Chapitre 37 : En amoureux

« Notre bébé doit manger, et donc, sa maman aussi. »
Installés tous les deux très rapidement, après leur arrivée, ils ne se rappelaient même plus de leur dispute.
Volontairement, ils avaient demandé à être le plus éloigné possible des autres, afin de pouvoir vraiment déjeuner en amoureux.
Contrairement à ce qu'elle avait pensé, Michaëla avait dévoré le repas et elle se sentit épuisée peu de temps après.
Ils avaient profité de l'ambiance pour un peu se détendre, puis ils étaient montés pour se reposer.
La seule à avoir trouvé le sommeil fut Michaëla, car Sully avait l'esprit ailleurs.
Le passé venait de s'imposer à lui d'une manière brutale, alors qu'il observait sa femme dans son sommeil.
Une jeune brune venait vers lui en sortant du magasin de Loren. Au vu des regards et des gestes du vieil homme, il était clair qu'ils venaient de se disputer.
Le commerçant n'avait pas approuvé leur mariage au début, puis il avait fini par se rendre compte de l'amour de Sully pour sa fille.
Puis, ils s'étaient mariés assez rapidement. Abigail était tombée enceinte très facilement, et puis, il y avait eu cet accident horrible.
Tout lui revint, le visage ensanglanté d'Abigail, qui suppliait les pompiers de tout faire pour sauver son bébé, même si elle devait en mourir.
Mais les docteurs avaient eu beau tout faire, ils n'avaient pas les sauver ni elle, ni le bébé.

Les larmes se mirent à couler sur ses joues. Michaëla sentit les muscles de son mari se tendre à l'extrême.

Quelque chose se passait sans qu'elle arrive à déterminer de quoi il s'agissait.
Elle l'appela pour essayer d'attirer son attention mais il semblait ne pas l'entendre.
Son regard était perdu dans le vide.
Elle décida de le sortir de son rêve éveillé.
« Sully ? A quoi tu penses ? »
« Rendors-toi, tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour moi. »
Elle n'allait pas laisser tomber comme ça. Il était beaucoup plus triste qu'il y a quelques heures, et il y avait forcément une raison à cela.
« Tu ne me feras pas croire ça ! Tu dois me dire ce qui ne va pas ! »
« J'ai un peu trop pensé au passé. Ça te va comme réponse ! »
« Non. Ce n'est pas suffisant. Je ne vois pas pourquoi tu me tiens éloignée. »
« Je ne te tiens pas éloignée. Je t'aime, tu le sais. Mais je n'ai pas envie de t'en parler. »
Elle se leva du lit pour aller se mettre en face de lui, et ainsi pouvoir capter son regard.
« Pendant que je dormais, tu as pensé à quelque chose. J'aimerai que tu m'en parles. »
Il se leva pour aller plus loin. Il comprenait l'inquiétude de Michaëla, mais il était incapable de lui répondre.
Parler de sa femme disparue avec son épouse actuelle n'était pas un bon plan.
Mais elle avait compris que les souvenirs du passé étaient revenus le hanter.
Elle était prête à en parler avec lui pour l'aider à se libérer de ce poids.
« Je sais que tu pensais à Abigail. »
« Je suis désolé. Je sais que ce n'est pas le moment ! »
« Ce n'est pas de ta faute ! »
Il se tenait la tête depuis quelques minutes et faisait exprès de fuir sa femme, car il ne voulait pas qu'elle devienne son médecin.
Elle le connaissait trop bien pour savoir quand il allait bien ou pas.
Et là, il allait mal.
Elle devait l'aider.
Elle alla vers lui et l'arrêta.
« Quelque chose ne va pas, Sully. Et ce n'est pas une question, j'en suis sûre ! Dis-moi ce qui se passe ! »
« Rien. Je vais bien ! »
« Tu ne me feras pas croire ça. Viens t'allonger à côté de moi. »
Il s'exécuta, mal à l'aise à l'idée d'être le patient dont Michaëla s'occupe.
Pourtant, il n'eut pas le choix.
« Tu as eu mal ce matin en te levant ou maintenant ? »
« Depuis ce matin. »
« Ça t'est arrivé souvent ? »
« La dernière fois, c'était après le décès d'Abigail. Nuage Dansant s'est occupé de moi. »
« Et avant que ça arrive, tu es triste ? Ou il y a autre chose ? »
« Cette nuit, j'ai déjà rêvé. Et puis, en te voyant endormie, ça m'a rappelé Abigail. »
« D'accord. Alors, tu vas rester allongé dans le lit. Et tu dois te reposer. » 
« Je ne peux pas. Tu dois aussi te reposer. »
« Je vais bien. »
« Non. Tu dois absolument prendre soin de toi et du bébé. Je ne veux pas que tu tombes malade à cause de moi. »
« Et toi, tu as aussi besoin de moi. Je ne peux pas te laisser dans cet état-là sans rien essayer. »
Ses mots suffirent à calmer Sully, qui se promit de trouver une solution pour que sa femme prenne soin d'elle en même temps.
« Si je dois rester au lit, tu ferais mieux de me rejoindre. »
« Je ne me sens pas fatiguée. Dois-je te rappeler que je viens de dormir ? »
« Oui, mais il y a eu beaucoup d'émotions aujourd'hui. Et tu sais très bien que c'est déconseillé dans ton état ! »
« Je ne suis pas malade, alors que toi tu as une migraine ! »
« S'il te plaît, Michaëla. Viens me rejoindre. J'ai besoin de toi. »
Elle ne pouvait pas lui refuser cela.
Elle voulait plus que tout qu'il s'endorme et si elle voulait que ce soit le cas, il fallait qu'elle se soumette à sa demande. De plus, elle avait envie d'être dans ses bras.
Alors, elle se glissa dans le lit à son tour et posa sa tête sur son épaule.
« Tu ne devrais pas faire ça ! »
« J'ai besoin d'être proche de toi. Tu ne m'en empêcheras pas. »
Le cœur de Sully était comblé. Sa femme était merveilleuse.
Même couvert de sueur et malade, elle se mettait contre lui et recherchait son amour.
Il déposa un baiser sur le front de sa femme.
Elle était exceptionnelle et il l'aimait plus que tout.
Il devait le lui dire.
« Je t'aime de tout mon cœur. » Pensa-t-il très fort.
Son regard suffit à lui transmettre le message et elle en fut heureuse. Sully était une perle, un homme pas comme les autres, et elle avait la chance d'être une femme.
Il ne pourrait jamais lever la main sur elle et s'il lui faisait remarquer quelque chose, c'était toujours gentiment.
Comparé à son premier mariage, c'était très différent et elle était plutôt contente de ce changement.
Sa vie était ce qu'elle avait toujours rêvé.
Elle n'avait pas rêvé mieux.