Chapitre 12 : Conseil municipal

Sully avait donc décidé d'emmener Michaëla au conseil municipal afin de lui présenter toutes les personnes importantes de la ville.
C'était un pas décisif pour la jeune femme, car cela voulait dire beaucoup à ses yeux. Il était amoureux, peut-être ?
L'était-elle aussi ? Elle le pensait, oui, mais elle souhaitait prendre son temps avec lui. Avait-elle tort ?
Plutôt que de se poser des questions sans cesse, elle décida de se concentre sur ce que lui disait Sully et sur ses avis, car il devait avoir de bonnes opinions sur les personnes.
Il y avait Jake Slicker, maire de la ville, amoureux fou de Teresa Morales, institutrice et d'origine mexicaine, un homme qui avait été alcoolique et qui était coiffeur.
Horace Bing, facteur, avait été marié à Myra, infirmière et que Michaëla connaissait. Ils avaient divorcé à la naissance de leur fille, Samantha.
Myra, depuis, vivait avec Hank Lawson, barman.
RobertE, conducteur de taxi, et un des meilleurs amis de Sully, ainsi que son épouse, Grace, tenant au restaurant, les avaient invités à dîner avec eux.
Michaëla avait senti un lien avec cette femme, elle avait envie de la connaître plus et de la côtoyer plus longuement.
Et bien sûr, il y avait Loren, propriétaire d'une boutique, et dont Élisabeth était attirée.
Et la journaliste à qui elle avait parlé et qui souhaitait discuter avec elle.
Cette journaliste, Dorothy Jennings, tenait bénévolement un groupe de paroles réservé aux femmes battues.
Elle avait proposé à Michaëla de venir à ses réunions.

Pour l'instant, elle avait refusé mais elle se demandait si elle ne devait pas y aller.
Ils avaient à peine eu le temps de savoir ce qu'il se disait au conseil municipal que Sully l'entraînait avec lui vers Élisabeth et Loren.
« Tu vas bien, Michaëla ? » Demanda Élisabeth en la voyant.
« Oui, maman. Laisses-moi te présenter Sully. »
« Je me suis douté qu'il s'agissait de vous avant même qu'elle me le dise. Heureuse de faire votre connaissance. »
« Enchanté, madame Quinn. Bonjour Loren. »
« Sully ! Ça faisait longtemps ! Tu devais venir m'aider à monter un meuble dans la semaine, non ? »
« C'est toujours prévu, ne vous inquiétez pas. J'ai dû m'occuper de Mademoiselle Quinn. »
« Je le sais. Je suis au courant de tout ce qui s'est passé grâce à Élisabeth. »
« Ne m'en veux pas, Michaëla. Monsieur Bray a été une bonne oreille. »
Michaëla ne réagit pas. Elle n'avait pas envie d'en parler ce jour-là.
Elle était en bonne compagnie, avait passé un bon moment et n'avait pas envie de le gâcher.
Élisabeth embrassa sa fille sans insister, car elle avait compris qu'elle avait besoin de temps.
Puis, Loren et elle s'éloignèrent pour les laisser seuls.
Sully en profita pour emmener Michaëla faire un petit tour dans la nature environnante.
Il aimait la forêt, mais n'avait pas eu l'occasion de lui montrer son monde.
L'après-midi commençait et cela leur laissait le temps de l'explorer ensemble.
De plus, cela permettrait à Michaëla de se changer les idées. Elle en avait terriblement besoin.
Assister à ce conseil municipal y avait déjà contribué.

Mais, dès qu'ils étaient sortis et avaient croisés Loren et Élisabeth, les souvenirs étaient revenus.
Sully ne savait plus quoi faire pour l'aider.
Il aurait voulu la pousser à aller à cette réunion de femmes battues afin qu'elle voit qu'elle n'était pas la seule à avoir vécu des horreurs.
En attendant, lui faire voir la nature pouvait la distraire de ses souvenirs.
Il pourrait au moins lui faire voir les endroits préférés et s'ils avaient de la chance, ils pourraient voir des animaux sauvages.
Sully pensait, depuis quelques temps, à adopter un chien, car il aimait la compagnie des animaux, mais n'avait pas encore pris de décisions.
Il la fit monter dans sa voiture et partit.
Ils arrivèrent à destination quelques minutes plus tard.
« Où sommes-nous, Sully ? »
« Dans un endroit que j'aime beaucoup et que je voulais partager avec toi. »
Elle se laissa guider vers un endroit où il y avait une cascade, qui, malgré les nombreuses constructions, n'avait pas été touchée par l'Homme. L'eau y coulait claire et belle.
Michaëla était complètement chamboulée par la vue qui s'offrait à elle, pendant que Sully, lui, admirait sa compagne. L'effet voulu était présent, car un sourire rêveur s'était inscrit sur ses lèvres.
Il ne l'avait pas encore vu sourire ni rire. Il avait envie d'être celui qui lui rendrait le sourire et il ferait tout pour y parvenir.
Prise dans la beauté de l'instant et par l'importance de ce geste de sa part, elle se tourna vers lui et l'embrassa sur la bouche d'une façon tout à fait nouvelle.
Sully sut qu'elle était émue mais aussi qu'elle mettait tout son cœur dans ce baiser.

« Michaëla. »
« Chut ! Ne dis rien, je t'aime aussi. »
C'était son premier « je t'aime » et elle le disait sincèrement. Elle se sentait prête à envisager une relation avec Sully.
Elle avait envie de le laisser venir vers elle et voir ce que cela allait donner.
Pris dans leur moment de démonstration d'amour réciproque, ils ne s'aperçurent pas qu'un animal s'approchait d'eux.
Il était là et veillait sur eux avec ses oreilles dressées, prêt à intervenir si jamais quelqu'un en venait à les embêter.
Le baiser que partageait Sully et Michaëla dura longtemps avant d'être interrompus par la langue de l'animal qui lécha la joue de Sully. Cela eut le don de le faire revenir au présent.
Michaëla s'aperçut qu'il s'agissait d'un chien-loup.
« Qu'est-ce que tu fais là, toi, tu es perdu ? » Lui demanda Sully, comme si le loup pouvait lui répondre l'animal.
« Tu as été abandonné ? »
Michaëla approcha sa main vers le loup et celui-ci la lécha.
« Je crois que ce chien ne va plus nous lâcher. Il est beau et semble être là pour nous protéger. »
« Tu es en train de me dire que je devrais le garder avec moi ? »
« Regarde-le, Sully, on dirait que c'est le destin qui te l'envoie. Il est tellement mignon. »
Sully examina immédiatement le cou de l'animal pour voir s'il avait un collier et il n'en vit aucun.
« Il a l'air abandonné, et je souhaite adopter un chien depuis quelques temps. Pourquoi pas celui-là plutôt qu'un autre ? Hein, Wolf ? »
Le chien aboya comme s'il acceptait ce nom.