Un risque à ne pas courir

Michaëla et Sully étaient dans le magasin de Loren, Michaëla voulait acheter des provisions pour la clinique. Elle ne l'avait pas dit à Sully mais elle ne se sentait pas bien. Sans raison, elle avait des contractions et jsuque-là, elle avait réussi à le cacher.

Loren les vit entre et leur demanda ce qu'ils voulaient.

« J'ai besoin de draps pour la clinique », répondit Michaëla.

« Oh, Docteur Mike, regardez-vous. Ce bébé prend de plus en plus de place. Vous aurez une fille. »

« Une fille ? »

« Ca se voit à la manière que vous avez de la porter. Croyez-moi ! »

Michaëla sourit face à l'intérêt que lui montrait le commerçant et elle posa sa main sur son ventre. Sully serra sa femme contre lui.

Le révérend rentra dans le magasin et Michaëla se soucia immédiatement de lui.

« Révérend, comment vous sentez-vous ? »

« Je vais bien, Dr Mike. Encore un peu mal à la gorge. »

« Que vous arrive-t-il ? » demanda Loren.

« Juste une angine, comme me l'a dit le Dr Mike. »

« Vos amygdales vous font souffrir alors, vous savez ce qu'on dit, il faut les enlever ! »

« Ce n'est pas encore nécessaire dans votre état, révérend ! »

A ce moment-là, Michaëla mit sa main à sa gorge, ressentant un vrai malaise et tout autour d'elle se mit à tourner. Sully sut d'instinct qu'elle n'allait pas bien.

« Ca ne va pas, Dr Mike ? »

« Elle travaille sans relâche depuis quelques jours, viens Michaëla, tu vas aller t'allonger à la clinique. »

Contrairement à la veille, elle ne protesta pas et il en déduisit qu'elle savait que quelque chose n'allait pas. Il la souleva dans ses bras.

« Sully, qu'est-ce que tu fais ? »

« Je t'amène te reposer. »

« Mais j'ai des patients prévus cette après-midi ! Qu'as-tu prévu de leur dire ? »

« Que ma femme a fait un malaise et que si elle continuait à travailler toute l'après-midi, elle risquerait de perdre notre bébé ! »

« Le bébé ne risque rien, Sully ! »

« Je n'en suis pas aussi sûr que toi. »

Il la posa sur le lit et lui enleva sa robe, pour la laisser en sous-vêtements.

« Tu vois que j'ai raison, tu perds du sang ! »

« Sully, je devais voir Anthony. Grace s'inquiète tellement pour lui depuis que j'ai du l'opérer pour lui enlever la rate. »

« Je lui dirai comme aux autres et pour la rassurer, je rajouterai que j'ai fait appel à un autre médecin pour te remplacer. »

« Un autre médecin ? »

« Je veux m'assurer que ma femme et mon bébé aille bien. »

« Sully ! Je vais bien, mon malaise est passé ! »

« Non, ça ne marchera pas avec moi. Repose-toi, tu en as besoin ! »

Il l'aida à s'allonger, la couvrit et lui caressa les cheveux lentement. Il était tendre avec elle et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour la détendre et la rassurer. Au bout d'un moment, la fatigue eut raison d'elle et elle s'endormit.

Alors qu'il contemplait sa femme endormie, Sully entendit des pas dans l'escalier. Matthew avait ouvert les portes les unes après les autres, ayant rejoint ses parents dès qu'il avait appris que sa mère avait eu un malaise. Il vit la tendresse de Sully qui continuait à caresser les cheveux de sa femme et toussa, ce qui fit immédiatement réagir Sully.

« Matthew ? » chuchota-t-il.

Il se leva et alla vers lui, s'éloignant assez de Michaëla avant de parler.

« Qu'est-ce qui t'amène ? »

« Le révérend m'a dit que le Dr Mike avait fait un malaise. Est-ce qu'elle va bien ? »

« Elle est très fatiguée ! C'est tout ce que je peux te dire, Matthew. Peux-tu aller télégraphier à un médecin pour qu'il vienne la remplacer quelques jours. »

« Je ne suis pas sûr qu'elle soit d'accord ! »

« J'essaierai de la persuader de se reposer ! »

« Espérons que vous y arriverez ! »

Tous deux connaissaient très bien l'entêtement de Michaëla. Elle n'écoutait même pas Sully.

Matthew se rendit au bureau du télégraphe alors que Sully retournait auprès de sa femme. Le jeune homme fut soulagé quand il vit qu'il était seul à attendre. Il avait lu dans le regard de Sully de la peur pour le Dr Mike et plus vite le télégramme serait envoyé, mieux ce serait. Horace se tourna enfin vers lui.

« Bonjour Matthew. Que puis-je faire pour toi ? »

« Bonjour Horace, j'aimerai envoyer un télégramme à un médecin de Denver pour qu'il vienne le plus vite possible. »

« Que se passe-t-il ? »

« Dites-lui que c'est urgent. »

Matthew eut le temps de partir de s'enfuir avant qu'Horace ne lui pose plus de questions.

Sully, de nouveau assis sur le lit à côté de sa femme, avait recommencé à caresser les cheveux de sa femme, pris d'amour mais surtout d'angoisse. Il avait le sentiment que son épouse n'allait pas très bien ces derniers temps. Elle ne se reposait pas assez mais il n'arrivait pas à la convaincre de se reposer plus. Là, il avait déjà fallu qu'il la force à rester allongée et puis, il avait tout fait pour qu'elle s'endorme.

Perdu dans ses pensées, il n'entendit pas Colleen ouvrir la porte et entrer.

« Sully ? »

« Ah, Colleen, c'est toi. »

« Maman dort ? »

« Oui, elle est épuisée, elle ne se repose pas assez. Peux-tu dire à tous ses patients qui attendent de revenir un autre jour. J'ai fait appel à un médecin pour la remplacer. »

« Oh oui, je sais. »

La jeune fille ferma la porte et alla informer ceux qui attendaient et après elle mettrait le panneau « closed » et les personnes pourraient se renseigner chez Horace qui était au courant même si Matthew ne lui avait pas tout dit.

Sully continuait à veiller sur le sommeil de Michaëla et Colleen avait informé Brian, avec qui ils étaient rentrés à la maison.

Vers dix-sept heures, Michaëla ouvrit lentement les yeux et elle s'aperçut que son mari était en train de lui caresser les cheveux tendrement

Il semblait inquiet et perdu dans ses pensées.

« Sully ? » demanda-t-elle.

« Michaëla ? Tu es réveillée ? »

« Oui. Quelle heure est-il ? »

« Dix-sept heures. »

« Tu aurais du me réveiller plus tôt. J'avais des patients à voir ! »

« Colleen leur a dit que tu n'étais pas bien. Il faut que tu te reposes ! »

« Je vais bien ! »

« Non, tu as fait un malaise. »

« Sully, je te rappelle que je suis médecin et que j'ai des patients à voir et qui comptent à voir ! »

« Eh bien, ils attendront que ton remplaçant arrive. »

« Sully, j'étais juste fatiguée, c'est tout ! »

« Non, tu travailles trop ! »

« Je ne travaille pas plus qu'avant ! »

« Oui, mais avant tu n'étais pas enceinte ! »

« Je me reposerai plus tard, je te promets. »

« Non, pas plus tard ! Maintenant !!!! Tu perdais du sang ! »

« Cesse de t'inquiéter ! Cela arrive des fois pendant une grossesse. »

« Qu'est-ce que tu dis à celles à qui ça arrive ? »

« De se reposer et de rester allongée pendant les prochains jours. »

« Bien alors, c'est ce que tu vas faire, du moins aujourd'hui. Tu as déjà fait un malaise hier en nettoyant les tapis, je te rappelle. Tu n'as pas voulu aller t'allonger. »

« Sully, s'il te plait, arrête de me réprimander. Je veux rentrer à la maison et être auprès de ma famille et de mon mari, est-ce que ça te va ? »

« Oui. »

Il s'empressa d'aller préparer le chariot pour faire qu'il avait prévu immédiatement. Il avait tellement peur qu'elle change d'avis. Il était vraiment inquiet pour elle. Elle se fatiguait plus vite.

Heureusement, il était là pour veiller à ce qu'elle se repose.

Arrivés chez eux, Michaëla insista tellement pour faire la cuisine qu'il la laissa faire mais il se promit de veiller à ce qu'elle aille se reposer plus tôt que d'habitude.

De son côté, elle pensait bien que Sully avait raison, qu'elle devait prendre soin d'elle pour les mois à venir. Elle avait suivi beaucoup de femmes qui s'apprêtaient à devenir mère et à chaque fois, elle leur avait dit d'y aller doucement et de se reposer. Elle devait s'appliquer ces conseils donnés à elle-même.

Une fois le dîner pris, que Michaëla avait très peu mangé, Sully s'empressa de lui piquer la place pour la vaisselle et ne se laissa pas convaincre qu'elle pouvait très bien le faire.

Puis, les enfants couchés, il fit ce qu'il avait prévu et s'occupa de sa femme.

Ils montèrent se coucher eux aussi, se glissèrent dans le lit, où enfin il pouvait lui parler de ce qu'il voulait sans oreilles indiscrètes.

« Tu n'as pas beaucoup mangé ce soir ! »

« Je n'avais pas très faim ! »

« C'est contraire à tes habitudes, surtout en ce moment. N'oublie pas que tu dois aussi nourrir le bébé. »

« Oh, Sully, tu ne vas pas recommencer ! »

« Mais j'ai raison et tu le sais ! Tu dois te ménager! »

« Tu es impossible et têtu ! »

« Et toi aussi ! Mais c'est pour ça que je t'aime autant ! Et c'est justement pour ça que je veux que tu penses un peu plus à toi ! »

« Je vais très bien ! »

« Je n'en suis pas convaincu. Ce malaise de cet après-midi n'est pas normal et tu le sais ! Je ne suis sûrement pas le seul à m'inquiéter ! »

« Je te rappelle que je suis médecin et que je sais ce que je dois faire ! »

« Tu ne peux pas te soigner toi-même ! »

« Je suis fatiguée ! Pourrait-on parler de ça à un autre moment ? » Dit-elle, énervée.

« Compte sur moi ! » Répondit-il sur le même ton.

Puis, ils s'endormirent sans s'être embrassés auparavant, tous deux contrariés par ce qu'ils venaient de se dire.

Durant la nuit, Michaëla se réveilla, prise de douleurs. Elle voulut se lever mais fut incapable de bouger tellement elle souffrait. Elle avait des contractions et elle avait peur de perdre son bébé.

A ce moment-là, elle se demandait si Sully n'avait pas raison. Elle aurait peut-être du écouté plus tôt. Elle s'en voulait. Essayant de se repositionner confortablement, elle se tourna dos à Sully, ne voulant pas qu'il la voie pleurer.

Sully se réveilla à son tour, un sixième sens lui disant que quelque chose n'allait pas et que ça concernait Michaëla. Il vit qu'elle s'était tournée dans la nuit.

Il s'approcha d'elle, voulant la prendre dans ses bras, pour se faire pardonner son attitude de la veille au soir.

Et c'est là qu'il vit qu'elle pleurait, il ne comprenait ce qu'il se passait.

« Michaëla ? Ca ne va pas ? »

« Oh non, tout va bien. Je suis désolée de t'avoir réveillé. »

« Tout va bien, Sully, je te l'ai déjà dit. »

Sully savait qu'elle lui demandait de ne pas insister mais il ne comprenait pas la raison de sa soudaine détresse. Il se leva, alluma les lampes et défit les couvertures.

Michaëla, en se tournant avait libéré la place où elle était avant, et Sully vit une tâche de sang, pas si grande que ça mais un peu plus que l'après-midi.

« Pourquoi tu ne me dis rien ?! Michaëla, tu vois bien que tu perds encore du sang. »

« Je ne voulais pas que tu t'inquiètes ! »

« C'est trop tard. Tu sais comme moi que tu dois faire quelque chose pour être que ça recommence ! »

« Sully, ne me réprimande pas alors que je suis peut-être en train de perdre notre bébé ! Sanglota-t-elle. Je m'en veux tellement déjà ! Je n'ai pas besoin de toi pour en rajouter ! »

Il alla s'asseoir à côté d'elle et lui caressa à nouveau tendrement les cheveux de sa femme.

« Tout va s'arranger, calmes-toi. Je me souviens d'Abigaël avait perdu beaucoup plus de sang quand elle a accouché de Hannah et qu'elles sont mortes ! »

« Je suis désolée, Sully. »

« Bon, que puis-je faire que tu n'aies plus mal. »

« Je n'ai pas ce qu'il faut ici et que tu ne vas pas partir en pleine nuit pour aller chercher tout ça. Pourrais-tu m'aider à changer les draps, s'il te plait. »

« Tu vas t'asseoir dans le fauteuil pendant que je change les draps et que tu vas aussi changer de chemise de nuit, et ensuite, tu vas essayer de te rendormir, d'accord ? »

Elle acquiesça et le laissa faire, les larmes coulant toujours sur ses joues. Quand il l'aida à sa changer, il s'aperçut qu'elle ne perdait plus de sang et en fut soulagé.

Il l'aida à se recoucher et s'assit à côté d'elle.

« Sully, viens ! »

Il savait qu'elle voulait qu'il vienne dans le lit pour la réconforter. Heureusement, il était là pour la soutenir. Il la prit dans ses bras et elle sécha enfin ses larmes grâce à ses paroles d'amour.

Elle s'endormit très rapidement, ce qui ne fut pas son cas à lui.

Il regarda sa femme et s'en voulait de ce qui lui arrivait. Si jamais elle perdait ce bébé, ce serait une fin du monde pour lui.

Il avait tellement vécu d'épreuves dans sa vie. Jeune, il avait perdu ses parent, puis Abigaël, qu'il avait rencontré à Colorado Springs. Puis, aussi, toute sa famille Cheyenne, sauf Nuage Dansant, avait été tuée dans le terrible massacre de Washita.

Entre la mort d'Abigaël et Washita, il avait rencontré des personnes extraordinaires. Déjà, Nuage Dansant, qui l'avait sauvé d'une mort certaine dans le froid et qui lui avait appris à parler Cheyenne. Et aussi Michaëla, qui avait bouleversé dans la vie qu'il voulait consacrer au souvenir de sa femme et de son enfant.

Alors, maintenant, si cette femme qu'il aimait de tout son coeur mourrait ou perdait le fruit de leur amour, il ne pourrait pas survivre. Ce serait trop dur.

Les larmes lui vinrent aux yeux, des larmes qu'il ne put retenir. Il ferma les paupières et s'endormit enfin dans un sommeil agité par des rêves cauchemardesques concernant Michaëla, sa famille et les indiens, des rêves, qui, il l'espérait, n'allaient pas se réaliser. Oh, oui, il l'espérait vraiment.

Le jour se leva sur le jeune couple, tous deux allongés dans le lit, Sully regardait toujours Michaëla qui dormait profondément.

Il n'avait pas beaucoup dormi depuis l'évènement tragique de cette nuit, trop inquiet du fait qu'elle puisse appeler. Il se sortit du lit et alla s'asseoir auprès de sa femme, se demandant si elle se sentait mieux ce matin ou non. Il entendit quelqu'un frapper à la porte de la chambre et alla ouvrir.

« Colleen ? »

« Bonjour Sully. Maman n'est pas réveillée ? »

« Non, elle est fatiguée, elle a perdu du sang cette nuit. »

« Je vais aller en ville pour m'assurer que Horace a des nouvelles concernant le télégramme. »

« Attends un peu qu'elle se réveille. Peut-être qu'elle te dira de ramener quelque chose de la clinique. »

« Si vous voulez ! En attendant, je vous amène le petit déjeuner ici, dans la chambre. »

« Merci Colleen.'

La jeune fille avait tout de suite compris que Sully allait rester avec sa mère et elle en était heureuse. Quand il s'agissait de veiller à la santé du Dr Mike, elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance.

Michaëla se réveilla quelques heures plus tard. Finalement, c'est Brian, accompagné de Loren, qui avaient été en ville pour prévenir Horace. Maintenant, il savait avec certitude que le docteur arrivait demain. Elle n'était pas au courant de tout ça !

Elle bailla et ouvrit les yeux pour découvrir son mari qui la contemplait anxieusement.

« Sully ? » Demanda-t-elle.

« Doucement, restes allongée. Tu dois te reposer. »

« Alors, ce n'était pas un rêve, c'était la réalité. J'ai encore mal, Sully ! »

« Je sais mais il ne t'arrivera rien tant que tu ne bougeras pas. »

« Sully, est-ce que je perds de nouveau du sang ? »

« Oui, un peu. Ce n'est pas grand chose, ne t'inquiète pas ! »

« Où est Colleen ? »

« A quoi tu penses ? »

« J'aimerai qu'elle aille chercher quelque chose à la clinique. »

« J'y ai pensé alors elle est restée par là. Brian est allé en ville accompagné de Loren. Le docteur arrive demain. »

« Ce n'était pas nécessaire, Sully ! »

« Ca l'était ! Tu as souffert une bonne partie de la nuit. »

« Tu veux dire que tu ne t'es pas rendormi ? »

« A ton avis ! Je vais chercher Colleen. »

Il ferma la porte derrière lui, la laissant seule, juste quelques minutes et revint avec Colleen et un plateau repas.

« Bonjour maman. Comment vous sent ? »

« Ca peut aller. Je voudrais que tu ailles chercher de la glace et de la belladone à la clinique pour moi, s'il te plait. »

« J'y vais tout de suite. »

La jeune fille s'empressa de partir faire ce que sa mère lui avait dit.

« Tu devrais manger, lui dit Sully quand il vit qu'elle ne touchait pas à une seule miette de ce qu'avait préparé Colleen. »

« Je n'ai pas faim. Je veux juste trouver un moyen de sauver le bébé ! »

« Tu dois manger pour garder tes forces. Je te promet que tout va s'arranger. »

« Comment peux-tu me promettre ça ? Tu n'peux pas le savoir ! »

« Michaëla, calmes-toi s'il te plait. Tu te fais du mal ! »

« Ca ne changera rien ! »

« Si tu te reposes convenablement, tu ne perdras pas notre bébé ! »

« Tu es en train de me dire que c'est de ma faute ! Et je te rappelle que c'est moi qui porte ce bébé et non toi ! »

« C'est mon bébé autant que le tien. Nous le souhaitions autant l'un que l'autre je te rappelle et je t'aime. »

Michaëla et se mit à sangloter, cédant enfin à sa tristesse et s'en voulut des paroles dures qu'elle avait dit à Sully. Mais lui ne lui en voulait pas. En fait, il savait qu'elle ne pensait pas un mot de ce qu'elle avait dit,

Il s'asseya à côté de sa femme et la prit dans ses bras.

« Chut ! Ne pleure pas ! »

Il l'embrassa sur le front, sur les joues, sur les yeux, essayant de la calmer. Elle n'en revenait pas de sa gentillesse et de son amour.

Sur ce moment, Colleen revint enfin avec ce qui lui avait demandé Michaëla, qui fit tout ce qu'elle pouvait avec l'aide de son mari et de sa fille.

Le saignement s'arrêta enfin pleinement, rendant un peu de sérénité à la jeune femme et soulageant Sully, qui se faisait un sang d'encre.

Horace avait prévenu les habitants de l'état de santé du Dr Mike et qu'elle ne pouvait pas être en ville aujourd'hui. Certains d'entre eux s'inquiétaient pour elle, surtout ses amis, tels Dorothy, Grace et aussi Loren. Aucun d'entre eux ne voulait les déranger aujourd'hui, chacun savait qu'ils avaient besoin d'être seuls.

Sully, toujours auprès de Michaëla, veillait à ce qu'elle reste vraiment allongée et qu'elle n'aille pas faire autre chose. Il ne fallait pas qu'il la laisse seule parce qu'il savait qu'elle en profiterait pour se lever et aller faire quelque chose.

« Sully ? Tu n'as pas à aller à la réserve aujourd'hui ? »

« Non. Les soldats y sont pour moi et il n'y a pas de problèmes là-bas en ce moment. »

« Si tu es sûr ! »

« Je ne te laisserai pas toute seule, Michaëla, ce n'est pas la peine d'espérer ! »

Elle aurait pourtant voulu se retrouver seule ainsi elle pourrait pleurer comme elle l'entendait, sans qu'il lui dise se s'arrêter, mais il ne ferait rien de tout ça.

Quelque part, il devait comprendre qu'il ne fallait pas la laisser seule, qu'il fallait qu'il reste auprès d'elle et ce, jusqu'au bout.

Les larmes sortirent toutes seules sans prévenir, finalement, elle n'en pouvait plus de tout ce qui lui était arrivé pendant cette grossesse.

« Michaëla ? Que se passe-t-il ? Dis-moi ! »

« Je suis désolée ! »

« Ne le sois pas. Tu n'es pas seule dans cette affaire, rappelle-toi. Nous sommes deux ! »

« Mes paroles ont dépassées ma pensée, Sully. Je ne veux pas perdre le bébé …

… Et tu as eu raison sur une chose, c'est moi qui mets la vie de notre bébé en danger ! »

« Tu ferais mieux de dormir. Tu dis des bêtises ! »

« Ce ne sont pas des bêtises ! »

« Chut ! Mon ange, arrête un peu de pleurer. Rien ne va arriver au bébé. »

Il s'allongea enfin à ses côtés, et la berça dans ses bras protecteurs jusqu'à ce qu'elle s'endorme paisiblement.

Maintenant, il restait plus qu'à appliquer ce qu'il avait dit et veiller à ce qu'elle se repose convenablement, plus facile à dire qu'à faire.

En début d'après-midi, elle se réveilla un peu plus reposée devant un Sully plus au petit soin que jamais. Dés qu'il l'avait vue ouvrir les yeux, il s'était levé d'à côté d'elle pour aller chercher quelque chose à manger. En fait, il était resté allongé avec elle dans ses bras tout ce temps-là. Quand elle réussit à émerger totalement, elle trouva donc le nécessaire pour manger et ils déjeunèrent ensemble.

Elle ébaucha un sourire triste, et avala quelques bouchées de nourriture, pensant plus au bébé qu'à elle. Sully lui caressa la joue de sa main et la regardant dans les yeux pour lui faire comprendre qu'il l'aimait et qu'il ferait tout pour que tout aille mieux.

Alors que le calme s'était installé entre eux depuis plus de deux heures, Michaëla commença à regretter son accès de folie en n'ayant pas écouté son mari le matin-même quand elle secouait les tapis.

Tranquillement revenu chez eux après leur travail respectif, Sully et Michaëla avaient décidé de faire un peu de ménage. En fait, c'est Michaëla qui avait insisté pour le faire parce que Sully, lui, avait plutôt suggéré de faire une sieste. Elle ne l'avait pas écouté bien sûr et avait tellement insisté qu'il avait fini par accepter.

Elle tenait un genre de tapette à la main et le laissa poser le tapis avant de se mettre à le taper dessus avec l'objet. Colleen et Brian étaient là aussi à aider Michaëla mais elle voulait se débrouiller toute seule.

Sully avait essayé de lui voler l'objet des mains pour faire le travail à sa place mais rien ne marchait, elle n'en faisait qu'à sa tête, il n'avait plus qu'à la laisser faire et la surveiller pour voir si tout se passait bien.

Elle continuait son travail sans rechigner et sans se plaindre, surveillée par son mari, dont elle sentait le regard insistant peser sur elle et elle finit par s'en lasser.

« Tu n'as pas autre chose à faire ? »

« Non. Tant que tu ne m'auras pas donné la tapette. »

« Je peux le faire, Sully, je ne suis pas impotente et arrête de me regarder comme ça ! »

Il cessa de la regarder deux secondes, le temps qu'elle se retourne pour continuer son travail et recommença à la scruter, cette fois-ci avec discrétion.

Michaëla était d'humeur morose, et elle était fatiguée. Toute la journée elle s'était fait du souci pour Matthew, partit depuis le matin-même avec d'autres hommes, tels Hank et Jake pour acheminer un prisonnier dans un autre prison. Cet homme avait violé une petite fille de dix ans et l'avait ensuite battue à mort. Il était connu pour avoir tué plusieurs shérifs qui essayaient de l'arrêter.

Sully n'avait pas voulu les accompagner dans ce voyage pas si périlleux que ça, sachant très bien qu'il ne pouvait pas les aider et que les hommes menant ce criminel prenaient le train pour Denver. Tout d'abord, le chemin n'était pas trop long et en plus, il voulait rester auprès de sa femme enceinte.

Michaëla repensait à cette histoire en travaillant et surtout, elle n'arrivait pas à admettre que cela puisse se reproduire autant de fois sans que quelqu'un arrête un homme aussi dangereux.

Tout à coup, alors qu'elle tapait avec plus de rages qu'avant, elle ressentit un léger malaise qui passa inaperçu aux yeux de son mari et de ses enfants. Et ensuite, elle continua son travail comme si de rien était, avant d'en ressentir un autre. Elle gémit un peu et se redressa, essayant de retrouver un rythme cardiaque normal.

« Michaëla, ça ne va pas ? » Avait demandé Sully.

« Ce n'est rien, je suis juste fatiguée. »

« Tu devrais aller t'allonger ! »

« Non, tout va bien, c'est déjà passé ! »

Et sans plus de discussions, et sans écouter son mari, elle continua sa tâche avec autant de hargne qu'avant.

Colleen vint rejoindre ses parents alors qu'ils étaient dans la chambre en silence, pour leur porter à manger. Après le malaise de sa mère et après l'avoir aidée à arrêter l'hémorragie qu'elle avait eu, la jeune fille se faisait beaucoup de soucis pour sa mère. Maintes fois, elle lui avait répété d'aller s'allonger ou de fermer la clinique pour dormir quand elle travaillait à la clinique avec elle, et à chaque fois, le docteur Mike avait trouvé une bonne excuse pour continuer son travail.

Et voilà qu'enfin, aujourd'hui, quelqu'un avait réussi à la faire écouter un peu même sir ce n'était peut-être que pour un soir.

Ah oui, Sully était un être exceptionnel qui avait autant bouleversé la vie de sa mère, que la sienne, ainsi que celles de Matthew et Brian. Et elle l'aimait pour ça.

Elle posa le plateau repas sur la table de chevet et s'assit un peu à leurs côtés.

« Comment vous sentez-vous ? »

« Mieux, merci Colleen ! »

« Brian est allé chez Grace et Roberty. Voulez-vous que je reste pour la nuit ? »

« Non, tu peux allé chez eux toi aussi. Tu dois te reposer. Je veillerai à ce qu'elle reste allongée au maximum. »

« Merci Sully. »

Sully se leva pour l'embrasser sur la joue, ce qui lui fit plaisir. Il voulait la laisser se détendre elle aussi. Elle en avait besoin.

Il s'allongea aux côtés de sa femme après qu'ils aient tous les deux prit le dîner et que Sully ait été faire la vaisselle.

Ils étaient seuls pour la nuit, cela leur permettrait d'être ensemble.

« Détends-toi ! »

« Je ne sais pas ce qu'il se passe chez moi, Sully ! »

« Tu t'inquiètes trop pour Matthew. Tout se passera bien. »

« J'en doute, Sully. Cet homme est connu pour être dangereux ! »

« Ne t'inquiète pas. Il n'est pas tout seul, il est accompagné par Hank et Jake. »

« Je ne peux pas m'en empêcher ! »

« Essaye de dormir ! Tu es encore fatiguée ! »

« Je ne peux pas ! »

« Je me demande si je n'aurais pas mieux fit de les suivre, tu serais plus sereine ! »

« Oh, non, alors ! Je me serais d'autant plus fait du souci. Je suis vraiment inquiète quand tu n'es pas là ! Je me demande ce que je ferai sans toi à mes côtés en ce moment. Quand tu n'es pas à la maison, je n'arrête pas de me demander si tu vas bien, si tu es en sécurité et ... »

« Et ? »

« Et … non c'est idiot ! »

« Dis-moi, Michaëla. Il n'y a pas de raisons pour que tu me caches quelque chose. Quoique tu me dises, je vais comprendre ou en tout cas essayer de comprendre. »

« Je ne peux pas te le dire, tu penserais que je suis égoïste. »

« Non, je ne penserais pas ça ! Tu sais bien que tes sentiments ont de l'importance pour moi, tu le sais ça, non ? »

« Il m'arrive de me demander si tu penses à moi quand tu es au loin et si tu ne préférais pas retourner vivre en forêt en solitaire. »

« Michaëla, regarde-moi. J'ai choisi de t'épouser pour arrêter de vivre en solitaire et parce que je t'aime plus que tu ne peux l'imaginer. Je ne me suis pas marié avec toi pour t'abandonner ensuite. Non, j'ai fait le choix de t'épouser parce que je voulais qu'on vive ensemble et qu'on ait des enfants ensemble. Tu es ma vie, sans toi, je n'aurais pas survécu. Quand tu as eu l'influenza, juste après ton installation ici, à Colorado Springs, j'étais désespéré et je ne savais pas quoi faire. C'est là que j'ai été voir Nuage Dansant et il m'a dit que ton sort dépendait de moi. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire à ce moment-là. Je faisais encore le deuil d'Abigaël et toi tu apportais de nouveaux sentiments en moi, des sentiments que je n'ai jamais ressenti pour elle. Aujourd'hui, j'ai compris que nous sommes deux moitiés d'un ensemble et quand je suis loin de toi, je pense sans arrêt à toi et moi aussi, je me demande si tu vas bien et si tu es en sécurité. Je crois que ce sont des questions normales que nous nous posons quand nous sommes amoureux de quelqu'un. »

« Je suis désolée d'avoir posé cette question. »

« Non, c'est dans ta nature. Tu doutes mais il faut que tu essayes d'arrêter parce que tu sais au fond de toi qu'il n'y a aucune raison de le faire, que tu peux avoir confiance en moi. »

Oui, elle pouvait avoir confiance en lui, elle le savait. Et elle comprenait très bien ce que lui disait son mari. C'était vraiment important qu'elle sache cela et elle savait qu'il venait en quelques sortes de lui faire une déclaration d'amour. Pour la première fois, il lui avait parlé longuement et ce, pour lui dire des choses qui faisaient battre son coeur plus vite.

Il avait été honnête et avait parlé avec son coeur, elle le connaissait assez pour le savoir. Elle l'aimait elle aussi plus que tout au monde, elle ne savait pas qu'un tel amour puisse être possible, mais apparemment, ça l'était !

Nuage Dansant lui avait dit qu'ils étaient comme deux aigles qui choisissaient leurs compagnes pour la vie. Elle lui donnait raison.

Elle avait besoin d'exprimer ses sentiments elle aussi.

« Sully, c'est la même chose pour moi. Tu as tellement bouleversé ma vie. J'ai découvert l'amour que je ne pensais pas un jour découvrir. Il m'arrive de me demander ce que je serai devenue si je ne t'avais pas rencontré. Je n'aurais pas été heureuse, j'en suis sûre. J'ai bien fait de venir à Colorado Springs ! »

Sully lui sourit et l'embrassa longuement pour la remercier. Puis, le sommeil fut le plus fort pour la jeune femme. Il essaya de fermer les yeux quand une image du passé vint le torturer. Il s'agissait des corps sans vies de sa femme Abigaël et leur fille Hannah.

Il voulait oublier cette image, ne pas y penser, espérant de tout coeur que ses prières aux Esprits seraient entendues, que Michaëla s'en sortirait. Il avait tout d'un coup besoin de voir son frère Cheyenne, Nuage Dansant, pour qu'il le rassure.

Il ne pouvait cependant pas laisser sa femme seule, surtout en l'absence de Matthew. Elle avait besoin de lui plus que jamais et il le savait.

Il ferma les yeux, chassant de son esprit ses pensées négatives, pour se tourner vers un avenir plus heureux, entouré de sa femme et de ses enfants.

Il réussit à s'endormir d'un sommeil agité encore une fois, son inquiétude pour sa femme plus forte que autre chose.

Comment ne pas s'inquiéter quand on est un mari et un futur père de famille ?

Le lendemain, Sully se réveilla très tard dans la matinée, après avoir beaucoup veillé et s'être inquiété pour Michaëla, la fatigue avait eu raison de lui.

Il pensait qu'elle dormait encore, après il ne l'avait pas sentie bouger ! Aussi quelle ne fut pas sa surprise de voir qu'elle n'était plus au lit. Il entendit des voix provenant du rez-de-chaussée. Il ne comprenait pas qui était avec elle, sachant qu'ils étaient seuls la veille, grâce à la gentillesse de Grace et Roberty.

Il descendit en bas et la découvrit assise, en train de parler au Dr Cassidy et vu le ton qu'elle employait, elle n'appréciait pas ce qu'il lui disait. Sully réussit enfin à capter quelques bribes de conversations.

« Puisque je vous dis que j'ai fait ce qu'il fallait pour arrêter l'hémorragie ! »

« Mais enfin, je suis médecin ! Laissez-moi vous examiner ! »

« Michaëla ? Que se passe-t-il ? »

« Bonjour, Monsieur Sully. Enfin vous voilà ! Peut-être pourriez-vous la faire écouter ? Elle refuse de m'entendre ! »

« Michaëla, tu n'es pas raisonnable. »

« Sully, je me sens mieux, je me suis bien reposée et puis l'hémorragie n'a pas recommencée. J'ai su me soigner ! »

Le Dr Cassidy l'examinait quand même.

« Votre pouls est fort, ainsi que le coeur de votre bébé. Cependant, vous devriez rester alitée quelques jours. Essayez de la faire écouter ! »

Sully ne répondit rient et ouvrit la porte pour laisser sortir le Dr Cassidy, qu'il n'appréciait pas et il voulait qu'il s'en aille le plus vite possible.

« Pourquoi tu n'es pas restée au lit avec moi ? »

« Je me suis levée pour faire du café et pour manger. J'avais faim et tu dormais encore. Je ne voulais pas te réveiller et je me sens mieux, comme je te l'ai déjà dit ! »

« Tu es plus têtue qu'une mule ! »

« Bonjour quand même ! » lui dit-il pour pas qu'il aille plus loin.

Il l'embrassa tendrement, il la connaissait, il ne pouvait pas lui en vouloir longtemps, il l'aimait trop pour se mettre en colère contre elle en ce moment.

Alors que Michaëla continuait de s'agiter dans tous les sens, après le départ du docteur Cassidy, Sully s'approcha d'elle et la souleva pour l'emmener vers un fauteuil.

« Mais qu'est-ce que tu fais ? » Demanda-t-elle.

« Bonne question ! A ton avis qu'est-ce que je fais ? Je prends soin de ma femme, pardi, parce qu'elle n'écoute personne ! »

« Mais enfin, Sully, je vais très bien ! »

« Dois-je te rappeler que Cassidy a dit que tu devais rester allongée. J'accepte que tu restes avec moi mais ici dans ce fauteuil et pas en train de travailler ! »

« Tu devras t'y faire car demain, je vais à la clinique ! »

« Demain est un autre jour mais aujourd'hui, tu vas te tenir au calme. »

Elle n'obtiendrait pas gain de cause et elle le savait. Par moment, il pouvait se montrer encore plus têtu qu'elle, surtout quand il s'agissait de sa santé. Ce qu'il ne comprenait pas, ou qu'elle croyait qu'il ne comprenait pas, c'était qu'en fait, elle avait besoin de s'occuper l'esprit pour oublier le danger dans lequel était Matthew.

Pourtant, Matthew était très bien épaulé et le voyage se passait bien. Ils devaient maintenant être arrivés à destination et reviendraient le lendemain, après une bonne nuit dans un hôtel confortable.

Un télégramme avait été envoyé par le jeune shérif afin de rassurer sa mère qu'il savait inquiète et très fragile mais aucun d'eux ne le savait encore. Aussi, quand Horace découvrit la nouvelle, il s'empressa d'aller les prévenir, laissant pour un moment le télégraphe à Myra.

Il frappa à la porte des Sully. Le jeune mari inquiet se dépêcha d'aller ouvrir la porte avant que Michaëla ait l'idée d'y aller elle-même.

« Bonjour Horace. »

« Bonjour, excusez-moi de vous déranger aujourd'hui mais j'ai quelque chose à vous dire qui ne pouvait pas attendre. »

« De quoi s'agit-il, Horace ? » Demanda Michaëla.

« Matthew, Jake et Hank sont arrivés à Denver sans problèmes et ils ont délivré le prisonnier au shérif de la ville. Ils reviennent demain ! »

« Tu vois. Il n'y a plus de raisons de t'inquiéter ! »

Horace était reparti aussi vite qu'il était arrivé, provocant le soulagement du Dr Mike. Enfin, elle était rassurée. Sully, de son côté, espérait qu'elle se sentirait un peu mieux après cette nouvelle.

Il alla auprès d'elle et s'asseya à ses côtés.

« Je sais ce que tu penses, Sully, tu dirais que tu avais raison, et qu'il ne fallait pas que je m'inquiète. Je ne peux pas m'empêcher de me faire du mauvais sang quand un des enfants part. Je n'y peux rien. »

« Je n'ai jamais pensé ça, Michaëla. Je sais comment tu es, une bonne mère qui veut que tous ses enfants soient en sécurité. »

Il prit sa main dans la sienne, l'emmena vers sa bouche pour y donner un petit baiser.

« Je t'aime Sully, et j'irai mieux quand Matthew sera rentré. »

« Je le sais, mon amour. Tu viens ? »

« Où ? »

« Tu vas aller faire une sieste et je vais t'accompagner ou plutôt te porter. »

Il la souleva dans ses bras avant qu'elle ait eu le temps de dire quelque chose d'autre et l'emmena dans la chambre.

Il la coucha sur le côte, de manière à ce qu'il puisse lui masser le dos pour qu'elle se détende le plus possible. Quand il comprit qu'elle s'endormait, il s'arrêta et la veilla un peu.

Plusieurs heures plus tard, elle dormait toujours profondément quand les enfants rentrèrent de l'école. Sully était là pour les accueillir mais pas leur maman.

« Bonjour Sully. Est-ce que maman se sent mieux ? »

« Elle dort toujours. »

« Non, elle ne dort plus ! Tu aurais pu me réveiller, Sully, il se fait tard. Je voulais être là pour les enfants ! » Dit Michaëla.

« Il fallait que tu te reposes ! »

Elle ne dit rien, laissant la discussion en suspens pour plus tard parce qu'elle y reviendrai dessus.

Elle ne lâcherait rien et il le savait. Il se sentait prêt à affronter son entêtement. Il la connaissait très bien pour cela.

Et en effet, elle ne manqua pas de lui en parler le soir-même.

« Tu aurais quand même pu me réveiller, Sully. Je ne suis pas en sucre ! »

« Tu étais fatiguée et tu avais besoin de repos. Tu n'es plus toute seule, je te rappelle ! Tu portes une vie en toi ! »

« Je le sais, merci ! J'ai déjà vu beaucoup de femmes enceintes continuer à travailler comme avant ! »

« Combien d'entre elles sont médecins ? Leur as-tu jamais dit de se reposer un peu plus parce qu'elles étaient fatiguées ? Ne leur conseilles-tu pas de rester le plus possible allongée quand elles ont eu un malaise comme le tien ? Tu sais que j'ai raison ! »

« Je suis raisonnable, Sully ! Je prends soin de moi et de notre bébé. Tu es en train de m'accuser de mettre la santé de notre bébé en danger ! Ce n'est pas ce que je fais ! Je vais mieux ! »

« Je ne t'ai pas dit que tu mettais tout en oeuvre pour aggraver la santé du bébé. Je t'ai seulement conseiller de lever un peu le pied et de faire appel à quelqu'un pour t'aider. Ça ne veut pas forcément dire que tu dois arrêter de travailler du jour au lendemain. »

Sully se rapprocha d'elle alors qu'elle peignait ses cheveux d'une manière un peu brusque parce qu'elle était contrariée par ce que lui disait son mari et pourtant il avait raison.

Il lui prit la brosse des mains et démêla ses cheveux, une habitude qu'il avait prise et qu'il aimait faire. Quand il eût fini son petit plaisir quotidien, il la fit se lever de la chaise et la rapprocha de son corps en la prenant par la taille, plongeant son regard bleu azur dans le sien.

« Il n'y a pas que ce qui se passe là-dedans qui est important ».

Il avait posé sa main sur son front avant de continuer.

« Il y aussi ce qui se passe là qui est important. » Dit-il en désignant son ventre.

Michaëla baissa les yeux, troublée par l'amour qu'elle pouvait lire dans son regard comme elle l'avait toujours pu. Il posa sa main sous son menton, l'obligeant à soutenir son regard.

« Michaëla, tu sais que je ne te dis pas ça pour te garder prisonnière ici, à la maison, seulement tu arrives à un moment où tu sais toi-même qu'il est nécessaire pour une future mère de se reposer. »

« Oui, tu as raison mais je te dis quand même que j'irai à la clinique demain et tu ne pourras rien dire pour m'en empêcher. »

Sully abandonna et l'obligea à se coucher à ses côtés dans le creux de ses bras, sachant très bien qu'il n'avait pas réussi à la faire écouter.

Comme prévu, Michaëla était à la clinique le lendemain, mais en compagnie de Sully. Il avait insisté pour l'accompagner. C'était la seule concession qu'elle avait pu obtenir de lui.

« Tu n'as rien d'autre à faire aujourd'hui ? »

« Non, je resterai avec toi que tu le veuilles ou non ! »

Elle ne répondit rien et continua sa besogne sans parler, observée par son marI

Colleen arriva peu après à la clinique. Elle fut surprise de trouver sa mère ici, elle était encore sensée se reposer.

« Qu'est-ce que vous faites ici ? »

« Je travaille ici, tu te rappelles ? »

« Le docteur Cassidy lui a quand même conseillé de rester au lit plusieurs jours. »

« Sully ! Je vais bien, vraiment ! Et je te promets de ne pas trop en faire. »

« Compte sur moi pour y veiller ! »

Brian entra lui aussi peu après. Lui, il était heureux de voir sa maman.

« Tu vas mieux maman ? »

« Oui. »

« Sauf que le docteur lui a quand même conseillé de rester allongée ! » Répéta Sully en grognant.

« Il ne veut pas qu'elle travaille simplement parce que c'est une femme ! »

Michaëla sourit à son fils et regarda son mari, lui faisant comprendre que leur fils avait certainement raison.

Mais, alors qu'elle continuait à travailler, elle ressentit une douleur immense, qui ne passa pas inaperçue aux yeux de son mari.

« Michaëla, est-ce que ça va ? »

« Oui, ça va ! »

Et à ce moment-là, la douleur augmenta. Colleen s'en aperçut et réagit aussitôt. Sully, lui, força sa femme à s'asseoir.

« Le docteur Cassidy est au saloon, vous voulez que j'aille le prévenir ? »

Elle hocha la tête, incapable de répondre verbalement et essayant de garder bonne figure devant Brian.

Sully réfléchit en un quart de secondes, sachant vers qui se tourner.

« Brian, va à la réserve chercher Nuage Dansant. »

Brian obéit immédiatement. Michaëla regarda Sully alors qu'il était toujours à ses côtés, elle envoya tout à terre sur le coup de la colère, les larmes faisant surface sur ses joues. Son mari ne savait pas s'il devait ou non la déplacer mais finalement, il se décida et la souleva pour l'emmener à l'étage dans un lit confortable.

Le visage de Michaëla était toujours inondé de larmes quand il l'allongea le plus doucement et tendrement possible.

« Je suis désolée, Sully. »

« Chut ! Ne dis rien, tout va s'arranger ! »

« Non, je suis en train de perdre notre bébé ! »

Elle sanglota de plus belle en mettant ses mains devant son visage. Il fit tout pour la consoler en la prenant dans ses bras et c'est comme ça que les trouva le Docteur Cassidy quand il entra dans la chambre.

Ils se séparèrent immédiatement, laissant le médecin faire son travail. Il avait fait en sorte de pouvoir l'examiner sans que personne n'en voit rien. Michaëla s'était arrêté de pleurer, suspendue à ses lèvres.

« La glace ne suffit pas. Je vais utiliser le bayer doc. »

« Ce n'est pas dangereux ? »

« Non. Seulement à hautes doses ! Voilà, ça y est. Est-ce que vous avez toujours mal ? »

Elle secoua la tête.

C'est à ce moment-là que Nuage Dansant entra, accompagné par Brian et surprit le docteur qui n'avait jamais aimé les indiens.

«Qu'est-ce qu'il fait là ?

« C'est un ami, il peut rester », dit Sully, anticipant toute autre réaction de la part du médecin.

« Bon, maintenant, peut-être que vous allez m'écouter, dit Cassidy à Michaëla. Vous devez vous reposer. »

« Je suis d'accord, intervint Nuage Dansant, vous devez laisser à votre corps le temps de reprendre des forces pour être prête à accueillir votre bébé. »

« Mais ma clinique ? »

« Je m'en occuperais, je suis là pour ça ! »

Michaëla n'aimait pas trop le fait de laisser ses patients entre des mains aussi peu consciencieuses, mais elle n'avait pas le choix si elle ne voulait pas mettre la vie de son enfant en danger.

« Je vais préparer le chariot pour te ramener à la maison. »

Arrivés chez eux, Sully porta immédiatement sa femme au lit, là où elle pourrait enfin se reposer.

« Tu te sens mieux ? »

« Oui, merci. C'est toi qui avais raison, Sully, je n'ai pensé qu'à moi. »

« Chut, ne dis rien, l'essentiel est que vous alliez bien tous les deux. »

« J'ai quand même mis la santé de notre bébé en danger ! »

Nuage Dansant entra dans la chambre après avoir frappé.

« Est-ce que ça va ? »

« Oui, ça va aller », répondit Sully.

« Je vais vous laisser tous les deux. Si besoin est, vous savez où je suis. »

Sully acquiesça et salua son ami.

« Je vais aller couper du bois », dit-il.

« Non, reste s'il te plait. »

« D'accord. »

Il s'installa à ses côtés, et resta auprès d'elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Puis, il alla faire ce qu'il lui avait dit. En ville, tout le monde savait qu'ils devaient s'adresser au docteur Cassidy si besoin était.

Occupé à combattre son anxiété pour sa femme en coupant du bois, Sully ne vit pas arriver Matthew, enfin de retour.

« Je suis arrivé par le train de ce matin, le temps de régler quelques affaires au bureau du shérif, et je voulais vous rejoindre à la clinique. Mais vous n'y étiez pas. J'ai demandé à Dorothy où vous étiez et elle m'a tout raconté. Comment va le Dr Mike ? »

« Elle se repose tranquillement ! »

« Et toi ? »

Sully se posa devant Matthew, il ne comprenait pas pourquoi il lui posait une question comme celle-là.

« Ca va ! Pourquoi ça n'irait pas ? »

« Sully, je sais que vous avez assez de bois. Quand tu en coupes, c'est que quelque chose ne va pas ! »

« Je t'ai déjà dit que ça allait ! Maintenant, je vais rentrer pour voir si ta mère dort toujours. »

Sully se dirigeait déjà vers les escaliers pour rentrer.

« Attends, Sully ! Je sais ce que tu ressens. Tu te demandes si tout va s'arranger et tu essayes de le cacher aux autres. Tu devrais en parler ! »

« Je n'ai pas le temps de t'écouter, Matthew ! »

« Sully, tu dois en parler à un moment ou à un autre. Quand Ingrid est morte, j'ai cru que j'allais la suivre et puis j'ai rencontré Emma. Tu as déjà perdu une femme et un bébé, cela ne veut pas dire que ça va se reproduire. »

Sully s'esquiva enfin et entra dans la maison. Matthew n'allait pas laisser tomber aussi facilement le sujet. Ils en reparleraient plus tard, c'était sûr !

Sully monta à l'étage pour éviter de continuer cette conversation qui ne lui plaisait pas. Quand il entra dans la chambre, Michaëla dormait toujours à poings fermés. Il n'avait pas envie de la réveiller, mais il n'avait pas le choix s'il voulait qu'elle puisse fermer l'oeil la nuit prochaine. Il s'approcha d'elle, l'embrassa tendrement sur tout le visage pour la réveiller en douceur.

« Hum ! » Grogna-t-elle.

« Je suis désolé, Michaëla, mais il est déjà dix-sept heures. Je ne voulais pas te réveiller, tu as tellement besoin de repos, seulement, je voudrais aussi que tu puisses dormir cette nuit. »

« Tu aurais dû me réveiller plus tôt ! »

« Matthew est revenu. »

« Enfin ! Où est-il ? »

« Il est en bas. Tu veux que je lui dise de monter te voir ? »

Elle acquiesça, voulant s'assurer que son fils allait bien. Sully alla chercher le jeune shérif et les laissa seuls un petit moment.

« Comment vous sentez-vous ? » Lui demanda-t-il.

« Mieux. »

« Vous êtes sûre ? »

« Oui, ça va Matthew. »

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Vous vous êtes disputés avec Sully ? »

« Non, pourquoi cette question, Matthew ? Il ne s'est rien passé entre lui et moi. »

« C'est étrange ! Quand je suis arrivé tout à l'heure, je l'ai trouvé en train de couper du bois. Vous en aviez déjà, n'est-ce pas ? J'ai essayé de lui parler mais il ne voulait pas en discuter. »

« Ça ne m'étonne pas tant que ça ! Matthew, tu sais, j'ai été un peu stupide. J'ai mis la santé du bébé en danger sans songer un seul instant à ce que pouvait ressentir Sully. Je le comprends, il a peur, peur de revivre ce qu'il a vécu avec Abigaël et Hannah. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour pas que ça se reproduise ! »

Sully était dans le couloir, espionnant sans le vouloir la conversation du jeune shérif avec sa femme.

Les dernières paroles prononcées par Michaëla lui firent l'effet d'une bombe bombardant son coeur. Des larmes se mirent à couler sur ses joues sans qu'il puisse les contrôler ou les arrêter.

« Je n'en doute pas, maman. Ça m'a fait de la peine de voir Sully dans cet état-là et je sias que vous n'êtes pas forcément très bien vous non plus ! »

« Non, en effet. Je sentais qu'il me cachait quelque chose et je crois que je savais que ça avait un rapport avec Abigaël. Il ne s'est préoccupé que de moi et pas de lui. Seulement, je dois garder le lit, Matthew. Je ne ferai rien de plus pour mettre en danger la santé de notre bébé, tu comprends, n'est-ce pas ? »

« Écoutez, je vais aller essayer de le faire parler mais vous savez comme moi que ce n'est pas évident. »

Matthew sortit de la pièce et vit Sully, les yeux rougis par les larmes qu'il avait versées et sut d'instinct qu'il avait tout entendu de la conversation. Ce qui allait maintenant être dit entre sa mère et son père ne le regardait plus.

Aussi descendit-il dans le salon pour accueillir son frère et sa soeur afin de les laisser discuter tous les deux et se réconforter l'un l'autre.

Matthew savait qu'ils allaient tous les deux pouvoir ensuite repartir sur de bonnes bases et ce, pour un long moment.

Quand Sully entra dans la chambre, Michaëla sût immédiatement qu’il avait pleuré. Elle eût instantanément les larmes qui lui montèrent aux yeux.

Il avait tout entendu, elle le savait.

« Matthew m’a dit que tu coupais du bois. »

« Oui, il fallait que je le fasse ! »

« Tu es sûr de ce que tu dis ? Sully, en général, quand tu fais ça, c’est pour oublier quelque chose. »

« Ne pleures pas, Michaëla, s’il te plait ! »

« Quand tu es dans cet état-là, Sully, je suis triste, je n’y peux rien ! Je sais que tu as pensé à Abigaël et à Hannah. »

Il ne savait pas quoi dire pour la détromper parce qu’elle était dans le vrai et il ne savait pas quoi dire pour consoler sa femme.

« Arrête de pleurer, Michaëla. »

« Comment voulais-tu que je réagisse ? Je n’aime pas te voir dans cet état. S’il te plait, Sully, essaies de ne pas y penser. Ça t’est déjà arrivé dans le passé. Rappelle-toi, pas longtemps avant que je t’annonce ma grossesse. »

« Je te promets que je vais essayer. Mais tu dois arrêter de pleurer maintenant, sinon, le bébé te le fera payer plus tard ! »

Il l’embrassa, d’abord tendrement, puis passionnément.

Elle sécha ses larmes devant l’amour de son mari. Ils avaient enfin parlé et Sully avait dévoilé ce à quoi il pensait.

Matthew comprit en voyant descendre Sully qui venait chercher le dîner pour Michaëla que tout irait mieux.

Après quoi, tout le monde s’endormit avec la promesse de voir s’éveiller un jour meilleur, seulement rempli d’amour, de joie, de bonheur et de tendresse.

La nuit fût calme, simplement ponctuée par les regards constants que Sully portaient à sa femme, la surveillant, espérant qu’elle aille un peu mieux le lendemain, sachant très bien qu’il allait devoir la laisser seule.

Il devait aller à la réserve au sinon, il serait viré.

Le lendemain, il restait à régler la question de l'ennui pour Michaëla, parce que même si elle voulait tout mettre en œuvre pour sauver le bébé, elle allait forcément trouver le temps long. Encore heureux, avant de partir pour la réserve indienne, i avait eu le temps de petit-déjeuner avec sa femme. Et puis, Dorothy avait eu la bonne idée de venir rendre visite à son amie. Alors, Sully savait son épouse entre de bonnes mains et elle avait eu le loisir de pouvoir déguster un petit-déjeuner concocté par son mari, plutôt que par Brian. Il avait laissé Michaëla avec Dorothy. Colleen, elle, avait décidé d'aller voir à la clinique si le docteur Cassidy avait besoin d'elle. Elle avait trouvé du travail, c'était sûr ! - « Alors, Michaëla, comment vous sentez-vous ? » Demanda la journaliste à son amie.

« Ça va.»

« Dites-moi réellement comment vous allez. »

« Physiquement, ça va. Sully est toujours là pour veiller sur moi. C'est plutôt le moral qui laisse à désirer. Dorothy, cette grossesse me comble de bonheur mais j'aimerai que les choses redeviennent normales ! »

« Michaëla "normal" n'est pas le mot qui convient. Votre vie va bientôt changer et certainement en mieux. » Michaëla lui sourit, sortit son stéthoscope et lui demanda si elle voulait écouter le cœur du bébé battre. Au soir, Sully retrouva sa femme un peu plus enjouée qu'il l'avait quittée.

« Ça va ? »

« Oui. »

« La présence de Dorothy cet après-midi t'a fait du bien. Elle t'a remonté le moral. »

« Sa visite m'a fait du bien, tu as raison. Elle m'a rassurée. »

« Tant mieux. J'aurais aimé y arriver moi-même mais il faut croire qu'elle seule pouvait y arriver, étant donné qu'elle a eu des enfants. Michaëla, maintenant, tu dois suivre ses conseils. » Elle acquiesça. Il se pencha vers elle et la souleva dans ses bras pour l'emmener à l'étage. Une fois dans leur chambre, il la déposa délicatement.

« Tu es bien installée ? »

« Oui. Tu ne viens pas me rejoindre ? »

« Bien sûr que si ! »

Il s'allongea à ses côtés et la prit immédiatement dans ses bras protecteurs.

« Alors de quoi avez-vous parlé avec Dorothy ? »

« Du bébé, bien entendu. Je lui ai dit qu'il me tardait que le bébé naisse. »

« Il faut laisser le temps au temps. »

« Mais, une fois que le bébé sera là, je pourrais reprendre mes activités sans me soucier de la fatigue que cela peut créer. »

« Tu auras quand même un bébé à t'occuper, tu ne crois pas ? »

« Oui, tu as raison. Même si tu es là pour m'aider, il y a des choses que tu ne pourras pas faire à ma place. Je n'avais pas pensé à ça ! »

« Ne t'inquiète pas, pas maintenant en tout cas ! Nous trouverons un moyen de tout arranger, tu sais. Tout se fera naturellement. »

Elle posa sa main sur son ventre et prit celle de son mari pour qu'il puisse sentir le bébé bouger.

« Sully, je suis tellement heureuse de porter cet enfant, une moitié de toi, une moitié de moi, qui grandit en moi. J'aime le sentir bouger comme il le fait. Je ne pensais pas pouvoir connaître ce bonheur un jour. Je me croyais trop vieille pour concevoir et il est là et bien là. J'ai réfléchi, j'aimerai faire appel à quelqu'un pour m'aider à la clinique. »

« C'est à toi de décider. Tout ce que je veux c'est que vous alliez bien tous les deux. »

« C'est ce que je veux moi aussi. Je sais qu'à mon âge ... »

« Pourquoi dis-tu « à mon âge » ? Tu es encore jeune ! » La coupa-t-il.

« Sully, que tu veuilles ou non l'entendre, mon âge rentre en compte. Je suis tombée enceinte pour la première fois bien plus tard que la plupart des femmes et je dois faire d'autant plus attention ! »

« Je veillerai sur toi, ne t'inquiète pas ! En attendant, il se fait tard et tu dois dormir si tu veux aller mieux. Cela fait partie du repos que tu es obligée de prendre, n'est-ce pas ? »

Elle acquiesça, abandonnant l'inquiétude pour l'instant et s'endormit paisiblement dans les bras rassurants de son époux.

Quant à lui, il ne tarda pas à la suivre au pays des rêves.

Le lendemain, à une heure assez convenable, le docteur arriva pour examiner sa patiente, intenable depuis le lever du jour. En effet, Sully avait du mal à la faire tenir tranquille. Elle était trop impatiente.

« Le cœur semble plus fort maintenant. Il semble que tout s'arrange ! »

« Vous en êtes sûr ? »

« Je vous rappelle que je suis médecin, monsieur Sully ! »

« Ma femme l'est aussi ! »

« Oui, et elle ferait mieux de rester chez vous, là où est la place d'une mère ! »

« Je n'abandonnerai pas mon métier ! »

« Alors peut-être pourriez-vous au moins réduire vos heures de travail ? »

« Je veillerai à ce qu'elle le fasse ! »

« Bien. »

Michaëla se leva et sortit une liasse de billets qu'elle donna au médecin.

« Avec tous mes remerciements. »

Et il repartit aussi contrarié que quand il était arrivé.

Après son départ, Michaëla prit sa trousse médicale dans ses mains, heureuse de pouvoir retourner à son travail, même si elle devait toujours faire attention. Et surtout, Cassidy allait rentrer chez lui et arrêter de lui dire des choses qui ne le regardaient pas, enfin c'est ce qu'elle croyait !

Elle regarda Sully, à quelques mètres d'elle, et lui sourit. Ils étaient maintenant de nouveau seuls tous les deux.

« Maintenant que tu sais que tout va bien, peut-être que tu vas pouvoir te calmer. »

« Mais j'étais très calme ! »

« Tu ne pouvais même pas rester en place plus de deux secondes. Je suis sûr que le bébé est très agite suite à ça ! »

« En effet, il est très agité », admit-elle.

« Alors, tu devrais essayer de te calmer, vraiment. »

« J'étais tellement inquiète pour le bébé. Hier, j'ai écouté son cœur et pour moi, tout était normal. Il me tardait vraiment de savoir. »

« Je te comprends. Moi aussi, j'étais inquiet, je dois l'avouer ! »

« Te voilà rassuré en ce qui concerne le bébé. »

« Je le faisais aussi du souci pour toi, Michaëla. »

« Ah bon ! »

Il s'approcha d'elle enfin, pour la serrer dans ses bras.

« Je t'aime, Michaëla et je veux que tu sois autant en bonne santé que notre bébé. »

Il l'embrassa tendrement. Elle se sentait bien dans ses bras, elle aimait la sécurité de son étreinte. Il lui offrait tout l'amour qu'il avait pour elle et pas que ça.

« Je t'aime aussi, Sully. Je te promets que dans l'avenir, je ferai plus attention. »

« Je te connais trop pour te croire, Michaëla. »

« Aie confiance en moi. Je te promets de suivre les conseils de Cassidy et je vais vraiment réduire mes heures de travail. »

« Ce ne sera pas suffisant. Il y a des urgences quelques fois et il faudra que les personnes puissent faire appel à quelqu'un dans ce cas-là. »

« Je suis là pour ça, Sully ! »

« Et c'est comme ça que tu tiendras ta promesse. »

« Sully ! Écoute-moi, je sais que ce ne sera pas facile mais je ne veux pas abandonner mon travail. La médecine fait partie de moi. Tu le savais quand tu m'as épousé ! »

« Je ne t'ai jamais demandé d'abandonner ton métier et je ne le ferai pas parce que ça fait partie de moi, comme tu dis. Tu ne serais pas la même sans ça. Je t'aime telle que tu es. Seulement, il est peut-être temps de lever un peu le pied et de faire appel à de l'aide, tu ne crois pas ? »

« Je l'envisage, Sully, sérieusement mais un peu plus tard. »

« Qu'est-ce que tu peux être tête de mule ! Il n'y a pas moyen de te faire entendre quelque chose. Ce qu'il s'est passé ne te suffit pas ! »

« Sully ! Je ferai attention. Si je ne me sens pas bien, je fermerai la clinique pour me reposer. »

« Mais pourquoi tu ne veux même pas en discuter ! Tu es une véritable tête de mule ! »

Elle parut horrifiée qu'il lui dise cela pour la deuxième dois en pas longtemps.

« C'est comme ça que je t'aime. »

Les enfants rentrèrent de l'école au soir et furent heureux de revoir leurs parents en forme normale.

« Que vous a dit le docteur, maman ? »

« Tout va bien ! »

« Je suis heureuse de vous l'entendre dire. »

« Ne me dis pas que toi aussi, tu étais inquiète, Colleen ! »

La jeune fille ne dit rien mais Sully la regarda et sut immédiatement que Michaëla avait dit juste. Il n'était donc pas le seul à s'être fait du souci pour elle et le bébé.

Michaëla n'en croyait pas ses yeux ! En plus d'avoir inquiété son mari, elle avait aussi inquiété ses enfants. Elle regarda Sully dans les yeux, mécontente d'avoir réussi à effrayer toute sa famille.

Il se baissa à sa hauteur (elle était assise dans un fauteuil) et lui prit la main.

« Ne fais pas cette tête-là. Tu ne t'es pas rendue compte qu'on se faisait du souci pour toi. Tu voulais continuer à travailler comme avant, c'est tout. »

« Je n'aurais jamais dû faire ça. J'ai fait du mal à notre bébé ! »

Sully eut très envie de la rassurer, de lui dire que ce n'était pas sa faute, qu'ils auraient tous dû essayer de la freiner, mais ce n'était pas le moment.

Il ne fallait pas aller plus loin dans la discussion devant les enfants. Ils savaient maintenant tous que leur mère allait bien et c'était le principal.

Le sujet était clos définitivement, et elle le savait.

Les enfants, quant à eux, comprirent qu'ils n'en sauraient pas plus et que ce n'était même pas la peine de demander.

La discussion s'orienta vers un sujet plus léger, détendant l'atmosphère un peu électrique qui s'était installée. C'était ce qu'il fallait à tout le monde pour que tout s'arrange, que tout aille mieux.

Finalement, les rires et les plaisanteries avaient pris la place sur la contrariété et l'inquiétude de tous et c'était beaucoup mieux.

Cependant, Sully ne comptait pas laisser sa femme, quoique un peu plus détendue, s'enfermer dans la culpabilité.

Quand il eut fini la vaisselle, sans avoir bien entendu accepté l'aide de son épouse, Sully fit comprendre aux enfants que l'heure d'aller au lit était arrivée,

Brian essaya de protester mais Colleen eut tôt fait de le rappeler à l'ordre. Il l'écouta et le couple se retrouva seul.

« Pourquoi as-tu réagis comme ça tout à l'heure ? » Attaqua Sully d'emblée.

« De quoi tu parles ? »

« Quand Colleen t'a demandé ce que t'avais dit le médecin. »

« Je ne m'en rappelle plus ! »

« Ne fais pas celle qui ne comprend pas ! Tu sais de quoi je parle et je croyais que tu avais compris que je n'abandonnerai pas aussi facilement. »

« Sully, s'il te plait ! »

« Nous devons en parler, Michaëla. »

« Et pourquoi ? »

« Parce que tu t'estimes responsable de ce qui s'est passé. Ce n'était pas totalement de ta faute. Nous aurions dû essayer de te faire entendre raison. »

« C'est ce que tu as fait à plusieurs reprises.

« Arrête, je t'en prie. C'est comme ça ! Ça devait arriver pour que tu comprennes qu'il était temps de lever le pied. Tu ne pouvais rien changer à ça ! »

« J'aurai dû t'écouter ! Je n'ai pas fait un instant fait attention au bébé ! Je n'ai pensé qu'à moi. J'ai été égoïste et tu auras beau me dire que c'était écrit, je ne te croirais pas ! »

« Si tu pouvais pour une fois m'écouter ... »

Elle se leva de son fauteuil pour tourner en rond pour fuir le regard amoureux et compréhensif de Sully. Il aurait beau lui pardonner, elle, elle ne se le pardonnerait pas. C'était pour cela qu'il avait laissé sa phrase en suspens, en la sentant plus du tout réceptive à ses attentions.

Il alla tout de même la rejoindre pour la prendre dans ses bras et la calmer en la serrant contre lui. Il essaya de la faire tourner vers lui, pour pouvoir la regarder dans les yeux mais elle refusait ce contact.

Elle refusait pour l'instant toute tentative d'approche de tendresse.

Sully embrassa Michaëla sur les cheveux, essayant de la réconforter par ce simple geste. Il la sentait inexplicablement agitée. Peut-être était-elle en train de pleurer ?

Il n'arrivait pas vraiment à savoir. Il n'arrivait qu'à lire dans son regard. Étant donné qu'elle lui tournait le dos, il ne pouvait pas vraiment déceler si elle pleurait ou non.

Il passa ses bras autour d'elle.

« Michaëla, dis-moi ce qu'il se passe. »

Elle ne répondit rien. Il essaya à nouveau de la tourner vers lui, pour la regarder dans les yeux, mais elle ne voulait toujours pas lui céder. Que faire dans ce cas-là ?

« Michaëla, tu dois me dire ce qui te bouleverse au point que tu es en train de pleurer. »

L'agitation de Michaëla augmenta suite à cette intervention. Il avait tapé dans le mille. Cette fois-ci, ce fût elle qui enfin se tourna dans ses bras, bien incapable de lui cacher quelque chose !

« Je suis désolée de réagir comme ça, Sully ! »

« Pourquoi tu te mets dans cet état-là ? Je déteste te voir pleurer, mon amour. Je t'ai déjà dit que ce n'était pas de ta faute ! »

« Tu n'as pas besoin de me le dire, je me fais assez de reproches moi-même ! »

« Arrête de te culpabiliser, s'il te plait. »

« Mais tu ne comprends pas ce que je dis ! Je m'en veux de ce qui est arrivé ! Je suis médecin, j'aurais dû savoir ce qui allait arriver. J'ai suivi de nombreuses femmes enceintes, je leur disais d'y aller doucement, et surtout de prendre le temps de se reposer. J'aurai dû suivre ces conseils moi-même ! »

« Michaëla, tout va bien, arrête de te torturer. Le principal, c'est que vous alliez bien tous les deux ! »

Elle fut incapable de murmurer le moindre mot. Elle sanglota plus fort, vite encerclée des bras de Sully.

« Chut ! Calmes-toi, rien n'arrivera plus au bébé ! »

Elle ne pouvait plus se contrôler, il fallait que toutes ses émotions sortent d'elle. Il lui caressa les cheveux, ne pouvant faire autre chose. Il la berçait comme on berce un enfant. Il ne cessait pas un seul instant de l'embrasser, soit sur le visage, soit sur les cheveux.

on amour la consola enfin, mais elle était complètement vidée et s'asseye immédiatement. Il était impossible pour elle de rester debout plus longtemps, ses jambes ne la portaient plus.

« Ça ne va pas ? »

« Je suis épuisée. Mes jambes ne veulent plus bouger. »

« Je vais te porter au lit. Tu as juste besoin de dormir. »

Il s'exécuta. Il la déposa sur leur lit et alla chercher de l'eau pour effacer les traces de larmes. Tendrement, il passa un linge sur son visage. Il l'aida à se déshabiller et la mit au cœur des draps.

Comme il lui avait dit, il détestait la voir comme ça.

Il s'allongea à ses côtés et la prit dans ses bras, posant sa tête sur son épaule.

« Sully, je suis désolée. »

« Michaëla, ne parles plus et détends-toi. Tu es auprès de moi, ton mari, et demain tu recommences à travailler mais doucement, attention ! Je t'accompagnerai. Tu verras, en travaillant tu oublieras tout ce dont tu te sens coupable. »

« Sully, tu ne m'enlèveras tout de même pas de la tête que j'ai tort de faire ce que j'ai fait et que j'ai mis la santé de notre bébé en danger. »

« Chut, je ne veux plus t'entendre dire ça. Tout va bien. Chut ! »

Elle se tut, sachant que son mari était auprès d'elle pour la faire arrêter de se tracasser et il avait raison, elle devait se détendre.

Elle sentit le bébé bouger un peu violemment. C'était comme s'il avait changé radicalement de position, en passant de haut en bas.

Elle vit que son mari avait posé la main sur son ventre rebondi et elle était en sécurité dans ses bras malgré ses pensées négatives.

Il berça gentiment le bébé en caressant doucement le ventre de sa femme, essayant de calmer l'enfant. Il savait qu'elle était mal à l'aise en ce moment-même. Ils étaient sûrs que leur bébé allait bien et il manifestait sa présence.

Ces derniers jours avaient été pénibles pour elle même si elle ne lui avait rien dit parce que le bébé lui faisait mal au rein et là, enfin, il se déplaçait et allait certainement retrouver sa place.

Le lendemain, Michaëla reprenait lentement son travail et elle en avait marre que Sully soit tout le temps sur son dos, elle était mieux ce matin-là. Alors, elle l'expédia ailleurs voir si elle y était.

Du coup, il s'était rendu chez Roberty, qui, lui, accepterait sa présence. Ils travaillaient tous deux ensemble dans un silence amical, entre deux futurs pères, quand Preston s'approcha d'eux. Au premier abord, il venait demander quelque chose à Roberty mais au deuxième, rien n'était sûr, il était peut-être là pour autre chose.

« Bonjour messieurs ! »

« Bonjour. Que voulez-vous ? » Demanda poliment le forgeron, même si le banquier l'insupportait dès qu'il le voyait.

« Pourriez-vous changer les fers à mon cheval ? »

« Ce sera fait ! »

« Bonjour Sully. » Preston voulait une réponse du jeune homme.

« Bonjour. »

« Ce n'est pas souvent que nous vous voyons en ville en ce moment. En même temps, quoi de plus normal, vous ne travaillez pas vraiment ! »

« Que me voulez-vous ? » Demanda Sully qui commençait à s'impatienter.

« Votre femme va mieux ? »

« Ça vous intéresse de savoir la réponse ? Oui, elle va mieux ! »

« Vous n'avez plus besoin d'être à ses pieds comme un chien, alors. Je trouve étrange qu'un homme comme vous, ayant vécu plusieurs années en forêt, puisse se domestiquer aussi facilement. Peut-être que Michaëla tient trop bien la laisse et ne vous laisse pas vous échapper. »

Sully, mourant d'envie de donner une bonne correction à cet homme, se retint.

« Tu n'as plus besoin de moi, Roberty ? »

« Non, mon ami. »

« Alors je vais rejoindre Michaëla. »

« C'est ça, courrez la rejoindre ! Elle vous siffle déjà ! »

Sully lui retourna un regard noir, lui faisant comprendre mieux de se taire, ce qu'il fit, pour l'instant.

Il rentra dans la clinique un peu brusquement et referma la porte violemment, ce qui étonna et effraya Michaëla.

« Sully, que se passe-t-il ? »

« Tu m'as fait peur ! »

« Excuse-moi, mon ange. Je voulais juste m'assurer que tu ne travailles pas trop ! »

« Tu ne veux pas me dire la vraie raison dans cette entrée si violente ! »

« Je t'assure qu'il n'y a rien à dire ! »

Elle n'était pas dupe, mais elle savait qu'elle ne pouvait pas le pousser à parler ou alors, il se refermerait encore plus.

Elle s'approcha de lui et se glissa dans ses bras protecteurs, mais lui n'était pas d'humeur tendre.

Il accepta simplement son étreinte sans y répondre.

Elle le regarda dans les yeux, quelque chose se passait et elle ne savait pas quoi, mais elle était sûre que Sully n'était pas dans son assiette ce jour-là.

Elle déposa un baiser sur ses lèvres, et le prit par la main. Ils se dirigèrent ensemble vers chez Grace pour prendre le déjeuner ensemble.

« Bonjour ! Les salua la patronne du restaurant. Comment vont les amoureux ? »

« Très bien, merci et vous ? » Demanda Michaëla.

« Ça va ! Qu'est-ce que je vous sers ? J'ai de la tarte aux pommes. » Elle espérait faire réagir Sully mais il ne lui dit rien.

Grace et Michaëla se regardèrent et la restauratrice comprit que le médecin se faisait du souci pour Sully aussi.

Roberty arriva peu après au restaurant, rejoindre sa femme et l'empêcher de trop travailler et il s'installa auprès de ses amis.

Lui seul savait ce qui mettait Sully dans cet état-là. Cependant, il n'osa pas en parler devant le Dr Mike. Apparemment, elle n'était pas au courant et ce n'était peut-être pas le bon moment pour en discuter.

Quand il vit que Sully ne lâchait pas un seul mot de tout le repas, Roberty se demanda s'il n'aurait pas mieux fait de parler des remarques désobligeantes de Preston.

Il allait peut-être mieux ne pas lancer le sujet devant Sully. Mais il en reparlerait au Dr Mike quand ils seraient seuls tous les deux.

Preston arriva lui aussi au restaurant pour discuter de quelque chose avec Grace. En fait, c'était un prétexte pour encore faire enrager Sully.

« Michaëla, content de voir que vous alliez mieux ! »

« Monsieur Lodge. »

« Je vous ai déjà dit de m'appeler Preston. Et vous, Sully, depuis tout à l'heure à l'écurie ? »

Michaëla regarda son mari et comprit ce qu'il se passait.

Sully ne répondit pas à la question et pour la première fois depuis de longues minutes, il posa une de ses mains autour des épaules de sa femme.

Preston ne voulait pas rester sans réponses de la part de son ennemi encore une fois.

« Encore avec votre femme comme je le disais tout à l'heure. Ça ne vous dérange pas que votre épouse gagne plus d'argent que vous ne pourrez jamais gagner vous-même dans toute votre vie. »

« En quoi cela vous regarde-t-il, MONSIEUR LODGE ? »

« Je disais ça comme ça. Je me pose des questions concernant votre couple peu ordinaire, Michaëla. »

« Mais cela ne vous regarde pas ! »

« Qu'est-ce qu'une femme trop sensuelle comme vous peut-elle faire avec un homme ayant vécu comme un sauvage ? »

« Ça suffit Preston maintenant ! Michaëla et moi nous sommes mariés parce que nous nous aimons sincèrement. Vous ne pourrez jamais vous venter de connaître un amour pareil parce que vous n'éprouverez jamais de sentiments. Une femme ne pourrait pas vivre avec vous parce que vous êtes trop égoïste ! »

Sully se leva, prêt à donner un coup de poing à l'homme qui avait osé s'attaquer à son épouse.

Michaëla le prit par la main pour l'emmener ailleurs.

Sully ne comprit pas trop comment il pouvait se trouver à la clinique avec sa femme, alors que quelques minutes avant, il s'apprêtait à donner une correction à Preston qui l'aurait bien mérité.

« Michaëla ? »

« Je t'ai empêché de commettre l'irréparable ! »

« Tu dois avouer qu'il l'aurait bien mérité ! Je refuse qu'on s'en prenne à toi, et ce, devant toute la ville ! »

« Sully, je suis heureuse que tu prennes ma défense mais ce n'est pas une raison pour te battre avec lui ! »

« Il t'a dit que tu étais une femme trop sensuelle ! Ce qu'il se passe dans notre intimité ne le regarde pas ! Et crois-moi, je sais qu'il n'a pas fini ! »

« Calmes-toi et ramène-moi à la maison, s'il te plait. »

« Ça ne va pas ? »

Il s'était calmé à la minute-même où Michaëla avait prononcé cette phrase. L'inquiétude avait quand même pris le dessus sur la colère qu'il ressentait vis-à-vis de Preston.

« Je suis encore fatiguée. »

« C'est normal. Nous allons rentrer à la maison maintenant si tu le veux bien. »

« Oui, je le veux et je t'aime, mon trésor de mari. »

Il l'entraîna par la main, prit le panneau « closed », le posa sur la porte de la clinique et ferma à clé. Il l'aida à monter et ils se dirigèrent vers chez eux, sans avoir échangé de baisers.

Arrivés à la maison, Sully aida sa femme à descendre du chariot et la souleva jusqu'à la chambre. Il s'apprêta à partir mais Michaëla avait besoin de plus de tendresse de la part de son époux.

« Sully ? Preston t'a contrarié mais ce n'est pas une raison pour ne plus m'embrasser ! »

Il lui donna un baiser léger et s'en alla avant qu'elle n'en demande plus.

Michaëla regretta de ne pas pouvoir le retenir, il semblait si loin d'elle à cet instant. Peut-être regrettait-il sa vie d'avant en forêt ? Il était évident que la discussion qu'ils avaient eu avec Preston l'avait atteint personnellement.

Tout au long de la soirée, malgré les blagues des enfants, qui essayaient de détendre l'atmosphère, Sully ne décocha aucun sourire et n'alla même pas empêcher sa femme de faire la vaisselle. Pourtant, elle aurait bien voulu qu'il le fasse. Elle voulait en savoir plus et elle savait qu'il ne dirait rien face aux enfants en tout cas.

Elle n'avait pas réussi à lui tirer les vers du nez. De ce côté-là, il était comme elle, quand il ne voulait pas parler, il n'y avait aucun moyen. Elle se demandait ce que Preston lui avait dit pour le mettre dans cet état-là. Elle essaya une approche tendre. Elle alla s'asseoir près de lui, et mit ses bras autour de la taille.

« Sully ? »

« Oui ? »

Il se sentit obligé de lui répondre même s'il n'était pas d'humeur à accepter ses avances.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Dis-le moi, parce que tu es en train d'éviter tout le monde à cause de ça. »

« Ce n'est pas vrai, Michaëla. »

« Les enfants parlaient et tu ne les écoutais pas ! »

« Je suis fatigué ! »

« C'est tout ! Je croyais qu'on avait décidé de tout se dire ! »

« Je t'ai déjà dit que je n'ai rien à dire ! »

« Je ne te crois pas ! »

« Quand est-ce que tu vas me faire confiance ?! Notre couple est basé sur la confiance, je te rappelle ! »

« C'est parce que tu ne veux pas me dire ce qui te tracasse. »

« Il n'y a rien ! Je suis fatigué ! »

« Je croyais que nous avions décidé de tout nous dire ! C'est comme après notre mariage et que tu étais perdu, tu ne me disais rien et c'est moi qui t'ai fait comprendre pourquoi ! »

« Ce n'est pas possible, quand tu as quelque chose en tête, il n'y a pas moyen de t'en sortir ! »

« Sully, tu ne trouves pas normal que je demande ! Je n'ai pas le droit ! C'est ça que tu vas me dire ! »

« Je n'ai pas envie d'en parler ! »

Sur ce, il prit son manteau et partit, sous les protestations de Michaëla.

Elle ne l'avait pas revu de toute la nuit, qu'elle avait passé sans fermer l'œil. Et elle décida d'aller à la clinique le lendemain pour se changer les idées.

Pourtant, elle ne sentait pas bien, elle ne savait pas si c'était l'inquiétude pour Sully ou autre chose qui la faisait se sentir comme ça. Les enfants trouvèrent étrange que leur père ne soit pas là mais ne posèrent pas de questions quand ils virent l'état de Michaëla.

Colleen avait essayé de la convaincre de rester à la maison mais elle ne l'avait pas écouté, et en plus, sa mère lui avait dit qu'elle devait rester à l'école aujourd'hui et ne pas venir à la clinique avec elle.

Quand Roberty les vit entrer sans Sully, il se dit que son devoir était de la tenir au courant de ce qui s'était passé la veille. Il les suivait de loin et vit qu'elle était seule dans son bureau. C'était donc le moment de discuter avec elle.

Il rentra à l'intérieur.

« Docteur Mike, je me demandais si je pouvais vous parler deux minutes ? »

« Oui, bien sûr. »

« C'est à propos de Sully, j'ai vu qu'il n'était pas avec vous aujourd'hui. Comment vous dire ? »

« Dites simplement ! »

« Hier, Preston est passé à l'écurie et je crois que je sais pourquoi Sully est parti parce qu'il n'est pas avec vous, n'est-ce pas ? »

« Oui, et je n'ai aucune nouvelle de lui ! Je suis inquiète alors dites-moi ce qu'il s'est passé. »

« Il lui a parlé d'une manière grossière en lui disant qu'il accourait chaque fois que vous siffliez ! Il le comparait à un chien. Et je crois qu'il a sous-entendu que sa place était en forêt et non auprès de vous. Et puis, vous avez entendu comment il lui a parlé au restaurant ! »

« Je comprends pourquoi il était aussi secoué. J'ai essayé de le faire parler avec moi mais il n'y a aucun moyen. Au lieu de ça, il m'a quittée en pleine nuit et je ne sais pas où il est allé. Je ne peux de toute façon aller à sa recherche toute seule ! »

« Je vais y aller moi ! »

« Merci Roberty ! »

Robert E se dirigea vers la réserve où il pensait trouver son ami. Il le vit assis au loin, apparemment perdu dans ses pensées. Nuage Dansant n'était pas loin de son frère blanc.

Plutôt que d'aller vers Sully, Roberty marcha pour se retrouver aux côtés de l'indien.

« Je savais que vous viendriez ! »

« Comment ? »

« Je le sais, c'est tout ! C'est à propos de Sully ? »

« Oui, en effet ! »

« Je sais qu'il n'est pas très bien. Il est arrivé hier soir dans l'état dans lequel vous le voyez maintenant. Je n'ai pas réussi à lui faire dire quelque chose. J'ai essayé de lui faire comprendre que Michaëla serait inquiète si elle ne le voyait plus mais il n'a même pas entendu ce que je lui ai dit. »

« Je suis venu voir si je pouvais faire quelque chose mais je ne suis pas sûr d'y arriver ! »

« Je ne crois pas que ce soit le moment ! Il est comme ça à cause du banquier, je le sais. »

« Le docteur Mike était vraiment inquiète pour lui, et quand je vais lui dire que je n'ai pas parlé avec Sully, je crois bien qu'elle voudra venir ici le voir. »

« Si elle veut le faire, qu'elle le fasse, peut-être qu'elle pourra le faire sortir de son mutisme. »

« Je vais aller lui dire de ce pas, et je demanderai à Matthew de l'accompagner si elle ne veut pas que ce soit moi. »

« C'est une bonne idée. En attendant, je tenterais à nouveau de discuter avec lui. »

Robert E hocha la tête, sauta sur son cheval et partit vers la ville. Il aperçut Matthew et le héla.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Je pense que ta mère aura besoin de toi. »

« Pourquoi ? »

« Sully est à la réserve. Nuage Dansant et moi n'arrivons pas à lui parler. Peut-être qu'elle le pourra ! »

« Je comprends pourquoi elle avait l’air aussi triste quand je l’ai vue ce matin ! »

« Il faut que j’aille discuter avec elle ! Tu m’accompagnes ? »

Matthew acquiesça et le suivit.

Ils frappèrent à la clinique et entrèrent à l’intérieur.

« Que puis-je faire pour vous ? » Demanda-t-elle sans savoir à qui elle s’adressait.

« Je reviens de la réserve, Dr Mike. »

« Robert E ! … Comment va Sully ? »

« Je n’ai pas pu lui parler. Nuage Dansant était près de lui et lui aussi n’a rien pu y faire ! »

« Je dois y aller ! Il a besoin de moi. Vous voulez bien prévenir en ville que je m’en vais. J’espère qu’il n’y aura pas d’urgences. »

« Bien sûr, docteur Mike », dit Robert E qui s’exécuta.

« Je vous suis à la réserve. »

« Ce n’est pas la peine, Matthew. »

« Sully voudrait que je vienne avec vous. Alors, pas de discussions ! »

« Je ne sais pas s’il voudra de moi, Matthew. »

« Pourquoi est-ce que vous dites ça ? »

« Nous nous sommes disputés hier soir. D’habitude, il revient vers moi et nous nous excusons mutuellement mais là, il n’est pas revenu. »

« Il n’y a que vous qui pussiez l’aider ! J’ai confiance en vous. »

« Je ne sais pas si tu as raison. »

« Allez, venez ! »

Elle acquiesça, le laissa l’aider à monter dans le chariot et ils partirent.

Cependant, elle n’était toujours pas confiante. Elle avait ce doute en elle. Pourrait-elle arriver à le faire revenir vers elle ?

Voudrait-il lui pardonner pour la veille ?

Si elle arrivait à faire tout ça, alors elle aurait gagné mais il y a quelqu’un qui aurait de ses nouvelles.

Elle se le promettait !

Michaëla vit immédiatement l’air absent de son mari quand ils s’arrêtèrent près de lui à la réserve. Elle s’approcha de lui, Matthew s’étant mis aux côtés de Nuage Dansant de lui-même.

« Sully ? »

Il ne semblait pas l’entendre.

« Sully ? C’est moi, Michaëla ! »

« Michaëla ? Qu’est-ce que tu fais là ? Je ne veux pas te voir ! Pas après ce qu’il s’est passé hier soir. »

« Je suis là et tu vas devoir me supporter. Tu n’imagines pas que je me suis inquiété cette nuit. »

« Tu n’avais pas besoin de le faire ! »

« Je ne peux pas m’en empêcher, c’est comme ça à chaque fois que nous nous disputons ! »

« Et tu es venue ici, toute seule, dans ton état ? »

« Ah, quand même, tu te soucies de moi ! Non, Matthew m’a accompagnée. »

« Je préfère ça ! Maintenant que tu sais où je suis, tu n’as pas de raisons de te tracasser pour moi, alors tu peux retourner à la maison te reposer. »

« Je n’irai pas sans toi ! »

« Je ne peux pas venir ! »

« Et pourquoi ça ? Parce que Preston t’a dit que tu étais comme un chien pour moi ! Est-ce que tu te sens vraiment comme ça ? Je t’aime, Sully, et je n’ai jamais voulu que tu m’obéisses en tout ! »

Elle était en larmes. Cela le troublait et le touchait. Il détestait la voir pleurer, d’autant plus quand il en était la cause. Il la prit contre lui et la serra dans ses bras, premier geste de tendresse depuis la veille. Il l’embrassa sur les cheveux. De loin, Matthew et Nuage Dansant assistèrent à cette scène et en furent soulagés.

« Michaëla, je suis désolé pour ce qui je t’ai dit hier soir. Ce n’est pas à toi que j’en veux mais à lui. Je t’ai crié dessus alors que tu n’y étais pour rien. »

« Je suis désolée aussi, Sully. »

« Je vais rentrer à la maison avec toi tout de suite. Tu es encore fatiguée, je le vois. »

Elle le regarda dans les yeux. Oui, il l’aimait et il allait bien rentrer à la maison.

« Je t’aime, Michaëla. »

Alors qu’il s’approchait d’elle pour l’embrasser, elle se recula.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Je ne suis pas venue seule, rappelle-toi. Nous sommes observés ! »

Il se retourna et aperçut Matthew et Nuage Dansant, à qui il adressa un geste de salut.

« Ils nous ont déjà vu nous embrasser. »

Et avant qu’elle proteste encore une fois, il posa ses lèvres sur les siennes pour un long baiser plein d’amour, auquel elle ne put s’empêcher de répondre.

Quand Matthew et Nuage Dansant virent ça, ils savaient tous deux que Sully avait repris le bon chemin.

« Nous rentrons chez nous maintenant ! »

« Oui », répondit-elle.

Il se leva et lui tendit la main. Depuis qu’elle était assise, elle se sentait mieux mais quand elle se retrouva sur ses pieds, elle se sentit partir, bientôt retenue par deux bras puissants.

Matthew se précipita vers ses parents pour aider Sully.

Le futur papa souleva sa femme dans ses bras jusqu’à la tente de son frère Cheyenne, là où il avait pu se réfugier la veille.

Il la déposa délicatement.

« Matthew, va en ville et préviens le docteur Cassidy, il doit encore être là. Je vais rester ici avec elle et rassure aussi Brian et Colleen. »

« D’accord, Sully. Je suis sûr que ce n’est rien ! Elle est juste fatiguée. »

« Je crois bien que tu as raison mais je crois que c’est normal que je sois inquiet. »

« J’y vais. »

L’homme médecine entra dans la tente où était le couple, après le départ du jeune homme, et examina à sa manière Michaëla.

« Elle va bien. »

« Je n’en suis pas aussi sûr que toi. C’est de ma faute. Je savais que je ne devais pas la laisser seule. »

Sully était toujours auprès de Michaëla avec son frère Cheyenne. Il ne cessait pas de lui caresser son front en la suppliant de se réveiller.

Elle battit des paupières, elle voyait flou et referma les yeux.

« Michaëla ? Tu dois te réveiller. »

Elle entendit la voix inquiète de son mari et se concentra dessus. Finalement, elle réussit à garder les yeux ouverts. Elle chercha à se repérer.

« Tu es à la réserve. Ne t'inquiète pas, le docteur va arriver. »

« Que s'est-il passé ? » Dit-elle d'une voix incertaine.

« Tu t'es évanouie. Je crois que tu aurais mieux fait de rester à la maison ! C'est de ma faute ! »

« Non, Sully, et je crois que ça va aller. Je voudrai rentrer à la maison. »

« Non, pas tant que Cassidy ne sera pas venu t'examiner ici. »

« Je vais bien ! »

« Tu es encore fatiguée. Aujourd'hui, tu aurais encore dû rester allongée chez nous. »

« Cassidy a dit que je pouvais reprendre mes activités. »

« Qu'est-ce que tu dirais à une femme dans ton cas ? »

« Qu'elle doit rester alitée et se reposer au maximum. »

« Et c'est ce que tu vas faire ! »

« Mais ce n'est pas aussi grave que la dernière fois, je ne perds pas de sang ! »

« Je ne veux pas que tu en arrives là. Si je t'ai parlé d'Abigaël l'autre jour, c'est que j'ai eu peur pour toi. Ça m'a rappelé tout ce que j'ai du traverser avant de te rencontrer et de me marier avec toi. »

« Je l'ai compris, Sully. Je te promets que je vais suivre les conseils que je donne à mes patientes. »

« J'espère seulement que tu tiendras cette promesse ! »

« Sully ! »

« Tu sais que j'ai raison. Quand tu te sentiras mieux, tu ne suivras pas ce conseil. Je t'aime comme tu es, rassure-toi ! »

Il avait dit ça pour pas qu'elle proteste. Il fallait qu'elle l'écoute, elle le savait. Alors oui, elle allait ravaler sa fierté.

Peut-être qu'enfin elle allait l'écouter sans qu'il soit obligé de l'attacher !

Sur cette dernière intervention de Sully, le docteur arriva, non content de devoir encore se trouver en face de cette femme médecin. Il avait reporté son départ pour profiter plus longtemps du saloon.

« Bonjour, madame Sully ! »

« Alors, vous ne m'avez pas écouté, vous n'en avez fait qu'à votre tête ! »

« Docteur Cassidy, vous êtes venu là pour la soigner ou pour encore vous mêler des histoires qui ne vous regardent pas ? »

Le médecin se tut immédiatement, comprenant que Sully ne plaisantait pas. Il s'éxecuta et examina sa consoeur.

« Il semble que vous ayez simplement fait un malaise d'épuisement. Je vous conseille vraiment de rentrer chez vous, de vous allonger et de vous reposer pendant au moins quatre jours. Étant donné que je suis encore là, je m'occuperais de vos patients à votre place pendant ce temps-là. Et s'il vous plait, écoutez-moi cette fois-ci. Pensez à votre bébé ! »

« Elle se reposera, j'y veillerai ! »

« Je l'espère, monsieur Sully. A votre place, j'ordonnerai à ma femme de rester à la maison ! »

« Je vous ai déjà dit de vous mêler de ce qui vous regarde et de ne pas vous imiscer dans notre vie de couple. »

« Ce que j'en dit, après tout ! »

« Matthew, aide-moi à préparer le chariot pour qu'il soit confortable pour ta mère. Nous allons rentrer à la maison. Docteur, vous pouvez retourner auprès de vos patients en ville. »

Et Sully s'empressa de faire ce qu'il avait dit avant que le médecin rajoute son grain de sel ! Cassidy repartit par là où il était arrivé sans ajouter quoi que ce soit.

Il porta sa femme jusqu'au chariot et la mit sur le lit qu'ils avaient improvisé le plus confortablement possible. Ils partirent vers chez eux, avec la promesse de Nuage Dansant de venir les voir bientôt. Dès qu'ils furent rentrés, il la souleva dans ses bras pour l'emmener dans leur chambre pour qu'elle dorme rapidement. Elle était épuisée, alors elle succomba vite à sa fatigue. Sully et Matthew se retrouvèrent seuls au rez-de-chaussée.

Assis tous deux autour de la table, ils maintenaient un silence religieux. Comprenant que Sully ne lancerait pas la conversation de lui-même, Matthew se décida à parler.

« Elle s'est endormie ? »

« Oui. Elle était épuisée. »

« Tout s'est arrangé entre vous ? »

« Oui. »

« Tu sais que maman se faisait beaucoup de souci pour toi. Je l'ai vu, en tout cas ce matin, quand Robert E lui a parlé de ce qu'il s'était passé avec Preston. »

« Je le sais, elle me l'a dit. Je ne me suis pas rendu compte de ce qu'elle vivait. Il n'y a que quand elle a fait son malaise que je m'en suis aperçu. Seulement, il était déjà trop tard. »

« Je sais ce que tu as pu ressentir quand Preston t'a dit ce qu'il t'a dit. Si tu veux, je vais le voir et je lui parle. »

« C'est à moi de lui régler cette histoire, Matthew. »

« Je le sais, je souhaitais juste te faire savoir que j'étais là pour t'aider. Je ne veux plus revoir le docteur Mike dans cet état ! »

« Moi non plus ! Quand elle est tombée dans mes bras, tu ne peux pas savoir ce que j'ai ressenti. »

« Je l'imagine ! »

« Je m'en voulais, Matthex, d'être parti sans lui expliquer pourquoi je le faisais. Elle a cru que Preston avait raison, alors que ce n'était pas du tout le cas. »

Michaëla descendait les escaliers doucement, passant inaperçue aux yeux des deux hommes.

Elle avait entendu les dernières paroles de Sully et avait bouleversée par sa tristesse.

« Tu comprends, je l'aime comme je n'ai jamais pensé pouvoir aimer un jour. Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose de mal, je n'y survivrai pas ! »

Matthew s'était enfin rendu compte de la présence de sa mère et il ne savait pas comment réagir ou s'il fallait qu'il le dise à Sully ou non.

Que devait-il faire ?

Finalement, ce fut elle qui lui fit connaître sa présence. Elle descendit les escaliers.

« Tu ne pouvais pas savoir que j'allais faire un malaise. Ce n'était pas de ta faute ! »

« Michaëla, qu'est-ce que tu fais là ? Tu es censée te reposer ! Tu n'aurais jamais dû te lever mais nous appeler ! »

« J'avais besoin d'entendre tout ça ! Je pense que Preston va savoir ce qu'il nous a fait en disant ces mots ! »

« Tu auras beau dire ce que tu voudras, ce sera pareil ! Tu n'aurais pas dû te lever, tu veux que je te rappelle ce que Cassidy t'a dit ! Tu dois te reposer pendant au moins quatre jours et je compte bien te faire écouter cet ordre pour ta santé et celle du bébé ! »

« Je me sens beaucoup mieux ! »

« Oui, bien sûr, tu as raison. Tu n'as pas dormi beaucoup mais au sinon tu as raison ! »

« Tu n'écoutes jamais ce qu'on te dit ! »

« Sully ! Tu exagères ! »

« Non pas du tout ! Dis-lui, Matthew ! »

Le jeune homme ne répondit pas, ne voulant pas du tout se mêler de leur dispute. Il devait reconnaître tout de même que Sully disait vrai. Mais aussi, Michaëla avait raison quand elle sous-entendait que son mari ne lui aurait rien dit si elle n'avait pas entendu la conversation entre lui et leur fils.

Sully se leva et la souleva dans ses bras pour la ramener au lit, n'écoutant pas ses protestations.

« Sully, si je te dis que je me sens mieux ! Sully, je te parle ! »

« Je n'entends rien ! Tu ne peux faire ce que tu veux, je ne changerai pas d'avis ! »

« Tu es toi aussi têtu et tu me le reproches ! »

Il la posa sur le lit et l'allongea confortablement.

« Tu ne dis plus rien et tu te dépêches de te rendormir ! »

« Mais ... »

« Il n'y a pas de mais ! Tu te reposes ! »

Elle comprit qu'elle ne gagnerait pas et qu'il ferait d'elle ce qu'il voudrait sans qu'elle proteste, alors elle se tut et ferma les yeux.

Le lendemain, après un peu de repos, le couple se sentait mieux, Sully comptait en découdre avec Preston et lui faire ravaler sa langue pour un long moment.

Michaëla avait les mêmes pensées mais elle n'osait pas trop l'avouer à son mari qui voulait qu'elle reste calme le plus longtemps possible. Il avait peur qu'elle fasse un malaise si elle était trop énervée.

Il lui prépara le petit déjeuner et lui porta au lit et qu'elle ne puisse pas bouger, elle n'aimait pas ça mais elle n'avait pas trop le choix.

Finalement, ce fut un moment tendre entre eux, où ils échangèrent des baisers. Mais ce moment tendre fut interrompu quand ils entendirent le son de sabots de cheval se dirigeant vers chez eux.

"Qui cela peut-il être ? Tout le monde sait que tu es convalescente. Je vais voir ce que c'est. Tu me promets de rester couchée et de ne pas faire de folies ?"

Elle ne lui donna pas de réponses, comme si elle n'avait pas écouté sa recommandation. Il espérait que leur visiteur n'allait pas les importuner trop longtemps. Il ouvrit la porte et vit Preston descendre de cheval et aller vers lui.

« Bonjour Sully ! »

« Que venez-vous faire ici ? »

« Je voulais vous proposer un travail. »

« Et ça ne pouvait pas attendre quelques jours. »

« Non et c'est pour vous que je le fais. Vous devez avoir besoin d'argent. Ce n'est pas votre travail en tant qu'agent indien qui doit vous rapporter beaucoup. »

« Je n'ai pas besoin de votre aide. »

Michaëla entendit les voix des deux hommes de sa chambre, se leva pour aller à la fenêtre et essayer de voir si elle pouvait comprendre ce qu'il se passait.

De là où elle était, il lui était difficile de savoir qui était avec Sully.

Malgré l'ordre affectif de son époux, elle décida de descendre pour identifier la personne qui ennuyait son mari.

Elle regarda par la fenêtre d'en bas et reconnut enfin Preston.

Elle se demanda ce qu'il voulait.

Elle entendit enfin distinctement les paroles.

« Réfléchissez à ma proposition , Sully, personne ne vous offrira un meilleur choix. »

« Je vous ai déjà dit non ! »

« Mais enfin, votre femme va s'arrêter de travailler à un moment donné et vous aurez besoin d'argent ! »

« Mon mari vient de vous dire qu'il n'était pas intéressé. »

Elle avait ouvert la porte et s'était dirigé vers les deux hommes, qui descendaient au bas des escaliers, sans qu'aucun des deux ne l'aperçoive.

« Qu'est-ce que tu fais là ? »

« Tu dois rester allongée et te reposer. »

« Bonjour Michaëla. Heureux de voir que vous allez mieux. »

« Tout va bien, Sully. »

« Peut-être que vous serez d'accord avec mon offre de travail. J'ai besoin de lui pour me construire une maison. Il n'a même pas voulu entendre ce que je prévoyais de faire. Dès qu'il a entendu le mot « travail », il a refusé. »

« C'est à lui de décider et s'il a dit non, je respecte sa décision. »

« Michaëla a raison. J'ai refusé ! Combien de fois faudra-t-il que je vous le répète pour que vous compreniez ?! »

« C'est bien ce que je pensais. Vous n'avez pas envie de travailler. »

« Et vous vous trompez ! J'ai aimé construire cette maison pour ma famille. Ça ne m'intéresse tout simplement pas de le faire pour vous, payé ou non. »

« Mais vous aurez besoin d'argent à un moment donné ! »

« Pourquoi êtes-vous venu ici ? Pour que j'ai honte d'être moins bien payé que MA femme ?! Pour me faire comprendre que je ne suis pas à votre hauteur ?! C'est sûr, nous sommes différents tous les deux et vous voulez que je vous dise pourquoi ?! Parce que pour vous il n'y a que l'argent qui a de la valeur ! Il y a aussi de l'amour ! Je crois que que vous ne saurez jamais ce qu'est que d'être amoureux de quelqu'un ! »

Michaëla fut heureuse et en même temps surprise que son mari arrive à clouer le bec à Preston, qui l'avait malmené jusque là. Le banquier n'en menait pas large pour l'instant et préféra s'en aller, se promettant de trouver autre chose pour le ridiculiser Sully aux yeux des habitants, mais n'ayant aucune idée de comment faire pour l'instant.

Sully se tourna vers sa femme dès que Preston fut hors de vue.

« Il ne savait plus quoi dire ! J'avoue que tu m'as beaucoup surprise ! »

« Il n'avait pas qu'à me provoquer ! Il l'a cherché, il l'a eue ! »

« Il a bien mérité tout ce que tu lui as dit ! »

« Je ne crois pas que ce soit fini pour autant ! »

« Je sais ! Je suis fière de toi. Nous n'avons pas besoin de ses services. Nous nous sommes toujours débrouillés jusque là ! »

« Tu as raison, Michaëla. Nous y arriverons ensemble comme nous l'avons toujours fait ! Mais tout de suite, tu dois retourner t'allonger ! Tu n'aurais pas dû te lever ! »

Il la souleva dans ses bras et la porta dans leur chambre. Elle n'eut pas le temps de protester.

Une fois qu'il l'eut déposée tendrement sur le lit (elle était descendue en robe de chambre, il lui avait donc enlevée) et bordée tendrement, il ne put s'empêcher de l'interroger.

« Est-ce que tu peux me dire pourquoi tu as désobéi à mes ordres ?! »

« Ce n'était pas un ordre que tu m'avais donné, simplement un conseil ! »

« Ça ne m'explique pas pourquoi tu es descendue et que tu es venue te mêler de notre conversation. »

« J'ai entendu vos voix et tu semblais en colère. Je me suis demandé qui pouvait te mettre dans un état pareil. Quand j'ai reconnut Preston, je suis sortie pour t'aide, mais je crois que tu n'avais pas besoin que je vienne m'immiscer dans votre conversation. Je suis convaincue que tu aurais su le remettre à sa place tout seul. »

« Bien sûr que j'y serai arrivé, que crois-tu ? Que ton mari se laisse marcher sur les pieds sans dire aïe et bien non. »

« Je n'ai jamais douté de toi, Sully ! »

« Je sais, je plaisantais, Michaëla. »

Il l'embrassa tendrement.

« Assez de discussion pour l'instant », décida-t-il.

« Mais enfin, Sully, pourquoi tu me dis ça ? Je me sens bien. »

« Tu dois encore te reposer. »

« Me reposer ? C'est dommage parce que j'avais autre chose en tête. »

« Et quoi donc ? Si c'est ce à quoi je pense, c'est hors de question ! Tu es assez mal en point ! »

« Mais Sully, ça fait maintenant deux semaines que nous n'avons pas fait l'amour et tu me manques ! »

« Tu me manques aussi, plus que tu ne peux l'imaginer mais nous ne le ferons pas tant que tu ne seras pas entièrement guérie ! »

« J'ai tellement besoin de toi, Sully, et puis, dans quelque temps, nous ne pourrons plus faire l'amour parce que je serai trop proche de l'accouchement, alors que pour l'instant, il n'y a aucun risque ! »

« Michaëla, je t'ai déjà dit que non et tu ne gagneras pas ! »

« Viens dans le lit avec moi, serre-moi dans tes bras, s'il te plait ! »

Il ne pouvait pas lui refuser ça aussi, il s'exécuta rapidement et immédiatement. Dès qu'il se rapprocha d'elle, il put sentir son pied caresser sensuellement sa jambe, et son corps réagit instantanément.

« Michaëla, qu'est-ce que tu fais ? Tu dois rester sage ! »

« Sully, s'il te plait ? »

« Non, Michaëla, j'ai dit non et je ne reviendrai pas sur ma décision ! Alors soit tu arrêtes de faire ça et nous restons dans les bras l'un de l'autre, ou je me lève. Que préfères-tu ? »

« D'accord, tu as gagné pour aujourd'hui mais je ne compte pas abandonner et je me rappellerai de là où nous en étions pour la prochaine fois ! »

« Je compte sur toi ! »

« Pourquoi tu ne t'en rappellerais pas ?! »

« Je pense que si ! Mais maintenant ferme les yeux et relaxe-toi ! »

Il lui massa le cou et le dos amoureusement, essayant de la détendre au maximum et surtout de lui faire oublier ses envies coquines qui n'étaient pas raisonnables dans son état de santé actuel.

Une semaine plus tard, Michaëla était enfin apte à travailler de nouveau même s'il fallait absolument qu'elle réduise ses heures afin de se reposer quand cela était possible.

Sully était retourné à la réserve et s'était aperçu que tout s'était bien passé en son absence. Il avait vu Nuage Dansant qui l'avait rassuré sur l'état de Michaëla, lui disant que le pire était derrière eux.

Elle était seule à la clinique à penser aux jours merveilleux qu'ils avaient passé ensemble à la maison, pendant qu'elle se reposait.

Ils avaient parlé de beaucoup de choses ensemble et cela avait renforcé leurs sentiments. Michaëla avait vu le docteur Cassidy avant qu'il ne parte définitivement à Denver et elle avait reçu un certificat de bonne santé sous tous les points. Elle était impatiente de le dire à son mari et de le retrouver.

Justement, il devait passer la chercher à midi et ils déjeuneraient ensemble chez Grace, en toute tranquillité, et c'est ce qui se passa.

Tous les deux se dirigeaient vers la clinique, où Michaëla espérait avoir le temps de parler avec Sully.

Mais avant qu'elle ait pu prononcer un seul mot, la cloche annonçant un nouveau patient sonna.

« Oh non ! Qui cela peut-il être ? » Rouspéta-t-elle.

Elle alla ouvrir, alors que Sully était encore médusé par sa réaction.

« Monsieur Lodge, que venez-vous faire là ? »

Finalement, Sully comprit la réaction de sa femme et était prêt à abonder dans son sens.

« Je voulais vous parler à tous les deux. Je tombe bien, non ? »

« Si c'est encore à propos de cette proposition, ce n'est pas la peine ! » Dit Michaëla.

« Vous ne voulez même pas y réfléchir tous les deux. Comme je vous l'ai dit, personne ne vous en fera une de pareil de sitôt ! »

« Je croyais vous avoir fait comprendre que je n'étais pas intéressé par l'argent que vous vous me proposez. Nous arrivons à nous en sortir sans votre aide. J'espère que ce sera toujours le cas ! »

« Monsieur Lodge, mon mari a été assez clair, non ? »

Elle se rapprocha de Sully, prêt à intervenir d'une autre manière et elle lui prit la main pour l'empêcher de le faire.

« Je n'ai pas compris la façon dont il m'a traité, je n'étais venu vous voir qu'en ami ! »

« Monsieur Lodge, ce que vous a dit mon mari. Vous vouliez le ridiculiser aux yeux des autres mais personne en ville n'abondera dans votre sens. Les habitants apprécient son honnêteté et son sens de la solidarité, choses que vous ne posséderez malheureusement jamais ! »

Preston resta bouche bée et Sully était émerveillé à l'entente de cette sorte de plaidoyer pour sa défense.

Un peu plus, il se serait cru dans un tribunal avec sa femme le défendant comme on défend un innocent et où on condamne l'accusateur.

Le banquier ne trouvait pas les mots pour les importuner tous les deux plus longtemps. Il se promettait de ne plus chercher l'ennui à ce couple.

Il préféra partir de lui-même et Sully fut soulagé qu'il parte aussi rapidement. Tout s'était réglé sans usage de violence.

« Je suis très fier de toi, Michaëla. Pourquoi m'as-tu défendu comme ça ? »

« Tu ne sais pas la réponse ! Il ne fait que t'attaquer mais là, il a trouvé plus forts que lui. Entre toi et moi, je crois qu'il en a assez entendu pour nous ficher la paix ! »

« En es-tu vraiment sûre ? »

« Je crois que oui. Enfin, il nous laissera en paix ! Bon, maintenant nous allons pouvoir discuter tous les deux sans interruptions. »

« Qu'avais-tu à me dire ? Mais oui, bien sûr, tu devais voir Cassidy, non ? »

« Oui, je l'ai vu et il m'a dit que tout allait bien maintenant, autant pour le bébé que pour moi. »

« Et c'est tout ? »

Elle ne lui répondit pas, voulant le faire languir un peu plus, même s'il la suppliait, elle ne dirait rien.

Elle attendait leur retour à la maison, où ils pourraient discuter tranquillement en amoureux.

Maintenant rentrés chez eux, Sully fit en sorte que sa femme ne se fatigue pas plus que nécessaire. Il avait essayé d'insister pour savoir ce que le médecin lui avait dit exactement mais ça n'avait pas marché.

Il était rassuré sur son état parce qu'elle lui avait dit que tout allait bien pour elle et le bébé. Mais elle ne lui avait pas tout dit, il en était sûr !

Il avait laissé les chevaux devant la maison, et il décida d'aller les soigner avant qu'ils ne s'énervent. Il espérait que Michaëla ne ferait rien d'insensé pendant ce temps-là. Quand il revint, il vit que contrairement à son habitude, elle n'avait pas bougé.

Elle semblait l'attendre impatiemment, ce qui ne lui ressemblait pas du tout.

« Qu'est-ce qu'il se passe, mon ange ? Quelque chose ne va pas ? C'est le bébé ? Dis-moi s'il te plait ! » S'inquiéta-t-il quand il la vit comme ça.

« Non, je t'ai dit que tout allait bien. Je cherche comment je peux t'annoncer cela. Voilà, le docteur Cassidy m'a dit que j'étais apte à reprendre toutes mes activités normalement et je dis bien TOUTES ! »

« Qu'est-ce que tu essaies de me dire , »

« Nous pouvons refaire l'amour quand tu le voudras ! »

« Et tu m'annonces ça de cette manière-là ! Je croyais que tu avais compris que ce n'était pas comme ça que ça marchait entre nous. Il faut que toi aussi tu en aies envie ! »

« J'étais impatiente de l'entendre, Sully ! Comme je te disais l'autre jour, ce sera peut-être notre dernière fois avant la naissance du bébé. »

« Pas maintenant, Michaëla. »

« Et pourquoi ? Tu n'en as pas envie ? »

« Ce n'est pas ça, Michaëla, seulement ça ne conviendrait pas au bébé et je ne veux pas te faire mal. »

« Je suis sûre que ça ne la dérangera pas du tout et puis tu seras très doux comme tu l'es d'habitude. »

« La ? »

« Excuse-moi, ça m'a échappé. »

Sully ne comprenait pas pourquoi elle avait laissé sortir ce mot, c'était comme si elle avait deviné le sexe du bébé.

Attention, le paragraphe qui suit est déconseillé aux moins
de 16 ans car il contient des scènes à caractères sexuels entre deux personnes
mariés qui expriment leur amour et cela pourrait choquer les plus jeunes
lecteurs.

Sully s'éloigna d'elle, espérant échapper à ses tentatives d'approche. Mais, à force de reculer, il se retrouva contre le mur et Michaëla réussit à s'emparer de ses lèvres.

Alors qu'elle s'approchait de lui, elle commença à lui administrer des caresses directes, lui faisant comprendre ce qu'elle voulait.

Sully était complètement sous son charme et il savait qu'il ne pourrait pas résister plus longtemps à ses avances, si elle continuait comme ça. Il tenta de lui parler.

« Michaëla ? »

« Chut ! »

Elle posa son doigt sur ses lèvres et lui donna un long et langoureux baiser qui acheva de le séduire et de le convaincre qu'elle avait vraiment envie de faire l'amour avec lui. Lui aussi maintenant la caressait sensuellement, la sentant fondre dans ses bras et l'emmena dans l'intimité de leur chambre.

Il l'aida à se déshabiller et la déposa tendrement au coeur du lit, voulant s'assurer de son confort. Il alla à ses côtés, simplement vêtu de son pantalon. Aussitôt, elle se rapprocha, dirigeant ses doigts vers son torse, et les faisant traîner jusqu'à son ventre comme s'il s'agissait de papillons.

Et sa main s'arrêta au bouton de son pantalon, se mordant la lèvre supérieure tout en regardant son mari pour voir sa réaction. Quand elle vit son sourire, elle dégrafa son pantalon et le baissa sur ses genoux. Il se releva pour l'enlever complètement.

Lui aussi se mit à être tactile, provoquant des frissons sur sa peau de femme, là où il la touchait.

Chacun d'eux se touchait comme s'il s'agissait de leur première fois à tous les deux, comme s'ils se découvraient pour la première fois.

Enfin, Michaëla se mit sur lui, le laissant la rejoindre pour un long moment d'extase, de plaisir et d'amour sans cesse renouvelés. Ce fut si enthousiaste qu'aucun d'eux ne savaient quoi dire quand leurs désirs furent comblés.

Ils n'auraient jamais imaginé pouvoir encore revivre une passion aussi intacte que lors de leur nuit de noces.

Et bientôt, ils allaient enfin connaître le visage de leur bébé tant attendu.

FIN