Chapitre 9 : Entre amitié et amour

Dès que Sully franchit le seuil de l'appartement de Michaëla, Oiseau Blanc sut s'effacer et elle partit, tout en rappelant le rendez-vous du lendemain avec la jeune femme.
Sully regarda son amie avec attention et comprit qu'elle avait pleuré. Quelque chose s'était passé en son absence. Il sentait que Michaëla avait d'autres choses à lui confier.
Mais elle hésitait. Serait-il toujours aussi gentil envers elle quand il apprendra la vérité ?
« Tout va bien, Michaëla ? » Dit-il en la serrant dans ses bras.
Comme il l'avait fait de nombreuses ces derniers jours, il caressa ses longs cheveux d'un geste apaisant.
Pourquoi faisait-il cela ?
Il avait senti sa détresse et faisait son possible pour la calmer. C'était la seule réponse possible à ses yeux.
« J'ai perdu un bébé, Sully ! »
Il ne fut pas si étonné que cela. Ils avaient cela en commun.
« Moi aussi. » Lui répondit-il.
« Quoi ? »
« Moi aussi. Répéta-t-il. En arrivant ici, j'ai rencontré Abigail. Elle était charmante et belle. Elle m'attirait. Elle travaillait en tant que vendeuse dans le magasin de son père. Elle est tombée enceinte deux ans après notre rencontre. »
Michaëla était intéressée par cette histoire. Elle n'était donc pas la seule à avoir vécu un malheur.
Oiseau Blanc lui avait-elle dit que Sully pouvait la comprendre ? En l'écoutant raconter son histoire, elle y voyait de plus en plus claire.
« Nous étions heureux. Elle pensait ne jamais avoir d'enfant. Et tout s'est écroulait. Elle était passagère dans la voiture de sa mère, Maud, et un camion en contre-sens les a heurté. Maud est morte et pas Abigail. »

Michaëla sentait venir la suite.
« Le pronostic vital était engagé. Abigail n'avait aucune chance. Elle a insisté pour subir une césarienne pour sauver notre bébé. Mais cela n'a pas suffit. »
Michaëla sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle connaissait cette douleur. Elle la connaissait trop bien !
« Le bébé, une fille, était en détresse respiratoire. Les pédiatres ont tout tenté pour la sauver. Mais elle n'a survécu qu'un jour. Elle était née avec une malformation, elle n'avait aucune chance de survivre. »
Sully se tourna vers Michaëla. Il put voir son émotion et ne sut pas quoi dire pour la soulager.
« Je l'ai portée dans mon ventre pendant cinq mois. David n'en voulait pas. Il avait essayé de me forcer à avorter. Quand il a vu que je ne suivais pas ses ordres, il a fait semblant d'accepter pour mieux me martyriser. C'était quotidien. Il a fini par la violence et j'ai dû accoucher avant l'heure et je l'ai perdue. Elle est morte née. Je ne sais pas si je suis capable d'avoir un enfant maintenant. »
Ils avaient vécu tous les deux une terrible épreuve.
Cela allait certainement les rapprocher.
« Oh, Sully. Pourquoi avons-nous dû faire face à cela ? »
« Je ne sais pas. Je ne sais pas ! »
Il ne savait pas quoi lui dire. La tenir dans ses bras semblait lui suffire pour l'instant.
« J'ai rendez-vous avec Oiseau Blanc la question de savoir si je serai une bonne mère ou non. »
« Tu aurais certainement été une bonne mère. »
« Tu ne peux pas le savoir. »

« Et pourtant, je suis sûr que c'est le cas. »
Sully décida de la faire changer d'idées. Il avait besoin de la faire sentir de cette dépression qu'il sentait venir.
« Que dirais-tu de dîner ensemble ? »
« Cela va finir par devenir une habitude. Tu vas finir par te lasser de ma compagnie. »
« Chut ! » Dit-il en mettant son index devant sa bouche.
Cette sensation douce de son doigt sur sa bouche, ce rapprochement de ses lèvres sur les siennes étaient merveilleux.
« Je ne sais pas si je suis prête pour ça... »
« Tais-toi ! »
L'envie de s'embrasser fut plus forte que le reste.
Plus rien ne comptait. Ni le fait qu'ils se connaissaient que depuis une semaine, ni le fait que ni l'un ni l'autre n'avait eu l'intention de s'engager aussi vite dans une nouvelle relation.
Leurs lèvres se joignirent pour un long baiser.
Aucun d'eux ne put déterminer avec précision combien ils passèrent à s'embrasser.
Sully fut le premier à revenir à la raison et à se séparer d'elle.
Il avait un tel besoin de garder cette jeune femme dans ses bras et de la couvrir de tendresse que ses sentiments avaient pris le dessus.
Michaëla était, quant à elle, très surprise par ce qu'il s'était passé, mais elle ne fut pas déçue.
Elle sentait que Sully non plus n'était pas déçu !
Il était sincère comme elle l'était.
Elle fut incapable de rester éloignée de lui.
Après que Sully fut éloigné, elle se rapprocha d'elle-même pour se blottir dans ses bras.
Il fut plus qu'heureux de ce rapprochement.
Il était maintenant plus que certain que leur rencontre avait été dictée par le destin.

Il était bien loin de reconnaître l'importance que cette jeune femme prenait à ses yeux.
Et elle aussi. Mais ils étaient déjà conscients du fait qu'ils ne pourraient plus se passer l'un de l'autre.
Sully décida de lui-même de passer la nuit dans son appartement, quitte à dormir sur le canapé.
Mais Michaëla, dans son désir de ne pas dormir toute seule, oublia la conduite qu'elle aurait tenue normalement.
Elle lui demanda de s'installer avec elle dans son lit.
Cela pouvait s'avérer dangereux mais il ne pouvait pas résister à cette demande si naïve.
L'un et l'autre avaient besoin de réconfort.
Aucune autre pensée ne leur venait en tête à cet instant-là.
Lorsqu'il entra dans la chambre, elle était déjà blottie sous les couvertures.
Sully tira sur les couvertures pour pouvoir rentrer dans le lit.
Cela faisait déjà longtemps pour l'un, comme pour l'autre, qu'ils n'avaient pas partager le lit de quelqu'un.
C'était une impression étrange, mais pas désagréable.
Il était sur le point d'attraper le traversin pour le mettre entre eux afin qu'ils puissent avoir leur place délimitée, mais encore une fois, Michaëla le surprit.
Elle semblait vraiment avoir besoin d'être proche d'un homme. Il ne pouvait pas lui refuser la tendresse dont elle avait besoin, d'autant plus qu'il souhaitait lui donner.
Peu lui importait de savoir s'ils auraient un avenir en commun. Il voulait la rassurer et il aurait été capable de faire n'importe quoi pour cela.