Sur le chemin de l'amour

Il s'était peut-être passé un mois ou deux entre le départ du photographe et le moment où j'ai revu Sully.
A ce moment-là, il est vrai, nous nous étions enfin montrés honnêtes l'un envers l'autre lors de la présence de ce photographe et j'étais un peu plus certaine de moi. Pourtant, je suis sûre, comme je l'avais été à cet instant-là que ma confiance en moi allait m'être utile un jour.
Sully n'était pas prêt à partager quoi que ce soit avec une autre femme. Bien sûr, je lui avait dit la même chose, mais je n'étais pas sûre de la penser.
Comme à chaque fois, il est réapparu de façon inattendue dans ma vie !
Les enfants et moi avions vu une banderole annonçant une course de chevaux et les conseillers municipaux avaient déjà établi leurs règles.
Juste au moment où je ne m'y attendais pas, Sully est arrivé à cheval pour me demander de l'accompagner à la réserve.
Il semblait y avoir une urgence médicale et j'ai immédiatement réagi en allant chercher mon cheval.
Mais il a insisté et m'a demandé de monter avec lui. Pourquoi agissait-il ainsi ? Je lui ai fait confiance, comme il le voulait et je suis partie avec lui. Les habitants nous ont regardé avec étonnement car il était rare que Sully se conduise de cette façon.
Moi-même je ne comprenais pas, mais je me suis bien gardée de lui poser des questions : j'allais certainement parvenir à saisir ce qu'il me réservait comme surprise.
Pendant notre court trajet, je revivais notre baiser lors de mon anniversaire, ce baiser dont je gardais un souvenir tenace et dont je rêvais secrètement dans mon lit la nuit.
Mon cœur s'est mis à battre plus vite dans ma poitrine et j'ai essayé de cacher cela à Sully et aux Indiens en arrivant à la réserve en compagnie de « mon métis ».

 En tentant de ne rien faire voir de mon état, j'ai vacciné les enfants les uns après les autres.
Oiseau Blanc, la femme de Nuage Dansant, avec qui je commençais vraiment à me lier d'amitié, cherchait un moyen de me remercier et m'a fait un énorme cadeau. Ce présent était et resterait une preuve que le peuple Indien comptait beaucoup sur moi et il allait me bouleverser bien plus que je ne le pensais. C'était une jument !
Elle s'appelait Eclair. Je ne le saurais que bien plus tard, mais dans la coutume Cheyenne, quand l'ami d'un homme vous offre un cheval, cela veut dire que vous allez épouser l'homme (et il s'agissait de « mon métis »).
Je voulais refuser ce cadeau mais Nuage Dansant m'a dit que ce serait insulter Oiseau Blanc que de refuser, alors j'ai accepté.
Je n'avais pas l'intention du tout de monter à cru !
« Mon métis » est arrivé avec une selle qu'il avait lui-même fabriquée à mon intention en la gravant à mon nom. J'étais touchée par ce geste de sa part qui voulait beaucoup à mes yeux.
Il m'a mis en garde sur la jument mais je n'ai pas écouté ses recommandations, trop émue par le geste de ses amis.
Voyant cela, Sully m'a proposé de tester ma selle en trottant doucement pour commencer. Nuage Dansant et « mon métis » ont fait la course en m'excluant car les femmes n'avaient pas le droit de faire la course de chevaux.
Bien loin de me laisser impressionner par cette décision, j'ai quand même mis Eclair au galop et je les ai dépassé tous les deux.
En revenant en ville, m'est venue l'idée de m'inscrire à la course organisée par la ville. Le règlement n'autorisait pas les femmes à s'inscrire. Encore un préjugé de ces Messieurs.
Je ne comprenais pas que pas un d'eux ne veuille qu'une femme participe à cette activité. Il allait falloir faire quelque chose pour changer les choses.
 
J'avais d'abord un autre souci à combattre. Si les habitants avaient, pour la plupart, accepté mon professionnalisme en tant que médecin, ce n'était pas le cas de mes confrères masculins.
Pas un d'eux ne voulait me donner la place parmi le cercle très fermé des docteurs en médecine. Ils se moquaient de ma petite clientèle.
J'étais pourtant heureuse de rencontrer le Docteur Cassidy, venu tout droit de Denver, pour faire participer son cheval à la course.
Mais lui ne l'était pas. Son cavalier a fait une chute assez grave sur la tête lors de l'entraînement et ce docteur n'a pas voulu de mon avis. Je ne voulais que le bien de cet homme pourtant !
J'ai laissé faire, ne comprenant pas la bêtise de mon confrère qui mettait en jeu la vie de son cavalier pour ne pas avoir à écouter les conseils d'une femme médecin. Je me frottais encore une fois aux réflexions auxquelles j'avais déjà eu le droit à Boston.
Quand ce cavalier a fait un malaise et a vomi, j'ai essayé de m'interposer encore une fois, en lui faisant comprendre, à ce cher docteur Homme, que le docteur Femme que j'étais, était capable d'opérer ce patient et de pratiquer une intervention du cerveau, que j'avais déjà pratiquée sur Brian.
Le docteur Cassidy a préféré l'envoyer à Denver, où durant le trajet, il était mort. J'étais déçue, écœurée, les mots me manquent pour décrire ce que je ressentais à ce moment-là.
Je cherchais un homme capable de monter Eclair et j'avais déjà essayé avec Hank, mais son comportement avec ma jument m'en a dissuadée. Du coup, le barman montait le cheval de mon « gentil » confrère.
J'étais déçue de ne pas pouvoir monter à cheval rien que parce que j'étais une femme. Je cherchais un moyen de participer à la course.
Sully lui-même s'était proposé mais j'avais une bien meilleure idée : celle de me déguiser pour y participer.
 
Je pouvais dissimuler mes cheveux sous un chapeau masculin et essayer d'apprendre à me comporter et surtout à marcher comme un homme.
Je pouvais compter sur le soutien de Sully, de Matthew et de Brian.
Ce sont surtout Sully et Matthew qui m'ont appris à bien me tenir.
« Ne faites pas onduler vos hanches », m'avait dit « mon métis ».
« Je ne les fait jamais onduler », lui avais-je répondu.
Je me souviens de ces deux phrases car elles prouvaient à elles seules que Sully prêtait attention à moi.
Il est vrai qu'il se montrait très présent pour me faire cet apprentissage. Pour me rendre plus crédible aux yeux des habitants, j'allais devoir mâcher du tabac, mais rien que la pensée me donnait la nausée.
Heureusement, je pouvais compter sur l'intelligence de Brian, qui me proposa de la réglisse, ce qui à mes yeux, était bien meilleur.
Et voilà, où j'en étais avec mes idées saugrenues : à apprendre à marcher et à me comporter comme un homme, en devant me poser des questions sur l'attrait que je pouvais avoir sur « mon métis », déguisée ainsi.
Le grand jour où j'allais devoir jouer la comédie arrivait à grands pas et je doutais de la crédibilité de certains habitants. Ils allaient bien me reconnaître et Eclair ne pourrait pas participer à la course.
Je devais aller jusqu'au bout de mon idée, et je suis donc allée à l'inscription le jour J, en comptant sur le soutien de Matthew et de mes enfants. Je ne devais pas dire un mot pour ne pas me trahir car cela compromettrait mon jeu, cela je ne le ferai pas.
Tout se déroula à merveille, car Matthew me présenta comme son cousin Billy, et je suis arrivée à faire mouche, d'autant plus que Sully expliqua aux habitants que j'étais occupée et qu'il avait donc la garde des enfants en mon absence. Une seule personne me reconnut : Myra, mais elle me couvrit en prétextant qu'elle m'avait déjà eu comme client.
 
Sans son appui et son soutien, j'aurai été forcément reconnue par quelqu'un d'autre. Une fois ces formalités faites, j'allai devoir appliquer les conseils de Sully à la lettre sur la façon de me tenir à cheval.
Ce n'était pas très compliqué mais j'avais bien l'intention d'aller plus loin encore. Il ne le savait pas ! Il avait promis de me suivre tout au long du chemin pour voir mon évolution et il allait forcément être surpris quand il me verrait agir ainsi.
Le départ de la course fut enfin donné et ce fut le moment que je préférai. Sentir le vent sous moi lors du galop d'Eclair était une sensation unique que je ne me lassera jamais de rechercher.
Alors que j'étais bien partie pour gagner, j'ai dû m'arrêter pour voir si Matthew allait bien car il avait fait une chute. Je fus rassurée quand je vis qu'il n'avait rien.
Je devais continuer pour garder l'honneur et parce que Matthew le souhaitait. J'ai fait ce qu'il voulait et ce que je voulais, je devais bien l'avouer.
Ce fut à ce moment-là où l'idée du raccourci me revint en tête, alors je l'ai pris, en faisant sauter Eclair par-dessus un tronc d'arbre.
Je pense que Sully a été surpris par cette décision de ma part, car je l'ai clairement entendu crier.
N'en faisant qu'à ma tête, j'ai pris l'obstacle et l'ait franchi haut la main, ce qui m'a considérablement fait gagné du temps et j'ai pris de l'avance sur Hank, qui était le premier jusque là.
Sans m'en rendre compte, j'occupais maintenant cette place et j'ai gagné la course.
Les félicitations sont allées bon train et ça a été le moment de me dévoiler afin de faire comprendre à tous ces machos qu'une femme était aussi capable qu'eux de gagner une course de cheval.
Bien sûr, aucun de ces Messieurs ne voulut l'admettre.
 
Hank fut couronné vainqueur par Loren mais Jake mit la couronne de fruit autour d'Eclair.
Quel pas en avant pour un de ces hommes, qui avait avoué devant tout le monde la victoire d'une femme, malgré leurs règles strictes.
Mais le cadeau le plus riche à mes yeux fut une rose de la part de Sully, une toute petite rose mais de couleur rouge.
Savait-il la signification de cette couleur ? Certainement que oui ! Était-ce une façon de m'avouer ses sentiments ? Non ! C'était juste une façon de me féliciter.
Je lui devais une fière chandelle car c'est grâce à lui que j'avais appris à me comporter comme un homme et à passer inaperçue aux yeux de ces Messieurs jusqu'à la fin.
Je devais fêter cette victoire avec lui et avec mes enfants, même si l'on m'assura que le règlement ne changerait pas de si tôt !
Je m'en fichai, même si cela prenait des années, je savais qu'un jour les femmes parviendraient à avoir ce droit. De plus, j'avais réussi à relever le défi que je m'étais lancée, que d'arriver à m'imposer dans un monde d'Hommes.
C'est ce que je faisais depuis que j'avais entrepris mes études de médecine, non ? Et je n'étais pas prête à tout laisser tomber !
Quand Sullt me donna cette rose si symbolique à mes yeux, je lui ai donné un sourire ravageur. Cela voulait dire beaucoup de choses que je n'aurai pas pu mettre en mots.
« Cela vous plairait-il de fêter cette victoire avec nous ? » Lui ai-je demandé. « Après tout, c'est grâce à vous que j'ai pu gagner aujourd'hui. »
Il avait acquiescé en me regardant dans les yeux.
Oh, ce regard bleu, si brillant, semblait accroché au mien. Pour la première fois depuis notre rencontre, je ne pouvais pas me substituer à ce regard.
 
Il y avait quelque chose que je ne pouvais pas comprendre dans ses yeux mais je me sentie, à ce moment-là, en sécurité.
Oui, c'est bien comme cela que j'aurai qualifier ce regard. Il semblait lire dans le mien comme dans un livre ouvert.
Je ne sais pas combien de temps j'ai passée à être emportée par ses yeux. Il a bien sûr fallut que je revienne à la réalité quand je me suis aperçue que les habitants nous observaient.
Il est monté sur le chariot à côté de moi, quand j'ai fait prendre Eclair à Colleen pour qu'elle puisse aller au pas sans se forcer, et nous nous sommes rendus ensemble à la maison.
Nous nous sommes installés autour de la table, pendant que Colleen – elle avait insisté – préparait à manger.
Nous avons discuté de tout et de rien, oubliant volontairement de mentionner devant les enfants cet instant où nos regards se sont figés l'un dans l'autre et que nous avons été transporté dans un autre monde et dans un autre lieu.
Ce fut un repas convivial et familial dans lequel chacun de nous s'est senti à l'aise.
Puis, après, j'ai mis Colleen et Brian au lit car ils tombaient de fatigue suite à l'excitation de la journée. Matthew, lui aussi a décidé de se retirer.
D'habitude, je prenais beaucoup de temps à leur lire des histoires mais nul besoin ce soir-là car ils s'endormirent dès que leurs têtes eurent touchées l'oreiller.
Ainsi, j'ai pu rejoindre Sully et parler avec lui, à l'extérieur, afin de le remercier. Il n'avait pas besoin de remerciement, il l'avait fait avec plaisir.
Encore une fois, je ne sais pas combien de temps nous avons passé ensemble, mais quand il m'a quittée pour rejoindre un de ses abris, je me suis sentie amèrement déçue, même si je pouvais le laisser dormir dans la maison.
 
En arrivant en ville le lendemain, je l'ai cherché partout des yeux, mais il n'était nulle part.
Avait-il encore disparu pour un nombre de jours interminables ? Pourquoi espérai-je le voir ce jour-là ? J'avais très bien trop de préoccupations, non ?
En effet, je venais d'avoir une consultation un peu particulière avec une femme du nom de Dorothy Jennings. Elle m'avait affirmé qu'elle était tombée de cheval et que c'est pour cela qu'elle était couverte d'ématums.
Je ne la croyais pas mais je savais qu'elle n'était pas prête à se livrer à une inconnue.
Elle n'était pas une étrangère aux yeux des habitants, surtout à ceux de Loren. C'était la sœur de Maude, la femme de Loren, et elle n'avait pas pu venir à l'enterrement de sa sœur car son mari l'en avait empêché.
Sully la connaissait aussi et ce fut lui qui me confirma dans mes soupçons, quand il la vit sortir de la clinique.
Il apparaissait toujours à un moment où j'avais plus que besoin de me confier à quelqu'un mais je n'allais pas lui faire savoir aussi facilement. En tout cas, je savais que Dorothy Jennings était bien une femme battue.
Elle voulait s'installer pour toujours à Colorado Springs.
Je les ai invité à dîner avec Loren, son mari, Marcus, est venu la chercher chez moi. Je ne comprenais pas comment il avait pu savoir où elle s'était réfugiée, mais il l'avait su.
Il revenait pour lui renouveler des promesses déjà faites et refaites, d'arrêter de boire et de ne plus la toucher, mais c'était des paroles en l'air. Elle n'avait pas envie d'y croire.
Il a fallu qu'il se menace avec un fusil et qu'il lui demande ensuite de le supprimer pour qu'elle craque. Bien sûr, elle affirmait ne pas vouloir retourner avec lui, et pourtant, le lendemain, elle partait le rejoindre.
 
Elle avait dit à Loren de me dire au revoir à sa place, mais ce ne fut pas nécessaire, car je l'ai vue à dos de cheval.
Je ne voulais pas qu'elle reparte, mais elle était décidée à lui accorder une énième chance. Elle croyait en lui.
Pourtant, elle était bien la mieux placée pour savoir que ce ne serait pas le cas ! Sa vie lui appartenait après tout !
Je n'avais pas le pouvoir de la retenir, même si j'aurai aimé la connaître un peu mieux, car j'avais eu l'impression que je pouvais devenir amie avec elle.
Elle est revenue en ville le lendemain, le corps couvert de bleus. Voilà ce qu'elle avait réussi à faire en rejoignant cet homme. Elle avait toutefois la conviction qu'il ne reviendrait plus la chercher.
Elle avait toujours été battue depuis qu'elle était mariée.
Marcus Jennings n'avait jamais touché ses propres enfants, mais il ne manquait aucune occasion de s'en prendre à sa femme.
Elle aurait certainement eu une vie meilleure avec Loren.
Pas longtemps après, un employé de son mari vint l'accuser du meurtre de Marcus. Il les avait vus se disputer et avait aussi vu Dorothy se défendre.
Les habitants de la ville la pensaient coupable mais, comme tout accusé, elle avait droit à un procès équitable. Elle avait été placée en prison en attendant que le juge veuille bien venir.
J'avais besoin de comprendre comment s'étaient passées les choses entre elle et Marcus et l'aider à convaincre les autres qu'elle n'était pas coupable de ce dont on l'accusait.
De toute façon, si elle l'avait tué, ce n'était qu'en état de légitime défense.
Ce fut finalement Horace qui fut désigné juge exceptionnel pour ce procès et dans son jury, il y eut Hank, Jake et Loren.
A eux quatre, ils allaient la juger.
 
Avec l'accord de Dorothy, je suis devenue son avocate et l'ait aidée du mieux que je pouvais.
Mais j'ai eu beau dire et essayer tout ce que je voulais, elle fut tout de même condamnée pour le meurtre de son mari.
Je n'y croyais pas. Celle que j'avais autorisée à m'appeler par mon prénom, ne pouvait pas avoir fait une telle chose. C'est pour cela que je l'ai suivie pour en apprendre un peu plus.
Et là, elle m'a tout raconté. Son mari avait fait un malaise à table, et c'est après qu'il s'en était pris à elle. Elle s'était défendue avec ce qui se trouvait sous sa main : une poêle. Elle l'avait frappé et il s'était écroulé tout d'un seul coup.
Je me suis posée la question : y avait-il une autre raison pour que son mari se soit écroulé aussi subitement ? Et si elle n'était pas responsable du décès de son mari ? Je lui ai alors demandé l'autorisation de faire une autopsie pour voir si une autre hypothèse était possible.
Après avoir fait exhumé le corps, j'ai demandé à Jake, à Loren et à Hank de venir avec moi afin qu'il constate la vérité.
J'ai trouvé ce que je voulais et ait prouvé l'innocence de Dorothy. Marcus Jennings était décédé d'un empoisonnement du sang.
Les membres du jury ont bien dû se rendre à l'évidence, elle était innocente : elle devait donc être libérée sur le champ.
Dorothy fut soulagée de cette nouvelle car elle avait cru être à l'origine du décès de son époux.
Elle avait vécu tant de moments avec lui, et avait eu des enfants avec lui, elle ne voulait pas être responsable de cette catastrophe.
Au fond de moi, j'étais contente qu'elle puisse continuer à vivre libre et j'avais l'espoir qu'elle reste à Colorado Springs.
Elle n'avait pas l'intention de partir, car en ville, il y avait Loren.
 
Ce dernier nous avait surpris en lui proposant de s'installer provisoirement dans le magasin.
Il lui avait tout de même aménagé un coin presse où elle pourrait créer un journal comme elle en rêvait secrètement. Ce cadeau de sa part la fit se sentir chez elle en compagnie de son beau-frère.
Loren était capable d'avoir un grand cœur mais cela, je le savais déjà !
Après cette annonce, Dorothy et moi avons fait plus ample connaissance et nous nous sommes trouvées des points communs.
Je l'avais autorisée à m'appeler Michaëla et j'avais eu bien raison. Elle méritait mon amour et ma confiance. Elle me serait d'une grande aide dans l'avenir pour me pousser à faire des choses que je n'aurai pas faite toute seule et pour trouver des réponses au fond de mon cœur.
Oui, il n'y avait pas de doutes. Tout aurait été différent sans elle.
Les dîners et les déjeuners que nous avons passé ensemble m'ont fait vraiment devenir cette femme que je cherchais au fond de moi.
Après cette rencontre, Sully aussi est venu dîner avec nous pour partager un peu de ce quotidien que j'avais avec les enfants.
Je ne réalisais pas que j'avais occupée une place que je n'avais pas méritée à ce moment-là. J'habitais une maison qui n'était pas à moi sans sourciller.
Des questions, je m'en suis posée des tonnes durant des nuits sur mon avenir, mais aucune réponse ne me parvenait. Comme j'aurai aimé vivre ces instants d'une autre manière, peut-être aurai-je pu m'ouvrir un peu plus à Sully ?
Mais il fallait que je vive ces moments-là pour savoir où j'allais. Je ne pensais pas aux conséquences de mes décisions mais j'allais les mesurer.
 
Un soir, après dîner, j'ai trouvé les enfants dans la grange en train d'invoquer les Esprits des personnes disparues, afin de se faire peur. Je savais ce qu'ils faisaient mais je ne les ai pas empêchés.
Nous nous approchions d'Halloween, le premier Halloween depuis mon arrivée en ville et avec les enfants.
Sully était venu dîner chez nous ce soir-là et il nous avait même fait la cuisine, une première depuis que je m'étais installée en ville. J'étais heureuse qu'il ait bien voulu nous offrir ce moment-là avec les enfants.
Quand je suis entrée à nouveau dans la maison, je l'ai remercié de nous avoir fait partagé de tels instants en famille. Il passait de plus en plus de temps avec sans que je le réalise pleinement.
Alors que nous discutions tranquillement de Halloween et de nos croyances par rapport à cette fête, l'étagère contenant ma photo de famille s'est écroulée, brisant le cadre la contenant.
Un souvenir de mon enfance et de ma jeunesse se trouvait anéanti par un coup de vent, mais cela ne me faisait pas peur, je le croyais vraiment.
Sully était désolé pour moi et pour me consoler, il m'a embrassée sur la joue et est parti pour un des campements en forêt.
Il ne savait certainement pas quel effet cela avait eu sur moi.
Cette nuit-là, j'ai fait un rêve étrange et, alors, je ne me suis plus sentie à ma place dans cette maison que « mon métis » avait construite pour Abigail, d'où mon attitude du lendemain quand il est arrivé avec ses outils pour réparer l'étagère.
Il avait l'intention d'agrandir la maison, pour donner plus de places aux enfants, et tout cela gratuitement.
 
Je n'étais pas chez moi, je n'avais pas le droit d'entreprendre de tels travaux sans les payer.
Il est vrai que j'aurai aussi voir les choses autrement. Après tout, si Sully me proposait de faire cet agrandissement de sa propre maison, c'est qu'il y tenait vraiment, non ?
Il ne comprenait pas ma réaction quant à sa proposition, mais je ne pouvais pas lui expliquer. Il semblait contrarié par mon refus et j'avais peur de perdre son amitié.
J'ai compris aussi qu'il ferait tout de même des plans, et me les feraient voir avant toute chose.
J'ai essayé d'oublier tout cela en me rendant en ville, mais c'était sans compter sur les habitants de la ville, qui semblait préparer une farce pour Halloween.
Jake a d'abord commencé par m'attirer dans son salon pour me faire voir un mort. Cela semblait l'amuser que de me faire cette blague.
Quand je suis entrée, il n'y avait que Loren qui s'est amusé à me faire peur et ils ont ri ensemble. Je commençais vraiment à croire qu'ils s'étaient tous réunis pour rire de moi.
Pourtant, Jake me soutenait qu'il avait vraiment vu un mort dans son salon et qu'il ne rigolait pas là-dessus.
Il n'y avait personne là où il avait déplacé le corps, il s'était volatilisé. Ces histoires me dépassaient car je ne comprenais rien à toutes ses plaisanteries. Plutôt sérieuse, je n'étais pas du genre à rentrer dans leur jeu.
Un rêve me vint le soir-même, un rêve que je ne pouvais pas croire. Abigail venait me rendre visite dans la maison pour réclamer mon départ de sa maison. C'était la confirmation de ce en quoi je croyais. Je ne me sentais pas à ma place. Je n'étais pas chez moi !
C'était la raison de mon refus face aux travaux de Sully.
 
Je ne pouvais pas expliquer tout cela ! Je lui avais affirmé que je ne croyais pas aux fantômes. Je ne pouvais pas aller contre ma propre parole.
J'avais juste besoin de comprendre pourquoi elle apparaissait dans ma vie pile-poil à ce moment-là. Était-ce pour m'effrayer ?
Je lui ai portée des fleurs sur sa tombe et je suis tombée sur Loren à j'ai demandé des précisions.
Selon lui, Abigail et moi étions très différente de moi, si ce n'était complètement l'opposé. C'était une femme très douce et calme, ce que je n'étais pas. Et la question revint dans mon esprit : comment Sully pouvait-il un jour aimer deux femmes si différentes ?
L'amour entre nous était impossible, je l'ai compris à ce moment-là. Cette certitude est restée dans ma tête toute la nuit, tellement qu'Abigail a refait son apparition, pour me jeter à la figure les fleurs que j'avais déposées sur sa tombe.
Ce que le fantôme m'a dit cette nuit-là n'était que le reflet de mes propres doutes. Comment pouvais-je penser que Sully était amoureux de moi, alors qu'il ne me l'avait jamais dit ?
Quelles preuves pouvais-je avoir de cet amour entre nous ? Deux malheureux baisers ? Un donné pour mon trente-cinquième anniversaire et le deuxième la veille au soir.
Tout cela était bien trop maigre pour en arriver à une quelconque conclusion d'un côté ou de l'autre. Je me rappelai aussi de la course de chevaux que j'avais gagné.
Je comprenais pourquoi je m'étais lancée un tel défi à ce moment-là. C'était pour lui prouver à LUI que j'étais capable de me débrouiller par moi-même car je n'avais pas été à l'aise.
Ces habits d'homme que j'avais dû porté m'avaient laissés un mauvais souvenir car ils étaient rêches et non confortables.
 
Je ne me doutais pas qu'il s'en voudrait d'avoir fait un tel geste et que, cela était surtout une bonne raison pour moi de le faire.
Le lendemain, il m'a apporté le cheval à bascule le lendemain. Il en avait refait un pour moi. Quel beau cadeau de sa part !
Tout cela sans me demander ce que j'allais en faire. J'étais complètement surprise par ce revirement de situation.
Le soir-même, j'ai essayé d'entrer en communication avec le fantôme d'Abigail pour le lui donner. Mon geste pouvait paraître anodin et inutile, mais il m'était indispensable pour être en paix avec moi-même.
L'esprit est venu et m'a émue par mon cadeau ! N'était-ce là aussi que le fruit de mon imagination ?
Le lendemain, en ville, Matthew a lui aussi été capable de m'appeler pour me faire voir un mort dans le restaurant de Grace.
Je ne pensais pas qu'il pouvait être capable de me faire une telle farce et je fus déçu de constater cela de la part de « mon fils ».
Je pouvais comprendre que Jake, Loren, et Hank se fichent de moi, mais pas Matthew, ou alors, il se passait quelque chose dans mon dos.
J'ai préféré oublier et je me suis concentrée sur la fête d'Halloween et de faire de mon mieux pour y paraître à mon aise.
Je n'étais pas à mon aise pourtant, car j'avais l'impression que tous les regards étaient dirigés sur moi. Comme à mon habitude, j'ai fait face et ait essayé de m'amuser autant que les autres.
C'est lorsque les prix des meilleurs costumes ont été remis que j'ai compris beaucoup de choses. Déjà, j'avais eu l'aide plus que précieuse de Dorothy pour le costume de Brian, ce qui me pouvais une fois de plus l'amitié de la journaliste à mon égard.
Le premier prix a été remis à un homme déguisé en cavalier décapité et la stupeur a couru tout le long de l'assemblée réunie.
 
J'ai compris sans que l'on me l'explique que c'était l'homme aperçu mort dans le salon de coiffure de Jake, puis dans le restaurant de Grace.
Je n'avais pas été la cible de moqueries, tout le monde avait été sérieux. En fait, j'avais juste fait preuve de paranoïa.
L'homme concerné souffrait d'une maladie qui pouvait le faire passer pour mort aux yeux des autres.
J'allais devoir m'excuser auprès de ceux que je m'en étais pris. Peut-être ne m'en voulait-il pas ?
C'est ce que j'ai fait quand je suis revenue à la fête et tous les habitants ont accepté mes excuses. J'étais soulagé.
Ensuite, je me suis soulagée avec Dorothy pour la remercier. Elle m'avait rendu un fier service en s'occupant de fabriquer le costume d'Halloween pour Brian.
Et elle m'avait tout raconté sur l'histoire que Brian avait cru. Étant rousse, elle était la candidate idéale pour être une sorcière.
Je supposais avec justesse que ses camarades écoliers y avaient un rôle là-dedans. Pour la confondre, ils l'avaient encore humiliée en l'arrosant avec de l'eau.
Mais finalement, Brian avait réussi à sa faire une amie supplémentaire en la personne de Dorothy.
J'étais plutôt heureuse de cette réaction et cette femme avait le don de me remettre à ma place quand il le fallait.
Ensuite, Matthew, Colleen, Brian et moi sommes rentrés à la maison pour la nuit pour dormir. Cette nuit-là, j'ai beaucoup dormi, sans doute pour rattraper les nuits précédentes. Et le lendemain, les enfants s'étaient levés sans que je m'en aperçoive. C'était la première fois que cela arrivait et je m'en sentais honteuse d'autant plus devant Sully.
 
Il ne fit aucun commentaire quant à mon attitude et ne fut pas non plus étonné de me voir dans cet état-là.
Je n'avais pas pris le temps de m'habiller et j'avais l'impression qu'il me dévisageait de haut en bas. Peut-être n'était-ce qu'une impression ?
Il arrivait avec ses outils pour commencer ses travaux d'agrandissement de la maison, comme il l'avait prévu. En fait, il voulait simplement nous permettre d'avoir plus d'espace.
« Ma conversation » avec Abigail m'avait convaincue pleinement et j'étais plus sûre que jamais de vouloir accepter l'aide de Sully. Oui, je voulais ce changement pour les enfants car ces travaux venaient de quelqu'un qui ne voulait que notre bien et qui ne se préoccupait pas de l'argent !
Contrairement à mon attitude de ces derniers jours, je pus enfin sourire, et me montrer aussi aimable face à mon « métis ».
Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander si Sully avait remarqué mon caractère détaché des derniers jours et s'il en avait compris les raisons.
J'aurai pu m'isoler avec lui pour lui expliquer pourquoi je m'étais comportée ainsi avec lui, mais je ne l'ai pas fait car je me sentais encore trop timide.
Je n'eus pas besoin de le faire, car Sully me fit comprendre que je n'avais pas à m'excuser envers lui par ses paroles et son regard.
Cet homme, je commençais à le comprendre petit à petit, était vraiment exceptionnel, car il se préoccupait avant tout du bien-être des autres personnes.
Les travaux furent rondement menés et achevés en quelques jours seulement, et il nous apporta, aux enfants et à moi, un confort que je n'avais pas cru possible.
 
J'avais besoin de remercier « mon métis » pour se travaux d'agrandissement d'une manière ou d'une autre.
Tous les jours qu'il avait passés à réaliser ce projet, je l'avais bien entendu invité à dîner à chaque fois.
Et puis, j'avais eu une idée surprenante : j'avais accepté de me promener en forêt avec lui. Je voulais plus que tout découvrir la forêt et ses alentours.
Quelle idée j'avais eue là ! Je l'avais surpris par ma demande, mais il n'avait pas refusé ! Il semblait plutôt heureux de pouvoir faire voir une partie de lui à une femme bien élevée de la ville.
Était-ce parce qu'il nourrissait des sentiments pour moi, autre que d'amitié ?
A ce moment-là, me revint les paroles du fantôme d'Abigail. Elle m'avait affirmé la veille au soir que nous aurions pu être amies. Qu'est-ce que cela signifiait ? Que je pouvais lui prendre son mari ? Certainement pas !
Non, j'en étais toujours là ! Sully ne pouvait pas aimer deux femmes aussi différentes.
Mais, dans ce cas-là, pourquoi acceptait-il de passer du temps avec moi ? Peut-être dans l'espoir de me voir plus, en tant qu'amie ? Pour me faire découvrir les merveilleux paysages de Colorado Springs ? Quand aurai-je une bonne fois pour toutes les réponses à toutes mes questions .
J'ai essayé de balayer ses doutes en partageant la découverte de la forêt, mais je n'y parvenais pas totalement.
Sully pouvait-il vraiment entendre mon cœur battre plus fort ? Pouvait-il savoir à quel point, je me sentais bien en sa présence ?
Pouvait-il entendre les questions que je me posais ?
 
Cette journée en sa présence s'était très bien passée et j'avais eu le sentiment d'être libérée de toute ma tension en un seul instant.
Je ne savais pas à quoi les Cheyennes allaient faire face. J'ai repris mon métier le jour suivant, en espérant encore vivre beaucoup de « moments » avec « mon métis. »
Suite à une soi-disant attaque des Indiens, Horace avait été blessé par une flèche. Sa version restait fidèle à celles de Jake et Loren. Ils avaient été attaqués par des dizaines de Cheyennes et eux, avaient envoyé la flèche dans le bras de Horace.
J'avais eu du mal à croire à cette histoire, car je connaissais le peuple et je ne les croyais pas capable d'une telle attaque.
J'en ai eu la confirmation par Sully. Les choses ne s'étaient pas passées comme ils l'avaient dit. Jake avait tué un Indien et, pour se défendre, ceux-ci avaient riposté en envoyant des flèches.
J'avais du mal à croire que Horace puisse mentir, mais je ne pouvais pas penser que « mon métis » me mente aussi.
J'ai donc dû me résoudre à me dire que le télégraphiste avait transformé la réalité, mais dans quel but ?
Dorothy ne croyait pas un seul instant à ce que Sully rapportait. Pour tous les habitants de la ville, Sully ne disait cela que pour protéger le peuple qui l'avait recueilli.
D'ailleurs, Dorothy ne l'a pas écouté.
Je me souvenais très bien pourtant de la douleur de Horace quand je lui avait retiré la flèche. Je doutais mais de quoi ?
Sully maintenait sa version et Horace la sienne !
Que faire ? Que dire ?
Je devais prendre mon mal en patience et voir si l'avenir allait nous révéler la vérité.
 
La ville était sous tension. Je savais que Jake et Loren craignaient une attaque des Indiens dans les jours à venir.
Ils cachaient quelque chose de grave et ne voulaient pas l'avouer.
Je parvenais de plus en plus à croire en la version de Sully, même si je me demandais pour quelles raisons véritables il l'avait fait.
Les Indiens voulaient punir Jake pour me raccompagner chez moi en toute sécurité. Il ne voulait pas que je sois prise pour cible. Alors que nous nous apprêtions à partir, les Cheyennes sont arrivés en envoyant des flèches partout et sont venus enlever Jake.
Sully m'avait prise dans ses bras pour me protéger. Je m'étais sentie en sécurité pendant quelques secondes, mais cela n'avait pas duré longtemps, en tout cas, pas assez à mes yeux !
Pour lui, comme pour moi, la révolte et l'enlèvement de Jake n'était en rien une solution, car cela allait alerter l'Armée.
Nous sommes donc rentrés à la maison, afin de rassurer les enfants. Ils étaient sous tension car ils avaient peur de ce qui pourrait se passer. Sully, lui, était incapable de rester sans rien faire.
Il était certainement le mieux placé pour aller parler aux Indiens. J'ai essayé de lui faire entendre raison, mais il n'y avait rien à y faire, il était très têtu.
Malgré tout, il est resté avec nous pour la nuit, dormant dans la grange, soi-disant pour nous protéger. Il s'agissait évidemment d'une autre raison. Il n'avait pas envie de se retrouver pris entre les deux peuples auxquels il appartenait.
Nous avons tout de même dû apprendre l'enlèvement de Jake aux habitants de la ville, tout en essayant de les freiner. Certains d'entre eux voulaient prévenir l'Armée et c'était bien une chose à éviter pour qu'ils tuent tout le monde sans distinguer Jake parmi eux.
 
Là n'était pas la solution. Auparavant, Sully souhaitait aller parler avec les Indiens pour voir s'il pouvait régler tout cela sans les autorités militaires.
J'ai réussi à les convaincre d'attendre, mais je savais que cela ne durerait pas et qu'ils allaient vite en arriver à l'Armée. J'ai donc insisté auprès d'Horace afin qu'il nous dise la vérité, à Myra et à moi.
Tout est sorti de lui. Jake avait tiré sur le Cheyenne par accident, car il l'avait pris pour un animal.
Myra et moi lui en voulions de nous avoir menti, mais je pus comprendre pourquoi il avait agi ainsi. Jake et Loren se moquaient toujours un peu de lui, et jusqu'à ce jour, ils n'avaient pas voulu qu'ils l'accompagnent à la chasse. Horace ne cherchait que l'amitié des deux hommes, et pour ne pas la trahir, il avait menti !
Il s'en voulait d'avoir agi ainsi, car il devait avouer la vérité et tout ce qui avait été dit dans la Gazette, tenue par Dorothy, n'avait pas été qu'un tissu de mensonges.
Nous nous sommes rendus, tous les trois ensemble, au magasin de Loren. Maintenant beaucoup plus sûr de lui, le télégraphiste était prêt à tout assumer et à faire en sorte d'aider Jake et Sully.
Dorothy a été navrée d'avoir publier de telles choses et s'en voulut. Matthew lui fit clairement réaliser qu'elle devrait, à l'avenir, surveiller la véracité des propos recueillis. Elle allait faire publier un rectificatif.
Je ne pouvais pas rester à Colorado Springs sans rien faire maintenant que je connaissais la vérité. Je devais aller aider Sully et l'empêcher de se fâcher pour toujours avec eux.
Horace voulut m'accompagner car il se sentait responsable de la tension qui régnait dans le camp Indien. Il voulait se racheter pour tout ce qu'il s'était passé à cause de lui. J'ai accepté sa présence et celle de Matthew pour que la vérité éclate là-bas.
 
Quand nous sommes arrivés à la réserve tous les trois, les Cheyennes et Sully étaient clairement en opposition avec eux.
Heureusement que Horace détenait la vérité, car il aurait clairement pu se passer autre chose.
Là était toute la différence.
Bref, tout était en ébullition. D'ailleurs, Sully est venu jusqu'à nous pour voir ce que nous étions venus faire là.
Horace a pris sur lui de révéler la vérité et Sully a ainsi pu agir. Les Indiens, surtout Nuage Dansant, voulaient venger une mort par une autre. Il est clair que les deux amis étaient clairement en opposition. C'était la première fois que je les voyais se disputer et même se battre.
Si les Indiens voulaient prendre une vie, Sully voulait qu'il prenne la sienne. Je n'en revenais pas, les deux frères se battaient.
Je ne pouvais pas rester sans rien faire. Je les implorais de m'écouter et de s'arrêter, que cela ne serait pas la solution.
Il fallut l'intervention de Matthew pour qu'ils en viennent à s'arrêter. Nuage Dansant et Sully avaient atteints ensemble un point de désaccord, tel qu'il n'y avait pas d'issues possibles, sauf si …
Bison Noir, justement, sentit qu'il fallait intervenir pour calmer les deux hommes. C'était lui le chef de la tribu et personne n'osa le contredire.
Il décida que Jake devrait donner de l'argent à la famille de celui qu'il avait tué, mais pour arriver à cette décision, il avait fallu des jours et des jours.
Nous avions peur que l'Armée vienne à être au courant de la situation et qu'elle s'en mêle sans plus autre discours.
Cela aurait pu tous nous mettre en danger. D'ailleurs, je ne comprenais pas la raison de leur absence.
 
Je n'ai pas eu la réponse immédiatement. Nous avons enfin retourner à Colorado Springs et j'ai pu retrouvé Colleen et Brian.
En ce laps de temps, ils m'avaient manqué et j'étais plutôt soulagé de l'intervention de Bison Noir, qui avait mis une fin définitive au conflit.
Le sage chef de tribu avait compris qu'il ne devait pas laisser Jake se faire tuer, mais pour cela, il avait quand même fallu que Sully en vienne à défier Nuage Dansant.
Venger une mort pour une autre n'aurait fait qu'exterminer la totalité du peuple et ce n'était aucunement la solution.
Colleen et Brian semblaient avoir un secret à cacher mais je ne parvins pas à savoir quelles bêtises ils avaient pu commettre en mon absence.
Ils voulaient absolument m'accompagner à la réserve pour les dons que Jake devaient faire à la famille de celui qu'il avait tué pour leur avenir, et c'était bien la moindre des choses.
Sully était là pour veiller à ce que tout se passe bien aussi.
Jake dut donner son cheval, sa montre, de l'argent et de la nourriture. Il devait au moins faire cela, car cela ne rachèterait pas la faute qu'il avait commise, même si elle n'était pas intentionnelle.
Un rapprochement s'opéra de nouveau à ce moment-là entre Nuage Dansant et Sully.
Voilà qu'enfin ils se réconciliaient, après s'être affrontés. Cela faisait chaud au cœur. Ils ne pouvaient pas rester ennemis indéfiniment et gâcher leur entente aussi facilement.
Heureusement, cette affaire se finissait bien, car elle avait plutôt mal commencée. Tout aurait pu se terminer autrement. J'étais soulagée pour les Cheyennes.
Pour eux, comme pour Sully, cette fin était bien celle qu'il fallait. Sully aurait-il pu vivre sans leur amitié ?
  
A ce moment-là, je me demandais à nouveau comment l'Armée avait pu rester en dehors de tout cela.
Je pensais que les habitants avaient eu confiance en Horace. Mais non, ce n'était pas cela qui avait freiné les soldats.
En fait, Colleen et Brian avaient coupé les fils du télégraphe pour les empêcher de prévenir l'Armée.
Ils avaient dégradé du matériel pour nous aider. Bien sûr, je ne les ai pas félicités d'avoir agi ainsi, mais, au fond de moi, je me demandais bien ce que j'aurai fait à leur place.
Sully eut l'intelligence de me dire que j'aurai certainement fait pareil. En effet, pour défendre les Cheyennes, j'aurai coupé les fils du télégraphe.
J'ai ri face à cette réaction de « mon métis ». Il cernait très bien ma personnalité et j'étais plutôt heureuse de cela.
Sully et Nuage Dansant se sont serrés la main en signe de réconciliation. Puis, j'ai proposé à Jake de le raccompagner en ville, mais il a refusé.
Il venait d'être humilié sous mes yeux, ceux de Sully et ceux des enfants. La seule chose qu'il voulait était qu'on le laisse en paix pour retourner dans son salon de coiffure et retrouver sa clientèle.
J'en ai donc profité pour encore invité « mon métis » à dîner chez moi. Quelle joie de voir son acceptation !
Il était heureux de vois que nous voulions partager avec lui ce moment de tendre soulagement.
Les enfants avaient tellement eu peur pour nous. Leur offrir ce dîner en sa compagnie était vraiment quelque chose qui me tenait à cœur.
Je me souviens m'être demandée si je revivrais de tels moments d'amour et de calme avec eux. Je savais que je n'aurai pas pu vivre si Sully était décidé dans la bataille qui l'opposait aux Indiens.
De cela, j'étais sûre.
 
Le calme était enfin revenu en ville, enfin, je le croyais. J'ai pu me rendre à l'église pour le sermon du Révérend Johnson.
Je pensais qu'un tel moment de recueillement ne pouvait pas être interrompu, et pourtant, il le fut.
Une femme inconnue, je ne pus pas le croire, venait de s’immiscer dans l'église pour chanter un cantique avec la congrégation.
Ce qui ne me plut pas dans son interruption fut le fait qu'elle se permettait d'intervenir dans mon domaine : celui de la guérison des personnes. Elle demanda à l'assemblée qui voulait guérir.
Horace s'avança pour se guérir de sa goutte. Je ne sais pas comment elle avait fait cela mais il marcher sans boiter suite à son intervention.
Je pensais que le télégraphiste avait tellement cru en son pouvoir de guérison de cette religieuse, qu'il s'en était senti soulagé immédiatement.
Je n'allais pas laisser cet incident m'anéantir. Je ne pouvais pas croire que la foi puisse guérir quoique ce soit.
Bien sûr, je croyais en Dieu et me rendais régulièrement à l'église pour prier ou pour écouter les sermons, mais cela ne suffisait pas.
A la sortie de l'église, encore choquée par l'intervention de Soeur Ruth, comme elle s'appelait, je n'ai pu m'empêcher de héler Horace. J'avais besoin de vérifier que tout allait bien pour lui. Pour cela, il fallait que je l'examine.
Bien sûr, celui-ci n'en ressentait pas le moindre besoin car il se croyait guéri. J'ai essayé de le persuader de la nécessité de cet examen mais il ne voulut rien entendre.
Ce fut à ce moment-là que Soeur Ruth est intervenue dans notre discussion privée. Elle assurait qu'elle avait vraiment guéri le télégraphiste et que je devais plus me faire du souci pour lui.
Bref, elle me traita comme son égale en me disant « ma soeur ». Qui était-elle pour m'appeler ainsi ?
 
Bien sûr, je ne me considérais pas plus forte qu'elle, mais de là à me faire appeler « ma sœur » par cette femme … Non, ce n'était une chose impossible à mes yeux et je n'allais pas me laisser faire.
Je n'eus malheureusement pas le temps de le lui dire, car je devais aller à la prison pour soigner un blessé.
Je me suis bien sûr précipitée. Je me devais, comme toujours, d'aller soigner ce patient, fut-il un hors-la-loi. Quand je suis arrivée, Kid Cole et Sully m'attendaient. Ils avaient arrêté cet homme ensemble. Cela me semblait surprenant de la part de Sully. Pourtant, il connaissait bien le chasseur de prime, et s'il lui était venu en aide, il avait ses raisons.
Toutes les questions que j'aurai pu me poser, je les ai oubliées pour me concentrer sur les soins que je devais donner à ce prisonnier.
Je voulais que Kid Cole délie ses mains, mais ce fut Sully qui le fit pour lui. Pour le chasseur de prime, il fallait simplement que je remette cet femme en état, afin qu'il le livre aux autorités et toucher sa prime.
Étant donné que Sully l'avait aidé, il voulait vraiment partager sa prime avec lui, et bien sûr « mon métis » ne souhaitait en entendre parler.
Il n'avait fait que se trouver sur son chemin quand il le fallait. Je le reconnaissais bien là.
Sully m'a aussi confié que Kid Cole semblait malade, mais celui-ci ne souhaitait pas que je l'examine.
Je savais que je n'arriverai à rien à ce moment-là et que je devais me contenter d'attendre.
Je ne savais pas à quel point la présence de Soeur Ruth allait m'empêcher de mener à bien ma tâche de médecin.
Elle passait dans toutes les habitations pour les inviter à la réunion du renouveau de la foi qu'elle voulait organiser. Elle n'avait bien sûr pas oublier le camp des immigrés.
Qu'elle veuille attirer du monde à sa réunion, je le comprenais, mais qu'elle mette la vie de quelqu'un en danger, je ne l'acceptais pas !
 
Comment pouvait-elle agir de cette manière ?
Matthew m'a emmené Ingrid dans un tel état que je n'en revenais pas. Il m'avait tout expliqué ! Sœur Ruth était passé dans le camp d'immigrés et leur avait fait jeté tous les médicaments, en faisant croire à Ingrid qu'elle était guérie.
Bien sûr, ce n'était pas le cas ! J'ai laissé l'amoureuse de Matthew entre les mains de Colleen pour quelques minutes et suis partie en courant pour aller dire ma façon de penser à cette femme.
Elle était encore en train d'essayer de rassembler des personnes pour sa réunion, quand je l'ai interrompue brutalement. Comment avait-elle osé dire à Ingrid qu'elle était guérie ? La seule réponse qu'elle me donna fut que la jeune fille n'était pas assez croyante !
Qui était-elle pour se permettre de dire cela ?! Ingrid avait failli mourir par sa faute !
Je ne pouvais pas comprendre comment elle avait pu faire cela.
Je suis retournée à la clinique, bien consciente de ne pas en avoir fini avec Soeur Ruth. Heureusement, Ingrid avait accepté de se faire soigner pour son bien mais qu'aurait-il pu advenir sinon ?
A qui pouvais-je confié mon désarroi devant cette femme ? A personne bien entendu, mais elle ne perdait rien pour attendre !
Même Kid Cole refusait de se faire soigner, mais au moins, pour lui, Soeur Ruth n'était pas la raison de son refus !
Je ne savais plus quoi faire pour que nos patients reviennent à la raison. Ils avaient tout de même le droit de faire ce qu'il voulait.
Heureusement, face à tous ces problèmes qui se présentaient, deux amis très chers nous avaient annoncé une très bonne nouvelle, à Sully et à moi.
Grace et RobertE voulaient se marier et souhaitaient que « mon métis » soit leur témoin et que je sois la demoiselle d'honneur de la mariée.
 
Maintenant que cette demande avait été faite et que Sully et moi avions accepté avec joie, ils leur restaient à demander au Révérend de les unir.
Celui-ci n'était pas contre célébrer ce mariage par lui-même, mais il ne voulait apparemment pas que celui-ci se déroule à l'église.
Il avait peur de la réaction de ses administrés, si cette union se déroulait à l'intérieur de l'église. Je ne comprenais pas pourquoi le Révérend leur refusait cette faveur.
Ils se retrouvaient confrontés au racisme. Pourtant, ils s'étaient battus pour arriver à se faire une place en ville. Ils méritaient d'être heureux comme les autres !
Sully et moi les avons vus évoluer ensemble et tomber en amour l'un pour l'autre. Et là, le Révérend ne voulait pas leur faire le privilège de les marier.
Je voulais m'interposer, dire au Révérend que son attitude était raciste ou qu'il ne faisait qu'écouter les réactions négatives au lieu de prendre sa propre décision par lui-même.
Je n'en eus pas vraiment l'occasion car un homme avait agressé Kid Cole et je devais le soigner. Le chasseur de prime crachait du sang et son opération urgeait.
Sully me l'avait apporté peu après la discussion de Grace et RobertE avec le Révérend. Je me suis préparée de mon mieux à me mettre en « mode médecin » face à cet homme qui m'inspirait de l'amitié.
Juste au moment où je me sentais prête à commencer l'opération, Soeur Ruth est entrée dans ma clinique sans y avoir été invitée. Elle avait été informée de l'état de Kid Cole et voulait être présente pendant mon intervention.
Voyant que Kid Cole appréciait sa compagnie, je me suis résignée à l'accepter et j'ai révisé mon jugement sur cette femme si mystérieuse. En joignant nos efforts conjoints, l'opération avait réussi.
 
Loin de voir encore en elle une rivale, j'ai fait plus ample connaissance avec elle, tout au long du rétablissement du chasseur de prime.
Elle me confia même être heureuse de pouvoir célébrer le mariage de Grace et RobertE. Fut-ce cela qui nous rapprocha l'une de l'autre ?
Tout au long de ces journées passées ensemble, je découvrais une personne avec qui j'avais envie de devenir amie.
Je ne savais pas grâce à qui et à quoi, mais Kid Cole s'est rétabli assez rapidement. Il voulait me remercier pour les soins que je lui avais inculqués, mais je ne devais pas être la seule à avoir droit à ses remerciements.
Je lui ai d'ailleurs dit que Soeur Ruth n'avait pas quitté son chevet.
Ils avaient un lien incroyable. En très peu de temps, ils étaient devenus amsi, mais il y avait autre chose entre eux.
Ils s'appréciaient réellement. C'était même émouvant de les voir ensemble. Les habitants étaient soulagés de voir que le chasseur de primes fut remis, car ils n'avaient pas voulu le voir mort aussi vite.
En raison de sa notoriété, tout le monde respectait cet homme.
Le Révérend aussi en était soulagé. Laissant Soeur Ruth et Kid Cole seuls, je me suis dirigée vers lui pour essayer de parler aux noms de Grace et RobertE.
Il accepta d'en parler avec moi. Bien sûr, il regrettait de ne pouvoir célébrer leur union, alors qu'il aurait tant voulu le faire.
Il fallait qu'il écoute son cœur et qu'il arrête d'écouter les autres. Pourquoi n'en faisait-il pas qu'à lui-même ?
Qu'importe les réactions ! Grace et RobertE méritaient d'avoir un mariage à l'Eglise !
J'ai vu que mes mots avaient fait leur chemin dans son esprit et qu'il allait changer d'avis. Il s'est d'ailleurs tout de suite dirigé vers eux pour leur en parler.
 
Le dimanche suivant, la cérémonie de mariage de Grace et RobertE eut lieu devant une assemblée assez nombreuse.
Sully et moi étions à côté d'eux comme ils l'avaient souhaité. Ce n'était bien sûr pas la première fois que j'assistais à un mariage de ma vie. J'avais déjà eu l'occasion d'être demoiselle d'honneur aux unions de mes sœurs Rebecca et Marjorie, et pourtant, l'émotion était intacte.
Les larmes me montèrent aux yeux quand le Révérend commença la cérémonie et je sus, en regardant « mon métis », qu'il en était conscient et qu'il ressentait la même émotion.
Ce couple méritait de vivre de tels moments ensemble.
Je ne perçus pas bien la suite des événements. Tout ce dont je me rappelle est que Grace avait les larmes qui coulaient sur ses joues quand RobertE l'embrassa pour la première fois devant tout le monde.
Puis, toute l'assemblée réunie en cette heureuse occasion, applaudit devant la preuve d'amour de ces deux êtres.
Il y eut ensuite ce bouquet de la mariée - que j'avais tenu tout au long de la cérémonie – qui devrait être jeté.
Bref, toutes les femmes célibataires de la ville, devaient se placer derrière la mariée et le bouquet retomba dans mes mains, pour la deuxième fois depuis que j'étais arrivée en ville.
Sully me taquina en me disant que ce serait un bouquet à rajouter à ma collection, mais cette fois-ci, j'avais un plan. Je voulais l'offrir à quelqu'un. Je lui ai dit.
Sully n'a pas compris de qui je parlais.
Pendant que la fête des jeunes mariés se mettaient en place, je me suis dirigée vers Soeur Ruth et lui ai offert ces fleurs.
J'en ai profité pour m'excuser de l'attitude hostile que j'avais eue envers elle et elle m'a pardonné !
 
Notre relation est devenue plus amicale et sereine, puis, elle est partie de la ville pour accompagner Kid Cole.
J'aurai parié à ce moment-là qu'ils allaient se marier dans un avenir proche.
A la suite de leur départ, Sully s'est replié un peu plus sur lui-même. Nous l'avons croisé le jour du Seigneur en train de se recueillir sur la tombe de sa femme et de sa fille.
Il semblait tellement triste quand il se recueillait comme cela ! J'ai pensé en un quart de secondes qu'il ne s'en remettait jamais et qu'il ne referait jamais sa vie.
J'aurai voulu prendre cette pensée le mieux possible mais je n'ai pas pu. Au contraire, cela me brisait le cœur !
Brian a voulu aller lui dire bonjour, et, malgré le fait que j'ai essayé de l'empêcher, il a couru vers « mon métis ».
Ce dernier n'a pas réagi de manière brutale et l'a embrassé comme d'habitude sans lui faire de reproches. J'allais m'excuser pour Brian mais j'en eus pas le temps !
Horace m'apporta un télégramme urgeant m'informant de l'état préoccupant de ma mère. Rebecca voulait que je vienne le plus vite possible.
Le ciel me tombait sur la tête. Elle avait toujours eu une santé de fer, et là, elle était très malade.
Oui, j'éprouvais vraiment le besoin de retourner à Boston pour voir ma mère, même si je réalisais seulement que la vie de là-bas serait réellement très différente de celle de Colorado Springs.
Serai-je de nouveau m'adapter au monde qui avait fait toute mon enfance ? Mes sœurs allaient-elles m'accueillir à bras ouverts ? Et surtout, quel était l'état réel de ma mère ? Était-elle à l'article de la mort ? Combien de temps me restait-il à passer avec elle ?
 
J'ai acheté les billets de train pour Boston très rapidement, sans vraiment demandé à Matthew s'il était d'accord.
J'avais besoin de les avoir près de moi et de me sentir soutenue par eux. Mais un homme allait me manquer : Sully !
Je lui avais confié les clés de la clinique et celle de la maison. Nous avons dû, après cela, décider de ce que nous allions ou non faire suivre à Boston. Certains vêtements étaient tellement usés et rapiécés qu'ils ne convenaient pas.
Je tenais à ce qu'ils parlent correctement pour faire voir qu'ils avaient été bien élevés et, je le reconnais, j'ai trop insisté sur cela !
J'avais conscience d'être trop exigeante envers eux, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. J'étais trop inquiète pour ma mère.
Quand j'ai réalisé que mon comportement vis-à-vis d'eux, je suis sortie de la maison à toute vitesse pour aller pleurer. Je n'avais pas l'habitude de me donner en spectacle devant tout le monde mais là, je ne pouvais plus faire autrement.
Sully m'avais suivie à l'extérieur pour me réconforter. Il savait mieux que quiconque ce que cela pouvait créer pour moi.
C'était instinctif et il ne demandait jamais d'explications avant que je me confie. C'est ce que j'aimais chez lui !
Je pleurais les mains accrochées sur l'arrière du chariot et tout est sortie de moi. J'avais peur pour ma mère qui n'avait jamais été malade de toute sa vie.
Il comprit aussi que je craignais de retrouver mes racines et des réactions que j'allais avoir là-bas. C'est là que j'ai eu l'idée de lui demander où il était né.
Il avait vu le jour sur un bateau. Il ne connaissait pas le nom du ma vie. Il avait vécu un moment ailleurs. Son père travaillait dans une usine et était mort assez tôt.
 
Sa mère était décédée en se noyant dans l'Hudson River quand il avait dix ans.
Après cela, il avait fui et avait travaillé comme chercheur d'or et avait finalement pris la décision de venir à Colorado Springs pour avoir une nouvelle vie.
Lui, il avait connu la galère et pouvait vraiment comprendre ce que je ressentais vis-à-vis de ma mère.
Les enfants et moi-même devions partir le lendemain. J'allais regretter mon amitié d'avec Sully. Il allait me manquer, d'autant plus que je ne savais pas combien de temps j'allais rester à Boston.
Matthew se sentit triste de quitter Ingrid pour un temps indéterminé.
Nous sommes montés dans la diligence, accompagnés par les adieux chaleureux et sympathiques des habitants.
Une impression étrange me poursuivait. J'avais vraiment l'impression de quitter quelque chose et que ce voyage allait me révéler quelque chose, ou en tout cas, me le confirmer.
Je dus balayer mes doutes pour garder un visage impassible devant les enfants et me montrer forte face à eux. De toute leur enfance, ils n'avaient connu que Colorado Springs. Je me demandais ce qu'ils penseraient de Boston, qui était une bien plus grand ville.
Seraient-ils perdus ? Parviendraient-ils à s'acclimater convenablement ? Je les coupais de tout ce qu'ils avaient apprécier jusque-là. Ils perdaient leurs amis, leurs repères et ce, pour un temps indéterminé.
Bien sûr, Brian se réjouissait de retrouver sa grand-mère mais qu'en était-il réellement de Colleen et de Matthew ?
Je n'osais pas leur poser de questions !
Le voyage fut long et rugueux mais aucun d'eux ne se plaignit. Je sus avec certitude qu'ils me soutiendraient et j'en étais soulagée.
 
Marjorie et Everett étaient venus nous accueillir quand nous arrivâmes à Boston.
Comme je m'y attendais, l'accueil fut glacial. Je devais faire avec.
Marjorie voulait que nous allions à Beacon Hill immédiatement pour nous reposer.
Les enfants et moi souhaitions voir quel était l'état réel de ma mère. Je savais que je serai incapable de faire quoi que ce soit avant de le savoir. Nous avions fait tous ses miles pour cela et nous n'allions pas nous laisser stopper. Marjorie eut la bonne grâce d'accepter notre souhait et nous avons pris le chemin de l'hôpital.
Rebecca était déjà auprès d'elle. Elle, au moins, était heureuse de nous accueillir et de connaître enfin les enfants.
Ma mère n'avait jamais voulu que nous fassions tout ce voyage pour si peu. Je crois qu'elle prenait peu à peu conscience de l'importance de mon travail et elle n'avait pas voulu me déranger.
Même si je jouissais maintenant d'une position confortable à Colorado Springs, rien ne m'importait plus que la santé de ma mère.
J'ai ensuite demandé l'avis des médecins qui la suivait pour parler avec eux. J'avais oublié les réticences de ceux-ci.
Celui qui s'en occupait personnellement ne m'a parlé de sa maladie que par politesse et que parce que son associé l'en obligeait.
Son associé, lui, au moins, me regardait comme une égale et ne me traitait pas avec mépris.
Le Docteur Wiliam Burke semblait enchanté de faire ma connaissance et de discuter avec moi et je dois avouer que j'en étais séduite.
Lui, il acceptait de parler du cas de ma mère et le fait que je puisse l'examiner.
Les enfants, Rebecca, Marjorie, Everett et moi sommes rentrés à Beacon Hill pour nous installer.
 
J'étais, une fois de plus, heureuse de retrouver Martha, la servante, avec qui j'avais eu quelques liens d'amitié.
Elle voulait m'allouer mon ancienne chambre, mais j'ai préféré la laisser à Colleen car cette chambre lui irait à merveille.
Tout le monde fut installé en un temps record. Le dîner en famille approchait et je me demandais si mes sœurs Claudette et Maureen seraient présentes.
Elles n'avaient jamais été très proches de moi, et je savais qu'elles désapprouvaient mes ambitions et mon choix de vie. Elles voulaient rester loin de moi, et rien de ce que j'avais pu dire ne les avaient fait changé d'avis.
Quand nous sommes descendus pour rejoindre toute la famille, j'ai vite compris que les enfants et moi faisions office d'invités plutôt que de faire partie de la famille.
Leurs vêtements étaient différents des nôtres. Loin de la simplicité des nôtres, Claudette et Maureen faisaient vraiment honneur à la bourgeoisie qu'elles représentaient.
J'ai fait face à leurs regards méprisants car je savais que j'avais un soutien infaillible en la personne de Rebecca.
Elle avait vraiment été la seule à me soutenir avec mon père.
Malgré l'atmosphère tendue de cette réunion familiale, je ne tenais aucunement à me disputer avec quelqu'un dès le premier jour.
Je devais me concentrer sur ma mère et sur le rôle que je souhaitais jouer auprès d'elle et pas sur les petits détails qui entouraient mon retour.
Forte de cette résolution, j'ai fait de mon mieux pour ne plus penser à l'accueil plus que glaciale de Maureen et Claudette.
Je me suis couchée dans la chambre qui m'avais été attribuée moins sereine que je l'aurai voulu, en pensant à une personne ...
 
Cette personne hantait mes rêves depuis que j'avais quitté Colorado Springs, une personne qui m'avait offert son amitié dès mon arrivée.
Je me rappelais de l'étreinte que nous avions échangé quand je venais d'apprendre l'état préoccupant de ma mère et que nous préparions nos affaires pour partir.
Il m'avait pris légèrement contre lui, avec l'espoir de m'apaiser. J'avais été submergé par l'impression de sécurité qui émanait de lui.
Cela avait duré si peu de temps, et pourtant, cela avait aussi semblé une éternité. Sa main avait caressé mes cheveux sans qu'il s'en rende vraiment compte. Son toucher m'avait fait succombé.
Pourquoi était-il si loin de moi ? Peut-être ce séjour allait-il m'aider à faire un point sur la relation que j'entretenais avec « mon métis » ?
Peut-être aussi cela allait-il me permettre de faire un pas vers lui ? Si je lui manquais autant qu'il me manquait, nous aurions peut-être un avenir ensemble ?
Le rêve que je fis me fit du bien. J'étais dans les bras de Sully, totalement en sécurité contre lui. J'étais bien ! Il me caressait les cheveux comme il l'avait fait avant mon départ.
Puis, il se baissait vers moi et ses lèvres se rapprochaient délicieusement des miennes …
Un cri d'oiseau me réveilla en plein milieu d'un rêve, me laissant indécise quant à la suite de celui-ci.
Le matin était levé et il était temps que je me lève pour aller retrouver le Docteur Burke pour essayer de convaincre ma mère de me laisser l'examiner. Mes états d'âme, je devais les mettre de côté, du moins pour un moment.
 
J'étais loin de me douter de ce que William ressentait pour moi à ce moment-là, alors je m'étais bien sûr laissée convaincre qu'il soit avec moi.
J'étais heureuse de voir qu'un autre médecin m'accorde de l'importance et qu'il voulait m'aider auprès de ma mère.
Nous sommes entrés ensemble dans la chambre, car je savais que l'appui de William me serait plus que nécessaire.
Comme je le pensais, ma mère avait une confiance entière en son médecin personnel et ne souhaitait pas que je m'occupe d'elle. Elle avait besoin de temps pour l'accepter.
Nous sommes sortis et j'ai pris congé du Docteur Burke, qui m'a proposé de m'appuyer une autre fois pour arriver à convaincre ma mère. Ne pouvant, en tant que fille ou que médecin, me résoudre à son refus, je n'avais pas voulu abandonner aussi vite.
Rebecca était la seule de mes sœurs à croire en mes capacités. Je devais me reprendre et me battre, comme cela avait été le cas auparavant.
Pour arriver à m'imposer dans un monde d'homme, j'avais déjà dû me battre, car seuls les hommes avaient le droit d'exercer une profession, quelle qu'elle soit. Je suis rentrée à Beacon Hill et me suis isolée pour comprendre ce que cela emmenait chez moi.
Pourquoi croyais-je que les choses avaient changé, que les mentalités avaient évoluées ? Il n'en était rien et je devais faire avec.
Encore une fois, seule dans ma chambre, j'ai pensé à ma vie à Colorado Springs et à la place que j'avais là-bas.
L'acceptation et l'amitié des habitants me manquaient. La maison dans laquelle je vivais me manquait et aussi Sully me manquait.
Peut-être aurait-il pu m'apporter une épaule, un conseil ? Peut-être sa présence aurait-elle pu m'apaiser ? Il était la seule personne avec laquelle je me sentais libre d'être moi-même.
 
J'avais eu raison de me demander quels impacts mon départ de Colorado Springs allaient voir. J'avais eu raison d'avoir peur de revenir à Boston.
Bien sûr, c'était la ville dans laquelle j'avais grandi mais était-elle la ville dans laquelle je devais rester ?
Je pus enfin examiner ma mère le lendemain, afin de me faire mon propre avis sur son état et ce que découvris m'encouragea. Elle n'avait pas de cancer et je connaissais un moyen de la guérir.
Un remède Cheyenne existait, mais, pour cela, il fallait que ma mère accepte d'en prendre un, et, encore une fois, le soutien de William Burke allait m'être indispensable.
Pour cela, il fallait que je télégraphie à Colorado Springs pour avoir les détails du traitement à la personne à qui je rêvais.
Je savais que « mon métis » ferait de son mieux pour me faire parvenir le document au plus vite et ce fut le cœur léger que je me suis retrouvée autour de la table avec mes sœurs.
Une nouvelle servante était entrée au service de la famille, et je voulus savoir son nom, sans savoir que Claudette et Maureen allaient trouver cela trop courtois.
J'avais oublié qu'il ne fallait pas se lier avec les servantes, car la plupart d'entre elles repartaient aussi vite qu'elles étaient arrivées.
Oui, j'avais réussi à oublier les manières et les coutumes Bostoniennes. Cela ne m'a pas empêché de prendre le déjeuner, même si les critiques de mes sœurs continuaient de fuser.
Ce qu'elles pouvaient penser m'étaient égales. Peut-être que tous ses fastes n'étaient pas pour moi !
Le télégramme de Sully arriva enfin, avec le soulagement que j'espérais. J'allais pouvoir prendre soin de ma mère et la guérir, grâce à lui et à sa disponibilité.
 
J'ai réagi immédiatement et suis partie pour aller tout de suite réessayer de convaincre ma mère.
Aidée de William, je suis retournée à son chevet pour savoir si nous pouvions y parvenir.
Mère s'énervait, mais je lui ai assuré que mon traitement n'avait aucune incidence sur le traitement déjà prescrit par mon collègue. Elle se fit à notre décision et accepta finalement. Je fus soulagée de ce revirement de situation.
Peut-être cela allait lui permettre de se remettre. Je n'en étais pas foncièrement convaincue car je faisais face à un médecin très réputé.
Après cela, j'ai pris congé de William et j'ai retrouvé Rebecca. Elle seule parvenait de me donner confiance en moi.
Elle croyait en moi et en ma capacité à croire que j'étais capable de guérir notre mère. Rebecca m'avait toujours fait du bien.
Elle m'avait couvée tout au long de mon enfance et ne s'était jamais opposée à mes décisions quelles qu'elles fussent.
Elle, au moins, était une vraie sœur. J'avais un lien véritable avec elle, plus qu'avec mes autres sœurs.
Je me sentais moi-même en sa présence et je n'avais pas besoin de me cacher derrière des apparences. C'est ce que j'appréciais !
Le traitement Cheyenne de Nuage Dansant avait fait effet sur ma mère, un effet que j'aurai qualifié de soulageant.
Quand nous avons appris son rétablissement, nous sommes allés à son chevet, pour nous réjouir.
Mes sœurs remercièrent son médecin traitant mais maman le complimenta pour ses services rendus mais pas pour sa guérison. Pour la première fois, mère appréciait mes talents de médecin et pour l'avoir guérie.
 
Elle avait bien changé depuis sa visite à Colorado Springs. Il est vrai qu'elle avait accepté facilement de me donner l'argent pour l'achat de la clinique. Facilement, non, je me mentais à moi-même.
Cela avait été difficile à obtenir, mais elle avait finalement admis que ma vie était là-bas.
Sa reconnaissance était un véritable cadeau à mes yeux, cela voulait dire beaucoup. La relation difficile que j'avais toujours entretenu avec elle s'en trouvait allégée, et j'espérais que cela ne serait pas que temporaire.
Ma mère allait pouvoir revenir à la maison et passer du temps avec elle. J'avais presque hâte que ce soit le cas pour que je puisse revenir à Colorado Springs.
Elle voulait que les enfants et moi restions un peu plus longtemps avec elle, que nous en profitions pour apprécier ce moment en famille. Je ne pouvais pas refuser cela !
Quand ma mère est revenue à Beacon Hill, elle a voulu organiser une réception, alors qu'elle devait absolument se reposer et reprendre des forces.
Mais elle n'en faisait qu'à sa tête. Il était difficile de lui faire écouter quelque chose ! Elle tenait à ce que nous soyons mis à l'honneur et à faire comprendre que les enfants et moi faisions partie intégrante de la famille.
Elle était tellement heureuse de le faire que cela nous a permis, aux enfants et à moi de nous sentir mieux. Car nous en avions bien besoin.
Soulagée par cela, mon cœur s'allégea un peu, même s'il me restait quelque part une pensée pour un homme.
Cette pensée m'apparaissait toujours quand je ne m'y attendais plus. J'ai décidé de la mettre de côté et de me consacrer au présent et à ma famille Bostonienne.
 
La fête organisée par ma mère avait été à la hauteur des convives et de leurs attentes.
L'ambiance était beaucoup plus bonne que les jours précédents. Cela nous fait plaisir.
Tout semblait pour le mieux, et pourtant, mon cœur n'était pas là. Je me laissais séduire par William, mais je savais que ce n'était pas lui qui me rendrait heureuse.
Ma mère m'aurait volontiers poussée vers un mariage avec cet homme. Même si elle n'en disait rien, elle approuvait le fait de nous voir nous rapprocher.
Pour elle, un mariage de raison valait toujours mieux qu'un mariage d'amour. Pour une soir, elle n'a vu que ce qu'elle a voulu voir.
La tristesse que j'avais dans les yeux était quelque chose qu'elle n'avait pas décelée, et pourtant, cette tristesse était présente.
J'aurai certainement dû lui parler ouvertement de mes sentiments réels pour William au lieu de me laisser entraîner vers une situation que je n'arriverai plus à maîtriser.
Au lieu de cela, je ne lui ai rien dit et cela a entraîné tout un lot de problèmes et de questions, mais cela a aussi permis une révélation très importante pour moi.
La soirée s'est déroulée calmement et sans aucune interruption, en tout cas, c'est ce que je croyais !
Je me suis isolée quelques instants et j'ai pensé au sens réel de mon retour ici.
Je n'avais vraiment plus aucune raison de rester maintenant que ma mère était guérie, si ce n'était pour lui faire plaisir. J'étais venue pour voir si je pouvais faire quelque chose pour ma mère.
Maintenant que je l'avais fait, je pouvais rentrer à Colorado Springs et reprendre ma vie.
Et pourtant, je ne le fis pas, quelle était la raison pour laquelle je persistais à rester à Boston ?
Ma mère m'a appelée pour que je revienne à table ...
 
En revenant à la table du dîner, nous nous sommes installés comme avant. Nous étions en famille, pourtant un invité non désirable pour mes sœurs est apparu.
Sans prévenir, Sully était là debout parmi nous, apparemment fatigué et affamé. J'aurai voulu me lever et l'entraîner par la main pour savoir quelle était la raison pour laquelle il était arrivé comme un cheveu sur la soupe. Ce n'était pas le moment !
Vêtu qu'il était de ses peaux de daim, il se fichait bien du qu’en-dira-t-on et mangeait avec appétit.
Je voyais bien que mes sœurs le regardaient en chien de faïence comme quelqu'un qui n'avait pas de place parmi nous.
Leurs réactions m'affecta plus que je n'aurai su le dire mais elle ne me surprit pas. Elles ne le connaissaient pas, donc elles ne savaient pas ce qui se cachait sous cette carapace d'homme sauvage.
Marjorie lui avait dit qu'il était difficile pour lui de se retrouver par là. Ma mère intervint en trouvant normal qu'il soit fatigué et affamé.
Elle seule connaissait les conséquences d'un si long voyage. Mais elle tenait aussi à savoir la raison véritable de son arrivée à Boston.
J'admirais « mon métis » dans son attitude. Il restait lui-même quoi qu'il arrive et ne se laissait pas démonter par les regards assassins qui l'entouraient.
Il s'inquiétait apparemment pour nous. Il nous cachait quelque chose aux enfants et à moi, mais c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas dire devant autant de monde.
Autour de cette table, il y avait deux mondes différents qui n'arrivaient pas à cohabiter ensemble. J'ai défendu Sully.
Il m'avait tout de même sauvée la vie et était devenu mon ami. Mais pouvaient-elles comprendre cela ?
 
Je ne crois pas qu'elles pouvaient le comprendre car elles vivaient dans un autre monde et n'exerçaient pas de profession.
Elles ne pensaient qu'à leurs soirées mondaines et au paraître. Alors, un homme habillé en peaux de daim n'avait pas sa place parmi elles. Sully resterait à Boston malgré tout.
Ce jour-là était le jour de toutes les vérités. Si Sully avait fait ce long voyage, ce n'était pas que parce qu'il avait envie de nous voir.
J'ai trouvé le repas incroyablement long et quand nous avons enfin pu nous lever, j'ai enfin pu avoir une discussion sérieuse avec « mon métis ».
Il m'a avoué être inquiet pour les enfants et pour moi, car nous restions longtemps à Boston. Je ne comprenais pas exactement ce que cela signifiait. Je n'allais certainement pas lui avouer que je pensais à lui sans cesse.
Il aurait trouvé cela puérile.
Non, je devais faire comme si j'étais surprise par son arrivée. Je savais que cela avait une raison. J'allais d'ailleurs lui poser la question.
Ma mère brisa le moment tranquille que nous avions enfin en portant un toast en l'honneur de William et en mon honneur. C'était sa façon à elle de nous remercier.
Je sentis l'embarras de Sully quand il se joignit à ces réjouissances, qui se sentait réellement de trop. La façon dont il prononçait mon prénom cachait de l'émotion.
Ce n'était pas la première fois qu'il le faisait, mais cela me procurait un sentiment étrange que je n'aurai pas su décrire.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers nos chambres. Ma mère avait proposé à Sully de l'héberger.
 
Même s'il n'était pas du genre à accepter l'hospitalité de quelqu'un aussi facilement, il dut se plier à la décision de maman.
Sur son visage se lisait la fatigue créée par son voyage pour venir de Colorado Springs. Ce n'était donc pas le moment d'en savoir plus. Étant donné qu'il allait rester près de nous, j'aurai le temps d'en connaître d'avantage.
L'obscurité de ma propre chambre ne m'aida pas à trouver le sommeil. L'arrivée de Sully à Boston commençait à me troubler plus que je n'aurai su le mettre en mots.
Mes pensées et mes rêves furent très présents au cours de cette nuit-là. Je dus paraître bien fatiguée aux yeux de ma famille le lendemain matin mais personne ne me le fit remarquer.
Sully remercia ma mère pour son hospitalité. Elle était très gentille vis-à-vis de lui, même si elle ne comprenait pas la réelle raison de son arrivée à Boston.
Il ne s'en était pas ouvert à elle, je le savais. Avant cela, il voulait m'en parler à moi. Je sentais qu'il ne me dirait pas tout, tout de suite en tout cas, car il avait besoin de temps pour se faire une idée précise ou pour oser se l'avouer à lui-même.
Ce n'était pas facile pour moi, ce n'était pas facile pour lui. S'avouer à soi-même que l'on éprouvait peut-être quelque chose pour quelqu'un d'autre était difficile.
Je ne savais plus à quoi penser. Je ne savais plus !
Peut-être était-ce pour cela que j'ai passé la plupart de mon temps en compagnie de William, avec qui je me sentais à l'aise, ce qui n'était pas vraiment le cas avec « mon métis ».
Avec William, je pouvais parler de médecine et de remèdes médicaux, ce n'était pas non plus le cas de Sully.
Et pourtant, je ne pensais qu'à Sully.
 

Je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé dans la tête de « mon métis » pour qu'il réagisse et surtout qu'il accepte de changer de vêtements.

Quand on est à Rome, il faut s'habiller comme les Romains. Ma mère voulait qu'il soit sur le même pied d'égalité que les autres.

Mais il n'avait pas besoin de faire cela ! Je crois que je le sentais encore plus mal à l'aise en costume qu'autrement.

Peut-être avait-il adopté ce style vestimentaire pour attirer mon attention ? Je n'avais pas besoin de cela pour me rendre compte qu'il était là.

Les enfants m'avaient forcée à acheter une nouvelle robe pour une soirée et j'avais passé tout mon temps à danser avec William, alors que mon cœur ne pensait qu'à Sully.

Peut-être était-ce pour cela que « mon métis » avait changé de style vestimentaire. Il avait certainement l'impression que je le laissais tomber. Ce n'était pas le cas, mais je savais pas comment l'aborder, comment lui dire ce que mon cœur voulait lui dire.

J'étais plus à l'aise avec William car je ne ressentais rien pour lui, sauf de l'amitié et de l'estime. C'était certainement pour cela que je passais plus de temps avec lui.

En attendant, en acceptant de se mettre en costume, Sully avait vraiment réussi à me surprendre. Je le trouvais séduisant comme cela.

J'avais besoin de lui dire que son effort n'était pas vain, qu'il était vraiment beau, mais comment ?

Je savais que les enfants l'avaient emmené faire un tour de la ville en leur compagnie et qu'ils l'avaient forcé à acheter des vêtements plus Bostonniens.

Sully faisait un effort pour se fondre parmi nous.

Le besoin de lui dire se faisait cruellement sentir, ainsi que l'envie de passer plus de temps avec lui. Il eut la bonne idée de me proposer de dîner en sa compagnie.

 
J'ai accepté bien volontiers. J'allais enfin pouvoir avoir une discussion franche avec lui en tout bien tout honneur.
Les enfants avaient vraiment fait un travail formidable avec lui, en lui apprenant notamment à distinguer les différents ustensiles qui servaient à manger.
Il avait commandé des choses qu'il n'aimait pas réellement pour me faire plaisir.
Ce fut un dîner très convivial et dont j'ai apprécié le moindre met servi. Était-ce dû à notre lien ou à autre chose ? Je n'aurai su le dire.
C'était merveilleux de partager ce moment ensemble. Nous avions eu beaucoup d'opportunité à Colorado Springs dans la maison construite par Sully.
Mais c'était plutôt une ambiance familiale et amicale. Ce soir-là, l'ambiance était presque romantique. Sully me faisait la cour !
C'est ce que je pensais, il était venu à Boston pour moi, parce qu'il avait des sentiments profonds pour moi qu'il n'osait pas m'avouer.
Une musique chaleureuse fut jouée et il m'invita ensuite à danser.
Il avait certainement appris à danser avec Colleen car je ne l'avais jamais vu danser auparavant.
Être dans ses bras, tourner avec lui et attirer les regards des autres convives rassemblés autour de nous.
Peut-être étais-je dans une tenue trop voyante pour ces autres personnes ? La couleur bleue criante de ma robe ne leur plaisait certainement pas. Toutes les autres femmes avaient des couleurs un peu trop ordinaire : du gris, du noir …
Mais je m'en fichais bien de ce qu'elles ou leurs accompagnateurs pouvaient bien penser. Je me sentais bien et appréciée par « mon métis ».
Quand il m'avait vue arriver habillée ainsi, il avait eu le souffle coupé et une lueur inconnue s'était allumée dans ses yeux.
 
Il était clair qu'il avait apprécié de me voir ainsi vêtue et ce, pour lui !
Il avait maintenant l'air fier de pouvoir danser avec moi. Ce fut une très bonne soirée où je découvris une autre facette de la personnalité de Sully, il était vraiment très bien en organisateur de soirée.
Nous sommes rentrés à Beacon Hill assez tard ce jour-là, mais nous étions parfaitement sereins car les enfants avaient été au courant de cette soirée-là.
« Mon métis » ne voulait pas que nos instants passés ensemble s'arrête là et maintenant. Il m'a proposé de me balader en sa présence le lendemain.
J'ai accepté avec plaisir tout en l'invitant en même temps à la conférence médicale à laquelle William m'avait déjà conviée.
Lui aussi a accepté avec plaisir.
Tous deux soulagés, nous sommes allés me coucher chacun de notre côté. Cette soirée m'avait permis de me sentir plus en confiance en présence de Sully. Les sentiments que j'éprouvais pour lui semblaient être réciproques.
Passer du temps ensemble allait nous permettre de nous connaître encore mieux. J'étais heureuse de ce joli revirement de situation, même si j'avais toujours des doutes par rapport à William.
Je ne savais pas comment lui faire savoir que les seuls rapports avec lui étaient des rapports d'amitié et de médecine.
Je souhaitais conserver cela après lui avoir fait comprendre que tout romantisme devait s'exclure de notre relation.
J'étais devant une impasse car je savais bien que William avait l'intention de me demander en mariage.
J'espérais juste avoir le temps de lui dire tout cela avant qu'il ne se déclare pour de bon. Ma nuit fut peuplée de rêves concernant la situation complexe dans laquelle je me trouvais.
 
Le lendemain, Sully m'accompagna à la conférence médicale à laquelle William m'avait invitée.
Mais là aussi, un problème se posait réellement quant à la tenue vestimentaire de Sully. Il avait fait exprès de s'habiller ainsi, je pense, pour créer la polémique sur son passage.
Mais l'entrée lui fut interdite à cause de son allure. Tout était encore une fois mis en cause.
J'ai essayé de le faire entrer en disant qu'il était avec moi mais l'agent de sécurité ne voulait pas en entendre parler, c'était un sauvage, point final !
Pas de discussion possible, donc, même si je refusais obstinément d'entrer s'il ne venait pas avec moi. Sully a alors pris sa défense de lui-même.
« Il est capable de parler pour lui-même », avait-il dit et, c'était vrai. Il a finalement réussi à entrer. Il était comme lui, un homme !
Nous devions écouter la conférence de William et je savais que cela n'intéressait pas vraiment Sully et qu'il faisait l'effort de rester pour moi.
Mais William avait une idée en tête, une idée très surprenante. Plutôt que de continuer, il m'a demandé de venir pour parler du traitement des Indiens contre la maladie de ma mère.
Et là, toute l'assistance de médecins renommés fut choquée par mon intervention. En tant que femme, je n'avais pas la place parmi eux. Non, vraiment pas de place !
La plupart d'entre eux sont partis bien avant que j'en ai fini avec mon explication, mais je savais qu'au moins une personne m'écoutait : Sully !
Il semblait fier de me voir là !
Pour lui, j'ai fait l'effort de continuer. Puis, William m'a prise à part pour me parler ...
 
Ce que je redoutais arriva …
William avait été fasciné par mon discours et il me le faisait voir de toutes les manières possibles.
Il me demanda en mariage ! Et là, tout ce que je craignais refaisait surface et beaucoup d'arguments pour accepter sa proposition me vinrent en tête !
Avec lui, et le partenariat qu'il me proposait était alléchant mais cela me suffisait-il ? J'aurais l'assurance d'être respectée en tant que médecin (je n'en étais pas sûre !) et la vie qu'il voulait m'offrir était différente de celle que je pouvais avoir avec Sully.
Ce dernier me retrouva à la sortie pour savoir ce que je pensais de la proposition de William. Je ne savais qu'il m'avait espionnée mais il était au courant. Je lui ai dit que cela ne le regardait pas.
Il avait fait l'effort de m'accompagner à l'opéra, de s'habiller en costume et je le renvoyais balader ainsi.
Je pouvais comprendre sa détresse car je la ressentais moi-même. En effet, étais-je prête à sacrifier mes sentiments sincères pour Sully.
Je n'aimais pas William !
J'étais devant une impasse et je savais que j'allais devoir prendre une décision rapidement pour moi et pour chacun d'entre eux.
William tenait à me faire voir le cabinet qu'il avait acheté récemment pour me faire voir.
J'ai laissé Sully seul et ait suivi William.
Bien sûr, ce qu'il me fit voir dépassait tous mes rêves. Il possédait le meilleur équipement de médecin, il n'y avait pas de poussière dans son cabinet et je serai payée correctement mais de là à accepter ?
J'étais attachée à Colorado Springs et aux amis que j'avais là-bas. Qu'allais-je pouvoir faire ?
 
Quand je suis rentrée à la maison, ma décision fut prise en m'apercevant que « mon métis » était parti pour rentrer et qu'il me laissait seul à Boston.
Bien entendu, les enfants étaient tristes et m'en voulaient. Je le voyais dans leurs yeux. Je n'ai pas vraiment le temps de les écouter car je suis tout de suite partie pour la gare.
J'aurai peut-être une chance de le rattraper et de connaître le fin mot de toute cette histoire. J'ai couru autant que possible.
Le conducteur de la calèche qui me conduisit à la gare fit de son mieux pour me rendre service.
Quand j'y suis arrivée, j'ai demandé l'horaire du train. Il fallait vraiment que je me dépêche si je voulais intercepter Sully.
Je suis montée dans le train et l'ai cherché partout des yeux. Il m'a fallu du temps pour le trouver, mais je l'ai trouvé.
Il était installée dans un habitacle particulier mais il était là !
Je lui en voulais réellement, il était parti sans me laisser le temps de lui parler et de lui au revoir.
« Au revoir ! » Sa manière sèche de me répondre me fit comprendre qu'il était en colère contre moi.
Ce n'était pas mon style de me laisser renvoyée comme ça. Je voulais connaître les raisons de mon arrivée à Boston et je les ai connues à la longue.
« Je m'inquiétais pour vous ! »
Je n'y croyais pas.
« Ce n'est pas la seule raison ! Dites-moi pourquoi vous êtes venu ?! »
« Parce que ... »
« Parce que ? »
« Parce que je vous aime, Michaëla ! »
Oh, ses mots, enfin ! Ces mots-là me firent du bien. Nos sentiments étaient réciproques !
 
Je ne sais pas pourquoi mais mes yeux se mirent à briller de larmes.
Surtout ne pas s'effondrer devant lui. Le train allait se mettre en marche, il se secoua et pour me retenir de tomber, Sully m'attrapa par le bras.
J'étais obligée de sortir du train car je n'avais pas de billets mais, maintenant, je savais quoi faire.
Je suis retournée à Beacon Hill, après avoir dû laisser « mon métis » dans le train. J'étais triste mais je ne pouvais pas abandonner les enfants. Je devais revenir les rechercher et parler de tout cela à ma mère.
Les enfants furent vite au courant de ma décision et en furent heureux. Seule Colleen semblait triste de quitter Boston. Elle se réjouissait tout de même de retrouver ses amis à Colorado Springs.
La plus dure tâche fut d'expliquer mon choix de vie à ma mère. Car elle désapprouvait certainement le fait que je veuille revenir à Colorado Springs.
Elle aurait voulu que je reste à Boston et que j'accepte la proposition de William, que j'oublie mes sentiments pour Sully et que je me marie par devoir et non par amour.
Je ne pouvais pas accepter de vivre une telle vie ! Cela aurait été me mentir à moi-même et aux autres et je ne l'aurai pas supporté.
L'amour ! Je n'avais que l'amour en tête ! Je ne savais pas où la relation d'avec Sully allait me mener !
Je ne savais pas ce que l'avenir nous réservait ! Non, je ne savais rien ! Je m'aventurais à l'inconnu dans une aventure qui ne me mènerait nulle part peut-être.
Et je m'en suis voulue d'avoir conservé cette distance entre Sully et moi durant mon séjour à Boston. Comment avais-je pu être aussi égoïste ?
 
J'avais envie de partir sur le champ pour le retrouver au plus vite afin de le rassurer sur mes sentiments j'avais envie d'en parler avec lui, de passer du temps avec lui, de l'embrasser et qu'il me prenne dans ses bras.
Il allait falloir que je fasse preuve de patience, mais la patience n'avait jamais été mon fort.
Ma mère me fit une leçon incroyable mais elle accepta finalement de me laisser partir, même si elle me fit promettre de revenir la voir. Je n'allais bien sûr pas la laisser tomber.
Je tenais à continuer à la voir bien entendu. Elle ne savait certainement pas à quel point cela m'importait de retrouver Sully.
Elle ne réalisait jamais à quel point il était important pour moi de faire mes propres choix, quitte à me tromper de temps à autre.
Là, je n'avais pas de doute, j'avais confiance en l'avenir de notre relation avec Sully. Je ne savais pas où cela nous mènerait mais je n'y croyais pas !
Bref, rien n'avait pu me détourner du choix que j'avais enfin pris. Je devais aller voir William pour lui annoncer mon refus. Je savais que cela le mettrait au supplice mais je n'avais pas le choix. Je ne devais d'être honnête envers lui.
Alors, j'ai fait preuve de courage pour aller le voir à son bureau pour lui annoncer ma décision. Bien entendu, il fut triste de celle-ci, car cela lui aurait permis d'avoir plus de poids.
Au fond de moi, j'étais soulagée, car, même aidée de lui, je n'aurai jamais pu avoir ma place à Boston, alors que je l'avais déjà à Colorado Springs.
Je suis partie du cabinet de William sans aucun regret et suis revenue à Beacon Hill.
Maintenant, j'espérais avoir le cran de dormir, même si je savais que j'allais peu dormir ! Je me suis précipitée dans ma chambre pour être seule.
Cela avait tout de même été une journée chargée en émotion et mon cœur battait toujours deux fois plus vite que la normale.
 
La nuit fut aussi longue que la journée. Tous les rêves impossibles et inimaginables sont venus me visiter dans lesquels Sully me rejetait.
J'avais peut-être pris trop de temps pour me décider et pour aller vers Sully. J'allais bientôt savoir si « mon métis » m'attendait ou non.
Les cahots de la route auraient pu m'effrayer, même si je n'avais en tête que Sully. Nous nous sommes enfin mis en route vers Colorado Springs, après avoir dit au revoir à ma famille.
Les cinq jours passés dans le voyage me parurent les plus longs de ma vie. La présence des enfants à mes côtés était tout ce dont j'avais besoin pour m'apaiser.
Enfin, après ce voyage cahoteux et harassant, nous sommes entrés en diligence en ville. Toute la ville était là comme d'habitude.
Notre retour n'a pas pu passer inaperçu. Je ne le souhaitais pas réellement en tout cas. Avec l'arrêt de la diligence en face du magasin de Loren, nous étions très en vue.
Mais je m'en fichais, alors que je descendais, je ne souhaitais qu'une chose, voir où était Sully et lui annoncer ma décision.
J'avais beau le chercher partout, il n'était nulle part.
J'ai attendu que le cocher nous fasse parvenir toutes nos valises. C'est à ce moment-là que Colleen m'a touchée l'épaule furtivement.
Elle avait certainement aperçu l'objet de mes préoccupations. En me retournant dans la direction qu'elle m'indiquait, je l'ai vu.
Il était debout et immobile et me regardait fixement.
Il semblait m'inviter silencieusement à me diriger vers lui. J'étais encore dans ma tenue de voyage de Boston, mais j'ai pu soulever ma robe et courir vers lui, en laissant Matthew s'occuper des bagages. Sully m'a accueilli et fait tournoyer. J'ai ri et je lui ai dit que je l'aimais aussi.
Ce fut un parfait moment d'extase et de bonheur !
 
Je n'étais pas du genre à m'exposer en public et c'est pourtant ce que j'avais fait en me jetant ainsi dans ses bras.
Je sentais que mon attitude envers « mon métis » allait en choquer plus d'un mais je m'en fichais.
Nous avons décidé de reprendre le chemin de la petite maison pour voir ce qui avait changé en notre absence.
Cinq semaines d'absence avaient apparemment eu un impact sur la nature environnante. Tout était sec. Il n'avait pas plu depuis notre départ.
La joie des enfants fut immense. Brian retrouvait son « Bébé Loup » et Matthew semblait impatient. Sully m'a aidée à descendre du chariot.
Ce retour était si important à mes yeux. L'émotion me gagnait, car ce voyage à Boston avait semblé me rendre plus lucide.
Je m'en voulais d'avoir songé une seule seconde à accepter un mariage de raison avec William pour des raisons financières. Ce n'était pas dans ma nature, pourtant, de me lancer dans une aventure comme celle-ci.
J'avais fait du mal à Sully, et il faudrait trouver un moyen de me faire pardonner à ses yeux, même s'il ne semblait pas m'en vouloir.
Nous sommes restés plantés devant la maison, et les enfants, dans leur curiosité, voulaient savoir où nous en étions avec Sully.
Allions-nous nous marier ? Pas si vite en besogne, non !
Et pourtant, nous nous aimions mais nous voulions nous connaître un peu mieux avant de songer à un avenir en commun.
Non, il n'était pas envisageable que nous pensions à un mariage dans l'immédiat.
Nous étions enfin dans la maison, qui, elle, était intacte. Les valises devaient être défaites et nous devions aussi penser à tout ranger.
Mais Matthew, n'avait qu'une seule chose en tête : retrouver Ingrid. J'aurai voulu l'en empêcher.
 
Heureusement, Sully, encore lui, me fit comprendre qu'il fallait peut-être le laisser faire car c'est dur d'être loin de celui ou celle que l'on aime.
Je n'étais pas insensible à cet argument.
N'avais-je pas passé du temps loin de celui que j'aimais ? J'ai donc accepté de le laisser partir.
Quant à moi, j'avais l'intention de me rendre à la clinique pour reprendre les consultations le plus vite possible.
Mais là, il fallut que je remette à plus tard. Sully souhaitait passer du temps avec moi pour me montrer son monde. Même si je le connaissais déjà, il me soutint qu'il y avait plein de choses que je ne savais pas encore.
J'ai donc oublié momentanément ce qu'il me restait à faire, et j'ai accepté. Bien sûr, je devais me changer avant d'accepter, mais cela n'était qu'un petit détail.
Après avoir revêtu une robe simple le plus vite possible, je l'ai donc suivi. Les enfants allaient aller en ville donc j'étais tranquille par rapport à cela.
Sully m'a conduit vers un endroit où il avait un abri où il dormait. Cela faisait-il si longtemps qu'il dormait aussi sommairement.
Dans mon enfance, puis dans le début de ma vie d'adulte, j'avais vécu dans le conforter en me faisant servir.
En arrivant à Colorado Springs, j'avais dû me faire à une vie différente en faisant les tâches ménagères auxquelles je ne connaissait pas grand chose.
Alors, j'avais vraiment du mal à comprendre comment il pouvait faire pour vivre dans de telles conditions.
Nos différences étaient frappantes et je commençais à douter du fait qu'elles ne soient pas trop grandes.
 
Il m'a aidée à cueillir des plantes médicinales et j'ai ainsi compris que je n'avais pas eu tort de penser qu'il m'avait écouté tout au long de ma conférence à Boston.
De cela, je n'avais pas douter. J'avais senti son regard peser tout au long de mes discours concernant
le remède Cheyenne contre les affections au foie.
J'étais heureuse de l'attention qu'il me portait. Bien sûr, il a essayé de m'embrasser à nouveau, mais je me suis sentie gênée, même si personne ne pouvait nous voir.
Il voulait savoir ce que David et moi avions fait pendant nos fiançailles. Nous ne parlions que de médecine et pas de l'avenir que nous voulions construire une maison pas loin de l'abri où il habitait depuis quelques temps.
Je ne m'imaginais pas vivre aussi loin de la ville. Encore un autre point sur lequel nous n'étions pas d'accord ! Avions-nous assez de points en commun pour envisager quelque chose ensemble ?
« Mon métis » m'a posé la question directement si nous en avions assez en commun. Je ne le savais pas mais je l'espérais.
Je tenais à lui et il tenait à moi. De cela, je ne doutais pas !
Nous avons cueilli les plantes nécessaires et je lui ai proposé de m'accompagner en ville pour qu'il assiste avec moi à la messe.
Si je devais connaître un peu mieux son monde, il devait mieux connaître le mien, alors il m'a accompagnée.
Ni l'un ni l'autre ne nous attendions aux remarques que nous avons entendues à notre arrivée.
 
Jake aurait clairement voulu être à la place de Sully.
Les autres parlaient plus de ma réaction à la descente de la diligence. Dorothy était la seule à trouver cela romantique.
Pour les autres, c'était trop ! J'en avais trop fait.
Je n'ai rien dit mais je suis entrée fièrement au bras de « mon métis » pour assister à l'église.
L'office était placé sous une demande particulière avec la sécheresse qui sévissait en ville. Nous priions tous pour que la pluie vienne le plus vite possible.
Je me suis aperçue que Sully était le seul à ne pas réveiller pour prier mais cela me choquait plus que je ne l'aurai voulu. Je ne devais pas essayer de le changer. J'avais déjà de la chance que Sully veuille me pardonner aussi facilement ma conduite envers lui. Il ne voulait certainement que mon bonheur.
L'office s'est terminé et Sully et moi sommes rentrés chacun de notre côté sans même me demander quoi que ce soit ou sans parler.
J'étais triste que les choses ne soient pas aussi faciles que je l'aurai pensé au début.
Pourquoi être amoureuse de quelqu'un imposait-il tant de problèmes ?
Je m'en suis d'autant plus aperçue quand je suis arrivée en ville le lendemain. Tous les habitants étaient réunis derrière Horace qui tenait une chose étrange dans ses mains.
J'ai demandé à Matthew de quoi il s'agissait et il m'a tout expliqué : Horace avait un bâton de sourcier pour rechercher de l'eau. Les Bing étaient soi-disant des sourciers de père en fils et il pouvait donc trouver de l'eau.
 
Je n'y croyais pas ! Les habitants semblaient vraiment crédules ! Je les ai suivis un moment, mais bien sûr, rien n'a fonctionné !
Loren disait que les Cheyennes avaient de l'eau mais ils ne voulaient pas la partager.
Et voilà, ils avaient été réticents à les accepter en tant que membre de la ville, et ils voulaient leur voler de l'eau !
Sully est arrivé à ce moment-là, voulant à tout prix les en empêcher, comme moi, d'ailleurs. Mais nous nous sommes disputés …
J'aurai voulu essayer de les faire changer d'avis mais Sully disait qu'il fallait les laisser faire et surtout les laisser agir. Notre dispute a dégénérée et Sully est parti. Peut-être n'avions-nous pas assez de points en commun ?
Les soucis liés à cette sécheresse n'étaient pas finis pour autant : un violent orage s'est déclenché.
Nous ne pouvions (les enfants et moi) rien faire pour l'empêcher d'éclater. Mais je devais rassurer Colleen qui avait peur, tout en masquant ma propre frayeur. C'était difficile de faire face et toute seule, sans la compagnie de « mon métis ».
Je sais que nous nous étions disputés et que nous n'avions pas prévu de dîner ensemble et pourtant, j'allais me montrer injuste envers lui. La foudre était tombée dans la grange et elle prenait feu. Matthew et moi nous sommes précipités pour éteindre le feu.
Nous y sommes parvenus à force de patience mais cela avait été un moment très éprouvant.
Cela n'apportait aucune excuse à mon comportement immédiat quand Sully est venu voir si nous allions bien.
Il n'avait pas été là auprès de nous, alors que nous tremblions pour notre vie. Il n'était pas présent !
J'avais une telle colère en moi qu'il fallait évacuer mais elle s'évacuait envers la mauvaise personne. Je lui ai crié de s'en aller, que nous n'avions pas besoin de lui, qu'il était trop tard.
Puis, je suis partie pour aller pleurer dans mon coin. Sully ne me pardonnerait pas de m'être emportée contre lui, alors qu'il n'était en rien coupable.
Mais pourquoi j'avais voulu qu'il soit toujours auprès de moi et pourquoi surtout je lui avais crié dessus ? Tout serait fini ! Et ce ne serait que mérité pour moi !
Cette question et ma réaction stupide envers celui que j'aimais revinrent me hanter tout au long de la nuit suivante. Je ne pouvais pas continuer à me comporter ainsi avec Sully.
Nombres d'habitants de la ville tombèrent malades après avoir consommé l'eau non-potable vendue par Loren et Jake, y compris ces derniers.
Ils étaient vraiment en piteux état, mais je réclamais l'argent avant de leur donner des soins, afin de leur faire comprendre à tous les deux, la stupidité de leurs actes.
Mais ce ne fut pas cela qui me fit comprendre que je devais retourner voir « mon métis » et m'excuser auprès de lui, non, ce fut autre chose !
RobertE avait décidé de partir de la ville, pour essayer une autre vie ailleurs sans que Grace, son épouse, fut d'accord. Il avait donc acheté de l'eau à Loren et et Jake et était malade.
Grace lui en voulait mais ce fut les paroles qu'il lui dit qui me firent l'effet recherché : celui de me ramener vers Sully. Je voulais vivre avec la personne que j'aimais dans une ville que j'aimais.
Je suis donc partie en direction de l'appentis de Sully, tout en ne sachant pas quel accueil il allait me réserver ...
J'avais essayé de me rapprocher le plus silencieusement possible mais Sully avait apparemment une ouïe très fine. Il m'avait entendue arriver et il se retourna vers moi en un quart de secondes.
Il s'approcha de moi, après s'être levée, pour venir vers moi. Ce rapprochement me faisait peur. Était-ce dû à mon éducation rigide de Boston ou à autre chose ?
Peut-être mon éducation Bostonnienne stricte, qui m'avait inculquée tout un comportement à adopter. Ne pas s'embrasser au moment de la fréquentation, ne pas être proche d'un homme et surtout ne pas me laisser emporter par mes sentiments.
Je lui ai demandé pardon pour tout ce qu'il s'était passé depuis notre retour de Boston, pardon de l'avoir accusé de l'incendie, alors qu'il était innocent.
Il m'a compris, j'étais en colère, effrayée … Cela n'était pas une excuse ! Nous avons fait la paix, prêt tous les deux à avancer à chaque étape qui se présenterait.
Je ne savais pas si j'étais prête, je ne savais rien de ce que je voulais, de ce qu'il fallait faire pour parvenir à quelque chose.
Lui non plus ne savait pas. Il me l'avoua. Il avait été marié, avait donc déjà fait la cour à une femme, et pourtant, il ne savait pas.
« Il n'y a pas de cartes, me dit-il, mais si vous êtes prête à tenter l'aventure ... »
Je l'étais ! Il allait falloir trouver du temps, des choses à faire ensemble, des moments de réunion lors de dîner.
Il était prêt à tout cela, je le sentais et moi aussi. Et pour commencer, il allait me faire partager quelque chose.
Nous avons commencé l'ascension d'une montagne ensemble, ma main serrée dans la sienne. Je sentais ce qu'il voulait me faire voir quelque chose d'important pour lui.
Il ne me dit rien et je ne lui posai pas de questions non plus. Je me laissais guider en toute confiance pour lui faire voir que je voulais bien l'accompagner.
Nous sommes arrivés à destination alors que le soleil se couchait. C'était magnifique, merveilleux, paradisiaque … Les mots me manquaient pour décrire mes sentiments précisément.
Le soleil se couchait, je l'ai déjà dit, et le ciel était d'un jaune orangé. Tout semblait sorti d'un rêve que j'aurai fait.
« Mon métis » venait là pour retrouver son chemin. C'était un endroit où il venait pour se ressourcer et qu'il n'avait jamais fait voir à personne, pas même à Abigail.
Je me sentais privilégiée par le fait qu'il veuille partager cela avec moi, peut-être pour nous donner un autre point commun. J'ai senti que ce partage, que cet instant allait nous rapprocher encore plus, et que cela serait quelque chose de très important pour chacun d'entre nous.
Il était à mes côtés, sans parler, mais je comprenais par son regard qu'il était ému et je l'étais moi aussi. Il a pris ma main dans la sienne, comme pour communiquer avec moi.
Nous n'avions pas besoin de parler. Tout était tellement facile, à ce moment-là. Nous sommes rentrés ensemble à la petite maison.
Le trajet du retour s'est aussi fait dans le silence le plus complet. Je ne savais pas quoi lui dire pour le remercier, pour lui dire que cette excursion vers cette montagne était très significative à mes yeux.
Je n'avais pas de mots pour l'expliquer, cela n'avait pas besoin de mots, je crois.
 
Je me suis couchée avec la certitude de le revoir le lendemain. Il devait aller demander aux Cheyennes de la nourriture car ils voulaient partager le repas de Thanksgiving avec nous.
Les enfants et moi étions au restaurant de Grace à attendre leurs arrivées. Sully m'avait donné sa parole.
Et ils sont arrivés avec une grosse dinde. Nous ne pouvions pas faire autrement que de les inviter à ce déjeuner. Je ne savais pas ce que les habitants allaient en penser mais nous leur devions bien cela. Les commentaires ne sont pas venus.
Ouf, j'étais soulagée, même si je voyais que tout le monde n'était pas forcément heureux.
Je pensais à Horace, séparé de Myra par force, car Hank avait décidé de partir.
Je me suis rassurée, grâce à la présence de Sully à mes côtés. J'aurai été malheureuse s'il avait décidé de partir.
Nous nous sommes ensuite tous installés autour de la table du restaurant de Grace, nous préparant à un dîner très convivial. Le Révérend a prié pour que le pluie revienne et cette fois, même Sully a baissé la tête et a récité le « Notre-Père ».
Puis, alors que tout le monde avait pris la fourchette dans sa main et s'apprêtait à manger, le Révérend a invité Nuage Dansant à entamer une prière Cheyenne.
Il a été bref et nous avons enfin pu commencer le repas. Hank est arrivé à ce moment-là pour le repas et parce qu'il n'avait pas pu passer.
C'était en tout cas les raisons qu'il a données, même si Myra les a vite démenties en révélant les vraies raisons.
Ils avaient en fait penser à nous, à ceux qui étaient restés en ville et ils avaient fait demi-tour.
 
Nous nous fichions de la pluie qui tombait sur nous, du monde qui nous entourait. Nous étions ensemble pour vivre un moment de soulagement.
Le retour de la pluie voulait dire beaucoup pour chacun d'entre nous. L'espoir des récoltes prochaines, la fin de la sécheresse ...
Cette promesse était bienvenue car nous avons tous cru que cela n'arriverait plus !
Sully et moi nous sommes retrouvés trempés en quelques minutes.
Magnifique moment de partage …
Il a touché mon visage d'un toucher léger et hésitant, mais tellement tendre, comme dans un rêve.
Le temps était suspendu, nous étions bloqués sur l'autre, occupés à s'observer l'un l'autre, semblant se parler sans utiliser de mots.
Combien de temps cela a duré au total ? Nous ne savions pas !
Tout ce que je peux dire c'est que le repas fut léger car nous n'avons rien mangé mais nous avions partagé un excellent moment.
Ensuite, nous sommes rentrés à la maison afin de continuer cette soirée qui avait tant signifié à nos yeux.
Sully est d'ailleurs plus longtemps avec nous ce soir-là. Il semblait avoir du mal à se séparer de nous.
Quant à moi, j'étais bouleversée par le tourbillon de sentiments qui m'avaient assaillis quand je m'étais retrouvée face à Sully.
Le partage avec lui d'un moment d'extase en voyant la montagne, le fait d'être celle à qui il avait souhaité partager cela, tout était là pour me conforter dans l'idée que j'avais fait le bon choix.
Sully et moi sommes restés ensemble une bonne partie de la nuit à parler de tout et de rien, à nous assurer notre amour réciproque, à être tout simplement l'un auprès de l'autre.
La Saint-Valentin approchait. La ville organisait un Bal des Amoureux à cette occasion.
Les enfants et moi l'avions vu en arrivant le lendemain. Cette occasion était là pour les célibataires. Cela pourrait peut-être nous permettre à Sully et à moi de nous rapprocher encore.
Je rêvais de tout cela mais il était compliqué de le faire savoir à Sully. Nous sommes ensuite entrés dans le magasin de Loren. Étant donné le bal, il allait falloir que nous trouvions des costumes.
Le magasin était bondé, mais ce ne fut pas ce qui attira mon regard. Dès mon arrivée, j'ai pu voir que Dorothy n'allait pas bien mais elle m'assura du contraire.
Je me suis occupée de Colleen et de ses choix tout en gardant un œil sur mon amie.
Je ne fus d'ailleurs pas surprise par l'appel de « mon métis » quelques minutes plus tard, qui me dit qu'elle ne se sentait pas bien.
J'ai mis tout le monde dehors, ne voulant être qu'avec ma patiente. Elle pensait savoir ce qu'elle avait, d'ailleurs. Les bouffées de chaleur, la poitrine gonflée, le mal de ventre étaient des symptômes, qui, pour elle, indiquait une grossesse.
Je ne savait pas comment cela était possible.
La nuit où elle avait retrouvé son mari, elle n'avait pas fait qu'essayer de se sortir de son emprise.
Je l'ai donc examinée avec plus de précision, pour savoir si elle avait raison ou non. La raison me fut vite donnée.
Elle était en pleine ménopause et elle ne s'en était pas aperçu.
Elle semblait peinée par cette nouvelle.
C'était une chose naturelle qui arrivait aux femmes, passé un certain âge, et à laquelle, elle ne pouvait rien.
J'ai ensuite rassuré Loren qui était inquiet.
Le soir, Sully et moi nous sommes enfin retrouvé seuls pour parler du Bal des Amoureux.
J'aurai voulu qu'il m'invite au bal de lui-même mais cela ne vint pas.
Devais-lui dire qu'il fallait qu'il le fasse ou non ? Je lui ai dit sans savoir quelle réaction il allait avoir.
« Voulez-vous venir au Bal avec moi ? »
« Non. »
« Non ? »
Je me souviens de ce « non ? », il n'avait apparemment pas compris pourquoi je disais non. J'aurai voulu que la proposition lui vienne de lui et que je n'ai pas besoin de lui forcer la main.
Je ne comprenais pas qu'il ne veuille pas danser avec moi, pourtant, je me souvenais du fait qu'il n'aimait pas danser.
Il avait pourtant appris à danser à Boston. Rien ne se passait comme je l'aurai voulu. J'aurai peut-être voulu qu'il fasse un effort.
Il avait accepté que je lui apprenne mais il y mettait ses conditions, il fallait que je sois patiente et que je relève mes jupes pour qu'il voit mes pas, et peut-être mes jambes aussi …
Puis, il m'a rejointe pour essayer, mais il n'était pas très doué pour cela. Au bout d'un moment, il s'est approché de moi et a dépassé un baiser sur ma bouche.
Ce n'était pas le moment, alors je l'ai repoussé, mais il en a semblé triste. Pourtant, j'appréciais de le voir si proche de moi. Je devenais trop égoïste.
En même temps, j'aurai voulu qu'il change et qu'il reste le même. J'étais contradictoire et il ne me comprenais pas. Il voulait rester pareil qu'avant, alors, il est parti, fâché.
Je lui en avais trop demandé, j'en suis consciente …
Quand j'ai vu Dorothy à la clinique, j'avais une telle envie de me confier que tout est sorti de moi. Rien n'était facile pour moi.
Et, à ce moment-là, j'ai réalisé que j'avais peur, peur de me laisser aller et peur de perdre Sully à mesure d'hésiter à lui accorder ce qu'il voulait.
Dorothy a-t-elle su me rassurer ? Je ne le penses pas. Tout ce qu'elle m'avait dit était que Sully m'aimait, que cela se voyait et qu'il ne pouvait pas me mentir sur cela !
Ses mots ne me suffirent pas. J'avais besoin d'avoir une preuve de cela, pour enfin être sûre des sentiments qu'il avait pour moi.
Je me rends compte que je faisais fausse route à ce moment-là, et que Dorothy avait eu raison de me guider sur le chemin de l'amour, mais que pouvais-je y faire aujourd'hui ?
Il ne faut pas regretter et aller de l'avant …
Mes sanglots m'emportèrent car je ne savais rien de l'Amour, rien de ce que je devais faire ou pas.
Si seulement, j'avais pu me débarrasser de mes préjugés, de mes questions. Il est trop tard pour cela.
Ce qui est arrivé par la suite ne serait pas arrivé si j'avais eu plus confiance en Sully et en Dorothy et, si la jalousie n'était pas venue se mêler à mes autres sentiments, j'aurai pu agir mieux.
J'avais eu l'impression que Sully s'éloignait de moi, qu'il ne souhaitait pas vraiment me faire plaisir. Je n'étais plus sûre de rien, ni de lui, ni de moi et la suite m'a prouvé que j'avais eu tort.
Alors que j'avais espéré que Sully pourrait revenir vers moi, je l'ai vu se rapprocher de Dorothy.
Mon attitude était idiote. C'était à cause de moi que « mon métis » s'éloignait et pas à cause de quelqu'un d'autre.
Nous étions en ville avec les enfants pour continuer notre quotidien quand Brian a vu que Sully était là aussi.
Au lieu de venir nous voir directement, il s'est dirigé vers le magasin de Loren pour voir Dorothy. Je me trompais lourdement au sujet de ses visites fréquentes à la belle-soeur du propriétaire du magasin.
Je m'imaginais des choses qui n'avaient pas besoin d'être imaginée. Sully y allait pour la voir et afin de faire la cour à Dorothy, ce que je croyais prenait une force incroyable.
Quand je reviens sur cet incident aujourd'hui, je me rends compte qu'une telle chose n'était pas possible, que je m'étais fait une montagne de trois fois rien.
Mais, à ce moment-là, je n'arrivais pas à passer outre ma jalousie. Oh, comme j'aurai aimé que cela soit différent. Pourquoi ne lui ai-je pas parlé plus tôt ? Ou pourquoi n'aurai-je pas été plus attentionnée ?
Sully était allé vers Dorothy pour se consoler de moi.
J'avais été affreuse avec lui, trop égoïste, à croire que Sully ne vivait qu'en fonction de moi, alors que ce n'était pas le cas, et heureusement.
Je devenais taciturne et jalouse. Apparemment, mon amour pour lui était accompagné de jalousie, une jalousie malsaine.
Pourquoi ne lui faisai-je pas confiance ? Peut-être par peur de devoir revivre ce que j'avais vécu à Boston quand j'étais avec David ?
Et voilà, j'en venais à comparer Sully à David et pour des raisons stupides. Ils étaient si différents.
Les conversations que j'avais eu avec David étaient si différentes de celles que j'avais avec « mon métis ».
Bref, tout était différent !
Je pensais que mon rêve prenait fin, qu'il n'avait pas existé et qu'il n'existerait plus jamais. Que était-il ce rêve, d'ailleurs ?
Bien sûr, je me souviens de quoi il parlait.
Ce songe parlait d'un avenir possible avec « mon métis ». J'avais toujours souhaité avoir quelqu'un à aimer et qui m'aimerait en retour.
Avec Sully, je partageais des choses différentes. Il semblait me comprendre mieux que quiconque. Ce lien, je l'avais partagé avec mon père avant sa mort et j'avais l'impression de le retrouver.
Alors en voyant « mon métis » avec Dorothy, je ne pouvais pas m'empêcher de songer au fait que je l'avais perdu.
Jusque-là, et depuis mon arrivée à Colorado Springs, j'avais toujours à moi-même, que je voulais construire un avenir avec quelqu'un.
Bien sûr, je réalisais que ce ne serait pas facile, que je devais faire confiance à Sully, comme il me le dit.
Mais pourquoi étais-je si égoïste ? Dorothy avait tout de même le droit à un homme inquiet pour elle ?
Je n'avais pensé qu'à moi et pas aux autres, je m'en suis rendue compte quand Sully m'a demandé de lui faire confiance.
Il avait affiché un sourire quand il s'est aperçu que j'étais jalouse mais il s'était vite montré blessé du manque de confiance que j'avais en lui.
Et il avait raison ! Comment pouvais-je faire pour faire preuve d'une telle jalousie ?
Sully ne pouvait pas comprendre que je me comporte de cette façon avec lui, que je sois si hésitante à aller plus loin dans notre relation.
Cela venait, une fois de plus, de mon éducation rigide de Boston, qui m'amenait à être ainsi avec lui. A Boston, les jeunes femmes fiancées n'avaient pas le droit d'embrasser un homme comme je l'avais déjà fait.
Pour me libérer de ce poids, il fallait que je me mette en tête que Colorado Springs était différent de Boston.
Il fallait que j'oublie les conventions dans lesquelles j'ai été élevée, que ma mère n'était pas derrière moi pour réagir face à mes actions.
Elle n'était pas là pour me dire comment me comporter, comment faire et surtout pour me critiquer à chaque geste que je faisais avec Sully.
Mais « mon métis » ne savait pas tout ça, il ne connaissait pas mon hésitation, ni le manque de confiance que j'avais en moi-même. Il ne le savait pas, il allait falloir que je lui en parle, si je m'en sentais le courage.
C'est en m'occupant de Dorothy pour son hémorragie, que je me suis aperçue que je faisais fausse route sur la relation qu'elle entretenait avec Sully.
J'avais cru qu'elle était vraiment très proche, mais quand Loren est venu la voir, j'ai compris !
Il était tellement inquiet pour elle et tellement anxieux d'arriver à la réconforter de l'épreuve qu'elle avait subi. Il voulait être auprès d'elle et l'inviter au bal.
Elle n'avait pas à être debout, car elle ne devait pas se fatiguer, mais elle a tout de même le droit de participer à ce bal, comme tout le monde. Et là, j'ai été rassurée !
Dorothy me faisait comprendre que Sully n'avait pas envisagé une seule seconde de lui faire la voir. Il tenait à moi, vraiment, et ne regardait pas les autres femmes autour de lui.
C'est soulagée que je suis allée à ce bal, car j'avais compris que l'importance était dans ce que j'allais voir et pas dans ce que j'allais faire.
Colleen dansait avec Becky, sa meilleure amie, qui lui avait vite pardonnée de plaire à un garçon plus qu'elle. Brian, lui, observait les personnes danser.
Et moi, j'étais scotchée sur place à les regarder les uns après les autres, et à m'amuser de les voir si heureux.
Jake, lui, animait la soirée pour qu'elle se passe au mieux.
Alors que j'étais perdue dans mes pensées, quelqu'un me surprit et m'enleva la cape qui me protégeait du froid. Il s'agissait de Sully !
Il tendit la main vers la sienne et m'entraîna sur la piste de danse. Il avait su, je ne sais pas comment, quelle était ma danse préférée et avait apparemment attendu ce moment-là pour venir vers moi.
Il y avait donc eu des choses qui s'étaient passées dans mon dos en mon absence.
Et cela était encore plus émouvant de penser que cela avait été fait pour me faire plaisir. Oui, j'avais eu tort d'avoir eu toutes ces idées stupides en tête.
Je n'avais, de toute façon, pas pu les freiner. Sully me guidait toujours au centre de la piste pour ce moment unique et si important à mes yeux d'une danse avec lui.
Il aurait tout aussi bien pu me marcher sur les pieds tout au long de la danse que j'aurai tout de même apprécié.
L'important n'était pas d'apprendre à danser, mais de partager un moment avec lui ! C'est de cela qu'il avait qu'il avait fallu que je me rende compte !
Jake rythmait les pas de danse et « mon métis » semblait apprécié de tournoyer avec moi. Il semblait même apprécier la musique !
Comme il était bon de le voir si heureux de me faire plaisir. Comme il était beau ainsi habillé ! Il avait tout de même fait l'effort de s'habiller sur son 31 !
Je l'aimais de toute manière habillé de ses peaux de daim, car elles semblaient faire partie de sa personnalité. Bref, je l'aimais toujours.
Pour la ferme, je lui ai tout de même demandé comment il avait appris à danser, et, d'un mouvement de tête, il m'a désigné Dorothy. Elle avait fait preuve d'amitié envers moi. Ce n'était pas une rivale !
Comment avais-je pu me monter la tête de cette manière ?
Je m'en voulais d'être tombée dans le piège aussi facilement, aussi égoïstement, sans penser au fait que j'allais blesser Sully en le faisant.
Je m'en voulais tellement, mais lui trouvait mon côté jaloux très attirant. Comment faisait-il ?
Tout ce que je pouvais dire, c'était qu'il ne me mentait pas quand il disait qu'il ne m'en voulait pas.
Pourquoi acceptait-il aussi facilement tous mes défauts ? Je n'ai jamais su la réponse à cette question.
Nous aurions pu continuer à évoluer ensemble sur cette piste de danse, heureux de se retrouver dans les bras l'un de l'autre, mais nous nous sommes arrêtés et avons échangé un long baiser, le plus long que nous ayons jamais échangé.
Ce fut un moment magique et envoûtant, car cela nous prouvait beaucoup de choses, des choses sur lesquelles nous aurions pu mettre un nom, car elles n'avaient pas de nom, et elles n'en avaient pas besoin.
A cet instant-là, je me fichais bien du nombre de regards qui venaient sur nous, tout ce qu'il m'importait était de montrer, d'une manière ou d'une autre, qu'il comptait à mes yeux, que je l'aimais et que je souhaitais continuer le chemin de l'Amour à ses côtés.
Pas besoin de dire que Sully avait été transporté par ce que ce baiser exprimait à mes yeux ! Inutile, non plus, de précise que la suite des événements aurait toujours un impact qui aurait un rapport avec ce baiser.
Dorothy nous observait avec bienveillance, mais elle devait bien être la seule car les autres ne semblaient pas compter sur les mêmes principes.
Comme ils l'avaient déjà fait remarquer, quand nous sommes arrivés à l'église, juste après mon retour de Boston, ils n'aimaient pas les démonstrations d'amour en public.
Comme nous nous en fichions ! Et s'ils l'avaient su, ils se seraient arrêtés d'eux-mêmes.
Cette soirée avait été idyllique et magique. Elle avait remué tant d'émotions en moi et en Sully.
Après le baiser, la danse et le dîner que nous avions passé chez Grace, nous sommes rentrés à la maison, bras dessus et bras dessous, accompagnés des enfants.
Les enfants, justement, nous avaient vus nous embrasser comme la plupart des habitants et ils étaient heureux de nous voir nous rapprocher ainsi.
Ils avaient certainement l'espoir que Sully devienne leur père adoptif, mais dans ma tête, comme celle de « mon métis », il était bien trop prématuré pour y penser.
L'atmosphère de retour fut remplie de sourire et de rigolades, ponctuée aussi d'histoires de Sully. C'était magique de le voir partager de tels moments avec eux.
Je ne me souciais pas du lendemain, insouciante comme je l'étais. Si j'avais su que j'allais devoir m'absenter le lendemain, j'aurai profité de ce moment.
Mais je ne le savais pas !
Sully était resté un long moment avec moi le soir pour passer un instant avec moi. Il était heureux de partager ce moment.
Ce baiser avait été comme une promesse pour l'avenir, comme une révélation pour l'un et pour l'autre.
Chacun d'entre eux était plus sûr de lui, mais cela ne signifiait pas pour autant que nous étions sûrs d'avoir un avenir en commun.
Il fallait avancer pas à pas et attendre de voir.
L'épreuve de mon absence allait nous être utile pour la suite car cela allait nous prouver d'autres choses.
J'étais tranquillement en train d'égaliser les cheveux de Sully quand la nouvelle arriva.
Le Révérend arrivait pour me prévenir d'une épidémie d'influenza à laquelle je me devais d'aller. Il souhaitait m'accompagner pour m'aider mais je voulais limiter les risques de transmission, surtout que lui ne l'avait pas eue.
Je devais partir au plus vite et trouver une solution rapide pour les enfants que je ne pouvais pas exposer à ce risque. Je n'avais pas le temps de faire appel à Grace et à RobertE.
Sully s'est proposé. Les Cheyennes n'avaient pas besoin de lui et cela ne le dérangeait pas de rester dans la maison qu'il avait construite de ses mains.
Bien sûr, mais j'avais du mal à l'imaginer vivre au quotidien avec eux, et pourtant, je devais lui faire confiance.
C'était la première fois que je devais m'absenter depuis que j'avais recueilli les enfants Cooper et cette séparation me brisait le cœur.
Je réalisais que je m'étais attachée à eux plus que je ne l'aurai pensé et qu'ils allaient cruellement me manquer, d'autant plus que je ne savais pas combien de temps je resterai loin d'eux. Ce fut remplie de ce sentiment de tristesse que je les embrassai après avoir préparé mes affaires et que je suis partie sans me retourner.
J'avais eu le sentiment qu'il allait se passer quelque chose pendant mon absence, mais je n'avais pas le choix.
Je pense aussi que Sully s'inquiétait aussi parce que je m'exposais à nouveau l'influenza que j'avais déjà combattu une fois.
Bien sûr, je ne pouvais pas savoir si j'allais l'attraper ou pas, mais la chance fut avec moi et je ne l'ai pas eue !
Je n'ai pourtant pas cessé de me poser des questions sur la maison.
J'ai su tout ce qu'il s'est passé en mon absence quand je suis revenue, car les enfants et Sully ne pouvaient rien me cacher.
Au début, ils avaient testé la patience et la tolérance de Sully. Brian et Colleen n'avaient pas cessé de se disputer et finalement, il avait été obligé de choisir lui-même ce qu'ils allaient faire.
Puis, Brian lui avait demandé une histoire en pleine nuit. Je voyais cela d'ici, Sully, Brian assis sur ses genoux, à lui faire le récit d'une légende Cheyenne. Magnifique tableau et tellement encourageant !
Tout cela était assez imaginable mais ce fut la suite de leur récit qui me fit avoir des frissons.
Sully avait emmené Brian en forêt pour une ballade du style père-fils, et là, tout avait basculé. En revenant de leur pêche, ils étaient tombés en plein traquenard.
L'Armée et les Indiens étaient en pleine bataille et Sully était accouru pour aider les Indiens à s'en sortir. Il y avait des fils barbelés partout sur le terrain.
Il était clair que l'Armée avait tort de voler ce territoire aux Indiens. Mais les coups de feu pleuvaient et Brian tremblait de peur, dissimulé derrière un arbre. Heureusement, Sully lui avait demandé, et même ordonné, de rester éloigné, car, que lui serait-il arrivé ?
Les coups de feu pleuvaient, donc, et « mon métis » essayait de s'interposer, jusqu'au moment où les Soldats réussirent à mettre les Indiens en fuite.
Ils tirèrent à l'endroit où ils l'avaient vu, dans le dos, et en repassant pour partir, Brian crut qu'ils lui tiraient dessus une deuxième balle, comme pour s'assurer de sa mort.
J'imagine le soulagement de « mon fils » quand il s'aperçut qu'il ne réagissait que d'un serpent !
Brian était tout de même affolé de ne trouver « son protecteur » nulle part en vue. Il était donc revenu en ville afin que RobertE et Matthew l'aident.
Tout seul, il ne pouvait pas se débrouiller, ce n'était qu'un enfant !
Bien sûr, Matthew et RobertE l'avaient suivis pour rechercher « mon métis » et le ramener en ville.
Je me rends compte, aujourd'hui, qu'à l'époque, Brian avait fait preuve d'une intelligence rare pour arriver à l'endroit exact où Sully avait disparu. D'ailleurs, grâce à lui, ils avaient retrouvé « mon métis » rapidement.
Ils l'avaient ramené en ville aussi vite que possible afin que Colleen puisse le soigner. Je ne reviens pas de la maturité dont ils ont fait preuve pour aider Sully.
Grace était au courant que son mari était parti pour aider les enfants, mais elle, ainsi que la plupart des habitants, avait découvert que Sully était recherché mort ou vif.
Apparemment, certains d'entre eux n'étaient pas étonnés qu'il ait fait une chose pareille, le lien qu'il avait avec les Indiens n'étant un secret à personne.
Mais Grace n'en faisait pas partie, ainsi que Dorothy ou le Révérend ; ils voulaient connaître tous les détails avant de le condamner, car ils avaient du mal à croire qu'il puisse se servir d'une arme intentionnellement.
Aussi, Grace fit de son mieux pour occuper les Soldats quand elle vit le chariot transportant Sully entrer en ville. En les resservant à manger, cela pouvait peut-être les occuper.
Le Révérend avait tout de suite été au devant du chariot, afin de les prévenir que Sully était recherché.
Ils avaient donc dissimulé Sully sous une couverture pour sa sécurité et devaient donc trouver un endroit où le cacher, jusqu'à ce qu'il puisse prouver son innocence.
Ils furent tous perturbés quand un Soldat vint vers RobertE pour le réquisitionner, afin qu'il puisse réparer un chariot. Ce fut au tour du Révérend de prendre les rênes pour mettre « mon métis » en sécurité.
Il fallait qu'ils trouvent un endroit où le cacher et Brian eut tout de suite l'idée de les emmener vers la grotte que Sully lui avait fait voir le matin-même.
Normalement, Brian aurait dû garder le secret, mais la situation était trop urgente pour qu'il y prête attention.
C'était un refuge plutôt sûr que l'Armée n'aurait pas l'idée de venir visiter tout de suite et qui, permettrait à Colleen de prendre soin de lui.
De toute façon, tout le monde en ville avait été au courant de mon absence et s'adressait à Jake en cas d'urgence.
Colleen m'avait surprise. Elle semblait dotée d'un certain sang-froid, car, d'après « mon métis », elle avait fait face à la situation très vite, voulant à tout prix lui sauver la vie.
Je comprenais mieux, grâce à cette explication, ce qu'il avait voulu dire quand il avait dit que les enfants avaient plus pris soin de lui, que lui d'eux.
Colleen avait vite pu déterminer l'état réel de Sully et demander au Révérend d'aller les chercher à la clinique. Il fallait qu'il soit prudent, mais il voulait aider Sully.
Les enfants avaient fait face aussi bien que possible, sans savoir s'ils allaient pouvoir aider « mon métis ».
En déshabillant Sully, Colleen avait pu voir que la balle n'était pas ressortie et qu'il allait falloir l'extraire.
Brian était resté proche de son protecteur naturel et veillait sur lui.
Le Révérend était apparemment revenu au plus vite et l'avait aidée.
Sully était revenu à lui à ce moment-là, parait-il, en prononçant mon nom. Il voulait partir mais le Révérend et Matthew l'en empêchèrent. Il fallait qu'il reprenne des forces avant de bouger.
Cela fut d'ailleurs prouvé par son malaise peu de temps après. Les Soldats allaient peut-être être attirés par ailleurs.
En tout cas, il allait falloir compter sur la chance pour pouvoir sortir Sully de là. Colleen avait besoin d'aide pour opérer Sully pour le sauver.
Elle m'avait vu enlever des balles plus d'une fois dans ma pratique médicale, mais elle ne savait pas réaliser l'opération elle-même. Elle ne savait pas quoi faire pour l'aider.
Le Révérend, en rapportant les fournitures médicales, avait été suivi par Hank et Jake en sortant de la ville, car ils voulaient gagner de l'argent sur le dos de Sully.
Ils avaient enfin atteint la grotte quand ils virent chacun de leur côté Matthew sortir de la grotte et accueillir le Révérend. Il n'y avait certainement plus eu de doutes quant à la présence ou non de Sully et ils étaient descendus de cheval en même temps.
Puis, ils avaient commencé à se disputer pour arriver à déterminer lequel des deux aurait l'argent.
En entendant la voix de Jake, Colleen s'était précipitée vers lui pour avoir son aide et là, il y avait eu un affrontement. Colleen avait essayé de convaincre Jake de l'aider en lui rappelant qu'il devait la vie à Sully, après avoir tiré sur un Indien.
Jake avait été blessé par cette remarque et piqué au vif. Il réagit immédiatement et entra avec Colleen.
Hank semblait ne pas être d'accord sur la conduite à tenir et le Révérend avait dû l'assommer pour le maîtriser et Matthew l'avait ligoté, afin qu'il ne bouge pas.
Après quoi, l'homme d'église rentra à nouveau rejoindre les enfants. Le Révérend avait dû s'en vouloir pour ce geste, mais il n'y avait eu que ce moyen-là.
Colleen avait expliqué brièvement la situation compliquée à Jake afin qu'il l'aide. Il devait se sentir fier d'avoir ce rôle !
Loin d'avoir de réelles qualités de médecin, il savait tout de même comment enlever une balle !
Ils avaient dû travailler en binôme. Colleen regardait les gestes de Jake et l'assistait comme elle m'avait assisté de nombreuses fois.
Je vois d'ici la scène : Jake, transpirant à grosses gouttes pour arriver à faire ce qu'on lui demandait et Colleen le regardant, et espérant qu'il sauve Sully.
Quand je vois cette scène, je m'imagine les sentiments qui sont passés par la tête de Colleen durant ce moment-là. La peur de faire un faux mouvement, et de mettre sa vie en danger.
Je me rappelais à ce moment-là du récit, de ce que j'avais éprouvé quand je l'avais vu blessé après l'attaque du chasseur de bisons, le visage boursouflé et défiguré.
Oui, je comprenais ce que Colleen avait vécu et traversé, je le comprenais très bien.
Jake et Colleen avaient réussi à localiser la balle mais pour l'enlever, cela s'était avéré plus compliqué.
Jake l'avait laissé filer et il avait dû recommencer mais « ma fille » l'avait calmé.
Quand, enfin, il avait réussi à l'enlever et avait déchiré l'artère, Colleen avait paniqué et ne savait pas quoi dire. Jake, lui, avait pris les choses calmement et avait raisonné Colleen en lui demandant ce que j'avais fait pour Loren pour l'opération de son hernie.
Elle a donc suturé l'artère touchée de Sully, avec toute l'attention qu'elle pouvait. Elle lui a sauvé la vie.
Il a fallu quelques jours à Sully pour se remettre mais sa force lui a permis de se remettre rapidement.
Son rétablissement était bien entendu une bonne nouvelle mais c'en était une mauvaise, car il allait lui falloir affronter l'Armée. D'ailleurs, Sully ne souhaitait pas fuir toute sa vie, alors il avait demandé à Matthew d'aller chercher les Soldats, et voulait se rendre en ville.
Ils avaient dû faire face à Hank en sortant de la grotte, mais le barman avait vite mis de côté, car Sully et Matthew lui avaient fait entendre raison.
Si j'avais été présente, j'aurai essayé de persuader « mon métis » d'attendre un peu plus pour y aller. Je comprenais qu'il veuille se défendre d'avoir participer à cette attaque et il l'avait fait magnifiquement.
Pourtant peu doué pour faire des discours, Sully en avait fait un dès son arrivée en ville.
Bien sûr, tout le monde s'était groupé autour de lui dès qu'il l'avait vu, plus par curiosité que pour l'écouter. J'aurai aimé entendre ce discours et aidé Sully, mais peut-être s'était-il mieux débrouillé sans moi.
Il s'était défendu d'avoir participé à cette attaque des Renégats, il n'avait jamais voulu faire partie d'une telle attaque. Il ne portait pas d'armes.
D'ailleurs, encore une fois, je visualisais la scène : Sully debout sur le porche du magasin de Loren, voulant à tout prix se faire entendre.
J'imagine que la plupart des habitants de la ville ne pouvait imaginer « mon métis », portant un fusil et tirer au hasard.
Et l'Armée était arrivée, accompagnée de Matthew pour arrêter Sully. Elle voulait l'arrêter tout de suite et le faire juger.
Heureusement, Dorothy a pris parti pour lui en le défendant. Les Soldats ne pouvaient réellement affirmé qu'il avait fait parti de l'émeute. Bien sûr, son apparence et ses vêtements pouvaient porter à confusion.
Elle avait affirmé avoir vu Sully en ville le jour où les Renégats avaient attaqué. Pour cela, elle avait pris plusieurs personnes à témoin.
Afin de lui porter secours, Myra avait dit qu'il était avec elle ce jour-là tout en demandant l'appui de Hank. Il était clair qu'il aurait bien aimé ne pas faire parti de cette histoire.
Mais il avait confirmé non sans râler, ce qui lui ressemblait bien.
Pourtant, l'Armée n'était pas convaincue, il lui fallait plus de preuve pour le mettre hors de cause.
Les Soldats avaient tout de même demandé à Sully d'enlever sa chemise pour vérifier toutes traces de blessures par balles.
Bien entendu, étant donné que la blessure était au dos, il n'avait pas de traces, mais cela ne suffisait pas.
Ils voulaient même qu'il se retourne pour voir son dos et Dorothy l'a défendu en leur disant qu'ils n'auraient pas pu tirer dans le dos d'un homme sans défense.
L'argument de Dorothy avait réussi à faire innocenter Sully. Les Soldats s'excusèrent de l'avoir pris pour un autre en promettant de retrouver l'homme concerné.
Tout le monde fut soulagé de cet heureux dénouement. Même « mon métis » en était soulagé, mais il avait été surpris du soutien de « ses amis ».
Il se dirigea de nouveau vers le magasin de Loren pour se reposer et il s'écroula à quelques pas avant d'être arrivé à bon port. Les enfants s'alarmèrent. Sully avait juste besoin de repos.
Après ces incidents, ils étaient rentrés ensemble à la maison pour attendre mon arrivée. Sully avait continué à reprendre des forces.
Et j'étais arrivée sur le chemin, impatiente de les retrouver et de voir comment ils s'étaient débrouillés. Je me rappelle mon envie de les serrer dans mes bras quand j'avais repris le chemin de la maison. A cet instant-là, j'étais plus que persuadée que ma vie était avec eux. Et ils étaient apparus !
Les enfants jouaient gaiement à l'extérieur, ils ne pouvaient donc pas louper mon arrivée. D'ailleurs, Brian vint vers moi pour que je le serre dans mes bras.
Oh, comme c'était bon de les serrer dans mes bras, comme c'était bon aussi de revoir Colleen et Matthew, mais j'attendais de voir apparaître « mon métis ».
Il est venu vers moi dès que les enfants l'ont appelé et il a couru vers moi pour m'embrasser d'un long baiser.
Par ce baiser, maintenant que je savais qu'il avait été blessé, avait été une révélation, mais aussi un soulagement de me revoir après tout ce temps.
Après avoir raconté cette histoire, Sully était resté plus que prévu auprès de moi. Cette blessure lui avait fait comprendre plusieurs choses. Les fêtes de fin d'année s'annonçaient prometteuses et révélatrices pour la suite des événements, mais elles me perturbaient aussi.
Elles arrivaient à un moment où je me posais beaucoup de questions, notamment en ce qui concernait ma relation avec Sully.
Bien sûr, je voulais passer un Noël avec lui, mais je ne savais as où nous allions. Je crois que j'avais simplement besoin de temps.
En attendant, la veille de Noël, je devais mener à bien ma mission de médecin et j'avais un patient à prendre en charge avec des soins à lui procurer.
J'avais pensé avoir réussi à le guérir pour de bon mais, quand j'ai envoyé Colleen dire à sa famille qu'il était sorti d'affaire, il avait fait une crise cardiaque et il était mort.
Quand la famille de Marley, c'était son nom, était venue pour le voir, j'ai dû leur expliquer les raisons pour lesquelles il était mort, mais son cœur avait lâché juste parce qu'il était faible.
L'épouse du patient m'en voulait. Elle avait fait confiance à une femme médecin, tout cela pour perdre son mari ! Elle m'en voulait personnellement, mais moi aussi, je m'en voulais.
Je n'avais besoin de personne et je l'ai tout de suite dit à Sully, quand il est venu me chercher. Après tout, cela n'avait rien à faire avec lui et je le renvoyais, à quoi pensais-je à ce moment-là ? Il n'était là que pour me chercher et les enfants voulaient, d'après lui, que je les rejoigne.
Je lui ai dit que j'avais besoin d'être seule, car je n'arrivais pas à me pardonner ma responsabilité dans le décès de ce patient. Sully avait compris tout de suite.
Je l'ai retrouvé quand je suis rentrée à la maison et je me suis excusée de mon attitude envers lui. Il me comprenait très bien car il me connaissait assez pour savoir que je m'en voulais personnellement.
Pour lui, je n'avais aucune raison de me sentir coupable car tout médecin aurait assisté au décès du patient, même un homme !
Il m'a embrassée sur la joue, puis j'ai dû insisté pour qu'il reste avec nous. Je voulais qu'il partage cet instant avec nous. Les enfants ne surprirent quand ils manifestèrent leur envie d'ouvrir leurs cadeaux après la messe.
Ils ont fini par les ouvrir en m'expliquant qu'ils n'avaient pas emballé le mien. Pour moi, cela n'avait aucune importance, mais, pour eux, oui !
J'ai donc ouvert le paquet envoyé par ma mère et là, tous mes souvenirs d'enfance me sont revenus. Il s'agissait de contes de Noël, qu'enfants, ma famille avait l'habitude de partager.
Il y avait une lettre qui accompagnait le livre et dans laquelle ma mère disait qu'il était temps que je les partage avec mes enfants.
C'était une de ses manières de me faire comprendre qu'elle acceptait enfin le fait que j'ai recueilli les enfants Cooper et qu'elle les considérait comme ses petits-enfants.
Cela voulait dire beaucoup à mes yeux. Brian a commencé la lecture.
Le nom du personnage, Marley, rappelait celui de mon patient décédé le jour-même. Noël était aussi un jour où l'on pouvait perdre un proche. La lecture a continué ...
Après ce moment de partage, nous sommes enfin allé à l'église. Sully était magnifique pour cette occasion, habillé sur son 31 en mon honneur.
Mais, au moment où nous avons franchi la ville, j'ai été demandé auprès d'une femme qui allait accoucher.
Il fallait, encore une fois, que je fasse mon métier et que je vienne à son secours.
La situation du couple semblait compliquée. Les pères ne semblaient pas d'accord pour leur union, il fallait les cacher et vite !
Nous nous sommes donc dirigés vers l'écurie que RobertE nous avait indiquée.
Sully devrait s'occuper des enfants pendant ce temps-là.
Une fois installés dans l'écurie, le temps me sembla plus long que d'habitude et Sully allait aussi se demander ce qu'il était advenu de moi.
Mais je n'avais pas le choix.
Je ne sais pas encore si les fantômes existent ou non, mais tout ce que je peux dire c'est que mon passé me revint en tête et l'apparition de Charlotte Cooper s'imposa à moi en un flash.
Elle semblait si réelle, si bienveillante, et si heureuse de venir « me rendre visite ». Elle me demandait si ses enfants allaient bien.
Bien sûr, je l'ai rassurée !
Puis, elle m'emmena avec elle et je me suis laissée aller à penser à toutes mes Noëls depuis quelques années. Je me souvenais clairement de mon année d'étude en médecine où je ne pensais qu'à une seule chose : réussir mon examen.
Une autre image m'est apparue.
L'année où je travaillais aux côtés de mon père, j'avais passé une soirée exceptionnelle. J'avais pourtant promis à mon père de rentrer à la maison au plus vite.
Mais c'était sans compter sur la lâcheté de mon collègue qui m'avait laissée seule toute la soirée. Il m'avait fait une faveur et il ne le savait pas. Ce Noël n'avait pas été aussi raté que cela !
J'avais passé mon temps à lire des contes à des enfants hospitalisés. Cela avait été un moment exceptionnel.
Puis, il y avait eu le décès de mon père, marquant d'une pierre rouge mon avenir. A cause de cela, plus aucun de ses anciens patients n'étaient plus venus me voir et cela avait entraîné mon départ pour Colorado Springs.
Colorado Springs ! Il s'était passé tellement de choses depuis mon arrivée dans la ville. Là aussi, j'avais eu des difficultés pour m'intégrer, mais surtout, pour être acceptée en tant que médecin.
Je m'étais bien sûr attendue à recevoir ce genre de traitement, mais rien ne m'avait préparée à accueillir des enfants qui n'étaient pas à moi.
Rien ne m'avait préparée à faire face à toutes les exigences que nécessitaient l'éducation d'enfants au quotidien. Je ne connaissais rien à cela.
J'avais pensé passer mon premier Noël en tant que célibataire à Colorado Springs et cela n'avait pas été le cas. J'avais les enfants auprès de moi et Sully.
L'amour ! Je ne l'avais pas attendu non plus ! Et pourtant, il était arrivé ! Et la demande de Brian ce soir-là !
« Docteur Mike, tu crois que maman serait fâchée si je t'appelais aussi « maman » ? »
Qu'aurai-je pu répondre à cette question d'autre que « non, je ne crois pas » ? Et je sais maintenant que Charlotte aurait été d'accord.
Ce Noël-là avait été magnifique car ils m'avaient enfin acceptée.
Oui, j'étais heureuse.
Je suis revenue sur Terre à ce moment-là pour réaliser que mes doutes n'avaient pas de raisons d'être, que Sully m'aimait et que je l'aimais.
Le présent était magique, unique et exceptionnel, mais que me réservait l'avenir ?
J'ai fait un rêve concernant mon futur, seulement, là, je ne pouvais pas savoir si c'était vrai ou pas !
En tout cas, j'étais entourée de Matthew et de Colleen, et Brian est arrivé, habillé en militaire.
Mais je n'ai pas pu voir l'identité de l'homme qui partageait ma vie. Cela devait être un secret.
Et je me suis réveillée, alors que Sully venait me chercher pour que je puisse assister à la messe, parce que les pères des jeunes parents voulaient les voir.
En ces temps des fêtes de fin d'année, Sully, comme moi, ne voulait pas voir de personnes qui se disputaient en ces temps-là.
D'ailleurs, nous avons trouvé un moyen pour les calmer en leur trouvant des ressemblances. Et cela les a apaisé.
Je me suis alors retrouvée sans trop savoir pourquoi dans les bras de Sully, qui m'a serrée contre lui.
J'étais bien avec lui et les enfants sont venus nous rejoindre alors que nous étions en train de nous embrasser.
J'ai ainsi pu assister à la messe de Noël avec eux et Sully m'avait gardé une bougie.
Ce Noël partagé avait été idyllique. Mais la vie avait repris son cours et le combat de « mon métis » pour la cause des Indiens.
Il était au camp militaire et il m'avait demandée de l'accompagner et je m'étais ensuite présentée au Soldat.
Il semblait avoir besoin de soutien pour affronter le Soldat qui avait demandé une rencontre avec les principaux protagonistes.
Nuage Dansant et le chef Bison Noir en faisaient partie. Ils sont arrivés dans de grands cris pour se faire remarquer. Les militaires semblaient en avoir peur et Sully les a rassurés.
Le traité proposé était plus que bénéfique pour l'Armée que pour les Cheyennes. Elle leur prenait une terre qui leur avait appartenu et, en contrepartie, elle leur laissait des couvertures et de la nourriture. Le peuple avait du mal à se nourrir.
Quand ils sont ressortis des négociations, Nuage Dansant était hors de lui. Il était bien difficile de le contenir.
Leur supprimer le droit de chasse qu'ils avaient eu jusque-là était une chose que je n'admettais pas.
Le combat perpétuel dans lequel ils étaient n'avaient pas de sens mais il fallait qu'ils acceptent le traité pour pouvoir vivre en paix. Ils avaient tellement de difficultés à survivre.
Je les ai convaincus d'accepter. Bison Noir a pris la décision qui s'imposait.
J'étais soulagée mais j'étais anxieuse et je ne savais pas pourquoi. Au moment où je partais, le Soldat nous a parlé d'un malade et je suis allée le voir pour lui porter secours.
Il avait le typhus et je ne pouvais rien faire de plus pour lui.
Sully et moi avons emmené les couvertures et les vivres au campement Indien.
Afin de ne pas envenimer la situation, l'Armée avait décidé de ne pas nous accompagner.
Il est vrai que « mon métis » et moi avons été plutôt bien accueillis, mieux que ne l'aurait été l'Armée et Matthew nous avait accompagnés.
Il a d'ailleurs demandé à un Indien s'il pouvait prendre quelques unes pour Ingrid et son camp et il a accepté.
C'était tellement beau de les voir heureux de ce cadeau de l'Armée. Ils pensaient que cela les aiderait à passer l'hiver. Ils ne se doutaient pas de ce qu'il allait leur arriver.
Matthew alla se coucher plus tôt, car il souffrait d'un mal de tête. J'aurai dû comprendre à ce moment-là, qu'il s'agissait de bien plus que d'un mal de tête passager.
Mais, je me suis appuyée sur ce qu'il m'assurait : il m'avait dit qu'il irait mieux le lendemain.
Je n'y ai plus pensé ou je n'en ai pas eu l'occasion d'y penser ! Sully est arrivé de bon matin car les Indiens allaient avoir besoin de moi parce qu'ils étaient presque tous malades.
Je suis donc partie de la maison, en enfilant ma robe de chambre et mon manteau en comptant sur Matthew pour prendre soin de Colleen et Brian.
Sully et moi sommes arrivés assez rapidement pour que je puisse les aider. La médecine de Nuage Dansant avait connue ses limites et ils avaient besoin de moi.
Je me suis aperçue qu'il s'agissait du typhus et là, Sully et moi avons compris, l'Armée avait fait exprès de leur offrir ses couvertures afin de trouver un moyen de les éradiquer les uns après les autres et s'en débarrasser.
Comment l'Armée avait-elle pu faire une telle chose ? Il n'était pas difficile de le comprendre. C'était un moyen comme un autre de récupérer leurs terres.
Et la maladie de l'Homme Blanc était venue à cause de moi. Cela, je ne pouvais pas m'empêcher de me le reprocher.
Tout cela leur arrivait à cause de moi et je ne pouvais rien faire en retour mis à part leur donner de la quinine. Les couvertures étaient infectées. Comment aurions-nous pu le savoir ?
Peut-être aurai-je dû me méfier et je ne fus pas surprise par l'accusation que me porta Nuage Dansant.
Cette culpabilité, je l'avais déjà. Les femmes de la tribu m'avaient donné une robe en peaux de daim pour que je puisse être plus à l'aise. Et après cela, Sully et moi nous sommes retrouvés devant le feu qui détruisait tout ce qui avait été infecté.
Je me suis effondrée. Je ne pouvais plus retenir les larmes qui me montaient aux yeux et que je ne cachais pas à « mon métis ».
Il m'a serrée dans ses bras pour me réconforter, essayant de me faire comprendre que je n'étais pas coupable de ce qu'il s'est passé. J'avais du mal à le croire véritablement.
Je ne me doutais pas du fait que Matthew aussi avait la maladie et que Colleen allait devoir s'en occuper.
J'ai juste demandé aux Cheyennes de brûler les corps des malades. C'était la seule manière pour que le typhus ne se propage pas plus.
Ils ne semblaient pas d'accord ! C'était leur choix et pas le mien ! La voix de la sagesse de Bison Noir résonna encore dans ma tête. Il fallait m'écouter.
Je voulais rentrer à Colorado Springs. Je sentais quelque chose se passait là-bas et je voulais savoir quoi.
Mais, bien sûr, il était impossible de sortir, car l'Armée limitait les sorties et savait qu'il y avait une épidémie. C'était incompréhensible.
Sully m'a fait écrire sur une feuille de papier notre situation pour qu'on puisse prévenir les enfants que nous étions bloqués.
Wolf allait retrouver son chemin et nous emmener des nouvelles très vite. J'avais étrangement besoin d'avoir des nouvelles.
Nous avons dormi au camp pour une nuit de plus. Sully était resté à mes côtés jusque tard dans la nuit.
J'aurai tellement aimé qu'il reste avec moi pour l'ensemble de la nuit, mais beaucoup de choses nous en empêchait, comme le fait que nous n'étions pas mariés.
La bienséance, encore et toujours ! Je la détestais à ce moment-là. Pourtant, j'avais été éduquée de cette manière-là et j'en faisais abstraction. Ma mère m'aurait prise à part et m'aurait fait des remontrances si elle l'avait su !
Après une nuit d'insomnie, Wolf est revenu le lendemain un peu avant le coucher du soleil.
Il portait avec lui une affreuse nouvelle, Matthew avait le typhus. Alors que Nuage Dansant me faisait encore des reproches, Sully l'a calmé en lui expliquant la situation.
En effet, si j'avais pu deviné que les couvertures étaient infectées, je n'aurai jamais laissé Matthew en prendre une.
Je voulais partir immédiatement et rejoindre les enfants au plus vite. Les serrer dans mes bras, les embrasser et les soigner. Sully m'a conduite et accompagnée mais il ne savait pas à quel point j'étais déterminée.
Comment avait-il pu prévoir ? Nous sommes tombés sur une garnison et j'ai essayé de leur expliquer que je voulais rejoindre mes enfants.
Bien sûr, ils ne m'écoutèrent pas ! J'ai essayé de forcer le barrage, mais ça n'a pas marché !
Au bout d'un moment, Sully essaya de me faire entendre raison en me promettant de trouver un autre moyen.
Il m'attrapa finalement par derrière pour que j'évite de m'exposer à ça. Je me débattais dans ses bras et il eut du mal à me maintenir dans ses bras. Il était, bien sûr, plus fort et il réussit finalement à me faire entendre raison.
A la nuit tombée, nous étions assis l'un à côté de l'autre à attendre l'impossible à la lueur d'un feu. Sully n'avait pas quitté mon chevet depuis que j'avais fait face à l'Armée. Il ne voulait pas me laisser seule, car il avait certainement peur que je recommence.
Je n'en avais pas l'intention. J'avais enfin compris que ce n'était pas en me mettant en danger que je pourrai venir en aide à Matthew.
« Mon métis » ne me disait rien, comme s'il attendait de moi un geste, un signe ou une parole, bref quelque chose de clair.
Je n'avais pas pour habitude de me donner en spectacle ou de laisser voir ses sentiments si ouvertement.
Et pourtant, je n'en pouvais vraiment plus. Tout me dépassait et j'avais besoin d'extérioriser la peine qui était en moi.
J'avais l'envie d'être avec Matthew, d'aller le soigner, d'aller m'assurer de sa guérison. J'aurai donné ma vie s'il l'avait fallu.
J'ai craqué dans les bras de Sully, très à l'écoute de mes peines et de mes angoisses. Il se contentait de me serrer contre lui sans rien dire, nul besoin ! Je le comprenait si bien et lui me comprenait très bien aussi. Je me suis sentie très bien.
Ma tête s'est retrouvée sur ses genoux sans que je sache réellement comment elle pouvait y être.
Je suis restée ainsi et Sully n'a pas tenté de s'éloigner ou de me mettre ailleurs. Au contraire, il semblait aimer cette sensation.
Quand j'ai essayé de me relever, il a insisté pour que je reste là et j'y suis restée toute la nuit. Je n'ai pas dormi mais j'étais déjà plus détendue et je sais que « mon métis » n'a pas dormi non plus.
J'étais suspendue à sa promesse et j'attendais de lui qu'il la mette en pratique. Il ne pouvait pas nous mettre en danger pour y parvenir.
J'étais loin d'imaginer que Colleen et Brian avaient été enfermés à la clinique quand la ville avait appris que Matthew était malade. Je ne savais pas qu'ils avaient trouver un moyen de s'échapper grâce à Horace et qu'ils étaient sur le point de nous rejoindre Sully et moi.
De notre côté, nous avons réussi à passer et nous sommes dirigés vers la ville à cheval pour les retrouver.
Au bout d'un moment, nous nous sommes retrouvés sur le chemin de Colleen et Brian. Quel soulagement ce fut pour moi de les voir tous les deux. J'étais heureuse de les revoir, même si cela ne faisait pas longtemps que je les avait quitté.
Il y avait tellement de soucis par rapport à Matthew, sur sa combativité. J'avais confiance en Colleen, mais là, voir le chariot se rapprocher de nous me faisait battre le cœur.
Quand j'ai vu que l'arrière du chariot, il y avait un corps qui était recouvert, j'ai vraiment eu peur que Matthew ne soit plus vivant.
Heureusement, ce n'était pas le cas !
En soulevant le draps, j'ai vu que Matthew respirait et j'ai été soulagée. Je n'aurai jamais pu imaginé ressentir cette joie et pourtant, je l'ai ressentie.
Il a ouvert les yeux et a murmuré le mot « maman », ce qui était rare.
J'ai su instantanément qu'il était sorti d'affaire. Nous allions pouvoir reprendre une vie normale.
Nous sommes rentrés à Colorado Springs immédiatement. Matthew avait besoin de repos et j'avoue que Sully et moi aussi.
De repos, il n'en fut pas question du tout ! Nous sommes arrivés en toute discrétion mais nous avons pu voir les conséquences de la maladie sur les habitants de la ville.
La peur s'était installée partout. Avant d'en saisir les origines et de savoir ce que certains d'entre eux avaient fait, nous avons installé Matthew à la clinique.
Revenant peu à peu à lui, il nous a dit qu'il voulait rejoindre Ingrid pour la mettre au courant du risque pour elle d'attraper la maladie. Il n'en avait pas la force et Sully et moi nous sommes rendus au camp d'immigrés.
Ingrid cherchait justement à me rejoindre avec sa sœur dans les bras. Sa sœur était malade et je lui ai dit d'aller à la clinique, que j'allais m'en occuper.
Ce qui nous a frappé avec « mon métis » fut l'était dans lequel se trouvait le camp d'immigrés. Tout avait brûlé.
La psychose avait eu lieu dans cet endroit et je reconnaissais bien là l’œuvre de certaines personnes, qui pensaient que la maladie était due aux immigrés, alors qu'elle était là à cause de l'Armée. Je l'ai d'ailleurs dit à Jake.
Il y avait cependant une personne qui allait devoir s'expliquer.
En colère, je me suis dirigée vers le camp militaire, suivie par Sully, autant indigné que moi.
Je suis rentrée dans la tente sans l'appeler et sans me faire entendre et je lui ai dit ces quatre vérités. Il avait entraîné la mort de plusieurs personnes.
Il n'en savait rien apparemment et il semblait peiné d'apprendre la nouvelle. Il avait l'intention d'en informer sa hiérarchie mais il ne savait pas s'il aurait le temps.
Lui aussi avait le typhus et son état était assez grave. Non, il ne pouvait pas mentir là-dessus, car il n'aurait pas gardé une couverture si c'était le cas.
Sully et moi sommes ressortis et nous sommes allés de nouveau vers la clinique pour que j'y soigne la sœur d'Ingrid.
L'épidémie a été enrayée assez rapidement et Matthew a retrouvé sa santé d'avant.
Soulagés, nous allions pouvoir assister à la cérémonie pour l'anniversaire du président.
Je me rappelle que Sully ne voulait pas vraiment y participer et qu'il ne voulait pas que Brian y prenne part. Pour moi, il s'était agi seulement d'une réjouissance pour mon fils et j'avais accepté qu'il y participe.
Je comprenais mieux son point de vue maintenant, que j'ai été confronté à la maladie et au risque qu'elle entraînait chez les Cheyennes.
Mais « mon métis », lui, avait changé d'avis. Il voulait que nous y allions et que nous profitions de la fête.
Avions-nous échangé mes places ? Je ne le pense pas. Je crois surtout que Sully voulait faire plaisir à Brian.
Et du plaisir, nous avons eu. Sully avait installé la couverture sur le pré, afin que nous puissions assister aux commémorations et que nous soyons proches l'un de l'autre.
Horace a ouvert cette fête et j'attendais avec impatience que ce soit le tour de Brian.
Sully avait l'air heureux de partager ce moment avec moi et son regard ne m'a pas quitté. J'avais fait le choix de porter une robe rouge et il semblait avoir apprécié mes efforts pour être belle et lui plaire.
Mais je crois surtout qu'il était content d'être là avec moi. Je l'ai remercié d'avoir été là, puis Brian a dit sa phrase.
Oui, c'était un moment exceptionnel pour nous. Nous retrouver tous ensemble était une bénédiction pour nous tous.
Sully était heureux d'être avec moi, tout simplement.
Puis, nous sommes rentrés à la maison. Et là aussi, nous avons enfin été ensemble pour de bon. Sully est resté avec nous pour la nuit entière. Nous étions à la maison ensemble, et soulagés. Après l'épidémie, de typhus au campement Indien, puis tous les sentiments que j'avais traversés, je me sentais plus que fatiguée.
Sully, lui aussi, l'était. Il m'avait vue dans un état dans lequel peu de personnes ne me voyait. Pourtant, l'éducation que j'avais suivie, on m'avait appris à contrôler mes sentiments et à ne pas le faire voir.
Et là, je m'étais laissée aller dans ses bras, mais je n'en avais pas honte du tout. Au contraire, je m'en sentais bien. Sully m'avait montrée qu'il n'y avait pas de honte à avoir et que je pouvais faire voir mes sentiments.
Je savais aussi qu'avec Matthew, je n'avais vu que le début de mes soucis. Dans son idée de se débrouiller seul sans mon aide, il avait fait preuve de ténacité.
A peine remis du typhus, il s'était intéressé à une offre d'emploi qu'était venu faire un exploiteur de mines à la boutique de Loren.
De bon salaire, il en était question mais il y avait aussi des risques à prendre en compte. Matthew était inconscient, il ne prenait pas en compte les dangers de l'emploi.
Sully était là aussi et il semblait en connaître plus d'un.
Je connaissais son passé de mineur, pas en détails, bien entendu. Il semblait intéressé par la grève qui s'était installée à la mine. Matthew avait d'autres ambitions. Il voulait gagner de l'argent pour s'installer au plus vite avec Ingrid.
Que pouvais-je faire pour l'en empêcher ? Pas grand chose ! Il ne m'écoutait pas !
L'affrontement grandissait entre les grévistes et les non grévistes et une dynamite échappa au contrôle de l'un des mineurs. Malheureusement, Brian était assez proche et il fallait le sauver.
« Mon métis » a écouté mon fils au plus vite, en se mettant en danger lui-même. La dynamite allait exploser d'une minute à l'autre.
Je voulais aller le rejoindre et le tirer de là et j'ai crié « Sully ! ». Matthew m'a retenue et entraînée à l'arrière d'un chariot.
Sully était toujours aussi réactif que d'habitude. Avec son tomahawk, il a coupé le fil juste à temps, même s'il y a eu de la fumée.
On ne voyait plus grand chose et je n'avais qu'une seule préoccupation : Sully, savoir s'il allait bien ou pas. Je me rappelais de la veille où il avait dormi dans la maison et que Matthew était allé dans la grange sans que je puisse l'en empêcher.
Je suis allée auprès de « mon métis » aussi vite que possible et j'ai pu constater qu'il allait plutôt bien.
Par prudence, je l'ai obligée à me suivre à la clinique, afin de garder un œil sur lui. Heureusement, il avait la tête solide !
Mais la mine allait nous emmener d'autres soucis que nous ne soupçonnions pas !
Dès le lendemain, je m'en suis aperçue, avec le nombre de personnes dont il fallait que je m'occuper. L'exploitant souhaitait d'ailleurs que je m'occupe de tous ses employés malades ou susceptibles de se blesser.
Je ne voulais pas le faire pour lui, mais je devais venir en aide à toutes les personnes qui pouvaient avoir besoin de moi.
J'y suis allée après m'être assurée que Sully aurait une discussion avec Matthew pour essayer de le dissuader.
Connaissant « mon fils » et Sully, je savais pourtant que « mon métis » n'arriverait pas à le faire changer d'avis. Il allait au moins essayer.
D'ailleurs, le contenu de la conversation resta secret un long moment, je ne l'ai su que plus tard.
Le soir, quand il est rentré de son travail, Matthew avait l'air épuisé. Il est rentré tard, Colleen et Brian avaient voulu l'attendre pour lui en parler.
Mais il n'en avait pas le courage, je l'ai vu dès que j'ai poussé la porte de la maison, et j'ai insisté pour que Colleen et Brian aillent au lit.
Après quoi, « mon fils aîné » est resté sans bouger et assis à la table. Il ne s'est levé que quand je lui ai dit de se laver les mains.
Si j'avais su la douleur que cela allait lui donner, je ne lui aurai pas dit de le faire.
Mais cela m'a permis de me rendre compte de l'état de ses mains et de les examiner. Matthew a aussi été obligé de me dire qu'il s'était fait mal avec les parois.
Étant donné son épuisement, Matthew a été incapable de manger quoi que ce soit. Je lui ai juste mis de la pommade sur ses mains.
Mais le lendemain, il reprenait le travail comme si de rien n'était. Nous avions pu avoir toutes les discussions possibles, Matthew ne nous aurait pas écouté.
Même Sully n'y était pas parvenu.
Il fallait tout de même nous rendre sur l'exploitation. Je devais porter secours à tous ceux qui auraient besoin de moi.
Sully m'a accompagné mais je n'y suis pas restée longtemps. « Mon métis » est resté sur placé avec Dorothy, qui voulait écrire un papier sur la grève qui grognait là-bas.
Je ne sais pas ce qui s'est passé ce jour-là, mais Dorothy a cité son nom. Sully avait travaillé à la mine dans sa jeunesse.
Je ne me doutais pas que nous allions devoir nous confronter à l'impensable dès les jours suivants.
Toujours est-il que nous nous sommes rendus sur le site le lendemain pour voir ce qu'il se passait et qu'un éboulement s'est produit pendant que nous y étions.
Colleen a tout de suite paniqué en comprenant que Matthew était à l'intérieur et qu'il fallait le secourir au plus vite. Mais les grévistes étaient contre le fait d'y aller pour les secourir immédiatement.
Encore eut-il fallu que les travailleurs veuillent bien aller secourir Matthew et Yon, ce qui n'était pas le cas !
Les laisser mourir dans ces conditions était impensable. J'ai pris sur moi pour demander à Colleen de retourner en ville pour aller demander de l'aide.
Sully l'a aussi calmée. Il a été à la hauteur de la situation qui se présentait.
Quand je lui ai que je voulais l'accompagner à l'intérieur, il m'a demandé si j'en étais sûre, mais n'a pas cherché à m'en dissuader. Il l'aurait fait que je ne l'aurai pas écouté ! Mais Sully n'était pas comme ça !
Il s'est même montré inflexible face à tous ceux qui étaient présents, comme Jake et Horace, qui prétendaient qu'une femme qui portait malheur.
Non, Sully pensait vraiment que j'avais ma place là-dedans, que dans ce cas-là, une femme pouvait porter bonheur.
Bien sûr, je ne pouvais pas aller à la recherche de mon fils, dans ma tenue habituelle.
« Mon métis » a trouvé de quoi m'habiller pour que je puisse l'accompagner et il m'a expliqué ce qu'il avait vécu lui-même étant jeune.
Non, Sully était vraiment présent pour moi et pour la situation actuelle. Il voulait réagir au plus vite et il m'empêcha réellement de paniquer.
Une fois que je fus habillée, Sully a coordonné les recherches. Il ne faisait aucun doute qu'il savait ce qu'il disait quand il expliquait aux autres.
Il prenait les choses en main.
J'étais bien incapable de le remercier mais il était là, présent, à mes côtés. Il m'a entraînée et quand il a composé les groupes, il a bien sûr fait attention à rester avec moi.
Je ne pouvais pas imaginer ce que cela faisait que de travailler au quotidien dans cette atmosphère étouffante, ni ce que cela pouvait emmener comme fatigue.
Pour Matthew, pour le sauver, j'étais prête à tout !
Nous l'appelions sans cesse en essayant de localiser l'endroit où était resté bloqué. Les autres avaient retrouvé Yon et l'avaient emmené à l'extérieur.
Sully et moi commencions à croire que Matthew resterait introuvable quand nous avons enfin entendu sa voix !
« Maman ! Maman ! Je suis là ! » Que c'était bon de l'entendre m'appeler comme ça, et surtout d'entendre sa voix.
Il était vivant. Il fallait juste que nous suivions sa voix pour le trouver, ce que nous avons fait au bout d'un moment.
Il était resté bloqué avec de l'eau jusqu'au torse et il ne parvenait pas et se sortir de là tout seul !
Mis à part cela, il allait bien ! Il fallait juste trouver un moyen pour le tirer de là, avant qu'il ne soit complètement englouti par les eaux.
Il n'y avait pas de solution idéale ! L'extraire était impossible, même avec ma force conjuguée à celle de Sully. La barre de fer qui retenait Matthew prisonnier était bien trop lourde !
Sully avait une solution. Il partit sans m'en dire d'avantage et je suis restée avec Matthew avec qui je parlais et que je rassurais à ma manière.
Le temps qui passa me parut plus long que d'habitude, tant les secondes, qui s'égrenaient ressemblaient à des minutes.
Plus Matthew était sous les eaux, plus la solution la plus extrême venait à l'esprit : celle de l'amputer. Il en avait peur et moi aussi mais « mon métis » tardait tellement que je ne pensais qu'à cette solution-là.
Alors que j'avais sorti tous les instruments nécessaires, Sully est enfin apparu avec de la dynamite. La solution était claire mais je n'osais pas y croire.
Sully me disait de lui faire confiance, qu'il savait ce qu'il faisait, qu'il avait été artificier et qu'il n'utiliserait que la quantité nécessaire à sauver Matthew.
Bien sûr, je savais qu'il ne mettrait pas la vie de « mon fils » en danger, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir peur et cette peut était incontrôlable.
Sully a placé la dynamite et a allumé le fil qui était situé quelques mètres plus loin, puis il m'a rejoint – car il m'avait demandé de m'éloigner – pour me protéger.
Nous avons attendu que la détonation ait lieu et quand celle-ci a été là, Sully m'a demandé si j'allais bien, puis il est allé chercher Matthew.
Grâce à lui, « mon fils » avait été sauvé. Sully l'a transporté jusqu'à ce l'accès extérieur. Justement, les autres à l'extérieur étaient en train de faire leur maximum pour nous sauver.
Nous les entendions déblayer pour nous sortir de là et j'ai crié pour qu'ils puissent nous localiser plus facilement. Ce fut rapide mais ce qui était rapide c'était l'éboulement qui pouvait nous engloutir d'une minute à l'autre.
Heureusement, les hommes dehors faisaient tout pour nous sortir de là au plus vite. Ils ont attrapé Matthew, puis m'ont attrapée, puis Sully.
Pour « mon métis », il était temps ! Cela s'est joué à quelques minutes près. L'essentiel était que nous étions sauvés.
La lumière nous aveuglait à l'extérieur, car, même si nous n'étions pas restés très longtemps dans la mine, le contraste entre le dehors et le dedans était vraiment saisissant.
Tout était tellement beau à l'extérieur !
Les enfants étaient près de Sully et de moi, pour se serrer contre nous et Matthew était avec Ingrid.
J'ai repris les choses en main aussi rapidement que possible pour soigner toutes les personnes.
La tente médicale fut rapidement emplie de patients. Le patron était arrivé pour leur promettre à tous une prime pour le risque qu'ils avaient pris.
Mais personne ne voulait y retravailler. Ils avaient failli mourir une fois et en avaient réchappé, ils ne voulaient pas y mourir pour de bon.
Matthew a d'ailleurs déclaré qu'il ne retravaillerait pas pour l'exploitant et celui-ci ne s'en est pas montré gêné, car il y avait assez de désespérés pour prendre sa place.
Tous les habitants de la ville avaient compris la leçon et ne s'en laissèrent pas conter d'avantage. Ils allaient tous attendre les engins de démolition.
Tout le monde était redevenu raisonnable au plus grand désagrément de cet homme.
Heureusement, les hommes dehors faisaient tout pour nous sortir de là au plus vite. Ils ont attrapé Matthew, puis m'ont attrapée, puis Sully.
Pour « mon métis », il était temps ! Cela s'est joué à quelques minutes près. L'essentiel était que nous étions sauvés.
La lumière nous aveuglait à l'extérieur, car, même si nous n'étions pas restés très longtemps dans la mine, le contraste entre le dehors et le dedans était vraiment saisissant.
Tout était tellement beau à l'extérieur !
Les enfants étaient près de Sully et de moi, pour se serrer contre nous et Matthew était avec Ingrid.
J'ai repris les choses en main aussi rapidement que possible pour soigner toutes les personnes.
La tente médicale fut rapidement emplie de patients. Le patron était arrivé pour leur promettre à tous une prime pour le risque qu'ils avaient pris.
Mais personne ne voulait y retravailler. Ils avaient failli mourir une fois et en avaient réchappé, ils ne voulaient pas y mourir pour de bon.
Matthew a d'ailleurs déclaré qu'il ne retravaillerait pas pour l'exploitant et celui-ci ne s'en est pas montré gêné, car il y avait assez de désespérés pour prendre sa place.
Tous les habitants de la ville avaient compris la leçon et ne s'en laissèrent pas conter d'avantage. Ils allaient tous attendre les engins de démolition.
Tout le monde était redevenu raisonnable au plus grand désagrément de cet homme.
C'était des fausses excuses, je le savais. Je n'allais tout de même pas expliquer les vrais raisons devant tout le monde.
Colleen, elle, ne se sentait pas prête à faire de l'équilibre. J'allais essayer d'en connaître les raisons.
D'ailleurs, ce fut le cas quand nous sommes arrivés à la maison.
Colleen ne s'en sentait pas capable et j'ai essayé de la convaincre. Tout ce qu'elle a trouvé à faire fut de me demander pourquoi je ne voulais pas faire le trapèze avec Sully.
« Mon métis » le ferait si je le faisais et je me suis convaincue moi-même que je pouvais toujours essayé.
Je ne savais pas si Colleen allait suivre mon exemple et tenter l'expérience mais le trapèze allait me permettre de me rendre compte de certaines choses.
Les essais avaient débuter le lendemain et cela, je ne savais pas pourquoi, je le redoutais. Aurais-je assez de confiance en moi ou en lui pour que l'expérience soit réussie.
Cette inquiétude allait grandir en moi toute la nuit. Et les essais du lendemain ne furent pas très concluants dès le début.
Habillée comme un homme pour m'entraîner plus facilement, j'étais prête à chuter plusieurs fois pour y arriver.
Sully, lui aussi, était habillé différemment. Son bandana bleu dans ses cheveux le mettait en valeur et lui donnait un charme fou.
Oui, je fus subjuguée par sa beauté et je savais que je n'étais pas à mon avantage.
Je savais très bien que Sully me trouvait toujours aussi belle malgré ce que je portais mais je ne me sentais pas femme ainsi vêtue.
Que pouvais-je faire pour être toujours attirante ?
Apparemment, Sully ne prêtait pas d'attention à ma tenue. Il voulait juste essayer de réussir ce numéro.
La hauteur était impressionnante, et pourtant, il allait falloir l'affronter. Mais pourquoi ne pas essayer ?!
« La dame de coeur » nous avait invité le soir-même et cela me paraissait approprié d'y aller. Revenue sur terre et consciente de ce que je faisais, je me suis accrochée à la balançoire qu'il y avait de mon côté.
Les mouvements du début du numéro étaient faciles et je n'avais pas trop le vertige. Il y avait un filet solide en dessous de nous, donc nous n'avions pas de risques de nous tuer.
Et des chutes, nous en avons fait, ou plutôt, devrais-je dire que j'en ai fait assez souvent, tant « mon métis » était plus à l'aise que moi. Sully me disait qu'il me tiendrait, que je n'avais pas à en douter.
L'entraînement s'avérait difficile mais je n'allais pas abandonner aussi rapidement. J'étais bien déterminée à faire confiance à Sully pour réussir ce numéro de trapèze.
Le dîner en compagnie de « la dame de cœur » fut agréable. Elle semblait voir des choses que personne n'aurait vu.
Ce dîner était vraiment ce dont j'avais besoin pour me rapprocher encore plus de « mon métis ». Nous avons mangé face à face et nous nous sommes regardés pendant tout le repas.
Pas besoin de mots pour se comprendre, tout passait par notre regard. Oui, tout semblait si simple !
Peut-être que cela ne l'était pas ! Pourtant « la dame de cœur » avait su voir ce que je m'efforçais de cacher aux yeux des habitants.
Mais elle aussi avait des choses à cacher, surtout concernant la fille qu'elle avait recueillie et qui semblait amoureuse de Matthew.
Colleen les avait surprises en train de parler toutes les deux et elle avait compris que cela concernait la plus jeune des deux.
Atlantis souffrait d'une malformation de la main, Colleen ne l'avait pas compris à ce moment-là, mais elle savait que sa jeune amie avait une différence et qu'elle la cachait.
« Ma fille » m'en avait fait part dès notre retour à la maison. Je lui ai dit que j'essaierai de lui parler dès le lendemain.
Après le coucher des enfants, je suis ressortie dehors afin de retrouver, qui m'avait promis qu'il repasserait.
Et il est arrivé juste au moment où je suis sortie pour de bon, et il me regarda. Je lisais dans ses yeux le besoin qu'il éprouvait d'être près de moi et de me parler.
J'avais la même envie. Je lui ai dit tout ce que j'avais sur le cœur, lui révélant mes doutes quant à ma capacité de pouvoir réussir le trapèze. Cela n'avait rien à voir avec lui, je n'avais pas été habituée à compter sur quelqu'un.
Pourtant, en y réfléchissant bien, Sully m'avait déjà rendu nombre de services depuis mon arrivée à Colorado Sprigns.
Lui, voulait juste me dite que je pouvais lui faire confiance, que s'il avait accepté de réaliser ce numéro, c'était pour moi, et pour personne d'autre.
Nous nous sommes quittés pour la nuit, et le lendemain, comme prévu, j'ai parlé à « la dame de cœur » pour essayer de comprendre pourquoi Atlantis cachait son état.
Cela ne me regardait pas ! C'est tout ce qu'elle a pu me dire. Je me suis donc entraînée avec Sully afin d'essayer de me laisser aller vers lui et de lui faire confiance.
Nous n'y sommes pas parvenus tout de suite, alors « la dame de cœur » prit la place de « mon métis » pour me faire voir ce qu'elle attendait de moi.
Mais elle ne m'a pas rattrapé et j'ai chuté sur la protection. J'aurai pu me faire mal, mais, heureusement, le pire a été évité.
Nous en avons donc profité pour discuter après qu'elle se soit excusée d'avoir raté. Je me doutais que cela avait un rapport avec ce que je lui avais dit sur Atlantis.
Elle avait recueilli la jeune fille après le décès de ses parents et elle l'aimait comme une mère, cela ressemblait à la relation que j'avais avec Matthew, Colleen et Brian.
Elle ne se doutait pas qu'Atlantis ne supportait pas d'être différente et qu'elle souffrait réellement de cette différence.
Atlantis avait fait un geste de désespoir et s'était ouverte elle-même la main.
Avec le sang qu'elle perdait, il fallait en urgence la soigner et c'est pour cela que nous l'avons transporté jusqu'à la clinique.
Il fallait que je l'opère et je n'aurai pas d'autre choix que de lui enlever la palmure.
Sa différence, son handicap pouvait se réparer et la « dame de cœur » m'a demandé d'enlever la palmure à l'autre main.
C'est elle qui avait pris la décision pour la deuxième main et pas moi ! Mais il est vair qu'elle avait pensé au bonheur de la jeune fille avant le sien.
A son réveil, Atlantis tenait déjà à assister au spectacle mais je lui ai dit qu'il fallait du repos. Quand nous lui avons annoncé, qu'après sa guérison, elle aurait de nouveau des mains normales, elle a été soulagée.
Le spectacle a enfin eu lieu sous les yeux de tous les spectateurs. Nous étions fiers de représenter la ville.
Il y a d'abord eu l'intervention de Jake, qui aurait bien voulu avoir un rôle plus important que celui de « Monsieur Loyal » mais heureux tout de même d'y participer.
Puis, le Révérend a fait un numéro de magie en compagnie de Dorothy. Loren a ensuite fait le clown avec l'aide de Brian. Ce numéro était vraiment unique car Loren a fait l'effort de faire rire tout le monde.
Je connaissais ce côté de lui, car il était beaucoup plus aimable qu'il voulait bien le laisser paraître.
Il y avait vraiment une relation grand-père/petit-fils entre Brian et lui, et j'appréciais cette entente qu'ils avaient.
Après, Colleen a surmonté sa peur du vide avec l'aide de Matthew et elle a réussi son numéro d'équilibre.
La tension montait pour moi, je savais que mon tour était proche et qu'il allait falloir se battre pour parvenir à réussir le trapèze.
Je suis allée m'habiller avec le cœur battant à toute allure.
Je ne savais pas si j'allais être capable de me calmer assez pour ne pas trembler au moment à l'échelle.
La seule personne qui aurait eu les moyens de me calmer n'était pas avec moi.
Mais, dès que j'ai croisé « mon métis », l'apaisement m'est venu immédiatement. Son regard me suffisait, ses yeux bleus m'emportaient dans un autre endroit, dans un entre lieu.
Je suis montée et j'ai commencé à me basculer sur la balançoire.
J'étais plus confiante mais cela n'a pas suffi pour que nous réussissions au premier coup.
Sully m'a rejoint en bas et j'ai voulu réessayer. Réussir à tout prix était important.
Lui prouver ma confiance en lui aussi était ce qui importait. J'avais la conviction que nous pouvions y parvenir.
Sully a accepté et cette fois-ci nous avons réussi.
Les applaudissements fusaient de toute part. Quand nous sommes retombés sur le filet, nous étions fiers de nous et de notre exploit.
C'était un moment de bonheur partagé et j'avais envie d'en partager d'autre comme celui-ci.
J'avais toujours des doutes en moi concernant ma relation avec Sully.
Au nom du respect des codes de vie que j'avais suivi, je me devais de garder une attitude éloignée vis-à-vis de lui. J'avais même déjà été trop loin en lui accordant un baiser.
Mais je n'avais pas envie d'écouter ce code de vie. Sully voulait vraiment passer du temps avec moi.
J'allais m'en apercevoir avec l'épreuve qui m'attendait, mais ce serait plus tard.
Sur le moment, l'euphorie de la réussite du trapèze était en nous et elle ne nous quittait plus. Nous avons prolongé ce moment de partage quand nous sommes rentrés à la maison.
Les enfants étaient très excités et je dois bien avouer que c'était aussi le cas de nous les adultes.
Il y avait tant à discuter que nous avons tous veillés tard le soir pour en parler, jusqu'à ce que les enfants tombent de sommeil.
Si j'avais su ce qui allait suivre, je pense que j'aurai osé proposé à Sully de rester dormir à la maison. Mais je n'ai pas osé et le destin a décidé à ma place.
Je me rappellerai toujours de cette épreuve si particulière parce qu'elle m'a beaucoup donné à réfléchir.
Un beau matin, alors qu'il m'avait quittée depuis seulement une heure, « mon métis » a été pris d'un accès subit de romantisme. Il est entré dans la clinique en m'exposant son désir immédiat de passer du temps avec moi.
J'aurai peut-être dû lui dire « oui » immédiatement mais mon devoir de médecin avait pris le dessus.
C'était sans compter sur la détermination de Sully et aussi de l'aide qu'il avait eu des enfants pour y parvenir. Colleen lui précisa même que je ne recevais mes patients que l'après-midi.
Sully me souleva même dans ses bras pour parvenir à ses fins. Comme j'aurai aimé que cela continue !
Mais un convoi militaire arrivait, annonçant triomphalement sa victoire sur un camp Indien. Toute la tribu avait été tuée dans cette attaque.
Il n'y avait qu'une seule survivante dans ce massacre, une jeune femme blanche et belle.
Bien sûr, je l'ai tout de suite prise en charge pour la rassurer car elle était effrayée. « Mon métis » semblait tout à coup sous le charme de cette inconnue et elle n'avait confiance qu'en lui.
Il avait parlé en Cheyenne pour qu'elle se calme et elle s'était calmée.
Elle avait vécu pendant des années avec des Indiens, c'était clair.
Je lui ai proposé de l'héberger pour la nuit chez Sully, elle a accepté.
Je ne me doutais pas qu'elle était aussi apeurée par les personnes comme elle. Il faut dire que tout le monde lui souhaitait dessus pour lui demander ce qu'elle avait vécu.
Sully a fait en sorte qu'ils la laissent tranquille car elle n'avait ps besoin de toute cette agitation autour d'elle.
Cela a continué quand nous avons passé le seuil du magasin.
Avant cela, Catherine n'avait montré de confiance qu'envers Sully et cela se confirmait. Elle a d'ailleurs fait un malaise.
Quand nous sommes rentrés à la maison, elle continuait de se raccrocher à Sully, comme à une bouée.
D'ailleurs, je commençais à le trouver un peu trop attentif à elle.
Il s'était absenté pour aller lui chercher une robe en peaux de daim et la lui avait donné dès son arrivée à la maison.
Il ne lui avait pas encore expliqué ce que j'étais pour lui et il n'avait pas à attirer l'attention de la jeune femme.
Elle semblait tranquille que quand il était auprès d'elle. Elle voulait qu'il reste pour la nuit et il est resté pour la nuit !
Je ne comprenais certainement pas pourquoi il allait autant avec elle, elle lui rappelait peut-être quelqu'un, ou il avait envie de lui faire voir que la vie était belle.
Elle avait tout pour lui plaire et elle avait ce caractère un peu sauvage qui lui plaisait.
Je sais qu'ils ont passé du temps ensemble, et c'est d'ailleurs comme cela que nous avons découvert son nom et que nous avons pu entamer les recherches sur sa famille.
Catherine, son prénom, ou Biche Tremblante, son nom Indien, avait vécu de terribles épreuves. Tombée amoureuse d'un Indien, elle avait vécu pendant des années avec la tribu qui venait de se faire assassiner.
Elle avait assisté à leur assassinat sans raison et gratuit et elle en était choquée.
Alors, oui, « mon métis » avait certainement de la sympathie pour elle et elle avait certainement mal interprété ses gestes de dévotion envers elle.
Elle était bien sûr reconnaissante envers lui et elle avait dû confondre ses sentiments mais ce qui allait suivre allait tout remettre en cause.
Je venais de dire à Catherine de monter à l'étage se reposer et j'ai demandé à Brian d'aller lui porter quelque chose dans sa chambre.
Sully l'avait accompagnée par peur de la voir tomer et elle était en train de le remercier à sa manière quand Brian est arrivé.
Elle a embrassé Sully sur la bouche pour le remercier.
Brian les a surpris mais il ne m'en a rien dit tout de suite. Il avait été déçu de voir « mon métis » agir ainsi, alors qu'il le croyait amoureux de moi.
Tout cela, je ne l'ai sur que plus tard, car je n'en étais pas au point de douter de Sully ainsi. Puis, je ne pensais pas que leur relation allait évoluer.
Je n'avais rien vu, en fait. J'étais devenue un peu l'amie de Catherine et j'aurai préféré ne rien lui devoir et surtout pas l'écouter.
Les habitants continuaient à rechercher la famille de la jeune femme. Pour moi, en effet, il n'avait aucun moyen qu'elle reste en ville, elle devait retourner en ville.
Mais elle disait qu'elle ne connaissait pas sa famille et qu'elle préférait rester à Colorado Springs avec Sully.
Et, à ce moment-là, j'ai tout compris, elle était amoureuse de Sully et voulait vivre avec lui.
Il ne lui avait rien dit concernant notre relation. Catherine disait qu'elle était comme « mon métis », ce qui était vrai.
Le constat était trop grand, trop fort ! J'étais trop différente de Sully et je ne pourrais jamais avoir une relation plus qu'amicale avec lui.
Brian m'a rejoint juste au moment où j'entretenais ces pensées-là. La veille, alors qu'habituellement, il y court, il avait refusé d'accompagner Sully à la chasse.
Et j'en ai compris la raison quand il m'a dit qu'ils les avaient vus s'embrasser. « Mon métis » lui avait apparemment dit que c'est elle qui l'avait embrassé.
Il faut être deux pour embrasser normalement ! Ce furent ces paroles qui me firent réaliser, qu'en effet, Sully m'avait blessée. Durant ces quelques jours, il ne s'était occupé que de Catherine et je me sentais délaissée.
J'avais besoin de lui en parler à lui et à personne d'autre afin de clarifier cette situation plus qu’ambiguë.
Et, à cet instant-là, mon seul souhait était de voir Catherine partir au plus vite. J'en oubliais le fait qu'il fallait qu'elle le veuille vraiment.
Je ne sais pas ce qui s'était passé en Sully, mais plus que de lui en vouloir à lui, je m'en voulais à moi.
Depuis l'aveu de nos sentiments respectifs, j'avais été incapable de lui accorder une journée entière. Je l'avais aussi repoussé quand il avait été prêt à m'embrasser.
Je m'étais montrée froide envers lui et j'avais des remords car c'était à cause de cette situation-là qu'il m'avait fui et avait cherché l'amour ailleurs.
J'avais envie de pleurer toutes les larmes de mon corps face à ce nouveau coup du sort.
Sully était venu me rendre visite au soir. Heureusement, j'avais ce besoin de lui parler et de lui demander sérieusement ce qu'il ressentait pour Catherine.
Il était là, en face de moi à me regarder dans les yeux et à ne rien me dire pour éclaircir la situation.
Il m'a demandé si j'allais bien et si j'avais du temps à lui consacrer. Je lui ai dit que Brian l'avait surpris en train d'embrasser Catherine.
Je voulais savoir s'il la trouvait belle, s'il l'aimait, et surtout, s'il tenait toujours autant à moi. Il la trouvait belle comme tout le monde fut sa réponse.
Cette réponse-là ne me suffisait pas. Il m'a reproché mon manque de temps et il avait raison.
J'avais si peu de temps à lui consacrer, il fallait toujours que je sois auprès de mes patients.
Je n'avais pas été présente pour lui, j'en avais la confirmation à ce moment-là. Mais comment pouvais-je faire mieux ?
Il est parti juste après cette remarque de sa part, et je n'ai pas pu lui répondre et lui faire comprendre que j'allais trouver un moyen pour changer tout cela.
J'ai été blessée par cet événement et j'avais besoin de temps pour me remettre en question et pour le satisfaire, il allait falloir que je lui dise.
Mais je me faisais aussi la réflexion qu'il allait falloir que je me rappelle ce que cet homme avait fait pour moi.
Si je m'éloignais de lui, je le perdrais peut-être pour de bon et il me manquerait.
Ma nuit fut peuplée de cauchemars remplis d'images terrifiantes.
Les enfants, je l'espère, ne s'était pas aperçus de mon trouble concernant mes sentiments envers Sully.
« Mon métis » était si différent des autres hommes, si patient, si dévoué, mais il s'était montré sensible à la beauté d'une femme. Je le croyais si unique.
J'ai dit à Brian l'importance de garder de bonnes relations avec Sully, que cela ne le regardait pas vraiment et que ce serait injuste, vis-à-vos de « mon métis » de le mettre de côté.
Pour cela, il fallait certainement que je garde de l'amitié pour Sully et je ne sais pas si ça serait possible.
Je sais qu'il a eu une discussion entre Catherine et lui, et je n'ai pas su immédiatement ce qu'il lui avait dit.
Tout ce que je sus à ce moment-là, fut que cela précipita le départ de Catherine. De cela, j'étais soulagée.
Je redoutais d'éprouver ce soulagement mais je l'ai vraiment ressenti quand elle a pris la décision de partir.
Ma rivale partait, c'était tout ce que je savais à cet instant-là. J'oubliais tout de ce côté de moi qui voulais toujours aller au secours des autres et je m'en désolais.
Son arrivée avait créé tellement de bouleversements dans ma relation avec Sully et je me remettais en question, peut-être grâce à elle.
Je ne savais plus où aller ni quoi faire pour me rapprocher à nouveau de Sully. Je ne savais pas comment me comporter.
Le lendemain, quand je me suis levée, je ne savais toujours pas quoi faire. J'ai tout de même était là quand Catherine a pris la diligence et qu'elle est partie.
Je lui devais bien cela car je regrettais mon comportement.
Après que la diligence soit partie, j'ai vu que Brian demandait à Sully de l'accompagner, mais ce dernier a dit non.
J'en ai profité, il faut le dire, pour m'enfuir au loin. Je voulais le fuir à tout prix. Je réalisais pourtant que ce n'était pas la meilleure solution pour lui comme pour moi.
Il m'a rattrapé sur le chemin. J'ai su, en le regardant, qu'il avait besoin de me parler afin que je comprenne ce qu'il s'était passé.
Je lui avait déjà posé des questions sur le nombre de femmes qu'il avait eues entre Abigail et moi, je n'allais pas à nouveau poser la question.
Il m'a dit qu'il était désolé de ce qu'il avai fait, mais qu'il n'était pas responsable, qu'il n'avait pas embrassé Catherine.
J'étais blessée dans mon cœur mais je me reprochais la situation à moi aussi. Je lui ai dit que j'avais besoin de temps pour réfléchir mais était-ce sur lui ou sur moi ?
Peut-être que j'ai trop exagéré la situation et j'en ai trop fait ! Mais Sully m'a assuré qu'il serait toujours là pour moi, que bien sûr j'avais du temps devant moi et qu'il saurait m'attendre.
J'aurai dû lui sauter dans les bras et lui pardonner, là, tout de suite ! Au lieu de cela, je me suis cachée sous ma jalousie.
Pour finir, Sully m'a dit qu'il serait là, que je saurai où le trouver si besoin était. Comment faisait-il ?
Je l'ai laissé partir sans un geste. Mes pieds semblaient ancrés dans le sol et je me maudissais moi-même pour mon incapacité à faire abstraction de mon éducation.
Il nous a fallu traverser pour la suite, car cela nous a vraiment bénéficié mais je ne le voyais pas ainsi à ce moment-là.
Je regrettais déjà d'avoir éconduit « mon métis » cinq minutes après son départ. J'avais mal interprété les choses.
Je ne savais pas comment le dire aux enfants car je devais leur dire pourquoi Sully ne viendrait plus aussi régulièrement.
Je me suis attelée à cette tâche dès mon retour à la maison, après m'être isolée. J'ai essayé d'annoncer mon éloignement vis-à-vis de Sully le plus simplement possible.
Je me devais de le faire et les mots, je le savais, seraient insuffisants pour combler leur peine.
Je me suis assise à la table et je leur ai tout expliqué sans entrer pleinement dans les détails, ils n'avaient pas besoin de tout savoir. Il y avait des choses personnelles qui ne concernaient que moi.
Je leur ai dit l'importance de continuer à voir Sully car ils avaient le droit de garder un lien avec lui.
C'était important pour moi que « mon métis » ne soit pas isolé et qu'il puisse continuer à voir les enfants, auxquels il s'était attaché.
Brian avait compris cette importance-là de rester ami avec Sully.
Matthew et Colleen accueillirent la nouvelle le plus bravement possible. Matthew me promit de garder l'amitié qu'il avait pour Sully et Colleen disait qu'elle resterait proche de lui aussi.
M'en voulaient-ils à moi ? Je ne le sais pas.
Je suppose que Colleen et Matthew ont au moins compris ce qu'il s'était passé.
Une chose est sûre, je m'en voulais à moi aussi et je n'aurai pas pu leur en vouloir s'ils avaient fait pareil.
Pendant une semaine, ils ont partagé du temps entre Sully et moi, afin de nous tenir compagnie et nous changer les idées.
Avaient-ils compris que nous en avions besoin ?
Les enfants ont revu Sully avant moi car je ne l'ai revu que quand le train des orphelins est arrivé en ville.
Les orphelins avaient été confiés au Révérend et il ne fallait pas qu'ils partent avant d'avoir trouvé une famille.
Leur arrivée posait de nombreux soucis, notamment sur le lieu où ils dormiraient, car le Révérend ne pouvait pas tous les loger chez lui ou dans l'église.
Avant de trouver une solution à ce problème-là, j'ai examiné tous les enfants l'un après l'autre, dont un petit garçon qui avait retenu toute mon attention.
Il avait été amputé d'une jambe et il refusait tout geste ou massage à sa jambe. Je ne savais pas quoi faire pour l'aider.
La seule chose à laquelle je pensais était de trouver un endroit où les loger pour la nuit. Je n'avais qu'une idée : les emmener chez moi.
Bien sûr, il allait falloir se serrer mais je ne pouvais pas les laisser dans la rue tout de même.
Le Révérend m'a accompagnée pour m'aider. Ce fut un réel raffut quand nous sommes tous entrés dans la maison. Il y avait toujours un enfant qui pleurai ou qui faisait une bêtise. Nous voulions tous les sauver et leur éviter de finir dans un orphelinat.
C'était impossible pour une jeune femme célibataire de tous les garder, je m'en rendais compte.
Quand le silence s'est fait, j'ai été soulagée mais je ne savais pas dans quoi je m'engageais. J'avais pensé qu'il y aurait de bonnes âmes pour les recueillir.
C'était d'ailleurs ce que j'avais dit à l'église pour essayer de convaincre les plus réticents.
Accompagnée du Révérend, nous avons demandé à tous nos amis.
Dorothy, par exemple, ne voulait pas en recueillir parce qu'elle avait assez élevé d'enfants dans sa vie et qu'elle n'en avait plus envie.
Horace, lui, en aurait bien pris un mais avec son neveu Louis, il en avait assez à faire, et il espérait avoir un enfant plus tard avec Myra.
Grace et RobertE venaient juste de se marier et ils souhaitaient attendre pour en avoir à eux.
Je pouvais comprendre tous ces points de vue, même celui de Sully, qui ne pouvais pas offrir à un enfant la vie que lui menait, j'en reparlerai plus tard.
Il n'y en avait qu'un seul que je ne comprenais pas, c'était Hank, ou plutôt, je désapprouvais la raison pour laquelle il en voulait une.
Car c'était d'une fille qu'il s'agissait pour remplacer Myra. Et la fille était prête à ce sacrifice pour pouvoir nourrir son petit frère.
Avec sa jambe en moins, il avait un sérieux handicap, qui ne lui permettrait peut-être pas de trouver une famille, et elle ne voulait pas se séparer de lui.
Le Révérend me reprocha presque le fait que je m'interpose pour chaque couple qui voulait prendre un enfant.
Si je faisais comme cela à chaque fois, nous n'étions pas prêts de trouver des familles prêtes à les adopter, d'autant que la cohabitation avec mes enfants n'était pas des plus simple.
Colleen refusait que l'on touche à son miroir car sa grand-mère le lui avait offert. Je lui ai dit qu'il fallait partager, car ces enfants n'avaient pas la chance d'avoir une grand-mère qui leur offrait des cadeaux.
Ils ne se rendaient pas compte de la chance qu'ils avaient et je sais que j'étais stupide de vouloir tous les sauver.
Tous pouvaient espérer avoir une famille qui les recueille et où ils pourraient vivre heureux.
Grace et RobertE avaient été à leur place et pouvaient comprendre les sentiments que ces pauvres petits ressentaient.
Non, il y avait simplement des comportements qui me scandalisaient au plus haut point, comme le comportement de cette femme qui a regardé les dents d'un enfant.
La jeune Jennifer me faisait de la peine car elle était prête à tout pour son frère, quitte à se vendre à Hank pour le nourrir.
J'avais même eu une discussion avec Sully pour qu'il accepte d'en prendre un mais je comprenais son refus.
Avec le genre de vie qu'il menait, aucun enfant ne pouvait nuire avec lui dans la nature, dormant à même le sol, non, c'était impossible. Je lui avais dit que ça n'avait pas été facile pour moi quand j'ai recueilli les enfants de Charlotte, mais maintenant, j'étais heureuse.
Le Révérend semblait avoir une autre idée en tête et des rumeurs commençaient à se répandre.
Avec les enfants à faire adopter, il est vrai que nous avons pris le temps de faire connaissance. Je découvrais un homme bon qui pouvait très bien devenir mon ami.
Il est d'ailleurs arrivé à la maison avec quelque chose de changé, quelque chose que j'avais du mal à discerner.
Il avait rasé sa barbe. Je m'en suis aperçue quand je l'ai observé de plus près.
Nous avons emmené les orphelins faire un tour, mais Colleen et Brian ont refusé.
Ils commençaient à se détourner de moi, et je ne le voyais pas.
Le Révérend m'avait vraiment changée du tout au tout.
Il ne commençait qu'à penser à une relation avec moi. Les orphelins ne trouvaient pas de familles convenables et nous désespérions de leur en trouver une.
Je ne savais pas ce qu'il se passait dans mon dos. Je ne l'ai su que plus tard quand tout ça a été fini.
Tout ce que je sus à ce moment-là fut le regard plus que réprobateur des enfants et de Sully quand nous sommes entrés à la maison.
Il était tard, je pensais que c'était la raison de leur colère mais ce n'était pas cela. J'aurai leur poser la question mais je ne l'ai pas fait.
Le Révérend a demandé à me parler en particulier pour me proposer de l'épouser. Il ne voyait que cette solution pour les sauver. Il ferait tout pour eux. Je ne l'ai pas laissé m'embrasser sur la bouche, alors que je ne savais pas quoi répondre.
Sully a appris la nouvelle le lendemain grâce à la Gazette de Dorothy qui avait publié l'annonce de mes fiançailles, alors que je n'avais pas encore donné de réponse à Timothy.
Dès qu'il a appris cette nouvelle, il est entré dans la clinique sans frapper pour me demander si c'était vrai ou pas. Je le voyais blessé par cette nouvelle et j'avais vraiment envie de lui dire que je n'avais pas dit oui.
Au lieu de cela, je l'ai repoussé encore une fois, comme une sorte de vengeance pour ce qu'il s'était passé entre Catherine et lui.
En quoi cela le regardait-il après tout ? Ça le regardait, en effet, mais il ne m'avait fait aucune promesse.
Je lui reprochais son incapacité à s'engager vis-à-vis de moi, alors que je faisais pareil.
Le Révérend avait été le seul à Colorado Springs à me proposer le mariage et je réfléchissais sérieusement à cette proposition.
Ce que Sully m'a répondu a sûrement guidé mon choix.
« Si vous souhaitez seulement vous marier, alors je pense que vous faites le bon choix ! »
Son ton méprisant, la blessure dans sa voix, ainsi que son regard sont restés ancrés en moi. Non, je ne pouvais pas faire cela.
Je pensais à Matthew, Colleen et Brian, mais surtout aux deux plus jeunes. Je les avais mis de côté, et ils souhaitaient aller vivre avec Matthew après son mariage avec Ingrid.
Je les aimais comme une mère et je ne pouvais pas me résoudre à les perdre, et j'ai réalisé : le mariage avec le Révérend était une terrible erreur.
Dès que j'ai pu, je lui ai fait part de ma décision. Il n'en a pas semblé si surpris que cela, il devait s'en douter aussi.
Nous avons profité d'un repas en commun avec tous les orphelins pour leur annoncer notre décision. Leur passage à Colorado Spings n'était pas sans conséquences.
Le petit-frère de Jennifer avait eu un cadeau de la part de RobertE, une jambe en bois, et il pouvait se déplacer plus facilement.
Je leur ai assuré que j'étais sûre que des personnes les adopterait car ils avaient tous des qualités.
Les orphelins n'ont pas été déçus ni trop tristes, finalement. L'annonce avait été moins difficile à faire ce que je pensais.
Il allait maintenant falloir que je me réconcilie avec mes enfants.
Je les ai retrouvé au cimetière avec le cœur battant à tout rompre. Je ne savais pas comment j'allais les convaincre de ma bonne foi.
J'y suis allée tout simplement sans trop réfléchir aux mots que j'allais leur dire.
Ils devaient m'en vouloir à un point et que je n'osais pas imaginer. Mais je ne savais pas que « mon métis » m'avait défendue.
Je me suis approchée en m'excusant de mon attitude envers eux ces derniers jours, comme le fait de les avoir laissé tomber, alors que je les aimais de tout mon cœur.
Je crois que le Révérend avait profité de la situation pour me faire cette proposition de mariage.
Contrairement à lui qui avait été sincère vis-à-vis de moi, j'avais triché sur mes sentiments à son égard.
Mis à part une profonde amitié, rien ne me liait vraiment à lui, ce qui n'était pas le cas de Sully.
Avec le train des orphelins et surtout ses mots pour me faire comprendre mon erreur de me marier avec le Révérend, j'avais compris pourquoi Catherine l'avait tant touchée.
Je lui ai proposé de pique-niquer avec nous, en famille. J'avais envie de lui reparler, envie de l'embrasser et envie qu'il recommence à me faire la cour.
Je ne savais pas comment lui dire tout cela, mais il a tout de même accepté de passer du temps avec nous.
Il avait définitivement tenu la promesse qu'il m'avait faite de rester près de moi et qu'il serait là quand j'aurai besoin de lui. Et c'était le cas ! J'avais besoin de lui à un point que ne pouvais pas expliquer.
Matthew et Sully étaient partis ensemble chasser. Pendant ce temps-là, Brian a vu arriver la cavalerie.
Dès le lendemain de ma réconciliation avec Sully, il se passait quelque chose de nouveau et si j'avais su ce qu'il se passait, je n'aurai pas eu ce geste.
En voyant la cavalerie, je m'étais déjà demandé ce qu'il se passait pour qu'ils soient là.
Leur couleur noire les empêchait de trouver quelqu'un qui voudrait les loger pour la durée de leur séjour.
C'est pour cela que je les ai logé chez moi à la clinique car j'avais assez de places pour tout le monde.
Ils ont aussi demandé un médecin pour les soigner et je me suis proposée pour cela, mais ils voulaient plutôt se fier au barbier.
Cependant, ils n'eurent pas le choix que d'accepter mon aide car personne ne voulait d'eux.
Alors, c'est moi qui ai pris la décision de l'ordre de passage des blessés. Je ne savais pas comment ils avaient été blessés, mais le capitaine voulait me dicter ma conduite.
Ils avaient quelqu'un pour les soigner, même s'il s'agissait d'une femme. Les mentalités n'avaient pas évoluées.
Au moment où j'avais enfin réussi à prendre les choses en main comme je le voulais, Sully est entré dans la clinique avec une jeune Indienne blessée dans les bras.
Le capitaine ne voulait pas que je m'en occupe avant ses hommes, ce que je n'ai pas écouté, car « mon métis » me prenait à part pour m'expliquer la situation.
La jeune Indienne avait perdu toute sa tribu et les assassins étaient ces soldats.
Les Bisons, ainsi étaient-ils surnommés à cause de la couleur de leur peau avaient fait un véritable massacre. Je pensais qu'eux, au moins, auraient été capables de se montrer amicaux envers les Indiens.
C'était certainement trop leur en demander, alors, pour sa sécurité, j'ai demandé à Sully et à Matthew de conduire l'Indienne chez moi.
Mais je n'ai pas pu m'empêcher de prendre le capitaine à part pour lui faire par des reproches, et surtout, pour revenir sur ma décision de tous les héberger à la clinique.
Bien sûr, c'était impossible, ils avaient tous pris leurs quartiers.
Les crimes gratuits, il y en avait trop, mais je n'avais plus le choix !
La jeune Indienne ne serait en sécurité que parmi les siens, alors, avec Sully, nous l'avons emmenée au campement Indien.
Nous lui avons expliqué le malheur de cette jeune femme. Les Bisons avaient tué sa tribu. Nuage Dansant a accepté de la recueillir.
Mais, honteuse, j'ai dû lui dire que j'avais proposé aux Soldats l'hospitalité à la clinique avant de savoir ce qu'ils avaient ce qu'ils avaient fait.
Il ne m'en voulait pas et avait même dit à Sully d'accepter la proposition de les escorter en territoire Indien.
En fait, il nous proposait de les espionner afin d'être au courant de leurs faits et gestes et pour les en informer.
Pour les aider et les sauver, j'étais prête à tout et Sully aussi, donc nous avons accepté nos rôles.
Tricher ne faisait pas partie de mes habitudes mais je pouvais le faire. Se dissimuler derrière une porte, et affronter toutes les situations pouvaient se faire.
Et Sully pouvait le faire aussi.
Tricher ne faisait pas partie de mes habitudes mais pourquoi pas ? D'ailleurs, sans le savoir, Colleen nous avait entendu parler et elle se servait de la situation pour elle-même.
Je ne sais pas si on pouvait considérer ma tricherie avec celle que faisait Colleen.
Tout ce que je sais, c'est que j'appris ce qu'ils allaient faire pour battre les Indiens et je me suis rendue au bureau du télégraphe pour en savoir plus, en incitant Horace à prendre du repos.
Je me suis précipitée pour en avertir Sully et Matthew, et mon fils est allé les prévenir.
Sully a rejoint les Soldats. Brian était surpris. Il ne pouvait pas comprendre pourquoi « mon métis » s'alliait avec eux.
Sur le camp Indien, il y a eu une attaque et Sully a assisté à cela sans rien dire ni agir.
Durant cette attaque, le capitaine a été blessé. J'espérais que cela arrêterait les attaques mais le Sergent Carver devait prendre la tête de ses Soldats.
Cela semblait un peu impossible qu'un homme de couleur noire puisse prendre le commandement mais, pour combattre les Indiens, les habitants semblaient d'accord, même les plus récalcitrants.
J'ai parlé du voyage que Colleen devait faire car elle avait gagné un concours.
Mais elle m'a tout avoué, elle avait triché pendant le concours car elle avait du mal à retenir les dates les plus importantes de l'histoire. Elle s'est servie de la désobéissance civile que nous suivions avec Sully. Elle ne savait pas quoi faire pour se faire pardonner, elle seule pouvait le savoir.
Je savais qu'en lui parlant ainsi, elle prendrait la bonne décision. Mais cela ne m'empêchait de me poser de questions sur ma conduite à moi. Avais-je raison ?
J'ai tout fait pour apprendre ce qu'ils préparaient et, dès que je l'ai su, j'ai prévenu Nuage Dansant à la réserve.
Pour ma sécurité, j'ai dû rester avec eux toute la nuit pour éviter de me faire repérer.
Je ne savais pas comment prévenir les enfants et Sully car ils allaient s'inquiéter pour moi. Je n'avais aucun moyen de faire autrement.
Le lendemain, Sully est arrivé à cheval et a été soulagé quand il m'a retrouvée. Il m'a serrée dans ses bras et j'ai senti ce soulagement.
Son cœur battait à tout rompre et il m'a caressée les cheveux de cette façon unique qu'il utilisait parfois.
Puis, nous sommes partis pour rejoindre la cavalerie des Bisons. Quand nous sommes arrivés, il y avait un affrontement entre eux et les Renégats et il y avait des blessés.
Il y avait aussi des pertes des deux côtés, ce qui était prévisible. J'ai soigné le Sergent Carver pour sa blessure. Je lui ai parlé d'une autre vie possible pour lui.
Il pouvait fonder une famille et avoir des enfants s'il renonçait à sa carrière militaire. Il pouvait l'envisager.
Mais, au lieu d'écouter mes conseils, il m'a demandé comment j'avais pu être prévenue de cette attaque et comment j'avais pu arriver aussi vite.
Je savais que le doute était dans son esprit et qu'il avait tout compris avant même que j'essaie de trouver une explication possible à la situation.
Mon implication a donc été mise à jour, même si j'ai bien insisté sur le fit que j'étais la seule à faire cela, afin de couvrir Sully.
Il m'a enfermée en prison pour ma désobéissance et pour espionnage. Je payais ce que j'avais fait et que je ne regrettais pas.
S'il avait fallu le refaire, je le referai aussi souvent que possible. Les enfants trouvaient cela injuste, surtout Brian.
Pour Colleen, c'était différent. Elle voyait réellement où pouvait conduire toutes les tricheries et je lui ai dit que l'important était la vérité.
Mes paroles avaient eues un impact chez elle.
Elle est partie immédiatement pour aller se dénoncer à Dorothy et, quand je l'ai su, je lui ai dit que c'était la meilleure solution. Pendant ce temps-là, Sully avait trouvé un moyen pour convaincre le Sergent Carver de me libérer, il m'en avait d'ailleurs parler en venant me voir en prison.
Il l'emmena avec lui en lui faisant croire que Bison Noir était prêt à signer un traité de paix. Son intention était, en fait, de lui faire voir les conditions de vie réelles des Indiens.
Carver a tout vu et a constaté par lui-même ce que ses hommes et lui faisaient.
Il a bien vite compris pourquoi Sully l'avait emmené au campement Indien. Il a promis d'y réfléchir.
Quand il est revenu à Colorado Springs, le Capitaine était sur pied et il a perdu sa place et a été emprisonné dans la même cellule que moi, soupçonné d'avoir traité avec l'ennemi.
Je pensais à une chose pour le sauver mais il fallait que je sache ce qu'il voulait faire par la suite.
Sully m'a pris dans ses bras pour me consoler et surtout pour me féliciter. Il semblait heureux de la décision que nous avons pris : celle de sauver un homme.
Colleen a compris pourquoi Sully et moi avons menti et tricher et elle m'a promis qu'elle ne recommencerait pas à tricher à l'école.
Brian a aussi tout compris pourquoi Sully avait accompagné les Soldats. Le seul qui soit resté assez indemne était Matthew.
Il nous avait aidé à faire tout ce que nous prévoyions mais il n'avait peut-être pas tout compris.
La vie n'avait pas fait encore comprendre à Matthew toutes les ficelles, j'étais assez mal placée pour l'aider à le faire. Les difficultés financières, je ne les connaissais pas.
Ayant grandi dans une famille riche et sans problème d'argent, je ne pouvais pas vraiment comprendre ce qu'il traversait véritablement.
J'aurai voulu l'aider mais Matthew refusait.
Du coup, les dettes s'accumulaient. Sully m'avait parlé de ses soucis de Matthew, mais je ne pouvais rien y faire.
Il voulait prouver à tout le monde qu'il était un homme, s'il était besoin de le prouver.
Donc, les travaux de la maison avançaient peu. Il avait un besoin urgent d'argent pour pouvoir y parvenir.
L'argent facile était à portée de ses mains et, même s'il avait refusé au premier abord, cela lui avait semblé la meilleure des solutions. Je n'avais aucun pouvoir sur Matthew, car je n'étais pas sa mère biologique, il fallait qu'il comprenne par lui-même.
Je ne savais pas trop comment il pouvait y arriver, mais il a semblé trouver une solution pour gagner de l'argent.
Tout ce que je sais c'est qu'il avait trouvé les moyens d'acheter des cadeaux pour tout le monde. Colleen, Brian et même Sully avait accepté ses présents, sauf moi.
Quand j'ai su comment il avait gagné cet argent, je refusais net tout ce qui avait pu être gagné comme cela. Le poker et l'argent gagné avec était bien loin d'être honnête et Matthew ne le comprenait pas.
Il fallait qu'il en fasse l'expérience par lui-même car il affirmait pouvoir arrêter quand il le voudrait.
Il ignorait que ce ne serait que la vérité, que plus il jouerait, moins il pourrait avoir de chance de s'en sortir.
Il voulait à tout prix jouer jusqu'à ce qu'il ait assez d'argent pour arriver à finir sa maison et pour se marier avec Ingrid.
Je pensais que ce que je donnais à sa fiancée pour payer le lavage du linge pourrait le dissuader de continuer, car elle lui avait donné pour l'aider.
Mais cela ne suffisait pas. Il continuait à jouer, malgré tout cela !
Il avait manqué un dîner avec elle et elle s'était disputé avec lui, car elle aussi refusait sa manière de gagner sa vie. Elle lui en voulait surtout parce qu'il utilisait aussi son argent à elle.
Il déployait toutes les ruses possibles pour arriver à ses fins, en utilisant les conseils d'un homme peu recommandable.
Le Révérend était d'ailleurs mal à l'aise en présence de cet homme-là, et personne n'en comprenant pas la raison.
Matthew commençait à attirer l'attention et aussi les jalousies et cela s'est confirmé. Ce dont j'avais peur est arrivé.
Il s'est fait volé son argent après avoir gagné au poker. Les convoitises s'étaient éveillées et il avait bien attiré les foudres.
Horace est venu me prévenir de l'attaque et, en effet, Matthew était drôlement amoché.
Il avait des ecchymoses et des ématums partout sur le corps et il avait perdu tout son gain.
Je pensais que cela lui servirait de leçon, qu'il arrêterait comme ça sans demander son reste.
Je pensais qu'il ne prendrait plus le risque de s'exposer à la folie des hommes, surtout des joueurs de poker qui buvaient plus que de raisons.
Parmi ses adversaires, il y avait Jake et je savais que ce n'était pas lui qui l'avait dépouillé.
Mais des habitants de la ville s'étaient mis derrière lui pour l'encourager à recommencer, convaincus qu'il avait trop de chance pour s'arrêter là.
Tout le monde lui avait donné de l'argent à parier pour qu'il puisse participer au tournoi de poker.
Parmi les parieurs, il y avait Horace mais aussi Grace et RobertE qui me l'avaient révélé. J'avais bien essayer de les en dissuader si je l'avais su plus tôt.
Mais ils y voyaient un moyen d'augmenter leurs gains plus facilement. Bien sûr, ma vie ne ressemblait pas à la leur, car ils avaient du mal à s'en sortir et que je ne savais pas vraiment ce qu'ils traversaient.
Il y avait aussi Dorothy qui avait mis de l'argent. Tout le monde le poussait à continuer alors que je faisais tout pour qu'il arrête. Il ne pouvait et ne voulait pas les décevoir.
Pour eux, il rejoua tout ce qu'on lui avait donné mais la chance ne fut pas au rendez-vous. Il avait perdu tout ce que les habitants lui avaient laissé.
La leçon avait enfin porté ses fruits et l'arnaqueur s'apprêtait à repartir en toute discrétion.
Mais, entre temps, le Révérend avait mis Sully et RobertE dans la confidence de son passé et ils l'avaient aidés à se faire entendre.
RobertE était apparu en premier pour obtenir gain de cause, puis Sullly avait fait surface avec son tomahawk, prêt à l'utiliser si besoin était.
Bien sûr, il n'avait pas eu besoin de s'en servir, car l'homme leur rendit tout ce qu'il avait volé à Matthew.
Tout cela, je l'ai su quand Sully en a parlé à mon fils, et qu'il m'a pris à part pour me rendre ma bague de fiançailles, que j'avais donné à Matthew.
Il ne m'a pas parlé plus que cela du passé du Révérend. Après tout, il avait le droit d'avoir une vie avant la prêtrise, même peu recommandable.
Oui, à ce moment-là, je me suis rendue compte que notre homme d'église avait fait des erreurs, comme tout le monde, et qu'il était rentré dans les ordres pour échapper à cette vie-là.
Matthew a donné tout l'argent qu'il avait récupéré à l'église, une bonne façon de se pardonner à lui-même de s'être laissé entraîner dans une histoire de jeu dû au hasard et à la chance.
L'épreuve avait fait son travail chez lui.
Peut-être était-ce le moyen pour qu'il apprenne par lui-même.
C'était un homme maintenant et il fallait qu'il fasse les choses par lui-même.
La vie a repris son cours normal, Matthew a trouvé un travail honnête. Nous avons pu aller ua magasin comme à chaque fois que nous en avions besoin, sans savoir ce qui nous attendait.
Ce jour-là, quelqu'un est entré dans le magasin pour retrouver sa mère, qu'il n'avait pas vue depuis longtemps.
Dorothy, avait, bien sûr, était heureuse de le retrouver et elle me l'a présenté : il s'agissait de Tom, qu'elle surnommait Tommy.
C'était un ancien combattant, blessé à la jambe et qui marchait avec une canne. Dorothy m'avait déjà parlé de lui.
Et elle avait parlé de moi à son fils. Il semblait content de faire ma connaissance, ou peut-être souhaitait-il autre chose ?
Il boitait et Dorothy remarqua que sa blessure le faisait encore souffrir. Ce fut à ce moment-là qu'elle se rendit compte que je pouvais l'examiner et le soigner.
J'ai bien sûr accepter et ils sont venus tous les deux jusqu'à ma clinique. Ne connaissant pas ses antécédents médicaux et me fiant à la douleur du jeune homme, je lui ai administré peut-être une dose trop élevée pour son cas.
Puis, je les ai invités à dîner, lui et sa mère, ainsi que Loren. Je voulais tout savoir sur ce jeune homme, le fils de ma meilleure amie.
Comme tous les combattants, il n'aimait pas parler de la guerre et de ce qu'il avait vécu. J'ai même essayé de savoir quel était le nom du médecin qui lui avait sauvé la jambe.
Mais il en savait très peu et n'aimait pas en parler.
Quand ils sont partis, Tom a failli oublier sa canne, jusqu'à ce que Sully le lui rappelle. J'ai été étonnée par son attitude et le fils de Dorothy me l'a expliqué en me remerciant pour mes soins.
J'étais bien loin de me douter de ce qu'il allait faire.
Tom est revenu à la clinique pour ses douleurs, car elles étaient réapparues, et il souhaitait que je lui donne de la morphine.
Je ne l'ai pas fait car, cette fois-ci, il ne semblait pas mal en point. Puis, à la nuit venue, après avoir volé une bouteille à Loren, il est venu à la maison.
Après avoir cassé une vitre à la clinique et n'ayant pas trouvé ce qu'il y cherchait - il avait saccagé mon bureau - il est venu chez moi. Il s'était masqué le visage et était entré dans un silence religieux.
Il a vu Colleen et lui a mit sa main sur la bouche et lui a ordonné de venir me chercher.
Mais, étant donné que j'avais entendu du bruit, je m'étais levée et Matthew et Brian avaient été réveillés et ils sont arrivés.
C'est à ce moment-là que l'intrus a visé Matthew et, pour le sauver, je me suis emparé du fusil et j'ai tiré.
Je ne pensais qu'à la vie de Matthew, et je n'ai pas réfléchi aux conséquences de mon geste. Cela pouvait mettre en péril la relation amicale que j'avais avec Dorothy, car nous avons reconnu son fils, Tom.
Nous l'avons donc emmené à la clinique pour le soigner car j'avais tiré dans une de ses jambes.
Colleen voulait m'aider à le soigner, mais elle avait déjà été trop exposée, et j'ai préféré la mettre à part, donc j'ai confié les enfants à Grace et RobertE.
Aussitôt mis au courant, Loren, Dorothy et Jake sont arrivés à la clinique. J'ai demandé à Dorothy de sortir car elle voulait rester à l'intérieur.
Je ne pouvais pas soigner son fils que j'avais blessé devant ses yeux. Loren m'a bien aidé en la convainquant de m'écouter.
Avec l'aide de Jake, j'ai pu soigner Tom, et le lendemain, j'ai ainsi pu annoncé à tout le monde que tout allait bien.
Hank m'a félicité et mon malaise est réapparu. Heureusement, Matthew avait été prévenir Sully.
J'avais bien besoin de son soutien après ce que j'avais fait. Il m'a prise dans ses bras dès son arrivée et nous nous sommes isolés pour en parler.
Je n'aurai jamais dû tirer sur Tom comme cela mais Sully ne voyait pas les choses comme ça.
Je l'avais fait pour sauver Matthew. Il ne fallait pas que je m'en veuille. Je n'aurai peut-être pas dû lui donner autant de morphine, non plus. Il était peut-être devenu dépendant à cause de moi. Trop de « peut-être ! ».
Pour « mon métis », je n'avais pas à douter de mes compétences médicales, j'étais un bon médecin.
Il fallait juste que je continue à croire en moi et que je prenne soin de Tom. Il me proposa de m'accompagner voir Nuage Dansant.
J'ai compris que, par ce geste, il voulait me rassurer complètement. Les plantes qu'il m'a fait voir, comme l'écorce de saule, m'ont guidée.
Je devais utiliser les plantes pour éviter tous risques de dépendance. Mais pour l'Homme Médecine, je n'étais pas coupable non plus.
En revenant à la clinique, je devais m'occuper de Tom mais aussi de Colleen, qui ne réagissait pas trop à ce qu'elle avait subi.
Je pense que j'avais besoin d'aide pour m'apercevoir du mal-être de « ma fille ». Il est vrai que j'étais bien affectée moi aussi.
Alors, j'ai laissé Colleen seule.
Dès le lendemain, je me suis aperçue que la blessure que j'avais fait à Tom s'aggravait …
Je devais l'amputer et là, j'étais encore plus coupable, car c'était de ma faute s'il fallait le faire. Au moment de pratiquer l'amputation, cette culpabilité est revenue en force.
Je me suis détournée pour pleurer, ce que Sully a vu, et il m'a demandé si je voulais qu'il s'en occupe. Lui seul pouvait me comprendre.
Dorothy devait m'en vouloir d'avoir fait cela, d'ailleurs, elle me l'avait dit mais je devais aussi faire abstraction de toutes ces choses et prendre sur moi pour mener à bien ma mission.
Tout s'est bien passé. De plus, Jake et Sully sont restés pour m'aider à le calmer en cas de crise de morphinisme. Il souffrait beaucoup, mais je pensais qu'il pouvait s'en sortir.
Ce fut des jours très durs à passer à entendre ses cris et ses plaintes, en essayant de ne pas intervenir.
Au bout d'un long moment qui me parut peut-être plus long, il s'en est sorti et a décidé de partir au magasin retrouver sa mère et son oncle.
J'ai ainsi pu rassurer Colleen, qui avait grandement besoin. Elle n'avait pas encore accepté et elle n'arrivait pas à sortir de la maison.
Je ne m'étais pas aperçue de son état, et selon Sully, je n'avais pas à m'en vouloir, car j'avais été dans le même état.
J'ai essayé de faire comprendre à ma fille qu'elle ne pouvait pas rester ainsi, qu'elle devait ressortir. J'imaginais sa frayeur mais Colleen était forte, elle pouvait s'en sortir.
Matthew et Brian se faisaient du souci pour elle, il fallait qu'elle reprenne le dessus.
Je l'ai laissée faire au début, mais après, je l'ai obligée à me suivre au magasin de Loren.
Je l'ai convaincue en lui disant que Tom était maintenant guéri, qu'il n'était plus celui qui l'avait agressée. Elle devait l'affronter pour s'en sortir et surtout pour s'apercevoir de la guérison.
Elle devait faire ce pas-là pour elle.
Alors, elle a fait l'effort, peut-être pour me faire plaisir. Tom a essayé de se détendre et de s'approcher d'elle. Oui, il était bien différent et cela a aidé Colleen.
Je pensais réellement que Tom avait réussi à s'en sortir et qu'il allait commencer une nouvelle vie. Loren lui avait proposé de rester avec eux.
Mais, un matin, Loren a trouvé sa caisse vide et Tom avait disparu. Il avait tout volé avant de s'en aller.
Pour Dorothy, ce fut un désastre, car cela voulait certainement dire que son fils allait replonger dans la morphine.
Elle est d'ailleurs venue me voir pour m'en parler. Bien que peu convaincue, j'ai essayé de la convaincre que non, il s'en était sorti et qu'il n'y reviendrait pas.
Mais elle ne me croyait pas. Ce devait être dur pour elle, et je savais qu'elle aurait besoin de soutien dans cette épreuve pour les jours à venir.
La culpabilité de mon acte est revenue car c'était peut-être à cause de moi qu'il avait plongé dans l'enfer de la morphine. Mais nous avons appris quelques jours plus tard, qu'il était accro à la morphine bien avant son arrivée à Colorado Springs.
Dorothy m'a donc rassurée et pardonnée.
Les problèmes en ville se multipliaient. Il en avait été question pendant la messe dominicale. Personne n'avait de solution immédiate. Il y eut des habitants qui proposèrent une élection municipale.
Ce fut le Révérend qui trouvait cette idée bonne. Il fallait un conseil municipal pour prendre ses décisions et élire un maire. Jake proposa Loren mais le vieil épicier ne voulait pas.
Loren le proposa à son tour. Les murmures d'approbation remplissaient la salle.
Il fallait un adversaire à Jake pour qu'il ne soit pas élu automatiquement et Horace proposa mon nom.
Je n'étais pas assez au courant et ne connaissais rien à la politique ni aux affaires de la ville.
Mais il allait falloir se battre. J'avais aussi besoin d'aide mais l'aide allait arriver. Dorothy avait prévu de m'aider.
Elle mettait sa Gazette entre parenthèses. Ce geste me faisait chaud au cœur.
Mais les enfants, surtout Matthew, ne semblaient pas heureux de ma candidature et Sully ne m'en croyait pas capable.
C'était un nouveau défi à relever mais ce défi ne me faisait pas peur. Il allait falloir que je me batte pour les femmes de la ville.
Il y avait des combats à mener. Grace, Myra et Dorothy me soutenaient. Il fallait que je continue pour elles.
Bien sûr, j'avais bien du mal à savoir où mettre mes pancartes pour les afficher. J'étais cependant assez loin de me douter de ce que l'adversaire allait faire.
Il se passait des choses derrière mon dos et les méthodes étaient douteuses.
Déjà, j'avais refusé d'accompagner Sully à la réserve pour une cérémonie importante pour mon amie Oiseau Blanc.
Le temps me manquait pour les enfants aussi.
Mais en me rendant au restaurant de Grace, j'ai découvert les calomnies que l'on disait sur moi dans le journal de Denver.
Il y été fait état de ma réputation pas très recommandable. On me soupçonnait de coucher avec Sully sans s'être mariés. Les gens croyaient ce qu'il y avait d'écrit ! Pouvais-je leur en vouloir ?
Le doute s'était installé dans l'esprit du Révérend et pourtant, nous avions rien à nous reprocher.
Seulement, la rumeur s'est répandue comme une traînée de poudres et les sondages étaient en ma défaveur.
J'avais vraiment envie d'arrêter là ma campagne et de renoncer. Je n'étais pas à la hauteur et un événement me l'a confirmé. Tout était contre moi !
Dorothy et moi étions parties pour aller convaincre ceux qui ne voulaient pas se déplacer de voter. Je savais déjà que les femmes du club de couture s'en remettraient à l'avis de leur mari et qu'elles ne s'y opposeraient pas.
Pendant mon absence, Myra s'est faite attaquée par un client du saloon. Heureusement, Sully l'a entendue crier et l'a sauvée. Puis, il l'a emmenée à la clinique, où Colleen a pris soin d'elle.
Quand je suis revenue, j'ai tout de suite compris et je me suis occupée de Myra, en me reprochant mon absence. Je ne pouvais pas tout gérer en même temps. Être médecin et candidate à la mairie n'était pas compatible. Mes patients en payaient les conséquences.
Tout abandonner pouvait s'avérer lâche aussi. Je ne savais pas quoi faire. Je ne pouvais pas tout gérer.
La meilleure des solutions était sans doute de réfléchir. Mais, alors que je pensais qu'il valait mieux arrêter dans l'intérêt de tout le monde. Matthew est arrivé à la clinique en m'annonçant qu'il avait gagné quelques voix pour moi.
Myra a insisté en me disant que tous les espoirs étaient en moi.
Pour les femmes de la ville, pour les enfants, je ne pouvais pas abandonner, alors je me suis laissée convaincre.
Mais je ne m'attendais pas à toutes les difficultés que cela allait entraîner. Voter pour une femme allait être dur pour certains hommes. Étant donné que seuls les propriétaires pouvaient voter et que la grosse majorité d'entre eux étaient des hommes, cela allait entraîner des soucis.
Les sondages m'étaient défavorables, comme je m'y attendais mais je voulais revenir sur aucune de mes propositions.
Jake et Loren n'étaient pas prêts à céder non plus, rien n'avançait réellement.
Les personnes avaient peur de moi et de mes idées. Étant une femme, je pouvais que les défendre et nous avions besoin d'être plus protégées et mises en valeur.
Tout était fichu pour moi. Un peu plus, et je n'aurai même pas de siège au Conseil Municipal.
Sully avait eu une idée pour m'aider. Il fallait que je lui fasse confiance. Je ne demandais que cela. Depuis que je m'étais lancée dans cette aventure, il ne m'avait pas soutenue.
Et il le faisait enfin !
On allait voir ce que ça allait donner.
Horace m'avait beaucoup aidée et avait enregistré tous les actes de vente de propriété de Sully aux femmes.
Il leur donnait ainsi la possibilité de voter, vu qu'elles étaient propriétaires, il avait fait cela pour moi.
Je les ai vues se succéder les unes aux autres, heureuses d'avoir leur mot à dire.
Mon cœur battait à tout rompre. Ma présence était obligatoire pour dire « bonjour » et sourire. J'avais un peu l'impression d'être l'objet de toutes les attentions.
Le seul homme à me soutenir, mis à part « mon métis » qui était prêt à tout, était Horace. Je représentais l'espoir pour lui car je voulais interdire la prostitution.
Myra et lui y voyaient une possibilité de se marier plus vite. La liberté des femmes étaient une de mes priorités.
Elle est venue voter à son tour en boitant, mais elle tenait à être présente et à voter. Hank était surpris mais il ne pouvait rien faire contre cela.
Il ne restait plus qu'à attendre le résultat. Les comptes allaient être longs. Avec l'idée de Sully et l'aide des enfants, je savais que j'avais plus de voix que prévu.
Jake et Loren n'allaient pas gagner aussi facilement que cela et j'en étais heureuse. Ils avaient bien besoin de voir que tout n'était pas aussi facile qu'ils le pensaient.
Dorothy eut alors une idée pour s'assurer que les femmes auraient plus de droit dans l'avenir. Nous devions parler avec les adversaires pour conclure un accord.
J'ai réalisé l'importance d'un tel engagement.
Bien sûr, c'était dans les deux sens et c'est là que tout est allé mal. Je leur ai proposé de faire en sorte que les femmes puissent voter mais je devais renoncer à mon idée d'interdire la prostitution.
Je n'en avais pas vraiment envie. J'avais promis à Horace et Myra de les aider et je ne pourrai pas tenir cette promesse.
Dorothy me poussait à accepter cette proposition, en me convainquant de trouver une autre solution.
Je me suis excusée envers Myra, qui comprenait parfaitement. Horace, lui, m'en voulait. Je n'avais pas le choix ! Je devais accepter au nom de toutes les femmes de la ville.
Les résultats n'ont pas tardé à être connus peu de temps après. Jake a gagné avec beaucoup d'avance. Je n'ai pas été déçue car ma candidature allait permettre une grande avancée pour les femmes.
Je devais tout de même aider Myra, car elle avait décidé de quitter Hank coûte que coûte.
Je lui ai promis de l'aider à se défendre. J'avais besoin de ce combat. Horace m'a remerciée de cela.
Dans cette bataille, j'avais gagné une chose, le droit de vote des femmes de la ville.
Je dois dire que j'étais un peu soulagée d'avoir perdu l'élection car j'aurai plus de temps à accorder aux enfants et à Sully.
Et justement, ils m'avaient tous réservé une soirée de rêve en famille. Le dîner fut rapidement un dîner festif.
Je réalisais que mes enfants ne m'en voulaient pas pour ce que j'avais entrepris et surtout, qu'ils étaient prêts à m'aider dans toutes mes luttes.
Quant à Sully, je sais que je lui devais une fière chandelle pour ce qu'il avait fait pour moi.
Ils s'étaient connus bien avant, car elle avait été recommandée par lui. Je voulais en savoir plus pour essayer de comprendre les raisons de son retour.
Colleen venait de partir pour aller avec Becky et j'ai invité Louise à déjeuner.
Quand elle a accepté avec plaisir, Brian s'est enfui pour rejoindre sa sœur. Il semblait fuir la présence de son institutrice. Je n'ai pas vraiment cherché à comprendre pourquoi il avait réagi comme cela. J'ai appris beaucoup sur la relation qu'elle entretenait avec le Révérend.
Elle semblait sûre d'elle et de son amour pour lui. Elle a aussi cherché à savoir qui était Sully pour moi, car je lui avais parlé de lui. Il y en avait beaucoup à dire.
Mais j'ai compris que cette femme allait emmener des soucis le lendemain. J'aurai même dû m'en apercevoir plus rapidement.
Brian était peu désireux de se rendre à l'école. Il avait mal au ventre. Il aurait plutôt voulu rester avec moi à la clinique.
Je lui avais permis de venir me rejoindre si jamais il se sentait vraiment mal et cela l'avait soulagé.
Par contre, Becky avait convaincu sa mère de se rendre à la clinique. En écoutant ses symptômes, j'ai commencé à m'apercevoir que Brian présentait les mêmes.
Mais ce n'est pas ce qui m'a alarmée. En l'examinant de plus proche, j'ai vu des traces derrière ses oreilles. Becky m'a donc expliqué qu'elle devait désobéir.
Je regardais sa mère, car j'avais du mal à croire que ce soit elle qui l'ai punie de cette façon-là.
Et, en effet, ce n'était pas elle. Colleen disait que c'était de sa faute, car, en classe, elles discutaient ensemble.
Louise avait, semble-t-il, cherché à les séparer, et comme Becky ne le voulait pas, elle l'avait attrapée durement par l'oreille et l'avait obligée à le faire.
Notre charmante institutrice semblait utiliser les châtiments corporels pour punir les enfants. Et la question est venue dans mon esprit : avait-elle touché Brian ?
J'aurai voulu que ce ne soit pas le cas.
Heureusement, Sully était revenu entre temps. Son soutien dans cette terrible épreuve allait m'être indispensable.
On a découvert que Brian aussi avait été maltraité par Louise et mon cœur de mère s'est brisé.
Je ne pouvais pas accepter l'idée que cette femme abuse de son autorité sur des enfants sans défense. Elle avait déjà avait été trop loin en s'en prenant aux autres enfants, de toute manière.
Elle devait s'en aller et vite et arrêter de faire du mal à ses élèves pour des prétextes douteux.
Dorothy, qui s'occupait d'eux auparavant, n'avait pas au ce genre de comportement.
Louise allait trop loin. Comment avais-je pu devenir amie avec une femme comme elle, capable de s'en prendre à des êtres sans défense ?
Sully a essayé de me rassurer. Je ne le savais pas, bien sûr, mais qui aurai pu le savoir ? Même le Révérend ne le savait pas.
Et les enfants n'osaient pas se plaindre que quand c'était grave. Le seul à regretter son départ fut le Révérend. Il était déçu de ce qu'elle était devenue, certainement.
Les soucis n'étaient pas partis pour autant. Les convois alimentaires mettaient toujours autant de temps à arriver à la réserve Indienne.
Pour une fois, l'Armée avait fait vite et j'ai conduit les Soldats moi-même un jour plus tôt que prévu.
Je ne savais pas que j'aurai plutôt dû ajourner mon escorte.
Quand je suis arrivée, les Soldats se sont faits tirés dessus et ils ont été assassinés. Je ne savais pas qu'ils étaient là.
Sully m'a accusée, mais je n'y étais pour rien, ce que Nuage Dansant le lui a fait comprendre. J'ai essayé de récupérer mes affaires médicales, mais Sully m'a raisonnée.
Je ne pouvais pas faire autrement que de me taire. Il fallait le faire pour les Indiens. Il fallait que j'oublie ce que j'avais vu. Je ne savais pas que le mensonge allait me peser tout au long de mes journées et de mes nuits.
Pourtant, quand je suis revenue en ville, et que le Général Custer m'a posé la question, j'ai répondu que les Soldats étaient partis peu de temps après leur arrivée.
Face à lui, je n'avais pas eu de scrupules.
En revenant chez moi, le calme et la sérénité sont revenus en moi. Il fallait réfléchir au cadeau d'anniversaire de Brian et lui demander quel cadeau il souhaitait.
Il voulait un cheval, celui que Hank avait gagné au poker. Je lui prêterais plus volontiers Éclair sous mon regard vigilent que de lui en acheter un.
Cela ne me suffisait pas pour oublier ma culpabilité quant à mes mensonges sur les attaques des Renégats et les Soldats qu'ils avaient tués.
Une des femmes des Soldats était venue me demander ce que son mari était devenue. Eux aussi avaient de la famille et je ne supportais pas le fait de mentir.
J'étais mal à l'aise face à elle et ne savait pas comment me sortir de cette situation. J'ai tout de même décidé de dire la vérité la prochaine que la question me serait posée.
« Mon métis » semblait m'en vouloir.
J'avais besoin de conseils, et, sachant que Sully ne voulait pas écouter mes protestations, je suis allée voir Dorothy.
Après lui avoir fourni des explications, sur sa volonté de tout savoir, elle m'a dit qu'il fallait que je dise la vérité, avant que l'Armée et les habitants ne la découvre.
Si je ne le faisais pas, et que la vérité était découverte avant que je fasse mes aveux, les gens allaient m'en vouloir et me demander pourquoi je l'avais cachée.
De toute façon, je n'ai pas beaucoup de temps pour réfléchir aux conseils de Dorothy, car le Général Custer est revenu en ville.
Lors de l'une de ses patrouilles avec ses Hommes, ils avaient retrouvé mon stéthoscope et d'autres de mes fournitures médicales aux mains d'un Indien qu'ils avaient arrêté.
Je n'avais pas le choix que de leur dire ce qui c'était réellement passé, car Custer avait la preuve formelle de ma présence au campement Indien lors de l'attaque.
Je lui ai dit que les Soldats m'accompagnant avaient été tués et il m'a demandé d'identifier l'un de leurs assassins, qui était bien celui qu'ils avaient arrêté.
Pour le juger, ils allaient le pendre.
Bien que je fus contre ce genre de technique, je ne pouvais m'opposer seule à la volonté de l'Armée.
J'avais tout de même l'envie de protéger « mon métis » et Nuage Dansant. La vérité était peut-être bonne à dira mais elle avait ses limites.
Aussi, quand le Général Custer m'a posé la question, j'ai affirmé être seule avec les Soldats. D'une certaine manière, je les protégeais. Le fait d'avoir trahi Sully et son désir de garder tout cela secret aurait pu le faire éloigner de moi.
Après tout, en voulant satisfaire mon besoin de vérité, je ne l'avais pas écouté. Avait-il compris que je n'avais plus le choix ?
Je ne sais pas, mais, suite à mes déclarations, au lieu de me fuir – j'aurai compris qu'il le fasse – il est resté près de moi. Son désir de me protéger avait-il été plus fort que sa rancœur ?
Je ne savais pas que j'allais devoir affronter bien pire. Si j'avais su ce que j'allais subir par la suite, j'aurai certainement agi différemment.
Nous sommes allés ensemble au campement Indien. Il fallait aussi affronter les Cheyennes. Ils ne m'en voulaient peut-être pas.
Les Indiens ne comprenaient pas que l'Armée les pourchasse et qu'elle soit au courant des agissements des Renégats. Les représailles étaient en cours.
D'ailleurs, le Révérend avait été blessé et il souhaitait maintenant que les responsables soient pendus et qu'ils aillent brûler en enfer.
Pour Marche sur les Nuages, il y avait forcément une personne qui avait eu la langue trop longue, et il accusait Sully.
Pour calmer les nerfs de ce jeune garçon, j'ai dû avouer que c'était moi, pour protéger Sully. Mais Marche sur les Nuages en voulait aussi à son père, Nuage Dansant, de nous avoir comme amis.
Alors, le jeune homme s'est enfui avec les Renégats, croyant avoir là un moyen de se défendre et de se venger.
La rupture entre le père et le fils était due à ce que j'avais révélé, mais je n'avais pas eu le choix.
J'ai lu dans le regard de Nuage Dansant toute le tristesse qu'il éprouvait d'être incapable d'empêcher son fils de faire des bêtises.
Je n'avais pas de mots pour essayer de m'excuser vis-à-vis de l'Homme Médecine, alors je voulais partir au plus vite.
Sully a dû le comprendre car il lui a serré la main et m'a ramenée à la maison. Il devait penser qu'il devait tout faire pour me protéger et il ne savait comment s'y prendre.
La ville était de plus en plus attaquée par les Renégats depuis mes aveux et je m'en sentais responsable. Certaines personnes voulaient même aller se venger au campement Indien.
Sully est arrivé en ville juste au bon moment. Les Renégats lançaient des flèches de feu partout et il m'a protégée de son mieux quand ils ont essayés de me viser.
La clinique avait été en feu mais « mon métis » avait vite arrêté le feu et tout était redevenu normal.
Néanmoins, je ne pouvais pas laisser tomber mes patients à cause d'un possible danger pour moi. J'avais une patiente qui s'était fait mal à une cheville et qui ne pouvait donc plus se déplacer pour venir en ville.
Il était convenu que Matthew m'y accompagne mais quand Sully a appris que j'avais l'intention de sortir de la ville, et que j'avais bien envie de m'y rendre, il a pris la place de Matthew.
Avec lui, je ne risquais rien, c'est ce que je pensais en tout cas, et pourtant …
Ma patiente n'était plus chez elle. Je pensais, à juste prix qu'elle avait été transportée par l'Armée pour recevoir mes seins.
Le déplacement avait été inutile. Il fallait le reconnaître.
Mais, alors que « mon métis » et moi pensions pouvoir partir, il s'est passé quelque chose qui aurait pu changer le cours de ma vie.
Les Renégats approchaient de la maison. J'ai dit à Sully de partir car ils nous avaient certainement suivis et que c'était moi qu'ils voulaient et personne d'autre.
Mais Sully ne partit pas car il voulait chercher un moyen de me sauver. Il ne pouvait pas m'abandonner.
Mais les Renégats étaient bien plus nombreux que lui, et même après la lutte acharnée qu'il avait menée pour essayer d'éviter l'inévitable.
Mais ils ont eu raison de lui et ils m'ont emmenée devant lui, qui tentait sa dernière chance.
Ils m'ont obligée à monter à cheval et « mon métis » a assisté à tout cela sans pouvoir intervenir.
Le reste a été une véritable épreuve. J'ai entendu Sully en jurant qu'il allait me retrouver, puis crier quelque chose d'autre en Cheyenne.
Puis, son visage a disparu de ma vue au fur et à mesure de la course des chevaux. Je ne savais pas ce qu'ils allaient faire de moi, ni où ils me conduisaient.
J'espérais que Sully allait tout faire pour me retrouver. Je pensais encore aux enfants, surtout à Brian.
Allait-il être triste de cela ? Certainement, les enfants seraient choqués mais je savais que certaines personnes prendraient soin d'elle.
J'étais entourée par les Indiens, qui me fixaient tous.
J'étais dans l'incertitude de mon avenir. Je savais seulement qu'Un Œil avait eu l'intention qui lui rappela que je ne valais rien une fois morte. Ils voulaient m'utilise. Certains d'entre eux étaient prisonniers de Custer.
Alors que je me battais pour garder confiance, je savais que Sully avait eu le temps de rentrer en ville et de demander de l'aide et qu'il allait revenir vers moi.
J'ai dormi très peu cette nuit-là car j'étais constamment surveillée par quelqu'un. Je n'avais aucun moyen de me sortir de là sans aide extérieure.
Et l'aide extérieure ne pouvait venir d'une seule et unique personne, qui, je le savais, me recherchait activement.
Je pensais à lui sans cesse et aux enfants aussi. Je ne devais pas me laisser aller pour eux.
Cette force, qui était en moi depuis des années, ne me faisait pas défaut maintenant. Je devais me battre et manger.
Bien trop dur à supporter, mon enlèvement aurait pu me peser et je n'avais que mes pensées pour me sauver.
Sully me retrouverait à temps, enfin, je l'espérais.
Je trouvais mes disputes avec lui bien infantiles à ce moment-là. J'avais besoin de le revoir, qu'il me serre dans ses bras et qu'il m'embrasse. Il n'y a qu'avec lui que je me sentais en sécurité.
J'avais envie de lui dire « Je t'aime » et « Pardonnes-moi » mais je ne le pouvais pas.
Ces heures d'angoisse ont duré trop longtemps. Je ne savais pas si j'allais retrouver les enfants ou pas.
Je savais que Sully était à ma recherche et qu'il ne lâcherait rien. Après tout, il connaissait toutes les techniques utilisées par les Renégats. Il était le seul à pouvoir me venir en aide.
J'ai tout de même essayé de m'enfuir en me débattant pour le rejoindre. Bien sûr les Renégats m'en ont vite empêchée.
Pour me punir, ils m'avaient enlevé mes bas et mes chaussures et j'ai dû marcher pieds nus. Les montagnes étaient pleines de rochers coupants et blessants et mes pieds me firent vite souffrir. Mon seul espoir de m'en sortir n'était pas loin.
Alors que je continuais à marcher, j'ai vu Wolf au loin et Sully m'a appelée. Je lui ai bien sûr répondu.
Les Renégats étaient bien trop malins pour ne pas arrêter Sully. Ils lui ont ordonné de ne pas nous suivre car ils s'en prendraient à moi au sinon.
Marche sur les Nuages lui a dit qu'ils me libéreraient si les siens étaient libérés en ville. Je savais que Sully ne m'abandonnerait pas ainsi.
D'ailleurs Wolf a continué à suivre discrètement ma trace. Mais cela ne suffisait pas aux yeux de Marche sur les Nuages. Il avait essayé de m'aider à m'enfuir car il disait que j'étais la seule à pouvoir sauver les siens. J'ai tenté de me cacher dans les herbes hautes, mais ils m'ont tout de même rattrapée.
Je ne savais pas quelle serait mon autre punition pour avoir de nouveau tenté de m'évader.
Après avoir informé Custer des intentions des Renégats, Sully était de nouveau sur ma trace.
Il était revenu. J'ai senti sa présence près de moi et il a imité le chant d'un oiseau.
C'était une de ses manières de me faire connaître sa présence et je l'aurai reconnue n'importe où tant j'avais besoin de le savoir près de moi.
Il fallait que je trouve un moyen de le rejoindre, alors j'ai prétexté une envie naturelle. C'était sans compter sur Un Œil.
Il avait d'autres ambitions, je l'ai compris. Je lui ai demandé de se retourner mais il ne m'a pas écoutée. Au lieu de cela, il a commencé à vouloir défaire ma ceinture et j'ai crié « Sully » aussi fort que j'ai pu.
Et il est apparu de nulle part pour me secourir à temps. Juste au moment où le Renégat m'embrassait de force, Sully à commencé à sa battre avec lui.
Il a réussi à l'assommer, à eu à peine le temps de me demander comment j'allais, avant de me prendre dans ses bras, de traverser l'étang et de m'emmener loin de tout cela.
Nous avons parcouru une longue distance, essayant de mettre le plus de mètres possibles entre eux et nous.
J'étais épuisée, prête à m'endormir dans les bras de Sully à chaque pas qu'il faisait. La seule chose qui me tenait éveillée était de me battre contre cette fatigue.
Je crois que j'ai dû m'endormir un peu ainsi, blottie dans les bras de « mon métis », car il m'a tirée de ma torpeur pour que j'enlève ma chemise et ma jupe mouillée.
J'avais à peine la force de faire ce qu'il me poussait à faire mais mon inconscient enregistrait ses paroles.
Après, ce fut le trou noir. Le seul bruit qui me parvenait était le cri des oiseaux.
Je me suis réveillée avec l'impression étrange d'être encore aux mains des Renégats, que je n'avais fait que rêver que « mon métis » m'avait sauvée.
Il y avait une silhouette qui apparaissait sous mes yeux fatigués et je l'ai appelée pour savoir s'il s'agissait d'un mirage ou non.
« Sully ? »
« Je suis là, Michaëla. Vous êtes en sécurité. »
Ces mots-là me firent un bien énorme. Pendant son sommeil, il avait pensé à moi, rien qu'à moi et avait ramassé des baies et du miel.
Il me rappelait l'importance de se nourrir. Le fait que cela vienne de lui me fit autant du bien que le reste.
Il s'est assis à côté de moi, cédant certainement à son désir d'être près de moi et au mien aussi. Je ne voulais pas qu'il s'éloigne. C'était impossible. Je le voulais près de moi.
A-t-il lu cet appel silencieux dans mes yeux ? Tout ce que je sais, c'est qu'il m'a pris dans ses bras pour me réconforter.
J'avais l'impression d'avoir déjà ressenti son étreinte dans mon sommeil.
Sully s'est très bien comporté. Il a essuyé mes blessures. Il m'expliquait qu'il allait falloir se déplacer de nuit pour éviter que les Renégats nous suivent.
Je ne pouvais pas marcher et Sully m'a assuré qu'il me porterait. Quelque chose le préoccupait.
Il avait envie de me poser des questions sur ce qu'il s'était passé mais qu'il n'osait pas. Il avait peur d de me voir m'effondrer et pourtant, il avait besoin de savoir.
J'avais autant besoin de lui dire que lui de savoir mais j'attendais la question avec impatience.
« Ils vous ont violentée ? »
« Non. »
Ma réponse a été claire et nette, pour ne pas lui laisser de doute sur ce que je disais, car je ne le disais pas que pour le rassurer.
Le soulagement se vit immédiatement sur le visage de Sully. Est-ce dû à ce sentiment qu'il succomba à cette envie que nous avions tous les deux ?
Tout ce que je sais, c'est qu'il a posé ses lèvres sur les miennes pour un baiser passionné.
Je venais de manger du miel tout en essayant de collecter à nouveau mes sentiments car je ne savais ce que je devais éprouver du soulagement ou de la peur. Ce baiser que nous avons partagé nous a apporté à tous les deux des sensations incroyables.
Ce fut un moment inoubliable et ce baiser dura trop peu à mon goût. Il m'incita à continuer à manger et continua de son côté à me soigner mes plaies.
Le rapprochement que nous avions grâce à ce baiser unique était ce que je recherchais depuis longtemps. Je savais que notre relation avait peu évoluée à cause de ma réaction.
Ce que j'avais estimé comme une trahison de Sully, quand Catherine l'avait embrassé n'en était pas une. Pourquoi l'avait repoussé à ce moment-là ?
Je me suis blottie dans ses bras pour chercher du réconfort et aussi pour lui en prodiguer à lui.
Il en avait besoin lui aussi autant que moi, surtout après mon attitude de ces derniers jours envers lui. J'aurais voulu que nous restions dans les bras l'un de l'autre pour toujours.
Il fallait qu'il se libère de moi pour que nous puissions partir. Il était temps si nous voulions avoir une chance de nous sauver.
Alors, Sully m'a soulevée dans ses bras pour partir. Tout allait bien au début mais, très vite, les Renégats ont été sur notre piste.
Nous nous sommes retrouvés la cible de leurs flèches. Nous devions faire vite et j'ai décidé qu'il fallait que je marche pour que nous allions plus vite.
Sully a vite été d'accord, il n'avait pas le choix de toute façon. Je ne savais pas comment nous allions nous sortir de ce qui m'apparaissait comme une impasse.
Et je n'avais pas tort car nous sommes arrivés sur une falaise et il n'y avait pas de chemin pour descendre.
Les Renégats approchaient de nous. Sully pensait peut-être arriver à les semer mais il n'avait pas réussi. Ils connaissaient autant que « mon métis » les manières de suivre une piste.
Un Œil est apparu devant nous et Sully s'est battu avec lui jusqu'à ce que l'Indien chute accidentellement.
Il n'y avait qu'une seule solution de nous sortir de cette impasse. Il fallait sauter du haut de cette falaise pour nous sauver.
Nous avions une chance sur deux de nous en sortir vivants mais il fallait la tenter. Il fallait sauter.
J'ai enlevé ce qui restait de ma jupe. Il fallait faire vite pour éviter toute autre menace.
Le moment était capital et très important. Sully l'avait compris, alors il m'a dit.
« Je t'aime, Michaëla. »
Sans réaliser que c'était la première fois qu'il me tutoyait, je lui ai répondu :
« Je t'aime, Sully. »
Le marché qu'il y a eu entre Hank et Brian avait été raté, car le barman n'avait pas tenu son plan. Il avait donné de l'argent à Brian plutôt que le cheval. Mon fils en avait été attristé.
Matthew n'y avait pas cru et avait essayé d'intervenir pour aider Brian mais rien n'y avait fait.
Nous étions en train de jouer pour lui montrer ses cadeaux quand Hank est arrivé avec le cheval.
Il avait changé d'avis pour le plus grand plaisir de Matthew, qui guida Brian jusqu'à son cadeau.
Quand il le découvrit, il en fut heureux, lui qui avait tant espéré avoir Caramel, l'avait enfin !
Hank est reparti presque tout de suite, de peur que quelqu'un comprenne qu'il avait un cœur mais c'était déjà trop tard, je l'avais compris.
Cette journée que je vivais était grâce à Sully, comme je l'ai déjà dit. Après l'avoir remercié j'ai tenu à ce qu'il partage la fête avec nous.
Je ne connaissais pas l'avenir qui nous attendait mais j'avais l'impression d'avoir passé un cap grâce à l'épreuve que nous avions vécue.
Il nous a d'ailleurs fallu du temps pour reprendre une vie quelque peu normale, car Sully était resté près de nous, dormant dans la grange, pendant quelque temps.
Il y avait un besoin qui s'était construit dans la grotte après le baiser au miel, que je n'arrivais pas à expliquer, mais que nous ressentions et l'un et l'autre au plus profond de nos cœurs.
La vie a tout de même repris son cours. Il y avait toujours des personnes qui n'étaient pas acceptées en ville. Je m'en suis aperçue lorsque le banquier, qui m'avait hypothéqué la clinique est arrivé pour procéder à une vente aux enchères d'une maison au cœur de la ville.
La vente était à l'air libre et tout homme ayant assez d'argent pour l'acheter pouvait y participer et donner son prix. C'est ce que je pensais en tout cas !
La foule était réunie là, et, de loin, il ne pouvait pas voir de qui il s'agissait, alors il a adjugé la vente. Personne, d'ailleurs, ne savait réellement qui en était l'acquéreur.
Mais quand il s'est approché, le murmure de la foule s'est amplifié. Il s'agissait de Robert E. Le racisme était de retour.
La majorité de la ville et le banquier lui-même, était contre le fait de voir un homme de couleur de peau différente acheter cette maison en y mettant plus de prix qu'eux, de plus.
Il n'acceptait pas qu'il devienne propriétaire au même titre qu'eux. Bancroft tenta de l'en dissuader mais Robert E eut la réponse.
Il voulait s'installer en ville, il avait le droit de le faire et son argent valait autant que celui d'un homme de couleur blanche.
Quand je me suis approchée, il m'a reconnue et a su que j'allais prendre le parti de mes amis. Il a abandonné, en tout cas, provisoirement !
Il y avait une réunion le soir-même des hommes du « Cercle », pour quelque chose dont ils n'avaient jamais entendu parler. Nous étions bien loin de nous douter de ce que cette réunion allait entraîner par la suite.
Matthew y participait et heureusement, d'ailleurs.
Ils avaient tout de même été attaqué l'atelier de Robert E en espérant le faire revenir sur sa décision.
Il possédait une arme à feu et s'en servi pour se défendre, blessant l'un des hommes participant à cette réunion.
Le forgeron avait tué sans le vouloir sur Loren, j'ai su qu'il s'agissait de lui, quand Dorothy est venue me chercher afin que je le soigne.
Elle était horrifiée par ce qu'il se passait. Elle ne voulait à Robert E d'avoir tiré sur Loren, mais elle ne se rendait pas compte qu'il s'était passé avant.
Il devait se battre pour pouvoir habiter une maison qu'il avait achetée. Dorothy m'a dit qu'il était temps que ça s'arrête et j'étais bien d'accord.
Cependant, nos opinions différaient. Je l'ai compris quand je me suis rendue au restaurant de Grace, où il n'y avait pas un seul client. L'article de Dorothy avait eu un impact.
Elle disait que le forgeron tirait sur tout le monde et donc, les clients fuyaient le restaurant. Je me suis disputée avec elle. J'ai essayé de faire revenir les hommes à la raison en leur disant qu'il connaissait assez le maréchal-ferrant pour lui laisser une place.
Je pensais être parvenue à les ramener à la raison quand je les ai vus se diriger vers chez Grace et Robert E, mais je me trompais.
Jake a pris le pot de peinture blanche et l'a vidé sur lui. Sully est arrivé à ce moment-là, et, en constatant l'état de son ami a essayé d'intervenir.
Robert E l'a tout de suite arrêté en lui faisant comprendre qu'il ne s'agissait pas de son combat mais du sien. Mais rien n'était fini !
Matthew avait abandonné la partie suite à l'agression de notre ami, mais il restait tout un tas d'hommes qui étaient prêts à tout faire.
Robert E n'ayant pas compris au premier obstacle, étant donné qu'il s'acharnait à rester, les homme du Cercle avaient choisi d'attaquer plus fort.
Pendant que le forgeron chantonnait et continuait son travail pour l'installation dans sa nouvelle maison, ils décidèrent de s'attaquer à Grace, seule au restaurant.
En plein jour, certains d'être seuls – aucun client n'était encore revenu au restaurant – ils l'obligèrent à rester sur place et lui coupèrent les cheveux.
C'était l'humiliation de trop. Grace était en larmes quand Robert E est venu la retrouver.
Je pense qu'il se demandait si cela en valait la peine après tout, car ça allait trop loin.
Quand j'ai appris ce qu'il s'était passé, je les ai invité à la maison pour leur montrer mon soutien.
Sully était avec nous, cela ne les surprit pas d'ailleurs. Robert E trouvait étrange que je ne sois pas comme tout le monde, alors je lui ai expliqué.
Mon père m'avait expliqué et appris à aimer et à apprécier tout le monde, quelque soit son origine. Je respectais ce point de vue et je voulais aussi l'apprendre à mes enfants.
Sully était totalement d'accord avec moi, je l'ai lu dans ses yeux.
Il était ami avec Robert E depuis longtemps. Alors que nous tentions de remonter le moral à Grace, meurtrie, nous avons entendu du bruit à l'extérieur.
Sully a eut vite fait de voir qu'une croix religieuse était plantée dans le sol, devant la maison, en feu. Sully était furieux.
Il a crié « Allez-vous-en de mes terres. » Mais ce n'était mal connaître Bancroft, bien déterminé à obtenir ce qu'il voulait. En passant près de la croix, il s'est brûlé.
Après cet incident, tous les participants ont décidé de rentrer et d'abandonner la partie, mais nous avions enfin un moyen de l'accuser et nous ne nous en sommes pas privés.
Dès le lendemain, je suis rentrée dans le saloon pour faire arrêter ces agressions gratuites. Sully a même découvert son bras pour l'accuser.
Mais il n'avait qu'une idée, celle de continuer son combat. Bancroft avait déjà tout utilisé pour avoir un appui, comme le fait de me menacer de me reprendre la clinique mais là, il avait menacé les enfants.
Le seul moyen était de convaincre les autres d'arrêter et d'aider Robert E et Grace à s'installer. J'ai décidé de le faire et ça a porté ses fruits.
Robert E est arrivé avec tous ses meubles, et les habitants, même Loren, l'ont aidé à déménager.
La paix est revenue, enfin !
L'installation de mes amis avait permis aux habitants de la ville de s'apaiser enfin.
Cette bataille m'avait permis de mettre mes sentiments de côté pour un moment. L'enlèvement était pourtant encore dans ma tête, d'autant que des souvenirs me revenaient.
J'avais eu des trous noirs de l'instant que j'avais passé dans la grotte en compagnie de Sully.
Ce que je ne voulais pas me rappeler revenait pourtant en force, après l'affrontement de Grace et Robert E. Pourquoi j'y pensais à ce moment-là ? Je ne le savais pas.
Un rêve m'a réveillée, un rêve agréable. J'étais dans la grotte en compagnie de Sully, il m'embrassait comme le jour où il m'avait sauvée, et je me sentais en sécurité dans ses bras.
Je me suis rendue compte que ce n'était pas un rêve mais la réalité. Cette scène revenait me hanter, car je savais exactement ce que j'avais ressenti à ce moment-là.
Cela me faisait peur car je n'avais jamais ressenti, même pas pour David. C'était un sentiment d'appartenance et de dépendance que j'avais éprouvé, ainsi qu'une envie de plus.
Bien sûr, une femme venant de Boston ne pouvait pas admettre, même à elle-même, qu'elle avait eu envie de faire l'amour avec un homme.
Mais c'était bien le cas. J'avais réellement envie de faire l'amour avec Sully, mais je ne pouvais pas l'exprimer.
C'était difficile d'admettre que j'aimais un homme à ce point-là et ça avait été le cas à ce moment-là dans la grotte avec Sully.
J'étais encore loin de m'en ouvrir à quiconque.
Elle a décidé de mettre une de ses nouvelles robes pour voir de quoi elle aurait l'air. Elle avait des doutes.
Les robes étaient déjà très différentes de celles qu'elle avait porté jusqu'à maintenant, mais elle avait mérité d'être heureuse. Elle ne se reconnaissait pas dans le miroir. Elle se demandait qui elle était.
Ce devait être difficile pour elle car elle avait encore peur du regard des autres. J'étais prête à l'aider pour qu'elle s'adapte.
C'était sans compter sur Hank. Toute la ville se réjouissait de participer aux fiançailles de Myra et Horace et était invitée, enfin presque toute la ville.
Les fiançailles s'étaient assez bien passées jusque-là, sauf que Hank est arrivé à la fin une arme à la main.
Il était saoul et venait faire valoir ses droits devant tout le monde. Il en menaça Myra, l'obligeant à se mettre à genoux devant lui pour le supplier.
Tout le monde alentour avait été obligé de se cacher, nous voulions pourtant éviter qu'il ne tire sur Myra.
Nous ne savions pas comment l'empêcher de faire un tel geste. Étant habillé sur son 31 pour l'occasion, Sully n'avait pas son tomahawk sur lui. Il n'y avait pas d'issus. C'est ce que je pensais en tout cas.
Sully s'est saisi d'un morceau de bois pour le lancer sur Hank. Pour l'avoir, il visa la tête de Hank.
Il a bien visé et l'assomma à temps. Il avait sauvé Myra, et tout ce qui comptait, mais je ne savais pas ce que ça allait entraîner.
Après avoir ruminé les paroles de Hank toute la nuit, en me demandant s'il avait raison ou non, j'ai recommencé à travailler en essayant d'oublier.
Ce n'était pas facile de le faire, surtout quand je compris qu'il n'avait pas tort. Il y avait bien une partie de moi qui était endormie et qui était inaccessible.
Je ne voulais pas me laisser emporter par ce mauvais sentiment de colère que j'éprouvais.
J'ai entendu crier du côté du saloon, en me demandant ce qu'il se passait et là, j'ai vu Hank allongé sur le sol, inconscient.
Je m'en voulais car j'aurai dû insister pour l'examiner et maintenant, il était dans le coma à cause d'une commotion cérébrale.
Dès qu'elle a appris ce qu'il arrivait, Myra est venue prendre de ses nouvelles. Elle tenait à rester près de lui et, ce, malgré ce qu'il lui avait fait subir.
Je ne comprenais pas pourquoi elle agissait ainsi avec lui et Horace non plus. Pour lui, ce n'était pas sa place mais elle tenait à être présente car il l'avait sorti d'une situation dramatique.
Il n'y avait qu'à attendre de voir quelles conséquences cela allait avoir.
Les jours passaient et Hank ne revenait pas à lui. Certains de ses amis en profitaient pour se payer des verres à boire gratuitement.
Leur comportement était inacceptable. Quand je leur en ai parlé, ils n'ont pas semblé s'en vouloir le moins du monde par ce qu'ils faisaient.
« Mon métis » n'était pas dupe. Il avait bien compris qu'il y avait quelque chose, mais je n'osais pas lui en parler.
Peut-être aurait-il pensé que j'exagérais, que je n'avais pas de raison de m'inquiéter et qu'il fallait que j'oublie tout cela.
J'en étais pourtant incapable. Au lieu de lui parler de mes doutes, je lui ai demandé s'il m'aimait et je me souviens de sa réponse :
« Bien sûr, Michaëla, je vous l'ai dit. »
Il semblait me demander pourquoi j'avais besoin de l'entendre et tout ce que j'ai trouvé à répliquer fut :
« Il y a des mots qu'on ne se lasse pas d'entendre. »
« Je vous aime, Michaëla. »
Puis, pour confirmer ses paroles, il m'avait embrassée et je m'étais laissé envahir par la sensation de ses lèvres sur les miennes, oubliant momentanément ce doute.
Nous sommes ensuite revenus en ville, toujours bras dessus bras dessous pour rencontrer un homme, qui s'était présenté à nous. Il recherchait Sully pour que celui-ci lui fasse découvrir les environs.
Il s'appelait Andrew Strauss et était borgne depuis la guerre. A la mention de « guerre », je n'ai pas pu m'empêcher de lui demander où il avait été blessé.
J'avais envie d'en savoir plus sur lui, sans comprendre pourquoi. Je l'ai donc invité à la maison pour dîner.
Là, il a fait la connaissance de mes enfants, assez intéressés par lui, quoi qu'un peu méfiants, surtout Brian.
Je ne savais pas pourquoi il se comportait ainsi, car je voulais qu'il devienne ami avec lui.
Sully a insisté pour m'aider à monter la tente de sudation pour la cérémonie, puis il s'est glissé à l'intérieur pour commencer son rite.
J'étais à l'extérieur et je n'ai rien su de ce qu'il s'est passé sous la tente, mais je l'ai entendu chanter des chants Indiens.
Cela a duré un certain temps. J'avais espoir que ce traitement fonctionne réellement pour lui. J'avais tellement mal de le voir si malade sans rien pouvoir y faire.
Je ne sais pas quelles visions il avait eues pendant sa transe, mais à la fin, tout est devenu calme, et il m'a appelée désespérément. Je ne pouvais pas ne pas le rejoindre pour le tranquilliser, alors j'y suis allée.
« Vous ne partez pas ? » M-a-t-il demandé.
« Non, Sully, je ne pars pas. » Lui ai-je répondu.
Et ce que j'attendais depuis des jours et des jours est enfin arrivé.
« Je ne veux pas que vous partiez. Je vous aime, Michaëla, et je vous aimerai toute ma vie. Voulez-vous m'épouser ? »
Cette question que j'attendais depuis longtemps était enfin là et je n'avais qu'une seule réponse à donner.
« Oui, je le veux. »
Je lui ai répondu sans réfléchir et sans hésiter avec tout mon cœur. J'avais tellement attendu d'entendre ces mots-là, des mots qui faisaient chavirer mon cœur.
Sully a été ému par ma réponse, je l'ai compris quand il a posé ses lèvres sur les miennes en un long baiser.
Je n'aurai jamais su deviner qu'un baiser puisse être aussi bon, car c'était bien de cela qu'il s'agissait.
Je me sentais bien, heureuse. Mon cœur chantait, mon corps aussi et j'avais envie de crier mon bonheur au monde entier.
Il ne manquait rien à ce mariage d'amour. Horace et Myra concrétisaient enfin leur amour.
Après la cérémonie, nous sommes allés, comme prévu, au restaurant de Grace. Cette dernière avait écouté les goûts des mariés pour leur faire plaisir.
Ce repas fut très agréable, jusqu'au moment où Horace a porté un toast en pensant à ceux qui n'allaient pas tarder. Bien sûr, il avait pensé à Ingrid et à Matthew mais il a aussi parlé de Sully et de moi.
Il s'est aussitôt reproché de l'avoir dit en disant que c'était un secret. Aussitôt, les habitants, surpris, ont voulu savoir si c'était vrai ou non.
J'étais embarrassée mais heureuse en même temps qu'ils puissent être au courant de la nouvelle. Dorothy était heureuse pour nous.
Les félicitations se sont succédées les unes aux autres, venant de tout le monde. Tout était parfait. J'étais sûre de moi et de mon amour pour Sully.
Mais le passé revenait en force et je l'ai compris quand Andrew Strauss a récité le poème qu'il avait récité à nos fiançailles il y a de longues années.
Et là, j'ai compris pourquoi son arrivée et sa présence me troublaient aussi. Avec lui, le passé revenait. J'ai réagi immédiatement en le poursuivant, sans chercher à savoir ce que Sully en penserait.
J'avais besoin de le savoir s'il s'agissait de David Lewis et de comprendre pourquoi il était là, et pourquoi il avait caché qu'il était vivant.
Je ne savais pas pourquoi il m'avait menti en se présentant sous un faux nom. Je ne savais plus rien. Je l'ai donc poursuivi et l'ait enfin rattrapé devant le saloon. J'avais besoin d'entendre ses explications, ses raisons.
Au début, il a nié être David et m'a dit que je me trompais. Bien sûr, sa voix et son visage avait changé, mais il ne pouvait pas avoir changé au point de me mentir. Il avait été blessé gravement à la guerre.
Paralysée et ayant perdu la parole, il n'avait pas pu faire savoir à sa famille qu'il était vivant. Il se pensait condamné et ne voulait pas que je devienne prisonnière de son état.
À l'époque, j'étais jeune, je pouvais refaire ma vie et tomber à nouveau amoureuse. Il voulait me laisser libre et il avait continué à faire croire à sa mort.
Puis, après, il était tard, le corps qu'on pensait être le sien avait été enterré. Il n'avait pas voulu savoir qu'il était vivant. J'étais heureuse de le savoir vivant mais je me retrouvais dans une drôle de situation.
Il fallait que je le dise aux enfants et à Sully, pour qui j'avais de forts sentiments. Au moment où j'ai serré David dans mes bras, plus par soulagement que par amour.
Le mariage était en ville, défilant sous les cris de joie des habitants enchantés par ce jour de joie. C'était le moment que j'aille les rejoindre. J'étais sensée les rejoindre.
Après, les enfants voulaient rester pour le charivari, la tradition d'empêcher les mariés de dormir pour leur nuit de noces et j'ai refusé.
Il fallait absolument que je leur parle de David et de ce que cela entraînait.
Son retour signifiait que j'avais deux fiancés et qu'il allait falloir que je fasse un choix.
Je ne pouvais pas nier ressentir quelque chose de fort pour Sully. Il s'agissait de quelque chose de nouveau, que je n'avais jamais ressenti avant.
Et bien sûr, le retour de David me bouleversait.
J'en ai parlé aux enfants. Je ne voulais pas qu'ils restent en dehors de cette histoire. Ils auraient fin par le savoir à un moment ou à un autre et je ne voulais pas leur mentir.
Ils étaient tristes que David leur ait menti. Pendant des jours, il s'était fait passé pour un autre.
J'ai essayé de le défendre mais au fond de moi, je lui en voulais aussi.
Comment avait-il pu nous duper en se faisant passer pour un autre ? J'avais refait ma vie à Colorado Springs. J'avais enfin réussi à me faire reconnaître en tant que médecin et je n'avais pas l'intention de changer tout cela.
Et il y avait Sully avec qui j'envisageais réellement une vie commune. Non, je ne pouvais pas abandonner comme ça. J'ai rejoint Sully tout en pensant à toutes ces choses. J'avais besoin de parler avec lui. Il fallait qu'il soit au courant lui aussi. J'avais besoin qu'il me rassure. Mais il avait tout compris. Il nous avait vu David et moi et il avait compris.
Je lui ai demandé ce que nous allions faire mais il ne m'a pas répondu.
« Qu'est-ce que vous allez faire , »
A ce moment-là, je ne le savais pas réellement, je ne pouvais pas encore demander à David de repartir, il fallait que j'en sache plus sur lui.
Sully m'a laissée seule.
En effet, j'avais besoin de réfléchir mais au fond, je savais déjà la réponse à toutes ces questions.
Néanmoins, j'avais besoin de passer du temps avec David rien que pour me convaincre qu'il était bel et bien vivant.
J'ai passé du temps avec lui pour me rendre compte de ce que son retour faisait en moi. Il avait bien changé, il n'était pas le même, mais j'ai bien cru que cela allait ruiner ma relation avec Sully.
En ville, le retour de mon fiancé, que je croyais mort à la guerre faisait du bruit. Les enfants entendaient toute sorte de commentaires à mon égard. Certains disaient que j'étais bigame.
Le terme était plutôt utilisé pour les hommes mais cela ne faisait aucun doute sur leurs avis. Je n'étais plus aussi respectée avant.
Dorothy faisait de son mieux pour me défendre mais je savais qu'il allait falloir que je me décide, afin de ne pas me ridiculiser encore plus.
En moi, la décision était prise mais je ne savais pas quelles seraient les réactions des enfants face à celle-ci. Dans la logique, ils auraient dû être heureux.
Il me fallait encore quelques temps pour réaliser que ma décision était déjà prise et j'aurai dû m'en rendre compte bien avant, cela aurait évité bien des dégâts.
J'ai passé quelques heures en compagnie de David afin de bien comprendre qu'il était vivant et que je pouvais continuer à vivre sans lui, car c'est cela que je voulais comprendre.
J'avais réussi à vivre avec l'idée de sa mort et il réapparaissait à un moment dans ma vie où j'avais fait un trait sur notre histoire.
D'ailleurs, il m'avait confirmé avoir mis au courant par ma mère. C'était donc bien elle qui lui avait dit qu'il fallait venir me voir. Elle voulait diriger ma vie mais c'est moi qui devais la choisir, pas elle !
Tant de moment que j'avais partagé avec Sully n'aurait pas pu exister avec David car il était différent mais pourquoi n'ai-je pas clarifié la situation tout de suite.
J'étais allée passer une après-midi en forêt avec David pour l'écouter me parler de sa passion, pour me rassurer et aussi, et surtout, pour qu'il me donne ses vœux de bonheur.
Mais non, il n'espérait qu'une seule chose, me récupérer et je ne savais pas comment lui annoncer qu'il n'y avait plus aucune chance entre nous deux.
Et le passé me revenait en mémoire. Il était une des premières personne à ne pas remettre mes choix en question et à partager ma passion pour la médecine. À l'époque, j'avais réellement envisager de partager sa vie. Il a essayé de m'embrasser mais je me suis dérobée. Non, le passé était déjà loin, il fallait que je pense au présent et le présent, c'était Sully.
Je voulais tout de même partager un repas avec lui et les enfants car je souhaitais que les enfants le connaissent un peu mieux.
Pourtant, ils ne semblaient pas en manifester le souhait. Ils lui en voulaient pour ses mensonges.
Mon cœur battait plus que de raisons car je commençais à comprendre que mon invitation voulait certainement autre chose à leurs yeux.
Pour eux, j'avais fait une croix sur Sully alors que ce n'était pas le cas, pas le cas du tout ! Je voulais juste qu'ils fassent connaissance avec lui.
Le malentendu s'est installé sans que je puisse rien y changer, d'autant plus qu'aucun d'eux ne l'acceptait, surtout Brian.
David s'est installé à la place de Sully et ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
Brian le lui a fait remarqué et j'ai trouvé cela impoli car cela ne changeait rien à mes sentiments pour Sully, qui étaient bel et bien présents.
Cela aurait pu se terminer ainsi sans l'arrivée de Sully qui a autant mal interprété que les autres la présence de David. Il avait cru que mon choix avait été fait en faveur de mon ancien fiancé. Je n'avais pas voulu que David laisse la place à Sully à son arrivée et je ne voulais pas qu'il s'en aille.
David avait parlé à la place des enfants et Sully lui en voulait car il avait menti à tout le monde.
David était prêt à s'en aller, mais je l'ai supplié de rester et là, j'ai mal agi. Sully a vraiment cru que mon choix était fait et il a rompu nos fiançailles.
Son départ précipité m'a fait mal au cœur. À cause de ce que j'avais fait, Sully a cru le contraire de ce que j'avais décidé. Pire que ça, il avait rompu nos fiançailles devant les enfants.
David est vite parti après cet incident à ma demande. J'avais besoin d'être seule. De toute façon, les enfants sont allés se coucher, car ils m'en voulaient et ne m'en parlaient plus.
Je n'ai pas dormi de la nuit en essayant de repasser la journée pour comprendre ce qui avait mal fonctionné.
J'avais peur aussi que Sully ne tienne pas sa promesse envers Brian à cause de moi. Il voulait qu'il soit présent à sa première représentation en public. Sully ne serait pas là maintenant que j'avais mal agi.
Que pouvais-je faire pour revenir en arrière et pour arriver à me faire pardonner par ma famille ? Car ils étaient ma famille et je ne voulais pas les perdre !
Durant la nuit, Sully avait dû réfléchir car il était présent pour Brian et je l'en ai remercié. Il ne voulait pas manquer Brian et son spectacle à cause de ce qu'il s'était passé la veille.
Cette phrase était aussi importante pour moi que le reste mais ce qui m'a réellement fait comprendre qu'il fallait que j'annonce ma décision à David, ce n'était pas cela.
Quand nous sommes rentrés à la maison, je me suis occupée des travaux ménagers tout en continuant à me demander comment je pouvais renouer le contact avec mes enfants.
Sully m'a donné le temps nécessaire et aucun de mes deux fiancés n'étaient présents ce jour-là.
J'admirais Sully car il avait convaincu les enfants de ne pas s'inclure et de me laisser faire mon choix seule.
Cela m'a touchée en plein cœur mais les mots qu'il m'a dit quand je suis sortie après m'être occupée des chevaux m'ont bouleversée. Sully était là en face de moi. Nos yeux se sont rivés l'un à l'autre pour un long moment et j'ai rêvé de l'instant où il allait prendre mes lèvres pour un long baiser.
Mais ce n'était qu'un rêve et pas la réalité. Il a simplement pris mes mains dans les siennes en me disant les plus belles paroles que j'ai jamais entendues de toute ma vie.
« Je vous aime, Michaëla, et je veux vous épouser. Mais plus que tout, je veux que vous soyez heureuse. »
La liberté qu'il me laissait et cet amour qu'il avait pour moi pour en venir à souhaiter mon bonheur était très émouvant. Oh, comme j'aurai voulu pouvoir dire que mon choix était déjà fait et que c'était lui que j'avais choisi.
Au lieu de cela, je suis restée plantée là sans bouger et sans parler et il est parti sans même me donner un baiser, ce baiser que j'attendais tant et que j'aurai peut-être dû lui donner moi-même.
Je suis allée me coucher le cœur un peu plus léger et j'ai enfin pu dormir un peu. Mon sommeil fut peuplé de rêve d'amour que je n'oserai pas décrire, mais qui comblait mes rêves les plus fous.
Avec ses mots d'amour, Sully avait su abattre mes dernières réserves et j'étais plus que déterminée à annoncer ma décision à David, en espérant qu'il allait comprendre car je ne voulait pas le blesser lui non plus.
David avait-il compris ma décision bien avant que je la lui annonce ? Toujours est-il qu'il était prêt à partir. Ses bagages étaient au sol quand je suis rentrée dans sa chambre.
Il m'avait expliqué qu'il devait partir mais qu'il était prêt à venir si je changeais d'avis alors je lui ai annoncé ma décision.
Il me souhaitait d'être heureuse et me proposait de m'écrire de temps à autre. Je voulais savoir ce qu'il devenait, alors j'ai accepté, le cœur enfin léger. Lui aussi était soulagé.
Il restait encore une personne à prévenir de ma décision : Sully. Il fallait absolument que je m'explique avec lui et que je m'excuse de mon comportement, mais je ne savais pas comment j'allais pouvoir effacer le mal que je lui avais fait. Effacer n'était d'ailleurs pas le bon mot car je ne pouvais rien effacer. Il me fallait juste lui dire que je l'aimais de tout mon cœur et que je n'envisageais pas la vie sans lui.
Je ne savais pas trop où me diriger pour le retrouver au plus vite mais je me suis dirigée vers un endroit qui lui tenait à cœur. L'endroit se trouvait assez loin de la ville mais il était paisible. De plus, il m'avait dit qu'il souhaitait construire une maison dans ce décor sublime et je trouvais maintenant qu'il avait raison.
J'avais été ridicule quand je l'avais découvert car je lui avais dit que je ne pourrais pas vivre aussi loin de la ville. J'ai changé d'avis en m'approchant à cheval de cet endroit et en attendant les coups de hache répétés de mon fiancé.
Il était possible de bâtir une vie dans cette future maison que Sully avait en tête car elle serait remplie d'amour et de rires.
Il était tellement occupé par sa tache qu'il ne m'avait pas entendue arriver. Il était perturbé car le tas de bois à côté de lui était plus haut que nécessaire. Il faisait toujours cela quand il était préoccupé et je devinais sans mal que c'était de ma faute.
Je l'ai appelé pour lui faire savoir que j'étais là et il s'est retourné comme s'il m'attendait.
« Vous avez pris votre décision. » Affirma-t-il.
« Oui. »
« Vous l'avez choisi ? »
« Non. »
Cette réponse négative lui fit-elle plaisir ? Je pense que oui, mais il a voulu que j'aille plus loin dans mes déclarations.
« Je vous épouser, Sully. Et vous ? »
« Et moi ... »
Ces derniers mots étaient en moi. Il souhaitait que ce soit à mon tour de poser la question. Les rôles étaient inversés et ce n'était pas pour lui déplaire car son sourire devint presque moqueur.
« Voulez-vous m'épouser ? »
Après avoir dit cette phrase, son sourire devint plus rayonnant, plus amoureux et il s'est approché de moi pour m'embrasser. Ce moment, j'en avais rêvé, mais je n'avais pas imaginé les sentiments que j'allais éprouver à partager ce moment avec lui.
Il y avait tant de détails à régler encore avant de pouvoir envisager quoi que ce soit. Je m'en fichais. J'avais ce que je désirais. Je ne pourrai pas dire combien de temps notre baiser a duré mais je peux encore affirmer qu'il m'avait bouleversée et que mon cœur s'était mis à battre plus vite.
Lorsque ses lèvres ont lâché les miennes pour reprendre son souffle, et que sa main a saisi la mienne, je me suis laissée entraîner sur ce chemin. Il m'a fait tourbillonnée, m'a soulevée dans les airs. J'aurai voulu que ce temps ne s'arrête pas et qu'il dure pour toujours.
L'euphorie nous a gagné peu à peu.
Je me croyais dans un rêve où enfin, je finissais heureuse avec un homme. Il restait encore beaucoup de temps avant d'envisager une vie en commun.
Des questions allaient bien sûr se poser dans l'avenir car nous ne savions pas de quoi serait fait l'avenir. Nous n'avions pas de dates pour le mariage, nous ne savions pas comment nous allions faire avec les enfants.
Mais ces questions-là, nous ne nous les sommes pas posées à ce moment-là. Nous voulions savourer ce bonheur ensemble, un bonheur qu'aucun de nous n'avait vécu auparavant.
Sully avait un avantage sur moi. Lui qui avait été marié et il savait donc ce qui l'attendait alors que je ne savais pas à quoi je m'exposais. Une nouvelle vie m'attendait, une nouvelle vie que j'envisageais avec Sully.
Pourquoi n'avais-je pas compris plus tôt que ma vie n'allait pas sans lui ? Avec mes réserves, mes appréhensions et mes doutes, je n'avais fait que retarder les choses.
Avais-je perdu trop de temps ? Il me fallait peut-être du temps et j'espérais changer au contact de Sully en bien, bien entendu.
Je ne savais pas encore ce qui m'attendait à l'aube du mariage mais j'allais le découvrir.