Chapitre 8 : La nouvelle vie de Michaëla

Elle avait également eu une nuit paisible en compagnie de Sully. Il l'avait installée dans son lit et lui avait pris une chaise et était auprès d'elle.
Il lui avait assuré qu'il n'était pas loin, qu'il allait dormir dans le canapé dans le salon. Mais il avait été incapable de faire un pas de plus.
Elle l'avait regardé avec des yeux tristes et il avait compris que son devoir était de rester auprès d'elle.
Il avait très peu dormi, mais, au moins, elle avait succombé à sa fatigue. Au petit matin, il l'avait aidée à s'installer dans son appartement, car elle avait insisté pour le faire.
Elle ne pouvait pas rester éternellement chez Sully.
Elle avait tout de même peur de se retrouver seule.
Après que Sully soit parti pour un travail qu'il devait effectuer, elle s'était sentie seule.
Il devait absolument aller aider un ami à monter un meuble. Il ne pouvait pas le laisser tomber.
C'était peut-être stupide mais la jeune femme s'était enfermée dans son appartement pour se sentir plus en sécurité.
C'était tout de même étrange d'être seule comme ça au point de s'en sentir vraiment sur le point de pleurer.
Elle allait pourtant devoir s'y faire !
Juste au moment où elle tournait la clé pour s'enfermer, quelqu'un sonna à la porte.
Elle n'attendait pas de visite, car elle n'avait pas d'amis et se méfiait donc.
« Madame Quinn, je suis une amie de Sully et la femme de Nuage Dansant. Sully m'a demandé de venir vous tenir compagnie. »
Michaëla se laissa convaincre tout en se promettant de refermer si le visage n'était pas le même.

Celui qu'elle avait vu la veille quand Sully lui avait fait voir des photos la veille lui avait paru amical, était bien le même visage que la personne qu'elle avait en face d'elle.
Mais elle n'eut pas besoin de lui fermer la porte au nez. C'était bien la même personne.
Elle la laissa donc entrer.
Oiseau Blanc fut soulagée par le fait que Sully ait pris les devants. Elle s'assit en face de la jeune femme.
« Je ne sais pas ce que Sully et Nuage Dansant vous ont raconté sur moi. Mais il ne faut peut-être pas croire tout ce qu'ils disent. »
« Nuage Dansant est mon mari et je sais qu'il porte un bon jugement sur les personnes. »
« Peut-être pas ... »
« Il m'a raconté un peu ce que vous avez vécu. Je ne suis pas venue ici pour vous juger ? Je suis ici en tant qu'amie. Maintenant, si vous préférez que je vous laisse, je le fais ! »
« Non. Je suppose que je suis un peu à bout après mon internement en hôpital psychiatrique. »
« C'est plutôt normal. Je peux comprendre ce que vous avez vécu. Avant de rencontrer Nuage Dansant, j'étais dans une situation un peu semblable à la vôtre. »
« Vous avez des enfants ? » Elle regretta cette question juste après l'avoir posée.
« Oui, un fils : Marche sur les Nuages. Et vous ? »
C'était ce qu'elle craignait.
Michaëla sentit les larmes lui venir aux yeux et Oiseau Blanc se sentit tout de suite gênée d'avoir posé cette question.
« Je suis désolée, je n'aurai pas dû vous poser cette question. »
« C'est de ma faute, c'est moi qui vous l'ai posée en première. »
Michaëla aurait voulu en parler avec quelqu'un, alors tout sortit d'elle à nouveau. Cela allait lui permettre d'avoir un lien unique avec Oiseau Blanc.
Elle espérait que cette dernière allait l'apaiser.

« Je suis tombée enceinte trois après mon mariage. Mon mari, David, ne m'a jamais réellement aimée. Il n'en voulait qu'à mon argent. Quand je lui ai annoncé ma grossesse, j'ai pensé que cela nous rapprocherait mais ça n'a pas été le cas. Il voulait que j'avorte mais je ne le voulais pas. »
« Et alors ? »
Oiseau Blanc essayait de la pousser à la confession.
Elle devait convaincre Michaëla d'aller jusqu'au bout de son histoire. Elle sentait qu'il y avait quelque chose de plus lourd et de plus grave.
« Il m'a pris rendez-vous avec une gynécologue pour l'avortement sans me demander mon avis. Je venais de me rendre compte de l'importance pour moi d'avoir cet enfant et lui n'en voulait pas. »
« Il vous a obligée à accepter l'avortement ? »
« Non. Il a fait bien pire que cela. Je suis bien sûr allée à ce rendez-vous avec cette gynécologue mais je lui ai dit que je voulais garder cet enfant. Elle n'y voyait pas d'inconvénient. »
« Mais votre ex-mari lui en voulait. »
« Oui, c'est exact. Quand il a su que je n'avais pas accepté les cachets pour faire passer le bébé, il a fait semblant de se ranger derrière ma décision. Mais il m'a fait vivre les pires choses. Il me battait sans arrêt pour me punir et j'ai perdu mon bébé à cinq mois de grossesse après avoir accouché prématurément. »
« Oh, mon Dieu ! » Murmura Oiseau Blanc.
« Suite à cela, je n'ai pas eu la chance d'avoir un enfant. Et c'était mieux. Maintenant, j'ai peur de ne plus pouvoir avoir d'enfant. »
« Il y a peut-être un moyen de vous rassurer à ce propos. Je pourrai vous examiner demain par exemple. »
« Vous feriez ça ? »
« Bien entendu ! Je me poserai beaucoup de questions si votre place aussi. »
« Merci. »
Oiseau Blanc mit instinctivement une main dans celle de Michaëla.
Demain, elle saurait si elle était encore une femme complète.
Elle s'en sentait soulagée même si elle pensait qu'il y avait quelque chose de plus.
Elle allait peut-être découvrir une autre chose que David lui avait fait.
Elle se souvenait vaguement de son hospitalisation après avoir perdu son bébé.
Elle avait des moments flous où elle voyait David, faussement inquiet, en train de rire, et de lui dire qu'elle n'était pas au bout de ses surprises.
Il lui avait aussi dit qu'elle ne lui referait plus un coup pareil. Elle se mit à pleurer sans savoir pourquoi ni comment.
Oiseau Blanc ne pouvait pas rester impassible face à une douleur pareille.
Elle aurait bien voulu parler de l'expérience de Sully, pour montrer à Michaêla qu'elle n'était pas la seule à avoir subi un tel drame.
Mais elle n'en avait pas le droit, du moins jusqu'à ce que Sully se décide de lui-même d'en parler à la jeune femme.
Ce fut à ce moment-là qu'Oiseau Blanc reçut un appel très attendu de Sully.
« Allô. »
« Allô. Comment va Michaëla ? Elle va bien ? »
« Elle est plutôt bouleversée. Tu rentres bientôt ? »
« Je suis dans ma voiture. Je serai là dans cinq minutes, je pense. »
« Prends ton temps, Sully. » Dit-elle en raccrochant.
Michaëla fit de son mieux pour sécher ses larmes, mais il ne serait pas difficile de deviner qu'elle avait pleurer.
Le jeune homme allait bientôt arriver et il allait tout comprendre. Autant tout lui dire ! Si elle voulait devenir amie avec lui, il fallait qu'elle lui dise.