Mon implication a donc été mise à jour, même si j'ai bien insisté sur le fit
que j'étais la seule à faire cela, afin de couvrir Sully.
Il m'a enfermée en prison pour ma désobéissance et pour espionnage. Je payais
ce que j'avais fait et que je ne regrettais pas.
S'il avait fallu le refaire, je le referai aussi souvent que possible. Les
enfants trouvaient cela injuste, surtout Brian.
Pour Colleen, c'était différent. Elle voyait réellement où pouvait conduire
toutes les tricheries et je lui ai dit que l'important était la vérité.
Mes paroles avaient eues un impact chez elle.
Elle est partie immédiatement pour aller se dénoncer à Dorothy et, quand je
l'ai su, je lui ai dit que c'était la meilleure solution. Pendant ce temps-là,
Sully avait trouvé un moyen pour convaincre le Sergent Carver de me libérer, il
m'en avait d'ailleurs parler en venant me voir en prison.
Il l'emmena avec lui en lui faisant croire que Bison Noir était prêt à signer
un traité de paix. Son intention était, en fait, de lui faire voir les
conditions de vie réelles des Indiens.
Carver a tout vu et a constaté par lui-même ce que ses hommes et lui
faisaient.
Il a bien vite compris pourquoi Sully l'avait emmené au campement Indien. Il a
promis d'y réfléchir.
Quand il est revenu à Colorado Springs, le Capitaine était sur pied et il a
perdu sa place et a été emprisonné dans la même cellule que moi, soupçonné
d'avoir traité avec l'ennemi.
Je pensais à une chose pour le sauver mais il fallait que je sache ce qu'il
voulait faire par la suite.
Sully m'a pris dans ses bras pour me consoler et surtout pour me féliciter. Il
semblait heureux de la décision que nous avons pris : celle de sauver un
homme.
Colleen a compris pourquoi Sully et moi avons menti et tricher et elle m'a
promis qu'elle ne recommencerait pas à tricher à l'école.
Brian a aussi tout compris pourquoi Sully avait accompagné les Soldats. Le seul
qui soit resté assez indemne était Matthew.
Il nous avait aidé à faire tout ce que nous prévoyions mais il n'avait
peut-être pas tout compris.
La vie n'avait pas fait encore comprendre à Matthew toutes les ficelles,
j'étais assez mal placée pour l'aider à le faire. Les difficultés financières,
je ne les connaissais pas.
Ayant grandi dans une famille riche et sans problème d'argent, je ne pouvais
pas vraiment comprendre ce qu'il traversait véritablement.
J'aurai voulu l'aider mais Matthew refusait.
Du coup, les dettes s'accumulaient. Sully m'avait parlé de ses soucis de
Matthew, mais je ne pouvais rien y faire.
Il voulait prouver à tout le monde qu'il était un homme, s'il était besoin de
le prouver.
Donc, les travaux de la maison avançaient peu. Il avait un besoin urgent
d'argent pour pouvoir y parvenir.
L'argent facile était à portée de ses mains et, même s'il avait refusé au
premier abord, cela lui avait semblé la meilleure des solutions. Je n'avais
aucun pouvoir sur Matthew, car je n'étais pas sa mère biologique, il fallait
qu'il comprenne par lui-même.
Je ne savais pas trop comment il pouvait y arriver, mais il a semblé trouver
une solution pour gagner de l'argent.
Tout ce que je sais c'est qu'il avait trouvé les moyens d'acheter des cadeaux
pour tout le monde. Colleen, Brian et même Sully avait accepté ses présents,
sauf moi.
Quand j'ai su comment il avait gagné cet argent, je refusais net tout ce qui
avait pu être gagné comme cela. Le poker et l'argent gagné avec était bien loin
d'être honnête et Matthew ne le comprenait pas.
Il fallait qu'il en fasse l'expérience par lui-même car il affirmait pouvoir
arrêter quand il le voudrait.
Il ignorait que ce ne serait que la vérité, que plus il jouerait, moins il
pourrait avoir de chance de s'en sortir.
Il voulait à tout prix jouer jusqu'à ce qu'il ait assez d'argent pour arriver à
finir sa maison et pour se marier avec Ingrid.
Je pensais que ce que je donnais à sa fiancée pour payer le lavage du linge
pourrait le dissuader de continuer, car elle lui avait donné pour
l'aider.
Mais cela ne suffisait pas. Il continuait à jouer, malgré tout
cela !
Il avait manqué un dîner avec elle et elle s'était disputé avec lui, car elle
aussi refusait sa manière de gagner sa vie. Elle lui en voulait surtout parce
qu'il utilisait aussi son argent à elle.
Il déployait toutes les ruses possibles pour arriver à ses fins, en utilisant
les conseils d'un homme peu recommandable.
Le Révérend était d'ailleurs mal à l'aise en présence de cet homme-là, et
personne n'en comprenant pas la raison.
Matthew commençait à attirer l'attention et aussi les jalousies et cela s'est
confirmé. Ce dont j'avais peur est arrivé.
Il s'est fait volé son argent après avoir gagné au poker. Les convoitises
s'étaient éveillées et il avait bien attiré les foudres.
Horace est venu me prévenir de l'attaque et, en effet, Matthew était drôlement
amoché.
Il avait des ecchymoses et des ématums partout sur le corps et il avait perdu
tout son gain.
Je pensais que cela lui servirait de leçon, qu'il arrêterait comme ça sans
demander son reste.
Je pensais qu'il ne prendrait plus le risque de s'exposer à la folie des
hommes, surtout des joueurs de poker qui buvaient plus que de raisons.
Parmi ses adversaires, il y avait Jake et je savais que ce n'était pas lui qui
l'avait dépouillé.
Mais des habitants de la ville s'étaient mis derrière lui pour l'encourager à
recommencer, convaincus qu'il avait trop de chance pour s'arrêter là.
Tout le monde lui avait donné de l'argent à parier pour qu'il puisse participer
au tournoi de poker.
Parmi les parieurs, il y avait Horace mais aussi Grace et RobertE qui me
l'avaient révélé. J'avais bien essayer de les en dissuader si je l'avais su
plus tôt.
Mais ils y voyaient un moyen d'augmenter leurs gains plus facilement. Bien sûr,
ma vie ne ressemblait pas à la leur, car ils avaient du mal à s'en sortir et
que je ne savais pas vraiment ce qu'ils traversaient.
Il y avait aussi Dorothy qui avait mis de l'argent. Tout le monde le poussait à
continuer alors que je faisais tout pour qu'il arrête. Il ne pouvait et ne
voulait pas les décevoir.
Pour eux, il rejoua tout ce qu'on lui avait donné mais la chance ne fut pas au
rendez-vous. Il avait perdu tout ce que les habitants lui avaient laissé.
La leçon avait enfin porté ses fruits et l'arnaqueur s'apprêtait à repartir en
toute discrétion.
Mais, entre temps, le Révérend avait mis Sully et RobertE dans la confidence de
son passé et ils l'avaient aidés à se faire entendre.
RobertE était apparu en premier pour obtenir gain de cause, puis Sullly avait
fait surface avec son tomahawk, prêt à l'utiliser si besoin était.
Bien sûr, il n'avait pas eu besoin de s'en servir, car l'homme leur rendit tout
ce qu'il avait volé à Matthew.
Tout cela, je l'ai su quand Sully en a parlé à mon fils, et qu'il m'a pris à
part pour me rendre ma bague de fiançailles, que j'avais donné à Matthew.
Il ne m'a pas parlé plus que cela du passé du Révérend. Après tout, il avait le
droit d'avoir une vie avant la prêtrise, même peu recommandable.
Oui, à ce moment-là, je me suis rendue compte que notre homme d'église avait
fait des erreurs, comme tout le monde, et qu'il était rentré dans les ordres
pour échapper à cette vie-là.
Matthew a donné tout l'argent qu'il avait récupéré à l'église, une bonne façon
de se pardonner à lui-même de s'être laissé entraîner dans une histoire de jeu
dû au hasard et à la chance.
L'épreuve avait fait son travail chez lui.
Peut-être était-ce le moyen pour qu'il apprenne par lui-même.
C'était un homme maintenant et il fallait qu'il fasse les choses par lui-même.
La vie a repris son cours normal, Matthew a trouvé un travail honnête. Nous
avons pu aller ua magasin comme à chaque fois que nous en avions besoin, sans
savoir ce qui nous attendait.
Ce jour-là, quelqu'un est entré dans le magasin pour retrouver sa mère, qu'il
n'avait pas vue depuis longtemps.
Dorothy, avait, bien sûr, était heureuse de le retrouver et elle me l'a
présenté : il s'agissait de Tom, qu'elle surnommait Tommy.
C'était un ancien combattant, blessé à la jambe et qui marchait avec une canne.
Dorothy m'avait déjà parlé de lui.
Et elle avait parlé de moi à son fils. Il semblait content de faire ma
connaissance, ou peut-être souhaitait-il autre chose ?
Il boitait et Dorothy remarqua que sa blessure le faisait encore souffrir. Ce
fut à ce moment-là qu'elle se rendit compte que je pouvais l'examiner et le
soigner.
J'ai bien sûr accepter et ils sont venus tous les deux jusqu'à ma clinique. Ne
connaissant pas ses antécédents médicaux et me fiant à la douleur du jeune
homme, je lui ai administré peut-être une dose trop élevée pour son cas.
Puis, je les ai invités à dîner, lui et sa mère, ainsi que Loren. Je voulais
tout savoir sur ce jeune homme, le fils de ma meilleure amie.
Comme tous les combattants, il n'aimait pas parler de la guerre et de ce qu'il
avait vécu. J'ai même essayé de savoir quel était le nom du médecin qui lui
avait sauvé la jambe.
Mais il en savait très peu et n'aimait pas en parler.
Quand ils sont partis, Tom a failli oublier sa canne, jusqu'à ce que Sully le
lui rappelle. J'ai été étonnée par son attitude et le fils de Dorothy me l'a
expliqué en me remerciant pour mes soins.
J'étais bien loin de me douter de ce qu'il allait faire.
Tom est revenu à la clinique pour ses douleurs, car elles étaient réapparues,
et il souhaitait que je lui donne de la morphine.
Je ne l'ai pas fait car, cette fois-ci, il ne semblait pas mal en point. Puis,
à la nuit venue, après avoir volé une bouteille à Loren, il est venu à la
maison.
Après avoir cassé une vitre à la clinique et n'ayant pas trouvé ce qu'il y
cherchait - il avait saccagé mon bureau - il est venu chez moi. Il s'était
masqué le visage et était entré dans un silence religieux.
Il a vu Colleen et lui a mit sa main sur la bouche et lui a ordonné de venir me
chercher.
Mais, étant donné que j'avais entendu du bruit, je m'étais levée et Matthew et
Brian avaient été réveillés et ils sont arrivés.
C'est à ce moment-là que l'intrus a visé Matthew et, pour le sauver, je me suis
emparé du fusil et j'ai tiré.
Je ne pensais qu'à la vie de Matthew, et je n'ai pas réfléchi aux conséquences
de mon geste. Cela pouvait mettre en péril la relation amicale que j'avais avec
Dorothy, car nous avons reconnu son fils, Tom.
Nous l'avons donc emmené à la clinique pour le soigner car j'avais tiré dans
une de ses jambes.
Colleen voulait m'aider à le soigner, mais elle avait déjà été trop exposée, et
j'ai préféré la mettre à part, donc j'ai confié les enfants à Grace et
RobertE.
Aussitôt mis au courant, Loren, Dorothy et Jake sont arrivés à la clinique.
J'ai demandé à Dorothy de sortir car elle voulait rester à l'intérieur.
Je ne pouvais pas soigner son fils que j'avais blessé devant ses yeux. Loren
m'a bien aidé en la convainquant de m'écouter.
Avec l'aide de Jake, j'ai pu soigner Tom, et le lendemain, j'ai ainsi pu
annoncé à tout le monde que tout allait bien.
Hank m'a félicité et mon malaise est réapparu. Heureusement, Matthew avait été
prévenir Sully.
J'avais bien besoin de son soutien après ce que j'avais fait. Il m'a prise dans
ses bras dès son arrivée et nous nous sommes isolés pour en parler.
Je n'aurai jamais dû tirer sur Tom comme cela mais Sully ne voyait pas les
choses comme ça.
Je l'avais fait pour sauver Matthew. Il ne fallait pas que je m'en veuille. Je
n'aurai peut-être pas dû lui donner autant de morphine, non plus. Il était
peut-être devenu dépendant à cause de moi. Trop de
« peut-être ! ».
Pour « mon métis », je n'avais pas à douter de mes compétences
médicales, j'étais un bon médecin.
Il fallait juste que je continue à croire en moi et que je prenne soin de Tom.
Il me proposa de m'accompagner voir Nuage Dansant.
J'ai compris que, par ce geste, il voulait me rassurer complètement. Les
plantes qu'il m'a fait voir, comme l'écorce de saule, m'ont guidée.
Je devais utiliser les plantes pour éviter tous risques de dépendance. Mais
pour l'Homme Médecine, je n'étais pas coupable non plus.
En revenant à la clinique, je devais m'occuper de Tom mais aussi de Colleen,
qui ne réagissait pas trop à ce qu'elle avait subi.
Je pense que j'avais besoin d'aide pour m'apercevoir du mal-être de « ma
fille ». Il est vrai que j'étais bien affectée moi aussi.
Alors, j'ai laissé Colleen seule.
Dès le lendemain, je me suis aperçue que la blessure que j'avais fait à Tom
s'aggravait …
Les problèmes en ville se multipliaient. Il en avait été question pendant la
messe dominicale. Personne n'avait de solution immédiate. Il y eut des
habitants qui proposèrent une élection municipale.
Ce fut le Révérend qui trouvait cette idée bonne. Il fallait un conseil
municipal pour prendre ses décisions et élire un maire. Jake proposa Loren mais
le vieil épicier ne voulait pas.
Loren le proposa à son tour. Les murmures d'approbation remplissaient la
salle.
Il fallait un adversaire à Jake pour qu'il ne soit pas élu automatiquement et
Horace proposa mon nom.
Je n'étais pas assez au courant et ne connaissais rien à la politique ni aux
affaires de la ville.
Mais il allait falloir se battre. J'avais aussi besoin d'aide mais l'aide
allait arriver. Dorothy avait prévu de m'aider.
Elle mettait sa Gazette entre parenthèses. Ce geste me faisait chaud au
cœur.
Mais les enfants, surtout Matthew, ne semblaient pas heureux de ma candidature
et Sully ne m'en croyait pas capable.
C'était un nouveau défi à relever mais ce défi ne me faisait pas peur. Il
allait falloir que je me batte pour les femmes de la ville.
Il y avait des combats à mener. Grace, Myra et Dorothy me soutenaient. Il
fallait que je continue pour elles.
Bien sûr, j'avais bien du mal à savoir où mettre mes pancartes pour les
afficher. J'étais cependant assez loin de me douter de ce que l'adversaire
allait faire.
Il se passait des choses derrière mon dos et les méthodes étaient douteuses.
Déjà, j'avais refusé d'accompagner Sully à la réserve pour une cérémonie
importante pour mon amie Oiseau Blanc.
Le temps me manquait pour les enfants aussi.
Mais en me rendant au restaurant de Grace, j'ai découvert les calomnies que
l'on disait sur moi dans le journal de Denver.
Il y été fait état de ma réputation pas très recommandable. On me
soupçonnait de coucher avec Sully sans s'être mariés. Les gens croyaient ce
qu'il y avait d'écrit ! Pouvais-je leur en vouloir ?
Le doute s'était installé dans l'esprit du Révérend et pourtant, nous
avions rien à nous reprocher.
Seulement, la rumeur s'est répandue comme une traînée de poudres et les
sondages étaient en ma défaveur.
J'avais vraiment envie d'arrêter là ma campagne et de renoncer. Je n'étais
pas à la hauteur et un événement me l'a confirmé. Tout était contre
moi !
Dorothy et moi étions parties pour aller convaincre ceux qui ne voulaient
pas se déplacer de voter. Je savais déjà que les femmes du club de couture
s'en remettraient à l'avis de leur mari et qu'elles ne s'y opposeraient
pas.
Pendant mon absence, Myra s'est faite attaquée par un client du saloon.
Heureusement, Sully l'a entendue crier et l'a sauvée. Puis, il l'a emmenée
à la clinique, où Colleen a pris soin d'elle.
Quand je suis revenue, j'ai tout de suite compris et je me suis occupée de
Myra, en me reprochant mon absence. Je ne pouvais pas tout gérer en même
temps. Être médecin et candidate à la mairie n'était pas compatible. Mes
patients en payaient les conséquences.
Tout abandonner pouvait s'avérer lâche aussi. Je ne savais pas quoi faire.
Je ne pouvais pas tout gérer.
La meilleure des solutions était sans doute de réfléchir. Mais, alors que
je pensais qu'il valait mieux arrêter dans l'intérêt de tout le monde.
Matthew est arrivé à la clinique en m'annonçant qu'il avait gagné quelques
voix pour moi.
Myra a insisté en me disant que tous les espoirs étaient en moi.
Pour les femmes de la ville, pour les enfants, je ne pouvais pas
abandonner, alors je me suis laissée convaincre.
Mais je ne m'attendais pas à toutes les difficultés que cela allait
entraîner. Voter pour une femme allait être dur pour certains hommes. Étant
donné que seuls les propriétaires pouvaient voter et que la grosse majorité
d'entre eux étaient des hommes, cela allait entraîner des soucis.
Les sondages m'étaient défavorables, comme je m'y attendais mais je voulais
revenir sur aucune de mes propositions.
Jake et Loren n'étaient pas prêts à céder non plus, rien n'avançait
réellement.
Les personnes avaient peur de moi et de mes idées. Étant une femme, je
pouvais que les défendre et nous avions besoin d'être plus protégées et
mises en valeur.
Tout était fichu pour moi. Un peu plus, et je n'aurai même pas de siège au
Conseil Municipal.
Sully avait eu une idée pour m'aider. Il fallait que je lui fasse
confiance. Je ne demandais que cela. Depuis que je m'étais lancée dans
cette aventure, il ne m'avait pas soutenue.
Et il le faisait enfin !
On allait voir ce que ça allait donner.
Horace m'avait beaucoup aidée et avait enregistré tous les actes de vente
de propriété de Sully aux femmes.
Il leur donnait ainsi la possibilité de voter, vu qu'elles étaient
propriétaires, il avait fait cela pour moi.
Je les ai vues se succéder les unes aux autres, heureuses d'avoir leur mot
à dire.
Mon cœur battait à tout rompre. Ma présence était obligatoire pour dire
« bonjour » et sourire. J'avais un peu l'impression d'être
l'objet de toutes les attentions.
Le seul homme à me soutenir, mis à part « mon métis » qui était
prêt à tout, était Horace. Je représentais l'espoir pour lui car je voulais
interdire la prostitution.
Myra et lui y voyaient une possibilité de se marier plus vite. La liberté
des femmes étaient une de mes priorités.
Elle est venue voter à son tour en boitant, mais elle tenait à être
présente et à voter. Hank était surpris mais il ne pouvait rien faire
contre cela.
Il ne restait plus qu'à attendre le résultat. Les comptes allaient être
longs. Avec l'idée de Sully et l'aide des enfants, je savais que j'avais
plus de voix que prévu.
Jake et Loren n'allaient pas gagner aussi facilement que cela et j'en étais
heureuse. Ils avaient bien besoin de voir que tout n'était pas aussi facile
qu'ils le pensaient.
Dorothy eut alors une idée pour s'assurer que les femmes auraient plus de
droit dans l'avenir. Nous devions parler avec les adversaires pour conclure
un accord.
J'ai réalisé l'importance d'un tel engagement.
Bien sûr, c'était dans les deux sens et c'est là que tout est allé mal. Je
leur ai proposé de faire en sorte que les femmes puissent voter mais je
devais renoncer à mon idée d'interdire la prostitution.
Je n'en avais pas vraiment envie. J'avais promis à Horace et Myra de les
aider et je ne pourrai pas tenir cette promesse.
Dorothy me poussait à accepter cette proposition, en me convainquant de
trouver une autre solution.
Je me suis excusée envers Myra, qui comprenait parfaitement. Horace, lui,
m'en voulait. Je n'avais pas le choix ! Je devais accepter au nom de
toutes les femmes de la ville.
Les résultats n'ont pas tardé à être connus peu de temps après. Jake a
gagné avec beaucoup d'avance. Je n'ai pas été déçue car ma candidature
allait permettre une grande avancée pour les femmes.
Je devais tout de même aider Myra, car elle avait décidé de quitter Hank
coûte que coûte.
Je lui ai promis de l'aider à se défendre. J'avais besoin de ce combat.
Horace m'a remerciée de cela.
Dans cette bataille, j'avais gagné une chose, le droit de vote des femmes
de la ville.
Je dois dire que j'étais un peu soulagée d'avoir perdu l'élection car
j'aurai plus de temps à accorder aux enfants et à Sully.
Et justement, ils m'avaient tous réservé une soirée de rêve en famille. Le
dîner fut rapidement un dîner festif.
Je réalisais que mes enfants ne m'en voulaient pas pour ce que j'avais
entrepris et surtout, qu'ils étaient prêts à m'aider dans toutes mes
luttes.
Quant à Sully, je sais que je lui devais une fière chandelle pour ce qu'il
avait fait pour moi.
Ils s'étaient connus bien avant, car elle avait été recommandée par lui. Je
voulais en savoir plus pour essayer de comprendre les raisons de son
retour.
Colleen venait de partir pour aller avec Becky et j'ai invité Louise à
déjeuner.
Quand elle a accepté avec plaisir, Brian s'est enfui pour rejoindre sa
sœur. Il semblait fuir la présence de son institutrice. Je n'ai pas
vraiment cherché à comprendre pourquoi il avait réagi comme cela. J'ai
appris beaucoup sur la relation qu'elle entretenait avec le Révérend.
Elle semblait sûre d'elle et de son amour pour lui. Elle a aussi cherché à
savoir qui était Sully pour moi, car je lui avais parlé de lui. Il y en
avait beaucoup à dire.
Mais j'ai compris que cette femme allait emmener des soucis le lendemain.
J'aurai même dû m'en apercevoir plus rapidement.
Brian était peu désireux de se rendre à l'école. Il avait mal au ventre. Il
aurait plutôt voulu rester avec moi à la clinique.
Je lui avais permis de venir me rejoindre si jamais il se sentait vraiment
mal et cela l'avait soulagé.
Par contre, Becky avait convaincu sa mère de se rendre à la clinique. En
écoutant ses symptômes, j'ai commencé à m'apercevoir que Brian présentait
les mêmes.
Mais ce n'est pas ce qui m'a alarmée. En l'examinant de plus proche, j'ai
vu des traces derrière ses oreilles. Becky m'a donc expliqué qu'elle devait
désobéir.
Je regardais sa mère, car j'avais du mal à croire que ce soit elle qui l'ai
punie de cette façon-là.
Et, en effet, ce n'était pas elle. Colleen disait que c'était de sa faute,
car, en classe, elles discutaient ensemble.
Louise avait, semble-t-il, cherché à les séparer, et comme Becky ne le
voulait pas, elle l'avait attrapée durement par l'oreille et l'avait
obligée à le faire.
Notre charmante institutrice semblait utiliser les châtiments corporels
pour punir les enfants. Et la question est venue dans mon esprit :
avait-elle touché Brian ?
J'aurai voulu que ce ne soit pas le cas.
Heureusement, Sully était revenu entre temps. Son soutien dans cette
terrible épreuve allait m'être indispensable.
On a découvert que Brian aussi avait été maltraité par Louise et mon cœur
de mère s'est brisé.
Je ne pouvais pas accepter l'idée que cette femme abuse de son autorité sur
des enfants sans défense. Elle avait déjà avait été trop loin en s'en
prenant aux autres enfants, de toute manière.
Elle devait s'en aller et vite et arrêter de faire du mal à ses élèves pour
des prétextes douteux.
Dorothy, qui s'occupait d'eux auparavant, n'avait pas au ce genre de
comportement.
Louise allait trop loin. Comment avais-je pu devenir amie avec une femme
comme elle, capable de s'en prendre à des êtres sans défense ?
Sully a essayé de me rassurer. Je ne le savais pas, bien sûr, mais qui
aurai pu le savoir ? Même le Révérend ne le savait pas.
Et les enfants n'osaient pas se plaindre que quand c'était grave. Le seul à
regretter son départ fut le Révérend. Il était déçu de ce qu'elle était
devenue, certainement.
Les soucis n'étaient pas partis pour autant. Les convois alimentaires
mettaient toujours autant de temps à arriver à la réserve Indienne.
Pour une fois, l'Armée avait fait vite et j'ai conduit les Soldats moi-même
un jour plus tôt que prévu.
Je ne savais pas que j'aurai plutôt dû ajourner mon escorte.
Quand je suis arrivée, les Soldats se sont faits tirés dessus et ils ont
été assassinés. Je ne savais pas qu'ils étaient là.
Sully m'a accusée, mais je n'y étais pour rien, ce que Nuage Dansant le lui
a fait comprendre. J'ai essayé de récupérer mes affaires médicales, mais
Sully m'a raisonnée.
Je ne pouvais pas faire autrement que de me taire. Il fallait le faire pour
les Indiens. Il fallait que j'oublie ce que j'avais vu. Je ne savais pas
que le mensonge allait me peser tout au long de mes journées et de mes
nuits.
Pourtant, quand je suis revenue en ville, et que le Général Custer m'a posé
la question, j'ai répondu que les Soldats étaient partis peu de temps après
leur arrivée.
Face à lui, je n'avais pas eu de scrupules.
En revenant chez moi, le calme et la sérénité sont revenus en moi. Il
fallait réfléchir au cadeau d'anniversaire de Brian et lui demander quel
cadeau il souhaitait.
Il voulait un cheval, celui que Hank avait gagné au poker. Je lui prêterais
plus volontiers Éclair sous mon regard vigilent que de lui en acheter
un.
Cela ne me suffisait pas pour oublier ma culpabilité quant à mes mensonges
sur les attaques des Renégats et les Soldats qu'ils avaient tués.
Une des femmes des Soldats était venue me demander ce que son mari était
devenue. Eux aussi avaient de la famille et je ne supportais pas le fait de
mentir.
J'étais mal à l'aise face à elle et ne savait pas comment me sortir de
cette situation. J'ai tout de même décidé de dire la vérité la prochaine
que la question me serait posée.
« Mon métis » semblait m'en vouloir.
J'avais besoin de conseils, et, sachant que Sully ne voulait pas écouter
mes protestations, je suis allée voir Dorothy.
Après lui avoir fourni des explications, sur sa volonté de tout savoir,
elle m'a dit qu'il fallait que je dise la vérité, avant que l'Armée et les
habitants ne la découvre.
Si je ne le faisais pas, et que la vérité était découverte avant que je
fasse mes aveux, les gens allaient m'en vouloir et me demander pourquoi je
l'avais cachée.
De toute façon, je n'ai pas beaucoup de temps pour réfléchir aux conseils
de Dorothy, car le Général Custer est revenu en ville.
Lors de l'une de ses patrouilles avec ses Hommes, ils avaient retrouvé mon
stéthoscope et d'autres de mes fournitures médicales aux mains d'un Indien
qu'ils avaient arrêté.
Je n'avais pas le choix que de leur dire ce qui c'était réellement passé,
car Custer avait la preuve formelle de ma présence au campement Indien lors
de l'attaque.
Je lui ai dit que les Soldats m'accompagnant avaient été tués et il m'a
demandé d'identifier l'un de leurs assassins, qui était bien celui qu'ils
avaient arrêté.
Pour le juger, ils allaient le pendre.
Bien que je fus contre ce genre de technique, je ne pouvais m'opposer seule
à la volonté de l'Armée.
J'avais tout de même l'envie de protéger « mon métis » et Nuage
Dansant. La vérité était peut-être bonne à dira mais elle avait ses
limites.
Aussi, quand le Général Custer m'a posé la question, j'ai affirmé être
seule avec les Soldats. D'une certaine manière, je les protégeais. Le fait
d'avoir trahi Sully et son désir de garder tout cela secret aurait pu le
faire éloigner de moi.
Après tout, en voulant satisfaire mon besoin de vérité, je ne l'avais pas
écouté. Avait-il compris que je n'avais plus le choix ?
Je ne sais pas, mais, suite à mes déclarations, au lieu de me fuir –
j'aurai compris qu'il le fasse – il est resté près de moi. Son désir de me
protéger avait-il été plus fort que sa rancœur ?
Je ne savais pas que j'allais devoir affronter bien pire. Si j'avais su ce
que j'allais subir par la suite, j'aurai certainement agi
différemment.
Nous sommes allés ensemble au campement Indien. Il fallait aussi affronter
les Cheyennes. Ils ne m'en voulaient peut-être pas.
Les Indiens ne comprenaient pas que l'Armée les pourchasse et qu'elle soit
au courant des agissements des Renégats. Les représailles étaient en
cours.
D'ailleurs, le Révérend avait été blessé et il souhaitait maintenant que
les responsables soient pendus et qu'ils aillent brûler en enfer.
Pour Marche sur les Nuages, il y avait forcément une personne qui avait eu
la langue trop longue, et il accusait Sully.
Pour calmer les nerfs de ce jeune garçon, j'ai dû avouer que c'était moi,
pour protéger Sully. Mais Marche sur les Nuages en voulait aussi à son
père, Nuage Dansant, de nous avoir comme amis.
Alors, le jeune homme s'est enfui avec les Renégats, croyant avoir là un
moyen de se défendre et de se venger.
La rupture entre le père et le fils était due à ce que j'avais révélé, mais
je n'avais pas eu le choix.
J'ai lu dans le regard de Nuage Dansant toute le tristesse qu'il éprouvait
d'être incapable d'empêcher son fils de faire des bêtises.
Je n'avais pas de mots pour essayer de m'excuser vis-à-vis de l'Homme
Médecine, alors je voulais partir au plus vite.
Sully a dû le comprendre car il lui a serré la main et m'a ramenée à la
maison. Il devait penser qu'il devait tout faire pour me protéger et il ne
savait comment s'y prendre.
La ville était de plus en plus attaquée par les Renégats depuis mes aveux
et je m'en sentais responsable. Certaines personnes voulaient même aller se
venger au campement Indien.
Sully est arrivé en ville juste au bon moment. Les Renégats lançaient des
flèches de feu partout et il m'a protégée de son mieux quand ils ont
essayés de me viser.
La clinique avait été en feu mais « mon métis » avait vite arrêté
le feu et tout était redevenu normal.
Néanmoins, je ne pouvais pas laisser tomber mes patients à cause d'un
possible danger pour moi. J'avais une patiente qui s'était fait mal à une
cheville et qui ne pouvait donc plus se déplacer pour venir en ville.
Il était convenu que Matthew m'y accompagne mais quand Sully a appris que
j'avais l'intention de sortir de la ville, et que j'avais bien envie de m'y
rendre, il a pris la place de Matthew.
Avec lui, je ne risquais rien, c'est ce que je pensais en tout cas, et
pourtant …
Ma patiente n'était plus chez elle. Je pensais, à juste prix
qu'elle avait été transportée par l'Armée pour recevoir mes
seins.
Le déplacement avait été inutile. Il fallait le reconnaître.
Mais, alors que « mon métis » et moi pensions pouvoir
partir, il s'est passé quelque chose qui aurait pu changer le cours
de ma vie.
Les Renégats approchaient de la maison. J'ai dit à Sully de partir
car ils nous avaient certainement suivis et que c'était moi qu'ils
voulaient et personne d'autre.
Mais Sully ne partit pas car il voulait chercher un moyen de me
sauver. Il ne pouvait pas m'abandonner.
Mais les Renégats étaient bien plus nombreux que lui, et même après
la lutte acharnée qu'il avait menée pour essayer d'éviter
l'inévitable.
Mais ils ont eu raison de lui et ils m'ont emmenée devant lui, qui
tentait sa dernière chance.
Ils m'ont obligée à monter à cheval et « mon métis » a
assisté à tout cela sans pouvoir intervenir.
Le reste a été une véritable épreuve. J'ai entendu Sully en jurant
qu'il allait me retrouver, puis crier quelque chose d'autre en
Cheyenne.
Puis, son visage a disparu de ma vue au fur et à mesure de la
course des chevaux. Je ne savais pas ce qu'ils allaient faire de
moi, ni où ils me conduisaient.
J'espérais que Sully allait tout faire pour me retrouver. Je
pensais encore aux enfants, surtout à Brian.
Allait-il être triste de cela ? Certainement, les enfants
seraient choqués mais je savais que certaines personnes prendraient
soin d'elle.
J'étais entourée par les Indiens, qui me fixaient tous.
J'étais dans l'incertitude de mon avenir. Je savais seulement qu'Un Œil
avait eu l'intention qui lui rappela que je ne valais rien une fois morte.
Ils voulaient m'utilise. Certains d'entre eux étaient prisonniers de
Custer.
Alors que je me battais pour garder confiance, je savais que Sully avait eu
le temps de rentrer en ville et de demander de l'aide et qu'il allait
revenir vers moi.
J'ai dormi très peu cette nuit-là car j'étais constamment surveillée par
quelqu'un. Je n'avais aucun moyen de me sortir de là sans aide
extérieure.
Et l'aide extérieure ne pouvait venir d'une seule et unique personne, qui,
je le savais, me recherchait activement.
Je pensais à lui sans cesse et aux enfants aussi. Je ne devais pas me
laisser aller pour eux.
Cette force, qui était en moi depuis des années, ne me faisait pas défaut
maintenant. Je devais me battre et manger.
Bien trop dur à supporter, mon enlèvement aurait pu me peser et je n'avais
que mes pensées pour me sauver.
Sully me retrouverait à temps, enfin, je l'espérais.
Je trouvais mes disputes avec lui bien infantiles à ce moment-là. J'avais
besoin de le revoir, qu'il me serre dans ses bras et qu'il m'embrasse. Il
n'y a qu'avec lui que je me sentais en sécurité.
J'avais envie de lui dire « Je t'aime » et
« Pardonnes-moi » mais je ne le pouvais pas.
Ces heures d'angoisse ont duré trop longtemps. Je ne savais pas si j'allais
retrouver les enfants ou pas.
Je savais que Sully était à ma recherche et qu'il ne lâcherait rien. Après
tout, il connaissait toutes les techniques utilisées par les Renégats. Il
était le seul à pouvoir me venir en aide.
J'ai tout de même essayé de m'enfuir en me débattant pour le rejoindre.
Bien sûr les Renégats m'en ont vite empêchée.
Pour me punir, ils m'avaient enlevé mes bas et mes chaussures et j'ai dû
marcher pieds nus. Les montagnes étaient pleines de rochers coupants et
blessants et mes pieds me firent vite souffrir. Mon seul espoir de m'en
sortir n'était pas loin.
Alors que je continuais à marcher, j'ai vu Wolf au loin et Sully m'a
appelée. Je lui ai bien sûr répondu.
Les Renégats étaient bien trop malins pour ne pas arrêter Sully. Ils lui
ont ordonné de ne pas nous suivre car ils s'en prendraient à moi au
sinon.
Marche sur les Nuages lui a dit qu'ils me libéreraient si les siens étaient
libérés en ville. Je savais que Sully ne m'abandonnerait pas ainsi.
D'ailleurs Wolf a continué à suivre discrètement ma trace. Mais cela ne
suffisait pas aux yeux de Marche sur les Nuages. Il avait essayé de m'aider
à m'enfuir car il disait que j'étais la seule à pouvoir sauver les siens.
J'ai tenté de me cacher dans les herbes hautes, mais ils m'ont tout de même
rattrapée.
Je ne savais pas quelle serait mon autre punition pour avoir de nouveau
tenté de m'évader.
Après avoir informé Custer des intentions des Renégats, Sully était de
nouveau sur ma trace.
Il était revenu. J'ai senti sa présence près de moi et il a imité le chant
d'un oiseau.
C'était une de ses manières de me faire connaître sa présence et je l'aurai
reconnue n'importe où tant j'avais besoin de le savoir près de moi.
Il fallait que je trouve un moyen de le rejoindre, alors j'ai prétexté une
envie naturelle. C'était sans compter sur Un Œil.
Il avait d'autres ambitions, je l'ai compris. Je lui ai demandé de se
retourner mais il ne m'a pas écoutée. Au lieu de cela, il a commencé à
vouloir défaire ma ceinture et j'ai crié « Sully » aussi fort que
j'ai pu.
Et il est apparu de nulle part pour me secourir à temps. Juste au moment où
le Renégat m'embrassait de force, Sully à commencé à sa battre avec
lui.
Il a réussi à l'assommer, à eu à peine le temps de me demander comment
j'allais, avant de me prendre dans ses bras, de traverser l'étang et de
m'emmener loin de tout cela.
Nous avons parcouru une longue distance, essayant de mettre le plus de
mètres possibles entre eux et nous.
J'étais épuisée, prête à m'endormir dans les bras de Sully à chaque pas
qu'il faisait. La seule chose qui me tenait éveillée était de me battre
contre cette fatigue.
Je crois que j'ai dû m'endormir un peu ainsi, blottie dans les bras de
« mon métis », car il m'a tirée de ma torpeur pour que j'enlève
ma chemise et ma jupe mouillée.
J'avais à peine la force de faire ce qu'il me poussait à faire mais mon
inconscient enregistrait ses paroles.
Après, ce fut le trou noir. Le seul bruit qui me parvenait était le cri des
oiseaux.
Je me suis réveillée avec l'impression étrange d'être encore aux mains des
Renégats, que je n'avais fait que rêver que « mon métis » m'avait
sauvée.
Il y avait une silhouette qui apparaissait sous mes yeux fatigués et je
l'ai appelée pour savoir s'il s'agissait d'un mirage ou non.
« Sully ? »
« Je suis là, Michaëla. Vous êtes en sécurité. »
Ces mots-là me firent un bien énorme. Pendant son sommeil, il avait pensé à
moi, rien qu'à moi et avait ramassé des baies et du miel.
Il me rappelait l'importance de se nourrir. Le fait que cela vienne de lui
me fit autant du bien que le reste.
Il s'est assis à côté de moi, cédant certainement à son désir d'être près
de moi et au mien aussi. Je ne voulais pas qu'il s'éloigne. C'était
impossible. Je le voulais près de moi.
A-t-il lu cet appel silencieux dans mes yeux ? Tout ce que je sais,
c'est qu'il m'a pris dans ses bras pour me réconforter.
J'avais l'impression d'avoir déjà ressenti son étreinte dans mon
sommeil.
Sully s'est très bien comporté. Il a essuyé mes blessures. Il m'expliquait
qu'il allait falloir se déplacer de nuit pour éviter que les Renégats nous
suivent.
Je ne pouvais pas marcher et Sully m'a assuré qu'il me porterait. Quelque
chose le préoccupait.
Il avait envie de me poser des questions sur ce qu'il s'était passé mais
qu'il n'osait pas. Il avait peur d de me voir m'effondrer et pourtant, il
avait besoin de savoir.
J'avais autant besoin de lui dire que lui de savoir mais j'attendais la
question avec impatience.
« Ils vous ont violentée ? »
« Non. »
Ma réponse a été claire et nette, pour ne pas lui laisser de doute sur ce
que je disais, car je ne le disais pas que pour le rassurer.
Le soulagement se vit immédiatement sur le visage de Sully. Est-ce dû à ce
sentiment qu'il succomba à cette envie que nous avions tous les
deux ?
Tout ce que je sais, c'est qu'il a posé ses lèvres sur les miennes pour un
baiser passionné.
Je venais de manger du miel tout en essayant de collecter à nouveau mes
sentiments car je ne savais ce que je devais éprouver du soulagement ou de
la peur. Ce baiser que nous avons partagé nous a apporté à tous les deux
des sensations incroyables.
Ce fut un moment inoubliable et ce baiser dura trop peu à mon goût. Il
m'incita à continuer à manger et continua de son côté à me soigner mes
plaies.
Le rapprochement que nous avions grâce à ce baiser unique était ce que je
recherchais depuis longtemps. Je savais que notre relation avait peu
évoluée à cause de ma réaction.
Ce que j'avais estimé comme une trahison de Sully, quand Catherine l'avait
embrassé n'en était pas une. Pourquoi l'avait repoussé à ce
moment-là ?
Je me suis blottie dans ses bras pour chercher du réconfort et aussi pour
lui en prodiguer à lui.
Il en avait besoin lui aussi autant que moi, surtout après mon attitude de
ces derniers jours envers lui. J'aurais voulu que nous restions dans les
bras l'un de l'autre pour toujours.
Il fallait qu'il se libère de moi pour que nous puissions partir.
Il était temps si nous voulions avoir une chance de nous
sauver.
Alors, Sully m'a soulevée dans ses bras pour partir. Tout allait
bien au début mais, très vite, les Renégats ont été sur notre
piste.
Nous nous sommes retrouvés la cible de leurs flèches. Nous devions
faire vite et j'ai décidé qu'il fallait que je marche pour que nous
allions plus vite.
Sully a vite été d'accord, il n'avait pas le choix de toute façon.
Je ne savais pas comment nous allions nous sortir de ce qui
m'apparaissait comme une impasse.
Et je n'avais pas tort car nous sommes arrivés sur une falaise et
il n'y avait pas de chemin pour descendre.
Les Renégats approchaient de nous. Sully pensait peut-être arriver
à les semer mais il n'avait pas réussi. Ils connaissaient autant
que « mon métis » les manières de suivre une piste.
Un Œil est apparu devant nous et Sully s'est battu avec lui jusqu'à
ce que l'Indien chute accidentellement.
Il n'y avait qu'une seule solution de nous sortir de cette impasse.
Il fallait sauter du haut de cette falaise pour nous sauver.
Nous avions une chance sur deux de nous en sortir vivants mais il
fallait la tenter. Il fallait sauter.
J'ai enlevé ce qui restait de ma jupe. Il fallait faire vite pour
éviter toute autre menace.
Le moment était capital et très important. Sully l'avait compris,
alors il m'a dit.
« Je t'aime, Michaëla. »
Sans réaliser que c'était la première fois qu'il me tutoyait, je
lui ai répondu :
« Je t'aime, Sully. »
Le marché qu'il y a eu entre Hank et Brian avait été raté, car le
barman n'avait pas tenu son plan. Il avait donné de l'argent à Brian
plutôt que le cheval. Mon fils en avait été attristé.
Matthew n'y avait pas cru et avait essayé d'intervenir pour aider Brian
mais rien n'y avait fait.
Nous étions en train de jouer pour lui montrer ses cadeaux quand Hank
est arrivé avec le cheval.
Il avait changé d'avis pour le plus grand plaisir de Matthew, qui guida
Brian jusqu'à son cadeau.
Quand il le découvrit, il en fut heureux, lui qui avait tant espéré
avoir Caramel, l'avait enfin !
Hank est reparti presque tout de suite, de peur que quelqu'un comprenne
qu'il avait un cœur mais c'était déjà trop tard, je l'avais
compris.
Cette journée que je vivais était grâce à Sully, comme je l'ai déjà
dit. Après l'avoir remercié j'ai tenu à ce qu'il partage la fête avec
nous.
Je ne connaissais pas l'avenir qui nous attendait mais j'avais
l'impression d'avoir passé un cap grâce à l'épreuve que nous avions
vécue.
Il nous a d'ailleurs fallu du temps pour reprendre une vie quelque peu
normale, car Sully était resté près de nous, dormant dans la grange,
pendant quelque temps.
Il y avait un besoin qui s'était construit dans la grotte après le
baiser au miel, que je n'arrivais pas à expliquer, mais que nous
ressentions et l'un et l'autre au plus profond de nos cœurs.
La vie a tout de même repris son cours. Il y avait toujours des personnes
qui n'étaient pas acceptées en ville. Je m'en suis aperçue lorsque le
banquier, qui m'avait hypothéqué la clinique est arrivé pour procéder à une
vente aux enchères d'une maison au cœur de la ville.
La vente était à l'air libre et tout homme ayant assez d'argent pour
l'acheter pouvait y participer et donner son prix. C'est ce que je pensais
en tout cas !
La foule était réunie là, et, de loin, il ne pouvait pas voir de qui il
s'agissait, alors il a adjugé la vente. Personne, d'ailleurs, ne savait
réellement qui en était l'acquéreur.
Mais quand il s'est approché, le murmure de la foule s'est amplifié. Il
s'agissait de Robert E. Le racisme était de retour.
La majorité de la ville et le banquier lui-même, était contre le fait de
voir un homme de couleur de peau différente acheter cette maison en y
mettant plus de prix qu'eux, de plus.
Il n'acceptait pas qu'il devienne propriétaire au même titre qu'eux.
Bancroft tenta de l'en dissuader mais Robert E eut la réponse.
Il voulait s'installer en ville, il avait le droit de le faire et son
argent valait autant que celui d'un homme de couleur blanche.
Quand je me suis approchée, il m'a reconnue et a su que j'allais prendre le
parti de mes amis. Il a abandonné, en tout cas, provisoirement !
Il y avait une réunion le soir-même des hommes du « Cercle »,
pour quelque chose dont ils n'avaient jamais entendu parler. Nous étions
bien loin de nous douter de ce que cette réunion allait entraîner par la
suite.
Matthew y participait et heureusement, d'ailleurs.
Ils avaient tout de même été attaqué l'atelier de Robert E en espérant le
faire revenir sur sa décision.
Il possédait une arme à feu et s'en servi pour se défendre, blessant l'un
des hommes participant à cette réunion.
Le forgeron avait tué sans le vouloir sur Loren, j'ai su qu'il s'agissait
de lui, quand Dorothy est venue me chercher afin que je le soigne.
Elle était horrifiée par ce qu'il se passait. Elle ne voulait à Robert E
d'avoir tiré sur Loren, mais elle ne se rendait pas compte qu'il s'était
passé avant.
Il devait se battre pour pouvoir habiter une maison qu'il avait achetée.
Dorothy m'a dit qu'il était temps que ça s'arrête et j'étais bien
d'accord.
Cependant, nos opinions différaient. Je l'ai compris quand je me suis
rendue au restaurant de Grace, où il n'y avait pas un seul client.
L'article de Dorothy avait eu un impact.
Elle disait que le forgeron tirait sur tout le monde et donc, les clients
fuyaient le restaurant. Je me suis disputée avec elle. J'ai essayé de faire
revenir les hommes à la raison en leur disant qu'il connaissait assez le
maréchal-ferrant pour lui laisser une place.
Je pensais être parvenue à les ramener à la raison quand je les ai vus se
diriger vers chez Grace et Robert E, mais je me trompais.
Jake a pris le pot de peinture blanche et l'a vidé sur lui. Sully est
arrivé à ce moment-là, et, en constatant l'état de son ami a essayé
d'intervenir.
Robert E l'a tout de suite arrêté en lui faisant comprendre qu'il ne
s'agissait pas de son combat mais du sien. Mais rien n'était
fini !
Matthew avait abandonné la partie suite à l'agression de notre ami, mais il
restait tout un tas d'hommes qui étaient prêts à tout faire.
Robert E n'ayant pas compris au premier obstacle, étant donné qu'il
s'acharnait à rester, les homme du Cercle avaient choisi d'attaquer plus
fort.
Pendant que le forgeron chantonnait et continuait son travail pour
l'installation dans sa nouvelle maison, ils décidèrent de s'attaquer à
Grace, seule au restaurant.
En plein jour, certains d'être seuls – aucun client n'était encore revenu
au restaurant – ils l'obligèrent à rester sur place et lui coupèrent les
cheveux.
C'était l'humiliation de trop. Grace était en larmes quand Robert E est
venu la retrouver.
Je pense qu'il se demandait si cela en valait la peine après tout, car ça
allait trop loin.
Quand j'ai appris ce qu'il s'était passé, je les ai invité à la maison pour
leur montrer mon soutien.
Sully était avec nous, cela ne les surprit pas d'ailleurs. Robert E
trouvait étrange que je ne sois pas comme tout le monde, alors je lui ai
expliqué.
Mon père m'avait expliqué et appris à aimer et à apprécier tout le monde,
quelque soit son origine. Je respectais ce point de vue et je voulais aussi
l'apprendre à mes enfants.
Sully était totalement d'accord avec moi, je l'ai lu dans ses
yeux.
Il était ami avec Robert E depuis longtemps. Alors que nous
tentions de remonter le moral à Grace, meurtrie, nous avons entendu
du bruit à l'extérieur.
Sully a eut vite fait de voir qu'une croix religieuse était plantée
dans le sol, devant la maison, en feu. Sully était furieux.
Il a crié « Allez-vous-en de mes terres. » Mais ce
n'était mal connaître Bancroft, bien déterminé à obtenir ce qu'il
voulait. En passant près de la croix, il s'est brûlé.
Après cet incident, tous les participants ont décidé de rentrer et
d'abandonner la partie, mais nous avions enfin un moyen de
l'accuser et nous ne nous en sommes pas privés.
Dès le lendemain, je suis rentrée dans le saloon pour faire arrêter
ces agressions gratuites. Sully a même découvert son bras pour
l'accuser.
Mais il n'avait qu'une idée, celle de continuer son combat.
Bancroft avait déjà tout utilisé pour avoir un appui, comme le fait
de me menacer de me reprendre la clinique mais là, il avait menacé
les enfants.
Le seul moyen était de convaincre les autres d'arrêter et d'aider
Robert E et Grace à s'installer. J'ai décidé de le faire et ça a
porté ses fruits.
Robert E est arrivé avec tous ses meubles, et les habitants, même
Loren, l'ont aidé à déménager.
La paix est revenue, enfin !
L'installation de mes amis avait permis aux habitants de la ville de
s'apaiser enfin.
Cette bataille m'avait permis de mettre mes sentiments de côté pour un
moment. L'enlèvement était pourtant encore dans ma tête, d'autant que des
souvenirs me revenaient.
J'avais eu des trous noirs de l'instant que j'avais passé dans la grotte en
compagnie de Sully.
Ce que je ne voulais pas me rappeler revenait pourtant en force, après
l'affrontement de Grace et Robert E. Pourquoi j'y pensais à ce
moment-là ? Je ne le savais pas.
Un rêve m'a réveillée, un rêve agréable. J'étais dans la grotte en
compagnie de Sully, il m'embrassait comme le jour où il m'avait sauvée, et
je me sentais en sécurité dans ses bras.
Je me suis rendue compte que ce n'était pas un rêve mais la réalité. Cette
scène revenait me hanter, car je savais exactement ce que j'avais ressenti
à ce moment-là.
Cela me faisait peur car je n'avais jamais ressenti, même pas pour David.
C'était un sentiment d'appartenance et de dépendance que j'avais éprouvé,
ainsi qu'une envie de plus.
Bien sûr, une femme venant de Boston ne pouvait pas admettre, même à
elle-même, qu'elle avait eu envie de faire l'amour avec un homme.
Mais c'était bien le cas. J'avais réellement envie de faire l'amour avec
Sully, mais je ne pouvais pas l'exprimer.
C'était difficile d'admettre que j'aimais un homme à ce point-là et ça
avait été le cas à ce moment-là dans la grotte avec Sully.
J'étais encore loin de m'en ouvrir à quiconque.
Elle a décidé de mettre une de ses nouvelles robes pour voir de quoi
elle aurait l'air. Elle avait des doutes.
Les robes étaient déjà très différentes de celles qu'elle avait porté
jusqu'à maintenant, mais elle avait mérité d'être heureuse. Elle ne se
reconnaissait pas dans le miroir. Elle se demandait qui elle
était.
Ce devait être difficile pour elle car elle avait encore peur du regard
des autres. J'étais prête à l'aider pour qu'elle s'adapte.
C'était sans compter sur Hank. Toute la ville se réjouissait de
participer aux fiançailles de Myra et Horace et était invitée, enfin
presque toute la ville.
Les fiançailles s'étaient assez bien passées jusque-là, sauf que Hank
est arrivé à la fin une arme à la main.
Il était saoul et venait faire valoir ses droits devant tout le monde.
Il en menaça Myra, l'obligeant à se mettre à genoux devant lui pour le
supplier.
Tout le monde alentour avait été obligé de se cacher, nous voulions
pourtant éviter qu'il ne tire sur Myra.
Nous ne savions pas comment l'empêcher de faire un tel geste. Étant
habillé sur son 31 pour l'occasion, Sully n'avait pas son tomahawk sur
lui. Il n'y avait pas d'issus. C'est ce que je pensais en tout
cas.
Sully s'est saisi d'un morceau de bois pour le lancer sur Hank. Pour
l'avoir, il visa la tête de Hank.
Il a bien visé et l'assomma à temps. Il avait sauvé Myra, et tout ce
qui comptait, mais je ne savais pas ce que ça allait entraîner.
Après avoir ruminé les paroles de Hank toute la nuit, en me demandant s'il
avait raison ou non, j'ai recommencé à travailler en essayant
d'oublier.
Ce n'était pas facile de le faire, surtout quand je compris qu'il n'avait
pas tort. Il y avait bien une partie de moi qui était endormie et qui était
inaccessible.
Je ne voulais pas me laisser emporter par ce mauvais sentiment de colère
que j'éprouvais.
J'ai entendu crier du côté du saloon, en me demandant ce qu'il se passait
et là, j'ai vu Hank allongé sur le sol, inconscient.
Je m'en voulais car j'aurai dû insister pour l'examiner et maintenant, il
était dans le coma à cause d'une commotion cérébrale.
Dès qu'elle a appris ce qu'il arrivait, Myra est venue prendre de ses
nouvelles. Elle tenait à rester près de lui et, ce, malgré ce qu'il lui
avait fait subir.
Je ne comprenais pas pourquoi elle agissait ainsi avec lui et Horace non
plus. Pour lui, ce n'était pas sa place mais elle tenait à être présente
car il l'avait sorti d'une situation dramatique.
Il n'y avait qu'à attendre de voir quelles conséquences cela allait
avoir.
Les jours passaient et Hank ne revenait pas à lui. Certains de ses amis en
profitaient pour se payer des verres à boire gratuitement.
Leur comportement était inacceptable. Quand je leur en ai parlé, ils n'ont
pas semblé s'en vouloir le moins du monde par ce qu'ils faisaient.
« Mon métis » n'était pas dupe. Il avait bien compris qu'il y
avait quelque chose, mais je n'osais pas lui en parler.
Peut-être aurait-il pensé que j'exagérais, que je n'avais pas de raison de
m'inquiéter et qu'il fallait que j'oublie tout cela.
J'en étais pourtant incapable. Au lieu de lui parler de mes doutes, je lui
ai demandé s'il m'aimait et je me souviens de sa réponse :
« Bien sûr, Michaëla, je vous l'ai dit. »
Il semblait me demander pourquoi j'avais besoin de l'entendre et tout ce
que j'ai trouvé à répliquer fut :
« Il y a des mots qu'on ne se lasse pas d'entendre. »
« Je vous aime, Michaëla. »
Puis, pour confirmer ses paroles, il m'avait embrassée et je m'étais laissé
envahir par la sensation de ses lèvres sur les miennes, oubliant
momentanément ce doute.
Nous sommes ensuite revenus en ville, toujours bras dessus bras dessous
pour rencontrer un homme, qui s'était présenté à nous. Il recherchait Sully
pour que celui-ci lui fasse découvrir les environs.
Il s'appelait Andrew Strauss et était borgne depuis la guerre. A la mention
de « guerre », je n'ai pas pu m'empêcher de lui demander où il
avait été blessé.
J'avais envie d'en savoir plus sur lui, sans comprendre pourquoi. Je l'ai
donc invité à la maison pour dîner.
Là, il a fait la connaissance de mes enfants, assez intéressés par lui,
quoi qu'un peu méfiants, surtout Brian.
Je ne savais pas pourquoi il se comportait ainsi, car je voulais qu'il
devienne ami avec lui.
Sully a insisté pour m'aider à monter la tente de sudation pour la
cérémonie, puis il s'est glissé à l'intérieur pour commencer son
rite.
J'étais à l'extérieur et je n'ai rien su de ce qu'il s'est passé sous
la tente, mais je l'ai entendu chanter des chants Indiens.
Cela a duré un certain temps. J'avais espoir que ce traitement
fonctionne réellement pour lui. J'avais tellement mal de le voir si
malade sans rien pouvoir y faire.
Je ne sais pas quelles visions il avait eues pendant sa transe, mais à
la fin, tout est devenu calme, et il m'a appelée désespérément. Je ne
pouvais pas ne pas le rejoindre pour le tranquilliser, alors j'y suis
allée.
« Vous ne partez pas ? » M-a-t-il demandé.
« Non, Sully, je ne pars pas. » Lui ai-je répondu.
Et ce que j'attendais depuis des jours et des jours est enfin
arrivé.
« Je ne veux pas que vous partiez. Je vous aime, Michaëla, et je
vous aimerai toute ma vie. Voulez-vous m'épouser ? »
Cette question que j'attendais depuis longtemps était enfin là et je
n'avais qu'une seule réponse à donner.
« Oui, je le veux. »
Je lui ai répondu sans réfléchir et sans hésiter avec tout mon cœur.
J'avais tellement attendu d'entendre ces mots-là, des mots qui
faisaient chavirer mon cœur.
Sully a été ému par ma réponse, je l'ai compris quand il a posé ses
lèvres sur les miennes en un long baiser.
Je n'aurai jamais su deviner qu'un baiser puisse être aussi bon, car
c'était bien de cela qu'il s'agissait.
Je me sentais bien, heureuse. Mon cœur chantait, mon corps aussi et
j'avais envie de crier mon bonheur au monde entier.
Il ne manquait rien à ce mariage d'amour. Horace et Myra concrétisaient
enfin leur amour.
Après la cérémonie, nous sommes allés, comme prévu, au restaurant de
Grace. Cette dernière avait écouté les goûts des mariés pour leur faire
plaisir.
Ce repas fut très agréable, jusqu'au moment où Horace a porté un toast
en pensant à ceux qui n'allaient pas tarder. Bien sûr, il avait pensé à
Ingrid et à Matthew mais il a aussi parlé de Sully et de moi.
Il s'est aussitôt reproché de l'avoir dit en disant que c'était un
secret. Aussitôt, les habitants, surpris, ont voulu savoir si c'était
vrai ou non.
J'étais embarrassée mais heureuse en même temps qu'ils puissent être au
courant de la nouvelle. Dorothy était heureuse pour nous.
Les félicitations se sont succédées les unes aux autres, venant de tout
le monde. Tout était parfait. J'étais sûre de moi et de mon amour pour
Sully.
Mais le passé revenait en force et je l'ai compris quand Andrew Strauss
a récité le poème qu'il avait récité à nos fiançailles il y a de
longues années.
Et là, j'ai compris pourquoi son arrivée et sa présence me troublaient
aussi. Avec lui, le passé revenait. J'ai réagi immédiatement en le
poursuivant, sans chercher à savoir ce que Sully en penserait.
J'avais besoin de le savoir s'il s'agissait de David Lewis et de
comprendre pourquoi il était là, et pourquoi il avait caché qu'il était
vivant.
Je ne savais pas pourquoi il m'avait menti en se présentant sous un
faux nom. Je ne savais plus rien. Je l'ai donc poursuivi et l'ait enfin
rattrapé devant le saloon. J'avais besoin d'entendre ses explications,
ses raisons.
Au début, il a nié être David et m'a dit que je me trompais. Bien sûr,
sa voix et son visage avait changé, mais il ne pouvait pas avoir changé
au point de me mentir. Il avait été blessé gravement à la guerre.
Paralysée et ayant perdu la parole, il n'avait pas pu faire savoir à sa
famille qu'il était vivant. Il se pensait condamné et ne voulait pas
que je devienne prisonnière de son état.
À l'époque, j'étais jeune, je pouvais refaire ma vie et tomber à
nouveau amoureuse. Il voulait me laisser libre et il avait continué à
faire croire à sa mort.
Puis, après, il était tard, le corps qu'on pensait être le sien avait
été enterré. Il n'avait pas voulu savoir qu'il était vivant. J'étais
heureuse de le savoir vivant mais je me retrouvais dans une drôle de
situation.
Il fallait que je le dise aux enfants et à Sully, pour qui j'avais de
forts sentiments. Au moment où j'ai serré David dans mes bras, plus par
soulagement que par amour.
Le mariage était en ville, défilant sous les cris de joie des habitants
enchantés par ce jour de joie. C'était le moment que j'aille les
rejoindre. J'étais sensée les rejoindre.
Après, les enfants voulaient rester pour le charivari, la tradition
d'empêcher les mariés de dormir pour leur nuit de noces et j'ai refusé.
Il fallait absolument que je leur parle de David et de ce que
cela entraînait.
Son retour signifiait que j'avais deux fiancés et qu'il allait
falloir que je fasse un choix.
Je ne pouvais pas nier ressentir quelque chose de fort pour
Sully. Il s'agissait de quelque chose de nouveau, que je
n'avais jamais ressenti avant.
Et bien sûr, le retour de David me bouleversait.
J'en ai parlé aux enfants. Je ne voulais pas qu'ils restent en
dehors de cette histoire. Ils auraient fin par le savoir à un
moment ou à un autre et je ne voulais pas leur mentir.
Ils étaient tristes que David leur ait menti. Pendant des
jours, il s'était fait passé pour un autre.
J'ai essayé de le défendre mais au fond de moi, je lui en
voulais aussi.
Comment avait-il pu nous duper en se faisant passer pour un
autre ? J'avais refait ma vie à Colorado Springs. J'avais
enfin réussi à me faire reconnaître en tant que médecin et je
n'avais pas l'intention de changer tout cela.
Et il y avait Sully avec qui j'envisageais réellement une vie
commune. Non, je ne pouvais pas abandonner comme ça. J'ai
rejoint Sully tout en pensant à toutes ces choses. J'avais
besoin de parler avec lui. Il fallait qu'il soit au courant lui
aussi. J'avais besoin qu'il me rassure. Mais il avait tout
compris. Il nous avait vu David et moi et il avait compris.
Je lui ai demandé ce que nous allions faire mais il ne m'a pas
répondu.
« Qu'est-ce que vous allez faire , »
A ce moment-là, je ne le savais pas réellement, je ne pouvais pas
encore demander à David de repartir, il fallait que j'en sache plus
sur lui.
Sully m'a laissée seule.
En effet, j'avais besoin de réfléchir mais au fond, je savais déjà
la réponse à toutes ces questions.
Néanmoins, j'avais besoin de passer du temps avec David rien que
pour me convaincre qu'il était bel et bien vivant.
J'ai passé du temps avec lui pour me rendre compte de ce que son
retour faisait en moi. Il avait bien changé, il n'était pas le
même, mais j'ai bien cru que cela allait ruiner ma relation avec
Sully.
En ville, le retour de mon fiancé, que je croyais mort à la guerre
faisait du bruit. Les enfants entendaient toute sorte de
commentaires à mon égard. Certains disaient que j'étais
bigame.
Le terme était plutôt utilisé pour les hommes mais cela ne faisait
aucun doute sur leurs avis. Je n'étais plus aussi respectée
avant.
Dorothy faisait de son mieux pour me défendre mais je savais qu'il
allait falloir que je me décide, afin de ne pas me ridiculiser
encore plus.
En moi, la décision était prise mais je ne savais pas quelles
seraient les réactions des enfants face à celle-ci. Dans la
logique, ils auraient dû être heureux.
Il me fallait encore quelques temps pour réaliser que ma décision
était déjà prise et j'aurai dû m'en rendre compte bien avant, cela
aurait évité bien des dégâts.
J'ai passé quelques heures en compagnie de David afin de bien
comprendre qu'il était vivant et que je pouvais continuer à vivre
sans lui, car c'est cela que je voulais comprendre.
J'avais réussi à vivre avec l'idée de sa mort et il réapparaissait
à un moment dans ma vie où j'avais fait un trait sur notre
histoire.
D'ailleurs, il m'avait confirmé avoir mis au courant par ma mère.
C'était donc bien elle qui lui avait dit qu'il fallait venir me
voir. Elle voulait diriger ma vie mais c'est moi qui devais la
choisir, pas elle !
Tant de moment que j'avais partagé avec Sully n'aurait pas pu
exister avec David car il était différent mais pourquoi n'ai-je pas
clarifié la situation tout de suite.
J'étais allée passer une après-midi en forêt avec David pour
l'écouter me parler de sa passion, pour me rassurer et aussi, et
surtout, pour qu'il me donne ses vœux de bonheur.
Mais non, il n'espérait qu'une seule chose, me récupérer et je ne
savais pas comment lui annoncer qu'il n'y avait plus aucune chance
entre nous deux.
Et le passé me revenait en mémoire. Il était une des premières
personne à ne pas remettre mes choix en question et à partager ma
passion pour la médecine. À l'époque, j'avais réellement envisager
de partager sa vie. Il a essayé de m'embrasser mais je me suis
dérobée. Non, le passé était déjà loin, il fallait que je pense au
présent et le présent, c'était Sully.
Je voulais tout de même partager un repas avec lui et les enfants
car je souhaitais que les enfants le connaissent un peu
mieux.
Pourtant, ils ne semblaient pas en manifester le souhait. Ils lui
en voulaient pour ses mensonges.
Mon cœur battait plus que de raisons car je commençais à comprendre
que mon invitation voulait certainement autre chose à leurs
yeux.
Pour eux, j'avais fait une croix sur Sully alors que ce n'était pas
le cas, pas le cas du tout ! Je voulais juste qu'ils fassent
connaissance avec lui.
Le malentendu s'est installé sans que je puisse rien y changer,
d'autant plus qu'aucun d'eux ne l'acceptait, surtout Brian.
David s'est installé à la place de Sully et ce fut la goutte d'eau
qui fit déborder le vase.
Brian le lui a fait remarqué et j'ai trouvé cela impoli car cela ne
changeait rien à mes sentiments pour Sully, qui étaient bel et bien
présents.
Cela aurait pu se terminer ainsi sans l'arrivée de Sully qui a
autant mal interprété que les autres la présence de David. Il avait
cru que mon choix avait été fait en faveur de mon ancien fiancé. Je
n'avais pas voulu que David laisse la place à Sully à son arrivée
et je ne voulais pas qu'il s'en aille.
David avait parlé à la place des enfants et Sully lui en voulait
car il avait menti à tout le monde.
David était prêt à s'en aller, mais je l'ai supplié de rester et
là, j'ai mal agi. Sully a vraiment cru que mon choix était fait et
il a rompu nos fiançailles.
Son départ précipité m'a fait mal au cœur. À cause de ce
que j'avais fait, Sully a cru le contraire de ce que
j'avais décidé. Pire que ça, il avait rompu nos fiançailles
devant les enfants.
David est vite parti après cet incident à ma demande.
J'avais besoin d'être seule. De toute façon, les enfants
sont allés se coucher, car ils m'en voulaient et ne m'en
parlaient plus.
Je n'ai pas dormi de la nuit en essayant de repasser la
journée pour comprendre ce qui avait mal fonctionné.
J'avais peur aussi que Sully ne tienne pas sa promesse
envers Brian à cause de moi. Il voulait qu'il soit présent
à sa première représentation en public. Sully ne serait pas
là maintenant que j'avais mal agi.
Que pouvais-je faire pour revenir en arrière et pour
arriver à me faire pardonner par ma famille ? Car ils
étaient ma famille et je ne voulais pas les
perdre !
Durant la nuit, Sully avait dû réfléchir car il était
présent pour Brian et je l'en ai remercié. Il ne voulait
pas manquer Brian et son spectacle à cause de ce qu'il
s'était passé la veille.
Cette phrase était aussi importante pour moi que le reste
mais ce qui m'a réellement fait comprendre qu'il fallait
que j'annonce ma décision à David, ce n'était pas
cela.
Quand nous sommes rentrés à la maison, je me suis occupée
des travaux ménagers tout en continuant à me demander
comment je pouvais renouer le contact avec mes
enfants.
Sully m'a donné le temps nécessaire et aucun de mes deux
fiancés n'étaient présents ce jour-là.
J'admirais Sully car il avait convaincu les enfants de ne pas
s'inclure et de me laisser faire mon choix seule.
Cela m'a touchée en plein cœur mais les mots qu'il m'a dit quand je
suis sortie après m'être occupée des chevaux m'ont bouleversée.
Sully était là en face de moi. Nos yeux se sont rivés l'un à
l'autre pour un long moment et j'ai rêvé de l'instant où il allait
prendre mes lèvres pour un long baiser.
Mais ce n'était qu'un rêve et pas la réalité. Il a simplement pris
mes mains dans les siennes en me disant les plus belles paroles que
j'ai jamais entendues de toute ma vie.
« Je vous aime, Michaëla, et je veux vous épouser. Mais plus
que tout, je veux que vous soyez heureuse. »
La liberté qu'il me laissait et cet amour qu'il avait pour moi pour
en venir à souhaiter mon bonheur était très émouvant. Oh, comme
j'aurai voulu pouvoir dire que mon choix était déjà fait et que
c'était lui que j'avais choisi.
Au lieu de cela, je suis restée plantée là sans bouger et sans
parler et il est parti sans même me donner un baiser, ce baiser que
j'attendais tant et que j'aurai peut-être dû lui donner
moi-même.
Je suis allée me coucher le cœur un peu plus léger et j'ai enfin pu
dormir un peu. Mon sommeil fut peuplé de rêve d'amour que je
n'oserai pas décrire, mais qui comblait mes rêves les plus
fous.
Avec ses mots d'amour, Sully avait su abattre mes dernières
réserves et j'étais plus que déterminée à annoncer ma décision à
David, en espérant qu'il allait comprendre car je ne voulait pas le
blesser lui non plus.
David avait-il compris ma décision bien avant que je la lui
annonce ? Toujours est-il qu'il était prêt à partir. Ses
bagages étaient au sol quand je suis rentrée dans sa chambre.
Il m'avait expliqué qu'il devait partir mais qu'il était prêt à
venir si je changeais d'avis alors je lui ai annoncé ma
décision.
Il me souhaitait d'être heureuse et me proposait de m'écrire de
temps à autre. Je voulais savoir ce qu'il devenait, alors j'ai
accepté, le cœur enfin léger. Lui aussi était soulagé.
Il restait encore une personne à prévenir de ma décision :
Sully. Il fallait absolument que je m'explique avec lui et que je
m'excuse de mon comportement, mais je ne savais pas comment
j'allais pouvoir effacer le mal que je lui avais fait. Effacer
n'était d'ailleurs pas le bon mot car je ne pouvais rien effacer.
Il me fallait juste lui dire que je l'aimais de tout mon cœur et
que je n'envisageais pas la vie sans lui.
Je ne savais pas trop où me diriger pour le retrouver au plus vite
mais je me suis dirigée vers un endroit qui lui tenait à cœur.
L'endroit se trouvait assez loin de la ville mais il était
paisible. De plus, il m'avait dit qu'il souhaitait construire une
maison dans ce décor sublime et je trouvais maintenant qu'il avait
raison.
J'avais été ridicule quand je l'avais découvert car je lui avais
dit que je ne pourrais pas vivre aussi loin de la ville. J'ai
changé d'avis en m'approchant à cheval de cet endroit et en
attendant les coups de hache répétés de mon fiancé.
Il était possible de bâtir une vie dans cette future maison que
Sully avait en tête car elle serait remplie d'amour et de rires.
Il était tellement occupé par sa tache qu'il ne m'avait pas
entendue arriver. Il était perturbé car le tas de bois à côté de
lui était plus haut que nécessaire. Il faisait toujours cela quand
il était préoccupé et je devinais sans mal que c'était de ma
faute.
Je l'ai appelé pour lui faire savoir que j'étais là et il s'est
retourné comme s'il m'attendait.
« Vous avez pris votre décision. » Affirma-t-il.
« Oui. »
« Vous l'avez choisi ? »
« Non. »
Cette réponse négative lui fit-elle plaisir ? Je pense que
oui, mais il a voulu que j'aille plus loin dans mes
déclarations.
« Je vous épouser, Sully. Et vous ? »
« Et moi ... »
Ces derniers mots étaient en moi. Il souhaitait que ce soit à mon
tour de poser la question. Les rôles étaient inversés et ce n'était
pas pour lui déplaire car son sourire devint presque moqueur.
« Voulez-vous m'épouser ? »
Après avoir dit cette phrase, son sourire devint plus rayonnant,
plus amoureux et il s'est approché de moi pour m'embrasser. Ce
moment, j'en avais rêvé, mais je n'avais pas imaginé les sentiments
que j'allais éprouver à partager ce moment avec lui.
Il y avait tant de détails à régler encore avant de pouvoir
envisager quoi que ce soit. Je m'en fichais. J'avais ce que je
désirais. Je ne pourrai pas dire combien de temps notre baiser a
duré mais je peux encore affirmer qu'il m'avait bouleversée et que
mon cœur s'était mis à battre plus vite.
Lorsque ses lèvres ont lâché les miennes pour reprendre son
souffle, et que sa main a saisi la mienne, je me suis laissée
entraîner sur ce chemin. Il m'a fait tourbillonnée, m'a soulevée
dans les airs. J'aurai voulu que ce temps ne s'arrête pas et qu'il
dure pour toujours.
L'euphorie nous a gagné peu à peu.
Je me croyais dans un rêve où enfin, je finissais heureuse avec un
homme. Il restait encore beaucoup de temps avant d'envisager une
vie en commun.
Des questions allaient bien sûr se poser dans l'avenir car nous ne
savions pas de quoi serait fait l'avenir. Nous n'avions pas de
dates pour le mariage, nous ne savions pas comment nous allions
faire avec les enfants.
Mais ces questions-là, nous ne nous les sommes pas posées à ce
moment-là. Nous voulions savourer ce bonheur ensemble, un bonheur
qu'aucun de nous n'avait vécu auparavant.
Sully avait un avantage sur moi. Lui qui avait été marié et il
savait donc ce qui l'attendait alors que je ne savais pas à quoi je
m'exposais. Une nouvelle vie m'attendait, une nouvelle vie que
j'envisageais avec Sully.
Pourquoi n'avais-je pas compris plus tôt que ma vie n'allait pas
sans lui ? Avec mes réserves, mes appréhensions et mes doutes,
je n'avais fait que retarder les choses.
Avais-je perdu trop de temps ? Il me fallait peut-être du
temps et j'espérais changer au contact de Sully en bien, bien
entendu.
Je ne savais pas encore ce qui m'attendait à l'aube du mariage mais
j'allais le découvrir.