Chapitre 3 : Chez les fous

David avait réussi : il l'avait faite enfermée alors qu'elle pensait enfin être sortie d'affaire. Le voyage jusqu'à l'hôpital psychiatrique s'était très mal passé.
Se sachant saine d'esprit, elle avait essayé de lutter contre la force des infirmiers. Mais ils étaient bien plus forts qu'elle et, pour finir, ils avaient été obligés de lui faire une piqûre pour la calmer.
Maintenant, elle était dans un état second et abandonnée de tous. Elle ne savait vraiment pas qui pourrait la sortir de cet asile !
Elle allait y passer toute sa vie et personne ne viendrait la rechercher.
Lutter contre son destin ne lui servirait à rien.
Elle se laissait maintenant faire et elle se laissa donc conduire, sans faire de scandales, vers la cellule psychiatrique qui lui était réservée.
Les infirmiers la mirent dans une blouse blanche deux fois trop grande pour elle et l'enfermèrent dans sa cellule sans lui demander quoi que ce soit.
Elle se recroquevilla sur elle-même.
Elle était perdue !
Mais pourquoi avait-elle cru que la distance qu'elle avait mis entre elle et David lui aurait suffit à comprendre qu'il fallait qu'il abandonne ses recherches ?
Elle avait besoin de se confier à quelqu'un, d'avoir un appui pour avoir plus de force pour se battre contre ce qui l'attendait.
Elle n'avait plus personne vers qui se tourner.
Même Sully, quand il apprendrait qu'elle était internée ne ferait plus attention à elle.
« Dommage ! » Pensa-t-elle.

Mais que pouvait-elle attendre d'un homme qu'elle connaissait à peine !
Non, elle n'avait rien à attendre de lui. Les larmes se mirent à couler sur ses joues.
Quand arriverait-elle à vivre sans David derrière elle ? Quand lui lâcherait-il la grappe ? Quand pourrait-elle vivre une vie normale sans avoir peur ?
Quelle idée avait-elle eu de se laisser séduire par cet homme ?
Il avait tout pour lui : la beauté, la prévenance !
Bien sûr qu'elle avait pu tomber amoureuse d'un homme comme celui-là.
Quand il l'avait demandée en mariage trois mois après leur rencontre, elle n'avait pas hésité : elle avait accepté.
Ce mariage précipité aurait peut-être dû lui mettre la puce aux oreilles. Mais elle était naïve. Elle pensait qu'il était sincère et qu'il l'aimait réellement.
« Arrête de penser à cela ! » S'ordonna-t-elle.
En effet, cela ne servirait à rien. Elle allait se détruire.
En même temps, quelles raison avait-elle de se battre ?
Même si quelqu'un lui permettait d'écrire à sa mère, celle-ci ne viendrait pas à son secours.
Sully, de son côté, était en train de réfléchir à une solution.
Et il en avait enfin trouvée une avec l'aide de Nuage Dansant. S'il pouvait avoir un moyen de prévenir Michaëla pour la rassurer.
Si son plan marchait, il pourrait bientôt le faire. Il était hors de question qu'il la laisse tomber. Même s'il ne la connaissait pas beaucoup, il ferait tout pour elle.
Michaëla fit semblant de dormir quand il lui apporta à manger. Elle n'avait pas envie de se nourrir. Elle avait envie de mourir et elle en venait à haïr son sauveur qui n'était autre que Sully.

Sans lui, elle ne souffrirait plus. Il n'avait fait que retarder le moment fatal.
Elle ne survivrait pas longtemps dans cet enfer à côté de personnes réellement malades, qui criaient.
Elle se boucha les oreilles pour ne plus entendre ses cris.
A nouveau, elle pensa à David et ce qu'il lui avait fait subir.
Elle avait essayé de se plaindre de ses frasques auprès d'une oreille compatissante.
Elle avait essayé d'en parler à sa mère mais celle-ci avait dit qu'elle l'avait bien cherché.
Elle n'avait que ne pas se marier si vite à cet homme.
La seule personne qui l'écoutait à ce sujet était Rebecca.
Ah, si quelqu'un lui avait dit plus tôt était capable David. Elle était persuadée qu'à cause de lui, elle n'était plus une femme à part entière et elle était maintenant dans cet asile.
Ce qu'elle ne savait pas était que le cauchemar était loin d'être terminé.
En plus d'avoir réussi à la faire interner, David avait aussi réussi à se faire muter dans l'asile et d'être son psychiatre personnel.
Comble du sort, ses relations lui avaient permis contre toute attente de s'occuper de son cas.
Elle avait pensé que cela serait impossible.
Normalement, un médecin n'a pas le droit de s'occuper du cas de l'un de ses parents.
Mais, encore une fois, grâce à ses relations, il avait réussi une chose impossible. Elle se rendit compte de son malheur, quand il vint lui rendre visite dans sa cellule.
« Que fais-tu là ? »
« Tu es malade, ma chérie. Je suis là pour prendre soin de toi. »
« Ne m'appelles pas « ma chérie ». J'ai demandé le divorce et je te rappelle que tu as signé les papiers. »

 

« J'ai fait une grave erreur. Je t'aime, Michaëla et je veux que tu reviennes vivre avec moi, que tu donnes une nouvelle chance à notre amour. »
« Il n'y a plus d'amour entre nous. »
« Si, et tu seras obligée de t'en rendre compte si tu veux sortir d'ici. »
« Tu peux me menacer tant que tu veux, je n'ai pas peur de toi. »
« Tu sais pourquoi j'allais voir ces prostituées ? »
« Ah oui, et pour quelles raisons déjà ? Parce que tu ne trouvais pas ce qu'il te fallait chez toi ?! »
« Tu ne m'aimais pas ! Tu ne m'as jamais aimé ! »
« Je t'ai aimé ! Mais tu as tellement changé que je ne t'aime plus ! »
« Parle, parle, ma chérie. Tu reviendras vite à la raison. »
Il sortit de la chambre et la laissa seule.
Peut-être serait-elle plus compréhensive après une nuit de sommeil ?
Michaëla laissa échapper ses sanglots quand il eut refermé la porte. Pleurer devant lui était hors de question. Elle l'avait fait durant les mois où ils étaient mariés mais cela ne leur avait rien rapporté.
Devait-elle faire semblant de rentrer dans son jeun ?
Si seulement elle avait quelqu'un à qui en parler !
Et voilà, elle en revenait toujours là ! Elle n'avait personne !
David avait peut-être raison ? Elle devait se soumettre à ses désirs sans réfléchir et le laisser briser sa vie.
Dès qu'il reviendrait dans la chambre, elle lui dirait.
Ce qu'elle ne savait pas, c'était que David était sous surveillance et que l'un de ses supérieurs se méfiait de lui.
Ses collègues aussi le regardaient d'un drôle d'air.
Certains d'entre eux commençaient à douter de lui et c'est pour cela qu'ils allaient offrir un travail à quelqu'un de proche de Nuage Dansant. Heureusement, au sein de l'asile, celui-ci était respecté et apprécié car les médecins psychiatres travaillaient en collaboration avec lui.