Chapitre 63 : La vie simplement

Après avoir enfin retrouvé l'amour de Sully, Michaëla se sentait mieux. Ces derniers temps avaient si durs pour l'un comme pour l'autre.
O'Connor avait laissé quelques traces sur son passage. Michaëla, qui avait retrouvé un peu de sérénité avec Sully s'apercevait tout de même que leur amour était soumis à rude épreuve. Sully avait refusé que sa femme sorte de chez eux ces derniers temps pour qu'elle se repose mais elle aspirait à retrouver le monde extérieur.
L'amitié de ses amis lui manquait et pourtant, elle avait peur de sortir toute seule. Elle avait retrouvé des habitudes déconcertantes. Elle avait même demandé à Sully de prendre le double des clés de chez eux car elle s'enfermait dans la maison en son absence.
Sa peur ne connaissait plus de limites. Sully devait l'appeler quand il arrivait à la maison pour qu'elle ne s'inquiète pas si elle l'entendait tourner la clé dans la serrure.
Il avait essayé de toutes les manières de la rassurer mais rien n'y faisait. Colleen et Brian faisaient aussi de leur mieux pour la soutenir.
Elle se trouvait elle-même ridicule mais elle ne savait plus quoi faire pour s'arrêter d'avoir peur.
Elle regardait aussi constamment derrière la fenêtre pour voir si quelqu'un arrivait ou non. Sully la fit sortir de cet état en l'appelant pour lui dire qu'il revenait.
Elle essaya de prendre sur elle car elle n'aimait pas se monter vulnérable en sa présence. Sa main se posa sur son ventre quand elle entendit les pas de son mari monter l'escalier.
Son cœur battait à tout rompre et elle se mit à avoir peur que ce ne soit pas Sully.

Dehors, le temps se couvrait, ce qui n'arrangeait rien à l'état de Michaëla, qui sursauta quand elle entendit le vent se lever et claquer un des volets contre la fenêtre.
La porte s'ouvrit à ce moment-là sur Sully, qui sentit plus qu'il ne vit sa femme se réfugier dans ses bras. Elle semblait plus rassurée en sa présence.
« Je suis là, Michaëla, calmes-toi, tout va bien. »
Elle entendit le tonnerre gronder au dehors et elle trembla dans ses bras face à cela.
« Tout va bien, ce n'est qu'un orage. »
Il dut se défaire à regret de ses bras pour aller fermer les volets afin de la rassurer sur leur sécurité à l'intérieur de la maison.
Pendant ce court laps de temps, elle se réfugia sous la table. Elle agissait vraiment étrangement, elle le savait, mais elle ne savait pas comment s'en sortir.
Heureusement, Sully était là, présent et solide comme un roc, la protégeant quand elle en avait besoin.
Toutefois, il fut surpris quand il la trouva prostrée sous la table et dut la tirer par le bras pour la faire sortir de là.
Il n'y réussit qu'en la prenant contre lui et en déposant un baiser sur son front. Il tenta une nouvelle fois de briser la glace.
« Qu'est-ce qui se passe, Michaëla ? De quoi as-tu peur ? Il ne t'arrivera rien, ici. »
Comme il s'y attendait, elle ne répondit pas, mais se blottit encore plus dans ses bras. Bien sûr, il ne fit pas un geste pour la repousser mais il décida de continuer.
« Tu as peur, je le sais, mais j'ai besoin que tu me parles car je ne peux pas t'aider. »
« J'ai toujours eu peur des orages. »
« Il n'y a pas que cela et tu le sais autant que moi. Depuis que nous sommes rentrés à la maison, tu agis comme cela, pourquoi ? »

« Rien. Je t'assure, tout va bien. »
Sully ne comprenait pas pourquoi elle ne voulait pas lui dire ce qu'elle avait. Cela avait-il encore un rapport avec son passé.
« Je ne sais plus comment t'aider, Michaëla. » Pensa-t-il.
Il n'avait pas l'intention de l'abandonner alors qu'elle était en pleine détresse mais il pouvait peut-être demander à Nuage Dansant de l'aider, fallait-il encore qu'elle le veuille bien.
Il essaya tout de même encore une fois. »
« Personne ne te fera de mal ! »
« Ils sont en prison mais pour combien de temps ? »
Sully commençait à comprendre ce qu’elle avait. Il est vrai que la prison n'était plus un lieu sûr et l'asile encore moins.
Elle devait avoir peur que David soit relâché dans peu de temps et qu'il revienne la hanter.
Elle devait être replongée dans son passé à cause de ce qu’elle avait vécu ces derniers jours.
Sa précédente grossesse s'était terminée en drame quand elle avait dû accoucher prématurément à cinq mois de grossesse.
Elle avait peut que cela se reproduise. Elle devait peut-être voir Oiseau Blanc pour qu'elle la rassure. Sully allait lui demander de les recevoir dans les prochains jours.
Pour ses autres craintes, il ne savait pas comment la rassurer. Il ne pouvait pas lui assurer que David allait finir ses jours à l'asile, tout comme il ne pouvait pas lui dire que O'Connor allait passer sa vie en prison.
« Tu veux partir de Colorado Springs ? Nous pourrions nous installer ailleurs, un endroit où personne ne pourrait nous retrouver. »
« Non, je ne veux pas partir. »
Il se doutait de cette réponse mais il avait besoin de la voir réagir et non qu'elle continue de se cacher derrière ses craintes. Il comprit qu'il avait atteint son but quand elle continua de parler.
« J'aime Colorado Springs. C'est la seule ville dans laquelle je nous vois vivre. C'est ici que je t'ai rencontré et c'est ici aussi que je veux que naisse notre fille. »
« Moi aussi. Mais j'aimerai être sûre que plus rien ne pourra venir troubler notre bonheur. »
« Nous ne pouvons pas vivre dans la peur que quelque chose arrive mais nous pouvons continuer à être heureux ensemble et à savourer nos moments d'amoureux. »
« Je sais que je n'aurai jamais dû réagir ainsi. Rester ici à l'intérieur en fermant la porte n'était pas la solution. Je dois continuer à me faire voir en ville avec toi. »
« Oui et j'ai d'ailleurs une proposition à te faire : j'aimerai t'inviter à dîner chez Grace. Revoir nos amis te ferait du bien. »
« J'aimerai bien accompagner mon cher mari. C'est quand tu veux ! »
« Alors, tu as cinq minutes pour te préparer et nous y allons. »
« Aujourd'hui ! Mais je ne parviendrais jamais à être prête pour cela aussi vite. »
« Oh si, et je vais t'aider. »
Aussi amoureusement que possible, il l'aida à se déshabiller pour revêtir une robe de soirée sexy et à faire disparaître les quelques traces de larmes de son visage.
Il enfila tout aussi rapidement un costume et mit une cravate. Il voulait qu'elle soit fière d'être avec lui et lui faire honneur et elle en eut le souffle coupé, malgré son appréhension de devoir affronter le monde extérieur.
Elle allait faire cet effort pour Sully. Heureusement, le temps s'était calmé à l'extérieur, comme s'il avait voulu la mettre à l'épreuve.