devant lui.
« Je t'aime. » Lui dit-elle.
« Moi aussi. »
Elle commença à se déshabiller mais il l'arrêta.
« Non, Michaëla ! »
« Pourquoi ? Je veux faire l'amour avec toi, Sully. »
« Et moi, je ne veux pas. Tu attends un bébé, il faut faire attention ! »
« Sully, le médecin te dit que nous pouvons encore faire l'amour et que cela ne fait aucun mal à notre bébé.
Elle chercha sa trousse et prit son stéthoscope pour faire écouter le cœur de l'enfant à Sully.
« Tu vois, il ou elle va bien. »
« Michaëla, tu n'es pas raisonnable. J'aimerai tellement être sûr qu'un remplaçant va venir t'aider. »
« Sully, je sais que le docteur Williams n'était pas sérieux mais j'ai quelque chose à te dire à son sujet. »
« Nous n'avons pas besoin d'en parler ! Cet homme-là ne compte pas dans nos vies. »
« C'est ce que tu crois ! »
« Que veux-tu dire ? »
« Je m'en suis rappelée hier seulement mais je l'ai connu dans le passé ...
… Je l'ai rencontré à Boston grâce à ma mère. »
« C'était juste un ami ? »
« Non. En tout cas, pas à ses yeux. Et moi, j'étais flattée par ses avances et par son soutien. C'était le seul homme qui s'intéressait à moi après David et j'essayai de me remettre de sa disparition. »
« Tu as accepté de passer du temps avec lui, de dîner avec lui mais rien de plus ! »
« Non, rien de plus. Mais lui, il a commencé à me harceler pour que je réponde à ses avances. »
« Et il t'a cherchée pendant toutes ces années avant de te retrouver ici. Tu crois qu'il t'a reconnue ? »
« Je suppose que oui, mais il n'a pas voulu que tu le saches. »
« Ne te tracasse pas pour lui, Michaëla. »
« Je voulais simplement que tu apprends la vérité. J'aurai dû te le dire bien avant. Toujours ma fierté ! Je pense toujours que je peux m'en sortir par moi-même ! »
« Ce n'est pas grave. Cet homme va finir ses jours en prison. Le reste n'a pas d'importance. »
Toujours nue devant son mari, Michaëla était soulagée d'avoir enfin réussi à leur ouvrir son cœur. Tous ces souvenirs, elle avait voulu les garder enfouis en mémoire.
Sully ne pouvait pas lui en vouloir car il avait aussi caché des choses pendant longtemps.
Il posa une couverture sur sa femme qui était en train de s'endormir afin qu'elle n'ait pas froid.
Sully sortit à nouveau du tipi, aussitôt rejoint par Nuage Dansant.
« Elle t'a parlé ? »
« Oui, comment sais-tu ? »
« Les Esprits. Il y avait un nuage au-dessus de sa tête et il est en train de s'éloigner grâce à toi. »
« Comment ça s'est passé ici pendant notre absence ? » Demanda Sully.
« Plutôt bien. J'ai même réussi à obtenir la permission de venir à Boston. »
« Ne me mens pas, Nuage Dansant. »
« D'accord. Custer a essayé de prévenir Hazen pour te licencier mais il n'a pas réussi car tu as disposé d'une bonne aide. »
« Je ne sais pas s'il ne réussira pas un jour et, dans ce cas-là, celui qui me remplacera ne sera pas aussi ami avec vous. »
« Je prie les Esprits pour que tu puisses continuer à nous aider aussi longtemps que possible. Où est Michaëla ? Elle semblait inquiète pour toi tout à
l'heure, quand Custer est arrivé. »
« Elle s'est endormie. Tu me dis qu'elle était inquiète ? Je suppose qu'elle a eu peur que ça dégénère entre vous. »
« Je sais qu'elle a compris que j'étais en colère et prêt à me battre avec lui car elle m'a fait comprendre que ça n'en valait pas la peine. Mais je ne
pensais pas que c'était à ce point-là. J'ai pourtant essayé de lui cacher. »
« Tu ne peux pas cacher de telles choses à ta femme parce qu'elle te connaît bien. »
« Oui,tu as raison. Où est Oiseau Blanc ? »
« Elle discute avec une autre femme. Je crois que tu ferais bien de rejoindre la tienne. »
« Merci de m'avoir tenu au courant ! »
Nuage Dansant avait bien fait de lui dire de rejoindre Michaëla parce que celle-ci ouvrait les yeux et le cherchait partout.
Elle était d'ailleurs sur le point de l'appeler quand il est entré dans le tipi.
« Je n'étais pas loin, Michaëla. Je discutai avec Nuage Dansant pour savoir comment ça s'est passé pendant mon absence. »
« Custer a fait des bêtises ? »
« Il aurait pu mais je pense que le Président Grant est intervenu en ma faveur. »
« Je préfère cela. »
« Michaëla, je sais que tu as peur que je fasse quelque chose de mal et que je finisse par aller en prison mais je ne ferai rien d'illégal car, je suis
comme toi, je ne peux pas être séparé de toi maintenant que je t'ai trouvée. »
Elle fut rassurée par ses paroles mais elle savait très bien qu'il ne pourrait pas rester sans rien faire pendant que ceux qui l'avaient recueilli se
faisaient tuer.
Il déposa un baiser sur sa joue et sur son front, avec l'envie, comme toujours, de la protéger et de la garder dans ses bras pour l'éternité.
Mais une fois de plus, ils furent interrompus par Nuage Dansant qui venait les chercher pour les inviter à partager leur repas.
Sully savait que Michaëla avait du mal à accepter de le faire car elle connaissait les difficultés des Cheyennes pour se nourrir.
« Nous aimerions que vous partagiez notre repas. »
« Nuage Dansant, nous ne pouvons pas accepter de manger avec vous. Nous ne voulons pas vous priver de nourriture pour les jours à venir. »
« Nous avons obtenu le droit de chasser du gibier, de sorte que nous pouvons vous offrir de partager avec nous. »
Nuage Dansant avait su d'emblée qu'elle n'accepterait que dans cette condition-là.
De plus, il ne lui avait pas menti.
Sully fut heureux de voir que Nuage Dansant avait trouvé de quoi encourager sa femme à accepter car il était bien placé pour savoir combien elle était
têtue.
Une sorte de table avait été dressée à même le sol.
Michaëla s'assit au sol avant que Sully ne la convainque de s'asseoir un tronc de bois.
Il ne lui avait rien dit quand il l'avait vue faire mais il s'était promis de l'aider à se relever plus tard.
La convivialité des Cheyennes fut ce qui surpris le plus Michaëla, même si elle devait admettre que ce n'était pas la première fois qu'elle s'en apercevait.
Les sourires des personnes formant le peuple réunies autour d'eux leur laissaient penser qu'ils n'avaient aucun souci avec l'Armée, alors que ce n'était pas le cas.
Sully semblait se réjouir de pouvoir partager un tel repas avec ceux qui l'avaient recueilli.
Michaëla savait quels sentiments cela emmenait chez Sully.
Le repas se termina dans la même ambiance qui avait commencé et Sully proposa ensuite à sa femme de rentrer à la maison.
Elle accepta et monta dans le chariot sans aide car elle avait déjà trouvée suffisante son aide pour se relever après le déjeuner.
Il claqua les rênes et fit avancer les chevaux sur le chemin, en espérant se faire pardonner.
Pourquoi n'acceptait-elle jamais de se faire aider ?
Des fois, elle l'énervait au plus haut point quand elle voulait absolument se débrouiller toute seule.
En voyant l'air contrarié de sa femme, il tira sur les rênes et s'arrêta en plein milieu du chemin du retour.
Il était déçu que leur temps ensemble se finisse dans ce silence boudeur qui ne leur ressemblait ni à l'un ni à l'autre.
« Sully, qu'est-ce que tu fais ? »
« Il faut que nous parlions ! »
« Ne pouvons-nous pas finir de rentrer à la maison avant cela ? »
« Non. C'est maintenant qu'il faut parler ! Tu es fâchée depuis que je t'ai aidée à te relever. Tu ne trouves pas normal que je m'inquiète pour toi ? »
« Si bien sûr que si. Mais tu sais comment je suis. J'aime me débrouiller par moi-même et cela ne m'a pas plu. »
« Je suis désolé, Michaëla, mais je tiens à toi et il m'est impossible de ne pas veiller sur toi parce que je t'aime et que je veux que tu ailles bien. »
« Pourquoi j'oublie toujours que tu t'inquiètes pour moi ? »
« Tu n'oublies pas, Michaëla. »
« Des fois, j'ai l'impression de ne penser qu'à moi sans réaliser que cela peut avoir un impact sur toi. »
« Mais non, ma chérie. Je sais à quel point ton métier et tes patients ont de l'importance pour toi et il n'a jamais été question que je te détourne de ça. »
« Seulement, il est temps que je pense aussi à notre bébé. Alors, je vais faire en sorte de me reposer un peu plus et de te consacrer plus de temps. »
Il plaça sa main sur son ventre après l'avoir encouragée à s'asseoir entre ses jambes.
« Notre bébé, Michaëla. »
« Notre bébé », répéta-t-elle.
Sully avait enfin compris que Michaëla tiendrait sa promesse de réduire ses heures de travail et ils reprirent le chemin de la maison. Le reste du trajet se passa dans le silence complet car ils n'avaient plus besoin de se parler pour se comprendre.
Les enfants furent à nouveau heureux de les revoir, d'autant plus que Colleen avait préparé leurs tartes favorites pour le dîner.
En sentant cette odeur délicieuse, Michaëla eut tout de suite l'eau à la bouche.
Sully comprit en la regardant qu'elle était en train de développer par les mêmes goûts que lui pour les tartes et cela n'était pas pour lui déplaire.
Mais Loren retint encore Sully.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu es toujours en train de regarder ton épouse. »
Sully ne répondit pas. Il ne voulait pas que Loren croit qu'il surveillait les moindres faits et gestes de sa femme. Mais celui-ci avait tout compris.
« Arrête de t'inquiéter tout le temps ! Ce que tu as vécu une fois ne se reproduira pas ! »
« Pourquoi vous ?! »
Loren abordait un sujet dont Sully ne voulait et ne croyait pas qu'il lui parle de ça. Lui aussi avait souffert du décès d'Abigail. Justement, Loren pensait être le mieux placé pour lui en faire part et surtout pour le rassurer.
Par le passé, il avait assez accablé de reproches, alors qu'il n'avait aucune raison de le faire.
Aujourd'hui, il devait lui faire comprendre qu'il n'était en rien responsable de cela.
« Sully, tu ne dois pas penser au passé. »
« Et c'est vous qui me dites ça ? »
« Oui, je sais. Je l'ai fait moi aussi ! Mais je me suis aperçu que ça ne servait à rien. Vivre dans le passé ou avoir peur que certaines choses se reproduisent n'est pas une bonne solution. Tourne-toi vers le futur et l'avenir qui t'es offert avec le Docteur Mike. Elle t'aime et elle veut ton bonheur. »
Sully baissa les yeux devant son ex-beau-père qui comprenait si bien ce qu'il pouvait ressentir.
N'était-il pas temps qu'il dévoile un peu de ses craintes à sa femme ? Mais fallait-il vraiment qu'il lui dise ?
Il devait bien se l'avouer.
Il avait peur de lui dire, mais, en même temps, il devait bien reconnaître qu'il ressentait des sentiments qu'il n'avait jamais eu pour Michaëla.
Loren avait raison. Il n'avait pas à comparer Michaëla à Abigail car elles étaient tout simplement incomparables. D'ailleurs, c'est pour
bien pour cela qu'il était tombé amoureux d'elle.
Il la vit se lever de table et il la rattrapa avant qu'elle ait l'idée de retourner travailler.
Elle accéléra le pas comme si elle ne voulait pas qu'il la rattrape.
« Michaëla ! » Appela-t-il.
Il courut pour la rejoindre.
Il la retint finalement par le bras et la retourna pour la regarder dans les yeux.
« Tu me fuis ? »
« Non, Sully. »
« Pourquoi tu as accéléré quand tu m'as entendu derrière toi ? »
« Je m'en veux ! »
« Pourquoi ça ? Il n'y a aucune raison pour toi de douter. »
Il s'approcha d'elle pour la prendre contre lui.
Pour une fois, elle ne lui refusa pas de le faire en public. Dorothy avait dû lui dire des choses qui l'avaient changé d'avis.
« Que dirais-tu de rentrer à la maison avec ton mari? »
« Je ne serai pas contre. »
Il la souleva pour l'aider à s'asseoir sur le chariot et monta à ses côtés.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent chez eux et se rendirent compte que ni l'un ni l'autre n'avait parlé durant le voyage.
Ils étaient tous les deux perdus dans leurs pensées, se remémorant leurs conversations avec leurs amis.
Sully pensait qu'il était peut-être temps qu'il dise à Michaëla les sentiments qu'elle lui inspirait.
Il la souleva pour rentrer dans la maison.
Après s'être occupé des chevaux, bien que sachant qu'elle était certainement fatiguée, il se décida à s'installer en face d'elle afin de
lui parler à cœur ouvert.
« Loren m'a fait comprendre et prendre conscience d'une chose importante qu'il faut que je te dise. »
« Que se passe-t-il ? »
« Je veux que tu saches que je tiens à toi d'une façon particulière. Je n'ai jamais eu les sentiments que j'ai pour toi pour Abigail.
»
Michaëla ouvrit la bouche, prête à intervenir, mais Sully l'en empêcha.
« Je n'ai pas fini. Je ne veux pas vivre dans le passé mais regarder vers l'avenir. »
« Tu ne l'as pas fait depuis que nous sommes mariés. »
« Je l'ai fait mais tu ne le savais pas. Quand nous sommes rentrés de Boston, il y a quelques jours, j'ai tout revécu. Le fait que tu sois
malade pendant notre voyage de retour m'y a fait penser. »
« Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? »
« Je ne voulais pas que tu le saches. Tu aurais pu penser que j'avais peur pour toi, ce qui était vrai ! »
« Il ne m'arrivera rien, Sully. »
« Nous ne pouvons pas en être sûrs ! »
« Mais nous ne pouvons pas vivre cette grossesse avec la peur que quelque chose arrive. »
« Non, tu as raison. »
« Sully, je ferai le nécessaire pour que tout se passe bien et je me reposerai dès que je me sentirai fatiguée. »
Il acquiesça, sachant d'emblée qu'il faudrait qu'il lui rappelle qu'elle avait fait cette promesse. Elle se leva de son fauteuil et vint
s'asseoir sur ses genoux.
« Je t'aime, Sully. »
« Moi aussi. »
Elle posa la main de son mari sur son ventre.
« Notre bébé va bien. »
« Comment tu le sais ? »
« J'ai demandé au Docteur Bernard de m'examiner pour te rassurer. Si tu ne me crois pas, tu pourras lui demander s'il m'a examiné ou non.
»
« Ça ne sera pas nécessaire, je te crois sur paroles. »
« Et si nous allions dans notre chambre ? » Proposa-t-elle.
« Qu'avez-vous en tête, madame Sully ? »
« Rien. Je veux juste un petit moment en amoureux avec mon mari. »
Il la fit lever de ses genoux, puis la souleva pour aller à l'étage.
Dès que la porte de leur chambre fut fermée, Michaëla se montra entreprenante avec lui.
C'était rarement elle qui prenait les choses en main.
Quand cela lui arrivait, Sully la laissait agir à sa guise.
Une fois à terre, elle commença à déshabiller son mari d'une manière sensuelle en faisant courir ses mains sur son torse.
Rien ne la retenait. Elle devenait cette femme sensuelle qu'il attendait.
« Crois-tu que ce soit sage ? »
Sachant à quoi il faisait allusion, elle le rassura rapidement.
« Oui. Tout va bien, rappelle-toi. »
Elle garda ses yeux plongés dans ceux de son mari et continua de le caresser de bas en haut et de haut en bas en s'approchant
délicieusement de son pantalon.
D'une main experte, elle l'ouvrit.
Sully acheva sa tâche en l'enlevant complètement.
Ce fut à ce moment-là qu'il entra dans la ronde de l'amour.
Il défit peu à peu les boutons de son chemisier et copia ses derniers faits et gestes.
Elle se retrouva nue à son tour, complètement tournée vers l'amour que lui donnait Sully.
Elle en oublia tout.
Peu lui importait ce qu'elle avait appris, que l'homme devait choisir et non la femme !
Tout cela n'avait aucune importance.
Les paroles de Dorothy portaient le fruit et Michaëla savait à ce moment-là qu'elle avait raison.
Plus aucun doute ne l'assaillait. Elle voulait être la femme de Sully et rien d'autre.
Elle se coucha sur le lit et attendit avec impatience que Sully vienne la rejoindre.
S'en suivit un long moment d'amour plein de désir.
Après avoir fait l'amour avec lui, Michaëla regarda son mari lui souriait largement.
« Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Rien. Je t'aime. »
Pouvait-il vraiment lui dire qu'il avait apprécié qu'elle prenne les devants et qu'il aimerait que ça recommence bientôt.
Mais leurs confidences coquines furent interrompues brusquement par l'arrivée de Matthew.
Il savait que Sully avait ramené le Docteur Mike chez eux. Mais Horace lui avait fait part d'une chose qui ne lui plaisait pas et dont il
devait absolument informer ses parents immédiatement.
Il frappa à la porte, conscient qu'il allait les déranger.
Sully lui ouvrit peu de temps après, jetant un regard à sa femme.
Tous deux étaient rhabillés en vitesse et se demandaient ce que Matthew emmenait comme mauvaise nouvelle.
« Horace m'a donné un télégramme d'Ethan. »
« Que veut-il ? » Demanda Sully.
« Il ne dit rien de concret, juste qu'il souhaite voir les enfants pendant son séjour ici. »
« Nous ne pouvons pas empêcher Ethan de les voir. » Intervint Michaëla.
« Je me demande bien ce que ça cache. » Dit Matthew.
« Quand arrive-t-il ? »
« Dans quinze jours. »
« Alors, nous lui rappellerons qu'il nous a accordé la garde des enfants. » Dit Sully.
« Je ne suis pas sûr que cela suffira. »
« Il ne se passera rien, Matthew. »
Michaëla s'assit sur la chaise très rapidement, elle aussi choquée par l'arrivée prochaine d'Ethan.
Pourquoi revenait-il maintenant qu'il leur avait enfin accordé la garde des enfants ? Qu'avait-il en tête ?
Il les avait déjà obligés à fuir à Boston et à vivre des moments douloureux et pleins de doute, et elle savait qu'elle serait incapable
d'en vivre d'autres.
Après avoir essayé de rassurer Matthew, Sully devait tenter de le faire avec Michaëla.
Matthew comprit ce que sa mère ressentait et se rapprocha d'elle en même temps que Sully.
Il était prêt à tout pour l'aider.
Sully s'agenouilla devant sa femme.
« Michaëla, Ethan n'est plus en position de force comme quand nous sommes partis à Boston. Cette fois-ci, nous avons la Loi derrière nous
et nous saurons y faire appel si besoin est. »
« Je ne veux surtout pas qu'il blesse les enfants ! »
« Maman, dit Matthew, je serai là pour l'empêcher de leur faire du mal ! »
Michaëla hocha la tête. Elle le savait.
Mais justement, Matthew avait endossé ce rôle pendant des années et elle ne voulait pas qu'il recommence.
Encore une fois, il la rassura.
« Vous savez ce que cela ne me dérange pas de le faire et je ne veux pas que vous soyez fatiguée. »
« Oui, il a raison, Michaëla. Dans les prochains jours et les prochains mois, il est important pour toi de te détendre. »
Elle lui lança un regard qui voulait dire qu'elle en serait incapable.
L'important pour lui était encore de passer du bon temps avec elle, en envisageant de partir en lune de miel mais il savait aussi qu'elle
ne voudrait pas partir.
Matthew décida de rester avec lui.
Michaëla semblait vraiment peinée par cette prochaine arrivée, et elle ne réussit pas à cacher son inquiétude à ses enfants.
Colleen et Brian se sentirent un peu bouleversés. La jeune fille ne voulait plus revoir son père et Brian ne souhaitait pas être à nouveau
séparé de ses parents.
Sully les rassura comme il put.
Il semblait que cette prochaine arrivée troublait tout le monde. Ils avaient tous raison.
Que cherchait encore Ethan ?
Sully fit son maximum pour passer le plus de temps possible avec ses enfants et avec sa femme.
Étant donné le beau temps, ils pouvaient faire des ballades en forêt.
Chacun appréciait ces doux moments à sa manière.
Le dernier jour …
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